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Plein Soleil

Une révolution sous nos yeux: la folle croissance de l’énergie solaire


« Appartenir à une époque c’est être incapable d’en comprendre le sens, tout nous désigne que le temps dans lequel nous vivons forme une tache aveugle, l’angle mort de notre vision intelligente » écrivait Alice Ferney dans Les Bourgeois. Si nous tentons très modestement de discerner dans le brouillard du monde les quelques tendances qui s’y dessinent avec assez de force pour pouvoir le modifier en profondeur, nous devrions alors nous intéresser à l’incroyable croissance de l’énergie solaire. Ami de Causeur, n’interromps pas ta lecture ! si en France le débat sur l’énergie solaire a été largement caricaturé par les tenants de l’écologie punitive, son évolution récente au niveau mondial lui confère une tout autre perspective. En effet si 420 GW de capacités solaires supplémentaires ont été mises en service dans le monde en 2023 (soit 84% de plus qu’en 2022), en 2024, d’après les récentes prévisions du groupe de réflexion Ember, c’est près de 600 GW qui devraient être installés – en 10 ans l’industrie photovoltaïque aura ainsi cru d’un facteur 13, effectuant un véritable changement de d’échelle et de nature[1] :

Tentons d’appréhender l’énormité de ce chiffre de 600 GW annuels : celui-ci représente l’équivalent en puissance de 370 réacteurs nucléaires EPR[2] – soit 1 EPR par jour ! Ajusté de la différence d’utilisation (80% du temps pour un EPR, environ 15% du temps pour le solaire[3]), il représente la production électrique de 69 EPR[4]

Un déploiement pas forcément adapté à notre pays

Cette comparaison a bien sûr une limite : la production nucléaire est « pilotable » alors que le solaire est dit « fatal », c’est-à-dire qu’il ne peut être programmé pour s’ajuster à la demande. Ainsi dans un pays largement nucléarisé comme la France où la demande électrique est tirée par le chauffage hivernal (alors que les rendements photovoltaïques sont très faibles) la construction subventionnée de capacités solaires est discutable.

A lire aussi: Le pouvoir d’achat, ce paresseux mantra

Mais la nature étant bien faite, les pays les plus ensoleillés sont souvent ceux où la demande électrique est tirée par les besoins en climatisation, très corrélés à l’ensoleillement, et sont aussi souvent ceux qui disposent des vastes surfaces désertiques nécessaires à la construction de fermes solaire. La production électrique y étant traditionnellement assurée par des centrales à charbon ou à gaz, émissives en CO2 mais qui ont l’avantage de pouvoir moduler très rapidement leur production lorsque les centrales solaires fonctionnent : ainsi au Texas, en Chine, en Inde, au Maghreb, dans les pays du Golfe persique, chaque nouvelle capacité solaire vient directement réduire le recours aux centrales à charbon ou à gaz, centrales dont la production se concentre alors sur les Dunkelflaute (périodes sans soleil ni vent), permettant une réduction des émissions de CO2 directe et substantielle.

Une énergie concurrentielle

Comment s’explique cette brutale accélération de la croissance du solaire ? Principalement par la très forte baisse du prix de panneaux photovoltaïques : -86% entre 2011 et 2022[5]. Désormais l’électricité issue des grandes fermes solaires de pays fortement irradiés est de très loin la moins onéreuse à produire, avec un coût complet en baisse constante, désormais sensiblement inférieur à 20€ par MWh (à titre de comparaison EDF a signé un prix de vente de 92,5 £/MWh (110 €/MWh) pour l’EPR britannique d’Hinkley Point, et vise 70 €/MWh pour les futurs EPR français – cible très ambitieuse de l’avis général). Cette baisse des prix a été rendue possible par la croissance des volumes, les progrès techniques (les panneaux récents utilisent moins de matière tout en offrant des durées de vie et des rendements en hausse) mais aussi par des surinvestissements industriels en Chine. Amer fruit de cette révolution solaire : la concentration désormais quasi-exclusive de la chaine de production en Chine, au détriment des acteurs industriels européens et américains notamment.

Cette incroyable baisse des coûts permet un foisonnement de projets dont la réalisation aurait encore relevé de la science-fiction il y a quelques années. Ainsi le projet AAPowerLink[6] qui prévoit de relier Singapour à une ferme solaire de 6 GW en Australie via un câble électrique de 4 300 km, ou le projet Xlink reliant le Royaume-Uni à des fermes solaires et éoliennes au Maroc[7]. Autre tendance, les mega-fermes solaires en construction dans les zones désertiques d’Inde ou de Chine : par exemple le projet chinois Gonghe Talatan[8] de 15,6 GW (soit la puissance de 10 EPR) pour une surface de 609 km2. A moyen terme cette électricité très bon marché pourrait aussi permettre de concrétiser les nombreux projets de production d’hydrogène par électrolyse de l’eau, faisant ainsi advenir la révolution de l’hydrogène.

Il est intéressant de noter que la carte des pays bénéficiant de cette nouvelle manne solaire superpose souvent celle des pays gaziers ou pétroliers. Ainsi le Texas, nouvel eldorado énergétique cumulant gaz et pétrole de schiste, usines d’exportation de GNL et immenses champs éoliens et solaires, et ouvrant désormais la voie du stockage d’électricité par batteries à grande échelle. Le principe de Saint Mathieu trouve encore l’occasion de se vérifier (« on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a »).

On observe également une tendance systématique des experts à très largement sous-estimer cette croissance du solaire – par exemple en janvier 2024 l’Agence Internationale de l’Energie[9] estimait encore à moins de 400 GW les nouvelles capacités 2024, estimation désormais revue à la hausse de près de 50%. Conclusion : la nature humaine a tendance à systématiquement sous-estimer la rapidité des changements technico-économiques ainsi que sa capacité à s’adapter aux défis qui lui sont adressés – un message d’espoir qui permet de relativiser les récits de scénarios climatiques apocalyptiques trop souvent paresseusement répétés.

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[1] Sources : 2010-17 : https://www.canarymedia.com/articles/solar/chart-solar-installations-set-to-break-global-us-records-in-2023, 2018-23 : https://iea.blob.core.windows.net/assets/d718c314-c916-47c9-a368-9f8bb38fd9d0/CleanEnergyMarketMonitorMarch2024.pdf, 2024 : https://ember-climate.org/insights/in-brief/solar-power-continues-to-surge-in-2024/

[2] Soit 573 GW / 1,6 GW = 370

[3] Le taux d’utilisation du solaire est très variable selon les emplacements géographiques. 15% correspond à une hypothèse prudente.

[4] Soit (573 GM x 15 %) / (1,6 GW x 80%) = 69

[5] https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/solaire-photovoltaique

[6] https://en.wikipedia.org/wiki/Australia-Asia_Power_Link

[7] https://xlinks.co/

[8] https://en.wikipedia.org/w/index.php?title=List_of_photovoltaic_power_stations&oldid=1246554952

[9] https://www.iea.org/energy-system/renewables/solar-pv

Avis d’experts: le système électoral américain est le pire qui soit

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Le comportement polémique de Donald Trump, après les résultats du scrutin présidentiel de 2020, ne doit pas empêcher de rappeler que le système électoral américain est dénoncé comme chaotique depuis longtemps.


Dans notre article précédent, nous avons présenté le système électoral américain et son incroyable fouillis de lois, de réglementations et de modes de fonctionnement. À présent, nous allons passer en revue les avis des experts sur ce système électoral si particulier – et nous constaterons qu’ils le considèrent comme le pire de tous les États démocratiques !

Des erreurs et des fraudes omniprésentes

En 1934, Joseph P. Harris, politologue et ancien responsable de bureau de vote à Chicago, qui avait été chargé d’étudier le fonctionnement du système électoral américain, publiait son rapport, dont la conclusion était sans appel : « Il n’y a probablement aucune autre phase de l’administration publique aux États-Unis qui soit aussi mal gérée que la conduite des élections. Chaque scrutin met en lumière des irrégularités, des erreurs et des fautes de la part des employés des bureaux de vote, le non-respect des lois et des règlements électoraux, des pratiques bâclées et des fraudes flagrantes. » (1)

Bien sûr, c’était il y a un siècle. On serait en droit d’espérer que, depuis 1934, la situation s’est améliorée et que les problèmes ont disparu. Que nenni.

Le système électoral américain n’est pas à la hauteur des normes internationales

À la veille de l’élection présidentielle de 2004 (qui allait voir la victoire de George W. Bush), l’ex-président américain, Jimmy Carter (Démocrate), était interviewé par la radio publique nationale (National Public Radio).

Depuis 1989, Carter étudiait la sécurité des élections dans le monde entier, par le biais de sa Fondation (Carter Center), qui a envoyé des équipes d’observateurs dans 40 pays pour y surveiller 115 élections.

À la surprise de la journaliste, qui lui demandait en badinant s’il accepterait de vérifier la qualité des élections américaines, Carter répondit que, « si les États-Unis étaient un pays étranger, qui lui demandait de surveiller ses élections, il serait obligé de refuser, parce que le système électoral américain n’est pas à la hauteur des normes internationales ». (2)

Rien n’est fait pour dissuader ou détecter les fraudes

La même année, Jimmy Carter et l’ex-Secrétaire d’État (ministre des Affaires étrangères), James A. Baker III (Républicain), créaient la Commission sur la réforme électorale fédérale (Commission on Federal Election Reform), organisation bipartisane, dont l’objet était d’examiner les élections américaines et d’en accroître la sécurité.

Dès 2005, la Commission remettait son rapport, qui soulignait que « le système électoral ne peut pas inspirer confiance au public, car il n’existe pas de garanties pour dissuader ou détecter les fraudes ». (3)

Un système électoral digne du plus pauvre village d’Afrique ?

En septembre 2004, la présidente de la Commission électorale indépendante d’Afrique du Sud, Brigalia Bam, qui réalisait une tournée d’inspection dans les bureaux de vote de Floride, exprima sa stupéfaction : « Ici, absolument tout est une violation [des normes de sécurité]. Tous ces systèmes électoraux différents, dans des comtés différents, sans aucune obligation de rendre des comptes, c’est comme dans le village le plus pauvre d’Afrique ! » (4)

A lire aussi, Harold Hyman: États-Unis: une campagne entre cris et chuchotements

Les États-Unis sont mûrs pour le vol d’élections et pour la fraude

En août 2006, l’ex-président de la Commission d’assistance électorale (U.S. Election Assistance Commission), agence indépendante dont l’un des rôles est de certifier les machines à voter électroniques, le Républicain DeForest Soaries, dénonçait le dangereux amateurisme qui régit les élections américaines, dans une interview accordée à une importante chaîne de radio. En raison de son contenu explosif, cette interview fut interdite de diffusion ; mais, deux mois plus tard, sa transcription fuitait et était publiée sur internet.

« La loi Help America Vote Act (HAVA) de 2002 impose la présence d’une machine à voter électronique dans chaque bureau de vote du pays. Mais il n’existe aucun prototype, aucune norme, aucune recherche scientifique qui permette de construire une machine électronique qui puisse être utilisée en toute sécurité. Si tous les foyers étaient obligés d’avoir un four à micro-ondes sans que des normes de sécurité aient été élaborées, cela ferait scandale. Mais aujourd’hui, nous en savons plus sur la façon de construire une machine pour prendre des photos de roches sur Mars, que sur la façon de construire une machine à voter électronique fiable. »

« Les politiciens de Washington ont conclu que le système ne peut pas être si mauvais que cela puisque, après tout, c’est lui qui les a produits. Tant qu’un candidat est élu, la machine et le dispositif utilisés pour l’élire lui semblent adéquats. Mais il est impossible de faire confiance à la technologie que nous utilisons pour compter les votes. Si nous étions un pays étranger analysé par l’Amérique, nous conclurions que ce pays est mûr pour le vol d’élections et pour la fraude. » (5)

Les États-Unis devraient s’inspirer des procédures électorales d’autres pays

En 2009, R. Michael Alvarez, professeur de sciences politiques au California Institute of Technology et co-directeur du Voting Technology Project (Programme sur la technologie de vote), concédait que « les responsables électoraux des États-Unis ont beaucoup à apprendre de leurs collègues d’autres pays, et ils peuvent tirer profit de l’étude des procédures électorales de ces pays », pour améliorer la sécurité de leurs élections. (6)

Le plus mauvais système électoral de toutes les démocraties

En 2012, Richard Hasen, professeur de sciences politiques, expert en droit électoral, directeur du Safeguarding Democracy Project (Programme de sauvegarde de la démocratie) à la faculté de droit de l’Université de Californie (UCLA School of Law), rendait un verdict similaire : « Je ne pense pas qu’il existe une démocratie mature dont le système électoral soit aussi mauvais que le nôtre ». (7)

 Les États-Unis, derniers de la classe

En 2017, des universitaires de l’Electoral Integrity Project (Programme sur l’intégrité électorale), spécialisés dans l’étude internationale comparative des élections, ont classé 28 États démocratiques selon la fiabilité de leurs systèmes électoraux, en utilisant des données relatives aux élections ayant eu lieu de 2000 à 2012. Le résultat a été sans appel : les États-Unis sont arrivés derniers, loin derrière les autres démocraties. (8)

La fraude électorale existe dans toutes les régions des États-Unis

Hans von Spakovsky, ancien membre de la Commission électorale fédérale (Federal Election Commission) et directeur de l’Election Law Reform Initiative (Initiative pour la réforme du droit électoral) de la Heritage Foundation, milite depuis des années en faveur du renforcement de la sécurité des élections américaines.

En 2012, il dressait un sombre constat : « La fraude électorale, qu’il s’agisse d’inscriptions frauduleuses sur les listes électorales, de bulletins de vote par correspondance illégaux, d’achats de voix, de recomptes douteux ou de bourrage des urnes à l’ancienne, peut être constatée dans toutes les régions des États-Unis. » (9)

En 2021, il revenait à la charge, et publiait une liste de mesures à mettre d’urgence en œuvre, pour contrer les fraudes électorales :

– tenir à jour des listes électorales exactes ;
– exiger une pièce d’identité avec photo pour voter en personne et par correspondance ;
– permettre aux observateurs électoraux d’avoir accès au dépouillement des bulletins, sans restriction ;
– interdire le dépouillement des bulletins de vote anticipé avant le jour du scrutin ;
– interdire que les machines à voter électroniques soient connectées à Internet et qu’elles soit dotées d’un modem ;
– empêcher les responsables électoraux et les élus de l’exécutif de modifier les lois électorales juste avant un scrutin ;
– interdire aux responsables électoraux de recevoir des fonds privés pour financer l’organisation d’une élection. (10)

Les nombreuses déficiences du système électoral américain

L’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) possède une agence chargée de surveiller les élections chez ses États membres, signataires de la Déclaration de Copenhague. (11) Cette agence, le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme (BIDDH) (Office for Democratic Institutions and Human Rights, ODIHR), envoie des observateurs internationaux aux États-Unis, tous les deux ans, lors des élections présidentielles et des élections de mi-mandat. Dans leur rapport final sur les élections américaines de mi-mandat de 2022, les observateurs de l’OSCE identifient 31 déficiences du système électoral américain, dont 13 graves. Parmi elles : le tracé des circonscriptions, le financement des campagnes électorales, l’administration des élections, l’identification des électeurs, les listes électorales, les demandes par internet de bulletins de vote par correspondance, les observateurs électoraux, la publication des résultats, la vérification des résultats par des audits, la certification des machines à voter électroniques, le vote par correspondance, les lois électorales. (12)

Comme on le constate, de nombreuses étapes vitales du processus électoral des États-Unis sont gangrenées par des déficiences.

