Le président Biden arrive aujourd’hui en Israël, où on va le voir poser devant les photographes avec le Premier ministre israélien. Il devait également se rendre en Jordanie. Mais la poignée de main prévue avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, les Jordaniens et les Égyptiens a été annulée, suite au dramatique bombardement sur un hôpital à Gaza (dont Tsahal assure ce matin qu’il va apporter les preuves de la responsabilité du Djihad islamique). La visite surprise de Biden au Proche-Orient démontre que les Américains n’ont pas confiance en Netanyahou. Washington veut conserver sa politique arabe, et tente d’empêcher ce dernier de la gâcher.
Joe Biden a annoncé, à la dernière minute, lundi soir, qu’il se rendrait en Israël et en Jordanie ce mercredi. Ce type de visite diplomatique surprise, et à haut risque, n’est pas dans les habitudes. Quels sont les objectifs de Joe Biden avec ce déplacement exceptionnel ? Un président américain qui se déplace dans un pays en guerre, sur lequel les missiles et roquettes tombent, est effectivement rare. Même si ce fut déjà le cas à Kiev l’année dernière.
Pourquoi Netanyahou est obligé de tenir compte de ce que Biden vient lui dire
Le président Biden doit montrer l’attachement absolu des États-Unis à l’État d’Israël, car son parti compte une petite faction pro-palestinienne, et une certaine opinion américaine commence à se dessiner en faveur des Palestiniens. L’Amérique a aussi été choquée par un crime de haine, près de Chicago, dans lequel un petit garçon musulman de 6 ans a été tué à coups de couteaux. Biden doit également réfréner Israël, empêcher que Tsahal investisse Gaza entièrement. La raison en est double : s’il y a trop de morts palestiniennes, alors la charge de la cruauté pourrait basculer sur Israël, et le sentiment pro-palestinien s’en nourrir. En se rendant sur place, en dépêchant une flotte américaine, et en expédiant des munitions et des moyens de lutte anti-aérienne, et donc quelques personnels militaires américains, Biden rend un service à Israël d’une telle magnitude que Netanyahou ne peut balayer la position américaine. Et le vaste sentiment pro-israélien sera conforté.
Biden craint-il une guerre mondiale ?
Enfin, Biden a peur qu’une confrontation militaire avec l’Iran déclenche une guerre plus grande, entre Israël et l’Iran. Pendant la Guerre du Golfe, en 1991, Israël a essuyé des SCUDs de Saddam Hussein, sans réagir, car la pression américaine en faveur de la retenue était énorme. Washington veut conserver sa politique arabe, et tente d’empêcher Netanyahou de la gâcher.
Après avoir rappelé dans un premier temps son soutien indéfectible, et estimé que l’État hébreu pouvait riposter face au mal « à l’état pur », le président Biden peut-il réellement obtenir des concessions des Israéliens pour épargner des vies à Gaza ? C’est certain que Biden peut faire pression. Éventuellement, il pourrait même être un alibi pour Netanyahou, en donnant l’impression de forcer le Premier ministre à la retenue. Les Israéliens sont conscients qu’ils n’ont que les États-Unis comme ami majeur, les soutiens britannique, français et allemand ne faisant pas le poids. L’amitié chinoise et russe ne joue plus du tout, et les accords d’Abraham pourraient tomber à l’eau, si Israël envahissait Gaza et ne laissait pas les Gazaouis revenir après la guerre.
L’inimitié entre Téhéran et pratiquement tous les pays arabes est un atout. Si Biden transforme son intervention diplomatique et sa menace militaire en un exercice anti-iranien, personne ne le fustigera, bien au contraire. Donc c’est avec les Européens que Biden va réfréner Israël à Gaza, tout en bombant le torse face à l’Iran. Une unanimité de points de vue diplomatique. Les pays arabes lui sauront gré d’avoir empêché Israël de raser Gaza Nord, car ces mêmes pays, Arabie Saoudite en tête, pourront s’abriter derrière les États-Unis pour justifier leur hostilité au « Glaive de Fer », du nom de l’opération israélienne. De plus, Biden pourrait éventuellement révéler que le Hezbollah n’est pas un factotum absolu de Téhéran. En effet, si une guerre généralisée de la part du Hezbollah devait avoir lieu, le groupe libanais y survivrait-il ? N’est-ce pas un trop gros risque à prendre pour le Hezbollah ? En 2006 le Hezbollah a eu sa guerre. Mais en 2023 c’est la guerre de Téhéran. Et il n’y a pas de grandes retombées à espérer pour le Hebzbollah. Un affrontement Washington – Téhéran ferait plaisir à presque tous les régimes arabes.
L’issue diplomatique est décidément la plus rentable pour Washington. Le monde retient son souffle.
Le lynchage sur les réseaux sociaux d’un gynécologue qui a refusé d’examiner une femme « en transition de genre » témoigne de la terreur que les militants transsexuels font régner dans notre société. Il révèle aussi cette guerre plus ou moins sourde qu’ils livrent à la gent féminine. Récit.
Jets d’excréments sur des universitaires appelant à une approche vigilante et mesurée des questions de genre pour les mineurs, collégiens traités de « transphobes » parce qu’ils invoquent leur liberté de conscience face au prosélytisme transactiviste d’une association militant en classe, insultes contre l’Être Trans, collectif de personnes trans opposé au traitement des enfants, diffusion en milieu scolaire, via le Planning familial, d’une novlangue bannissant les mots mâle, femelle, masculin, féminin, changer de genre ou changer de sexe : nous assistons sans la voir à l’ascension d’une véritable trans-tyrannie.
Blasphème
En témoigne la mésaventure de Victor Acharian, gynécologue-obstétricien à Pau depuis une trentaine d’années. Début septembre, sa secrétaire accueille une nouvelle patiente arrivée par Doctolib. La dame, accompagnée de son partenaire, se plaint d’une douleur à la poitrine. Elle précise qu’elle est une femme en transition de genre sous traitement hormonal – ce qui explique probablement sa douleur. La secrétaire informe le docteur avec embarras que la patiente est en réalité un patient et que le motif du rendez-vous est une néo-poitrine douloureuse. Le docteur fait répondre qu’il n’est pas compétent pour les hommes et qu’il convient de consulter des services spécialisés dans ces traitements. La secrétaire rend compte de sa réponse. Le ton monte rapidement. La secrétaire est agressée verbalement et traitée de transphobe. Le couple éconduit repart furieux. Il se lâche sur le compte en ligne du praticien. Ce dernier répond sur le même ton : « Je n’ai aucune compétence pour m’occuper des hommes, même s’ils viennent dire à ma secrétaire qu’ils sont devenus femmes. Je ne soigne que les vraies femmes. » Erreur magistrale !
Manifestement, on ne parle pas la novlangue trans en Béarn. Le médecin ignorait qu’il est aujourd’hui blasphématoire d’affirmer que l’espèce humaine est partagée en deux sexes définis par leur fonction reproductrice. Prétendre que la gynécologie est une médecine réservée aux femmes vaut lynchage en place publique. C’est ce qui s’est passé. Le nom de Victor Acharian de Pau est jeté en pâture sur les réseaux, attirant les vautours et leur haine. Une association connue pour être la Lucky Luke de la plainte pour transphobie annonce fièrement qu’elle porte l’affaire devant les tribunaux. En quelques heures, le profil professionnel du docteur Acharian est inondé d’avis négatifs, suscitant une contre-offensive vigoureuse de ses patientes. Face à cette fureur déchaînée, le gynécologue porte plainte contre le patient initial et contre la personne qui l’a balancé sur les réseaux sociaux. Tout ça pour une douleur à la poitrine d’un homme biologique exigeant d’être soigné comme une femme !
On ne peut pas nier la biologie
Cette histoire est symptomatique du transactivisme, violent, égocentrique, qui veut s’imposer dans des espaces réservés aux femmes. Pour la majorité des transsexuels qui veulent vivre leur vie sans s’exhiber ni se cacher, ce militantisme de la terreur dessert leur cause. C’est ce qu’explique Maddy, fondatrice de l’Être Trans : « Être une personne trans est un chemin exigeant à tout point de vue. Il faut beaucoup de courage pour trouver sa place et s’aimer soi-même. Dans l’affaire de ce gynécologue, il est incompréhensible que la personne sous traitement n’ait pas contacté son endocrinologue, qui était évidemment le mieux placé pour lui répondre ou l’adresser à un confrère. » Loin d’être anodin, le traitement hormonal requiert un suivi par un médecin expert, insiste Maddy : « Toutes les personnes trans savent qu’il est essentiel de comprendre les signes cliniques de son corps et l’impact du traitement. Les œstrogènespeuvent faire naître une poitrine susceptible de se développer avec l’âge, mais avec de fortes variations. Il y a forcément des désagréments, des douleurs en cours de pousse, une certaine rigidité pendant les phases d’hyperœstrogénie… Je ne m’explique pas que cette personne n’en ait pas été informée, et qu’elle ne soit pas suivie pour son traitement. »
Un esprit soupçonneux pourrait penser qu’il s’agissait d’un coup monté, d’agit-prop victimaire. Maddy s’interroge : « À peine le couple était-il sorti du cabinet que toute la transosphère était informée, SOS Homophobie était sur le coup pour déposer plainte. Pourquoi tant de haine et d’acharnement contre ce gynécologue qui a eu l’honnêteté de se déclarer incompétent pour aider un homme sous traitement féminisant ? Pourquoi choisir un gynécologue quand c’est un endocrinologue qui peut vous guérir? »
L’épisode est aussi le dernier avatar de la guerre plus ou moins sourde que se livrent militants trans et féministes, les premiers exigeant que les transsexuelles puissent concourir dans les épreuves sportives féminines ou être incarcérées dans des prisons de femmes, ce qui a donné lieu à plusieurs agressions sexuelles. Là encore, le discours de Maddy tranche avec celui des associations sanctifiées par les médias : « L’espace gynécologique appartient aux femmes, pas aux transexuelles. On ne peut pas nier la biologie, elle s’impose à nous ! Chercher à s’imposer là où nous n’avons pas notre place n’a aucun sens. Cette attitude agressive et irrespectueuse dessert la cause des personnes trans. L’humilité et la persévérance sont les qualités essentielles d’une vie de transsexuelle. »
La clef, c’est que Maddy ne cherche pas à s’approprier le signifiant femme comme un fétiche : « À 8 ans j’étais convaincue d’être une fille alors qu’un pénis me poussait entre les jambes. J’ai été une adolescente enfermée dans un corps de garçon, puis une femme transsexuelle. Cela ne fait pas de moi une femme biologique. Dans une conversation de femmes, je suis la seule qui ne peut pas se référer au vécu d’une enfance façonnée par le fait d’être née fille. Être trans, c’est accepter cette réalité. C’est accepter que changer de sexe n’est pas possible, tout au plus peut-on rapprocher de l’apparence et de la fonctionnalité sexuelle. La vaginoplastie n’a de vagin que le nom ! Notre sexe est une zone morte, une plaie ouverte et tapissée.Du plaisir, nous ne ressentons que celui donné à la personne qu’on aime. C’est déjà beaucoup. Impossible d’avoir un enfant. Voilà la réalité d’être une femme trans. Malgré tout, je me sens femme et solidaire de la cause des femmes. S’il faut lutter contre l’activisme trans qui nie l’identité des femmes et sabote leurs droits, je serai du côté des féministes. C’est pourquoi je me tiens aujourd’hui au côté du docteur Acharian et de ses patientes. »
Les droites françaises estiment qu’Israël a le droit de se défendre. Et estiment les démocraties occidentales également menacées. Mais elles se défendent de toute récupération politique… Analyses.
