En visite en Algérie, le député d’extrême gauche marseillais Sébastien Delogu — potentiel candidat à la mairie — a fait l’éloge du régime autoritaire de Tebboune. L’ancien chauffeur de Jean-Luc Mélenchon donne carrément l’impression d’être devenu le VRP de la dictature. Honteux !
Le député LFI Sébastien Delogu était en visite en Algérie. Tels les intellectuels qui visitaient l’URSS et y voyaient le paradis du socialisme, il a découvert un pays merveilleux, visionnaire sur le plan de la politique intérieure et qui a beaucoup à nous apprendre. On pourrait leur demander comment museler l’opposition ou embastiller des écrivains, par exemple.
Un grand moment de télévision
Les médias algériens lui ont déroulé le tapis rouge, le recevant comme s’il était au minimum le chef de l’opposition, sinon notre prochain Premier ministre… On peut regarder son interview de 25 minutes sur la TV publique. Un monument de soumission. Il y roucoule avec la présentatrice, laquelle récite le discours officiel, pour cracher sur la France et ses médias d’extrême droite qui manipulent tout le monde, agressent la population arabo-musulmane et s’acharnent contre l’Algérie. Lui voit bien qu’en Algérie, tout le monde est gentil et le reçoit avec enthousiasme (sic). Heureusement, dit-il, les vrais Français sont avec lui. Ils regardent les médias bollorisés, certes, mais on verra ce qu’on verra à la présidentielle.
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Le moment le plus rigolo, c’est quand Delogu dénonce l’accord UE-Israël et que la présentatrice dit en même temps l’ « entité sioniste ». Du coup, notre insoumis n’ose plus dire Israël ensuite. Et c’est l’apothéose quand il se plaint de l’acharnement judiciaire et médiatique contre son parti. Critiquer la presse et le gouvernement français dans un pays où un journaliste français vient d’être condamné à sept ans de prison pour avoir déplu au pouvoir, il faut le faire !
Que penser de cette opération ? D’abord qu’on a bien raison de parler d’une opération. Car c’est une opération de com’ : Delogu, qui veut être maire de Marseille drague l’électorat algérien. Le pire, c’est que ça pourrait marcher et que Marseille – ma ville natale – pourrait connaître cette déchéance.
Prendre le parti de l’étranger
Sinon, Delogu a de la chance. D’abord, on n’est pas en guerre avec l’Algérie sinon ses propos relèveraient de la trahison. Surtout, il a de la chance d’être français. Un pays où un député a le droit de raconter n’importe quoi, de cracher sur son gouvernement et de prendre le parti de l’étranger sans être inquiété. Supposons qu’un député algérien vienne en France, dénonce les médias algériens, et la position algérienne vis-à-vis de la France. Dès son retour, il serait embastillé. Exactement comme l’a été l’écrivain Boualem Sansal dont on connaîtra le sort aujourd’hui (dix ans de prison ont été requis lors de son jugement en appel). Delogu n’a évidemment pas prononcé son nom lors de l’interview. Qui restera à jamais, pour lui et pour tous les Insoumis qui ont choisi la dictature contre l’écrivain, synonyme de déshonneur.
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
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