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Les cocos soutiennent les cathos

Un journal mexicain de gauche, dans lequel Fidel Castro a publié des articles de 2007 à 2012, est adepte de la théorie du grand remplacement!


Épais quotidien mexicain, La Jornada n’a rien d’un repaire d’antimarxistes. Résolument hostile à l’atlantisme, il est toujours prompt à voler au secours du régime cubain. Dans un article nommé « Francia se inquieta », en date du 10 janvier, La Jornada dénonce l’immobilisme du Vatican face à la déchristianisation de la France. « Les attaques d’églises catholiques se succèdent sans qu’il y ait de réaction, alors que la moindre attaque d’une mosquée ou d’une synagogue provoque l’indignation générale », y écrit l’auteur mexicain Vilma Fuentes.

Parisienne d’adoption, on lui doit notamment le roman Les Greffiers du diable qui traite de l’implication du pouvoir mexicain dans le trafic de drogue. Après avoir dénoncé les ravages de la culpabilisation au sujet de l’évangélisation du Nouveau Monde, le règne du politiquement correct et l’état du catholicisme en France, l’écrivain y va franchement : « Le pape François semble croire que le grand remplacement est le seul avenir possible en Europe : la disparition du christianisme dans un continent peuplé d’islamistes. » Les ligues de vertu vont-elles accuser le journal favori de Fidel Castro de virer fasciste ? Ce sera difficile : de 2007 à 2012, des dizaines de tribunes du Lider Maximo y ont été publiées dans la rubrique « Reflexiones de Fidel Castro ». « En cette époque de démolition de la culture française et de la civilisation occidentale, laquelle ne pourrait être empêchée de s’étendre à d’autres continents en raison du caractère conquérant de l’islamisme, il serait nécessaire, si nous voulons survivre un peu plus […], de méditer une phrase de Paul Valéry : “Nous, civilisations, savons que nous sommes mortelles” », prévient Vilma Fuentes en guise de conclusion. C’est ce qu’on appelle nommer un chat un chat. Si même les soutiens de Cuba se mettent à incommoder la gauche olfactive, ne serait-il pas temps de nommer les choses telles qu’elles sont par chez nous, camarade ?

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Il faut parler d’un autre fiasco que celui du Stade de France

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Je parle de ces peines qu’on n’exécute pas…


Je ne me faisais aucune illusion: je connais trop bien les dysfonctionnements français pour être surpris par les faillites qui nous accablent. À propos du fiasco du Stade de France, un rapport cinglant dénonce une gestion calamiteuse tenant à la fois à un amateurisme ministériel et à une hiérarchie policière de ce fait dépassée. Nous avions raison de nous révolter. Notre pays a été sali nationalement et internationalement, cette honte n’a pourtant pas entraîné la moindre sanction.

Une étude peu reprise dans les médias

Un autre fiasco encore plus dévastateur, car structurel, a été porté à notre connaissance mais il a très peu ému l’opinion publique parce que l’information médiatique a été très chiche pour l’annoncer. Seuls le Figaro et CNews ont accompli correctement leur mission. Parce que, comme c’était essentiel, il convenait de ne pas trop en parler. Une perversion due à une absurde hiérarchisation des problèmes. Il ne suffit pas que les mauvaises nouvelles soient vraies : encore faut-il que le messager qui nous les apprend soit accepté par les gardiens de l’humanitairement et judiciairement correct.

L’Institut pour la Justice (IPJ) n’appartient pas à la catégorie des instances respectables pour le progressisme empli de mansuétude envers les multiples transgressions qui ne l’affectent pas. L’IPJ, il est vrai, n’éprouve de sollicitude que pour les victimes et s’obstine à déplorer la faiblesse ciblée d’une justice pénale dont les citoyens comprennent de moins en moins les décisions: dure avec les modestes, frileuse ou laxiste avec les violences en nombre, commises à un âge de plus en plus précoce.

A lire aussi: Prison: le plan A

Quelles sont donc ces données que l’étude de l’IPJ a communiquées et qui mettent le désastre en évidence ?

D’abord une véritable industrialisation des aménagements de peines de prison ferme. Entre 2016 et 2020, seulement 59% des condamnés à une peine de prison ferme ont été effectivement incarcérés. Le ministère de la Justice juge cohérent ce chiffre « correspondant à la part d’aménagement de peine qui regroupe la semi-liberté, les placements extérieurs ou l’usage du bracelet électronique apparu en 1997 sous Chirac et Jospin et qui a connu son essor sous Nicolas Sarkozy ».

Un peuple français qui attend, agacé

Il y a donc une schizophrénie constante entre l’attente populaire qui légitimement souhaite l’effectivité de la prison quand les cours l’édictent, et les pouvoirs de droite comme de gauche qui font tout pour la rendre autant que possible symbolique – tout en prétendant l’appliquer.

Cette contradiction explique pourquoi des multirécidivistes sortent bien avant le terme de leur incarcération avec le renouvellement, de ce fait, de délits ou de crimes qui indignent les citoyens. Un exemple fourni par un procureur mentionne le cas d’une personne ayant renversé et gravement blessé une douanière : « Cinq bracelets électroniques, un sursis libre, une libération conditionnelle, autant d’aménagements qui ont pour but la réinsertion (…) et voilà le résultat: une douanière qui aurait pu être tuée ».

A lire aussi, du même auteur: Sihem: une mort dans les règles?

Il est extraordinaire qu’on ne s’élève pas contre cette aberration qui permet un aménagement ab initio pour les peines de moins d’un an : le jugement d’un tribunal correctionnel édictant une peine ferme peut ainsi, contre toute logique, être dénaturé. Ce qui est évidemment de nature à discréditer les magistrats « initiaux ». On aboutit à des statistiques trompeuses: s’il y a eu une augmentation de 70% des peines de prison ferme entre 1999 et 2019 – de 55 000 à 93 000 -, elle est à relativiser puisque la faillite de l’inexécution est structurelle et rend caduque cette sévérité apparente. Enfin, en 2020, 8% des peines d’emprisonnement restaient inappliquées cinq ans après leur prononcé – soit 10 000 peines chaque année.

Ce tableau sombre montre un paradoxe qui devrait susciter une réforme politique radicale. Que penserait-on d’une entreprise, d’un service public, d’une institution dont la finalité suprême serait sans cesse mise à mal ? Le pire évidemment. C’est pourtant ce qui affecte gravement le système pénal et l’univers pénitentiaire. Face à ces dysfonctionnements structurels, est-il permis de s’interroger ? Au mois de juillet 2022, 65 % des Français estimaient que « les juges ne sont pas assez sévères ». Cette accusation de faiblesse est exagérée mais je suis persuadé que notre démocratie est ainsi faite – c’est l’un de ses vices – que ce que réclame le peuple n’est jamais le bienvenu… De quoi se mêle-t-il donc alors que le pouvoir, lui, sait ? Mais pour le pire…

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Les entrepreneurs montrés de l’index… senior!

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Réforme des retraites. Dans les seules nouvelles propositions vraiment concrètes évoquées par la Première ministre, Elisabeth Borne, on trouve le projet de « sanctions » des entreprises ayant de « mauvaises pratiques » dans l’emploi des séniors (une taxation supplémentaire !). Sans compter – si l’on peut dire – les ruptures conventionnelles, que le gouvernement entend également taxer davantage.


Dernière minute ! Coup de théâtre, hier soir, à l’Assemblée nationale. Les députés ont rejeté l’article créant un « index seniors » dans les entreprises par 256 votes contre 203. Cet index visait à inscrire le nombre d’employés seniors, et les actions de l’entreprise mises en œuvre pour favoriser leur emploi…

Le gouvernement, continuant dans le régime amendes et contraintes supplémentaires, se met peu à peu à dos tous les entrepreneurs de France. Même si nous n’avons pas franchement la mentalité manif’ et encore moins grève, est-ce bien le moment ? On peut comprendre la finalité, mais la politique de la taxe et de la pénalité rend les entreprises véritablement hostiles à ces pickpockets surentraînés ! Le gouvernement veut absolument innover, pour calmer la colère qui gronde. Pour cela, quoi de mieux que de rétablir une pseudo injustice, en s’attaquant aux entreprises ? À qui d’autre s’attaquer, d’ailleurs ? On nous demande déjà d’augmenter nos salariés mais aussi de les rendre actionnaires de nos entreprises, le tout en travaillant moins…

Au moment où l’Assemblée nationale se bat sur des sujets importants mais hélas avec des objectifs exclusivement politiques, que ce soit sur le partage de la valeur ou des retraites, les entrepreneurs qui ont des propositions, ne sont écoutés que d’une oreille et seulement par quelques parlementaires motivés. Personne en revanche ne se pose plus vraiment la question des régimes spéciaux. Pourquoi donc part-on à la retraite à 56,81 ans (très précisément !) à la RATP ?

Les propositions alternatives de Sophie de Menthon

Il est donc important de redonner concrètement des pistes, sur la façon de garder le plus longtemps possible les seniors dans l’entreprise. C’est une préoccupation des patrons, qui fait l’objet de recherches appliquées, en particulier au sein du mouvement ETHIC.

Voici des mesures efficaces et pragmatiques :

  • Supprimer inévitablement le principe des pré-retraites à Pole Emploi, tentation vertigineuse aussi bien pour les employeurs que pour les salariés (« puisqu’on y a droit ! »).
  • Mettre au point des formations flash, pour le secteur tertiaire en particulier, sur la maîtrise du digital (c’est prioritaire !).
  • Accepter le principe de mi-temps dégressifs sur deux ou trois ans, et sur mesure, en accord avec les entreprises et les salariés avec formation tandem interne des juniors, par exemple.
  • Aménager des formations complémentaires, incluses dans les emplois du temps (informatique, réseaux sociaux, formation des seniors sur la digitalisation…), dès 40 ans.
  • Travailler sur la question du salaire plus élevé des seniors, dont une partie pourrait être compensée par une baisse de cotisations.
  • Vraiment prendre en compte la pénibilité des emplois, et prévoir une deuxième carrière pour les seniors, dès l’apprentissage, pour les métiers les plus physiques. Rien ne sert de le dire si ce n’est pas immédiatement intégré dans les cursus d’apprentissage !
  • Créer un CDD de cinq ans, renouvelable, réservé aux seniors à partir de 58 ans avec charges allégées, pour inciter à leur recrutement. Il faut savoir, toutefois, que plus l’âge de la retraite est reculé, plus on recrute des salariés plus âgés (cela se vérifie dans tous les pays d’Europe).
  • Dans un autre ordre d’idées, il faut veiller à alléger le contexte général de l’emploi. Ainsi, lorsqu’un salarié a eu un accident dans sa carrière, le report de l’inaptitude sur le dernier employeur est injuste : la dernière entreprise n’a pas à subir seule financièrement la prise en charge de toute une vie d’un travailleur malade ou fragile…

Le travail c’est la santé !

Et puis, il faut redonner le goût du travail avec un discours politique et un discours entrepreneurial dès l’école. Or le glissement vers le confort, la paresse, le temps libre, la redondance de l’accusation de « pénibilité » (pour un peu c’est le retour à Zola) devient une intoxication nationale. Que dire devant des assertions telles que « il ne faut pas perdre sa vie à la gagner ! ». Comme le dit Luc Ferry : « La disparition de la foi religieuse fait que le paradis qu’on gagnait dans l’au-delà se trouve désormais dans la promesse d’une retraite miraculeuse ! »

Enfin, laissez travailler plus longtemps ceux qui le veulent ! Question de bon sens qui ne doit pas être très difficile à appliquer. À l’hôpital, nos meilleurs médecins, à la longue expérience, n’ont pas le droit de continuer à exercer ! Un philosophe de 72 ans ne peut pas non plus donner un cours à la Sorbonne, alors qu’il en donne à travers toute la France dans le privé, moyennant finances… Le comble c’est de vouloir faire travailler les gens plus longtemps et « en même temps » de l’interdire à ceux qui veulent de le faire.

Un désert d’objectivité et de bonne volonté…

Il faut aussi arrêter à tout prix de désigner les entrepreneurs qui réussissent, en têtes de turcs de tous ceux qui n’ont pas un pouvoir d’achat suffisant. Il semble que tout raisonnement sain soit écarté au profit de querelles idéologiques dont l’entreprise est hélas le cœur.

Le spectacle de l’Assemblée nationale est navrant, et devient le socle d’une forme de décadence de notre pays. Des vociférations, des huées, des contradictions, des guéguerres !

Un exemple désastreux pour les citoyens que nous sommes tous, et évidemment pour beaucoup de salariés qui font en réalité grève contre ceux qu’ils ont élus plutôt que contre une réforme qu’ils ne comprennent pas de toute façon.

Le redressement de la France passe par l’entreprise, c’est sa colonne vertébrale, quelle que soit sa taille ou son secteur d’activités. Va-t-on enfin le comprendre ? Il est presque trop tard…

La douteuse exemplarité de la Grande Mosquée de Paris

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Interrogé sur l’antisémitisme de certaines de ses ouailles, Chems-Eddine Hafiz dénonce une méconnaissance de l’islam.


Interrogé par Mohamed Bouhafsi sur RTL dans Focus Dimanche, le recteur de la Grande Mosquée de Paris a été amené à aborder, entre autres, le sujet des relations entre musulmans et juifs, et a alors déclaré : « la Grande Mosquée de Paris a toujours donné l’exemple. » Le lecteur en jugera, en se référant à des textes qui, il y a quelques années, se trouvaient sur le site internet de la Grande Mosquée de Paris (cf. la fin de cet article).

Deux remarques préalables sur ce que dit Chems-Eddine Hafiz à propos de Moïse. Il affirme que si un musulman dit « sale juif » à un juif, il s’insulte lui-même puisque l’islam reconnaît Moïse comme un prophète, et donc que « si vous vous attaquez aux personnes qui croient en Moïse, c’est-à-dire les juifs, vous êtes en train de commettre un acte anti-musulman, contre vous-même, c’est ça qu’il faut expliquer. » Et il impute les comportements répréhensibles de certains musulmans au fait que « les musulmans ne connaissent pas leur religion ».

Première remarque : si c’est réellement ce dont le recteur veut convaincre ses fidèles, alors sa tentative de désamorcer l’anti-judaïsme de l’islam est peut-être bien intentionnée mais totalement contraire aux enseignements de l’islam depuis des siècles, et de ce fait bien fragile. En effet, pour l’islam Moïse était musulman, et non pas juif, le judaïsme étant une falsification ultérieure des enseignements de Moïse, falsification que l’islam est venu rectifier pour rétablir le véritable message des prophètes successifs du dieu unique, d’Abraham à Jésus en passant par Moïse. Le christianisme, d’ailleurs, n’est qu’une autre de ces falsifications, également rectifiée par l’islam. Dès lors, l’argument du recteur pourrait éventuellement « protéger » les Juifs au sens « racial » du terme, mais malheureusement pas les juifs au sens de « ceux qui croient à la religion juive », ce qu’il semble pourtant avoir en tête en évoquant les « personnes qui croient en Moïse, c’est-à-dire les juifs. »

Deuxième remarque : Chems-Eddine Hafiz accuse les musulmans pour tenter d’innocenter l’islam (d’ailleurs, ne se livre-t-il pas très exactement à une généralisation du genre de celles qu’il reprochait à Houellebecq ?). Une fois de plus, il veut éviter à sa religion les très sévères critiques qu’elle mérite, et qui doivent impérativement lui être faites faute de quoi les « germes du mal » qui « sont dans les textes », pour citer Abdelwahab Meddeb, ne cesseront jamais de donner de nouvelles pousses empoisonnées. Je ne spéculerai pas sur les raisons de cette esquive systématique que pratique le recteur. Notons simplement qu’il est douteux qu’il parvienne à convaincre ses ouailles que les auteurs du Coran ne connaissaient pas leur religion…. à moins qu’il soit prêt à remettre en cause le dogme du Coran éternel et incréé, parole d’Allah dictée verbatim par Jibril/Gabriel et rapportée puis transmise avec une parfaite exactitude par le prophète de l’islam et ses disciples ? Ce serait salutaire, mais qu’il le dise clairement ! Faute de quoi, son silence ressemblera désagréablement à du « cépaçalislam », une volonté de convaincre les non-musulmans de baisser la garde pour pouvoir continuer impunément à proclamer parole divine un livre dans lequel il est écrit, par exemple (sourate 9, verset 30) : « Les Juifs disent « Uzayr est fils d’Allah » et les Chrétiens disent « Le Christ est fils d’Allah ». Telle est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent le dire des mécréants avant eux. Qu’Allah les anéantisse ! Comment s’écartent-ils (de la vérité) ? »

Sans parler bien sûr de certains hadiths suintant la haine des juifs, traditionnellement considérés comme authentiques, qui font donc partie intégrante de ce que l’islam sunnite des quatre madhhabs orthodoxes présente à ses fidèles comme références pour guider leurs vies.

Quant au fait que la Grande Mosquée de Paris aurait « toujours donné l’exemple », remontons simplement à ce que je constatais et exposais en 2017. Les citations que je rapportais alors dans un article parlent d’elles-mêmes. Elles ont depuis, et heureusement, été retirées du site internet de la Grande Mosquée de Paris, mais jettent un éclairage parlant sur l’exemplarité passée de cette institution….

Quel type de travailleur êtes-vous?