Les actes terroristes islamistes sanguinaires perpétrés par le Hamas sur la terre d’Israël ont fait des émules, comme on pouvait le craindre. Vendredi dernier, en France, à Arras, le professeur Dominique Bernard a été poignardé dans son établissement scolaire par un sectateur de l’islam radical, tandis que Bruxelles vient d’être frappée lundi soir par une attaque terroriste. Cette violence barbare vise à exterminer les Juifs et, plus largement, œuvre pour la faillite de la civilisation occidentale.
Complaisances : la gauche sur le banc des accusés
Alors qu’on est en pleine tragédie, la macronie est frileuse et peine à admettre, à la différence d’un Éric Zemmour, qu’une guerre de civilisation se profile. Même si c’est assez vigoureusement que le gouvernement a condamné la propension des « insoumis » à caresser l’islamisme dans le sens de la barbe.
Les partis de la droite dite « extrême » ou « nationale », Rassemblement national et « Reconquête », sans pour autant s’allier, ont évidemment les mots les plus offensifs. Ces partis proposent également les solutions les plus fermes pour fermer nos frontières aux ennemis de la France, et ils fustigent à qui mieux mieux la funeste collusion de LFI avec l’islamisme. Quant à l’aile conservatrice des Républicains, plus mesurée dans la forme, elle n’en alerte pas moins sur le danger que représente pour notre pays cet islamisme invasif, et condamne aussi la liaison dangereuse qu’entretient LFI avec ledit islamisme – et entend désormais proposer des solutions claires pour enrayer une immigration devenue débridée.
La macronie bousculée
Dans ce combat, la macronie ne propose, elle, que ses habituelles formules creuses et racoleuses, et en profite pour tenter de refourguer un projet de loi sur l’immigration dont beaucoup craignent qu’il soit inopérant.
Après l’acte terroriste d’Arras, notre Résistant de la République a réitéré son exhortation à rester «unis et debout » et à faire le « choix de ne pascéder à la terreur et de rien laisser nousdiviser ». Quant à la fusillade meurtrière de Bruxelles, elle lui a inspiré cette pénétrante constatation : « Notre Europe estbousculée. »
Alors que la barbarie investit l’école, Brigitte Macron, dont on connaît l’implication en matière d’éducation, épaule vaillamment son époux dans son combat contre un obscurantisme aussi violent que sanglant, et a annoncé des mesures de nature à rasséréner, à coup sûr, parents, élèves et professeurs : « Il y aura de plus en plus de formations à la tolérance, à la bienveillance.» Il s’agira de « rassurer » les élèves, de « leur dire le monde sans les angoisser ». Gérald Darmanin, lui, affirme la nécessité d’adopter urgemment l’idéal projet de loi sur l’immigration proposé par le gouvernement ; projet dont on sait qu’il allie « l’humanité », avec la régularisation des étrangers pour les « métiers en tension », à « la fermeté » requise pour lutter contre l’immigration illégale. On a bien compris que ce projet de loi ne saurait fermer nos frontières à une immigration illégale protégée par la jurisprudence, la complexité normative et les cours internationales. La macronie veut continuer à paraître, dans la posture comme dans l’imposture. Il s’agit de préserver avec des incantations qui tiennent lieu d’action le mirage d’un vivre-ensemble éculé et de proposer, pour faire mine d’enrayer l’immigration exponentielle, quelques solutions qui font figure d’emplâtres destinés à une jambe de bois…
RN et « Reconquête » à l’offensive
Après les attentats terroristes du Hamas sur le sol israélien, Éric Zemmour, chef du parti « Reconquête », a assuré Israël de son soutien indéfectible puis, l’un des premiers, a évoqué l’éventualité d’une guerre de civilisation menée à l’identique sur le sol français. Les exactions du Hamas n’allaient pas manquer d’inspirer une frange de la population arabo-musulmane importée massivement sur notre sol depuis une quarantaine d’année, encouragée par la politique démagogue de LFI à son égard[1]. Éric Zemmour a rappelé : « il y a eu, en 2022, lors de la campagne pour l’élection présidentielle,l’émergence, l’accouchement d’un peuple islamo-gauchiste, sous les auspices de Jean-Luc Mélenchon. » Après l’assassinat du professeur Dominique Bernard, Éric Zemmour s’est à nouveau exprimé, toujours sans mâcher ses mots : « Les politiciens ontimporté la mort sur notre sol. L’immigration porte la guerre de civilisation comme la nuée porte l’orage.Semaine aprèssemaine,je vous alerte. » Il a poursuivi : « Tirons enfin les leçons, arrêtons l’immigration, interdisons les Frères musulmans, expulsons les fichés S islamistes. »
Marine Le Pen, pas plus qu’Éric Zemmour, n’édulcore son propos. Dans l’émission Les 4 vérités, sur France 2, elle souligne, sans langue de bois, la gageure que constitue l’union nationale préconisée en pareil contexte politique : « On va faire l’union nationale avecqui ? Avec la France insoumise ? Avec un gouvernement qui met en place une loi sur l’immigration qui crée une nouvelle filière d’immigration en régularisant les clandestins qui travaillent ? » Elle ajoute, claire : « Il faut que toute personne étrangère soit expulsée de notre territoire quand elle fraye avec l’islamisme. » Dans l’hémicycle, on a pu également voir la patronne du Rassemblement national rappeler à Mathilde Panot les accointances sordides de LFI avec les islamistes : « Vosamis (…), Madame Panot, jettent le corps desfemmes derrière les pickups et ils crachent dessus après les avoir violées et les avoir démembrées. »
La droite, affaiblie, se ralliera-t-elle à Darmanin ou à la droite nationale ?
À droite, la branche conservatrice des Républicains semble partager les positions de la droite qualifiée « d’extrême » par ses détracteurs. François-Xavier Bellamy, dont on se souvient qu’il avait parrainé Éric Zemmour lors de la présidentielle et assuré qu’il voterait pour le candidat de « Reconquête » s’il était au second tour face à Emmanuel Macron, s’est exprimé sur l’antenne de Sud Radio. Il y a posément dénoncé la faiblesse du pouvoir en place, l’indécente irresponsabilité des « Insoumis », et souligné la vanité du projet de loi de Gérald Darmanin qui, en aucun cas, ne nous rendrait la maîtrise de nos frontières, et a conclu : « Nous devons refondre notre politique migratoire en rendant la parole aux Français, par référendum. »
Face aux menaces contre notre civilisation, les droites auraient peut-être intérêt à s’allier pour faire front contre la politique du « en même temps » qui, en raison de sa faiblesse, a favorisé l’expansion de l’islamisme en France. Unies, elles pourraient également contrer Jean-Luc Mélenchon et ses affidés islamo-gauchistes qui concourent à déstabiliser le pays.
Quant à nous, Français, relisons les écrits de Raymond Aron. Ils pourront éclairer utilement, en ces temps troublés, nos choix politiques. Dans le contexte historique actuel, où la fragilité des démocraties est à nouveau évidente, la pensée de celui qui affirma : « Nulle doctrine n’est plus utopique que celle qui rassemble des éléments raisonnables (…) Inversement, la pensée totalitaire qui prétendrait ramener une société entière à un principe unique, verserait dans un fanatisme plus redoutable encore » peut nous servir de phare. Celui qui fut philosophe, sociologue, politologue, professeur et journaliste avait également dit : « Quand les hommes ne choisissent pas, les évènementschoisissent pour eux », nous y voilà.
[1] À ce propos, on relèvera la dernière marque d’allégeance à l’islamisme donnée par LFI : l’« Insoumise » Danièle Obono vient de s’illustrer en qualifiant mardi le Hamas « de mouvement de résistance».