La fraude électorale est un phénomène réel

Pour les spécialistes des élections que nous avons cités, la fraude électorale est donc un phénomène réel, qui doit être combattu – pas une faribole ni une chimère, comme les grands médias américains voudraient le faire croire. Et leur verdict est clair : le système électoral américain est le pire de tous les États démocratiques – il est même tellement mauvais qu’il est indigne d’un État qui se prétend démocratique. Mais tout le monde se rappelle que, après l’élection présidentielle controversée de 2020, les agences fédérales, les responsables électoraux et les grands médias avaient ouvert le parapluie et répété en boucle que cette élection avait été « la plus sûre de toute l’Histoire ».

Pendant ce temps, loin des dénégations bruyantes des grands médias, la justice américaine poursuit patiemment sa tâche, sans bruit, sans éclat, et condamne avec régularité des tricheurs, coupables de fraudes électorales commises pendant les élections passées, y compris pendant celle de 2020, comme nous le verrons plus loin.

Dans notre prochain article, nous explorerons les bases de données sur les fraudes électorales ayant été l’objet de poursuites judiciaires et de condamnations.

>> A suivre <<


Notes

1) Joseph P. Harris, Election Administration in the United States, Brookings Institution, 1934, p. 1.

2) « President Carter Tries Hand at Fiction », Interview of Jimmy Carter by Terri Gross, Fresh Air, NPR, October 21, 2004, 4’24″–4’56 ».

https://freshairarchive.org/segments/president-carter-tries-hand-fiction

3) « Building Confidence in U.S. Elections: Report of the Commission on Federal Election Reform », September 2005, p. 18.

https://www.eac.gov/sites/default/files/eac_assets/1/6/Exhibit%20M.PDF

4) Brigalia Bam, entretien avec Andrew Gumbel, septembre 2004, cité dans :

Andrew Gumbel, Down for the Count: Dirty Elections and the Rotten History of Democracy in America, New Press, 2016, p. 3.

5) Brad Friedman, « Exclusive: First Bush-Appointed Chair Of U.S. Election Assistance Commission Says ‘No Standards’ For E-Voting Devices, System ‘Ripe For Stealing Elections’! », BradBlog, October 17, 2006.

https://bradblog.com/?p=3491

6) R. Michael Alvarez, Thad E. Hall and Susan D. Hyde, Election Fraud: Detecting and Deterring Electoral Manipulation, Brookings Institution Press, 2009, p. 239.

7) Natasha Khan and Corbin Carson, « Election-fraud not as common as recent voter ID laws suggest », Center for Public Integrity, August 13, 2012.

https://publicintegrity.org/politics/election-fraud-not-as-common-as-recent-voter-id-laws-suggest/

8) Données provenant des rapports du Varieties of Democracy Project (Programme sur les variétés de démocratie), publiés par le V-Dem Institute (Université de Göteborg, Suède), citées dans :

Pippa Norris, Holly Ann Garnett and Max Grömping, « Perceptions of Electoral Integrity: The 2016 American Presidential Election », Electoral Integrity Project, January 2017, p. 7.

https://www.dropbox.com/s/3l45d146f7yojqg/PEI-US-2016%20Report.pdf

9) John Fund and Hans von Spakovsky, Who’s Counting: How Fraudsters and Bureaucrats Put Your Vote at Risk, Encounter Books, 2012, p. 7.

10) John Fund and Hans von Spakovsky, Our Broken Elections: How the Left Changed the Way You Vote, Encounter Books, 2021, « Chapter 12: How to Fix the Flaws in Our Election Process ».

11) La Déclaration de Copenhague est un document adopté par les pays membres de l’OSCE, en juin 1990, à Copenhague, qui contient des engagements spécifiques en matière d’élections (transparence, fiabilité, protection).

12) « United States of America, Mid-Term Congressional Elections, 8 November 2022: ODIHR Limited Election Observation Mission, Final Report », 9 May 2023, pp. 43-46.

https://www.osce.org/odihr/elections/usa/543015

«L’affaire Philippine dérange l’extrême gauche»

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La presse de gauche accuse la droite de récupérer l’affaire Philippine. Un recueillement organisé par la députée de la huitième circonscription de l’Isère Hanane Mansouri a été perturbé. Ailleurs, des affiches ont été déchirées. Réunis place Denfert-Rochereau dimanche, les militants de droite se souviennent que leurs adversaires n’étaient pas aussi délicats lors de l’affaire Nahel. Nous sommes allés à leur rencontre.


La place Denfert-Rochereau et son lion, souvenir de la ténacité des Français face aux Prussiens sur la place forte de Belfort en 1870, semble devenue le lieu symbolique de la résistance française. Le jeudi 20 octobre 2022, il y a deux ans, l’Institut pour la Justice y avait organisé un hommage à la jeune Lola. Ce dimanche, plusieurs centaines de manifestants ont répondu à l’appel du collectif Némésis pour une manifestation d’hommage à Philippine. « Féministe et identitaire », le collectif lancé en 2019 mène des actions de sensibilisation sur les violences faites aux femmes et dénonce « l’impact dangereux de l’immigration de masse sur les femmes occidentales ».

Au micro, la présidente du collectif, Alice Cordier, insiste sur le caractère mémoriel de la manifestation et demande aux militants politiques présents d’éviter tout slogan qui contreviendrait aux mots d’ordre des organisateurs ou de retirer leurs cagoules. Elle prévient : « Vous seriez sinon expulsés manu militari ». Message également adressé aux « antifa » qui seraient éventuellement infiltrés dans la manifestation : le service d’ordre évacuera tout perturbateur…

« Cette affaire dérange l’extrême gauche »

La vigilance est de mise, car on craint des perturbations ou des manœuvres d’intimidation de militants de gauche. Hanane Mansouri, député ciottiste de 23 ans, élue dans la 8e circonscription de l’Isère, a vu son hommage interrompu par des agitateurs la veille. « J’ai lancé un appel sur les réseaux sociaux pour organiser un rassemblement en hommage à Philippine. Mais un comité d’accueil était là quand je suis arrivée. On voyait des masques, des chèches… J’ai fait une petite prise de parole pour introduire la minute de silence. Ils ont commencé à crier des slogans anti-fascistes. Ils avaient battu le rappel et étaient assez nombreux », nous raconte la députée.

Parmi les agitateurs, des candidats, militants et collaborateurs de la France Insoumise auraient été identifiés via recoupements sur les réseaux sociaux. « L’affaire de Philippine les dérange beaucoup. Ni le profil de la victime, ni le profil de l’agresseur ne les arrangent, alors ils préfèrent nous faire taire. » Comment vont réagir les députés du groupe UDR à l’Assemblée ? « Il y a eu Lola et Mathis… On ne peut pas s’indigner tous les six mois. On va en discuter en réunion de groupes et décider d’éventuelles actions législatives. Je vais solliciter Bruno Retailleau sur la question et voir quelles actions il souhaite mettre en place », assure la députée. Ces tentatives d’intimidation de l’extrême gauche reviennent dans les discussions des manifestants rencontrés. Une vieille dame en manteau de fourrure rejoint un groupe d’amis et estime qu’il faut relire le « deuxième discours de Soljenitsyne » (Le déclin du courage NDLR). Une autre s’étonne que l’on cantonne la manifestation aux abords de la place, s’indigne que « l’on se laisse faire », et en conclut avec une pointe de dépit que « la droite ne fait pas peur ».

La droite accusée de récupérer l’affaire

Au micro, les responsables du collectif dénoncent « le laxisme de la justice », la non-exécution des OQTF, et égrènent de multiples exemples de violences et d’agressions. Certaines formules font mouche : « nous pouvons mourir pour un regard ou une cigarette », lance par exemple la responsable avant d’être copieusement applaudie. Comme l’est aussi la présence de Florian Philippot et du sénateur Stéphane Ravier. Et comme sont sifflés Didier Migaud, pour ses déclarations contestant le laxisme de la justice, Éric Dupond-Moretti, le garde des Sceaux précédent, ou Sandrine Rousseau qui s’était empressée de dénoncer la récupération politique par « l’extrême droite » de l’affaire.

A lire aussi, Gabriel Robin: Affaire Philippine: Comment le suspect Taha O. s’est-il retrouvé dans la nature?

La présidente de l’UNI Sciences-Po, dont les affiches rendant hommage à Philippine dans le hall de l’institut ont été arrachées par des adversaires politiques, est venue sur la tribune dénoncer « l’impunité que l’administration de Sciences po » réserve à ce type d’action.

Deux femmes venues de banlieue avec des pancartes maison sur lesquelles on peut lire « violeurs étrangers : dehors ».

Deux femmes, Nathalie et Nathalie, venues de banlieue, ont amené avec elle des pancartes maison virulentes sur lesquelles on peut lire : « Violeurs étrangers, dehors ». L’une assure : « Même dans ma maison de campagne au cœur de la Bretagne, on dispatche des migrants », et sa comparse de surenchérir sans s’embarrasser de nuances : « C’est proportionnel, plus on trouve de migrants, plus on trouve d’insécurité » estime-t-elle. Philippe, un professeur de musique dans un collège public d’Asnières, s’il regrette qu’une partie de ses collègues restent « aveuglés par leur engagement politique », constate toutefois une prise de conscience politique dans le monde enseignant.

Des témoignages de victimes

Au-delà des discours entendus, finalement assez politiques, le ton se voulait intimiste. Némésis a rappelé sa spécificité : c’est un collectif de femmes, de mères qui entendent protéger leurs filles, leurs sœurs, leurs amies. Aussi, des victimes ou membres de familles de victimes de violence, invités par le collectif, sont venus au micro pour raconter des récits souvent poignants. Claire Géromini dit « comparer son histoire à celle de Philippine » ; la jeune femme a été agressée le 11 novembre 2023 par un migrant centrafricain faisant aussi l’objet d’une OQTF. Elle raconte un viol brutal de trente minutes et les violences barbares dont elle a fait l’objet. Marius Larrivé, dont la grand-mère Berthe Picot, nonagénaire, a été violée par un clandestin sous OQFT, détaille les défaillances du système judiciaire. Il indique avoir dû laver lui-même la mare de sang dans laquelle avait été laissée sa grand-mère après avoir attendu en vain l’entreprise de nettoyage dépêchée par le tribunal. En adressant un message de fraternité et de sympathie à la famille de Philippine, les témoins insistent aussi sur la nécessité de « réparer les vies brisées » ; si l’heure n’était pas aux marches blanches, aux bougies, aux cœurs… le propos restait donc malgré tout empathique. Les discours ont d’ailleurs souvent été interrompus par les larmes des intervenants.

A la tribune, des membres de familles de victimes ont pu communiquer leur émotion.

Le courage de la vérité, planche de salut pour Michel Barnier

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Jamais l’urgence de dire l’effrayante vérité de l’état du pays n’a été aussi pressante. Michel Barnier prononcera sa déclaration de politique générale demain à l’Assemblée nationale.


L’Etat est dans un sale état. Ses mensonges officiels ne suffisent plus à dissimuler les désastres qui s’enchaînent. Ils l’obligent à se confronter à ses fautes. Emmanuel Macron est en première ligne, pour avoir poursuivi avec zèle une politique détachée des réalités depuis cinquante ans. Le chef de l’Etat ne résistera plus longtemps aux épreuves de vérité que va devoir affronter le gouvernement, né fragilement d’une colère étouffée. La chute prévisible du vieux monde déraciné sera aussi celle d’une classe politique moutonnière, globalement discréditée.

Le meurtre de Philippine de Carlan, 19 ans, violée et assassinée par Taha Oualidat, jeune Marocain récidiviste sous Obligation de quitter le territoire (OQTF), est le produit tragique d’une chaîne d’irresponsabilités allant du législateur aux juges. La dette publique effarante (3230 milliards d’euros), laissée à Michel Barnier par le flambard Bruno Le Maire, est une autre conséquence de la fuite en avant d’une caste allergique au bon sens et à l’auto-critique. L’angélisme, qui a fermé les yeux sur l’islamisation de la communauté musulmane massivement immigrée, s’ajoute aux défaillances des dirigeants. Dans ce grand effondrement qui fait tomber la France, la déclaration de politique générale du Premier ministre, mardi, gagnerait à dire les choses dans la transparence – la glasnost – qui fit s’effondrer le régime soviétique et son monde parallèle. En 1981, Ronald Reagan lança sa révolution conservatrice avec son fameux : « L’État n’est pas la solution à notre problème ; l’Etat est le problème ». Barnier osera-t-il être le procureur d’un État failli, qu’il a malgré tout avalisé? Ce serait-là son meilleur rôle devant l’histoire.

Le monde politique va devoir rendre des comptes. Et les « progressistes » plus que les autres. En effet, ils sont à la source des aveuglements idéologiques sur le déclin national. La manière dont la presse de gauche, majoritaire, a tenté de délégitimer l’émotion française après le meurtre de Philippine rappelle son professionnalisme dans l’occultation des faits. Parce que le meurtrier est Marocain et sa victime catholique pratiquante, des portraits de Philippine ont été arrachés à Sciences Po-Lyon ou à l’université de Grenoble. Les promoteurs de la diversité ont accusé de racisme ceux qui ont rappelé le statut d’expulsable de l’assassin. Naguère, le discours dominant avait tenté de taire les agressions sexuelles commises par des Maghrébins, à Cologne et ailleurs, sur des femmes allemandes lors du nouvel an de 2016. Une même omerta avait couvert les viols de jeunes blanches par des réseaux pakistanais en Grande-Bretagne. Samedi, lors des obsèques de Philippine en la cathédrale Saint-Louis de Versailles, en présence de près de 3000 personnes, un participant interrogé par Le Figaro expliquait : « Quand Nahel est mort, ils ont fait des émeutes dans tout le pays. Nous on allume des bougies. Qu’est-ce qu’on attend pour faire la révolte nous aussi ». Dimanche, à Paris, seules quelques centaines de personnes se sont rassemblées pour rendre hommage à la victime et dénoncer « le laxisme migratoire ». « Il faut renverser la table en sa mémoire », a déclaré hier dans Le Journal du Dimanche Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, en ajoutant : « Je me suis juré de dire la vérité aux Français de façon brutale ». Déjà, en 2017, François Fillon, candidat à la présidentielle, avait promis « le courage de la vérité » avant de tomber dans le traquenard judiciaire. Jamais l’urgence de dire les choses n’a été aussi pressante. Pour Barnier, sa planche de salut est sans doute à ce prix.

Vous avez dit juif?

Jean-Luc Mélenchon suscite la polémique en attaquant Benjamin Haddad, ministre des Affaires européennes. Mais, rien ne permet d’affirmer que Mélenchon critique Haddad parce qu’il est juif.


Asseyez-vous, car je vais défendre notre général Tapioca national.

Dimanche, le site du JDD publie un article intitulé: « Ce ministre est… juif» : polémique après une déclaration de Jean-Luc Mélenchon sur le ministre Haddad. Je me dis alors que si Mélenchon en est à dénoncer des juifs, il a franchi un cran.