Dans l’univers impitoyable du travail, on trouve des collègues populaires, des meneurs d’ordre, des ambitieux et des fainéants. Pour progresser, mieux vaut connaître ses défauts et ses qualités.


1. Si vous étiez un employé ou un numéro 2, vous seriez :

a) Tullius Détritus dans La Zizanie. Vous savez instaurer des relations de respect mutuel qui rappellent les meilleures heures d’un congrès socialiste, vous avez d’ailleurs donné récemment votre mesure en coachant la dernière élection du chef du parti. Quand on sait que, pour vos dernières vacances, vous avez fait un road trip en Russie et en Ukraine, on comprend mieux pourquoi Xi Jinping vous a offert un voyage à Taïwan et Recep Tayyip Erdogan, un séjour en Grèce.

b) Pépin le Bref. Vous êtes le P’tit Pimousse de l’histoire de France. Petit, mais costaud. Votre n+1 est un roi fainéant. Un tantinet maniaque, vous n’hésitez pas à ramasser le sceptre qu’il laisse traîner un peu partout. De là à le garder…

c) Iznogoud, le Poulidor du putsch, toujours partant, jamais vainqueur. Vous illustrez parfaitement l’adage qui distingue obligation de moyens d’obligation de résultat : malgré l’énergie certaine que vous mettez dans votre projet d’ascension sociale par le crime, la société ne vous offre pas la reconnaissance espérée et la réussite vous fuit.

d) Prince Harry, duc de Sussex. Passe encore que vous ne serviez à rien tout en coûtant une blinde à votre famille, mais faut-il vraiment que vous soyez aussi geignard ? Un peu de dignité que diable, pensez à votre oncle Andrew !

A lire aussi, Céline Pina: De quoi le rejet de la réforme des retraites est le nom

2. Si vous étiez un grand guerrier, vous seriez :

a) Attila. Vous aussi êtes né pour être un killer, un « cost killer ». Devant vous la ressource humaine tremble et la masse salariale se rétracte. Hélas, point de horde de Huns pour vous aider à mener à bien votre mission salvatrice de délocalisation de la production au fin fond de la Papouasie. Personne pour vous aider à lutter contre le « quiet quitting » qui frappe notre jeunesse amollie dans le confort, en mettant les enfants au travail dès 5 ans pour leur apprendre la vie. Incompris, vous êtes seul et haï, mais votre fiche de paye affiche quatre zéros et votre femme a vingt ans de moins que vous, votre secrétaire aussi.

b) Jeanne d’Arc. Vous êtes la reine de la candidature spontanée et du lancement de carrière fulgurant. De bergère à général en un coup gagnant. Malheureusement vous connaissez des difficultés à l’international et avez du mal avec la filière anglo-saxonne. Méfiez-vous, vous pourriez vous y brûler les ailes.

c) Napoléon. Vous êtes un homme qui sait saisir les opportunités et bousculer le destin. Malheureusement vous ne vous épanouissez que dans le conflit et avez du mal à évoluer dans un cadre européen en respectant la souveraineté territoriale de vos partenaires.

d) Gaston Lagaffe. Vous n’êtes pas paresseux, c’est juste que votre créativité est incomprise de béotiens productivistes aux ambitions triviales et bassement matérialistes.

3. Si vous étiez un loser, vous seriez :

a) Hubert Bonisseur de La Bath dans OSS 117. Vous êtes particulièrement débile, mais encore plus chanceux. Toutes vos initiatives tournent à la catastrophe, mais ce sont vos partenaires qui en payent le prix. Alors pourquoi changer ? Hasta la vista, baby !

b) Jean-Claude Dusse dans Les Bronzés. Vous y croyez pourtant, vous ne ménagez pas vos efforts mais rien à faire, vous ne concluez pas. Allez, dites-nous tout, vous êtes commercial chez Dassault Industries et essayez de vendre des Rafale à nos amis européens ?

c) Cruella d’Enfer. Vous avez plus de charisme que les 101 dalmatiens et leur maître réunis mais voilà, vous êtes un méchant de dessin animé, donc condamné à perdre. Reconvertissez-vous dans le cinéma pour adulte, dans Orange mécanique, c’est le méchant qui gagne à la fin !

d) Bridget Jones. Bon, vous n’êtes pas le couteau le plus affûté du tiroir et vous passez trop de temps sur Tinder au boulot, mais vous savez donner de votre personne. Évitez juste de la donner à votre n+1, personne ne croira en votre mérite, mais tout l’open space dira que votre soutien-gorge vous sert de cordée.

4. Si vous étiez une entreprise, vous seriez :

a) Krupp. Une sympathique entreprise familiale, appuyée sur des valeurs traditionnelles : antisémitisme, exploitation de déportés, soutien au régime nazi… D’ailleurs vous avez même eu les honneurs du cinéma, Les Damnés de Visconti vous servent d’album de famille. De quoi donner envie d’élaguer son arbre généalogique. Justement le film vous fournit le mode d’emploi.

b) Apple. Votre ado passe son temps dans votre sous-sol avec un copain binoclard et boutonneux, et quand vous les espionnez cela ne sent pas la marijuana à plein nez. Vous avez peut-être touché le gros lot et pondu le nouveau Steve Jobs. Vous vous en doutiez un peu, il présente la liste des courses sous forme de Keynote et organise des brainstorming avec la perruche et les acariens du tapis pour choisir le nom du chien.

c) Une start-up. Vous comptez sous-payer vos salariés, mais vous avez installé un baby-foot dans l’open space et du coup vous atteignez les sommets de la coolitude patronale. Vous organisez des « stands up meeting », des ateliers de « design thinking » et vous vous filmez la bouche en cul-de-poule sur les réseaux en expliquant à vos followers que vos employés ne travaillent pas pour vous, mais avec vous. Au final vous fonctionnez comme une entreprise traditionnelle à coups de projets mal définis, de plannings aussi ambitieux qu’irréalistes, de discours de la hiérarchie déconnecté de la réalité du terrain. Bien sûr vous prenez seul toutes les décisions et quand ça tourne mal, vous êtes victime de l’incompétence des autres. Vous êtes sûr que vous n’êtes pas Emmanuel Macron ?

d) Une entreprise de niche. Vous investissez dans l’obsessionnel militant. Un bon marché captif de personnes qui pour se distinguer choisissent de faire quand même dans le grégaire, mais minoritaire. Du coup vous avez investi sur le véganisme. Vos produits sont dégueulasses, mais vous vous marrez bien dans les séances de brainstorming pour choisir les noms. Le coup du foie gras végan rebaptisé « faux gras », qui permet de vendre cher un mixage d’huile de palme, d’amidon de pomme de terre et de tofu, est votre coup de maître. Allez, une bonne côte de bœuf pour fêter ça ?


Résultats :

Un maximum de a)

Le Toxique. Aussi populaire qu’un inspecteur du travail dans un congrès du Medef ou qu’un staphylocoque doré dans un service hospitalier, vous savez mettre de l’ambiance dans l’open space. En matière de team building, vous faites plutôt dans la démolition par explosif et la notion de bienveillance dans le management vous donne envie de dissoudre des chatons dans l’acide. Dans votre dos, on vous appelle Benito. Vous ne comprenez pas pourquoi, vous n’êtes même pas italien.

Un maximum de b)

Le Leader. Meneur d’hommes né, au xiiie siècle vous auriez été Gengis Khan. Au xxie vous vous bornez à blinder vos projets et à organiser vos troupes en task force afin d’affiner votre plan d’attaque pour conquérir de nouveaux marchés en menant une guerre marketing totale. En bref, vous essayez de refourguer à Jean-René de chez Carrefour des œufs de lump daubés au prix du caviar. Cerise sur le logo, comme depuis l’affaire France Telecom pousser ses salariés au suicide pour alléger les équipes est mal perçu, vous êtes obligé de suivre des tutos sur le management par la bienveillance. Et dire que Gengis, lui, avait le droit de découper au sabre ses collaborateurs récalcitrants.

A lire aussi, Elisabeth Lévy : La retraite en héritage

Un maximum de c)

L’Ambitieux. Vous trichez sur vos rendements réels pour faire passer tous vos collègues pour des glandeurs. Si vous appelez cela « susciter une saine émulation au service du collectif » et réussissez ainsi à faire passer le mensonge et le sadisme pour de la « motivation par objectifs » et de la « conduite opérationnelle participative », vous avez toutes les chances d’obtenir une promotion.

Un maximum de d)

Le Fainéant. Pour vous voir, mieux vaut aller au bas de l’immeuble que dans votre bureau, votre principale activité étant la pause clope. Mais pendant que vous faites preuve d’un dynamisme acharné tout entier voué à la destruction de vos poumons, vous ne remplissez pas votre mission. Ce n’est pas grave, de toute façon vous êtes affecté à la surveillance d’usines où il ne se passe rien. Vous avez commencé votre carrière à Bhopal et venez d’être affecté à Tchernobyl.

Olivier Babeau: la société du spectacle a encore frappé!

Notre collaboratrice, persuadée que consacrer son temps libre au iaido et non à l’usage de la télécommande dans le starting block du canapé, est socialement déterminant, s’est amusée à lire La Tyrannie du divertissement, le dernier essai d’Olivier Babeau. Il l’a apparemment convaincue. Dis-moi ce que tu glandes, je te dirai qui tu es, y apprend-on… Et à la vieille interrogation sur le sens du travail doit se substituer une autre, non moins redoutable, sur le sens du loisir, prévient l’économiste.


Le jeune Olivier Babeau s’était entendu dire par son universitaire de père : « Prends un livre et lis ». Et aujourd’hui ses deux fils sont avides de vidéos footballistiques. C’est parce qu’il balance entre deux âges qu’il livre sa réflexion sur cette voie du temps libre, car « il est urgent de mieux transmettre à tous l’art de résister à soi ».

Entre une génération qui a créé le cordon USB sur le modèle du cordon ombilical et une autre qui croit fermement que ce dernier est la base du premier, le rapport à l’écran, à la lumière qui fut bleue, les nouvelles technologies proposent un nouveau pacte faustien, comme celui que Yuval Harari avait expliqué, concernant l’agriculture, dans Sapiens.

Buchet Chastel

Le stade néolithique a permis la tripartition du temps : temps pour les autres, temps pour soi et temps pour rien. Les loisirs qui s’indexent sur ces temps sont socialement déterminants : « Les loisirs creusent aujourd’hui les inégalités de façon plus dramatique qu’autrefois. » Autrefois, c’était par la skholè et l’otium qu’on reconnaissait un bon citoyen, maintenant, c’est à son degré de consommation, comme le disent certains qui y décèlent l’origine ontologique du « crétin ». Évident pense-t-on : encore faut-il en avoir compris les principes.

Centres d’intérêt 

Il y a trois loisirs : l’aristocratique (concentré sur le rapport aux autres, il est obsédé par l’appartenance au groupe), le studieux (reposant sur la mise à distance du plaisir. Il exerce le corps ou l’esprit pour en améliorer les capacités), et le populaire, dit aussi divertissement (qui s’épuise dans l’instant et n’a pas ou très peu d’effet au-delà du plaisir immédiat). Mais Babeau n’est pas un donneur de leçons, il sait que le lièvre a autant raison que la tortue : « Chacune des trois formes est indispensable » et « une répartition idéale serait par tiers. »

La nouvelle différenciation sociale se fait donc sur l’extracurriculaire qui, comme le veut le CV-type, apparaît dans la case « Centres d’intérêt ». L’usage que chaque groupe social fait de son temps libre est déterminant puisque « le temps libre n’est pas que notre présent. Il prépare surtout notre futur. » Balzac, qui ignorait tout des hikikomoris et du métavers, eût fait des merveilles avec ce nouveau « dis-moi ce que tu glandes, je te dirai qui tu es. »

Les technologies ont garanti un plus grand temps libre. Nous abandonnons peu à peu les tâches les plus rudes, et les disputes sur le corvéable à la vaisselle se sont pacifiées grâce à la machine dédiée à la tâche. Le temps libre a gagné sans cesse en minutes, puis en heures : « En cinquante ans, ce sont 500 heures de loisirs qui sont conquises pour un travailleur moyen ! L’équivalent d’un mois de vie éveillée supplémentaire chaque année. » Vertigineux ? Angoissant ? Là est le drame du temps libre, car le seul problème existentiel reste le choix.

Alors, pour nous l’éviter, les pouvoirs publics ont accepté d’occuper ce treizième mois pour nous. « En France, rappelle Babeau, lorsque la loi de 1906 a réinstitué le dimanche chômé dans une perspective laïque, elle le fait reposer sur deux valeurs nouvelles : le repos et la famille… [les pouvoirs publics] lui substituèrent l’idée d’une nécessité d’ordre public. » Le problème se pose lorsque une famille lambda se retrouve désœuvrée le dimanche et que les parents, laissant libre cours à la responsabilité de leurs enfants, leur disent « fais ce que voudras ». Car le temps est en vue de quelque chose, de la religion, des autres ou simplement de soi, « la question du sens de l’existence se concentre dans ces moments où l’on peut faire ce que l’on veut. » « Fais ce que voudras » n’a plus le sens que Rabelais lui donnait.

Nous avons cru un temps que la culture s’était démocratisée : que la télévision mettait à la portée de tous le Trouvère de Verdi à l’opéra Bastille, que le tourisme faisait accéder chacun à Angkor et que tous, nous pourrions via la réalité virtuelle revivre sur la Terre des Pharaons.  Mais Babeau est catégorique : « La démocratisation de la culture n’a pas eu lieu. » la Télévision a érigé Cyril Hanouna en prophète et le Grand Tour, qui jadis vous emmenait dans toute l’Europe, ne consiste plus qu’à tourner en rond autour de son nombril sur l’axe de rotation d’une perche à selfie.

La paresse culturelle croît

L’occupation du loisir est donc devenue la nouvelle stratégie de différenciation des classes sociales et si l’on doute, comme Eugénie Bastié, que les classes dominantes soient toujours aussi cultivées, il est indéniable que notre vie professionnelle est en partie le résultat de la capitalisation des loisirs que nous avons eus. Le triomphe du divertissement ne touche pas toutes les classes sociales de la même façon, et c’est un choix civilisationnel qui se pose à chacun. Le « non ! » de Bérenger à la fin du Rhinocéros d’Ionesco n’est pas facile à dire…

Comme tout économiste, Babeau cède à la tentation de l’équation élégante : « inégalités = (environnement + hasard).(g+effort)». g étant le facteur intelligence, il est quasiment impossible de modifier l’environnement d’un élève et le kairos, l’occasion propice — à la Castellane, par exemple, zone à trafics des Quartiers Nord de Marseille — passe rarement… On ne peut agir que sur un seul facteur : l’effort, la volonté.

Mais voilà : la paresse culturelle croît, la révolution que la sédentarisation a permise est sur le point de se reproduire avec les écrans. Car si c’est avec eux que l’on se distrayait du travail avant le covid, c’est avec eux qu’on travaille maintenant.

Or, l’écran est par essence même le divertissement : il détourne le regard d’un endroit à l’autre, une pub par-ci détourne d’une pub par-là. Tiktok et ses chorégraphies « en mode stroboscopique » montre l’aspect kaléidoscopique de notre ennui car le vide informationnel est le méthylphénidate de notre vide intérieur.  « Le loisir distrayait du travail. Aujourd’hui le travail vient distraire d’une vie de loisir. » On comprend d’autant plus la tragédie d’une vie sans emploi…

Sens du travail et sens du loisir

Alors que faut-il pour ne pas intégrer malgré soi la fabrique du crétin ? Il faut développer notre « cortex frontal » qui peut « inhiber la compulsion de notre striadum pour le plaisir immédiat », car si « la connexion fronto-striatale » ne se fait pas, ou mal, « c’est notre capacité à résister à nous-même qui diminue » explique Gérald Bronner. Dur ? Pas tant que cela, puisqu’on apprend bien à un chien à ne pas toucher à la balle bruyante la nuit.

En revanche, l’école, avec le principe du divertissement des élèves n’est-elle pas devenue l’instrument chargé d’atrophier ce goût de l’effort, cette volonté de soi, qui était le seul levier capable d’être actionné par tous pour son propre bien futur ? À la Fabrique du crétin (J-P Brighelli) s’ajoute la Fabrique du crétin digital (Michel Desmurget) : « L’école n’est à la limite que le moment de vérification et d’épanouissement d’acquis fondamentalement préparés au-dehors », note judicieusement Babeau.

Qui arrive en classe les mains vides, n’en repart pas la tête pleine ? « La culture générale, précise l’essayiste, accomplit aujourd’hui un grand retour (pour l’instant, il est vrai, peu remarqué) dans la panoplie des armes du succès. … le XXe siècle était celui des spécialistes ; le XXIe est celui des généralistes » — sauf que de culture générale à l’école, peu de nouvelles : quand des élèves donnent comme exemple de la monarchie absolue de droit divin la décapitation de Louis XIV en 1789 par Charles Martel, on ne peut rien objecter à Babeau…

Et en pleine crise du débat sur les retraites, la lecture de cet essai permet de prendre à l’envers le débat sur l’allongement ou non de la durée de cotisation : « À la vieille interrogation sur le sens du travail doit se substituer une autre, non moins redoutable, sur le sens du loisir ». Ce n’était pas exactement ce qu’avait en tête Lafargue quand il parlait en 1880 du « droit à la paresse ».

Olivier Babeau, La Tyrannie du divertissement, Buchet-Chastel, 285 p.