Jusqu’alors inédit en vidéo, « Le Diable dans la Boîte », film de Pierre Lary avec le délicieux Jean Rochefort sorti sur les écrans en 1977, nous montrait déjà le profond malaise des cadres
Qui n’a pas, un jour, traversé, hagard et terrifié, la dalle de la Défense pour un rendez-vous d’affaires ne peut comprendre le profond désarroi du cadre français. Se perdre dans la galerie des 4 Temps est un cauchemar qui me revient souvent, en vieillissant. Un sentiment d’échec et d’abandon au milieu des tours vitrées et des Powerpoint intrusifs. Votre servitude professionnelle, vaine et inutile, défile sous vos yeux, au ralenti. Ça vous prend au cœur comme une envie de crier. Et vous êtes empêché par toutes ces minuscules humiliations qui jalonnent la vie d’homme cravaté que vous êtes devenu. La serviette en cuir des années 2000 a remplacé l’attaché-case des années 1970 mais les mots ne sortent toujours pas. Vous êtes ce prisonnier volontaire qui arpente les escalators pour sortir de la gare RER et qui, arrivé à la surface, devant cet horizon zébré de béton et de verre, n’arrive plus à respirer. Vous manquez d’air. Et ce manège infernal recommencera, chaque matin, aussi efficace qu’un lavage de cerveau. Personne ne viendra vous sauver.
Grands ensembles flous
Si aujourd’hui les films dénonçant la brutalité des entreprises, leur compression de personnel et leur management boiteux sont pléthore, en 1977 cette veine sociale et pamphlétaire est balbutiante. Houellebecq n’est ni poète, ni romancier à succès, il est seulement élève ingénieur agronome. « Il ne rentre pas ce soir », le tube corporate d’Eddy Mitchell ne sortira qu’un an plus tard. « Que les gros salaires lèvent le doigt ! » de Denys Granier-Deferre sur la partition musicale du chanteur italien Drupi n’arrivera qu’au début de la décennie suivante. Pierre Lary (1927-2019) est l’un des premiers à s’intéresser aux grands ensembles flous et à la chute mécanique des cadres, il a notamment réalisé des documentaires et des enquêtes sur ce sujet pour la télévision. La crise du pétrole a fait naître de graves inquiétudes sur la pérennité de l’emploi et n’épargne désormais plus personne. Le chômage n’est plus un mirage. Il s’abat indistinctement sur tout le monde. Les cibles sont mouvantes. Qu’ils soient réfractaires ou irréprochables, les employés – on ne dit pas encore collaborateurs – sont sur la sellette. Les Trente glorieuses viennent de tirer leur rideau de fer d’un coup sec. Les cadres ne sont plus les heureux bénéficiaires de la croissance, ils rétropédalent, ils gambergent, ils ont même le sentiment d’avoir été les dindons de la farce. On m’aurait menti ? se disent-ils, dans leur R16 en rentrant du bureau, pendant que leurs épouses pratiquent des exercices de yoga. Alors qu’ils viennent d’installer leur famille dans un confort relatif – vacances à la mer, école privée pour les enfants et chaîne hi-fi dans le salon – on leur conseille de freiner brutalement leur niveau de consommation. Le piège se referme sur eux.
Lutte des services
Lary est surtout connu pour avoir été le fidèle assistant-réalisateur de Luis Buñuel et aussi pour son long-métrage « L’indiscrétion » en 1982 avec Marielle, Rochefort et Dominique Sanda. « Le Diable dans la Boîte » jusqu’alors inédit en vidéo est enfin visible dans la collection L’Œil du Témoin. Cette rareté vintage, au casting génial, adopte un ton amusé quoique fort bien documenté sur les travers des boîtes en restructuration. On est cependant loin de l’ambiance pesante de « L’Imprécateur » de Bertuccelli, à l’affiche sur les écrans cette même année-là. Lary se lance dans l’écriture du « Diable dans la boîte » avec Huguette Debaisieux et Jean-Claude Carrière. Mag Bodard sera la productrice de cette comédie sociale qui met Brissot (Jean Rochefort), un cadre des relations publiques face à son nouveau destin d’évincé du système. Brissot, sujet d’apparence inoffensive, entame une grève de la faim pour sauver son poste. Il veut être réintégré et pour cela, il campe dans son bureau. Il est le caillou dans la chaussure de Michael Lonsdale, PDG au calme olympien, qui, au fil de l’histoire, voit ses certitudes managériales se fissurer sur la réalité d’un homme qui dit non, prodigieuse interprétation. Dans cette lutte des services, les autres salariés vont devoir choisir leur camp.
L’Œil du Témoin
Brissot trouvera sur son chemin des soutiens, comme cette masseuse aux mains de fée (Dominique Labourier) qui l’a compris avant même de l’avoir touché ou Bernard Le Coq, son fidèle collègue qui se transforme en redoutable syndicaliste. Ce film doux-amer, piquant par sa justesse et un brin rêveur par son côté romanesque vaut pour sa distribution : Bernard Haller en coach de séminaires est hilarant, Micheline Presle est une épouse-chef qui ne vacille pas, la grande Christine Dejoux impose son sex-appeal désabusé dans un rôle de vaguemestre harcelée, puis il y a les membres du Splendid (Clavier, Blanc et Lhermitte) qui cachetonnent avec esprit et l’incomparable Anouk Ferjac qui triomphera également en fin d’année 1977 dans « Diabolo menthe ». Face à tant d’obstination, Lonsdale déconcerté, ne comprenant pas cet acharnement à conserver cette place, demande à Rochefort : – Vous l’aimez donc tant cette boîte ? – Non, mais j’ai que ça ! lui répond-il.
Le Diable dans la Boîte de Pierre Lary – DVD L’Œil du Témoin
Vite, un référendum. Sur l’immigration ? sur la légalisation du cannabis ? Attendez, avant toute chose, il faudrait d’abord revoir d’urgence les modalités de mise en place d’un référendum*… Le billet de Sophie de Menthon.
Lorsqu’on ne sait pas quoi faire on demande aux Français des idées, c’est ainsi que le référendum perdure dans l’esprit du président de la République… à condition qu’on en modifie les contours. Première occasion de procrastiner, examiner par exemple comment le référendum lui-même doit être revu.
Mais ce serait trop simple, quoi demander aux Français ! S’ils sont pour l’immigration ? (C’est une blague). Pourquoi pas aussi une question sur les punaises de lit puisque c’est déjà un sujet à la Chambre basse. De la même façon et avec la même efficacité, on annonce fièrement que l’on va étudier « les étapes de la décentralisation ». Quand figure le mot étape, on est tranquille pour un bout de temps. Quant à la décentralisation, il faut peut-être aussi consulter les dealers puisqu’ils ont envahi le territoire jusque dans les plus petites bourgades ?
La réforme de la Constitution qui serait la solution à nos maux, revient : il faudrait la changer : mais avec qui ? Quand ? Pourquoi ? Et quelles conséquences ? Quels avantages ? Sachant que les vrais opposants s’opposent sans s’opposer, puisqu’ils veulent tout de suite la VIème République.
On s’achemine vers une loi sur l’immigration ? On avance bien ! On va proposer des « mesures » sur lesquelles pour l’instant personne n’est d’accord et qui sont inefficaces sinon inapplicables, mais au moins tout le monde votera contre. Quant à laisser travailler ceux qui travaillent déjà et s’intègrent, on ne veut pas en entendre parler, ce serait un appel d’air ; on a mélangé cela avec les « métiers en tension » que personne ne définit vraiment à part pour le bâtiment et… la restauration, on n’est pas sortis de l’auberge !
Comme la drogue ravage le pays et même les facs, on a fermé l’une d’elle pour cinq jours, bravo ! La suite est à envisager selon le bon vouloir des dealers ? On se demande en haut lieu s’il ne faut pas légaliser. « Du coup », plus besoin de répression, on aura le droit de se droguer un point c’est tout ; voilà qui suscitera le respect et qui permettra à votre ado de vous dire, clope au bec « ben, c’est permis »… Lorsqu’on sait que les barons de la drogue sont de très bons chefs d’entreprise, on peut penser que le marketing est déjà prêt et qu’ils casseront alors les prix de la drogue plus dure, juste au-dessus du cannabis…
Le harcèlement ? Promis, on va s’y mettre. On s’y met, on élève la voix, on brasse du vent mieux que les éoliennes. On avance : c’est la faute des réseaux sociaux, de la non levée de l’anonymat, des méchants algorithmes chinois derrière Tiktok, des profs pas soutenus, de l’Education nationale qui se planque etc. mais jamais des parents qui enfantent de petits monstres, parce que ce sont des électeurs. Quoi, des émeutes ? On prend de grands moyens : on entame un « diagnostic des évènements » SIC. (Si on me demande d’aider, ça irait plus vite !).
Mais ouf ! le « Conseil de la refondation » qui est annoncé va refonder… la refondation elle-même ! Bref, plus il y a de problèmes, plus le gouvernement se précipite pour mettre des sparadraps. Autant nous mettons une lenteur infinie à traiter les problèmes concrets et répertoriés, comme ceux de la justice par exemple, autant l’Assemblée nationale en termes d’efficacité, ainsi que la plupart des partis politiques, ont pour principal objectif de voter le contraire du voisin de séance, sauf à être couverts de goudron et de plumes pour collaboration avec l’ennemi.
Et au fait, jeudi 19 octobre c’est la « Fête des Entreprises » (vous savez le jour où l’on dit « J’aime ma boîte ») sachant que l’entreprise est la seule institution qui perdure et suscite l’adhésion des Français envers et contre tout. À l’heure où tout fout le camp… c’est quand même une bonne nouvelle, non ?
* Lors du 65e anniversaire de la Constitution, le chef de l’État a expliqué vouloir élargir le champ du référendum, aux contours actuellement très stricts, et simplifier notre référendum d’initiative partagée. En se gardant bien d’un mode d’emploi précis ! NDLR
Le monde ne cesse pas d’être tragique. Et l’insouciance, sous toutes ses formes, non seulement n’est plus acceptable mais est presque perçue comme criminelle, telle une indifférence méprisant souverainement un réel mortifère. On n’a plus le droit à l’équivoque, à l’ambiguïté. Tout doit être pris au sérieux, au propre, au premier degré. Le figuré est interdit comme le second degré. La gratuité du langage et son irresponsabilité, bonheur des temps calmes, deviennent des péchés, des transgressions inadmissibles. Il faut qu’à chaque seconde on pèse ses mots, on soupèse ses pensées, on limite ses audaces, on domine ses provocations.
