Accueil Politique Bayrou, le parfait exemple par temps de canicule…

Bayrou, le parfait exemple par temps de canicule…

Le billet de Dominique Labarrière


Bayrou, le parfait exemple par temps de canicule…
François Bayrou, 26 juin 2025 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

Notre Premier ministre ne fait rien. C’est à ça qu’on le reconnait et c’est pour ça qu’il reste en poste.


Les médecins et la sagesse populaire, pour une fois à l’unisson, nous le font savoir : lorsque le mercure s’égare jusqu’à atteindre des sommets himalayens, le plus sage pour le commun des mortels est encore de ne rien faire. Ne pas en secouer une, ne pas s’agiter, laisser passer le temps et attendre la décrue des degrés comme on attend en d’autres circonstances le dégel.

C’est exactement ce que réussit à merveille Monsieur Bayrou là où il est, à Matignon. Rien. Il ne fait rien, n’en remue pas une. L’art de l’inaction poussé à son meilleur. Un exemple à suivre, vous dis-je !

Torpeur estivale

On aurait pu penser que, consentant à sortir de cette torpeur qui paraît être le fond de sa nature, il se risquerait quand même à oser une initiative, qu’il se laisserait tenter par un semblant de décision, une amorce d’action, que sais-je, moi ? Un truc du genre « Conclave canicule ». Il est passé maître, en effet, dans ce type d’usines à gaz stériles et donc sans issue. C’est son domaine de prédilection. Voilà cinquante ans qu’il pratique la chose, notamment au Haut-Commissariat au Plan où il aura donné toute sa mesure dans la discipline si délicate de la somnolence républicaine aux frais du contribuable-citoyen.

A lire aussi, Emmanuelle Ménard: De l’euthanasie rentable au complotisme décomplexé

Aussi il me semble que notre M. Bayrou – malgré tout le respect que je dois à sa fonction si ce n’est à sa personne – aurait parfaitement sa place du côté des branchages ombragés du formidable zoo-parc de Beauval. Dans la section réservée aux lémuriens. Ces doux animaux tout en paresse et gracieuse lenteur. Quelle que soit la température, d’ailleurs. Exactement comme pour notre homme. 

Ont-ils une durée de vie particulièrement longue, ces sympathiques petites bêtes ? Voilà ce que j’ignore. M. Bayrou semble en être convaincu, car ne rien faire est, à ce que nous constatons un peu plus chaque jour, tout ce qu’il a réussi à trouver pour durer. Cela lui réussit plutôt bien jusqu’à présent. Il s’économise avec une maîtrise qui force l’admiration. Il ne déclame plus, il ânonne. Il calque son élocution, son débit oratoire sur sa stratégie personnelle. Sa phrase, il la fait durer, durer, durer. Heureusement nous ne l’écoutons plus, car si nous le faisions, nous deviendrions lémuriens nous-mêmes.

L’espoir fait vivre

Soyons juste : il a consenti à lâcher quelques mots ces dernières heures. Faut-il dire qu’il aurait été très choquant qu’il restât muet. Apprenant que la juridiction d’appel des tribunaux algériens confirmaient la peine de cinq ans de prison ferme ignominieusement infligée à notre compatriote Boualem Sansal, il a quand même consenti à déclarer qu’il « espérait des mesures de grâce du président Tebboune. » (Devant une telle fermeté, le sieur Tebboune doit probablement faire sous lui.)

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Sébastien chez les soviets

« Espérer », synonyme d’attendre dans certaines langues. Et même quand tel n’est pas le cas, espérer c’est toujours s’en remettre à plus tard. Bayrou tel qu’en lui-même. À moins que, saisi tout soudain d’une sorte de confusion mentale, il se soit pris à imaginer que les cinq ans évoqués étaient le temps dont il allait encore disposer à Matignon pour peu qu’il continue sur sa lancée. Son rêve le plus cher. Notre cauchemar.

Alors qu’il parte ! Qu’il parte vite ! Non pas tant à cause de ses conclaves foireux et ridicules, mais plus sérieusement et plus solennellement, en raison de son effroyable incapacité à sauver Boualem Sansal (Et avec lui, puisqu’on y est à présent, Christophe Gleizes). L’Algérie nous humilie quasiment chaque matin et chaque soir. Humilie la France. Et Monsieur de Pau se contente d’« espérer » ! Le calice jusqu’à la lie…

Le président Macron étant lui aussi, sur ces sujets, aux abonnés absents, il reste à la représentation nationale de faire ce qu’il faut pour que le lémurien béarnais retourne à ses chères études. Il se trouve paraît-il chez lui un établissement où, en matière de fermeté et de rigueur disciplinaire, on en connaît un bout. Betharram. Lieu délicieux niché, à ce qu’on dit, dans une fraîche (mais sombre) vallée…

LES TÊTES MOLLES - HONTE ET RUINE DE LA FRANCE

Price: 14,77 €

3 used & new available from 14,77 €

Je suis solognot mais je me soigne

Price: 12,00 €

4 used & new available from 12,00 €



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent La Nouvelle-Calédonie à l’Élysée: une grande messe pour rien?
Article suivant Michel Drucker: «Je ne remercierai jamais assez la France d’avoir fait français mes parents»
Ex-prof de philo, auteur, conférencier, chroniqueur. Dernière parution : « Je suis Solognot mais je me soigne » éditions Héliopoles, 2025

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération