Au micro de Philippe Bilger, la légende du petit écran évoque la publication de son dixième livre Avec le temps… (Albin Michel, 2025) et ses 62 ans de carrière à la télévision…
Michel Drucker a accepté de « se soumettre à ma question » et ce fut un exercice de haute volée grâce à lui.
À peine besoin de l’interroger : en effet, il suffit de l’écouter avec une attention souvent admirative pour la précision de ses souvenirs, la qualité de ses jugements et la justesse de ses opinions.
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Cet homme poli n’est pas un mou, ce bienveillant n’est pas un faible et cet animateur indépassable et indéracinable n’a pas été une création artificielle : il s’est construit, il a toujours su ce qu’il voulait atteindre, ce qu’il désirait être.
Et il y est parvenu. Heureusement il est toujours là. Michel Drucker dans le fond de nos regards et de nos cœurs.
Causeur vous propose de visionner cet entretien, enregistré dans le studio de Fréquence Protestante (100.7 FM Paris).
Sur Emmanuel Macron :
« M. Macron m’a remis l’insigne de commandeur de la Légion d’honneur il y a un mois. […] Un jour, il m’a dit… Enfin, il a dit qu’il aimerait bien que je vienne l’accompagner dans un voyage officiel à l’étranger. […] Je lui ai dit : “Monsieur le Président, pourquoi je suis là, moi ?” Il m’a dit : “On va d’abord se tutoyer. Je sais tout sur toi, mais je voudrais que tu me racontes. Comment tu as fait pour être encore là ? J’ai vu que tu étais là sous De Gaulle, sous Pompidou, sous Mitterrand, Hollande, Sarkozy. Et maintenant moi…” »
« [Emmanuel Macron] a voulu tout savoir sur les relations entre le pouvoir, l’exécutif et la télé. […] À chaque fois que je le recroise, il m’en parle. Il m’a demandé si j’acceptais de venir à nouveau en visite d’État à l’étranger, je ne sais pas quand mais avant la fin de son deuxième mandat. »
Sur le monde la télévision :
« L’univers médiatique n’est pas très courageux »
« Le général de Gaulle considérait que c’était sa télévision, que c’était son journal ! » « Le général de Gaulle voulait avoir sur son bureau à 18 heures le conducteur du journal télévisé. Et qui tapait le conducteur ? Michel Drucker ! »
« C’est un métier où tout le monde dit du mal de tout le monde » « La télévision est un miroir aux alouettes, un faux vedettariat »
« Les journalistes envoyaient leurs questions au général de Gaulle la veille. […] Mais cela dit, ça a coûté cher au général, parce que la télévision s’est mise en grève, et Mai 68 a explosé. »
« Il y a aujourd’hui des émissions de télé qui n’auraient pas tenu huit jours à l’époque… »
Sur lui :
« Le hasard a joué un grand rôle dans ma vie… »
« À Compiègne, j’ai passé un an de service militaire dans le baraquement où était mon père 18 ans plus tôt, au Camp de Royallieu de triste mémoire pendant la guerre »
« Je viens de loin. Je suis un Ashkénaze, donc quelqu’un d’angoissé, quelqu’un d’anxieux. C’est la différence entre les deux diasporas juives – séfarades et ashkénazes – les Ashkénazes viennent des brumes de l’Europe centrale, ce sont des gens pas toujours doués pour le bonheur » « Je suis un homme des Carpates, un homme de l’Est qui ne remerciera jamais assez la France d’avoir fait Français mes parents »
« J’ai décidé de m’interroger, moi, et d’essayer de comprendre comment j’ai pu faire pour traverser le temps, pour donner du temps au temps, pour employer une phrase de François Mitterrand, et comment m’inscrire dans la durée. Car quand je suis rentré à la télé à 20 ans, 21 ans, la seule chose qui me préoccupait, c’était : est-ce que j’y serai encore dans 50 ans, dans 60 ans ? »
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