Sale période pour la nuance
La mort d’autrui, qui peut survenir à tout instant par l’entremise de fanatiques assassins, la barbarie en Israël, l’immonde criminalité d’Arras, le terrorisme à Bruxelles, la riposte inévitable et forcément meurtrière, malgré les précautions prises, de la démocratie israélienne, tout, absolument tout nous condamne à une indignation qui dans l’immédiat serait indécente avec des nuances, à des réactions qui pour une fois ne seront honorables et légitimes qu’en se préservant de la moindre complexité, vite qualifiée de compréhension, voire d’indulgence. D’une certaine manière les barbares qui veulent la peau de notre civilisation occidentale ont déjà remporté une première victoire capitale. Bien au-delà des dispositifs contraignants de protection et de sauvegarde, jamais parfaits, toujours perfectibles, qu’à cause d’eux, notre quotidienneté doit installer, ils ont réussi leur horrible pari : nous faire perdre la joie d’être ensemble, ce que j’appellerais la politique de la confiance. L’homme est devenu moins un loup pour l’autre qu’un suspect.
Le rire du footballeur Jean-Clair Todibo que celui-ci déclare « nerveux » lors d’une minute de silence en hommage au professeur assassiné, est stigmatisé : il a beau protester, il est étiqueté à vie. L’innocence et la bonne foi, c’était hier ! Ce lycéen de dix-sept ans qui, sur Snapchat, s’est abandonné à menacer un professeur pour faire rire ses copains, a été interpellé et entendu. Il va sans doute comprendre qu’après l’assassinat de l’enseignant d’Arras, l’enfantillage est une honte. Je suis persuadé que cette plaisanterie saumâtre n’avait pas dépassé chez lui le niveau d’une insouciance coupable. Mais on n’a plus le droit. La gravité, le sérieux, même pour les légers, les incultes, les désinvoltes, constituent un devoir, sont mis au rang d’impératifs.
Le scandale Danièle Obono
La députée Danièle Obono, questionnée à quatre reprises par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, se résout à affirmer que les membres du Hamas sont « des résistants ». Cette absurdité, cette indécence, qui hier seraient demeurées comme l’affirmation d’une personnalité provocatrice et extrémiste, maintenant relèvent d’une offense à une atmosphère tragique dont tous doivent avoir conscience.
La députée LFI a refusé de qualifier le Hamas de groupe terroriste, ce matin sur Sud Radio. Capture Sud Radio / YouTube.
Quand le président de la République enjoint à l’Etat « d’être impitoyable », dans les périodes calmes (s’il en a connues), ce volontarisme verbal ne serait apparu que comme la perversion d’un esprit plus doué pour la parole que pour l’action. Aujourd’hui, ma crainte que cela reste verbeux, comme d’habitude, donne à cette posture présidentielle un tour inquiétant. Pour qui que ce soit, du citoyen modeste qui subit au pouvoir qui décide, plus rien n’est neutre, tout devient à charge. La politique n’est plus faite pour les Mélenchon plus épris du tohu-bohu qu’ils créent, que de la pertinence de leurs propos fuyant le consensuel comme la peste. Elle est pour les prudents, les précautionneux, les lucides sachant qu’il y a un temps pour l’indignation absolue et un temps pour les nuances. Le terrorisme est un rabat-joie. Il ne nous laisse pas le choix. Il faut en passer par là pour le vaincre. Le prendre tout le temps au tragique, notre première obligation.
Face à Jean-Jacques Bourdin, sur Sud Radio, la députée « insoumise » Danièle Obono a qualifié le Hamas de « mouvement de résistance » ce matin. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, saisit la justice pour « apologie du terrorisme ».
Un peu d’histoire. Le Hamas est fondé en 1987 par le Cheikh Ahmed Yassine, plus connu par son pseudo dans la Résistance, Jean Moulin. C’est une des anecdotes irrésistibles qui fourmillent dans “l’Histoire racontée par Danielle Obono”, une œuvre maousse, par l’une des plus belles plumes de la maison d’édition Carambar.
Résiste. Danie “la raide” Obono entre en politique par la petite porte de derrière. En 2000 elle intègre le mouvement trotskiste, cette usine à champions. Mais pas dans une cellule prestigieuse, au SPEB, socialisme par en bas. Avec un acronyme pareil, c’est pas gagné. Quand les autres militants sont formés à l’entrisme des élites, Tatie Danielle est envoyée chez les gueux, les bas du front aux débats interminables et vains. On l’expose à la lumière du jour dans un champ d’OGM, un sécateur en mains elle assure. Elle s’amuse avec une attaque d’un McDo, mais l’ambitieuse commence à trouver le temps long quand sur sa route, dans un éclair de lumière, une apparition. L’hologramme de Cheikh Jean-Luc, le méchant, le ronchon, le Mélenchon gris métallisé, avec sa veste de plombier.
Suis ton cœur qui insiste. Pour l’Obono c’est un choc. Dont elle ne s’est toujours pas remise, d’où ses difficultés à l’oral. Elle bute sur certains mots. Terrorisée par JJ Bourdin, son orthophoniste, elle bute. Bourdin veut lui faire dire terrorisme, elle: « té..té..té.. résistance! » Elle est irrésistible sur le mot résistance. Alors elle le place quand elle veut, comme elle veut. Et puis « va manger tes morts, O Gourdin! » Darmanin prend le relais pour lui apprendre à tourner la langue dans sa bouche. Il va vite comprendre sa douleur, car si la bougresse est dans l’incapacité de sortir certains mots, même susurrés, elle est championne pour hurler des grossièretés, surtout envers un mâle blanc, hétéro. Si en plus c’est le premier flic de France… Il peut déjà ouvrir son parapluie anti-postillons, postillons qu’elle balance comme les “résistants” du Hamas les roquettes.
Le Hamas, « un mouvement de résistance » ? Non ! c’est un mouvement terroriste. Je saisis le procureur de la République pour apologie du terrorisme. https://t.co/Z9jmpDnNmi
Va, bats-toi, signe et persiste. Darmanin porte donc plainte. Pourquoi pas. Mais la parole d’Obono est-t-elle suffisamment éclairée, suivie, pour lui offrir une tribune supplémentaire ? Avec une position victimaire, la position dont elle raffole. Mélenchon est retors, intelligent. Obono est tordue, mais cruche. Alors que la parole des plus nazes de LFI se libère, que les masques tombent, que l’on assiste au naufrage en direct de cet équipage de jobards, cette plainte est peut-être superflue. À quoi bon, les trois mots à opposer à l’Obono. L’aquoibonisme devant l’obonisme…
Elisabeth Lévy sur les propos de Danièle Obono (LFI): « on attend une révolte des électeurs musulmans »
Depuis plusieurs mois, la Suède est la cible de menaces émanant d’organisations terroristes islamistes (Al-Qaida et Hezbollah, notamment). Deux de ses ressortissants ont été tués hier soir, à Bruxelles. Depuis la capitale de notre voisin belge, cette correspondance revient sur la traque nocturne abracadabrantesque du terroriste sans papiers à la doudoune orange.
Les rues de Bruxelles ont retenti cette nuit de sirènes d’alarme. La police recherchait l’auteur d’une fusillade qui a tué deux ressortissants suédois. Le responsable de cette tuerie, Abdesalem Lassoued, visait précisément les compatriotes de Fifi Brindacier qui étaient nombreux dans la capitale belge. En effet, il devait s’y dérouler un match éliminatoire pour l’Euro 2024, opposant la Belgique à la Suède. Vu l’attentat, le match a été stoppé à la mi-temps et les supporters suédois ont été priés de rester à l’abri, à l’intérieur du stade Roi Baudouin, qui fut ensuite évacué sous protection. Le score était alors de 1 à 1, mais cela n’a guère d’importance pour la suite des événements.
Les fous d’Allah, ça court les rues
Fidèle à sa réputation de surréalisme, la Belgique devint alors le cadre d’une étrange chasse à l’homme. Le terroriste qui avait abattu deux personnes au son de plus en plus répandu de « Allah Akbar », s’était enfui sur un scooter, bien plus aisé pour circuler dans Bruxelles qu’une voiture quasi condamnée à l’immobilité. Il avait revêtu une doudoune orange vif des plus seyantes mais peu adaptée pour une traque. C’est ainsi qu’il fut repéré par de nombreux Bruxellois qui le filmèrent et postèrent leurs vidéos sur les réseaux sociaux quasiment en temps réel. On le voit même s’arrêter, toujours vêtu de sa pimpante doudoune, et recharger ses armes sur le trottoir. Ce fut le feuilleton de la nuit jusqu’au matin où la police le neutralisa. Il est depuis décédé de ses blessures, et plus personne n’ignore que ce Tunisien de 45 ans avait été débouté en 2020 de sa demande d’asile formulée en 2019 et vivait, ainsi que sa petite famille, sous le coup d’un OQT (Ordre de Quitter le Territoire) qui ne semblait guère le préoccuper, et s’adonnait au trafic d’êtres humains pour boucler ses fins de mois. En bon musulman, il respectait les prescrits coraniques, avec une tendresse particulière pour la sourate 8, verset 12 qui entend dézinguer les mécréants.
Mais dézinguer les mécréants, ça fait du monde et on ne peut pas être partout.
C’est pourquoi Abdesalem Lassoued avait sélectionné les Suédois. Pourquoi les Suédois ? La Suède n’a aucun passé colonial, alors que c’est souvent ce passé colonial qui sert d’excuse pour butter des Belges, des Français ou des Britanniques. Sans compter que la Suède se montre des plus accommodantes avec ses invités du désert. Alors quid ?
