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Sihem: une mort dans les règles?

Pourquoi Mahfoud H. était-il en liberté?


Sihem: une mort dans les règles?
D.R.

Braquage avec arme, multiples condamnations… Pourquoi Mahfoud H. était-il en liberté? La jeune lycéenne Sihem, que l’homme de 39 ans a reconnu avoir tuée, a été inhumée lundi dans le carré musulman du cimetière de Salles-du-Gardon (30). Elle avait été retrouvée morte dans les bois.


Mahfoud H. a reconnu être l’auteur du meurtre de Sihem Belouahmia, âgée de 18 ans. Ce délinquant multirécidiviste de 39 ans a invoqué, pour expliquer son acte, une dispute au sujet d’une liaison amoureuse démentie par la famille et les proches de la victime.

Il est navrant que le principe de précaution s’applique partout sauf là où il serait plus que nécessaire

L’accusé devait comparaitre devant le tribunal le 1er février pour la séquestration d’un couple

Mahfoud H. avait été condamné à 13 reprises et notamment en 2015 à 12 ans de réclusion criminelle pour vol avec arme, par la cour d’assises du Gard. Il devait à nouveau comparaître devant une cour d’assises le 1er février 2023 pour vol avec arme commis il y a plus de 11 ans et pourtant pas encore jugé. Il était soupçonné d’avoir braqué un couple de commerçants près d’Alès.

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À entendre la procureur de la République de Nîmes, Cécile Gensac, qui a décrit objectivement le parcours judiciaire et pénitentiaire du mis en examen, les sanctions édictées à son encontre avaient été exécutées normalement et, selon elle, on ne pouvait pas relever le moindre dysfonctionnement dans le processus qui s’était déroulé, pour finir, « sous le contrôle du juge d’application des peines ».

Une bureaucratie d’où le bon sens était absent

On note que pour la peine de 12 ans, Mahfoud H. a bénéficié de deux ans et un mois de remise de peine : ces remises de peine automatiques ont été supprimées le 1er janvier 2023.

On constate également que Mahfoud H. n’a pas purgé la fin de sa sanction en prison alors qu’il n’avait pas encore tout à fait atteint la moitié de sa peine, niveau autorisant l’aménagement. Puisqu’il a été libéré le 28 novembre 2017.

Parce que Mahfoud H. était déjà contrôlé (?) par un juge d’application des peines, on n’a pas estimé nécessaire de le placer sous contrôle judiciaire en prévision de la cour d’assises à échéance du 1er février 2023.

Dans cette bureaucratie d’où le bon sens était absent, j’admets que tout apparemment était normal, que les règles, « nos règles », semblaient respectées mais que pourtant l’essentiel n’était pas sauvegardé : veiller à l’exécution intégrale des peines, au moins de la sanction criminelle infligée à Mahfoud H.

Je ne sais pas si cette rigueur alliée à une précaution toute particulière pour un homme appelé à nouveau devant une cour d’assises, auraient forcément sauvé la vie de Sihem, mais elles n’auraient pas permis à son meurtrier de donner aussi aisément libre cours à une malfaisance dont son passé ne rendait pas la survenue inconcevable.

Il est navrant que le principe de précaution s’applique partout sauf là où il serait plus que nécessaire. Il y a quelque chose de tragiquement saumâtre : Sihem est morte dans les règles judiciaires et pénitentiaires…

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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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