Dire de quelqu’un qu’il défend la politique de Netanyahou n’est pas infamant

A Mende (48), samedi, il s’est en effet déchaîné contre Benjamin Haddad : « Il est acquis à la politique de Netanyahu. Si l’Europe décidait de ne plus livrer d’armes européennes, la guerre s’arrêterait. » Étonnamment, Gérard Araud, diplomate, ancien ambassadeur aux Etats-Unis et en Israël, qui n’est pas du tout un défenseur inconditionnel d’Israël, dégaine un tweet assez virulent : « Pour dire clairement ce que vous sous-entendez, ce ministre est… juif. C’est indigne. »

Ce message a déclenché une salve nourrie des Insoumis et crypto-insoumis. Mélenchon ironise sur « l’escroquerie médiatique permanente « Mélenchon a dit » ce qu’il n’a pas dit »

Désolée, ils ont raison. Mélenchon n’a pas parlé de juifs dans son discours. Et dans la macronie, Benjamin Haddad est certainement celui qui soutient le plus le droit d’Israël à se défendre. À raison, à mon avis, et il est d’ailleurs regrettable que le président Macron ne le fasse pas aussi et que ce ne soit pas la position française. Alors, Benjamin Haddad est sans doute moins acquis à Netanyahou que Mélenchon à Chavez et Maduro, peut-être que cet «acquis à» dans le discours du leader des Insoumis est exagéré, mais ce n’est ni faux ni infâmant.

Mais les Insoumis usent d’un double langage, me dira-t-on

Certes, quand M. Mélenchon parle des « petits fours du CRIF », l’allusion est transparente. Quand il trouve l’antisémitisme « résiduel », a minima il montre clairement qu’il s’en fiche. De plus, la ligne des Insoumis confère depuis plusieurs années une sorte de légitimité politique à l’antisémitisme des banlieues.

Pour autant, rien ne permet d’affirmer que M. Mélenchon critique M. Haddad parce qu’il est juif. Peut-être est-ce vrai, mais le doute doit profiter à l’accusé. Les Insoumis sont eux-mêmes experts en manipulations des propos de leurs adversaires et en calomnies ; ils accusent tous leurs adversaires de racisme et d’islamophobie sans jamais étayer leur propos. Dans le registre grotesque, le député Antoine Léaument vient de voir dans la veste Helly Hansen (siglée HH) de Julien Odoul (RN) le message caché « Heil Hitler »… Bref, les Insoumis passent leur temps à se battre en-dessous de la ceinture. Et ça marche, puisque des gens croient que CNews est raciste, et X ou Y fachos. Mais ce n’est pas une raison pour faire comme eux. Jean-Luc Mélenchon profère assez d’insanités politiques, attaquons ce qu’il dit plutôt que ce qu’il ne dit pas. Le débat public ne peut pas se réduire à la police des arrière-pensées.

Je persiste à croire que, dans le combat idéologique, les vainqueurs sont ceux qui se battent à la loyale.

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Cette chronique a été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy au micro de Jean-Jacques Bourdin dans la matinale

« Le Syndrome de l’Orangerie», de Grégoire Bouillier : combien de cadavres sous les fleurs?

Regarder un tableau, affirme notre chroniqueur, ne consiste pas à se contenter d’observer sa surface : il faut s’immerger dans la profondeur de ce qui paraissait une œuvre en deux dimensions, et qui en a bien d’autres — comme un livre.


Allons, ne boudons pas notre plaisir : j’ai lu le meilleur livre de cette rentrée d’automne 2024, et il s’intitule Le Syndrome de l’Orangerie, de Grégoire Bouillier.

Que ce soit seul, un jour de pluie, ou pour accompagner votre cousine de province, avide de découvrir en deux jours toutes les curiosités de la capitale, vous êtes peut-être entrés, déjà, dans le Pavillon de l’Orangerie, tout au bout des Tuileries, côté Seine.
Dans le sous-sol ont été mis en place les panneaux des Nymphéas, peints tout spécialement pour ce lieu en 1914-1918 (oui, la date n’est pas un hasard !) par Claude Monet, et offertes par le peintre à l’Etat français. Avec le soutien sans faille de Georges Clemenceau, ami fidèle de l’artiste.

Le double de Bouillier donc s’y retrouve un beau jour, et il est saisi, devant ces immenses toiles, d’un malaise profond :
« Que s’était-il passé lors de la visite de l’Orangerie ? Qu’avais-je vu ? »
L’italique n’est pas fortuit. On peut regarder sans voir réellement. Sherlock Holmes le reproche sans cesse à Watson. Eh bien c’est à une enquête éminemment holmesienne que nous convie Bouillier. Un suspense ébouriffant.

On parle d’un « syndrome de Stendhal » pour désigner les éblouissements, voire les évanouissements de l’auteur du Rouge et le noir devant certaines toiles, ou à l’écoute de musiques sublimes : l’excès de beauté anéantit notre capacité de perception et d’analyse. Ici, c’est le sentiment d’une mort camouflée qui prend le narrateur aux tripes. Quelque chose se dissimule derrière ces flaques d’un vert douteux, derrière ces fleurs suspectes. Ce ne sont pas de simples panneaux peints, c’est une scène de crime.

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C’est donc à une enquête en profondeur (j’insiste sur ce point : une grande œuvre ne se donne pas immédiatement au premier coup d’œil, elle demande à être explorée, fouillée, autopsiée) que se livre l’auteur. Une enquête qui le mène (et qu’est-ce qu’un lecteur attentif, sinon justement un fin limier ?) de Paris à Giverny en passant par Auschwitz.

Parce qu’il n’y a pas qu’un seul cadavre enfoui sous ces nymphéas — et d’ailleurs, pourquoi des nymphéas ? Parce que Monet en avait planté sur les pièces d’eau de sa propriété normande de Giverny, tout à côté de Vernon ? Des milliers de touristes étrangers font le déplacement, vous pouvez vous y risquer, non ?
Explication un peu courte. Il y a sous ces fleurs suspectes (saviez-vous qu’une décoction de racines de nymphéas éteint l’ardeur sexuelle ?) les millions de morts de la Grande Guerre (sous les fleurs ? Vous êtes sûr ?). Et tous les deuils intimes de l’artiste — mais je n’en dirai pas plus, sachez seulement que cette salle double de l’Orangerie, qui ressemble à une paire de lunettes, à une grotte primitive où se serait exprimé un artiste pariétal, ou à un combiné vagin / utérus, est un immense Tombeau — au sens que l’on donne en littérature à ces œuvres qui célèbrent un ami ou une amante disparus…

L’enquête touche aussi bien à la vie intime du peintre qu’à celle de sa Belle Epoque — sinistre à bien des égards, puisqu’après tout elle s’est achevée sur un bain de sang d’une ampleur jamais vue. Elle ressuscite Camille, la première épouse du peintre, ou son fils, ou sa mère, ou toutes les disparitions qui jalonnent votre existence quand vous vous acharnez à rester en vie tandis que les autres se fondent dans une absence épaisse. Ce que le soleil révèle, dans ses chatoiements sur ces pièces d’eau, c’est la part de nuit qui nous habite — et de plus en plus lorsque l’on prend de l’âge, et que l’on court derrière ses amis défunts, d’un cimetière à l’autre.

Bouillier, en nous apprenant à regarder vraiment, nous enseigne du même coup comment lire réellement : non pas déchiffrer laborieusement comme un député analphabète de LFI, mais comprendre tous les ressorts, les sortilèges enfouis, la machinerie littéraire qui distingue les grandes œuvres du fatras de papier imprimé qu’on appelle une rentrée littéraire.
Ce roman est une grande œuvre : non seulement il vous incite à la relecture de tout ce que vous avez aimé, mais il vous donne de précieux conseils sur ce dont vous devez tenir compte, le jour où la fantaisie vous viendra de peindre, de sculpter, de composer, ou d’écrire. Derrière les sortilèges d’une œuvre d’art se dissimule toujours la Bête — et dans le dernier chapitre, Bouillier nous livre son propre mystère, puisqu’après tout écrire consiste à faire ressortir l’impalpable, l’innommable, l’indicible — l’essentiel, en un mot.

Grégoire Bouillier, Le Syndrome de l’Orangerie, Flammarion, août 2024, 430 p.

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« Kaizen »: l’Everest, sa cohorte de prétendants et la philosophie des cimes

L’époque où la beauté des cimes était réservée à des initiés semble désormais révolue. L’influenceur Inoxtag mérite-t-il l’avalanche de critiques qui déferlent sur lui?


Jusqu’alors, la haute montagne, celle dont personne ne ressort vraiment indemne, était principalement associée aux noms de Maurice Herzog et de Louis Lachenal, qui mirent l’Anapurna à leurs pieds, de Roger Frison-Roche, aux romans écrits sur des lignes de crêtes, ou encore de Sir Edmund Hillary et de son sherpa, Tenzing Norgay, qui vainquirent l’Everest un jour de mai 1953. Elle était une affaire de sportifs aguerris et de spécialistes ; elle se parait de ce mystère dans lequel nous plongent le risque, les pentes raides, le froid et l’effroi ; surtout, elle nous emmenait dans un imaginaire appelant à la philosophie. 

Toujours plus loin, plus fort, plus vite, jusqu’au bout de l’extrême limite

Avec le succès dans les salles et en ligne de Kaizen, la montagne est un peu moins de tout cela et, au fond, c’est le principal des reproches que l’on devrait formuler au documentaire. Si les images donnent le vertige, autant par leur beauté que par la profondeur des crevasses, le récit est formaté pour une époque habituée à la dramatisation outrancière, aux coachings de vie, à la morale factice et l’exposition de soi – en l’occurrence, celle de l’auteur et principal acteur, l’influenceur Inoxtag.

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Celui-ci ne mérite pourtant pas l’avalanche de critiques qui déferlent sur lui : le jeune homme au cœur de l’action fut longtemps habitué à son canapé et féru de jeux vidéos avant de se trouver une auguste destinée en même temps qu’il décidait de gravir l’Everest. Plus de deux heures durant, on le voit s’entraîner, repousser ses limites, être transformé. Et forcément, cela ne plaît ni aux puristes ne pouvant souffrir qu’un non-initié devienne alpiniste en l’espace d’un an, ni aux féministes – ainsi en est-il du « il n’y a pas beaucoup de femmes dans le documentaire » de Léa Salamé – , ni aux prétentieux qui se pensent dépositaires de la nature immaculée.


Il ne nous empêchera toutefois pas de penser qu’il est des endroits qui jamais ne devraient être explorés, déflorés, piétinés, encore moins devenir des destinations prisées – nous dirions « touristiques » si nous n’avions autant de respect pour la dimension sportive de l’exploit. La cohorte se massant à quelques encablures du sommet transforme les toits échancrés du monde en estrades pour selfies et les voies célestes en autoroutes des vacances. Là, tout ne semble soudainement être qu’agitation, vanité et pollution, au lieu d’être calme, humilité et plénitude.

On peut aussi lire Sylvain Tesson et Roger Frison-Roche

Après avoir vu Kaizen, et fantasmé que chacun pouvait mettre l’Everest à sa porte, on se replonge, dans un réflexe presque pavlovien, au cœur des ouvrages de Sylvain Tesson qui écrivait par exemple, au détour de l’un de ses périples : « Je croyais m’aventurer dans la beauté, je me diluais dans la substance. Dans le Blanc tout s’annule, espoirs et regrets ». Ou dans les romans de Frison-Roche, dont Premier de cordée et La grande crevasse, pour beaucoup les premiers rendez-vous littéraires avec la grande aventure. 

A leur prêter une âme, les sommets altiers désireraient sans doute réserver leurs charmes impitoyables aux sages encore aptes à les contempler et la montagne souhaiterait peut-être être gravie par les téméraires en mesure de lui adresser des mots emplis de philosophie. Mais l’époque où la beauté était réservée aux happy few est désormais révolue. Et les terra incognita ne sont, de toute façon, plus de ce monde.

Après Philippine, elles ne veulent plus sortir avec la peur de mourir

Le collectif de droite Némésis organisait un hommage à Philippine place Denfert-Rochereau, hier, à Paris. Des familles touchées par d’autres drames similaires ont apporté leur témoignage au micro. Avec le sentiment d’être de « mauvaises victimes » pour la société, et l’espoir que la question des OQTF non appliquées trouve enfin une réponse.


Ce dimanche 29 septembre aurait pu être un dimanche comme les autres, mais il n’en était rien. Car ce dimanche, précisément, un émouvant hommage à la jeune Philippine s’est tenu sur la place Denfert-Rochereau (Paris XIVème) à l’initiative du Collectif Némésis (fondé par la féministe Alice Cordier, présenté par la presse comme un groupuscule identitaire ou d’extrême-droite) et de Claire Geronimi, victime d’un viol dans le hall de son immeuble, en 2023, par un migrant africain sous OQTF. Devant la foule de près de deux mille personnes, sécurisée par un dispositif de forces de l’ordre et une entreprise de sécurité privée engagée pour l’occasion, nous avons pu observer des pancartes « L’État m’a tuée » ou « Philippine aurait pu être notre sœur ».


Gros ras-le-bol

Au micro d’Alice Cordier, se sont succédé les – trop – nombreuses familles endeuillées, dont certaines ont fait le déplacement depuis la province, pour témoigner du laxisme judiciaire autour de la question des OQTF, et du douloureux chemin de reconstruction qui s’opère après l’assassinat d’un proche. Des familles invisibilisées, dont le témoignage n’est que trop peu relayé par les médias. Nous avons écouté Catherine, dont la fille a été tuée sous le coup de onze coups de couteaux par un Algérien multirécidiviste ; nous avons aussi écouté Marius, dont la grand-mère de 91 ans a été violée et tuée à son propre domicile par un migrant sous OQTF : « Elle est morte dans son propre sang, sur le sol d’un appartement où elle a vécu près de quarante ans. Je le sais car j’ai dû nettoyer moi-même l’appartement, en l’absence de la société de nettoyage mandatée par la Juge d’instruction ». Chaque famille, sans exception, a souligné l’absence de soutien des politiques et notamment des politiques de gauche. Cette réalité était d’autant plus marquante que, au micro de la tribune de la place Denfert-Rochereau, Alice Cordier a remercié les deux seules figures politiques présentes qui se sont déplacées pour Philippine. Deux hommes. Le sénateur Stéphane Ravier (ex-Reconquête) et Florian Philippot (président des Patriotes), seuls, ont fait le déplacement.

Mauvaises victimes

Où sont nos femmes politiques ? Où est Martine Aubry, dont une des familles présentes a souligné l’aberrant silence après avoir perdu un membre de leur famille à Lille, sous les coups d’un homme sous OQTF ? Où sont nos féministes, qui courent pourtant de plateau télé en chaîne de radio, pour dénoncer les féminicides et les violences sexuelles ? Ne se sentent-elles pas concernées par le viol et l’assassinat d’une jeune femme de dix-neuf ans ? Où sont les Parisiennes ? Pour la course à pied de la Parisienne, 30 000 femmes ont couru pour financer la recherche médicale ; où sont-elles, pour rendre hommage à la mort de l’une d’entre elles ? La dernière édition de la Fashion Week a attiré près de 20 000 visiteurs : où sont-ils pour soutenir une famille endeuillée, qui a dû organiser elle-même sa propre battue et faire la découverte du corps semi-enterré de leur enfant au Bois de Boulogne ?

Dans un monde où les valeurs du respect de l’enfance et de la femme passeraient réellement au-dessus des sacs-à-main de haute couture, la place Denfert-Rochereau aurait pu être noire de monde, inondée de toutes les Parisiennes qui seraient descendues pour accompagner l’hommage ! Toutefois, Claire Geronimi a déclaré être soulagée du nombre de personnes présentes, plus élevé qu’elle ne l’espérait.

Goût amer

Nous, pour notre part, gardons un goût amer dans la bouche : comment se satisfaire de la mobilisation de deux mille personnes, face à un tel drame ? Nous qui sommes deux femmes, deux Françaises, nous l’affirmons : la France et les Français ne sont pas à la hauteur de l’enjeu de la question des OQTF et n’ont pas été à la hauteur de l’hommage qui aurait dû être rendu à Philippine et à ses proches. Combien d’autres victimes faudra-t-il pour que la France, dans un seul corps, descende dans la rue et pleure la vie brisée d’une jeune femme de dix-neuf ans ? Combien d’autres femmes devront être encore victimes de la folie barbare pour que les pouvoirs politiques s’emparent de ce sujet ? Combien d’autres Lola ? Combien d’autres Philippine ? Après une minute de silence pour la mémoire de Philippine, la foule présente a entonné la Marseillaise.