🇧🇪🇸🇪 Conférence de presse avec le premier ministre suédois Ulf Kristersson: "Il semble que ce soit une attaque visant la Suède et les citoyens suédois, uniquement parce qu'ils sont suédois." pic.twitter.com/fs4BkShtFI
Pour comprendre le fin mot de l’histoire, il faut remonter à septembre 2020. Un jeune Suédois de 27 ans avait enregistré et diffusé une vidéo dans laquelle il montrait un coran et du bacon rôtissant sur un barbecue devant la cathédrale de Linköping. Il a été condamné jeudi 12, soit 3 jours avant le match et la tuerie, à une peine de prison avec sursis pour incitation à la haine. D’autres autodafés du coran avaient depuis eu lieu en Suède, notamment à l’initiative de Salwan Momika, un réfugié irakien (relire ici notre portrait NDLR).
Le vivre-ensemble, c’est beau dans les livres
Cette haine de l’islam avait provoqué l’ire d’Erdogan, arbitre moyen-oriental de l’OTAN, qui harcèle la Suède afin qu’elle mette un terme à ces profanations. La critique, même potache, des religions n’est en effet pas la vertu cardinale des membres de l’Oumma, et ce n’est pas Charlie Hebdo qui dira le contraire !
Certes, les livres constituent un combustible de faible efficacité, mais faut-il pour autant en condamner l’usage ? Bien sûr que non. Du moins pas dans la civilisation judéo-chrétienne, largement sécularisée de surcroît, où la sacralité s’attache au spirituel et non au temporel, à l’esprit et non aux choses. On peut brûler le coran, les bouquins d’Annie Ernaux, les dictionnaires franco-suédois, les traités de physique d’Einstein, l’intégrale de Shakespeare ou ma dernière BD en vente dans toutes les bonnes librairies. Ce qui est sacré chez nous, ce ne sont pas les bouquins ou les grigris, c’est la vie humaine. Celle de supporters de foot, de simples passants, d’hommes et de femmes innocents qui ne demandaient qu’à vivre. Les bouquins, on s’en fout, ça fait plus de quatre siècles qu’on a inventé l’imprimerie, nos bibliothèques en regorgent, on ne sait plus où les mettre.
Dans le choc des civilisations qui se joue chaque jour sous nos yeux et chaque jour un peu plus violemment, le rapport au sacré est un élément fondamental et le « vivre-ensemble » tant prôné par les ravis de la crèche ne pourra s’épanouir que si les nouveaux venus sur notre sol en acceptent notre définition. Sinon, ce ne sont pas les théocraties qui manquent sur la planète.
En reprenant les fourneaux du Taillevent, Giuliano Sperandio a redonné vie au temple de la gastronomie française. Ce chef, passé par les restaurants de plage et les étoilés, se montre aussi inventif et audacieux que respectueux de nos traditions culinaires.
Il y a dix ans, il tenait un petit restaurant de plage en Ligurie. Il y faisait griller langoustes et autres gamberoni achetés encore tout frétillants aux pêcheurs de San Remo, qui l’appelaient de leur bateau pour lui annoncer leurs prises. Aujourd’hui, le voici chef d’un des plus prestigieux « temples » de la cuisine française, situé dans l’ancien hôtel particulier du duc de Morny, à deux pas des Champs-Élysées : Le Taillevent. C’est l’une des dernières authentiques « maisons de restaurateur » où l’on va manger, non pas seulement pour le chef, mais pour jouir du théâtre de la gastronomie, de la salle, avec son art de servir et de recevoir, discret et chaleureux, sans lequel aller au restaurant s’apparente souvent à une punition !
Top Chef, Masterchef, il déteste!
Par sa force intérieure et sa douceur, Giuliano Sperandio fait penser au personnage incarné par David Carradine dans Kung Fu, la mythique série télévisée créée en 1972. Tel ce moine Shaolin errant au cœur de la violence du far west, Giuliano, depuis ses 14 ans, a tout connu des bas-fonds cachés du monde de la cuisine : en Italie, en Suisse, en Grèce, à New York, son parcours de cuisinier a été marqué par les coups, les insultes, les rapports dominants-dominés, mais il ne s’est jamais posé en victime. « C’était l’apprentissage de la vie ! Ce que j’en ai tiré, c’est une répulsion pour la compétition, telle qu’elle est célébrée de nos jours dans “Top Chef” ou “Master Chef”, ça, je déteste… Pour moi, la cuisine doit être heureuse et paisible, elle doit faire du bien tant pour celui qui la mange que pour ceux qui la font et la mettent en scène ! »
C’est là, sans doute, la raison de son succès fulgurant : depuis son arrivée en 2021, Le Taillevent fait salle comble. La grande cuisine française y est toujours célébrée scrupuleusement mais avec, cette fois-ci, un petit accent méditerranéen, une grâce, une légèreté, un humour, une audace, une lumière qui sont la patte de cet Italien hors du commun, dont la discrétion contraste avec le barnum des « Grands Chefs » dont l’ego a fini par « nous les briser menues » pour parler comme Lino Ventura…
Jusqu’en septembre 2020, Giuliano Sperandio brillait au côté de Christophe Pelé, avec qui il formait, au Clarence (avenue Franklin-Roosevelt), un tandem de choc. Seulement voilà, malgré ses deux étoiles Michelin et le luxe inouï dans lequel il baignait, il s’ennuyait à mourir : « Au Clarence, le prince de Luxembourg (également propriétaire du Château Haut-Brion à Bordeaux), nous donnait tout ce que nous voulions : les produits les plus luxueux, les vaisselles les plus somptueuses, nous étions des enfants gâtés à bord d’une Ferrari… Soudain, j’en ai eu assez. J’ai ressenti le besoin d’un nouveau cadre, avec des contraintes, et surtout, je voulais savoir si j’étais capable d’être aussi créatif en étant le seul chef. »
Au même moment, Le Taillevent n’était plus qu’un champ de ruines, un Musée Grévin rance et figé dans le temps, très loin de l’âge d’or des trois étoiles Michelin décrochées en 1973. À l’époque, c’était le seul restaurant gastronomique où Serge Gainsbourg acceptait de porter la cravate, avec le nœud au milieu du torse.
Saveurs méditerranéennes nouvelles
En avril 2021, les frères Gardinier, propriétaires du restaurant, décident de donner carte blanche à Giuliano Sperandio dont le parcours atypique, les origines populaires et la personnalité singulière les fascinent.« En arrivant au Taillevent, j’ai découvert une cuisine vide avec des crottes de souris partout et une cave qui n’avait pas été nettoyée depuis sa création en 1951… J’ai commencé par faire le ménage moi-même. Puis j’ai constitué ma brigade en ne sélectionnant que des belles personnes. Pour moi, c’est la qualité humaine qui prime : on apprend à être des hommes avant d’être des professionnels ! Les gars me parlent ouvertement, sans crainte, et je leur laisse la liberté de dresser comme ils veulent les plats que j’ai conçus. » Mine de rien, cette capacité à déléguer, c’est ce que la plupart des managers et des petits chefs, en entreprise, ne savent plus faire, préférant humilier et rabaisser leurs salariés, ce qui nourrit le dégoût actuel pour le travail.
Avec Christophe Pelé, Giuliano a appris la spontanéité et l’improvisation : « On arrivait le matin sans savoir ce qu’on allait faire, on inventait sans même se parler… C’était magique, mais ici, c’est impossible ! Les clients fidèles m’attendent au tournant, je dois respecter l’identité de cette maison qui est la célébration de la grande cuisine française. J’ai mis mon ego de côté. Je vis pour Le Taillevent et Le Taillevent vit à travers moi ! Je suis heureux. »
Quel destin que celui de ce fils d’ouvrier de San Remo, élevé à la trique et nourri à la pizza par ses patrons, devenu aujourd’hui le chef du plus parisien des restaurants étoilés !
Des saveurs méditerranéennes nouvelles sont venues enrichir la poularde aux écrevisses et la tourte au chevreuil… « Un seul plat m’a été imposé : le boudin de homard, inventé par le chef Claude Deligne au début des années 1970, que j’ai transformé en quenelle de langoustines ! »
Le plus frappant est de voir le nombre de clients étrangers qui viennent ici (Allemands, Américains, Anglais, Japonais), certains d’y trouver une cuisine française traditionnelle en voie d’extinction que le Guide Michelin et les médias dominants ont cessé de célébrer, comme si elle appartenait à un passé archéologique. Mais qu’est-ce qui est plus difficile à faire, servir du wasabi et de la sauce soja sur le bord de l’assiette ou mitonner une sauce grand veneur dans une belle casserole en cuivre pendant des heures ?
La grandeur de cette maison est ainsi d’avoir su se renouveler tout en restant un théâtre vivant où tous les plats sont terminés en salle devant le client, comme le homard bleu flambé au whisky, la crêpe Suzette ou l’agneau de lait du Pays basque rôti à la broche avec des herbes et servi entier, comme au Moyen Âge, quand Taillevent était le cuisinier du roi.
Le Taillevent
15, rue Lamennais, 75008 Paris. Ouvert du lundi au vendredi soir. Menu déjeuner en trois services à 90 euros. www.letaillevent.com
Au rayon des livres de profs bougons, La Grande Garderie (Albin Michel), le nouvel essai de Lisa Kamen-Hirsig détonne par ses prises de position libérales. Elle déplore des programmes empreints de sociologisme, d’écologisme et de féminisme. Elle observe que, plus l’école est égalitariste, plus elle est inégalitaire.
Malgré une fausse légende, les enseignants affolés par la baisse du niveau ne sont pas si rares en France. Anciens chevènementistes pour la plupart, associant l’autorité du maître à celle de l’État, ils rêvent le plus souvent d’un ministre à l’ancienne, qui aurait enfin de la poigne. Lisa Kamen-Hirsig, elle, prône au contraire une sortie de crise par le bas. Dans La Grande Garderie (Albin Michel) elle plaide pour la déculpabilisation de l’école privée et la décentralisation de l’Éducation nationale. Rencontre avec une militante de ce que l’on appelait il y a encore quarante ans l’« école libre ».