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Pour faire le portrait d’un bobo

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Faire le portrait de M, c’est faire le portrait des bobos. Le magazine, branché, intersectionnel, modulable comme une citadine polyvalente segment B, une Pastabox réchauffée aux micro-ondes positives, ravit les « mutins de Panurge et rebellocrates » (Muray)…


En feuilletant M (le supplément hebdomadaire du Monde) du 11 février, j’ai pensé au poème de Prévert, Pour faire le portrait d’un oiseau. « Peindre d’abord une cage / Avec une porte ouverte / Peindre ensuite / Quelque chose de joli / Quelque chose de simple / Quelque chose de beau / Quelque chose d’utile pour l’oiseau … ». Ça pianote, piaille, piaffe, sur YouTube, TikTok, le métavers, mais les rois de l’azur, princes des nuées – Baudelaire et L’Albatros – ont du plomb dans l’aile et Paname a perdu 70% de ses moineaux. Le monde change de peau : sera-t-il doux et sucré comme la liberté ? Des bécasses activistes, jeunes oies édifiantes, pigeons, I Soli ignoti, s’emploient, font des piges sur le male gaze et les Malgaches.

Notre chroniqueur a feuilleté pour vous M Le magazine (woke) du « Monde » de la semaine

Faire le portrait de M, c’est faire le portrait des bobos. Le magazine, branché, intersectionnel, modulable comme une citadine polyvalente segment B, une Pastabox réchauffée aux micro-ondes positives, ravit les « mutins de Panurge et rebellocrates » (Muray). L’important c’est d’aimer. Du Beau, du Bon, du Bien, du Benêt : M le Béni.  Sur toutes les pages, sur les images dorées des news magazines, Liberté, j’écris ton nom. Les promesses d’émancipation par la culture et l’éducation n’ont pas été tenues mais les dominés font la Une et le buzz. Partout triomphent l’indignation multiculturelle, la libre circulation des vaincus et du politiquement correct, le capitalisme de la révolte. « Les jeunes consciences ont le plumage raide et le vol bruyant » (Michaux).

Woke en stock 

Cent mille milliards de voyages, idées malignes, belles pensées, chemins de traverse : le menu M du weekend dernier était particulièrement savoureux.

– La gazette. Bill Clinton fête l’anniversaire de la création du congé maternité à la Maison-Blanche. La Comédie-Française chante Gainsbourg. La propriété normande de Léopold Sédar et Colette Senghor se transforme en maison de la poésie et résidence d’auteurs.  Dimanche 5 février, séance inaugurale de l’Institut La Boétie. Pour former les cadres insoumis à la servitude volontaire, la chaire est castriste. Une armée de guérilleros à la retraite, doctorants indigents, zadistes indignés, Boyard, Bayard, Brutus, spécialistes d’habitus et compost équitable, brûle des flambeaux de cire rouge. Dussopt est guillotiné, Bayou a pris un clystère. Lundi, grève. Mardi, manif. Mercredi, Edouard Louis Ragueneau a perdu un amant et changé d’éditeur. Jeudi, Mélenchon – comte de Guigne de la Nupes – dit Non à Macron. Vendredi, Annie, Duègne de France. Samedi, Piketty, à Rousseau a dit Oui. « La grandeur de la Gauche, c’est de vouloir sauver les médiocres. Sa faiblesse c’est qu’il y en a trop » (San Antonio).

A lire aussi: Waly Dia, la répétition sans comique

– En couverture et plat de résistance de M, Tony Estanguer, le Boss du comité d’organisation des JO. Triple champion olympique, sourire enjôleur, Tony sait y faire. « Les JO 2024 seront spectaculaires, populaires et écologiques ». La grosse angoisse, ce sont les sauvageons à capuche et machette, les hooligans anglais du 93. Tony est malin : le Dies irae, les larmes, lacrymo, la sécurité, relèvent du pouvoir régalien.

Gros plan sur Les Vaginites, un trio trash punk engagé. Zororité, Rage against ze machists, Moche is beautiful. En culotte maculée de sang, Corinne Masiero et ses joyeuses Collégiennes résistent, chantent « les vieilles, les imbaisables, les hystériques, les dépentesques… choune, moule, foune, brousse, buisson, c’est l’hymne à la vulve » … Vaste programme. Pervers Prévert ? Est-ce que le pont va casser ? Faut-il fendre la Presse ?

 – C’est plus compliqué pour David et Samir qui filent le parfait amour à Tel-Aviv. Le nouveau gouvernement Netanyahou est à droite, fonder une famille impliquera des défis, les tabous sont tenaces, la famille de Samir est tradi : son beau-frère menace de l’enterrer vivant s’il fait un coming-out, sa mère veut le faire soigner. On dirait un sketch de Muriel Robin.

 – La photographe Joanna Piotrowska « met en lumière l’intimité de corps en lutte, celle d’individus qui résistent à toutes sortes de dominations ». Les corps sont sous tension, la politique se niche dans les tapis. Formée à Londres et Cracovie, Joanna aime Chirico, Kafka, Virginia, Moravia. Hyperactive, « elle met en scène des êtres vulnérables … déploie une stratégie anti spectaculaire », construit des cabanes avec des nappes, des porte manteaux, des abat jours, cherche des bourses de recherche. Ses compositions « chorégraphiées au cordeau » sont exposées au BAL, 6, impasse de la Défense. 

Aux Bouffes du nord, Lyna Khoudri interprète Perdre son sac, écrit et mis en scène par Pascal Rambert. « Un texte nerveux dans lequel une laveuse de vitres règle ses comptes avec la société capitaliste… L’héroïne passée par une classe prépa évoque sa précarité, sa révolte, ce mode capitaliste où il est impossible de naviguer, mais aussi son goût des femmes ». Ouvrez, ouvrez la cage aux bobos, regardez-les s’envoler, c’est beau….

La Révolution est un diner de Gala

Pour la gastronomie, les forçats de la faim, M recommande un cake au citron à la pâte aérienne vendu rue de Bretagne, axe central du haut Marais. À l’affiche d’A la belle étoile, le vidéaste et influenceur Riadh Belaïche est intarissable sur les bricks, « fourre-tout culinaires géniaux », les lasagnes et fraisiers succulents préparés par sa maman.

A lire aussi: Théâtre du Nord, théâtre mort

La fin du magazine est visuelle, c’est la Mode, toujours décalée, métissée, audacieuse. Cette semaine, c’est L’équipée sauvage. « Chaussée de grosses bottes de moto ou de fines sandales, en minijupe ou pantalon de cuir, la bikeuse n’a besoin de personne pour prendre des chemins de traverse ». Une brune pas épaisse prend des pauses rebelles pour vendre des blousons en cuir, blouse à capuche en soie, boucles d’oreilles en argent et quartz.

Les chroniques engagées, reportages coup de poing sont entrecoupés de publicités pleine page. C’est la lutte finale des marques, l’Internationale des poids lourds du Dow Jones, Cac 40, Nikkei 225. Pour toutes les bourses. Avis aux Vaginites : un nouveau sérum permet de diviser les rides par deux en quatre heures, réduire 80% des signes de l’âge en 30 jours.  Grâce aux technologies Beauté, les plus belles coiffures ! Une eau de parfum pour vivre au rythme de la ville. Le nouveau E tech full Hybrid fait 200 ch. Le monde va changer de base mais l’actionnariat, le cœur de cible et la cible du cœur restent stables : CSP +. Qui ça ? Les bobos ; Ah bon, mais où ça ? Les bobos.

Bourgeois-bohème, Gauche caviar… On dit « Champagne socialist » en Angleterre, « Limousine liberal » en Amérique, en Italie « Radical chic », « Salonkommunist » en Allemagne.

« Pour être anarchistes, il ne nous a manqué que de l’argent » (Alfred Capus).

«Soyons unis face au régime mafieux des mollahs»

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Héritier direct au trône du Paon selon la loi de succession impériale, le prince Davoud est membre de la maison des Pahlavi. Enfant, il a vécu les grandes heures de la monarchie iranienne avant d’être contraint de s’exiler avec sa famille en France après la révolution de 1979. À 51 ans, il est un opposant actif au régime des mollahs. Il a été reçu en novembre 2022 au Palais du Luxembourg aux côtés de l’impératrice Farah Pahlavi et de la princesse Noor Pahlavi, fille du prince Reza Shah Pahlavi II, influent porte-parole de l’opposition iranienne. 


Causeur. Le 16 septembre 2022, le décès tragique de Masha Amini a été la « goutte d’eau qui a fait déborder le vase ».  Les Iraniens se sont soulevés contre le régime des mollahs. Frappés par une crise économique, ils réclament de plus en plus de libertés. La répression est violente, et pourtant, si le mouvement montre quelques signes de faiblesse, il demeure toujours aussi actif. Assiste-ton au début de la fin inéluctable du régime théocratique iranien ?

Davoud Pahlavi. Selon moi, on assiste à une vraie révolution qui va changer le cours de l’histoire. Les Iraniens sont épuisés par tant d’années de crise économique. Ils ont perdu tout espoir et n’ont plus rien à perdre. Cela fait quatre mois que les manifestants ne lâchent pas un bout de rue et il faut saluer leur courage, leur ténacité.

Davoud Pahlavi.D.R.

Quelles sont les réelles incidences de ces manifestations sur le régime iranien ?

Je pense que le régime ne s’attendait pas à une telle ampleur de manifestations. Il est évident que le régime craint désormais d’être renversé et cela explique pourquoi le pays a basculé dans un bain de sang. A chaque jour son lot de violence. Une répression ordonnée par un régime mafieux qui n’hésite pas assassiner, ses pères et ses mères, ses fils et filles, ses frères et ses sœurs…

Le rôle des femmes est indéniable dans le déclenchement de cette révolution. En Iran, elles sont des milliers à enlever le voile de leur tête en signe de défiance au régime en place. En France, on a assisté à des manifestations de soutien en faveur de la démocratisation de l’Iran. Mais un certain communautarisme prône le port du voile aux femmes. Comment analysez-vous cette contradiction ?

Je ne suis pas étonné. Les Français doivent savoir que l’Iran finance ce genre de communautarisme, la construction de mosquées qui ont des prédicateurs soumis à Téhéran ou certains mouvements politiques. Je pense que vous avez une idée du parti auquel je fais nettement allusion. Faire tomber le régime des mollahs, c’est déjà enrayer ce communautarisme présent en France.

En 2015, la communauté internationale a signé l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien avec Téhéran. Il a été salué comme une grande avancée avant que les Etats-Unis ne s’en retirent sous le mandat de Donald Trump et y reviennent en fanfare sous celui de Joe Biden. C’est quasiment devenu une arme de chantage pour les mollahs. Peut-on dire que l’Iran a manipulé les Occidentaux pour mieux se renforcer politiquement et militairement ?

On ne peut mieux dire. La République islamique est diplômée en doctorat du mensonge. Ils ont des diplomates de haut-niveau qui ont rapidement appris l’art de la manipulation et il ne faut surtout pas les sous-estimer. Je pense que Donald Trump a très bien fait de sortir de cet accord qui ne fait que profiter aux mollahs. Ceux-là mêmes qui n’hésitent pas à détourner l’aide financière qui est adressée aux Iraniens par la communauté internationale. C’est une vraie mafia institutionnalisée. Les sanctions contre les mollahs sont essentielles et doivent être renforcées.

Comment jugez-vous l’attitude de l’Europe par rapport aux événements actuels qui secouent l’Iran ?

Je la vois de manière très positive, et notamment de la part de la France qui, je le rappelle, conserve une position de leadership sur les questions liées au Moyen-Orient qu’elle connaît bien. Je suis plus critique à l’égard des actions de Joe Biden qui joue un double jeu selon moi. Ménager la chèvre et le chou n’est certainement pas ce qu’il faut faire avec les mollahs. Comprenez-moi bien, il n’est plus dans l’intérêt de personne de continuer à soutenir un tel régime. Nous devons restaurer la démocratie en Iran. Cela profitera à tous économiquement y compris aux Iraniens et aux autres pays. Le Hezbollah sera privé de tout soutien et cessera ses actions de déstabilisation au Liban. Il n’y aura plus de menaces contre l’Etat d’Israël. L’Iran a tissé une toile dont le seul but est d’exporter partout sa révolution. Même la Russie qui a toujours été un allié de l’Iran commence à revoir sa collaboration avec Téhéran. C’est un régime qui est acculé.

L’opposition regroupe divers mouvements politiques mais elle a du mal à se structurer ? Pourquoi ?

Cela fait six mois que les diverses oppositions se parlent, mais il y a également des ambitions personnelles, alors que nous devrions être unis pour les Iraniens. Les distributions de postes ne devraient pas être une priorité sur les agendas des différents partis. Nous devons libérer le pays avant tout et peu importe les différentes idéologies. Nous devons monter dans le train de l’Histoire, c’est impératif. Je ne peux qu’appeler chaque mouvement à montrer l’exemple, faire preuve d’unité et se rassembler derrière le prince Reza Pahlavi qui est un leader naturel et incontournable. Si on aime l’Iran, c’est le devoir national de tous.

L’opposition a-t-elle vraiment des contacts sur place capables de coordonner un mouvement hétéroclite et populaire qui réclame un leader pour le représenter internationalement ?

Oui, nous avons des contacts sur place mais vous comprendrez que je ne peux en dire plus pour des raisons de sécurité des personnes concernées.

Le prince Reza Pahlavi soutient les accords d’Abraham qui normalisent les relations entre Israël et les autres pays arabes. Est-ce important que Jérusalem apporte son soutien à la chute du régime théocratique ? N’y a-t-il pas un risque d’effet kiss-cool alors que l’Iran accuse par exemple les Pahlavi d’être financés par l’Arabie Saoudite ?

La famille impériale n’a jamais été financée par l’Arabie Saoudite. C’est un mensonge qui a été fabriqué par les mollahs. Nous aurons besoin de tous les pays pour reconstruire l’Iran après les mollahs. Israël a toujours été un pays ami du temps du défunt shah, et il me paraît naturel qu’il soit à nos côtés. Nous devons reprendre des relations diplomatiques avec Jérusalem. La chute des mollahs rapprochera les peuples, c’est une évidence pour moi tout comme le retour des Pahlavi en Iran est indispensable pour la stabilité de la région.

Le prince Reza Pahlavi promeut le renversement du régime par des voies pacifiques. On voit aujourd’hui que cela a ses limites et que les résultats escomptés ne sont pas là. Quelle est la stratégie prévue désormais ?

Je vais clarifier vos propos. Quand le prince Reza parle de mouvement pacifique, il sous-entend surtout qu’il ne souhaite pas d’intervention militaire depuis l’extérieur. De l’intérieur, rien n’est à exclure. C’est terrible à dire, mais l’Iran est déjà en guerre civile depuis que les mollahs ont décidé de réprimer durement la révolution. Vous n’imaginez pas les exactions que subissent mes compatriotes. Certains ont déjà pris les armes contre les partisans des mollahs comme les gardiens de la Révolution qui tuent à tour de bras.

Ali Khamenei est le guide suprême de la République islamique d’Iran depuis 1989, date à laquelle est décédé l’ayatollah Khomeiny, tombeur des Pahlavi. On le sait malade, dépressif, paranoïaque. On a eu vent de rivalités internes qui font craindre un remplacement à la tête du pouvoir. Le régime peut-il se durcir au détriment des Iraniens ? 

Plus il est menacé, plus il se durcit. Mais cela veut dire aussi que le pouvoir se sent menacé. On constate que même au sein du gouvernement des voix semblent prêtes à lâcher Khamenei. Le tout est de savoir quand cela va-t-il arriver !?

On sait que la force du régime se trouve dans le corps des Gardiens de la révolution.  L’opposition appelle l’armée à rejoindre les manifestants et Téhéran aurait d’ailleurs purgé ses régiments des éléments sensibles aux manifestations. Quel est l’état d’esprit de l’armée actuellement selon vous ? Peut-elle faire la différence ?

C’est un sujet sensible. Pour moi, avant tout, le peuple est une armée en soi. Les militaires attendent de voir comment la situation va évoluer et le bon moment pour intervenir aux côtés des manifestants. Je suis persuadé qu’ils rejoindront la révolution car ils restent proches du peuple. Ils ont tous un frère, un père, une sœur qui a été arrêté par le régime.

Les Etats-Unis ont été prompts à finir le job en Irak. Pourquoi ne sont-ils toujours pas intervenus en Iran ? C’était pourtant une promesse de campagne du président Trump.

Le prince Reza Pahlavi a raison. Je me répète mais il faut surtout éviter que le pays soit attaqué par une puissance étrangère. Nous ne pouvons pas reproduire l’erreur iraquienne qui reste un désastre que ce soit sur le plan politique ou culturel. Mais rien n’empêche ces pays d‘envoyer des conseillers militaires coordonner tout cela, ou d’armer les résistants iraniens pour qu’ils se battent contre le régime islamique. 

On sait que les Pahlavi sont très populaires parmi la diaspora iranienne. On entend leur nom scandé par les manifestants en Iran. Quel est donc le poids réel de la maison impériale en Iran ? 

Il est important. Les Iraniens restent très nostalgiques du règne du Shah qui a modernisé le pays. Souvenez-vous tout ce que l’impératrice Farah Diba a accompli pour les femmes, les artistes… Des chanteurs internationaux venaient se produire en Iran comme Charles Aznavour, un de mes chanteurs préférés. Le temps s’est brutalement arrêté avec l’avènement des mollahs. Le nom de Pahlavi en Iran est toujours resté synonyme de liberté.