À la fin d’une cérémonie qui s’est déroulée dans la dignité et sans aucun débordement d’aucune sorte, l’organisatrice Alice Cordier nous a enjoint de nous disperser dans le calme. Amères, nous avons rangé nos drapeaux tricolores, plus convaincues que jamais que le combat ne faisait que commencer. Pour ces OQTF, nous n’aurons ni oubli, ni pardon.

En se défendant, Israël libère aussi le monde du terrorisme

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Après le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah samedi 28 septembre, Tsahal a annoncé ce lundi matin avoir tué dans de nouvelles frappes le chef du Hamas au Liban, Fatah Charif Abou Al-Amine, ainsi que des cadres du Front populaire de libération de la Palestine.


Au lendemain du 7 Octobre 2023, le Premier ministre israélien promettait l’éradication du Hamas, l’élimination ciblée de tous les responsables de l’opération ‘’Déluge d’El Aqsa’. Incidemment, il envisageait de changer la carte du Moyen-Orient. À partir du 8 Octobre, le Hezbollah, principal proxy de l’Iran des mollahs, attaquait Israël ‘’en solidarité avec le Hamas’’.

Israël veut récupérer son intégrité territoriale au nord

Depuis lors, en l’espace d’une année, les buts de guerre de l’Etat d’Israël sont quasiment atteints. L’opinion aura compris qu’en comparaison des otages encore détenus, le retour de 60000 Israéliens déplacés des localités du nord, constitue une plus grande priorité, car elle signe l’intégrité territoriale du pays. Le Hamas est disloqué, son infrastructure urbaine et suburbaine entièrement détruite, tandis qu’au Sud Liban les bastions du Hezbollah sont irréversiblement affaiblis. Au cours des derniers mois, l’élimination du chef politique du Hamas, puis celle du chef politique du Hezbollah – accompagnées d’impressionnants coups propres à la guerre secrète – témoigne aussi du fait que la puissance de dissuasion et d’intervention d’Israël demeure intacte. Ce sont des messages clairs envoyés à ses ennemis, où qu’ils se trouvent.

Aux yeux de l’opinion, l’Etat d’Israël se sera montré justement inflexible, préférant la contre-attaque conséquente aux atermoiements des modérés, toujours prompts à exiger un « cessez-le-feu » qui constitue une compromission avec le statu quo, et qui n’est que le nom amoral d’un ordre mondial édifié sur la loi de la terreur. La résistance d’Israël dans ce contexte incarne à juste titre une notion plus exacte de la résistance. Autrement dit, le gouvernement démocratiquement élu d’Israël a montré au monde que l’hégémonie insolente, thanatophile et liberticide du pseudo ‘’Axe de la résistance’’ (Iran-Hezbollah-Hamas-Hutis du Yemen – milices Chiites d’Irak et de Syrie, auxquelles s’ajoutent les bastions pro-palestiniens du monde occidental (LFI en tête) – n’est pas une fatalité politique pour le devenir collectif au XXIè siècle.

Une guerre existentielle

Nous ne redirons jamais assez qu’Israël a mené et continue de mener une guerre existentielle, au moins à deux égards : pour sa propre continuité, liée à la sécurité de sa population ainsi qu’à son intégrité physique, et pour la pérennité et l’exemple de sursaut démocratique que constitue sa guerre défensive.

Sur le plan international, les réactions officielles, à l’exception des États-Unis, demeurent à l’image de la pusillanimité de la plupart des gouvernements européens, des chancelleries, mais également des grandes organisations, l’ONU en tête, comme de la représentation de l’UE, l’une comme l’autre toujours enclines à composer avec les pourvoyeurs de décomposition politique. L’année écoulée, pendant les longs mois de guerre, aura au moins rempli une fonction : celle de mettre au jour le haut degré de déchéance morale de toutes ces institutions, tendanciellement acquises à l’anomie perverse des vecteurs de l’islamo-gauchisme. La rhétorique de l’appel au cessez-le-feu, le dévoiement du droit international, le déni du droit de la guerre, lorsque c’est Israël qui s’y réfère, les errements des prétendues élites – académiques ou médiatiques – n’ont cessé d’en dire long sur la gravité de la crise civilisationnelle qui ronge une grande partie de l’opinion occidentale.

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En dépit des pressions incessantes de la nouvelle pensée unique incessamment fondée sur la criminalisation d’Israël, Israël a eu raison de mépriser les poncifs couramment associés à sa présence au monde : l’accusation de ‘’génocide’’, et bien entendu l’objection de ‘’disproportionnalité’ de sa riposte, deux termes choisis sur mesure dans la continuité de l’archive judéophobe dont l’inspiration infamante reste inchangée depuis qu’Israël existe.

Israël se défend, et en se défendant avec audace, courage, fermeté, virtuosité et précision, contribue de ce fait à défendre l’humanité libre, il ne fait pas même exception de ceux qui en ternissent l’image au nom de la ‘’démocratie’’, et qui sont les victimes potentielles de ses ennemis, en les libérant de l’emprise d’un réseau criminel qui a revêtu des dimensions matérielles et idéologiques transnationales. En Europe notamment, la principale raison de cette inversion morale est à chercher dans le péché originel de la gauche dite progressiste, qui pendant plus d’un demi-siècle aura servi de relais idéalisant au palestinisme, dont le 7 Octobre a révélé qu’il était la manifestation essentialisée du djihadisme en Occident. La cécité aura duré longtemps, bientôt figée en nouveau conformisme, jusque dans l’enceinte des cours de justice (CJI, CPI) et celle des « grandes écoles » (Normale supérieure, la Sorbonne, Science Po…).

La normalisation des relations souhaitée par Israël et ses voisins arabes retardée par les terroristes du Hamas et du Hezbollah

Très au-delà de la défense de ses propres intérêts, et de la préservation de la sauvegarde présente et à venir de ses propres citoyens –juifs, musulmans, druzes, chrétiens, migrants naturalisés, etc.-, Israël a fait en quelques semaines ce que nul n’a eu le courage de faire, pas même les plus concernées des nations concernées, comme le sont les États-Unis et la France : Israël a éliminé le principal artisan des attentats d’octobre 1983, qui a coûté la vie à 241 soldats américains et 58 parachutistes français. Un simple mot de reconnaissance, un seul mot d’hommage aux familles qui souffrent encore de ces pertes n’aurait pas déshonoré la présidence française.

Le matin du 23 octobre 1983 deux camions piégés ont percuté le « Drakkar » hébergeant les parachutistes français de la force multinationale de sécurité de l’ONU, deux minutes après l’attentat touchant un contingent américain base à l’aéroport de Beyrouth. 58 parachutistes français ont été tués et 15 blessés dans l’action revendiquée par le Hezbollah. Beyrouth, Liban, 23/10/1983 © MORVAN/SIPA

En disloquant le Hamas à Gaza, en décapitant le Hezbollah à Beyrouth, Israël a rendu justice – aux yeux du monde – pour toutes les vies perdues : les vies perdues ou estropiées lors des vagues d’attentat perpétrés par le Hamas dans les rues d’Israël depuis plus de trois décennies, les vies perdues ou estropiées, du fait du Hezbollah, au cours des campagnes d’assassinats collectifs, depuis quatre décennies, en Syrie, au Liban, en Argentine, en France. Qui s’en souviendrait autrement ? Ce rappel inflige la nique de la dérision la plus méritée au prétendu ‘’camp de la paix’’.

Israël vient de rappeler au monde que la paix sans la justice est le mot fétiche des doctrinaires ou des lâches, celle des menteurs et des ignorants, la devise officielle des bourreaux et de leurs complices. Maintenant que c’est chose faite, la « communauté internationale » pourra véritablement se soucier de faire appliquer le droit international[1]. Une nouvelle ère de véritable paix alors pourra s’épanouir, à l’horizon des nombreuses normalisations souhaitées entre ses voisins arabes et Israël.


[1] Respectivement les résolutions 1701 et 1509 de l’ONU faisant obligation au Hezbollah de se retirer de la frontière libanaise, et de se désarmer.

Le «nouvel ordre» d’Israël

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Certes, et on l’a dit et redit partout dans nos médias : l’élimination ce 27 septembre 2024, par l’armée israélienne (Tsahal), d’un terroriste tel que Hassan Nasrallah, chef politique et militaire du Hezbollah, responsable notamment de l’assassinat, lors d’un attentat-suicide perpétré le 23 octobre 1983, de 58 parachutistes français et de 241 soldats américains, constitue un tournant majeur, probablement décisif, dans la guerre mettant à feu et à sang, depuis trop longtemps déjà, le Proche et Moyen-Orient. C’est même très certainement là, à n’en pas douter, une date historique : Israël aura ainsi décapité, après avoir également éliminé ces jours derniers près d’une vingtaine de commandants de ce même Hezbollah, le principal bras armé, dans cette turbulente région du monde, de ce régime criminel, tant à l’encontre de son propre peuple que des citoyens israéliens, qu’est l’Iran des mollahs !

Davantage, et on le sait également : cette opération israélienne, préparée de longue date et hautement sophistiquée sur le plan technologique, avait été précédée, de main de maître là encore, par la très spectaculaire explosion synchronisée, une dizaine de jours auparavant, les 17 et 18 septembre, de centaines de « biper » et de « talkie walkie », anéantissant ainsi l’ensemble de la chaîne de communication au sein des principaux commandants du Hezbollah. Dont acte !

Il y a toutefois un élément de taille, et non des moindres, sur lequel nos médias occidentaux n’ont pas suffisamment insisté pour comprendre, dans sa globalité stratégique, la véritable portée, tant géopolitique que plus proprement militaire, de cette vaste opération israélienne : c’est le nom – « Nouvel Ordre » – par lequel Israël l’a baptisée !

L’intention d’Israël : remodeler le paysage politique du Proche et Moyen-Orient en vue d’un plan de paix

Qu’est-ce à dire, plus exactement ? Réponse aisée à fournir, du moins pour ceux, dont je me targue d’être personnellement, portant une attention toute particulière, bienveillante et positive, à la survie d’Israël en tant qu’Etat normalement, et officiellement, constitué : Israël, en anéantissant tous ses ennemis, dont l’abject moteur est un antisémitisme viscéral, plus encore qu’un antisionisme haineux, a aussi l’intention de remodeler ainsi, par cette neutralisation des divers commanditaires du terrorisme international, tout le paysage politique du Proche et Moyen-Orient. Cela vaut aussi bien – qu’on se le dise une bonne fois pour toutes ! – pour le Hezbollah au Liban et autres Houthis au Yémen que pour les Ayatollahs d’Iran et, bien sûr, le Hamas dans la bande de Gaza ! C’est dire si, paradoxalement et comme en filigrane, cela s’apparente aussi en définitive, par-delà les apparences (et, bien évidemment, le nombre trop élevé de morts, blessés et victimes, parmi les populations civiles, lequel est très sincèrement à déplorer en cette dramatique situation) et fût-ce certes à long terme, à un véritable plan de paix qui, certes, ne dit pas son nom !

L’historique combat d’Israël contre le terrorisme international

Du reste, l’Occident en son ensemble, nos démocraties modernes et sécularisées, devraient, pour cet historique combat, remercier, au lieu de le stigmatiser ou de le condamner, Israël, le seul pays au monde, aujourd’hui, à avoir ainsi le cran, l’immense courage et la force mentale, de s’attaquer directement, de plein front et avec une détermination sans pareille, aux pires tortionnaires de l’(in)humanité ! 

L’abominable pogrom du 7 octobre : l’erreur monumentale du Hamas

Et le Hamas, précisément, dont le leader de la branche politique, Ismaïl Haniyeh, a été lui aussi liquidé, le 31 juillet de cette année 2024, en plein centre de Téhéran, par les services secrets israéliens, le très performant « Mossad » ! C’est une erreur monumentale, aussi tragique que fatale, qui lui coûtera très cher, comme à tous ses complices, soutiens et sympathisants, qu’il a commise, le 7 octobre 2023, en perpétrant, à l’encontre des Juifs d’Israël, le plus abominable des pogroms depuis, de sinistre mémoire, la Shoah ! Sans oublier cet autre ignoble fait que, dès le lendemain de cet atroce massacre, le 8 octobre 2023 donc (il y a déjà près d’un an), le Hezbollah lui-même se mit également à bombarder continuellement, de façon tout aussi indiscriminée, injustifiée, les civils du nord d’Israël, entraînant ainsi l’exode, cruel, de près de 80000 d’entre eux !

Non, jamais Israël, à juste titre, ne pardonnera ce gigantesque crime à l’encontre des siens ! D’où précisément, après cette date fatidique du 7 octobre, qui a irrémédiablement changé le cours de l’Histoire, et déclenché par la même occasion la réplique de ce même Etat d’Israël, son inébranlable volonté aujourd’hui, de sa part, de mettre enfin un définitif terme à ce type de menace existentielle pour lui !

L’Iran, tête du serpent terroriste

Et, oui, l’Iran de l’épouvantable ayatollah Ali Khamenei, tête du serpent en matière de terrorisme international, pour qui le Hezbollah de Hassan Nasrallah n’était qu’un de ses plus sanguinaires proxis, doit s’inquiéter aujourd’hui de la très destructrice riposte là aussi, sur le plan militaire, qu’Israël (qui dispose de l’armement atomique, immédiatement opérationnelle, réparti sur son territoire) pourrait lui administrer si, d’aventure, il osait encore s’attaquer à lui !

Car, qu’on se la dise, ici aussi, une bonne fois pour toutes : Israël, qui ne fait légitimement que se défendre là, ne veut en aucun cas, contrairement à l’intention de ses ennemis à son encontre, la destruction de l’Iran, pays d’une incomparable richesse historique, pas plus d’ailleurs qu’il ne veut la guerre avec le Liban, qu’il respecte tout autant pour son remarquable héritage culturel et humain ; tout ce qu’Israël veut, et demande, c’est de pouvoir vivre enfin en paix, sans qu’il soit constamment menacé dans son existence même, avec ses voisins arabes et musulmans !

Israël, pour la libération de tous les démocrates d’Iran, du Liban et de la Palestine

Il est d’ailleurs fort à parier que, lorsque les passions de ces jours cruciaux, pour l’avenir même du monde, se seront apaisées et que la raison aura retrouvé droit de cité, ce seront tous les démocrates du Liban comme de l’Iran ou de la Palestine à remercier Israël, seul contre tous comme trop souvent, de les avoir enfin libérés, débarrassés et purgés de l’impitoyable et obscurantiste joug de ces monstres sans nom, sans véritable foi ni authentique loi, que sont les terroristes, fanatiques, totalitaires et fascisants islamistes !