Causeur. Les rayons des librairies abritent un nouveau genre en soi : les livres sur l’effondrement de l’Éducation nationale. En quoi le vôtre se distingue-t-il ?
Lisa Kamen-Hirsig. Peu de ces ouvrages sont écrits par des professeurs d’école primaire. Il y a l’excellent Journal d’une institutrice clandestine de Rachel Boutonnet, mais il a déjà vingt-cinq ans. Par ailleurs, j’ai écrit cet essai pour défendre la liberté scolaire, ce que ne font pas la plupart de mes collègues très attachés à leur statut. En quoi, contrairement à ce que prétend Emmanuel Macron, l’école relèverait-elle du domaine régalien ? Pourquoi l’État exerce-t-il un monopole sur l’éducation des petits Français ? Par des anecdotes et des exemples tirés de ma pratique, j’essaie de montrer que la liberté est la meilleure solution à la crise que traverse notre système scolaire.
Vous montrez une école républicaine imprégnée de sociologisme, repentante sur tout sauf peut-être sur les crimes de la Révolution. Peut-on vraiment lui en vouloir d’être mal à l’aise avec les turpitudes historiques qui ont en fin de compte rendu possible son existence ?
Je n’en veux à personne : je déplore qu’on informe à moitié et que, ce faisant, on oublie des événements, des courants de pensée, des idéologies qui portaient en germe les déviances gauchistes d’aujourd’hui, en particulier cette idée qu’on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs, si j’ose dire, ou plus classiquement qu’il n’est pas bien grave de détruire ou de tuer si c’est dans le but d’instaurer le « bien commun ». Les révolutionnaires prétendent toujours faire le bien des gens même contre leur gré. Il faut le dire aux enfants. La révolution porte en elle la violence, la haine et l’outrance, même lorsqu’elle part d’une révolte légitime et d’une bonne intention.
Vous évoquez plusieurs lubies asphyxiantes dans les programmes et les instructions officielles : le féminisme, l’écologisme, la religion numérique. Il est vrai qu’en fréquentant l’institut de formation des maîtres, il y a déjà bien longtemps, j’en étais venu à me demander si les formateurs n’étaient pas directement rétribués par Apple et Microsoft pour faire la promotion du tout-numérique auprès des futurs profs. Cependant, le numérique dans les classes n’est-il pas un moyen de donner accès aux milieux défavorisés à l’informatique ?
Les milieux dits modestes revendiquent à juste titre le droit de recevoir une éducation de qualité. Les « compétences numériques » qu’on leur inculque aujourd’hui seront très vite périmées alors que la culture classique, par essence, est beaucoup plus pérenne. La Ville de Cannes a mis en place des cours de grec et latin en périscolaire, pour les tout-petits et les écoliers du primaire : ces cours ont un succès fou, et surtout dans les milieux populaires. Ce que l’école ne donne pas, les parents des milieux aisés et ceux qui ont le temps le donnent à la maison et c’est ainsi que les inégalités s’amplifient. Le temps scolaire est limité : chaque minute d’informatique n’est pas une minute consacrée à étudier sa langue ou les mathématiques. Par ailleurs, c’est mentir aux enfants que de leur laisser croire que tout est sur internet : ils pensent ensuite que la mémorisation n’est pas nécessaire, alors qu’on sait qu’elle structure et développe les capacités cérébrales. La France a cédé à la fièvre numérique dans les années 2010. Elle a suivi la mode. Aujourd’hui, de nombreux pays retirent ces équipements des écoles et on sait qu’ils n’ont jamais été utilisés dans les établissements de la Silicon Valley où leurs inventeurs scolarisent leur progéniture. Ouvrons les yeux : le numérique est loin d’être un remède miracle. À la rigueur, s’il y a une compétence numérique à enseigner, c’est le codage, mais ce n’est pas cela que prévoient les programmes…
Vous évoquez des classes qui se griment une année entière aux couleurs de l’univers d’Harry Potter. On peut en effet se demander s’il n’est pas possible de puiser dans d’autres sources, plus classiques, de la littérature française et européenne, et si, au bout d’un an, les élèves ne peuvent pas se lasser de ces histoires de potion magique à la bave de crapaud. N’est-ce pas dû aussi au rétrécissement des références des nouvelles générations d’enseignants ?
Si bien sûr: la rééducation nationale est déjà ancienne, elle date des années 1960-1970. Le recrutement des profs s’est démocratisé en même temps que la massification de l’éducation. On donne le concours à des adultes qui parfois maîtrisent très approximativement les savoirs qu’ils sont supposés enseigner, d’autant que les formations sont essentiellement consacrées à la pédagogie et non à la maîtrise des disciplines et de leurs didactiques propres. Dans un article paru sur le site de L’Étudiant en 2022, Arnaud Dubois, co-responsable du parcours de préparation au concours de professeur des écoles à l’université de Rouen confiait : « Nous n’avons pas choisi les élèves avec les meilleures notes, car ils auront une place ailleurs. » C’est donc un parti pris : vos enfants ne méritent pas les meilleurs. Une fois de plus, tout le système est orienté vers la correction de supposées injustices : les élèves moyens ont le droit d’enseigner euxaussi, il ne faut pas les discriminer. Tant pis si les résultats sont catastrophiques.
L’école privée catholique Saint-Vincent-de-Paul, à Nice, 11 septembre 2023 : le port de l’uniforme est imposé aux élèves de la maternelle à la primaire. Photo: SYSPEO/SIPA
Vous dépeignez un système beaucoup moins inquiet d’inculquer des connaissances que de lutter contre les inégalités et de pousser les têtes blondes à s’engager pour une cause. L’école de la République, qui a lutté un bon siècle contre les bondieuseries, est-elle désormais tout acquise aux bourdieuseries ?
Oui, elle est la proie d’une sorte de bigoterie républicaine : l’égalitarisme, l’écologisme, le féminisme, le culte de la laïcité y règnent sans partage. Mais cela ne date pas de Bourdieu, la IIIe République rêvait déjà de fabriquer des petits républicains, donc de gommer les différences, les particularismes, d’uniformiser la pensée. Ferdinand Buisson, fameux pédagogue du xixe siècle, dont la double ambition était de retirer à l’Église tout rôle dans l’école tout en instaurant une religion de l’humanité, un catéchisme républicain, est encore la référence de nos hommes politiques : Emmanuel Macron le cite régulièrement.
Chez Frédéric Taddeï, le 3 septembre, sur CNews, Jean-Paul Brighelli (qui sévit également dans nos colonnes) a déclaré : « Si l’école est si inégalitaire, c’est parce qu’on l’a voulue ainsi. C’est le protocole de Lisbonne, en 1999-2000, ils ont voulu qu’il y ait 10 % d’élèves qui remplacent les cadres actuels et qui sont en général d’ailleurs les enfants des cadres actuels (on est dans la reproduction bourdieusienne au carré) ; et 90 % d’élèves auxquels on donnera le minimum nécessaire pour commander des pizzas sur Uber Eats. » Partageriez-vous ce point de vue angoissant ?
Qui est ce « ils » ? Des ministres à la solde du grand capital ? Au contraire, l’école française n’a rien de libéral : elle fait l’apologie du métier de fonctionnaire, de la centralisation et se méfie de l’entreprise – combien de professeurs connaissent vraiment le monde de l’entreprise ? L’enseignement de l’économie est très orienté : il suffit de feuilleter quelques manuels pour voir à quel point on rabâche les mêmes vieilles antiennes : le capitalisme et le risque sont diabolisés, la vie y est présentée comme une lutte sans merci entre dominants prêts à tout pour maintenir leur position et dominés évincés du jeu dès la naissance, la mondialisation serait nocive par nature. Dans les années 2000, plusieurs rapports parlementaires ont relevé cette lecture marxiste de l’économie, mais rien n’a vraiment changé.
Nous vivons dans une société de consommation et nous devrions nous en féliciter : les biens sont disponibles en grand nombre, nous ne mourons plus de faim et Jean-Paul Brighelli vend ses livres comme des petits pains. Cette idée que les libéraux complotent pour rendre les élèves idiots et en faire des consommateurs disciplinés relève de la paranoïa : le libéralisme prône la liberté, la responsabilité des individus et non leur asservissement à quelque force ou idéologie que ce soit. Jean-Paul Brighelli est jacobin et pense que l’État doit reprendre en main l’école pour revoir les programmes et les recentrer sur les fondamentaux. Mais l’État ne cesse de clamer qu’il va le faire ! Emmanuel Macron a même déclaré que l’éducation relevait du domaine présidentiel(et qu’on allait voir c’qu’on allait voir !) Pour l’instant, c’est un échec. Je propose d’essayer la liberté, juste pour voir. Et celle-ci ne peut être effective que si l’on rend le choix financier aux parents de scolariser leurs enfants où ils le souhaitent, dans le public ou dans le privé.
À ce sujet, vous citez ce directeur d’école, en Picardie, qui a récupéré un vieux château en ruineet des élèves en perdition, pour créer un établissement hors contrat et en dehors de la matrice officielle. Quand on parle d’école hors contrat, on pense secte. Comment s’assurer que cette solution n’est pas un coup de pouce fait à tous les fondamentalistes ?
Il existe des moyens de contrôler ces écoles et leur respect de la sécurité et de l’ordre publics : nous avons des cohortes d’inspecteurs qui perdent parfois leur temps à vérifier que les enseignants utilisent bien leur tableau numérique interactif : ils pourraient tout à fait contrôler l’absence de discours tendancieux – je pense évidemment à l’islamisme radical – en même temps que le respect des objectifs à atteindre. Le lycée Averroès, grand lycée musulman du nord de la France, a été épinglé pour sa gestion par la Cour des comptes, ainsi que pour prosélytisme. Pourtant c’est un lycée sous contrat avec l’État. Il n’accepte de scolariser que des musulmans. Xavier Bertrand a voulu lui retirer les subventions de la région, mais il a été condamné par la justice à les verser malgré tout. Que l’État balaie devant sa porte.