Quel est selon vous le meilleur régime qui devrait être installé en Iran après les mollahs ? Une république laïque, une république parlementaire avec la Sharia, une monarchie constitutionnelle ?

Il y a ce que je pense et la réalité qui doit s’imposer. Naturellement, monarchiste et nationaliste, je préconise le retour d’une monarchie constitutionnelle pour l’Iran avec Reza Pahlavi à sa tête car c’est dans les veines de la culture iranienne. Mais avant de se poser cette question des institutions, mettons d’abord en place un gouvernement d’union nationale qui remettra de l’ordre dans le pays, qui s’attaquera à des sujets sociétaux comme les droits des femmes (fer de lance de la révolution), à la cause environnementale, qui réintroduira du capital dans le pays, et stoppera le chômage actuellement trop important notamment chez les jeunes. Il sera toujours temps, après, de poser la question aux Iraniens sur le type de régime qu’ils souhaitent une fois la stabilité revenue lors d’un référendum ou lors d’élections démocratiques.

Ne craignez-vous pas la talibanisation de l’Iran si le régime des mollahs tombe ? Un gouvernement de coalition nationale est-il réellement envisageable ?

Si on veut éviter ce schéma, il faut impérativement un gouvernement d’union nationale dès le départ et que je souhaite dirigé par le prince Reza Pahlavi, mon cousin. L’Iran ne sera pas l’Afghanistan pour la simple raison que les Iraniens ne souhaitent plus de fous d’Allah au pouvoir. Les partis politiques doivent cesser de s’attaquer les uns les autres, ils doivent agir pour le bien commun de nos compatriotes.

Quel rôle souhaitez-vous jouer dans le processus de transition démocratique ?

Je reste loyal à mon cousin Reza Pahlavi et s’il estime que je peux apporter ma pierre à l’édifice démocratique, je serai à 400% derrière la mission qu’il me confiera. Je suis ambitieux, mais pour mon pays et non pour mon intérêt personnel. Il n’est pas question que l’Iran revive ce qu’il a vécu en 1979 où chacun a tenté de titrer la couverture pour soi alors que le pays sombrait dans l’obscurantisme.

Imaginons un instant que la monarchie soit restaurée. Vous êtes techniquement l’héritier au trône du Paon selon la constitution impériale. Votre cousin n’a que des filles. Accepteriez-vous de céder votre place à la princesse Nour et soutenir son accession comme impératrice d’Iran ?

Du temps de Mohammed Reza Shah, la constitution imposait une succession exclusivement masculine. Les choses peuvent changer et je n’y suis pas opposé. La princesse Nour a toutes les qualités pour être une chef d’État et elle a été formée à bonne école par son père et sa grand-mère, l’impératrice Farah. Elle est très investie dans le combat pour le retour à la démocratie. Etant donné tout ce que les Iraniennes ont supporté durant 40 ans, ce serait légitime qu’elle devienne l’héritière officielle au trône. Elle sera une très belle reine et je soutiendrai cette idée. Elle a du talent.

Comment imaginer-vous l’Iran de demain ?

Une démocratie retrouvée ou chacun aura du cœur à l’ouvrage afin de redonner un avenir à notre pays et la place où il doit être. Un Iran qui doit être aussi neutre que la Suisse et un symbole de paix.

L’ADN de Dracula sous le regard de deux «détectives des protéines»

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Alors que des scientifiques effectuent actuellement des analyses biochimiques sur une lettre écrite par Vlad III l’Empaleur, retour sur la figure d’un prince de Valachie qui inspira l’œuvre majeure de Bram Stoker.


C’est un mythe qui continue de fasciner des générations entières. Celui de Dracula dont l’âme hanterait encore les Carpates et dont l’histoire plonge ses racines au cœur de celles du plus célèbre prince de Roumanie. Le 11 décembre 2022, le quotidien The Guardian a annoncé que Gleb et Svetlana Zilberstein, un couple de scientifiques, s’étaient lancés dans un travail d’analyses biochimiques sur une lettre retrouvée et écrite par le voïvode Vlad III Basarab. Entre le prince de la nuit, figure du gothisme 2.0, et celui de Bessarabie, une plume les sépare : celle de l’écrivain irlandais Bram Stoker qui va inscrire dans le marbre de la littérature son œuvre majeure, déclinée à toutes les sauces ketchup.

Représentation de Vlad Țepeș dans un tableau dépeignant le calvaire du Christ (détail), Vienne, église Notre-Dame-du-Rivage, 1460. D.R.

Sur ce document daté de 1475, où le prince de Valachie informe les habitants de Sibiu de son installation dans la ville, point de traces de morsures canines mais de la sueur, de la salive et des empreintes digitales. Une mine d’or pour ceux qui ont été surnommés les « détectives des protéines », bien qu’ils préfèrent eux-mêmes l’appellation de « chimistes historiques ». Ils ont déjà fait leurs preuves puisqu’ils ont permis de fournir de nombreuses informations sur les modes de vie de Mikhaïl Boulgakov, d’Anton Tchekhov et de George Orwell. Comme ils l’ont donc expliqué au média britannique, ils espèrent pouvoir reconstituer un « portrait moléculaire » de Vlad l’Empaleur et d’en savoir davantage sur « sa santé, ce qu’il mangeait et l’atmosphère dans laquelle il vivait ». D’après Gleb et Svetlana Zilberstein, l’extraction des molécules eut lieu 125 ans, jour pour jour, après la publication du roman de Bram Stoker. Toujours selon leurs dires, la pluie et la foudre se seraient abattues toute la nuit, accompagnées de hurlements de chiens. Une expérience qu’ils qualifient de « mystique » et qui leur fait penser que « le comte Dracula a béni sa libération des archives roumaines ». Mais si cette description théâtrale participe au mythe du noble vampire, qu’en est-il réellement du véritable Vlad Țepeș ?

Une vie mouvementée

Issu de la Maison Basarab, Vlad III naît, entre 1431 et 1436, à Târgoviște, capitale de la Valachie, ou à Sighișoara, en Transylvanie, en des temps troublés, selon une légende popularisée par l’historien roumano-américain Radu Florescu. Durant la première moitié du XVᵉ siècle, le Saint-Empire romain et les pays chrétiens d’Europe de l’Est sont menacés par les Ottomans. L’Empire byzantin vit ses dernières heures avant sa chute définitive en 1453. Les royaumes, comme la Valachie, qui se trouvent entre les deux empires, sont le théâtre de batailles acharnées entre l’islam et le christianisme.

Six siècles après sa mort, Vlad III Drăculea intrigue toujours. En Roumanie, sa figure a même été réhabilitée, lors de la période communiste

Son père Vlad II Dracul était un chevalier du Dragon, un ordre créé en 1408 par Sigismond de Luxembourg, afin de lutter contre les Turcs, dont le symbole était la Bête de l’Apocalypse, d’où son surnom. Vlad III sera d’ailleurs appelé Drăculea (« Fils du Dragon »), dont l’homonymie en roumain désigne aussi le Diable. Un terme qui sera repris par les chroniqueurs occidentaux allemands afin jeter le discrédit sur cette branche des Basarab. En conflit avec le voïvode de Transylvanie et régent hongrois Jean Hunyadi, Vlad II est obligé de s’allier avec l’envahisseur ottoman et envoyer ses fils Vlad et le futur Radu III le Beau en otages, à la cour du sultan. Le voïvode de Transylvanie profite de cette occasion pour assassiner le prince valaque et enterrer vivant son troisième fils Mircea II le Jeune.

De retour d’Andrinople, en 1448, son fils Vlad récupère son trône grâce aux hommes que lui a prêté le pacha Mustafa Hassan. Brièvement chassé, il revient victorieux en 1456 après deux mois d’exil. Il va encore régner six années, durant lesquelles il consolide son pouvoir en centralisant son autorité. En 1462, le prince valaque rompt son alliance avec les Turcs et leur déclare la guerre, allié à Matthias Corvin, le roi de Hongrie, dont il s’est rapproché. S’ensuit alors un terrible conflit, durant lequel Vlad Țepeș s’illustre par sa folie meurtrière, ses excès et son caractère imprévisible. A tel point que le tombeur de Constantinople Mehmet II tente de le faire assassiner dans la nuit du 17 au 18 juin 1462. Si le voïvode parvient à s’enfuir, sa femme va connaître un sort plus funeste. Une légende affirme qu’elle aurait trouvé la mort en tombant du haut de la falaise, au pied de la forteresse de Poenari, alors qu’elle tentait de s’échapper. Radu III le Beau, soutenu par les Ottomans, monte sur le trône de Valachie, laissant Vlad se faire arrêter par le roi de Hongrie qui ne veut plus entendre parler de lui. Ce dernier va le retenir captif pendant douze ans, sous le seul motif de sa réputation. En 1476, il retrouve sa couronne, avant d’être finalement tué au cours d’une bataille contre les Turcs, quelques mois plus tard. Un règne débuté dans le sang qui se termina dans le sang.

Un tyran sanglant

Vlad III est reconnu pour sa cruauté sans limite. Il n’hésitait pas à exécuter le moindre opposant à son autorité. Son châtiment favori était le supplice du pal (d’où son surnom d’Empaleur, – en roumain « Țepeș »), qui consiste à introduire un pieu dans l’anus du condamné, avant de le planter en terre. La victime est alors embrochée, jusqu’à ce que la pointe ressorte par le thorax, les épaules ou la bouche, agonisant dans d’atroces douleurs, décédant d’hémorragie interne, de faim, de soif ou tout simplement dévoré par les vautours. Un bâton arrondi était choisi pour que le supplice fasse moins de dégâts sur les organes internes et que la souffrance dure donc plus longtemps. Selon Johann Christian von Engel, Vlad Țepeș aurait découvert cette pratique, lorsqu’il était en otage chez les Turcs, qui utilisait régulièrement ce supplice. La Chronique de Brodoc contribuera grandement à forger l’image du prince de Valachie en « vampire sanguinaire se repaissant de chair humaine et buvant du sang, attablé devant une forêt de pals ».

C’est lors de son accession, le dimanche de Pâques 1457, qu’il inaugure cette pratique ancestrale. Bien décidé à se venger, il invite les boyards impliqués dans l’assassinat de son père et de son frère aîné, avec leurs familles, à un grand repas. Les femmes et les enfants seront arrêtés, empalés, les hommes obligés de marcher cent kilomètres et de reconstruire une citadelle de leurs mains avant de tous mourir d’épuisement. Sa cruauté sera sans limites. En 1461, il fait clouer les turbans des ambassadeurs de Mehmet II sur leurs crânes pour avoir refusé de les ôter en sa présence, avant de les empaler. Les historiens pensent aujourd’hui que Vlad n’a fait que prendre les devants, car Hamza Bey, l’un des émissaires, avait reçu l’ordre de le tuer ou de le capturer, s’il refusait les conditions du sultan qui marchait alors sur la Valachie. À l’arrivée du dirigeant turc, c’est une forêt d’officiers vaincus et empalés provenant de ses régiments qu’il découvre aux alentours de la demeure du voïvode. Un spectacle qui glacera le sang du souverain ottoman lui-même. Enfin, pour ajouter encore plus à la réputation de ce prince valaque, il se serait débarrassé des minorités encombrantes, telles que les gitans et les mendiants, en les invitant à un banquet et en les faisant brûler vifs…

Six siècles après sa mort, Vlad III Drăculea intrigue toujours. En Roumanie, sa figure a même été réhabilitée, lors de la période communiste, certains Roumains voyant en lui une sorte de justicier luttant contre les élites corrompues de son pays et les puissances étrangères. Avec une nuance toutefois. Dracula n’a été publié en langue roumaine, qu’après la mort de Nicolae Ceaușescu en 1989, afin d’éviter l’amalgame entre un tyran vampire et un dictateur sanguinaire !

L’analyse des différentes traces ADN présentes sur cette lettre pourrait donc nous permettre d’en savoir plus sur son mode de vie. Au risque de renforcer le mythe qui perdure.

De nos jours, Vlad l’Empaleur est une manne touristique fantastique pour le pays, comme l’en témoigne les affiches publicitaires pour les châteaux de Bran, qui ne fut jamais habité par le prince valaque, et de Hunedoara, où il aurait été emprisonné. Enfin, si l’on ne peut établir avec certitude qu’il existe des descendants de Vlad Țepeș, il semblerait qu’il soit un possible ascendant du roi Charles III. Lequel adore la Roumanie. Espérons que nos voisins britanniques ne se feront pas du sang d’encre sur le règne à venir après la lecture de cet article…

Drag queens: elles sont partout!

En Amérique, les drag queens ont envahi l’espace public. Et cela ne doit rien au hasard… Autrefois figures nocturnes et festives, elles sont devenues des figures politiques. Elles pourraient carrément occuper le devant de la scène de la prochaine élection présidentielle américaine.


En Amérique du Nord, on croirait que les drag queens ont littéralement envahi l’espace public. Maintenant, les drag queens sont partout, des émissions de télé aux derniers défilés en passant par les écoles où elles sont parfois chargées d’animer des activités. Évidemment, le tout en bonne partie grâce à l’argent de contribuables qui n’ont jamais voulu de ce vaste programme.

Le 6 février, nous avons même appris que le légendaire Carnaval de Québec – festivités hivernales remontant à 1894 – avait pris l’initiative d’interrompre la très réactionnaire tradition des duchesses, ces «miss» choisies pour incarner l’événement.

«Finies les duchesses, place maintenant aux drag queens et aux drag kings! Leur art flamboyant est à l’honneur cette année, célébré sur un char allégorique pour la toute première fois», se réjouit le journal Le Devoir.

Des figures de scène aux figures militantes

Interprétées par des hommes, les drag queens remplacent les femmes partout où elles peuvent dans un curieux renversement du féminisme. Aujourd’hui, on défend moins les droits des femmes que ceux des trans, nouveaux chouchous de l’establishment.

A lire aussi: Marguerite Stern et Dora Moutot: «Le féminisme actuel a été parasité par l’idéologie transgenre et queer»

Célébrées par le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, et une foule de politiciens, les drags queens sont plus demandées que le père Noël, ce personnage patriarcal de race blanche qu’il vaudrait peut-être mieux oublier au nom du progrès.

Autrefois de colorées et burlesques figures de cabaret, des figures nocturnes et festives défendues par des Charles Aznavour, un nouveau rôle leur a été confié: représenter l’idéologie trans, partager la bonne nouvelle de la déconstruction du «genre», un puissant courant social auquel les enfants et adolescents sont de plus en plus exposés. Généralement au détriment de leur équilibre psychologique.

Vers le transhumanisme

Je rappelle que le transgenrisme nie l’existence des deux sexes, proposant d’abolir les frontières entre le masculin et le féminin. Le transgenrisme rejette la «binarité» sexuelle pour mieux creuser le lit du transhumanisme, une idéologie qui vise «l’amélioration» de l’espèce humaine au moyen de la technologie.

Le corps humain est vu comme un objet destiné à être modelé, comme un simple avatar pouvant être modifié et reconfiguré selon ses aspirations personnelles. Autrement dit selon ses fantasmes. Sans toujours le réaliser, les drags sont devenues les porte-paroles de cette idéologie loin d’être subversive ou antisystème.

Une industrie capitaliste

Car comme l’a bien relevé Libre Média, en Amérique du Nord, le changement de sexe des adultes, mais aussi des enfants étiquetés comme «trans» est soutenu par une florissante industrie médicale et pharmaceutique qui a fait de la diversité son fonds de commerce. C’est très payant, la diversité sexuelle.

La liste des dix principaux contributeurs aux causes transgenres aux États-Unis en 2017-2018 (qui représentaient ensemble 55% de tous les financements) montre le rôle central occupé par Big Pharma dans ce nouveau marché du corps humain.

L’étude du «genre» est aussi devenue un domaine de recherche (ou plutôt d’endoctrinement) à part entière dans des dizaines d’universités occidentales, et certaines sont parmi les plus prestigieuses.

A lire aussi: Réforme des retraites: une étrange omission

Tous les jours aux États-Unis, des médecins sont grassement payés pour opérer des jeunes à qui l’imaginaire ambiant a fait croire qu’ils n’avaient pas le bon corps. Pour cette raison, plusieurs États comme la Floride ont commencé à légiférer pour encadrer sinon interdire certaines pratiques comme le fait de prescrire à des mineurs des bloqueurs d’hormones et de puberté. La question polarise de plus en plus les Américains et risque de s’inviter dans la prochaine campagne présidentielle.

Le wokisme triomphant

La prolifération des drag queens n’est pas la valorisation d’un art de scène un peu olé olé. C’est l’imposition du wokisme à toutes les sphères de la société. Surtout, c’est l’intrusion de la théorie du genre dans l’univers des enfants, une idéologie dont les effets peuvent être pour eux catastrophiques sur le plan psychologique, et irréversibles sur le plan corporel.

Quand il s’agit d’amputer un enfant d’une partie de son corps, le transgenrisme n’est rien d’autre qu’une boucherie criminelle. Il est temps de revenir à la raison.

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Les cocos soutiennent les cathos

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D.R.

Un journal mexicain de gauche, dans lequel Fidel Castro a publié des articles de 2007 à 2012, est adepte de la théorie du grand remplacement!