Plein Soleil

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Panneaux solaires à Dunhuang, dans le désert de Gobi, Chine, 15 août 2024 © CFOTO/Sipa USA/SIPA

Une révolution sous nos yeux: la folle croissance de l’énergie solaire


« Appartenir à une époque c’est être incapable d’en comprendre le sens, tout nous désigne que le temps dans lequel nous vivons forme une tache aveugle, l’angle mort de notre vision intelligente » écrivait Alice Ferney dans Les Bourgeois. Si nous tentons très modestement de discerner dans le brouillard du monde les quelques tendances qui s’y dessinent avec assez de force pour pouvoir le modifier en profondeur, nous devrions alors nous intéresser à l’incroyable croissance de l’énergie solaire. Ami de Causeur, n’interromps pas ta lecture ! si en France le débat sur l’énergie solaire a été largement caricaturé par les tenants de l’écologie punitive, son évolution récente au niveau mondial lui confère une tout autre perspective. En effet si 420 GW de capacités solaires supplémentaires ont été mises en service dans le monde en 2023 (soit 84% de plus qu’en 2022), en 2024, d’après les récentes prévisions du groupe de réflexion Ember, c’est près de 600 GW qui devraient être installés – en 10 ans l’industrie photovoltaïque aura ainsi cru d’un facteur 13, effectuant un véritable changement de d’échelle et de nature[1] :

Tentons d’appréhender l’énormité de ce chiffre de 600 GW annuels : celui-ci représente l’équivalent en puissance de 370 réacteurs nucléaires EPR[2] – soit 1 EPR par jour ! Ajusté de la différence d’utilisation (80% du temps pour un EPR, environ 15% du temps pour le solaire[3]), il représente la production électrique de 69 EPR[4]

Un déploiement pas forcément adapté à notre pays

Cette comparaison a bien sûr une limite : la production nucléaire est « pilotable » alors que le solaire est dit « fatal », c’est-à-dire qu’il ne peut être programmé pour s’ajuster à la demande. Ainsi dans un pays largement nucléarisé comme la France où la demande électrique est tirée par le chauffage hivernal (alors que les rendements photovoltaïques sont très faibles) la construction subventionnée de capacités solaires est discutable.

A lire aussi: Le pouvoir d’achat, ce paresseux mantra

Mais la nature étant bien faite, les pays les plus ensoleillés sont souvent ceux où la demande électrique est tirée par les besoins en climatisation, très corrélés à l’ensoleillement, et sont aussi souvent ceux qui disposent des vastes surfaces désertiques nécessaires à la construction de fermes solaire. La production électrique y étant traditionnellement assurée par des centrales à charbon ou à gaz, émissives en CO2 mais qui ont l’avantage de pouvoir moduler très rapidement leur production lorsque les centrales solaires fonctionnent : ainsi au Texas, en Chine, en Inde, au Maghreb, dans les pays du Golfe persique, chaque nouvelle capacité solaire vient directement réduire le recours aux centrales à charbon ou à gaz, centrales dont la production se concentre alors sur les Dunkelflaute (périodes sans soleil ni vent), permettant une réduction des émissions de CO2 directe et substantielle.

Une énergie concurrentielle

Comment s’explique cette brutale accélération de la croissance du solaire ? Principalement par la très forte baisse du prix de panneaux photovoltaïques : -86% entre 2011 et 2022[5]. Désormais l’électricité issue des grandes fermes solaires de pays fortement irradiés est de très loin la moins onéreuse à produire, avec un coût complet en baisse constante, désormais sensiblement inférieur à 20€ par MWh (à titre de comparaison EDF a signé un prix de vente de 92,5 £/MWh (110 €/MWh) pour l’EPR britannique d’Hinkley Point, et vise 70 €/MWh pour les futurs EPR français – cible très ambitieuse de l’avis général). Cette baisse des prix a été rendue possible par la croissance des volumes, les progrès techniques (les panneaux récents utilisent moins de matière tout en offrant des durées de vie et des rendements en hausse) mais aussi par des surinvestissements industriels en Chine. Amer fruit de cette révolution solaire : la concentration désormais quasi-exclusive de la chaine de production en Chine, au détriment des acteurs industriels européens et américains notamment.

Cette incroyable baisse des coûts permet un foisonnement de projets dont la réalisation aurait encore relevé de la science-fiction il y a quelques années. Ainsi le projet AAPowerLink[6] qui prévoit de relier Singapour à une ferme solaire de 6 GW en Australie via un câble électrique de 4 300 km, ou le projet Xlink reliant le Royaume-Uni à des fermes solaires et éoliennes au Maroc[7]. Autre tendance, les mega-fermes solaires en construction dans les zones désertiques d’Inde ou de Chine : par exemple le projet chinois Gonghe Talatan[8] de 15,6 GW (soit la puissance de 10 EPR) pour une surface de 609 km2. A moyen terme cette électricité très bon marché pourrait aussi permettre de concrétiser les nombreux projets de production d’hydrogène par électrolyse de l’eau, faisant ainsi advenir la révolution de l’hydrogène.

Il est intéressant de noter que la carte des pays bénéficiant de cette nouvelle manne solaire superpose souvent celle des pays gaziers ou pétroliers. Ainsi le Texas, nouvel eldorado énergétique cumulant gaz et pétrole de schiste, usines d’exportation de GNL et immenses champs éoliens et solaires, et ouvrant désormais la voie du stockage d’électricité par batteries à grande échelle. Le principe de Saint Mathieu trouve encore l’occasion de se vérifier (« on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a »).

On observe également une tendance systématique des experts à très largement sous-estimer cette croissance du solaire – par exemple en janvier 2024 l’Agence Internationale de l’Energie[9] estimait encore à moins de 400 GW les nouvelles capacités 2024, estimation désormais revue à la hausse de près de 50%. Conclusion : la nature humaine a tendance à systématiquement sous-estimer la rapidité des changements technico-économiques ainsi que sa capacité à s’adapter aux défis qui lui sont adressés – un message d’espoir qui permet de relativiser les récits de scénarios climatiques apocalyptiques trop souvent paresseusement répétés.

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[1] Sources : 2010-17 : https://www.canarymedia.com/articles/solar/chart-solar-installations-set-to-break-global-us-records-in-2023, 2018-23 : https://iea.blob.core.windows.net/assets/d718c314-c916-47c9-a368-9f8bb38fd9d0/CleanEnergyMarketMonitorMarch2024.pdf, 2024 : https://ember-climate.org/insights/in-brief/solar-power-continues-to-surge-in-2024/

[2] Soit 573 GW / 1,6 GW = 370

[3] Le taux d’utilisation du solaire est très variable selon les emplacements géographiques. 15% correspond à une hypothèse prudente.

[4] Soit (573 GM x 15 %) / (1,6 GW x 80%) = 69

[5] https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/solaire-photovoltaique

[6] https://en.wikipedia.org/wiki/Australia-Asia_Power_Link

[7] https://xlinks.co/

[8] https://en.wikipedia.org/w/index.php?title=List_of_photovoltaic_power_stations&oldid=1246554952

[9] https://www.iea.org/energy-system/renewables/solar-pv

Avis d’experts: le système électoral américain est le pire qui soit

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Un citoyen américain vote par anticipation à Minneapolis dans le Minnesota, 20 septembre 2024 © Adam Bettcher/AP/SIPA

Le comportement polémique de Donald Trump, après les résultats du scrutin présidentiel de 2020, ne doit pas empêcher de rappeler que le système électoral américain est dénoncé comme chaotique depuis longtemps.


Dans notre article précédent, nous avons présenté le système électoral américain et son incroyable fouillis de lois, de réglementations et de modes de fonctionnement. À présent, nous allons passer en revue les avis des experts sur ce système électoral si particulier – et nous constaterons qu’ils le considèrent comme le pire de tous les États démocratiques !

Des erreurs et des fraudes omniprésentes

En 1934, Joseph P. Harris, politologue et ancien responsable de bureau de vote à Chicago, qui avait été chargé d’étudier le fonctionnement du système électoral américain, publiait son rapport, dont la conclusion était sans appel : « Il n’y a probablement aucune autre phase de l’administration publique aux États-Unis qui soit aussi mal gérée que la conduite des élections. Chaque scrutin met en lumière des irrégularités, des erreurs et des fautes de la part des employés des bureaux de vote, le non-respect des lois et des règlements électoraux, des pratiques bâclées et des fraudes flagrantes. » (1)

Bien sûr, c’était il y a un siècle. On serait en droit d’espérer que, depuis 1934, la situation s’est améliorée et que les problèmes ont disparu. Que nenni.

Le système électoral américain n’est pas à la hauteur des normes internationales

À la veille de l’élection présidentielle de 2004 (qui allait voir la victoire de George W. Bush), l’ex-président américain, Jimmy Carter (Démocrate), était interviewé par la radio publique nationale (National Public Radio).

Depuis 1989, Carter étudiait la sécurité des élections dans le monde entier, par le biais de sa Fondation (Carter Center), qui a envoyé des équipes d’observateurs dans 40 pays pour y surveiller 115 élections.

À la surprise de la journaliste, qui lui demandait en badinant s’il accepterait de vérifier la qualité des élections américaines, Carter répondit que, « si les États-Unis étaient un pays étranger, qui lui demandait de surveiller ses élections, il serait obligé de refuser, parce que le système électoral américain n’est pas à la hauteur des normes internationales ». (2)

Rien n’est fait pour dissuader ou détecter les fraudes

La même année, Jimmy Carter et l’ex-Secrétaire d’État (ministre des Affaires étrangères), James A. Baker III (Républicain), créaient la Commission sur la réforme électorale fédérale (Commission on Federal Election Reform), organisation bipartisane, dont l’objet était d’examiner les élections américaines et d’en accroître la sécurité.

Dès 2005, la Commission remettait son rapport, qui soulignait que « le système électoral ne peut pas inspirer confiance au public, car il n’existe pas de garanties pour dissuader ou détecter les fraudes ». (3)

Un système électoral digne du plus pauvre village d’Afrique ?

En septembre 2004, la présidente de la Commission électorale indépendante d’Afrique du Sud, Brigalia Bam, qui réalisait une tournée d’inspection dans les bureaux de vote de Floride, exprima sa stupéfaction : « Ici, absolument tout est une violation [des normes de sécurité]. Tous ces systèmes électoraux différents, dans des comtés différents, sans aucune obligation de rendre des comptes, c’est comme dans le village le plus pauvre d’Afrique ! » (4)

A lire aussi, Harold Hyman: États-Unis: une campagne entre cris et chuchotements

Les États-Unis sont mûrs pour le vol d’élections et pour la fraude

En août 2006, l’ex-président de la Commission d’assistance électorale (U.S. Election Assistance Commission), agence indépendante dont l’un des rôles est de certifier les machines à voter électroniques, le Républicain DeForest Soaries, dénonçait le dangereux amateurisme qui régit les élections américaines, dans une interview accordée à une importante chaîne de radio. En raison de son contenu explosif, cette interview fut interdite de diffusion ; mais, deux mois plus tard, sa transcription fuitait et était publiée sur internet.

« La loi Help America Vote Act (HAVA) de 2002 impose la présence d’une machine à voter électronique dans chaque bureau de vote du pays. Mais il n’existe aucun prototype, aucune norme, aucune recherche scientifique qui permette de construire une machine électronique qui puisse être utilisée en toute sécurité. Si tous les foyers étaient obligés d’avoir un four à micro-ondes sans que des normes de sécurité aient été élaborées, cela ferait scandale. Mais aujourd’hui, nous en savons plus sur la façon de construire une machine pour prendre des photos de roches sur Mars, que sur la façon de construire une machine à voter électronique fiable. »

« Les politiciens de Washington ont conclu que le système ne peut pas être si mauvais que cela puisque, après tout, c’est lui qui les a produits. Tant qu’un candidat est élu, la machine et le dispositif utilisés pour l’élire lui semblent adéquats. Mais il est impossible de faire confiance à la technologie que nous utilisons pour compter les votes. Si nous étions un pays étranger analysé par l’Amérique, nous conclurions que ce pays est mûr pour le vol d’élections et pour la fraude. » (5)

Les États-Unis devraient s’inspirer des procédures électorales d’autres pays

En 2009, R. Michael Alvarez, professeur de sciences politiques au California Institute of Technology et co-directeur du Voting Technology Project (Programme sur la technologie de vote), concédait que « les responsables électoraux des États-Unis ont beaucoup à apprendre de leurs collègues d’autres pays, et ils peuvent tirer profit de l’étude des procédures électorales de ces pays », pour améliorer la sécurité de leurs élections. (6)

Le plus mauvais système électoral de toutes les démocraties

En 2012, Richard Hasen, professeur de sciences politiques, expert en droit électoral, directeur du Safeguarding Democracy Project (Programme de sauvegarde de la démocratie) à la faculté de droit de l’Université de Californie (UCLA School of Law), rendait un verdict similaire : « Je ne pense pas qu’il existe une démocratie mature dont le système électoral soit aussi mauvais que le nôtre ». (7)

 Les États-Unis, derniers de la classe

En 2017, des universitaires de l’Electoral Integrity Project (Programme sur l’intégrité électorale), spécialisés dans l’étude internationale comparative des élections, ont classé 28 États démocratiques selon la fiabilité de leurs systèmes électoraux, en utilisant des données relatives aux élections ayant eu lieu de 2000 à 2012. Le résultat a été sans appel : les États-Unis sont arrivés derniers, loin derrière les autres démocraties. (8)

La fraude électorale existe dans toutes les régions des États-Unis

Hans von Spakovsky, ancien membre de la Commission électorale fédérale (Federal Election Commission) et directeur de l’Election Law Reform Initiative (Initiative pour la réforme du droit électoral) de la Heritage Foundation, milite depuis des années en faveur du renforcement de la sécurité des élections américaines.

En 2012, il dressait un sombre constat : « La fraude électorale, qu’il s’agisse d’inscriptions frauduleuses sur les listes électorales, de bulletins de vote par correspondance illégaux, d’achats de voix, de recomptes douteux ou de bourrage des urnes à l’ancienne, peut être constatée dans toutes les régions des États-Unis. » (9)

En 2021, il revenait à la charge, et publiait une liste de mesures à mettre d’urgence en œuvre, pour contrer les fraudes électorales :

– tenir à jour des listes électorales exactes ;
– exiger une pièce d’identité avec photo pour voter en personne et par correspondance ;
– permettre aux observateurs électoraux d’avoir accès au dépouillement des bulletins, sans restriction ;
– interdire le dépouillement des bulletins de vote anticipé avant le jour du scrutin ;
– interdire que les machines à voter électroniques soient connectées à Internet et qu’elles soit dotées d’un modem ;
– empêcher les responsables électoraux et les élus de l’exécutif de modifier les lois électorales juste avant un scrutin ;
– interdire aux responsables électoraux de recevoir des fonds privés pour financer l’organisation d’une élection. (10)

Les nombreuses déficiences du système électoral américain

L’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) possède une agence chargée de surveiller les élections chez ses États membres, signataires de la Déclaration de Copenhague. (11) Cette agence, le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme (BIDDH) (Office for Democratic Institutions and Human Rights, ODIHR), envoie des observateurs internationaux aux États-Unis, tous les deux ans, lors des élections présidentielles et des élections de mi-mandat. Dans leur rapport final sur les élections américaines de mi-mandat de 2022, les observateurs de l’OSCE identifient 31 déficiences du système électoral américain, dont 13 graves. Parmi elles : le tracé des circonscriptions, le financement des campagnes électorales, l’administration des élections, l’identification des électeurs, les listes électorales, les demandes par internet de bulletins de vote par correspondance, les observateurs électoraux, la publication des résultats, la vérification des résultats par des audits, la certification des machines à voter électroniques, le vote par correspondance, les lois électorales. (12)

Comme on le constate, de nombreuses étapes vitales du processus électoral des États-Unis sont gangrenées par des déficiences.

La fraude électorale est un phénomène réel

Pour les spécialistes des élections que nous avons cités, la fraude électorale est donc un phénomène réel, qui doit être combattu – pas une faribole ni une chimère, comme les grands médias américains voudraient le faire croire. Et leur verdict est clair : le système électoral américain est le pire de tous les États démocratiques – il est même tellement mauvais qu’il est indigne d’un État qui se prétend démocratique. Mais tout le monde se rappelle que, après l’élection présidentielle controversée de 2020, les agences fédérales, les responsables électoraux et les grands médias avaient ouvert le parapluie et répété en boucle que cette élection avait été « la plus sûre de toute l’Histoire ».