Vous écrivez (à propos de l’écologie) : « Impossible d’y échapper sauf si par bonheur le ministère est confié à quelqu’un de compétent. » On se demande si ces lignes ont été écrites avant ou après juillet dernier. Gabriel Attal ne vous a-t-il pas agréablement surpris ? On revient de loin, vous ne trouvez pas ?
Je ne peux présager de rien. Gabriel Attal a fait l’unanimité en interdisant l’abaya et en évoquant l’uniforme. Je ne l’ai pas encore entendu s’exprimer sur la « verdisation » des savoirs, selon l’expression d’Élisabeth Borne, qui souhaite instaurer un brevet d’écologie en fin de troisième. Ira-t-il contre sa Première ministre ? Osera-t-il revenir sur le lyssenkisme qui a saisi l’école depuis une vingtaine d’années ? Je le souhaite évidemment, mais je ne vois aucun signe en ce sens pour le moment.
Le président Biden arrive aujourd’hui en Israël, où on va le voir poser devant les photographes avec le Premier ministre israélien. Il devait également se rendre en Jordanie. Mais la poignée de main prévue avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, les Jordaniens et les Égyptiens a été annulée, suite au dramatique bombardement sur un hôpital à Gaza (dont Tsahal assure ce matin qu’il va apporter les preuves de la responsabilité du Djihad islamique). La visite surprise de Biden au Proche-Orient démontre que les Américains n’ont pas confiance en Netanyahou. Washington veut conserver sa politique arabe, et tente d’empêcher ce dernier de la gâcher.
Joe Biden a annoncé, à la dernière minute, lundi soir, qu’il se rendrait en Israël et en Jordanie ce mercredi. Ce type de visite diplomatique surprise, et à haut risque, n’est pas dans les habitudes. Quels sont les objectifs de Joe Biden avec ce déplacement exceptionnel ? Un président américain qui se déplace dans un pays en guerre, sur lequel les missiles et roquettes tombent, est effectivement rare. Même si ce fut déjà le cas à Kiev l’année dernière.
Pourquoi Netanyahou est obligé de tenir compte de ce que Biden vient lui dire
Le président Biden doit montrer l’attachement absolu des États-Unis à l’État d’Israël, car son parti compte une petite faction pro-palestinienne, et une certaine opinion américaine commence à se dessiner en faveur des Palestiniens. L’Amérique a aussi été choquée par un crime de haine, près de Chicago, dans lequel un petit garçon musulman de 6 ans a été tué à coups de couteaux. Biden doit également réfréner Israël, empêcher que Tsahal investisse Gaza entièrement. La raison en est double : s’il y a trop de morts palestiniennes, alors la charge de la cruauté pourrait basculer sur Israël, et le sentiment pro-palestinien s’en nourrir. En se rendant sur place, en dépêchant une flotte américaine, et en expédiant des munitions et des moyens de lutte anti-aérienne, et donc quelques personnels militaires américains, Biden rend un service à Israël d’une telle magnitude que Netanyahou ne peut balayer la position américaine. Et le vaste sentiment pro-israélien sera conforté.
Biden craint-il une guerre mondiale ?
Enfin, Biden a peur qu’une confrontation militaire avec l’Iran déclenche une guerre plus grande, entre Israël et l’Iran. Pendant la Guerre du Golfe, en 1991, Israël a essuyé des SCUDs de Saddam Hussein, sans réagir, car la pression américaine en faveur de la retenue était énorme. Washington veut conserver sa politique arabe, et tente d’empêcher Netanyahou de la gâcher.
Après avoir rappelé dans un premier temps son soutien indéfectible, et estimé que l’État hébreu pouvait riposter face au mal « à l’état pur », le président Biden peut-il réellement obtenir des concessions des Israéliens pour épargner des vies à Gaza ? C’est certain que Biden peut faire pression. Éventuellement, il pourrait même être un alibi pour Netanyahou, en donnant l’impression de forcer le Premier ministre à la retenue. Les Israéliens sont conscients qu’ils n’ont que les États-Unis comme ami majeur, les soutiens britannique, français et allemand ne faisant pas le poids. L’amitié chinoise et russe ne joue plus du tout, et les accords d’Abraham pourraient tomber à l’eau, si Israël envahissait Gaza et ne laissait pas les Gazaouis revenir après la guerre.
L’inimitié entre Téhéran et pratiquement tous les pays arabes est un atout. Si Biden transforme son intervention diplomatique et sa menace militaire en un exercice anti-iranien, personne ne le fustigera, bien au contraire. Donc c’est avec les Européens que Biden va réfréner Israël à Gaza, tout en bombant le torse face à l’Iran. Une unanimité de points de vue diplomatique. Les pays arabes lui sauront gré d’avoir empêché Israël de raser Gaza Nord, car ces mêmes pays, Arabie Saoudite en tête, pourront s’abriter derrière les États-Unis pour justifier leur hostilité au « Glaive de Fer », du nom de l’opération israélienne. De plus, Biden pourrait éventuellement révéler que le Hezbollah n’est pas un factotum absolu de Téhéran. En effet, si une guerre généralisée de la part du Hezbollah devait avoir lieu, le groupe libanais y survivrait-il ? N’est-ce pas un trop gros risque à prendre pour le Hezbollah ? En 2006 le Hezbollah a eu sa guerre. Mais en 2023 c’est la guerre de Téhéran. Et il n’y a pas de grandes retombées à espérer pour le Hebzbollah. Un affrontement Washington – Téhéran ferait plaisir à presque tous les régimes arabes.
L’issue diplomatique est décidément la plus rentable pour Washington. Le monde retient son souffle.
La militante transgenre Olivia Ciappa, invitée dans l’émission « Touche pas à mon poste » pour s’exprimer sur l’histoire
du gynécologue ayant refusé de recevoir une femme trans lors d’une consultation, 12 septembre 2023. D.R.
Le lynchage sur les réseaux sociaux d’un gynécologue qui a refusé d’examiner une femme « en transition de genre » témoigne de la terreur que les militants transsexuels font régner dans notre société. Il révèle aussi cette guerre plus ou moins sourde qu’ils livrent à la gent féminine. Récit.
Jets d’excréments sur des universitaires appelant à une approche vigilante et mesurée des questions de genre pour les mineurs, collégiens traités de « transphobes » parce qu’ils invoquent leur liberté de conscience face au prosélytisme transactiviste d’une association militant en classe, insultes contre l’Être Trans, collectif de personnes trans opposé au traitement des enfants, diffusion en milieu scolaire, via le Planning familial, d’une novlangue bannissant les mots mâle, femelle, masculin, féminin, changer de genre ou changer de sexe : nous assistons sans la voir à l’ascension d’une véritable trans-tyrannie.
Blasphème
En témoigne la mésaventure de Victor Acharian, gynécologue-obstétricien à Pau depuis une trentaine d’années. Début septembre, sa secrétaire accueille une nouvelle patiente arrivée par Doctolib. La dame, accompagnée de son partenaire, se plaint d’une douleur à la poitrine. Elle précise qu’elle est une femme en transition de genre sous traitement hormonal – ce qui explique probablement sa douleur. La secrétaire informe le docteur avec embarras que la patiente est en réalité un patient et que le motif du rendez-vous est une néo-poitrine douloureuse. Le docteur fait répondre qu’il n’est pas compétent pour les hommes et qu’il convient de consulter des services spécialisés dans ces traitements. La secrétaire rend compte de sa réponse. Le ton monte rapidement. La secrétaire est agressée verbalement et traitée de transphobe. Le couple éconduit repart furieux. Il se lâche sur le compte en ligne du praticien. Ce dernier répond sur le même ton : « Je n’ai aucune compétence pour m’occuper des hommes, même s’ils viennent dire à ma secrétaire qu’ils sont devenus femmes. Je ne soigne que les vraies femmes. » Erreur magistrale !
Manifestement, on ne parle pas la novlangue trans en Béarn. Le médecin ignorait qu’il est aujourd’hui blasphématoire d’affirmer que l’espèce humaine est partagée en deux sexes définis par leur fonction reproductrice. Prétendre que la gynécologie est une médecine réservée aux femmes vaut lynchage en place publique. C’est ce qui s’est passé. Le nom de Victor Acharian de Pau est jeté en pâture sur les réseaux, attirant les vautours et leur haine. Une association connue pour être la Lucky Luke de la plainte pour transphobie annonce fièrement qu’elle porte l’affaire devant les tribunaux. En quelques heures, le profil professionnel du docteur Acharian est inondé d’avis négatifs, suscitant une contre-offensive vigoureuse de ses patientes. Face à cette fureur déchaînée, le gynécologue porte plainte contre le patient initial et contre la personne qui l’a balancé sur les réseaux sociaux. Tout ça pour une douleur à la poitrine d’un homme biologique exigeant d’être soigné comme une femme !
