Accueil Féminisme Marguerite Stern et Dora Moutot: «Le féminisme actuel a été parasité par l’idéologie transgenre et queer»

Marguerite Stern et Dora Moutot: «Le féminisme actuel a été parasité par l’idéologie transgenre et queer»

Le militantisme trans ne supporte pas les limites naturelles posées par la nature


Marguerite Stern et Dora Moutot: «Le féminisme actuel a été parasité par l’idéologie transgenre et queer»
Dora Moutot et Marguerite Stern. © Femelliste

Les courageuses militantes féministes, Marguerite Stern et Dora Moutot, s’insurgent contre l’idéologie transgenre, et l’influence démesurée qu’elle exerce sur la société, au point de censurer systématiquement toute critique. Elles viennent de lancer leur plateforme: Femelliste.com. Rencontre.


Causeur. Pourriez-vous commencer par vous présenter, mesdemoiselles ?

Marguerite Stern. J’ai 32 ans, je suis une militante féministe. J’ai fait partie des FEMEN pendant trois ans, j’ai été la première à réaliser des collages contre les féminicides. Et je viens donc de créer la plateforme Femelliste.com, avec Dora Moutot. Son but est d’informer sur les dangers de l’idéologie transgenre.

Dora Moutot. J’ai 35 ans, je suis journaliste, auteure de deux livres, A fleur de pet et Mâles baisées, documentariste, créatrice du compte Instagram @tasjoui, et cofondatrice de Femelliste .com.

Votre but, à travers cette plateforme, est de fédérer tous ceux qui remettent en question l’idéologie transgenre…

Marguerite Stern. Nous recevons des messages de gens qui nous disent : je pense comme vous, mais je n’ose pas parler, car j’ai peur de perdre mon emploi, ou que cela ait des conséquences sur ma famille. C’est pour cela que nous proposons aux gens de publier des tribunes sur le site, même de façon anonyme.

Comment une minorité comme la communauté transgenre peut-elle avoir autant d’influence ?

Marguerite Stern. C’est avant tout un effet de mode, et un effet communautaire. L’être humain a besoin de ce sentiment d’appartenance à un groupe. C’est ce que propose le transgenrisme. Si on prend un peu de recul, il s’agit d’une étape de plus dans notre processus de déconnexion par rapport à la biosphère. Il y a 10 000 ans, on a inventé l’agriculture. Avant, on prélevait dans la nature ce qui nous était nécessaire pour survivre. Avec l’agriculture, on s’est mis à produire plus que ce dont on avait besoin. On a domestiqué les animaux, on a inventé le concept de propriété. Puis, on est passé par Descartes qui nous a invités à nous rendre « maîtres et possesseurs de la nature ». Aujourd’hui, le transgenrisme constitue un pan du transhumanisme. Cela revient à dire : « je ne supporte pas les limites naturelles que me posent la nature. »

A lire aussi, Jeremy Stubbs: Transgenrisme: scission surprise au sein de la gauche américaine

Le transgenrisme, c’est considérer que le masculin et le féminin sont des constructions sociales ?

Marguerite Stern. Absolument. D’ailleurs, dans le lexique trans du planning familial, on vous dit que le sexe est un « construit social ». Ça veut tout dire…

Dora Moutot. Certaines réalités ne sont pas déconstructibles. Les lois physiques, par exemple. Les lois biologiques régissent aussi notre monde. On essaie de contourner ça aujourd’hui, par la chirurgie ou l’endocrinologie, mais pour reproduire un humain, il faut un mâle et une femelle. Jusqu’à preuve du contraire.

Marguerite Stern (en haut) et Doira Moutot (en bas) © Femelliste

Marguerite, y-a-t-il une continuité entre votre engagement au sein des FEMEN et votre démarche actuelle ?