Pendant ce temps, loin des dénégations bruyantes des grands médias, la justice américaine poursuit patiemment sa tâche, sans bruit, sans éclat, et condamne avec régularité des tricheurs, coupables de fraudes électorales commises pendant les élections passées, y compris pendant celle de 2020, comme nous le verrons plus loin.

Dans notre prochain article, nous explorerons les bases de données sur les fraudes électorales ayant été l’objet de poursuites judiciaires et de condamnations.

>> A suivre <<


Notes

1) Joseph P. Harris, Election Administration in the United States, Brookings Institution, 1934, p. 1.

2) « President Carter Tries Hand at Fiction », Interview of Jimmy Carter by Terri Gross, Fresh Air, NPR, October 21, 2004, 4’24″–4’56 ».

https://freshairarchive.org/segments/president-carter-tries-hand-fiction

3) « Building Confidence in U.S. Elections: Report of the Commission on Federal Election Reform », September 2005, p. 18.

https://www.eac.gov/sites/default/files/eac_assets/1/6/Exhibit%20M.PDF

4) Brigalia Bam, entretien avec Andrew Gumbel, septembre 2004, cité dans :

Andrew Gumbel, Down for the Count: Dirty Elections and the Rotten History of Democracy in America, New Press, 2016, p. 3.

5) Brad Friedman, « Exclusive: First Bush-Appointed Chair Of U.S. Election Assistance Commission Says ‘No Standards’ For E-Voting Devices, System ‘Ripe For Stealing Elections’! », BradBlog, October 17, 2006.

https://bradblog.com/?p=3491

6) R. Michael Alvarez, Thad E. Hall and Susan D. Hyde, Election Fraud: Detecting and Deterring Electoral Manipulation, Brookings Institution Press, 2009, p. 239.

7) Natasha Khan and Corbin Carson, « Election-fraud not as common as recent voter ID laws suggest », Center for Public Integrity, August 13, 2012.

https://publicintegrity.org/politics/election-fraud-not-as-common-as-recent-voter-id-laws-suggest/

8) Données provenant des rapports du Varieties of Democracy Project (Programme sur les variétés de démocratie), publiés par le V-Dem Institute (Université de Göteborg, Suède), citées dans :

Pippa Norris, Holly Ann Garnett and Max Grömping, « Perceptions of Electoral Integrity: The 2016 American Presidential Election », Electoral Integrity Project, January 2017, p. 7.

https://www.dropbox.com/s/3l45d146f7yojqg/PEI-US-2016%20Report.pdf

9) John Fund and Hans von Spakovsky, Who’s Counting: How Fraudsters and Bureaucrats Put Your Vote at Risk, Encounter Books, 2012, p. 7.

10) John Fund and Hans von Spakovsky, Our Broken Elections: How the Left Changed the Way You Vote, Encounter Books, 2021, « Chapter 12: How to Fix the Flaws in Our Election Process ».

11) La Déclaration de Copenhague est un document adopté par les pays membres de l’OSCE, en juin 1990, à Copenhague, qui contient des engagements spécifiques en matière d’élections (transparence, fiabilité, protection).

12) « United States of America, Mid-Term Congressional Elections, 8 November 2022: ODIHR Limited Election Observation Mission, Final Report », 9 May 2023, pp. 43-46.

https://www.osce.org/odihr/elections/usa/543015

«L’affaire Philippine dérange l’extrême gauche»

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Une centaine de manifestants étaient réunis place Denfert-Rochereau au pied du lion de Belfort, dimanche 29 septembre. DR.

La presse de gauche accuse la droite de récupérer l’affaire Philippine. Un recueillement organisé par la députée de la huitième circonscription de l’Isère Hanane Mansouri a été perturbé. Ailleurs, des affiches ont été déchirées. Réunis place Denfert-Rochereau dimanche, les militants de droite se souviennent que leurs adversaires n’étaient pas aussi délicats lors de l’affaire Nahel. Nous sommes allés à leur rencontre.


La place Denfert-Rochereau et son lion, souvenir de la ténacité des Français face aux Prussiens sur la place forte de Belfort en 1870, semble devenue le lieu symbolique de la résistance française. Le jeudi 20 octobre 2022, il y a deux ans, l’Institut pour la Justice y avait organisé un hommage à la jeune Lola. Ce dimanche, plusieurs centaines de manifestants ont répondu à l’appel du collectif Némésis pour une manifestation d’hommage à Philippine. « Féministe et identitaire », le collectif lancé en 2019 mène des actions de sensibilisation sur les violences faites aux femmes et dénonce « l’impact dangereux de l’immigration de masse sur les femmes occidentales ».

Au micro, la présidente du collectif, Alice Cordier, insiste sur le caractère mémoriel de la manifestation et demande aux militants politiques présents d’éviter tout slogan qui contreviendrait aux mots d’ordre des organisateurs ou de retirer leurs cagoules. Elle prévient : « Vous seriez sinon expulsés manu militari ». Message également adressé aux « antifa » qui seraient éventuellement infiltrés dans la manifestation : le service d’ordre évacuera tout perturbateur…

« Cette affaire dérange l’extrême gauche »

La vigilance est de mise, car on craint des perturbations ou des manœuvres d’intimidation de militants de gauche. Hanane Mansouri, député ciottiste de 23 ans, élue dans la 8e circonscription de l’Isère, a vu son hommage interrompu par des agitateurs la veille. « J’ai lancé un appel sur les réseaux sociaux pour organiser un rassemblement en hommage à Philippine. Mais un comité d’accueil était là quand je suis arrivée. On voyait des masques, des chèches… J’ai fait une petite prise de parole pour introduire la minute de silence. Ils ont commencé à crier des slogans anti-fascistes. Ils avaient battu le rappel et étaient assez nombreux », nous raconte la députée.

Parmi les agitateurs, des candidats, militants et collaborateurs de la France Insoumise auraient été identifiés via recoupements sur les réseaux sociaux. « L’affaire de Philippine les dérange beaucoup. Ni le profil de la victime, ni le profil de l’agresseur ne les arrangent, alors ils préfèrent nous faire taire. » Comment vont réagir les députés du groupe UDR à l’Assemblée ? « Il y a eu Lola et Mathis… On ne peut pas s’indigner tous les six mois. On va en discuter en réunion de groupes et décider d’éventuelles actions législatives. Je vais solliciter Bruno Retailleau sur la question et voir quelles actions il souhaite mettre en place », assure la députée. Ces tentatives d’intimidation de l’extrême gauche reviennent dans les discussions des manifestants rencontrés. Une vieille dame en manteau de fourrure rejoint un groupe d’amis et estime qu’il faut relire le « deuxième discours de Soljenitsyne » (Le déclin du courage NDLR). Une autre s’étonne que l’on cantonne la manifestation aux abords de la place, s’indigne que « l’on se laisse faire », et en conclut avec une pointe de dépit que « la droite ne fait pas peur ».

La droite accusée de récupérer l’affaire

Au micro, les responsables du collectif dénoncent « le laxisme de la justice », la non-exécution des OQTF, et égrènent de multiples exemples de violences et d’agressions. Certaines formules font mouche : « nous pouvons mourir pour un regard ou une cigarette », lance par exemple la responsable avant d’être copieusement applaudie. Comme l’est aussi la présence de Florian Philippot et du sénateur Stéphane Ravier. Et comme sont sifflés Didier Migaud, pour ses déclarations contestant le laxisme de la justice, Éric Dupond-Moretti, le garde des Sceaux précédent, ou Sandrine Rousseau qui s’était empressée de dénoncer la récupération politique par « l’extrême droite » de l’affaire.

A lire aussi, Gabriel Robin: Affaire Philippine: Comment le suspect Taha O. s’est-il retrouvé dans la nature?

La présidente de l’UNI Sciences-Po, dont les affiches rendant hommage à Philippine dans le hall de l’institut ont été arrachées par des adversaires politiques, est venue sur la tribune dénoncer « l’impunité que l’administration de Sciences po » réserve à ce type d’action.

Deux femmes venues de banlieue avec des pancartes maison sur lesquelles on peut lire « violeurs étrangers : dehors ».

Deux femmes, Nathalie et Nathalie, venues de banlieue, ont amené avec elle des pancartes maison virulentes sur lesquelles on peut lire : « Violeurs étrangers, dehors ». L’une assure : « Même dans ma maison de campagne au cœur de la Bretagne, on dispatche des migrants », et sa comparse de surenchérir sans s’embarrasser de nuances : « C’est proportionnel, plus on trouve de migrants, plus on trouve d’insécurité » estime-t-elle. Philippe, un professeur de musique dans un collège public d’Asnières, s’il regrette qu’une partie de ses collègues restent « aveuglés par leur engagement politique », constate toutefois une prise de conscience politique dans le monde enseignant.

Des témoignages de victimes

Au-delà des discours entendus, finalement assez politiques, le ton se voulait intimiste. Némésis a rappelé sa spécificité : c’est un collectif de femmes, de mères qui entendent protéger leurs filles, leurs sœurs, leurs amies. Aussi, des victimes ou membres de familles de victimes de violence, invités par le collectif, sont venus au micro pour raconter des récits souvent poignants. Claire Géromini dit « comparer son histoire à celle de Philippine » ; la jeune femme a été agressée le 11 novembre 2023 par un migrant centrafricain faisant aussi l’objet d’une OQTF. Elle raconte un viol brutal de trente minutes et les violences barbares dont elle a fait l’objet. Marius Larrivé, dont la grand-mère Berthe Picot, nonagénaire, a été violée par un clandestin sous OQFT, détaille les défaillances du système judiciaire. Il indique avoir dû laver lui-même la mare de sang dans laquelle avait été laissée sa grand-mère après avoir attendu en vain l’entreprise de nettoyage dépêchée par le tribunal. En adressant un message de fraternité et de sympathie à la famille de Philippine, les témoins insistent aussi sur la nécessité de « réparer les vies brisées » ; si l’heure n’était pas aux marches blanches, aux bougies, aux cœurs… le propos restait donc malgré tout empathique. Les discours ont d’ailleurs souvent été interrompus par les larmes des intervenants.

A la tribune, des membres de familles de victimes ont pu communiquer leur émotion.

Le courage de la vérité, planche de salut pour Michel Barnier

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Le Premier ministre Michel Barnier à Macon, 28 septembre 2024 © Romain Doucelin/SIPA

Jamais l’urgence de dire l’effrayante vérité de l’état du pays n’a été aussi pressante. Michel Barnier prononcera sa déclaration de politique générale demain à l’Assemblée nationale.


L’Etat est dans un sale état. Ses mensonges officiels ne suffisent plus à dissimuler les désastres qui s’enchaînent. Ils l’obligent à se confronter à ses fautes. Emmanuel Macron est en première ligne, pour avoir poursuivi avec zèle une politique détachée des réalités depuis cinquante ans. Le chef de l’Etat ne résistera plus longtemps aux épreuves de vérité que va devoir affronter le gouvernement, né fragilement d’une colère étouffée. La chute prévisible du vieux monde déraciné sera aussi celle d’une classe politique moutonnière, globalement discréditée.

Le meurtre de Philippine de Carlan, 19 ans, violée et assassinée par Taha Oualidat, jeune Marocain récidiviste sous Obligation de quitter le territoire (OQTF), est le produit tragique d’une chaîne d’irresponsabilités allant du législateur aux juges. La dette publique effarante (3230 milliards d’euros), laissée à Michel Barnier par le flambard Bruno Le Maire, est une autre conséquence de la fuite en avant d’une caste allergique au bon sens et à l’auto-critique. L’angélisme, qui a fermé les yeux sur l’islamisation de la communauté musulmane massivement immigrée, s’ajoute aux défaillances des dirigeants. Dans ce grand effondrement qui fait tomber la France, la déclaration de politique générale du Premier ministre, mardi, gagnerait à dire les choses dans la transparence – la glasnost – qui fit s’effondrer le régime soviétique et son monde parallèle. En 1981, Ronald Reagan lança sa révolution conservatrice avec son fameux : « L’État n’est pas la solution à notre problème ; l’Etat est le problème ». Barnier osera-t-il être le procureur d’un État failli, qu’il a malgré tout avalisé? Ce serait-là son meilleur rôle devant l’histoire.

Le monde politique va devoir rendre des comptes. Et les « progressistes » plus que les autres. En effet, ils sont à la source des aveuglements idéologiques sur le déclin national. La manière dont la presse de gauche, majoritaire, a tenté de délégitimer l’émotion française après le meurtre de Philippine rappelle son professionnalisme dans l’occultation des faits. Parce que le meurtrier est Marocain et sa victime catholique pratiquante, des portraits de Philippine ont été arrachés à Sciences Po-Lyon ou à l’université de Grenoble. Les promoteurs de la diversité ont accusé de racisme ceux qui ont rappelé le statut d’expulsable de l’assassin. Naguère, le discours dominant avait tenté de taire les agressions sexuelles commises par des Maghrébins, à Cologne et ailleurs, sur des femmes allemandes lors du nouvel an de 2016. Une même omerta avait couvert les viols de jeunes blanches par des réseaux pakistanais en Grande-Bretagne. Samedi, lors des obsèques de Philippine en la cathédrale Saint-Louis de Versailles, en présence de près de 3000 personnes, un participant interrogé par Le Figaro expliquait : « Quand Nahel est mort, ils ont fait des émeutes dans tout le pays. Nous on allume des bougies. Qu’est-ce qu’on attend pour faire la révolte nous aussi ». Dimanche, à Paris, seules quelques centaines de personnes se sont rassemblées pour rendre hommage à la victime et dénoncer « le laxisme migratoire ». « Il faut renverser la table en sa mémoire », a déclaré hier dans Le Journal du Dimanche Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, en ajoutant : « Je me suis juré de dire la vérité aux Français de façon brutale ». Déjà, en 2017, François Fillon, candidat à la présidentielle, avait promis « le courage de la vérité » avant de tomber dans le traquenard judiciaire. Jamais l’urgence de dire les choses n’a été aussi pressante. Pour Barnier, sa planche de salut est sans doute à ce prix.

Vous avez dit juif?

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Le ministre délégué chargé de l'Europe Benjamin Haddad à Paris le 23 septembre, le chef de file de l'extrème gauche Jean-Luc Mélenchon à Mende le 28 septembre © Jacques Witt/SIPA / DR.

Jean-Luc Mélenchon suscite la polémique en attaquant Benjamin Haddad, ministre des Affaires européennes. Mais, rien ne permet d’affirmer que Mélenchon critique Haddad parce qu’il est juif.


Asseyez-vous, car je vais défendre notre général Tapioca national.

Dimanche, le site du JDD publie un article intitulé: « Ce ministre est… juif» : polémique après une déclaration de Jean-Luc Mélenchon sur le ministre Haddad. Je me dis alors que si Mélenchon en est à dénoncer des juifs, il a franchi un cran.