Épais quotidien mexicain, La Jornada n’a rien d’un repaire d’antimarxistes. Résolument hostile à l’atlantisme, il est toujours prompt à voler au secours du régime cubain. Dans un article nommé « Francia se inquieta », en date du 10 janvier, La Jornada dénonce l’immobilisme du Vatican face à la déchristianisation de la France. « Les attaques d’églises catholiques se succèdent sans qu’il y ait de réaction, alors que la moindre attaque d’une mosquée ou d’une synagogue provoque l’indignation générale », y écrit l’auteur mexicain Vilma Fuentes.

Parisienne d’adoption, on lui doit notamment le roman Les Greffiers du diable qui traite de l’implication du pouvoir mexicain dans le trafic de drogue. Après avoir dénoncé les ravages de la culpabilisation au sujet de l’évangélisation du Nouveau Monde, le règne du politiquement correct et l’état du catholicisme en France, l’écrivain y va franchement : « Le pape François semble croire que le grand remplacement est le seul avenir possible en Europe : la disparition du christianisme dans un continent peuplé d’islamistes. » Les ligues de vertu vont-elles accuser le journal favori de Fidel Castro de virer fasciste ? Ce sera difficile : de 2007 à 2012, des dizaines de tribunes du Lider Maximo y ont été publiées dans la rubrique « Reflexiones de Fidel Castro ». « En cette époque de démolition de la culture française et de la civilisation occidentale, laquelle ne pourrait être empêchée de s’étendre à d’autres continents en raison du caractère conquérant de l’islamisme, il serait nécessaire, si nous voulons survivre un peu plus […], de méditer une phrase de Paul Valéry : “Nous, civilisations, savons que nous sommes mortelles” », prévient Vilma Fuentes en guise de conclusion. C’est ce qu’on appelle nommer un chat un chat. Si même les soutiens de Cuba se mettent à incommoder la gauche olfactive, ne serait-il pas temps de nommer les choses telles qu’elles sont par chez nous, camarade ?

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Il faut parler d’un autre fiasco que celui du Stade de France

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Saint-Denis, 28 mai 2022 © Christophe Ena/AP/SIPA

Je parle de ces peines qu’on n’exécute pas…


Je ne me faisais aucune illusion: je connais trop bien les dysfonctionnements français pour être surpris par les faillites qui nous accablent. À propos du fiasco du Stade de France, un rapport cinglant dénonce une gestion calamiteuse tenant à la fois à un amateurisme ministériel et à une hiérarchie policière de ce fait dépassée. Nous avions raison de nous révolter. Notre pays a été sali nationalement et internationalement, cette honte n’a pourtant pas entraîné la moindre sanction.

Une étude peu reprise dans les médias

Un autre fiasco encore plus dévastateur, car structurel, a été porté à notre connaissance mais il a très peu ému l’opinion publique parce que l’information médiatique a été très chiche pour l’annoncer. Seuls le Figaro et CNews ont accompli correctement leur mission. Parce que, comme c’était essentiel, il convenait de ne pas trop en parler. Une perversion due à une absurde hiérarchisation des problèmes. Il ne suffit pas que les mauvaises nouvelles soient vraies : encore faut-il que le messager qui nous les apprend soit accepté par les gardiens de l’humanitairement et judiciairement correct.

L’Institut pour la Justice (IPJ) n’appartient pas à la catégorie des instances respectables pour le progressisme empli de mansuétude envers les multiples transgressions qui ne l’affectent pas. L’IPJ, il est vrai, n’éprouve de sollicitude que pour les victimes et s’obstine à déplorer la faiblesse ciblée d’une justice pénale dont les citoyens comprennent de moins en moins les décisions: dure avec les modestes, frileuse ou laxiste avec les violences en nombre, commises à un âge de plus en plus précoce.

A lire aussi: Prison: le plan A

Quelles sont donc ces données que l’étude de l’IPJ a communiquées et qui mettent le désastre en évidence ?

D’abord une véritable industrialisation des aménagements de peines de prison ferme. Entre 2016 et 2020, seulement 59% des condamnés à une peine de prison ferme ont été effectivement incarcérés. Le ministère de la Justice juge cohérent ce chiffre « correspondant à la part d’aménagement de peine qui regroupe la semi-liberté, les placements extérieurs ou l’usage du bracelet électronique apparu en 1997 sous Chirac et Jospin et qui a connu son essor sous Nicolas Sarkozy ».

Un peuple français qui attend, agacé

Il y a donc une schizophrénie constante entre l’attente populaire qui légitimement souhaite l’effectivité de la prison quand les cours l’édictent, et les pouvoirs de droite comme de gauche qui font tout pour la rendre autant que possible symbolique – tout en prétendant l’appliquer.

Cette contradiction explique pourquoi des multirécidivistes sortent bien avant le terme de leur incarcération avec le renouvellement, de ce fait, de délits ou de crimes qui indignent les citoyens. Un exemple fourni par un procureur mentionne le cas d’une personne ayant renversé et gravement blessé une douanière : « Cinq bracelets électroniques, un sursis libre, une libération conditionnelle, autant d’aménagements qui ont pour but la réinsertion (…) et voilà le résultat: une douanière qui aurait pu être tuée ».

A lire aussi, du même auteur: Sihem: une mort dans les règles?

Il est extraordinaire qu’on ne s’élève pas contre cette aberration qui permet un aménagement ab initio pour les peines de moins d’un an : le jugement d’un tribunal correctionnel édictant une peine ferme peut ainsi, contre toute logique, être dénaturé. Ce qui est évidemment de nature à discréditer les magistrats « initiaux ». On aboutit à des statistiques trompeuses: s’il y a eu une augmentation de 70% des peines de prison ferme entre 1999 et 2019 – de 55 000 à 93 000 -, elle est à relativiser puisque la faillite de l’inexécution est structurelle et rend caduque cette sévérité apparente. Enfin, en 2020, 8% des peines d’emprisonnement restaient inappliquées cinq ans après leur prononcé – soit 10 000 peines chaque année.

Ce tableau sombre montre un paradoxe qui devrait susciter une réforme politique radicale. Que penserait-on d’une entreprise, d’un service public, d’une institution dont la finalité suprême serait sans cesse mise à mal ? Le pire évidemment. C’est pourtant ce qui affecte gravement le système pénal et l’univers pénitentiaire. Face à ces dysfonctionnements structurels, est-il permis de s’interroger ? Au mois de juillet 2022, 65 % des Français estimaient que « les juges ne sont pas assez sévères ». Cette accusation de faiblesse est exagérée mais je suis persuadé que notre démocratie est ainsi faite – c’est l’un de ses vices – que ce que réclame le peuple n’est jamais le bienvenu… De quoi se mêle-t-il donc alors que le pouvoir, lui, sait ? Mais pour le pire…

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Les entrepreneurs montrés de l’index… senior!

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Manifestation contre la réforme des retraites, Paris, 19 janvier 2023. © OLIVIER CHASSIGNOLE/AFP

Réforme des retraites. Dans les seules nouvelles propositions vraiment concrètes évoquées par la Première ministre, Elisabeth Borne, on trouve le projet de « sanctions » des entreprises ayant de « mauvaises pratiques » dans l’emploi des séniors (une taxation supplémentaire !). Sans compter – si l’on peut dire – les ruptures conventionnelles, que le gouvernement entend également taxer davantage.


Dernière minute ! Coup de théâtre, hier soir, à l’Assemblée nationale. Les députés ont rejeté l’article créant un « index seniors » dans les entreprises par 256 votes contre 203. Cet index visait à inscrire le nombre d’employés seniors, et les actions de l’entreprise mises en œuvre pour favoriser leur emploi…

Le gouvernement, continuant dans le régime amendes et contraintes supplémentaires, se met peu à peu à dos tous les entrepreneurs de France. Même si nous n’avons pas franchement la mentalité manif’ et encore moins grève, est-ce bien le moment ? On peut comprendre la finalité, mais la politique de la taxe et de la pénalité rend les entreprises véritablement hostiles à ces pickpockets surentraînés ! Le gouvernement veut absolument innover, pour calmer la colère qui gronde. Pour cela, quoi de mieux que de rétablir une pseudo injustice, en s’attaquant aux entreprises ? À qui d’autre s’attaquer, d’ailleurs ? On nous demande déjà d’augmenter nos salariés mais aussi de les rendre actionnaires de nos entreprises, le tout en travaillant moins…

Au moment où l’Assemblée nationale se bat sur des sujets importants mais hélas avec des objectifs exclusivement politiques, que ce soit sur le partage de la valeur ou des retraites, les entrepreneurs qui ont des propositions, ne sont écoutés que d’une oreille et seulement par quelques parlementaires motivés. Personne en revanche ne se pose plus vraiment la question des régimes spéciaux. Pourquoi donc part-on à la retraite à 56,81 ans (très précisément !) à la RATP ?

Les propositions alternatives de Sophie de Menthon

Il est donc important de redonner concrètement des pistes, sur la façon de garder le plus longtemps possible les seniors dans l’entreprise. C’est une préoccupation des patrons, qui fait l’objet de recherches appliquées, en particulier au sein du mouvement ETHIC.

Voici des mesures efficaces et pragmatiques :

  • Supprimer inévitablement le principe des pré-retraites à Pole Emploi, tentation vertigineuse aussi bien pour les employeurs que pour les salariés (« puisqu’on y a droit ! »).
  • Mettre au point des formations flash, pour le secteur tertiaire en particulier, sur la maîtrise du digital (c’est prioritaire !).
  • Accepter le principe de mi-temps dégressifs sur deux ou trois ans, et sur mesure, en accord avec les entreprises et les salariés avec formation tandem interne des juniors, par exemple.
  • Aménager des formations complémentaires, incluses dans les emplois du temps (informatique, réseaux sociaux, formation des seniors sur la digitalisation…), dès 40 ans.
  • Travailler sur la question du salaire plus élevé des seniors, dont une partie pourrait être compensée par une baisse de cotisations.
  • Vraiment prendre en compte la pénibilité des emplois, et prévoir une deuxième carrière pour les seniors, dès l’apprentissage, pour les métiers les plus physiques. Rien ne sert de le dire si ce n’est pas immédiatement intégré dans les cursus d’apprentissage !
  • Créer un CDD de cinq ans, renouvelable, réservé aux seniors à partir de 58 ans avec charges allégées, pour inciter à leur recrutement. Il faut savoir, toutefois, que plus l’âge de la retraite est reculé, plus on recrute des salariés plus âgés (cela se vérifie dans tous les pays d’Europe).
  • Dans un autre ordre d’idées, il faut veiller à alléger le contexte général de l’emploi. Ainsi, lorsqu’un salarié a eu un accident dans sa carrière, le report de l’inaptitude sur le dernier employeur est injuste : la dernière entreprise n’a pas à subir seule financièrement la prise en charge de toute une vie d’un travailleur malade ou fragile…

Le travail c’est la santé !

Et puis, il faut redonner le goût du travail avec un discours politique et un discours entrepreneurial dès l’école. Or le glissement vers le confort, la paresse, le temps libre, la redondance de l’accusation de « pénibilité » (pour un peu c’est le retour à Zola) devient une intoxication nationale. Que dire devant des assertions telles que « il ne faut pas perdre sa vie à la gagner ! ». Comme le dit Luc Ferry : « La disparition de la foi religieuse fait que le paradis qu’on gagnait dans l’au-delà se trouve désormais dans la promesse d’une retraite miraculeuse ! »

Enfin, laissez travailler plus longtemps ceux qui le veulent ! Question de bon sens qui ne doit pas être très difficile à appliquer. À l’hôpital, nos meilleurs médecins, à la longue expérience, n’ont pas le droit de continuer à exercer ! Un philosophe de 72 ans ne peut pas non plus donner un cours à la Sorbonne, alors qu’il en donne à travers toute la France dans le privé, moyennant finances… Le comble c’est de vouloir faire travailler les gens plus longtemps et « en même temps » de l’interdire à ceux qui veulent de le faire.

Un désert d’objectivité et de bonne volonté…

Il faut aussi arrêter à tout prix de désigner les entrepreneurs qui réussissent, en têtes de turcs de tous ceux qui n’ont pas un pouvoir d’achat suffisant. Il semble que tout raisonnement sain soit écarté au profit de querelles idéologiques dont l’entreprise est hélas le cœur.

Le spectacle de l’Assemblée nationale est navrant, et devient le socle d’une forme de décadence de notre pays. Des vociférations, des huées, des contradictions, des guéguerres !

Un exemple désastreux pour les citoyens que nous sommes tous, et évidemment pour beaucoup de salariés qui font en réalité grève contre ceux qu’ils ont élus plutôt que contre une réforme qu’ils ne comprennent pas de toute façon.

Le redressement de la France passe par l’entreprise, c’est sa colonne vertébrale, quelle que soit sa taille ou son secteur d’activités. Va-t-on enfin le comprendre ? Il est presque trop tard…

La douteuse exemplarité de la Grande Mosquée de Paris

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Mosquée de Paris

Interrogé sur l’antisémitisme de certaines de ses ouailles, Chems-Eddine Hafiz dénonce une méconnaissance de l’islam.


Interrogé par Mohamed Bouhafsi sur RTL dans Focus Dimanche, le recteur de la Grande Mosquée de Paris a été amené à aborder, entre autres, le sujet des relations entre musulmans et juifs, et a alors déclaré : « la Grande Mosquée de Paris a toujours donné l’exemple. » Le lecteur en jugera, en se référant à des textes qui, il y a quelques années, se trouvaient sur le site internet de la Grande Mosquée de Paris (cf. la fin de cet article).

Deux remarques préalables sur ce que dit Chems-Eddine Hafiz à propos de Moïse. Il affirme que si un musulman dit « sale juif » à un juif, il s’insulte lui-même puisque l’islam reconnaît Moïse comme un prophète, et donc que « si vous vous attaquez aux personnes qui croient en Moïse, c’est-à-dire les juifs, vous êtes en train de commettre un acte anti-musulman, contre vous-même, c’est ça qu’il faut expliquer. » Et il impute les comportements répréhensibles de certains musulmans au fait que « les musulmans ne connaissent pas leur religion ».

Première remarque : si c’est réellement ce dont le recteur veut convaincre ses fidèles, alors sa tentative de désamorcer l’anti-judaïsme de l’islam est peut-être bien intentionnée mais totalement contraire aux enseignements de l’islam depuis des siècles, et de ce fait bien fragile. En effet, pour l’islam Moïse était musulman, et non pas juif, le judaïsme étant une falsification ultérieure des enseignements de Moïse, falsification que l’islam est venu rectifier pour rétablir le véritable message des prophètes successifs du dieu unique, d’Abraham à Jésus en passant par Moïse. Le christianisme, d’ailleurs, n’est qu’une autre de ces falsifications, également rectifiée par l’islam. Dès lors, l’argument du recteur pourrait éventuellement « protéger » les Juifs au sens « racial » du terme, mais malheureusement pas les juifs au sens de « ceux qui croient à la religion juive », ce qu’il semble pourtant avoir en tête en évoquant les « personnes qui croient en Moïse, c’est-à-dire les juifs. »

Deuxième remarque : Chems-Eddine Hafiz accuse les musulmans pour tenter d’innocenter l’islam (d’ailleurs, ne se livre-t-il pas très exactement à une généralisation du genre de celles qu’il reprochait à Houellebecq ?). Une fois de plus, il veut éviter à sa religion les très sévères critiques qu’elle mérite, et qui doivent impérativement lui être faites faute de quoi les « germes du mal » qui « sont dans les textes », pour citer Abdelwahab Meddeb, ne cesseront jamais de donner de nouvelles pousses empoisonnées. Je ne spéculerai pas sur les raisons de cette esquive systématique que pratique le recteur. Notons simplement qu’il est douteux qu’il parvienne à convaincre ses ouailles que les auteurs du Coran ne connaissaient pas leur religion…. à moins qu’il soit prêt à remettre en cause le dogme du Coran éternel et incréé, parole d’Allah dictée verbatim par Jibril/Gabriel et rapportée puis transmise avec une parfaite exactitude par le prophète de l’islam et ses disciples ? Ce serait salutaire, mais qu’il le dise clairement ! Faute de quoi, son silence ressemblera désagréablement à du « cépaçalislam », une volonté de convaincre les non-musulmans de baisser la garde pour pouvoir continuer impunément à proclamer parole divine un livre dans lequel il est écrit, par exemple (sourate 9, verset 30) : « Les Juifs disent « Uzayr est fils d’Allah » et les Chrétiens disent « Le Christ est fils d’Allah ». Telle est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent le dire des mécréants avant eux. Qu’Allah les anéantisse ! Comment s’écartent-ils (de la vérité) ? »

Sans parler bien sûr de certains hadiths suintant la haine des juifs, traditionnellement considérés comme authentiques, qui font donc partie intégrante de ce que l’islam sunnite des quatre madhhabs orthodoxes présente à ses fidèles comme références pour guider leurs vies.

Quant au fait que la Grande Mosquée de Paris aurait « toujours donné l’exemple », remontons simplement à ce que je constatais et exposais en 2017. Les citations que je rapportais alors dans un article parlent d’elles-mêmes. Elles ont depuis, et heureusement, été retirées du site internet de la Grande Mosquée de Paris, mais jettent un éclairage parlant sur l’exemplarité passée de cette institution….

Quel type de travailleur êtes-vous?

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Les 7 nains rentrent de la mine, Disney 1937 © MARY EVANS/SIPA

Dans l’univers impitoyable du travail, on trouve des collègues populaires, des meneurs d’ordre, des ambitieux et des fainéants. Pour progresser, mieux vaut connaître ses défauts et ses qualités.