Marguerite Stern. J’ai vraiment du mal à comprendre la position de mes anciennes co-activistes FEMEN. Certaines refusent de me parler, parce que je serais devenue une « sale TERF » [acronyme de Trans-exclusionary radical feminist : féministes radicales excluant les personnes trans. Le terme est perçu comme une insulte par les féministes NDLR]. Pour moi, être FEMEN, c’est associer le corps et l’esprit. On écrit un message politique sur son torse. On est un corps pensant. Pour moi, le transgenrisme promeut une dissociation entre le corps et l’esprit, en affirmant, par exemple, que l’on peut « naître dans le mauvais corps ». Je veux remettre le corps des femmes au centre du féminisme. Je me suis aussi rendue compte que certains activistes détournaient les collages contre les féminicides pour en faire des outils de propagande pour le transgenrisme, avec des messages du genre : « une femme trans est une femme », etc. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à prendre position.

Quelle serait votre définition de la femme ?

Marguerite Stern. Une définition très simple : une « femelle adulte humaine ». « Femelle » relève de la nature, et « adulte humaine », de la culture. Le terme « femelle » n’a rien de dégradant.

Quelle différence faites-vous entre féminisme et « femellisme » ?

Marguerite Stern. Le femellisme insiste sur le fait que nous sommes des animaux. Nous sommes en train d’oublier des bases scientifiques importantes. Dans un moment de notre histoire ou l’on a plus que jamais besoin d’écologie, il est important de rappeler que l’on fait partie de la biosphère. En fait, féminisme et femellisme, c’est la même chose. Nous avons juste ressenti le besoin de faire sécession par rapport au féminisme « orwellien » actuel. Nous voulons créer le débat. Certaines personnes sont intéressées par notre démarche, mais n’aiment pas le terme « femelliste ». Ça a le mérite de créer du débat autour de cette question fondamentale : qu’est-ce qu’être une femme ?

Dora Moutot. Le mot femellisme a été utilisé aussi par une psychologue, Nicole Roelens, et par une féministe anglaise, Posie Parker, qui utilise le terme femalism. On n’a pas inventé le terme, mais il se trouve que beaucoup de gens lui trouvent une utilité, pour redéfinir ce qu’est une femme. Le femellisme, c’est LE féminisme, se battre pour les droits des femelles. Se revendiquer du femellisme, c’est dire de quel type de féminisme on fait partie. Selon moi, le féminisme ce n’est pas censé inclure les droits des mâles à s’autodéterminer comme des femmes. C’est même antiféministe pour moi. Le féminisme, depuis 100 ans, déconstruit les stéréotypes de genre. Quand les femmes voulaient porter un pantalon, ou ouvrir un compte en banque, ou travailler, c’était déjà déconstruire des stéréotypes de genre. Si être une femme n’est plus une réalité biologique et sexuée, ça devient une somme de stéréotypes genrés, ceux-là même dont on a essayé de se débarrasser. Le féminisme actuel a été parasité par l’idéologie transgenre et queer. « Femellisme » est un nouveau mot pour susciter de l’attention. Si nous avions créé un site qui s’appelle « féminisme.com », vous ne seriez pas en train de m’interviewer…

Un homme qui effectue une transition ne deviendra jamais, selon vous, une femme à part entière ?

Marguerite Stern. C’est ce que nous pensons. Une femme trans ne sera jamais une femme. Mais nous faisons la différence entre les gens qui souffrent de dysphorie de genre, et les tenants de l’idéologie transgenre qui ont un projet politique.

Pourquoi la théorie du genre a-t-elle rencontré un tel succès ?

Marguerite Stern. Je me pose encore la question C’est sans doute une sorte de contrecoup de metoo. A l’époque, la voix des femmes a été entendue, les médias se sont remis à parler de féminisme. Certains hommes souffrant de dysphorie de genre se sont alors engouffrés à l’intérieur du féminisme pour attirer l’attention, comme une sorte de cheval de Troie à paillettes ! Nous, les femmes, voulons trop accueillir toute la misère du monde. Dans d’autres luttes, par exemple dans l’antiracisme, il n’y a pas cette injonction à l’intersectionnalité, à l’inclusivité. On n’imagine pas des hommes blancs se mettre en tête d’une manif pour attirer l’attention sur les violences policières commises contre eux. Mais parfois, dans les manifs féministes, on trouve en tête de cortèges des femmes trans ou des hommes qui portent des jupes, pour qu’on leur accorde un peu d’importance à eux aussi. On se retrouve envahies dans nos luttes, jusqu’à en oublier ce pour quoi nous nous battions à l’origine !

