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La Nouvelle-Calédonie à l’Élysée: une grande messe pour rien?


La Nouvelle-Calédonie à l’Élysée: une grande messe pour rien?
Indépendantistes de Nouvelle-Calédonie, 23 septembre 2024 © Charlotte Antoine-Perron/AP/SIPA

L’avenir de notre collectivité territoriale du Pacifique est plus incertain que jamais. Le président Emmanuel Macron réunit tout le monde en organisant un sommet autour du futur de l’archipel, demain, à Paris.


Ce mercredi 2 juillet 2025, le président Emmanuel Macron réunit les forces politiques de Nouvelle-Calédonie. Que peut-on en attendre ? Probablement rien. Les positions des indépendantistes kanaks et des loyalistes, attachés à la France, demeurent irréconciliables.

Un fiasco pour l’exécutif

D’un côté, les indépendantistes refusent tout compromis qui n’ouvrirait pas la voie à l’indépendance. De l’autre, les loyalistes rappellent que trois référendums (2018, 2020, 2021) ont exprimé la volonté majoritaire de rester dans le giron français.

Un non-dit dans ce dossier concerne la responsabilité du président Macron et de son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, dans les émeutes de 2024. Malgré les avertissements sur la colère croissante des Kanaks après l’annonce du dégel du corps électoral (partiel, après 10 ans de résidence), aucune mesure n’a été prise pour anticiper les violences.

Absorbés par les élections européennes et la préparation des Jeux olympiques, ils ont ignoré les signaux alarmants. Lorsque les violences ont éclaté, les forces de l’ordre, en sous-effectif, ont reçu pour consigne de protéger leurs casernes et les personnes, laissant les biens à l’abandon. Des dizaines d’entreprises ont été incendiées, plongeant l’île dans un chaos économique dont la reprise reste incertaine.

Face à l’inaction de l’État, ce sont les citoyens, organisés en comités de vigilance, qui ont contenu l’extension des émeutes, notamment dans les quartiers sud de Nouméa.

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Puis l’État, dans l’indifférence des Français, a quand même cédé, en annulant le dégel du corps électoral déjà approuvé par le Sénat et l’Assemblée nationale. C’était pourtant une nécessité démocratique. Il est aberrant que des citoyens français, nés en Nouvelle-Calédonie ou y résidant depuis plus de vingt ans, travaillant et investissant sur place, soient privés du droit de vote à certaines élections. Cette exception constitutionnelle, héritée des accords de Nouméa (1998), dont la validité de vingt ans est désormais dépassée, constitue une violation des principes démocratiques fondamentaux. 

LFI encore contre la France

Si la France était plus ferme, elle imposerait au moins le vote « glissant » après dix ans de résidence, mais le soutien politique à la cause loyaliste reste incertain. Mathilde Panot de LFI a qualifié les militants kanaks incarcérés de « prisonniers politiques ». En toute incohérence, LFI s’oppose à toute reconnaissance d’une identité nationale en métropole tout en soutenant celle des Kanaks en Nouvelle-Calédonie.

Marine Le Pen, quant à elle, n’exclut pas un nouveau référendum, dont la perspective, même lointaine, compromettrait toute reprise économique durable et ouvrirait la voie à une indépendance à terme.

On ignore si les propositions délétères du socialiste Manuel Valls étaient les siennes ou avaient l’aval du centriste François Bayrou. Les Caldoches ont réussi à bloquer ces initiatives, bien accueillies par les indépendantistes, un comble pour un ministre de la France !

Avenir incertain

Mais beaucoup de Calédoniens envisagent déjà un avenir ailleurs pour leurs enfants. En effet, le statu quo et l’incertitude jouent contre eux. À terme, si les résidents non natifs restent privés du droit de vote et s’il n’y a pas un engagement ferme et définitif que la Nouvelle-Calédonie restera française, l’évolution démographique leur sera défavorable.

En métropole, peu se soucient du Caillou. Même dans les milieux de droite, la cause loyaliste, portée par seulement quelques dizaines de milliers de Français à l’autre bout du monde, peine à mobiliser, comme je l’ai – hélas – constaté.

Outre le dégel indispensable du corps électoral, le véritable défi pour les non-indépendantistes est de convaincre à Paris que leur combat dépasse leur seul avenir sur cette terre lointaine. Il s’agit de défendre une certaine idée de la France, qui concerne tous les Français. Sans un sursaut, l’avenir de la Nouvelle-Calédonie au sein de la France demeure très incertain.

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Sénateur honoraire belge, ex-secrétaire général de Médecins sans frontières, ex-président de l’International Crisis Group

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