1. Si vous étiez un employé ou un numéro 2, vous seriez :

a) Tullius Détritus dans La Zizanie. Vous savez instaurer des relations de respect mutuel qui rappellent les meilleures heures d’un congrès socialiste, vous avez d’ailleurs donné récemment votre mesure en coachant la dernière élection du chef du parti. Quand on sait que, pour vos dernières vacances, vous avez fait un road trip en Russie et en Ukraine, on comprend mieux pourquoi Xi Jinping vous a offert un voyage à Taïwan et Recep Tayyip Erdogan, un séjour en Grèce.

b) Pépin le Bref. Vous êtes le P’tit Pimousse de l’histoire de France. Petit, mais costaud. Votre n+1 est un roi fainéant. Un tantinet maniaque, vous n’hésitez pas à ramasser le sceptre qu’il laisse traîner un peu partout. De là à le garder…

c) Iznogoud, le Poulidor du putsch, toujours partant, jamais vainqueur. Vous illustrez parfaitement l’adage qui distingue obligation de moyens d’obligation de résultat : malgré l’énergie certaine que vous mettez dans votre projet d’ascension sociale par le crime, la société ne vous offre pas la reconnaissance espérée et la réussite vous fuit.

d) Prince Harry, duc de Sussex. Passe encore que vous ne serviez à rien tout en coûtant une blinde à votre famille, mais faut-il vraiment que vous soyez aussi geignard ? Un peu de dignité que diable, pensez à votre oncle Andrew !

A lire aussi, Céline Pina: De quoi le rejet de la réforme des retraites est le nom

2. Si vous étiez un grand guerrier, vous seriez :

a) Attila. Vous aussi êtes né pour être un killer, un « cost killer ». Devant vous la ressource humaine tremble et la masse salariale se rétracte. Hélas, point de horde de Huns pour vous aider à mener à bien votre mission salvatrice de délocalisation de la production au fin fond de la Papouasie. Personne pour vous aider à lutter contre le « quiet quitting » qui frappe notre jeunesse amollie dans le confort, en mettant les enfants au travail dès 5 ans pour leur apprendre la vie. Incompris, vous êtes seul et haï, mais votre fiche de paye affiche quatre zéros et votre femme a vingt ans de moins que vous, votre secrétaire aussi.

b) Jeanne d’Arc. Vous êtes la reine de la candidature spontanée et du lancement de carrière fulgurant. De bergère à général en un coup gagnant. Malheureusement vous connaissez des difficultés à l’international et avez du mal avec la filière anglo-saxonne. Méfiez-vous, vous pourriez vous y brûler les ailes.

c) Napoléon. Vous êtes un homme qui sait saisir les opportunités et bousculer le destin. Malheureusement vous ne vous épanouissez que dans le conflit et avez du mal à évoluer dans un cadre européen en respectant la souveraineté territoriale de vos partenaires.

d) Gaston Lagaffe. Vous n’êtes pas paresseux, c’est juste que votre créativité est incomprise de béotiens productivistes aux ambitions triviales et bassement matérialistes.

3. Si vous étiez un loser, vous seriez :

a) Hubert Bonisseur de La Bath dans OSS 117. Vous êtes particulièrement débile, mais encore plus chanceux. Toutes vos initiatives tournent à la catastrophe, mais ce sont vos partenaires qui en payent le prix. Alors pourquoi changer ? Hasta la vista, baby !

b) Jean-Claude Dusse dans Les Bronzés. Vous y croyez pourtant, vous ne ménagez pas vos efforts mais rien à faire, vous ne concluez pas. Allez, dites-nous tout, vous êtes commercial chez Dassault Industries et essayez de vendre des Rafale à nos amis européens ?

c) Cruella d’Enfer. Vous avez plus de charisme que les 101 dalmatiens et leur maître réunis mais voilà, vous êtes un méchant de dessin animé, donc condamné à perdre. Reconvertissez-vous dans le cinéma pour adulte, dans Orange mécanique, c’est le méchant qui gagne à la fin !

d) Bridget Jones. Bon, vous n’êtes pas le couteau le plus affûté du tiroir et vous passez trop de temps sur Tinder au boulot, mais vous savez donner de votre personne. Évitez juste de la donner à votre n+1, personne ne croira en votre mérite, mais tout l’open space dira que votre soutien-gorge vous sert de cordée.

4. Si vous étiez une entreprise, vous seriez :

a) Krupp. Une sympathique entreprise familiale, appuyée sur des valeurs traditionnelles : antisémitisme, exploitation de déportés, soutien au régime nazi… D’ailleurs vous avez même eu les honneurs du cinéma, Les Damnés de Visconti vous servent d’album de famille. De quoi donner envie d’élaguer son arbre généalogique. Justement le film vous fournit le mode d’emploi.

b) Apple. Votre ado passe son temps dans votre sous-sol avec un copain binoclard et boutonneux, et quand vous les espionnez cela ne sent pas la marijuana à plein nez. Vous avez peut-être touché le gros lot et pondu le nouveau Steve Jobs. Vous vous en doutiez un peu, il présente la liste des courses sous forme de Keynote et organise des brainstorming avec la perruche et les acariens du tapis pour choisir le nom du chien.

c) Une start-up. Vous comptez sous-payer vos salariés, mais vous avez installé un baby-foot dans l’open space et du coup vous atteignez les sommets de la coolitude patronale. Vous organisez des « stands up meeting », des ateliers de « design thinking » et vous vous filmez la bouche en cul-de-poule sur les réseaux en expliquant à vos followers que vos employés ne travaillent pas pour vous, mais avec vous. Au final vous fonctionnez comme une entreprise traditionnelle à coups de projets mal définis, de plannings aussi ambitieux qu’irréalistes, de discours de la hiérarchie déconnecté de la réalité du terrain. Bien sûr vous prenez seul toutes les décisions et quand ça tourne mal, vous êtes victime de l’incompétence des autres. Vous êtes sûr que vous n’êtes pas Emmanuel Macron ?

d) Une entreprise de niche. Vous investissez dans l’obsessionnel militant. Un bon marché captif de personnes qui pour se distinguer choisissent de faire quand même dans le grégaire, mais minoritaire. Du coup vous avez investi sur le véganisme. Vos produits sont dégueulasses, mais vous vous marrez bien dans les séances de brainstorming pour choisir les noms. Le coup du foie gras végan rebaptisé « faux gras », qui permet de vendre cher un mixage d’huile de palme, d’amidon de pomme de terre et de tofu, est votre coup de maître. Allez, une bonne côte de bœuf pour fêter ça ?


Résultats :

Un maximum de a)

Le Toxique. Aussi populaire qu’un inspecteur du travail dans un congrès du Medef ou qu’un staphylocoque doré dans un service hospitalier, vous savez mettre de l’ambiance dans l’open space. En matière de team building, vous faites plutôt dans la démolition par explosif et la notion de bienveillance dans le management vous donne envie de dissoudre des chatons dans l’acide. Dans votre dos, on vous appelle Benito. Vous ne comprenez pas pourquoi, vous n’êtes même pas italien.

Un maximum de b)

Le Leader. Meneur d’hommes né, au xiiie siècle vous auriez été Gengis Khan. Au xxie vous vous bornez à blinder vos projets et à organiser vos troupes en task force afin d’affiner votre plan d’attaque pour conquérir de nouveaux marchés en menant une guerre marketing totale. En bref, vous essayez de refourguer à Jean-René de chez Carrefour des œufs de lump daubés au prix du caviar. Cerise sur le logo, comme depuis l’affaire France Telecom pousser ses salariés au suicide pour alléger les équipes est mal perçu, vous êtes obligé de suivre des tutos sur le management par la bienveillance. Et dire que Gengis, lui, avait le droit de découper au sabre ses collaborateurs récalcitrants.

A lire aussi, Elisabeth Lévy : La retraite en héritage

Un maximum de c)

L’Ambitieux. Vous trichez sur vos rendements réels pour faire passer tous vos collègues pour des glandeurs. Si vous appelez cela « susciter une saine émulation au service du collectif » et réussissez ainsi à faire passer le mensonge et le sadisme pour de la « motivation par objectifs » et de la « conduite opérationnelle participative », vous avez toutes les chances d’obtenir une promotion.

Un maximum de d)

Le Fainéant. Pour vous voir, mieux vaut aller au bas de l’immeuble que dans votre bureau, votre principale activité étant la pause clope. Mais pendant que vous faites preuve d’un dynamisme acharné tout entier voué à la destruction de vos poumons, vous ne remplissez pas votre mission. Ce n’est pas grave, de toute façon vous êtes affecté à la surveillance d’usines où il ne se passe rien. Vous avez commencé votre carrière à Bhopal et venez d’être affecté à Tchernobyl.

Olivier Babeau: la société du spectacle a encore frappé!

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Image d'illustration Unsplash

Notre collaboratrice, persuadée que consacrer son temps libre au iaido et non à l’usage de la télécommande dans le starting block du canapé, est socialement déterminant, s’est amusée à lire La Tyrannie du divertissement, le dernier essai d’Olivier Babeau. Il l’a apparemment convaincue. Dis-moi ce que tu glandes, je te dirai qui tu es, y apprend-on… Et à la vieille interrogation sur le sens du travail doit se substituer une autre, non moins redoutable, sur le sens du loisir, prévient l’économiste.


Le jeune Olivier Babeau s’était entendu dire par son universitaire de père : « Prends un livre et lis ». Et aujourd’hui ses deux fils sont avides de vidéos footballistiques. C’est parce qu’il balance entre deux âges qu’il livre sa réflexion sur cette voie du temps libre, car « il est urgent de mieux transmettre à tous l’art de résister à soi ».

Entre une génération qui a créé le cordon USB sur le modèle du cordon ombilical et une autre qui croit fermement que ce dernier est la base du premier, le rapport à l’écran, à la lumière qui fut bleue, les nouvelles technologies proposent un nouveau pacte faustien, comme celui que Yuval Harari avait expliqué, concernant l’agriculture, dans Sapiens.

Buchet Chastel

Le stade néolithique a permis la tripartition du temps : temps pour les autres, temps pour soi et temps pour rien. Les loisirs qui s’indexent sur ces temps sont socialement déterminants : « Les loisirs creusent aujourd’hui les inégalités de façon plus dramatique qu’autrefois. » Autrefois, c’était par la skholè et l’otium qu’on reconnaissait un bon citoyen, maintenant, c’est à son degré de consommation, comme le disent certains qui y décèlent l’origine ontologique du « crétin ». Évident pense-t-on : encore faut-il en avoir compris les principes.

Centres d’intérêt 

Il y a trois loisirs : l’aristocratique (concentré sur le rapport aux autres, il est obsédé par l’appartenance au groupe), le studieux (reposant sur la mise à distance du plaisir. Il exerce le corps ou l’esprit pour en améliorer les capacités), et le populaire, dit aussi divertissement (qui s’épuise dans l’instant et n’a pas ou très peu d’effet au-delà du plaisir immédiat). Mais Babeau n’est pas un donneur de leçons, il sait que le lièvre a autant raison que la tortue : « Chacune des trois formes est indispensable » et « une répartition idéale serait par tiers. »

La nouvelle différenciation sociale se fait donc sur l’extracurriculaire qui, comme le veut le CV-type, apparaît dans la case « Centres d’intérêt ». L’usage que chaque groupe social fait de son temps libre est déterminant puisque « le temps libre n’est pas que notre présent. Il prépare surtout notre futur. » Balzac, qui ignorait tout des hikikomoris et du métavers, eût fait des merveilles avec ce nouveau « dis-moi ce que tu glandes, je te dirai qui tu es. »

Les technologies ont garanti un plus grand temps libre. Nous abandonnons peu à peu les tâches les plus rudes, et les disputes sur le corvéable à la vaisselle se sont pacifiées grâce à la machine dédiée à la tâche. Le temps libre a gagné sans cesse en minutes, puis en heures : « En cinquante ans, ce sont 500 heures de loisirs qui sont conquises pour un travailleur moyen ! L’équivalent d’un mois de vie éveillée supplémentaire chaque année. » Vertigineux ? Angoissant ? Là est le drame du temps libre, car le seul problème existentiel reste le choix.

Alors, pour nous l’éviter, les pouvoirs publics ont accepté d’occuper ce treizième mois pour nous. « En France, rappelle Babeau, lorsque la loi de 1906 a réinstitué le dimanche chômé dans une perspective laïque, elle le fait reposer sur deux valeurs nouvelles : le repos et la famille… [les pouvoirs publics] lui substituèrent l’idée d’une nécessité d’ordre public. » Le problème se pose lorsque une famille lambda se retrouve désœuvrée le dimanche et que les parents, laissant libre cours à la responsabilité de leurs enfants, leur disent « fais ce que voudras ». Car le temps est en vue de quelque chose, de la religion, des autres ou simplement de soi, « la question du sens de l’existence se concentre dans ces moments où l’on peut faire ce que l’on veut. » « Fais ce que voudras » n’a plus le sens que Rabelais lui donnait.

Nous avons cru un temps que la culture s’était démocratisée : que la télévision mettait à la portée de tous le Trouvère de Verdi à l’opéra Bastille, que le tourisme faisait accéder chacun à Angkor et que tous, nous pourrions via la réalité virtuelle revivre sur la Terre des Pharaons.  Mais Babeau est catégorique : « La démocratisation de la culture n’a pas eu lieu. » la Télévision a érigé Cyril Hanouna en prophète et le Grand Tour, qui jadis vous emmenait dans toute l’Europe, ne consiste plus qu’à tourner en rond autour de son nombril sur l’axe de rotation d’une perche à selfie.

La paresse culturelle croît

L’occupation du loisir est donc devenue la nouvelle stratégie de différenciation des classes sociales et si l’on doute, comme Eugénie Bastié, que les classes dominantes soient toujours aussi cultivées, il est indéniable que notre vie professionnelle est en partie le résultat de la capitalisation des loisirs que nous avons eus. Le triomphe du divertissement ne touche pas toutes les classes sociales de la même façon, et c’est un choix civilisationnel qui se pose à chacun. Le « non ! » de Bérenger à la fin du Rhinocéros d’Ionesco n’est pas facile à dire…

Comme tout économiste, Babeau cède à la tentation de l’équation élégante : « inégalités = (environnement + hasard).(g+effort)». g étant le facteur intelligence, il est quasiment impossible de modifier l’environnement d’un élève et le kairos, l’occasion propice — à la Castellane, par exemple, zone à trafics des Quartiers Nord de Marseille — passe rarement… On ne peut agir que sur un seul facteur : l’effort, la volonté.

Mais voilà : la paresse culturelle croît, la révolution que la sédentarisation a permise est sur le point de se reproduire avec les écrans. Car si c’est avec eux que l’on se distrayait du travail avant le covid, c’est avec eux qu’on travaille maintenant.

Or, l’écran est par essence même le divertissement : il détourne le regard d’un endroit à l’autre, une pub par-ci détourne d’une pub par-là. Tiktok et ses chorégraphies « en mode stroboscopique » montre l’aspect kaléidoscopique de notre ennui car le vide informationnel est le méthylphénidate de notre vide intérieur.  « Le loisir distrayait du travail. Aujourd’hui le travail vient distraire d’une vie de loisir. » On comprend d’autant plus la tragédie d’une vie sans emploi…

Sens du travail et sens du loisir

Alors que faut-il pour ne pas intégrer malgré soi la fabrique du crétin ? Il faut développer notre « cortex frontal » qui peut « inhiber la compulsion de notre striadum pour le plaisir immédiat », car si « la connexion fronto-striatale » ne se fait pas, ou mal, « c’est notre capacité à résister à nous-même qui diminue » explique Gérald Bronner. Dur ? Pas tant que cela, puisqu’on apprend bien à un chien à ne pas toucher à la balle bruyante la nuit.

En revanche, l’école, avec le principe du divertissement des élèves n’est-elle pas devenue l’instrument chargé d’atrophier ce goût de l’effort, cette volonté de soi, qui était le seul levier capable d’être actionné par tous pour son propre bien futur ? À la Fabrique du crétin (J-P Brighelli) s’ajoute la Fabrique du crétin digital (Michel Desmurget) : « L’école n’est à la limite que le moment de vérification et d’épanouissement d’acquis fondamentalement préparés au-dehors », note judicieusement Babeau.

Qui arrive en classe les mains vides, n’en repart pas la tête pleine ? « La culture générale, précise l’essayiste, accomplit aujourd’hui un grand retour (pour l’instant, il est vrai, peu remarqué) dans la panoplie des armes du succès. … le XXe siècle était celui des spécialistes ; le XXIe est celui des généralistes » — sauf que de culture générale à l’école, peu de nouvelles : quand des élèves donnent comme exemple de la monarchie absolue de droit divin la décapitation de Louis XIV en 1789 par Charles Martel, on ne peut rien objecter à Babeau…

Et en pleine crise du débat sur les retraites, la lecture de cet essai permet de prendre à l’envers le débat sur l’allongement ou non de la durée de cotisation : « À la vieille interrogation sur le sens du travail doit se substituer une autre, non moins redoutable, sur le sens du loisir ». Ce n’était pas exactement ce qu’avait en tête Lafargue quand il parlait en 1880 du « droit à la paresse ».

Olivier Babeau, La Tyrannie du divertissement, Buchet-Chastel, 285 p.