L’idéologie trans est donc un danger pour les droits des femmes…

Marguerite Stern. Oui. Par exemple, à partir du moment où l’on considère qu’un individu peut s’autodéterminer, qu’un homme qui se déclare femme est une femme à part entière, ça pose un problème pour la sécurité des femmes dans les espaces non-mixtes, par exemple : compétitions sportives, toilettes, prisons… Les chiffres de la pédocriminalité féminine ont augmenté au Royaume-Uni, parce qu’on ne prend plus en compte le sexe de naissance dans les statistiques, mais simplement le genre déclaré.

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Recevez-vous beaucoup de menaces ?

Marguerite Stern. Énormément. Sur notre plateforme, nous avons détaillé toutes les techniques de harcèlement mises en œuvre contre nous. Depuis que j’ai commencé à m’exprimer sur la transgenrisme, j’ai perdu ma santé mentale. Quand vous vivez trois ans de harcèlement quotidien, ça use. Mais nous recevons aussi beaucoup de messages de soutien, de gens qui nous disent « je ne peux pas parler publiquement, merci de le faire pour moi ».

Dora Moutot. Si vous saviez ! Sur notre site, nous avons une partie « cancel culture et harcèlement », ou l’on a classé 14 types de harcèlements. Si, il y a quelques années, on m’avait dit qu’affirmer qu’une femme est une femelle adulte humaine allait me poser tellement de problèmes, j’aurais ri ! Hier encore, j’ai reçu un message disant qu’on allait se prendre une balle dans la tête ! Marguerite a reçu ce message : « tu vas te prendre du sperme de femme dans les yeux ! »  Quand ce ne sont pas des insultes, ce sont des menaces sur ma carrière, des gens qui vont à la FNAC coller des étiquettes « transphobe » sur mes livres. Toutes les marques avec lesquelles je travaillais sur mon compte @tajoui m’ont laissée tomber. Les gens me disent qu’ils sont d’accord avec moi, mais qu’ils ne peuvent pas continuer. Heureusement, j’ai encore 500 000 abonnés sur @tajoui, avec des femmes qui n’en ont rien à faire de tout ça ! Avant, j’étais rédactrice en chef adjointe chez Konbini, donc plutôt à gauche, et aujourd’hui, pour ces gens-là, je n’existe plus, je suis devenue la sorcière de service ! Mais le plus grave, c’est la censure des plateformes. Aujourd’hui, quand on écrit sur Twitter : « être une femme, c’est être une femelle adulte humaine », on est censuré. Si vous tapez mon nom sur Instagram, je n’apparais même pas dans les recherches ! Avec Marguerite, nous avions fait une pétition sur Change.org pour protester contre la dernière campagne du planning familial, elle été retirée au bout d’une heure pour « propos haineux ». Même si elles ne le disent pas, toutes les plateformes sont pro idéologie transgenre. C’est du délire.

Vous êtes totalement à contrecourant. Vous n’avez pas peur d’être récupérées par des mouvements conservateurs ?

Dora Moutot. C’est vrai qu’une grande partie de la droite se sent en phase avec nos propos, mais je ne suis pas mal à l’aise avec ça. Je considère que notre site devrait parler à tous les bords politiques. Je m’adresse à toutes les femmes. Si ces idées sont récupérées par la droite aujourd’hui, c’est de la faute de la gauche, qui a créé une omerta sur ce sujet. Elle est incapable d’émettre une quelconque pensée critique sur le sujet.

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Pierre Des Esseintes est auteur et journaliste, spécialisé dans les questions de sexualité. De formation philosophique, il est également sexologue. Il a publié, aux éditions La Musardine, Osez la bisexualité, Osez le libertinage et Osez l’infidélité. Il est aussi l’auteur, aux éditions First, de Faire l’amour à un homme et 150 secrets pour rendre un homme fou de plaisir.

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