Dire de quelqu’un qu’il défend la politique de Netanyahou n’est pas infamant

A Mende (48), samedi, il s’est en effet déchaîné contre Benjamin Haddad : « Il est acquis à la politique de Netanyahu. Si l’Europe décidait de ne plus livrer d’armes européennes, la guerre s’arrêterait. » Étonnamment, Gérard Araud, diplomate, ancien ambassadeur aux Etats-Unis et en Israël, qui n’est pas du tout un défenseur inconditionnel d’Israël, dégaine un tweet assez virulent : « Pour dire clairement ce que vous sous-entendez, ce ministre est… juif. C’est indigne. »

Ce message a déclenché une salve nourrie des Insoumis et crypto-insoumis. Mélenchon ironise sur « l’escroquerie médiatique permanente « Mélenchon a dit » ce qu’il n’a pas dit »

Désolée, ils ont raison. Mélenchon n’a pas parlé de juifs dans son discours. Et dans la macronie, Benjamin Haddad est certainement celui qui soutient le plus le droit d’Israël à se défendre. À raison, à mon avis, et il est d’ailleurs regrettable que le président Macron ne le fasse pas aussi et que ce ne soit pas la position française. Alors, Benjamin Haddad est sans doute moins acquis à Netanyahou que Mélenchon à Chavez et Maduro, peut-être que cet «acquis à» dans le discours du leader des Insoumis est exagéré, mais ce n’est ni faux ni infâmant.

Mais les Insoumis usent d’un double langage, me dira-t-on

Certes, quand M. Mélenchon parle des « petits fours du CRIF », l’allusion est transparente. Quand il trouve l’antisémitisme « résiduel », a minima il montre clairement qu’il s’en fiche. De plus, la ligne des Insoumis confère depuis plusieurs années une sorte de légitimité politique à l’antisémitisme des banlieues.

Pour autant, rien ne permet d’affirmer que M. Mélenchon critique M. Haddad parce qu’il est juif. Peut-être est-ce vrai, mais le doute doit profiter à l’accusé. Les Insoumis sont eux-mêmes experts en manipulations des propos de leurs adversaires et en calomnies ; ils accusent tous leurs adversaires de racisme et d’islamophobie sans jamais étayer leur propos. Dans le registre grotesque, le député Antoine Léaument vient de voir dans la veste Helly Hansen (siglée HH) de Julien Odoul (RN) le message caché « Heil Hitler »… Bref, les Insoumis passent leur temps à se battre en-dessous de la ceinture. Et ça marche, puisque des gens croient que CNews est raciste, et X ou Y fachos. Mais ce n’est pas une raison pour faire comme eux. Jean-Luc Mélenchon profère assez d’insanités politiques, attaquons ce qu’il dit plutôt que ce qu’il ne dit pas. Le débat public ne peut pas se réduire à la police des arrière-pensées.

Je persiste à croire que, dans le combat idéologique, les vainqueurs sont ceux qui se battent à la loyale.

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Cette chronique a été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy au micro de Jean-Jacques Bourdin dans la matinale

« Le Syndrome de l’Orangerie», de Grégoire Bouillier : combien de cadavres sous les fleurs?

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Giverny. DR.

Regarder un tableau, affirme notre chroniqueur, ne consiste pas à se contenter d’observer sa surface : il faut s’immerger dans la profondeur de ce qui paraissait une œuvre en deux dimensions, et qui en a bien d’autres — comme un livre.


Allons, ne boudons pas notre plaisir : j’ai lu le meilleur livre de cette rentrée d’automne 2024, et il s’intitule Le Syndrome de l’Orangerie, de Grégoire Bouillier.

Que ce soit seul, un jour de pluie, ou pour accompagner votre cousine de province, avide de découvrir en deux jours toutes les curiosités de la capitale, vous êtes peut-être entrés, déjà, dans le Pavillon de l’Orangerie, tout au bout des Tuileries, côté Seine.
Dans le sous-sol ont été mis en place les panneaux des Nymphéas, peints tout spécialement pour ce lieu en 1914-1918 (oui, la date n’est pas un hasard !) par Claude Monet, et offertes par le peintre à l’Etat français. Avec le soutien sans faille de Georges Clemenceau, ami fidèle de l’artiste.

Le double de Bouillier donc s’y retrouve un beau jour, et il est saisi, devant ces immenses toiles, d’un malaise profond :
« Que s’était-il passé lors de la visite de l’Orangerie ? Qu’avais-je vu ? »
L’italique n’est pas fortuit. On peut regarder sans voir réellement. Sherlock Holmes le reproche sans cesse à Watson. Eh bien c’est à une enquête éminemment holmesienne que nous convie Bouillier. Un suspense ébouriffant.

On parle d’un « syndrome de Stendhal » pour désigner les éblouissements, voire les évanouissements de l’auteur du Rouge et le noir devant certaines toiles, ou à l’écoute de musiques sublimes : l’excès de beauté anéantit notre capacité de perception et d’analyse. Ici, c’est le sentiment d’une mort camouflée qui prend le narrateur aux tripes. Quelque chose se dissimule derrière ces flaques d’un vert douteux, derrière ces fleurs suspectes. Ce ne sont pas de simples panneaux peints, c’est une scène de crime.

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C’est donc à une enquête en profondeur (j’insiste sur ce point : une grande œuvre ne se donne pas immédiatement au premier coup d’œil, elle demande à être explorée, fouillée, autopsiée) que se livre l’auteur. Une enquête qui le mène (et qu’est-ce qu’un lecteur attentif, sinon justement un fin limier ?) de Paris à Giverny en passant par Auschwitz.

Parce qu’il n’y a pas qu’un seul cadavre enfoui sous ces nymphéas — et d’ailleurs, pourquoi des nymphéas ? Parce que Monet en avait planté sur les pièces d’eau de sa propriété normande de Giverny, tout à côté de Vernon ? Des milliers de touristes étrangers font le déplacement, vous pouvez vous y risquer, non ?
Explication un peu courte. Il y a sous ces fleurs suspectes (saviez-vous qu’une décoction de racines de nymphéas éteint l’ardeur sexuelle ?) les millions de morts de la Grande Guerre (sous les fleurs ? Vous êtes sûr ?). Et tous les deuils intimes de l’artiste — mais je n’en dirai pas plus, sachez seulement que cette salle double de l’Orangerie, qui ressemble à une paire de lunettes, à une grotte primitive où se serait exprimé un artiste pariétal, ou à un combiné vagin / utérus, est un immense Tombeau — au sens que l’on donne en littérature à ces œuvres qui célèbrent un ami ou une amante disparus…

L’enquête touche aussi bien à la vie intime du peintre qu’à celle de sa Belle Epoque — sinistre à bien des égards, puisqu’après tout elle s’est achevée sur un bain de sang d’une ampleur jamais vue. Elle ressuscite Camille, la première épouse du peintre, ou son fils, ou sa mère, ou toutes les disparitions qui jalonnent votre existence quand vous vous acharnez à rester en vie tandis que les autres se fondent dans une absence épaisse. Ce que le soleil révèle, dans ses chatoiements sur ces pièces d’eau, c’est la part de nuit qui nous habite — et de plus en plus lorsque l’on prend de l’âge, et que l’on court derrière ses amis défunts, d’un cimetière à l’autre.

Bouillier, en nous apprenant à regarder vraiment, nous enseigne du même coup comment lire réellement : non pas déchiffrer laborieusement comme un député analphabète de LFI, mais comprendre tous les ressorts, les sortilèges enfouis, la machinerie littéraire qui distingue les grandes œuvres du fatras de papier imprimé qu’on appelle une rentrée littéraire.
Ce roman est une grande œuvre : non seulement il vous incite à la relecture de tout ce que vous avez aimé, mais il vous donne de précieux conseils sur ce dont vous devez tenir compte, le jour où la fantaisie vous viendra de peindre, de sculpter, de composer, ou d’écrire. Derrière les sortilèges d’une œuvre d’art se dissimule toujours la Bête — et dans le dernier chapitre, Bouillier nous livre son propre mystère, puisqu’après tout écrire consiste à faire ressortir l’impalpable, l’innommable, l’indicible — l’essentiel, en un mot.

Grégoire Bouillier, Le Syndrome de l’Orangerie, Flammarion, août 2024, 430 p.

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« Kaizen »: l’Everest, sa cohorte de prétendants et la philosophie des cimes

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Inès Benazzouz dit Inoxtag © Mathis Dumas

L’époque où la beauté des cimes était réservée à des initiés semble désormais révolue. L’influenceur Inoxtag mérite-t-il l’avalanche de critiques qui déferlent sur lui?


Jusqu’alors, la haute montagne, celle dont personne ne ressort vraiment indemne, était principalement associée aux noms de Maurice Herzog et de Louis Lachenal, qui mirent l’Anapurna à leurs pieds, de Roger Frison-Roche, aux romans écrits sur des lignes de crêtes, ou encore de Sir Edmund Hillary et de son sherpa, Tenzing Norgay, qui vainquirent l’Everest un jour de mai 1953. Elle était une affaire de sportifs aguerris et de spécialistes ; elle se parait de ce mystère dans lequel nous plongent le risque, les pentes raides, le froid et l’effroi ; surtout, elle nous emmenait dans un imaginaire appelant à la philosophie. 

Toujours plus loin, plus fort, plus vite, jusqu’au bout de l’extrême limite

Avec le succès dans les salles et en ligne de Kaizen, la montagne est un peu moins de tout cela et, au fond, c’est le principal des reproches que l’on devrait formuler au documentaire. Si les images donnent le vertige, autant par leur beauté que par la profondeur des crevasses, le récit est formaté pour une époque habituée à la dramatisation outrancière, aux coachings de vie, à la morale factice et l’exposition de soi – en l’occurrence, celle de l’auteur et principal acteur, l’influenceur Inoxtag.

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Celui-ci ne mérite pourtant pas l’avalanche de critiques qui déferlent sur lui : le jeune homme au cœur de l’action fut longtemps habitué à son canapé et féru de jeux vidéos avant de se trouver une auguste destinée en même temps qu’il décidait de gravir l’Everest. Plus de deux heures durant, on le voit s’entraîner, repousser ses limites, être transformé. Et forcément, cela ne plaît ni aux puristes ne pouvant souffrir qu’un non-initié devienne alpiniste en l’espace d’un an, ni aux féministes – ainsi en est-il du « il n’y a pas beaucoup de femmes dans le documentaire » de Léa Salamé – , ni aux prétentieux qui se pensent dépositaires de la nature immaculée.


Il ne nous empêchera toutefois pas de penser qu’il est des endroits qui jamais ne devraient être explorés, déflorés, piétinés, encore moins devenir des destinations prisées – nous dirions « touristiques » si nous n’avions autant de respect pour la dimension sportive de l’exploit. La cohorte se massant à quelques encablures du sommet transforme les toits échancrés du monde en estrades pour selfies et les voies célestes en autoroutes des vacances. Là, tout ne semble soudainement être qu’agitation, vanité et pollution, au lieu d’être calme, humilité et plénitude.

On peut aussi lire Sylvain Tesson et Roger Frison-Roche

Après avoir vu Kaizen, et fantasmé que chacun pouvait mettre l’Everest à sa porte, on se replonge, dans un réflexe presque pavlovien, au cœur des ouvrages de Sylvain Tesson qui écrivait par exemple, au détour de l’un de ses périples : « Je croyais m’aventurer dans la beauté, je me diluais dans la substance. Dans le Blanc tout s’annule, espoirs et regrets ». Ou dans les romans de Frison-Roche, dont Premier de cordée et La grande crevasse, pour beaucoup les premiers rendez-vous littéraires avec la grande aventure. 

A leur prêter une âme, les sommets altiers désireraient sans doute réserver leurs charmes impitoyables aux sages encore aptes à les contempler et la montagne souhaiterait peut-être être gravie par les téméraires en mesure de lui adresser des mots emplis de philosophie. Mais l’époque où la beauté était réservée aux happy few est désormais révolue. Et les terra incognita ne sont, de toute façon, plus de ce monde.

Après Philippine, elles ne veulent plus sortir avec la peur de mourir

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Paris, 29 septembre 2024 © ISA HARSIN/SIPA

Le collectif de droite Némésis organisait un hommage à Philippine place Denfert-Rochereau, hier, à Paris. Des familles touchées par d’autres drames similaires ont apporté leur témoignage au micro. Avec le sentiment d’être de « mauvaises victimes » pour la société, et l’espoir que la question des OQTF non appliquées trouve enfin une réponse.


Ce dimanche 29 septembre aurait pu être un dimanche comme les autres, mais il n’en était rien. Car ce dimanche, précisément, un émouvant hommage à la jeune Philippine s’est tenu sur la place Denfert-Rochereau (Paris XIVème) à l’initiative du Collectif Némésis (fondé par la féministe Alice Cordier, présenté par la presse comme un groupuscule identitaire ou d’extrême-droite) et de Claire Geronimi, victime d’un viol dans le hall de son immeuble, en 2023, par un migrant africain sous OQTF. Devant la foule de près de deux mille personnes, sécurisée par un dispositif de forces de l’ordre et une entreprise de sécurité privée engagée pour l’occasion, nous avons pu observer des pancartes « L’État m’a tuée » ou « Philippine aurait pu être notre sœur ».


Gros ras-le-bol

Au micro d’Alice Cordier, se sont succédé les – trop – nombreuses familles endeuillées, dont certaines ont fait le déplacement depuis la province, pour témoigner du laxisme judiciaire autour de la question des OQTF, et du douloureux chemin de reconstruction qui s’opère après l’assassinat d’un proche. Des familles invisibilisées, dont le témoignage n’est que trop peu relayé par les médias. Nous avons écouté Catherine, dont la fille a été tuée sous le coup de onze coups de couteaux par un Algérien multirécidiviste ; nous avons aussi écouté Marius, dont la grand-mère de 91 ans a été violée et tuée à son propre domicile par un migrant sous OQTF : « Elle est morte dans son propre sang, sur le sol d’un appartement où elle a vécu près de quarante ans. Je le sais car j’ai dû nettoyer moi-même l’appartement, en l’absence de la société de nettoyage mandatée par la Juge d’instruction ». Chaque famille, sans exception, a souligné l’absence de soutien des politiques et notamment des politiques de gauche. Cette réalité était d’autant plus marquante que, au micro de la tribune de la place Denfert-Rochereau, Alice Cordier a remercié les deux seules figures politiques présentes qui se sont déplacées pour Philippine. Deux hommes. Le sénateur Stéphane Ravier (ex-Reconquête) et Florian Philippot (président des Patriotes), seuls, ont fait le déplacement.

Mauvaises victimes

Où sont nos femmes politiques ? Où est Martine Aubry, dont une des familles présentes a souligné l’aberrant silence après avoir perdu un membre de leur famille à Lille, sous les coups d’un homme sous OQTF ? Où sont nos féministes, qui courent pourtant de plateau télé en chaîne de radio, pour dénoncer les féminicides et les violences sexuelles ? Ne se sentent-elles pas concernées par le viol et l’assassinat d’une jeune femme de dix-neuf ans ? Où sont les Parisiennes ? Pour la course à pied de la Parisienne, 30 000 femmes ont couru pour financer la recherche médicale ; où sont-elles, pour rendre hommage à la mort de l’une d’entre elles ? La dernière édition de la Fashion Week a attiré près de 20 000 visiteurs : où sont-ils pour soutenir une famille endeuillée, qui a dû organiser elle-même sa propre battue et faire la découverte du corps semi-enterré de leur enfant au Bois de Boulogne ?

Dans un monde où les valeurs du respect de l’enfance et de la femme passeraient réellement au-dessus des sacs-à-main de haute couture, la place Denfert-Rochereau aurait pu être noire de monde, inondée de toutes les Parisiennes qui seraient descendues pour accompagner l’hommage ! Toutefois, Claire Geronimi a déclaré être soulagée du nombre de personnes présentes, plus élevé qu’elle ne l’espérait.