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Pour faire le portrait d’un bobo

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La façade de l'immeuble du journal Le Monde à Paris, janvier 2015. SIPA.

Faire le portrait de M, c’est faire le portrait des bobos. Le magazine, branché, intersectionnel, modulable comme une citadine polyvalente segment B, une Pastabox réchauffée aux micro-ondes positives, ravit les « mutins de Panurge et rebellocrates » (Muray)…


En feuilletant M (le supplément hebdomadaire du Monde) du 11 février, j’ai pensé au poème de Prévert, Pour faire le portrait d’un oiseau. « Peindre d’abord une cage / Avec une porte ouverte / Peindre ensuite / Quelque chose de joli / Quelque chose de simple / Quelque chose de beau / Quelque chose d’utile pour l’oiseau … ». Ça pianote, piaille, piaffe, sur YouTube, TikTok, le métavers, mais les rois de l’azur, princes des nuées – Baudelaire et L’Albatros – ont du plomb dans l’aile et Paname a perdu 70% de ses moineaux. Le monde change de peau : sera-t-il doux et sucré comme la liberté ? Des bécasses activistes, jeunes oies édifiantes, pigeons, I Soli ignoti, s’emploient, font des piges sur le male gaze et les Malgaches.

Notre chroniqueur a feuilleté pour vous M Le magazine (woke) du « Monde » de la semaine

Faire le portrait de M, c’est faire le portrait des bobos. Le magazine, branché, intersectionnel, modulable comme une citadine polyvalente segment B, une Pastabox réchauffée aux micro-ondes positives, ravit les « mutins de Panurge et rebellocrates » (Muray). L’important c’est d’aimer. Du Beau, du Bon, du Bien, du Benêt : M le Béni.  Sur toutes les pages, sur les images dorées des news magazines, Liberté, j’écris ton nom. Les promesses d’émancipation par la culture et l’éducation n’ont pas été tenues mais les dominés font la Une et le buzz. Partout triomphent l’indignation multiculturelle, la libre circulation des vaincus et du politiquement correct, le capitalisme de la révolte. « Les jeunes consciences ont le plumage raide et le vol bruyant » (Michaux).

Woke en stock 

Cent mille milliards de voyages, idées malignes, belles pensées, chemins de traverse : le menu M du weekend dernier était particulièrement savoureux.

– La gazette. Bill Clinton fête l’anniversaire de la création du congé maternité à la Maison-Blanche. La Comédie-Française chante Gainsbourg. La propriété normande de Léopold Sédar et Colette Senghor se transforme en maison de la poésie et résidence d’auteurs.  Dimanche 5 février, séance inaugurale de l’Institut La Boétie. Pour former les cadres insoumis à la servitude volontaire, la chaire est castriste. Une armée de guérilleros à la retraite, doctorants indigents, zadistes indignés, Boyard, Bayard, Brutus, spécialistes d’habitus et compost équitable, brûle des flambeaux de cire rouge. Dussopt est guillotiné, Bayou a pris un clystère. Lundi, grève. Mardi, manif. Mercredi, Edouard Louis Ragueneau a perdu un amant et changé d’éditeur. Jeudi, Mélenchon – comte de Guigne de la Nupes – dit Non à Macron. Vendredi, Annie, Duègne de France. Samedi, Piketty, à Rousseau a dit Oui. « La grandeur de la Gauche, c’est de vouloir sauver les médiocres. Sa faiblesse c’est qu’il y en a trop » (San Antonio).

A lire aussi: Waly Dia, la répétition sans comique

– En couverture et plat de résistance de M, Tony Estanguer, le Boss du comité d’organisation des JO. Triple champion olympique, sourire enjôleur, Tony sait y faire. « Les JO 2024 seront spectaculaires, populaires et écologiques ». La grosse angoisse, ce sont les sauvageons à capuche et machette, les hooligans anglais du 93. Tony est malin : le Dies irae, les larmes, lacrymo, la sécurité, relèvent du pouvoir régalien.

Gros plan sur Les Vaginites, un trio trash punk engagé. Zororité, Rage against ze machists, Moche is beautiful. En culotte maculée de sang, Corinne Masiero et ses joyeuses Collégiennes résistent, chantent « les vieilles, les imbaisables, les hystériques, les dépentesques… choune, moule, foune, brousse, buisson, c’est l’hymne à la vulve » … Vaste programme. Pervers Prévert ? Est-ce que le pont va casser ? Faut-il fendre la Presse ?

 – C’est plus compliqué pour David et Samir qui filent le parfait amour à Tel-Aviv. Le nouveau gouvernement Netanyahou est à droite, fonder une famille impliquera des défis, les tabous sont tenaces, la famille de Samir est tradi : son beau-frère menace de l’enterrer vivant s’il fait un coming-out, sa mère veut le faire soigner. On dirait un sketch de Muriel Robin.

 – La photographe Joanna Piotrowska « met en lumière l’intimité de corps en lutte, celle d’individus qui résistent à toutes sortes de dominations ». Les corps sont sous tension, la politique se niche dans les tapis. Formée à Londres et Cracovie, Joanna aime Chirico, Kafka, Virginia, Moravia. Hyperactive, « elle met en scène des êtres vulnérables … déploie une stratégie anti spectaculaire », construit des cabanes avec des nappes, des porte manteaux, des abat jours, cherche des bourses de recherche. Ses compositions « chorégraphiées au cordeau » sont exposées au BAL, 6, impasse de la Défense. 

Aux Bouffes du nord, Lyna Khoudri interprète Perdre son sac, écrit et mis en scène par Pascal Rambert. « Un texte nerveux dans lequel une laveuse de vitres règle ses comptes avec la société capitaliste… L’héroïne passée par une classe prépa évoque sa précarité, sa révolte, ce mode capitaliste où il est impossible de naviguer, mais aussi son goût des femmes ». Ouvrez, ouvrez la cage aux bobos, regardez-les s’envoler, c’est beau….

La Révolution est un diner de Gala

Pour la gastronomie, les forçats de la faim, M recommande un cake au citron à la pâte aérienne vendu rue de Bretagne, axe central du haut Marais. À l’affiche d’A la belle étoile, le vidéaste et influenceur Riadh Belaïche est intarissable sur les bricks, « fourre-tout culinaires géniaux », les lasagnes et fraisiers succulents préparés par sa maman.

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La fin du magazine est visuelle, c’est la Mode, toujours décalée, métissée, audacieuse. Cette semaine, c’est L’équipée sauvage. « Chaussée de grosses bottes de moto ou de fines sandales, en minijupe ou pantalon de cuir, la bikeuse n’a besoin de personne pour prendre des chemins de traverse ». Une brune pas épaisse prend des pauses rebelles pour vendre des blousons en cuir, blouse à capuche en soie, boucles d’oreilles en argent et quartz.

Les chroniques engagées, reportages coup de poing sont entrecoupés de publicités pleine page. C’est la lutte finale des marques, l’Internationale des poids lourds du Dow Jones, Cac 40, Nikkei 225. Pour toutes les bourses. Avis aux Vaginites : un nouveau sérum permet de diviser les rides par deux en quatre heures, réduire 80% des signes de l’âge en 30 jours.  Grâce aux technologies Beauté, les plus belles coiffures ! Une eau de parfum pour vivre au rythme de la ville. Le nouveau E tech full Hybrid fait 200 ch. Le monde va changer de base mais l’actionnariat, le cœur de cible et la cible du cœur restent stables : CSP +. Qui ça ? Les bobos ; Ah bon, mais où ça ? Les bobos.

Bourgeois-bohème, Gauche caviar… On dit « Champagne socialist » en Angleterre, « Limousine liberal » en Amérique, en Italie « Radical chic », « Salonkommunist » en Allemagne.

« Pour être anarchistes, il ne nous a manqué que de l’argent » (Alfred Capus).

«Soyons unis face au régime mafieux des mollahs»

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Des manifestants brandissent des portraits des Pahlavi, Strasbourg, 16 janvier 2023 © Jean-Francois Badias/AP/SIPA

Héritier direct au trône du Paon selon la loi de succession impériale, le prince Davoud est membre de la maison des Pahlavi. Enfant, il a vécu les grandes heures de la monarchie iranienne avant d’être contraint de s’exiler avec sa famille en France après la révolution de 1979. À 51 ans, il est un opposant actif au régime des mollahs. Il a été reçu en novembre 2022 au Palais du Luxembourg aux côtés de l’impératrice Farah Pahlavi et de la princesse Noor Pahlavi, fille du prince Reza Shah Pahlavi II, influent porte-parole de l’opposition iranienne. 


Causeur. Le 16 septembre 2022, le décès tragique de Masha Amini a été la « goutte d’eau qui a fait déborder le vase ».  Les Iraniens se sont soulevés contre le régime des mollahs. Frappés par une crise économique, ils réclament de plus en plus de libertés. La répression est violente, et pourtant, si le mouvement montre quelques signes de faiblesse, il demeure toujours aussi actif. Assiste-ton au début de la fin inéluctable du régime théocratique iranien ?

Davoud Pahlavi. Selon moi, on assiste à une vraie révolution qui va changer le cours de l’histoire. Les Iraniens sont épuisés par tant d’années de crise économique. Ils ont perdu tout espoir et n’ont plus rien à perdre. Cela fait quatre mois que les manifestants ne lâchent pas un bout de rue et il faut saluer leur courage, leur ténacité.

Davoud Pahlavi.D.R.

Quelles sont les réelles incidences de ces manifestations sur le régime iranien ?

Je pense que le régime ne s’attendait pas à une telle ampleur de manifestations. Il est évident que le régime craint désormais d’être renversé et cela explique pourquoi le pays a basculé dans un bain de sang. A chaque jour son lot de violence. Une répression ordonnée par un régime mafieux qui n’hésite pas assassiner, ses pères et ses mères, ses fils et filles, ses frères et ses sœurs…

Le rôle des femmes est indéniable dans le déclenchement de cette révolution. En Iran, elles sont des milliers à enlever le voile de leur tête en signe de défiance au régime en place. En France, on a assisté à des manifestations de soutien en faveur de la démocratisation de l’Iran. Mais un certain communautarisme prône le port du voile aux femmes. Comment analysez-vous cette contradiction ?

Je ne suis pas étonné. Les Français doivent savoir que l’Iran finance ce genre de communautarisme, la construction de mosquées qui ont des prédicateurs soumis à Téhéran ou certains mouvements politiques. Je pense que vous avez une idée du parti auquel je fais nettement allusion. Faire tomber le régime des mollahs, c’est déjà enrayer ce communautarisme présent en France.

En 2015, la communauté internationale a signé l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien avec Téhéran. Il a été salué comme une grande avancée avant que les Etats-Unis ne s’en retirent sous le mandat de Donald Trump et y reviennent en fanfare sous celui de Joe Biden. C’est quasiment devenu une arme de chantage pour les mollahs. Peut-on dire que l’Iran a manipulé les Occidentaux pour mieux se renforcer politiquement et militairement ?

On ne peut mieux dire. La République islamique est diplômée en doctorat du mensonge. Ils ont des diplomates de haut-niveau qui ont rapidement appris l’art de la manipulation et il ne faut surtout pas les sous-estimer. Je pense que Donald Trump a très bien fait de sortir de cet accord qui ne fait que profiter aux mollahs. Ceux-là mêmes qui n’hésitent pas à détourner l’aide financière qui est adressée aux Iraniens par la communauté internationale. C’est une vraie mafia institutionnalisée. Les sanctions contre les mollahs sont essentielles et doivent être renforcées.

Comment jugez-vous l’attitude de l’Europe par rapport aux événements actuels qui secouent l’Iran ?

Je la vois de manière très positive, et notamment de la part de la France qui, je le rappelle, conserve une position de leadership sur les questions liées au Moyen-Orient qu’elle connaît bien. Je suis plus critique à l’égard des actions de Joe Biden qui joue un double jeu selon moi. Ménager la chèvre et le chou n’est certainement pas ce qu’il faut faire avec les mollahs. Comprenez-moi bien, il n’est plus dans l’intérêt de personne de continuer à soutenir un tel régime. Nous devons restaurer la démocratie en Iran. Cela profitera à tous économiquement y compris aux Iraniens et aux autres pays. Le Hezbollah sera privé de tout soutien et cessera ses actions de déstabilisation au Liban. Il n’y aura plus de menaces contre l’Etat d’Israël. L’Iran a tissé une toile dont le seul but est d’exporter partout sa révolution. Même la Russie qui a toujours été un allié de l’Iran commence à revoir sa collaboration avec Téhéran. C’est un régime qui est acculé.

L’opposition regroupe divers mouvements politiques mais elle a du mal à se structurer ? Pourquoi ?

Cela fait six mois que les diverses oppositions se parlent, mais il y a également des ambitions personnelles, alors que nous devrions être unis pour les Iraniens. Les distributions de postes ne devraient pas être une priorité sur les agendas des différents partis. Nous devons libérer le pays avant tout et peu importe les différentes idéologies. Nous devons monter dans le train de l’Histoire, c’est impératif. Je ne peux qu’appeler chaque mouvement à montrer l’exemple, faire preuve d’unité et se rassembler derrière le prince Reza Pahlavi qui est un leader naturel et incontournable. Si on aime l’Iran, c’est le devoir national de tous.

L’opposition a-t-elle vraiment des contacts sur place capables de coordonner un mouvement hétéroclite et populaire qui réclame un leader pour le représenter internationalement ?

Oui, nous avons des contacts sur place mais vous comprendrez que je ne peux en dire plus pour des raisons de sécurité des personnes concernées.

Le prince Reza Pahlavi soutient les accords d’Abraham qui normalisent les relations entre Israël et les autres pays arabes. Est-ce important que Jérusalem apporte son soutien à la chute du régime théocratique ? N’y a-t-il pas un risque d’effet kiss-cool alors que l’Iran accuse par exemple les Pahlavi d’être financés par l’Arabie Saoudite ?

La famille impériale n’a jamais été financée par l’Arabie Saoudite. C’est un mensonge qui a été fabriqué par les mollahs. Nous aurons besoin de tous les pays pour reconstruire l’Iran après les mollahs. Israël a toujours été un pays ami du temps du défunt shah, et il me paraît naturel qu’il soit à nos côtés. Nous devons reprendre des relations diplomatiques avec Jérusalem. La chute des mollahs rapprochera les peuples, c’est une évidence pour moi tout comme le retour des Pahlavi en Iran est indispensable pour la stabilité de la région.

Le prince Reza Pahlavi promeut le renversement du régime par des voies pacifiques. On voit aujourd’hui que cela a ses limites et que les résultats escomptés ne sont pas là. Quelle est la stratégie prévue désormais ?

Je vais clarifier vos propos. Quand le prince Reza parle de mouvement pacifique, il sous-entend surtout qu’il ne souhaite pas d’intervention militaire depuis l’extérieur. De l’intérieur, rien n’est à exclure. C’est terrible à dire, mais l’Iran est déjà en guerre civile depuis que les mollahs ont décidé de réprimer durement la révolution. Vous n’imaginez pas les exactions que subissent mes compatriotes. Certains ont déjà pris les armes contre les partisans des mollahs comme les gardiens de la Révolution qui tuent à tour de bras.

Ali Khamenei est le guide suprême de la République islamique d’Iran depuis 1989, date à laquelle est décédé l’ayatollah Khomeiny, tombeur des Pahlavi. On le sait malade, dépressif, paranoïaque. On a eu vent de rivalités internes qui font craindre un remplacement à la tête du pouvoir. Le régime peut-il se durcir au détriment des Iraniens ? 

Plus il est menacé, plus il se durcit. Mais cela veut dire aussi que le pouvoir se sent menacé. On constate que même au sein du gouvernement des voix semblent prêtes à lâcher Khamenei. Le tout est de savoir quand cela va-t-il arriver !?

On sait que la force du régime se trouve dans le corps des Gardiens de la révolution.  L’opposition appelle l’armée à rejoindre les manifestants et Téhéran aurait d’ailleurs purgé ses régiments des éléments sensibles aux manifestations. Quel est l’état d’esprit de l’armée actuellement selon vous ? Peut-elle faire la différence ?

C’est un sujet sensible. Pour moi, avant tout, le peuple est une armée en soi. Les militaires attendent de voir comment la situation va évoluer et le bon moment pour intervenir aux côtés des manifestants. Je suis persuadé qu’ils rejoindront la révolution car ils restent proches du peuple. Ils ont tous un frère, un père, une sœur qui a été arrêté par le régime.

Les Etats-Unis ont été prompts à finir le job en Irak. Pourquoi ne sont-ils toujours pas intervenus en Iran ? C’était pourtant une promesse de campagne du président Trump.

Le prince Reza Pahlavi a raison. Je me répète mais il faut surtout éviter que le pays soit attaqué par une puissance étrangère. Nous ne pouvons pas reproduire l’erreur iraquienne qui reste un désastre que ce soit sur le plan politique ou culturel. Mais rien n’empêche ces pays d‘envoyer des conseillers militaires coordonner tout cela, ou d’armer les résistants iraniens pour qu’ils se battent contre le régime islamique. 

On sait que les Pahlavi sont très populaires parmi la diaspora iranienne. On entend leur nom scandé par les manifestants en Iran. Quel est donc le poids réel de la maison impériale en Iran ? 

