Je ne vous parlerai ni de l’entrisme islamiste, ni de l’interdiction du voile aux moins de 15 ans, encore moins du match entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez. Ce mois-ci, j’ai choisi l’euthanasie, le débat télévisé du chef de l’État et le complotisme d’Aymeric Caron… Sans oublier Béziers, bien sûr !
Pied dans la porte
La théorie du « pied dans la porte » est développée par le Pr Jean-Louis Touraine, médecin, ancien député et ardent défenseur de l’euthanasie. Le concept est simple : « Une fois qu’on aura mis le pied dans la porte, il faudra revenir tous les ans […]. Parce que dans la première loi, il n’y aura pas les mineurs, les maladies psychiatriques et même pas les maladies d’Alzheimer. Mais, dès qu’on aura au moins obtenu une loi pour ceux qui ont la maladie de Charcot […], on pourra étendre les choses en disant que ce n’est quand même pas normal qu’il y ait des malades [qui y ont droit] parce qu’ils ont telle forme de maladie et puis d’autres qui n’y ont pas droit. » Au Québec, l’euthanasie représente aujourd’hui plus de 7 % des décès. Et la question est désormais posée : sa légalisation, présentée au départ comme l’« ultime recours », ne serait-elle pas devenue l’alternative bien commode à un système de santé défaillant ? Certains vont même plus loin et se posent la question de l’euthanasie pour « raisons sociales, quand les gens n’ont pas les moyens financiers ». En France, et selon une enquête de la Fondapol, la loi qui vient d’être votée à l’Assemblée permettrait une économie de 1,4 milliard d’euros par an. À méditer…
Médusé
C’est évident, je ne suis absolument pas objective sur le sujet. Le sujet étant mon mari, Robert Ménard, face au Chef de l’État dans l’émission de TF1 le 13 mai dernier. Après presque deux heures de ronron sans beaucoup d’intérêt, le maire de Béziers aura pour le moins réussi à réveiller les téléspectateurs assoupis. Et surtout à parler au nom de ces gens ordinaires, « ceux qu’on n’entend pas, parce qu’ils ne protestent pas, qu’ils ne manifestent pas. Ceux qui paient leurs impôts. Ceux qui s’arrêtent au stop. Bref, ceux qui respectent les règles mais qui en prennent plein la gueule tous les jours. » Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a secoué le chef de l’État. Lequel a acquiescé à tout : d’accord pour donner plus de pouvoirs aux polices municipales ; d’accord pour louer des places de prison à l’étranger ; encore d’accord pour limiter l’immigration ; et d’accord enfin pour que les maires ne soient pas obligés de marier un étranger en situation irrégulière… Que ne l’a-t-il fait avant, depuis huit années qu’il est président de la République ? Nous ne le saurons probablement jamais. Je crois connaître suffisamment Robert pour savoir qu’il ne se réjouit pas d’avoir gagné le match face au président. Il s’inquiète plutôt de promesses une nouvelle fois sans lendemains. Car si Emmanuel Macron était médusé, les Français, eux, sont définitivement désabusés…
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Is’Hac
Coup de tonnerre à Béziers. Le 6 mai dernier, Robert [Ménard] reçoit un appel téléphonique pour le prévenir que le petit Is’Hac, 14 ans, a été retrouvé pendu dans sa chambre. Il était scolarisé en 3e au collège de La Dullague. Un établissement qui est loin de m’être étranger, puisque j’ai été amenée à intervenir en sa faveur à de nombreuses reprises auprès des différents ministres de l’Éducation nationale lorsque j’étais député. J’ai même écrit à Brigitte Macron, excédée de n’avoir aucune réponse de Pap Ndiaye – que l’on disait son protégé –, à l’époque, qui avait l’air de se ficher comme d’une guigne de ce collège en difficulté… Depuis, un drame est arrivé. Le pire est arrivé. L’émotion et la colère suscitées par cette catastrophe ne retomberont pas de sitôt. La maman d’Is’Hac, que nous avons rencontrée à plusieurs reprises, a évoqué des faits de harcèlements depuis le CE2 à l’encontre de son fils. Certains enseignants, avec qui j’ai pu m’entretenir, estiment que la structure de l’établissement n’était pas à même d’accueillir dans de bonnes conditions cet élève au profil « atypique » et qu’ils n’étaient pas eux-mêmes formés à cet accueil. Je ne sais pas comment sa maman tient le coup. Une femme forte, admirable. Elle m’a expliqué qu’elle encourageait son fils à tenir bon face aux moqueries et aux sarcasmes, qu’au lycée, tout s’arrangerait. Il lui restait sept semaines à tenir…
Anna Politkovskaïa
Elle a été l’une des premières. Peut-être la première. La première à dénoncer les crimes de Vladimir Poutine. C’était il y a longtemps, en 1999. Anna Politkovskaïa était journaliste dans ce très beau journal russe, libre et indépendant, Novaïa Gazeta. Avant tout le monde, elle a compris ce qu’était le régime du président russe. Et n’a eu de cesse de décrypter le mécanisme infernal mis en place pour s’accaparer tous les pouvoirs. À partir de 2002, la vie d’Anna est devenue difficile, impossible. Elle a été arrêtée, puis relâchée. Ses enfants menacés. On a tenté de l’empoisonner. Mais elle n’a pas cédé.
Le samedi 7 octobre 2006, en fin d’après-midi, son corps a été retrouvé dans l’ascenseur de son immeuble à Moscou. Criblé de balles. Anna a été exécutée le jour de l’anniversaire de Poutine. Infâme ironie. À Béziers, le 27 mai dernier, à l’occasion de la journée nationale de la Résistance, nous avons inauguré un buste en la mémoire de ce petit bout de femme au courage d’acier qui n’a jamais baissé le regard. Hommage…
Complot juif
« Pendant que les propagandistes d’Israël truquaient le vote à l’Eurovision pour faire gagner leur candidat qui n’avait rien à y faire, leur armée tuait encore des innocents à Gaza », a écrit Aymeric Caron, député apparenté LFI sur X dans la nuit de samedi à dimanche 18 mai. Pour ceux qui n’auraient pas suivi, la candidate israélienne au concours de l’Eurovision 2025 est une rescapée du massacre du 7 octobre 2023 commis par le Hamas. Yuval Raphael a terminé à la deuxième place du concours musical en interprétant New Day Will Rise (« Un jour nouveau se lèvera »). Israël a remporté le vote du public sur l’ensemble des 38 pays votants. Aucun des 70 professionnels qui surveillaient les opérations de vote en direct n’a relevé la moindre anomalie. Mais Aymeric Caron a une obsession : colporter la haine des juifs et d’Israël. Triste sire.