Goût amer

Nous, pour notre part, gardons un goût amer dans la bouche : comment se satisfaire de la mobilisation de deux mille personnes, face à un tel drame ? Nous qui sommes deux femmes, deux Françaises, nous l’affirmons : la France et les Français ne sont pas à la hauteur de l’enjeu de la question des OQTF et n’ont pas été à la hauteur de l’hommage qui aurait dû être rendu à Philippine et à ses proches. Combien d’autres victimes faudra-t-il pour que la France, dans un seul corps, descende dans la rue et pleure la vie brisée d’une jeune femme de dix-neuf ans ? Combien d’autres femmes devront être encore victimes de la folie barbare pour que les pouvoirs politiques s’emparent de ce sujet ? Combien d’autres Lola ? Combien d’autres Philippine ? Après une minute de silence pour la mémoire de Philippine, la foule présente a entonné la Marseillaise.

À la fin d’une cérémonie qui s’est déroulée dans la dignité et sans aucun débordement d’aucune sorte, l’organisatrice Alice Cordier nous a enjoint de nous disperser dans le calme. Amères, nous avons rangé nos drapeaux tricolores, plus convaincues que jamais que le combat ne faisait que commencer. Pour ces OQTF, nous n’aurons ni oubli, ni pardon.

En se défendant, Israël libère aussi le monde du terrorisme

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Déplacés à Beyrouth au Liban, 29 septembre 2024 © Julia Zimmermann/SIPA

Après le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah samedi 28 septembre, Tsahal a annoncé ce lundi matin avoir tué dans de nouvelles frappes le chef du Hamas au Liban, Fatah Charif Abou Al-Amine, ainsi que des cadres du Front populaire de libération de la Palestine.


Au lendemain du 7 Octobre 2023, le Premier ministre israélien promettait l’éradication du Hamas, l’élimination ciblée de tous les responsables de l’opération ‘’Déluge d’El Aqsa’. Incidemment, il envisageait de changer la carte du Moyen-Orient. À partir du 8 Octobre, le Hezbollah, principal proxy de l’Iran des mollahs, attaquait Israël ‘’en solidarité avec le Hamas’’.

Israël veut récupérer son intégrité territoriale au nord

Depuis lors, en l’espace d’une année, les buts de guerre de l’Etat d’Israël sont quasiment atteints. L’opinion aura compris qu’en comparaison des otages encore détenus, le retour de 60000 Israéliens déplacés des localités du nord, constitue une plus grande priorité, car elle signe l’intégrité territoriale du pays. Le Hamas est disloqué, son infrastructure urbaine et suburbaine entièrement détruite, tandis qu’au Sud Liban les bastions du Hezbollah sont irréversiblement affaiblis. Au cours des derniers mois, l’élimination du chef politique du Hamas, puis celle du chef politique du Hezbollah – accompagnées d’impressionnants coups propres à la guerre secrète – témoigne aussi du fait que la puissance de dissuasion et d’intervention d’Israël demeure intacte. Ce sont des messages clairs envoyés à ses ennemis, où qu’ils se trouvent.

Aux yeux de l’opinion, l’Etat d’Israël se sera montré justement inflexible, préférant la contre-attaque conséquente aux atermoiements des modérés, toujours prompts à exiger un « cessez-le-feu » qui constitue une compromission avec le statu quo, et qui n’est que le nom amoral d’un ordre mondial édifié sur la loi de la terreur. La résistance d’Israël dans ce contexte incarne à juste titre une notion plus exacte de la résistance. Autrement dit, le gouvernement démocratiquement élu d’Israël a montré au monde que l’hégémonie insolente, thanatophile et liberticide du pseudo ‘’Axe de la résistance’’ (Iran-Hezbollah-Hamas-Hutis du Yemen – milices Chiites d’Irak et de Syrie, auxquelles s’ajoutent les bastions pro-palestiniens du monde occidental (LFI en tête) – n’est pas une fatalité politique pour le devenir collectif au XXIè siècle.

Une guerre existentielle

Nous ne redirons jamais assez qu’Israël a mené et continue de mener une guerre existentielle, au moins à deux égards : pour sa propre continuité, liée à la sécurité de sa population ainsi qu’à son intégrité physique, et pour la pérennité et l’exemple de sursaut démocratique que constitue sa guerre défensive.

Sur le plan international, les réactions officielles, à l’exception des États-Unis, demeurent à l’image de la pusillanimité de la plupart des gouvernements européens, des chancelleries, mais également des grandes organisations, l’ONU en tête, comme de la représentation de l’UE, l’une comme l’autre toujours enclines à composer avec les pourvoyeurs de décomposition politique. L’année écoulée, pendant les longs mois de guerre, aura au moins rempli une fonction : celle de mettre au jour le haut degré de déchéance morale de toutes ces institutions, tendanciellement acquises à l’anomie perverse des vecteurs de l’islamo-gauchisme. La rhétorique de l’appel au cessez-le-feu, le dévoiement du droit international, le déni du droit de la guerre, lorsque c’est Israël qui s’y réfère, les errements des prétendues élites – académiques ou médiatiques – n’ont cessé d’en dire long sur la gravité de la crise civilisationnelle qui ronge une grande partie de l’opinion occidentale.

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En dépit des pressions incessantes de la nouvelle pensée unique incessamment fondée sur la criminalisation d’Israël, Israël a eu raison de mépriser les poncifs couramment associés à sa présence au monde : l’accusation de ‘’génocide’’, et bien entendu l’objection de ‘’disproportionnalité’ de sa riposte, deux termes choisis sur mesure dans la continuité de l’archive judéophobe dont l’inspiration infamante reste inchangée depuis qu’Israël existe.

Israël se défend, et en se défendant avec audace, courage, fermeté, virtuosité et précision, contribue de ce fait à défendre l’humanité libre, il ne fait pas même exception de ceux qui en ternissent l’image au nom de la ‘’démocratie’’, et qui sont les victimes potentielles de ses ennemis, en les libérant de l’emprise d’un réseau criminel qui a revêtu des dimensions matérielles et idéologiques transnationales. En Europe notamment, la principale raison de cette inversion morale est à chercher dans le péché originel de la gauche dite progressiste, qui pendant plus d’un demi-siècle aura servi de relais idéalisant au palestinisme, dont le 7 Octobre a révélé qu’il était la manifestation essentialisée du djihadisme en Occident. La cécité aura duré longtemps, bientôt figée en nouveau conformisme, jusque dans l’enceinte des cours de justice (CJI, CPI) et celle des « grandes écoles » (Normale supérieure, la Sorbonne, Science Po…).

La normalisation des relations souhaitée par Israël et ses voisins arabes retardée par les terroristes du Hamas et du Hezbollah

Très au-delà de la défense de ses propres intérêts, et de la préservation de la sauvegarde présente et à venir de ses propres citoyens –juifs, musulmans, druzes, chrétiens, migrants naturalisés, etc.-, Israël a fait en quelques semaines ce que nul n’a eu le courage de faire, pas même les plus concernées des nations concernées, comme le sont les États-Unis et la France : Israël a éliminé le principal artisan des attentats d’octobre 1983, qui a coûté la vie à 241 soldats américains et 58 parachutistes français. Un simple mot de reconnaissance, un seul mot d’hommage aux familles qui souffrent encore de ces pertes n’aurait pas déshonoré la présidence française.

Le matin du 23 octobre 1983 deux camions piégés ont percuté le « Drakkar » hébergeant les parachutistes français de la force multinationale de sécurité de l’ONU, deux minutes après l’attentat touchant un contingent américain base à l’aéroport de Beyrouth. 58 parachutistes français ont été tués et 15 blessés dans l’action revendiquée par le Hezbollah. Beyrouth, Liban, 23/10/1983 © MORVAN/SIPA

En disloquant le Hamas à Gaza, en décapitant le Hezbollah à Beyrouth, Israël a rendu justice – aux yeux du monde – pour toutes les vies perdues : les vies perdues ou estropiées lors des vagues d’attentat perpétrés par le Hamas dans les rues d’Israël depuis plus de trois décennies, les vies perdues ou estropiées, du fait du Hezbollah, au cours des campagnes d’assassinats collectifs, depuis quatre décennies, en Syrie, au Liban, en Argentine, en France. Qui s’en souviendrait autrement ? Ce rappel inflige la nique de la dérision la plus méritée au prétendu ‘’camp de la paix’’.

Israël vient de rappeler au monde que la paix sans la justice est le mot fétiche des doctrinaires ou des lâches, celle des menteurs et des ignorants, la devise officielle des bourreaux et de leurs complices. Maintenant que c’est chose faite, la « communauté internationale » pourra véritablement se soucier de faire appliquer le droit international[1]. Une nouvelle ère de véritable paix alors pourra s’épanouir, à l’horizon des nombreuses normalisations souhaitées entre ses voisins arabes et Israël.


[1] Respectivement les résolutions 1701 et 1509 de l’ONU faisant obligation au Hezbollah de se retirer de la frontière libanaise, et de se désarmer.

Le «nouvel ordre» d’Israël

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Le 17 septembre 2024, plus de 3000 membres du Hezbollah sont blessés et 42 personnes meurent dans l'explosion de leurs pagers, Beyrouth, Liban © EPN/Newscom/SIPA

Certes, et on l’a dit et redit partout dans nos médias : l’élimination ce 27 septembre 2024, par l’armée israélienne (Tsahal), d’un terroriste tel que Hassan Nasrallah, chef politique et militaire du Hezbollah, responsable notamment de l’assassinat, lors d’un attentat-suicide perpétré le 23 octobre 1983, de 58 parachutistes français et de 241 soldats américains, constitue un tournant majeur, probablement décisif, dans la guerre mettant à feu et à sang, depuis trop longtemps déjà, le Proche et Moyen-Orient. C’est même très certainement là, à n’en pas douter, une date historique : Israël aura ainsi décapité, après avoir également éliminé ces jours derniers près d’une vingtaine de commandants de ce même Hezbollah, le principal bras armé, dans cette turbulente région du monde, de ce régime criminel, tant à l’encontre de son propre peuple que des citoyens israéliens, qu’est l’Iran des mollahs !

Davantage, et on le sait également : cette opération israélienne, préparée de longue date et hautement sophistiquée sur le plan technologique, avait été précédée, de main de maître là encore, par la très spectaculaire explosion synchronisée, une dizaine de jours auparavant, les 17 et 18 septembre, de centaines de « biper » et de « talkie walkie », anéantissant ainsi l’ensemble de la chaîne de communication au sein des principaux commandants du Hezbollah. Dont acte !

Il y a toutefois un élément de taille, et non des moindres, sur lequel nos médias occidentaux n’ont pas suffisamment insisté pour comprendre, dans sa globalité stratégique, la véritable portée, tant géopolitique que plus proprement militaire, de cette vaste opération israélienne : c’est le nom – « Nouvel Ordre » – par lequel Israël l’a baptisée !

L’intention d’Israël : remodeler le paysage politique du Proche et Moyen-Orient en vue d’un plan de paix

Qu’est-ce à dire, plus exactement ? Réponse aisée à fournir, du moins pour ceux, dont je me targue d’être personnellement, portant une attention toute particulière, bienveillante et positive, à la survie d’Israël en tant qu’Etat normalement, et officiellement, constitué : Israël, en anéantissant tous ses ennemis, dont l’abject moteur est un antisémitisme viscéral, plus encore qu’un antisionisme haineux, a aussi l’intention de remodeler ainsi, par cette neutralisation des divers commanditaires du terrorisme international, tout le paysage politique du Proche et Moyen-Orient. Cela vaut aussi bien – qu’on se le dise une bonne fois pour toutes ! – pour le Hezbollah au Liban et autres Houthis au Yémen que pour les Ayatollahs d’Iran et, bien sûr, le Hamas dans la bande de Gaza ! C’est dire si, paradoxalement et comme en filigrane, cela s’apparente aussi en définitive, par-delà les apparences (et, bien évidemment, le nombre trop élevé de morts, blessés et victimes, parmi les populations civiles, lequel est très sincèrement à déplorer en cette dramatique situation) et fût-ce certes à long terme, à un véritable plan de paix qui, certes, ne dit pas son nom !

L’historique combat d’Israël contre le terrorisme international

Du reste, l’Occident en son ensemble, nos démocraties modernes et sécularisées, devraient, pour cet historique combat, remercier, au lieu de le stigmatiser ou de le condamner, Israël, le seul pays au monde, aujourd’hui, à avoir ainsi le cran, l’immense courage et la force mentale, de s’attaquer directement, de plein front et avec une détermination sans pareille, aux pires tortionnaires de l’(in)humanité ! 

L’abominable pogrom du 7 octobre : l’erreur monumentale du Hamas

Et le Hamas, précisément, dont le leader de la branche politique, Ismaïl Haniyeh, a été lui aussi liquidé, le 31 juillet de cette année 2024, en plein centre de Téhéran, par les services secrets israéliens, le très performant « Mossad » ! C’est une erreur monumentale, aussi tragique que fatale, qui lui coûtera très cher, comme à tous ses complices, soutiens et sympathisants, qu’il a commise, le 7 octobre 2023, en perpétrant, à l’encontre des Juifs d’Israël, le plus abominable des pogroms depuis, de sinistre mémoire, la Shoah ! Sans oublier cet autre ignoble fait que, dès le lendemain de cet atroce massacre, le 8 octobre 2023 donc (il y a déjà près d’un an), le Hezbollah lui-même se mit également à bombarder continuellement, de façon tout aussi indiscriminée, injustifiée, les civils du nord d’Israël, entraînant ainsi l’exode, cruel, de près de 80000 d’entre eux !

Non, jamais Israël, à juste titre, ne pardonnera ce gigantesque crime à l’encontre des siens ! D’où précisément, après cette date fatidique du 7 octobre, qui a irrémédiablement changé le cours de l’Histoire, et déclenché par la même occasion la réplique de ce même Etat d’Israël, son inébranlable volonté aujourd’hui, de sa part, de mettre enfin un définitif terme à ce type de menace existentielle pour lui !

L’Iran, tête du serpent terroriste

Et, oui, l’Iran de l’épouvantable ayatollah Ali Khamenei, tête du serpent en matière de terrorisme international, pour qui le Hezbollah de Hassan Nasrallah n’était qu’un de ses plus sanguinaires proxis, doit s’inquiéter aujourd’hui de la très destructrice riposte là aussi, sur le plan militaire, qu’Israël (qui dispose de l’armement atomique, immédiatement opérationnelle, réparti sur son territoire) pourrait lui administrer si, d’aventure, il osait encore s’attaquer à lui !

Car, qu’on se la dise, ici aussi, une bonne fois pour toutes : Israël, qui ne fait légitimement que se défendre là, ne veut en aucun cas, contrairement à l’intention de ses ennemis à son encontre, la destruction de l’Iran, pays d’une incomparable richesse historique, pas plus d’ailleurs qu’il ne veut la guerre avec le Liban, qu’il respecte tout autant pour son remarquable héritage culturel et humain ; tout ce qu’Israël veut, et demande, c’est de pouvoir vivre enfin en paix, sans qu’il soit constamment menacé dans son existence même, avec ses voisins arabes et musulmans !

Israël, pour la libération de tous les démocrates d’Iran, du Liban et de la Palestine

Il est d’ailleurs fort à parier que, lorsque les passions de ces jours cruciaux, pour l’avenir même du monde, se seront apaisées et que la raison aura retrouvé droit de cité, ce seront tous les démocrates du Liban comme de l’Iran ou de la Palestine à remercier Israël, seul contre tous comme trop souvent, de les avoir enfin libérés, débarrassés et purgés de l’impitoyable et obscurantiste joug de ces monstres sans nom, sans véritable foi ni authentique loi, que sont les terroristes, fanatiques, totalitaires et fascisants islamistes !