Il est important. Les Iraniens restent très nostalgiques du règne du Shah qui a modernisé le pays. Souvenez-vous tout ce que l’impératrice Farah Diba a accompli pour les femmes, les artistes… Des chanteurs internationaux venaient se produire en Iran comme Charles Aznavour, un de mes chanteurs préférés. Le temps s’est brutalement arrêté avec l’avènement des mollahs. Le nom de Pahlavi en Iran est toujours resté synonyme de liberté.

Quel est selon vous le meilleur régime qui devrait être installé en Iran après les mollahs ? Une république laïque, une république parlementaire avec la Sharia, une monarchie constitutionnelle ?

Il y a ce que je pense et la réalité qui doit s’imposer. Naturellement, monarchiste et nationaliste, je préconise le retour d’une monarchie constitutionnelle pour l’Iran avec Reza Pahlavi à sa tête car c’est dans les veines de la culture iranienne. Mais avant de se poser cette question des institutions, mettons d’abord en place un gouvernement d’union nationale qui remettra de l’ordre dans le pays, qui s’attaquera à des sujets sociétaux comme les droits des femmes (fer de lance de la révolution), à la cause environnementale, qui réintroduira du capital dans le pays, et stoppera le chômage actuellement trop important notamment chez les jeunes. Il sera toujours temps, après, de poser la question aux Iraniens sur le type de régime qu’ils souhaitent une fois la stabilité revenue lors d’un référendum ou lors d’élections démocratiques.

Ne craignez-vous pas la talibanisation de l’Iran si le régime des mollahs tombe ? Un gouvernement de coalition nationale est-il réellement envisageable ?

Si on veut éviter ce schéma, il faut impérativement un gouvernement d’union nationale dès le départ et que je souhaite dirigé par le prince Reza Pahlavi, mon cousin. L’Iran ne sera pas l’Afghanistan pour la simple raison que les Iraniens ne souhaitent plus de fous d’Allah au pouvoir. Les partis politiques doivent cesser de s’attaquer les uns les autres, ils doivent agir pour le bien commun de nos compatriotes.

Quel rôle souhaitez-vous jouer dans le processus de transition démocratique ?

Je reste loyal à mon cousin Reza Pahlavi et s’il estime que je peux apporter ma pierre à l’édifice démocratique, je serai à 400% derrière la mission qu’il me confiera. Je suis ambitieux, mais pour mon pays et non pour mon intérêt personnel. Il n’est pas question que l’Iran revive ce qu’il a vécu en 1979 où chacun a tenté de titrer la couverture pour soi alors que le pays sombrait dans l’obscurantisme.

Imaginons un instant que la monarchie soit restaurée. Vous êtes techniquement l’héritier au trône du Paon selon la constitution impériale. Votre cousin n’a que des filles. Accepteriez-vous de céder votre place à la princesse Nour et soutenir son accession comme impératrice d’Iran ?

Du temps de Mohammed Reza Shah, la constitution imposait une succession exclusivement masculine. Les choses peuvent changer et je n’y suis pas opposé. La princesse Nour a toutes les qualités pour être une chef d’État et elle a été formée à bonne école par son père et sa grand-mère, l’impératrice Farah. Elle est très investie dans le combat pour le retour à la démocratie. Etant donné tout ce que les Iraniennes ont supporté durant 40 ans, ce serait légitime qu’elle devienne l’héritière officielle au trône. Elle sera une très belle reine et je soutiendrai cette idée. Elle a du talent.

Comment imaginer-vous l’Iran de demain ?

Une démocratie retrouvée ou chacun aura du cœur à l’ouvrage afin de redonner un avenir à notre pays et la place où il doit être. Un Iran qui doit être aussi neutre que la Suisse et un symbole de paix.

L’ADN de Dracula sous le regard de deux «détectives des protéines»

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Christopher Lee "Dracula" de Terence Fisher (1958) © MARY EVANS/SIPA

Alors que des scientifiques effectuent actuellement des analyses biochimiques sur une lettre écrite par Vlad III l’Empaleur, retour sur la figure d’un prince de Valachie qui inspira l’œuvre majeure de Bram Stoker.


C’est un mythe qui continue de fasciner des générations entières. Celui de Dracula dont l’âme hanterait encore les Carpates et dont l’histoire plonge ses racines au cœur de celles du plus célèbre prince de Roumanie. Le 11 décembre 2022, le quotidien The Guardian a annoncé que Gleb et Svetlana Zilberstein, un couple de scientifiques, s’étaient lancés dans un travail d’analyses biochimiques sur une lettre retrouvée et écrite par le voïvode Vlad III Basarab. Entre le prince de la nuit, figure du gothisme 2.0, et celui de Bessarabie, une plume les sépare : celle de l’écrivain irlandais Bram Stoker qui va inscrire dans le marbre de la littérature son œuvre majeure, déclinée à toutes les sauces ketchup.

Représentation de Vlad Țepeș dans un tableau dépeignant le calvaire du Christ (détail), Vienne, église Notre-Dame-du-Rivage, 1460. D.R.

Sur ce document daté de 1475, où le prince de Valachie informe les habitants de Sibiu de son installation dans la ville, point de traces de morsures canines mais de la sueur, de la salive et des empreintes digitales. Une mine d’or pour ceux qui ont été surnommés les « détectives des protéines », bien qu’ils préfèrent eux-mêmes l’appellation de « chimistes historiques ». Ils ont déjà fait leurs preuves puisqu’ils ont permis de fournir de nombreuses informations sur les modes de vie de Mikhaïl Boulgakov, d’Anton Tchekhov et de George Orwell. Comme ils l’ont donc expliqué au média britannique, ils espèrent pouvoir reconstituer un « portrait moléculaire » de Vlad l’Empaleur et d’en savoir davantage sur « sa santé, ce qu’il mangeait et l’atmosphère dans laquelle il vivait ». D’après Gleb et Svetlana Zilberstein, l’extraction des molécules eut lieu 125 ans, jour pour jour, après la publication du roman de Bram Stoker. Toujours selon leurs dires, la pluie et la foudre se seraient abattues toute la nuit, accompagnées de hurlements de chiens. Une expérience qu’ils qualifient de « mystique » et qui leur fait penser que « le comte Dracula a béni sa libération des archives roumaines ». Mais si cette description théâtrale participe au mythe du noble vampire, qu’en est-il réellement du véritable Vlad Țepeș ?

Une vie mouvementée

Issu de la Maison Basarab, Vlad III naît, entre 1431 et 1436, à Târgoviște, capitale de la Valachie, ou à Sighișoara, en Transylvanie, en des temps troublés, selon une légende popularisée par l’historien roumano-américain Radu Florescu. Durant la première moitié du XVᵉ siècle, le Saint-Empire romain et les pays chrétiens d’Europe de l’Est sont menacés par les Ottomans. L’Empire byzantin vit ses dernières heures avant sa chute définitive en 1453. Les royaumes, comme la Valachie, qui se trouvent entre les deux empires, sont le théâtre de batailles acharnées entre l’islam et le christianisme.

Six siècles après sa mort, Vlad III Drăculea intrigue toujours. En Roumanie, sa figure a même été réhabilitée, lors de la période communiste

Son père Vlad II Dracul était un chevalier du Dragon, un ordre créé en 1408 par Sigismond de Luxembourg, afin de lutter contre les Turcs, dont le symbole était la Bête de l’Apocalypse, d’où son surnom. Vlad III sera d’ailleurs appelé Drăculea (« Fils du Dragon »), dont l’homonymie en roumain désigne aussi le Diable. Un terme qui sera repris par les chroniqueurs occidentaux allemands afin jeter le discrédit sur cette branche des Basarab. En conflit avec le voïvode de Transylvanie et régent hongrois Jean Hunyadi, Vlad II est obligé de s’allier avec l’envahisseur ottoman et envoyer ses fils Vlad et le futur Radu III le Beau en otages, à la cour du sultan. Le voïvode de Transylvanie profite de cette occasion pour assassiner le prince valaque et enterrer vivant son troisième fils Mircea II le Jeune.

De retour d’Andrinople, en 1448, son fils Vlad récupère son trône grâce aux hommes que lui a prêté le pacha Mustafa Hassan. Brièvement chassé, il revient victorieux en 1456 après deux mois d’exil. Il va encore régner six années, durant lesquelles il consolide son pouvoir en centralisant son autorité. En 1462, le prince valaque rompt son alliance avec les Turcs et leur déclare la guerre, allié à Matthias Corvin, le roi de Hongrie, dont il s’est rapproché. S’ensuit alors un terrible conflit, durant lequel Vlad Țepeș s’illustre par sa folie meurtrière, ses excès et son caractère imprévisible. A tel point que le tombeur de Constantinople Mehmet II tente de le faire assassiner dans la nuit du 17 au 18 juin 1462. Si le voïvode parvient à s’enfuir, sa femme va connaître un sort plus funeste. Une légende affirme qu’elle aurait trouvé la mort en tombant du haut de la falaise, au pied de la forteresse de Poenari, alors qu’elle tentait de s’échapper. Radu III le Beau, soutenu par les Ottomans, monte sur le trône de Valachie, laissant Vlad se faire arrêter par le roi de Hongrie qui ne veut plus entendre parler de lui. Ce dernier va le retenir captif pendant douze ans, sous le seul motif de sa réputation. En 1476, il retrouve sa couronne, avant d’être finalement tué au cours d’une bataille contre les Turcs, quelques mois plus tard. Un règne débuté dans le sang qui se termina dans le sang.

Un tyran sanglant

Vlad III est reconnu pour sa cruauté sans limite. Il n’hésitait pas à exécuter le moindre opposant à son autorité. Son châtiment favori était le supplice du pal (d’où son surnom d’Empaleur, – en roumain « Țepeș »), qui consiste à introduire un pieu dans l’anus du condamné, avant de le planter en terre. La victime est alors embrochée, jusqu’à ce que la pointe ressorte par le thorax, les épaules ou la bouche, agonisant dans d’atroces douleurs, décédant d’hémorragie interne, de faim, de soif ou tout simplement dévoré par les vautours. Un bâton arrondi était choisi pour que le supplice fasse moins de dégâts sur les organes internes et que la souffrance dure donc plus longtemps. Selon Johann Christian von Engel, Vlad Țepeș aurait découvert cette pratique, lorsqu’il était en otage chez les Turcs, qui utilisait régulièrement ce supplice. La Chronique de Brodoc contribuera grandement à forger l’image du prince de Valachie en « vampire sanguinaire se repaissant de chair humaine et buvant du sang, attablé devant une forêt de pals ».

C’est lors de son accession, le dimanche de Pâques 1457, qu’il inaugure cette pratique ancestrale. Bien décidé à se venger, il invite les boyards impliqués dans l’assassinat de son père et de son frère aîné, avec leurs familles, à un grand repas. Les femmes et les enfants seront arrêtés, empalés, les hommes obligés de marcher cent kilomètres et de reconstruire une citadelle de leurs mains avant de tous mourir d’épuisement. Sa cruauté sera sans limites. En 1461, il fait clouer les turbans des ambassadeurs de Mehmet II sur leurs crânes pour avoir refusé de les ôter en sa présence, avant de les empaler. Les historiens pensent aujourd’hui que Vlad n’a fait que prendre les devants, car Hamza Bey, l’un des émissaires, avait reçu l’ordre de le tuer ou de le capturer, s’il refusait les conditions du sultan qui marchait alors sur la Valachie. À l’arrivée du dirigeant turc, c’est une forêt d’officiers vaincus et empalés provenant de ses régiments qu’il découvre aux alentours de la demeure du voïvode. Un spectacle qui glacera le sang du souverain ottoman lui-même. Enfin, pour ajouter encore plus à la réputation de ce prince valaque, il se serait débarrassé des minorités encombrantes, telles que les gitans et les mendiants, en les invitant à un banquet et en les faisant brûler vifs…

Six siècles après sa mort, Vlad III Drăculea intrigue toujours. En Roumanie, sa figure a même été réhabilitée, lors de la période communiste, certains Roumains voyant en lui une sorte de justicier luttant contre les élites corrompues de son pays et les puissances étrangères. Avec une nuance toutefois. Dracula n’a été publié en langue roumaine, qu’après la mort de Nicolae Ceaușescu en 1989, afin d’éviter l’amalgame entre un tyran vampire et un dictateur sanguinaire !

L’analyse des différentes traces ADN présentes sur cette lettre pourrait donc nous permettre d’en savoir plus sur son mode de vie. Au risque de renforcer le mythe qui perdure.

De nos jours, Vlad l’Empaleur est une manne touristique fantastique pour le pays, comme l’en témoigne les affiches publicitaires pour les châteaux de Bran, qui ne fut jamais habité par le prince valaque, et de Hunedoara, où il aurait été emprisonné. Enfin, si l’on ne peut établir avec certitude qu’il existe des descendants de Vlad Țepeș, il semblerait qu’il soit un possible ascendant du roi Charles III. Lequel adore la Roumanie. Espérons que nos voisins britanniques ne se feront pas du sang d’encre sur le règne à venir après la lecture de cet article…

Drag queens: elles sont partout!

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Concert "RuPaul's Drag Race Werq The World", Austin, Texas, juillet 2022 © Ralph Arvesen/Shutterstock/SIPA

En Amérique, les drag queens ont envahi l’espace public. Et cela ne doit rien au hasard… Autrefois figures nocturnes et festives, elles sont devenues des figures politiques. Elles pourraient carrément occuper le devant de la scène de la prochaine élection présidentielle américaine.


En Amérique du Nord, on croirait que les drag queens ont littéralement envahi l’espace public. Maintenant, les drag queens sont partout, des émissions de télé aux derniers défilés en passant par les écoles où elles sont parfois chargées d’animer des activités. Évidemment, le tout en bonne partie grâce à l’argent de contribuables qui n’ont jamais voulu de ce vaste programme.

Le 6 février, nous avons même appris que le légendaire Carnaval de Québec – festivités hivernales remontant à 1894 – avait pris l’initiative d’interrompre la très réactionnaire tradition des duchesses, ces «miss» choisies pour incarner l’événement.

«Finies les duchesses, place maintenant aux drag queens et aux drag kings! Leur art flamboyant est à l’honneur cette année, célébré sur un char allégorique pour la toute première fois», se réjouit le journal Le Devoir.

Des figures de scène aux figures militantes

Interprétées par des hommes, les drag queens remplacent les femmes partout où elles peuvent dans un curieux renversement du féminisme. Aujourd’hui, on défend moins les droits des femmes que ceux des trans, nouveaux chouchous de l’establishment.

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Célébrées par le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, et une foule de politiciens, les drags queens sont plus demandées que le père Noël, ce personnage patriarcal de race blanche qu’il vaudrait peut-être mieux oublier au nom du progrès.

Autrefois de colorées et burlesques figures de cabaret, des figures nocturnes et festives défendues par des Charles Aznavour, un nouveau rôle leur a été confié: représenter l’idéologie trans, partager la bonne nouvelle de la déconstruction du «genre», un puissant courant social auquel les enfants et adolescents sont de plus en plus exposés. Généralement au détriment de leur équilibre psychologique.

Vers le transhumanisme

Je rappelle que le transgenrisme nie l’existence des deux sexes, proposant d’abolir les frontières entre le masculin et le féminin. Le transgenrisme rejette la «binarité» sexuelle pour mieux creuser le lit du transhumanisme, une idéologie qui vise «l’amélioration» de l’espèce humaine au moyen de la technologie.

Le corps humain est vu comme un objet destiné à être modelé, comme un simple avatar pouvant être modifié et reconfiguré selon ses aspirations personnelles. Autrement dit selon ses fantasmes. Sans toujours le réaliser, les drags sont devenues les porte-paroles de cette idéologie loin d’être subversive ou antisystème.

Une industrie capitaliste

Car comme l’a bien relevé Libre Média, en Amérique du Nord, le changement de sexe des adultes, mais aussi des enfants étiquetés comme «trans» est soutenu par une florissante industrie médicale et pharmaceutique qui a fait de la diversité son fonds de commerce. C’est très payant, la diversité sexuelle.

La liste des dix principaux contributeurs aux causes transgenres aux États-Unis en 2017-2018 (qui représentaient ensemble 55% de tous les financements) montre le rôle central occupé par Big Pharma dans ce nouveau marché du corps humain.

L’étude du «genre» est aussi devenue un domaine de recherche (ou plutôt d’endoctrinement) à part entière dans des dizaines d’universités occidentales, et certaines sont parmi les plus prestigieuses.

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Tous les jours aux États-Unis, des médecins sont grassement payés pour opérer des jeunes à qui l’imaginaire ambiant a fait croire qu’ils n’avaient pas le bon corps. Pour cette raison, plusieurs États comme la Floride ont commencé à légiférer pour encadrer sinon interdire certaines pratiques comme le fait de prescrire à des mineurs des bloqueurs d’hormones et de puberté. La question polarise de plus en plus les Américains et risque de s’inviter dans la prochaine campagne présidentielle.

Le wokisme triomphant

La prolifération des drag queens n’est pas la valorisation d’un art de scène un peu olé olé. C’est l’imposition du wokisme à toutes les sphères de la société. Surtout, c’est l’intrusion de la théorie du genre dans l’univers des enfants, une idéologie dont les effets peuvent être pour eux catastrophiques sur le plan psychologique, et irréversibles sur le plan corporel.

Quand il s’agit d’amputer un enfant d’une partie de son corps, le transgenrisme n’est rien d’autre qu’une boucherie criminelle. Il est temps de revenir à la raison.

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