On ne peut pas nier la biologie
Cette histoire est symptomatique du transactivisme, violent, égocentrique, qui veut s’imposer dans des espaces réservés aux femmes. Pour la majorité des transsexuels qui veulent vivre leur vie sans s’exhiber ni se cacher, ce militantisme de la terreur dessert leur cause. C’est ce qu’explique Maddy, fondatrice de l’Être Trans : « Être une personne trans est un chemin exigeant à tout point de vue. Il faut beaucoup de courage pour trouver sa place et s’aimer soi-même. Dans l’affaire de ce gynécologue, il est incompréhensible que la personne sous traitement n’ait pas contacté son endocrinologue, qui était évidemment le mieux placé pour lui répondre ou l’adresser à un confrère. » Loin d’être anodin, le traitement hormonal requiert un suivi par un médecin expert, insiste Maddy : « Toutes les personnes trans savent qu’il est essentiel de comprendre les signes cliniques de son corps et l’impact du traitement. Les œstrogènespeuvent faire naître une poitrine susceptible de se développer avec l’âge, mais avec de fortes variations. Il y a forcément des désagréments, des douleurs en cours de pousse, une certaine rigidité pendant les phases d’hyperœstrogénie… Je ne m’explique pas que cette personne n’en ait pas été informée, et qu’elle ne soit pas suivie pour son traitement. »
Un esprit soupçonneux pourrait penser qu’il s’agissait d’un coup monté, d’agit-prop victimaire. Maddy s’interroge : « À peine le couple était-il sorti du cabinet que toute la transosphère était informée, SOS Homophobie était sur le coup pour déposer plainte. Pourquoi tant de haine et d’acharnement contre ce gynécologue qui a eu l’honnêteté de se déclarer incompétent pour aider un homme sous traitement féminisant ? Pourquoi choisir un gynécologue quand c’est un endocrinologue qui peut vous guérir? »
L’épisode est aussi le dernier avatar de la guerre plus ou moins sourde que se livrent militants trans et féministes, les premiers exigeant que les transsexuelles puissent concourir dans les épreuves sportives féminines ou être incarcérées dans des prisons de femmes, ce qui a donné lieu à plusieurs agressions sexuelles. Là encore, le discours de Maddy tranche avec celui des associations sanctifiées par les médias : « L’espace gynécologique appartient aux femmes, pas aux transexuelles. On ne peut pas nier la biologie, elle s’impose à nous ! Chercher à s’imposer là où nous n’avons pas notre place n’a aucun sens. Cette attitude agressive et irrespectueuse dessert la cause des personnes trans. L’humilité et la persévérance sont les qualités essentielles d’une vie de transsexuelle. »
La clef, c’est que Maddy ne cherche pas à s’approprier le signifiant femme comme un fétiche : « À 8 ans j’étais convaincue d’être une fille alors qu’un pénis me poussait entre les jambes. J’ai été une adolescente enfermée dans un corps de garçon, puis une femme transsexuelle. Cela ne fait pas de moi une femme biologique. Dans une conversation de femmes, je suis la seule qui ne peut pas se référer au vécu d’une enfance façonnée par le fait d’être née fille. Être trans, c’est accepter cette réalité. C’est accepter que changer de sexe n’est pas possible, tout au plus peut-on rapprocher de l’apparence et de la fonctionnalité sexuelle. La vaginoplastie n’a de vagin que le nom ! Notre sexe est une zone morte, une plaie ouverte et tapissée.Du plaisir, nous ne ressentons que celui donné à la personne qu’on aime. C’est déjà beaucoup. Impossible d’avoir un enfant. Voilà la réalité d’être une femme trans. Malgré tout, je me sens femme et solidaire de la cause des femmes. S’il faut lutter contre l’activisme trans qui nie l’identité des femmes et sabote leurs droits, je serai du côté des féministes. C’est pourquoi je me tiens aujourd’hui au côté du docteur Acharian et de ses patientes. »
Les droites françaises estiment qu’Israël a le droit de se défendre. Et estiment les démocraties occidentales également menacées. Mais elles se défendent de toute récupération politique… Analyses.
Les actes terroristes islamistes sanguinaires perpétrés par le Hamas sur la terre d’Israël ont fait des émules, comme on pouvait le craindre. Vendredi dernier, en France, à Arras, le professeur Dominique Bernard a été poignardé dans son établissement scolaire par un sectateur de l’islam radical, tandis que Bruxelles vient d’être frappée lundi soir par une attaque terroriste. Cette violence barbare vise à exterminer les Juifs et, plus largement, œuvre pour la faillite de la civilisation occidentale.
Complaisances : la gauche sur le banc des accusés
Alors qu’on est en pleine tragédie, la macronie est frileuse et peine à admettre, à la différence d’un Éric Zemmour, qu’une guerre de civilisation se profile. Même si c’est assez vigoureusement que le gouvernement a condamné la propension des « insoumis » à caresser l’islamisme dans le sens de la barbe.
Les partis de la droite dite « extrême » ou « nationale », Rassemblement national et « Reconquête », sans pour autant s’allier, ont évidemment les mots les plus offensifs. Ces partis proposent également les solutions les plus fermes pour fermer nos frontières aux ennemis de la France, et ils fustigent à qui mieux mieux la funeste collusion de LFI avec l’islamisme. Quant à l’aile conservatrice des Républicains, plus mesurée dans la forme, elle n’en alerte pas moins sur le danger que représente pour notre pays cet islamisme invasif, et condamne aussi la liaison dangereuse qu’entretient LFI avec ledit islamisme – et entend désormais proposer des solutions claires pour enrayer une immigration devenue débridée.
La macronie bousculée
Dans ce combat, la macronie ne propose, elle, que ses habituelles formules creuses et racoleuses, et en profite pour tenter de refourguer un projet de loi sur l’immigration dont beaucoup craignent qu’il soit inopérant.
Après l’acte terroriste d’Arras, notre Résistant de la République a réitéré son exhortation à rester «unis et debout » et à faire le « choix de ne pascéder à la terreur et de rien laisser nousdiviser ». Quant à la fusillade meurtrière de Bruxelles, elle lui a inspiré cette pénétrante constatation : « Notre Europe estbousculée. »
Alors que la barbarie investit l’école, Brigitte Macron, dont on connaît l’implication en matière d’éducation, épaule vaillamment son époux dans son combat contre un obscurantisme aussi violent que sanglant, et a annoncé des mesures de nature à rasséréner, à coup sûr, parents, élèves et professeurs : « Il y aura de plus en plus de formations à la tolérance, à la bienveillance.» Il s’agira de « rassurer » les élèves, de « leur dire le monde sans les angoisser ». Gérald Darmanin, lui, affirme la nécessité d’adopter urgemment l’idéal projet de loi sur l’immigration proposé par le gouvernement ; projet dont on sait qu’il allie « l’humanité », avec la régularisation des étrangers pour les « métiers en tension », à « la fermeté » requise pour lutter contre l’immigration illégale. On a bien compris que ce projet de loi ne saurait fermer nos frontières à une immigration illégale protégée par la jurisprudence, la complexité normative et les cours internationales. La macronie veut continuer à paraître, dans la posture comme dans l’imposture. Il s’agit de préserver avec des incantations qui tiennent lieu d’action le mirage d’un vivre-ensemble éculé et de proposer, pour faire mine d’enrayer l’immigration exponentielle, quelques solutions qui font figure d’emplâtres destinés à une jambe de bois…
RN et « Reconquête » à l’offensive
Après les attentats terroristes du Hamas sur le sol israélien, Éric Zemmour, chef du parti « Reconquête », a assuré Israël de son soutien indéfectible puis, l’un des premiers, a évoqué l’éventualité d’une guerre de civilisation menée à l’identique sur le sol français. Les exactions du Hamas n’allaient pas manquer d’inspirer une frange de la population arabo-musulmane importée massivement sur notre sol depuis une quarantaine d’année, encouragée par la politique démagogue de LFI à son égard[1]. Éric Zemmour a rappelé : « il y a eu, en 2022, lors de la campagne pour l’élection présidentielle,l’émergence, l’accouchement d’un peuple islamo-gauchiste, sous les auspices de Jean-Luc Mélenchon. » Après l’assassinat du professeur Dominique Bernard, Éric Zemmour s’est à nouveau exprimé, toujours sans mâcher ses mots : « Les politiciens ontimporté la mort sur notre sol. L’immigration porte la guerre de civilisation comme la nuée porte l’orage.Semaine aprèssemaine,je vous alerte. » Il a poursuivi : « Tirons enfin les leçons, arrêtons l’immigration, interdisons les Frères musulmans, expulsons les fichés S islamistes. »
Marine Le Pen, pas plus qu’Éric Zemmour, n’édulcore son propos. Dans l’émission Les 4 vérités, sur France 2, elle souligne, sans langue de bois, la gageure que constitue l’union nationale préconisée en pareil contexte politique : « On va faire l’union nationale avecqui ? Avec la France insoumise ? Avec un gouvernement qui met en place une loi sur l’immigration qui crée une nouvelle filière d’immigration en régularisant les clandestins qui travaillent ? » Elle ajoute, claire : « Il faut que toute personne étrangère soit expulsée de notre territoire quand elle fraye avec l’islamisme. » Dans l’hémicycle, on a pu également voir la patronne du Rassemblement national rappeler à Mathilde Panot les accointances sordides de LFI avec les islamistes : « Vosamis (…), Madame Panot, jettent le corps desfemmes derrière les pickups et ils crachent dessus après les avoir violées et les avoir démembrées. »
La droite, affaiblie, se ralliera-t-elle à Darmanin ou à la droite nationale ?
À droite, la branche conservatrice des Républicains semble partager les positions de la droite qualifiée « d’extrême » par ses détracteurs. François-Xavier Bellamy, dont on se souvient qu’il avait parrainé Éric Zemmour lors de la présidentielle et assuré qu’il voterait pour le candidat de « Reconquête » s’il était au second tour face à Emmanuel Macron, s’est exprimé sur l’antenne de Sud Radio. Il y a posément dénoncé la faiblesse du pouvoir en place, l’indécente irresponsabilité des « Insoumis », et souligné la vanité du projet de loi de Gérald Darmanin qui, en aucun cas, ne nous rendrait la maîtrise de nos frontières, et a conclu : « Nous devons refondre notre politique migratoire en rendant la parole aux Français, par référendum. »
Face aux menaces contre notre civilisation, les droites auraient peut-être intérêt à s’allier pour faire front contre la politique du « en même temps » qui, en raison de sa faiblesse, a favorisé l’expansion de l’islamisme en France. Unies, elles pourraient également contrer Jean-Luc Mélenchon et ses affidés islamo-gauchistes qui concourent à déstabiliser le pays.
Quant à nous, Français, relisons les écrits de Raymond Aron. Ils pourront éclairer utilement, en ces temps troublés, nos choix politiques. Dans le contexte historique actuel, où la fragilité des démocraties est à nouveau évidente, la pensée de celui qui affirma : « Nulle doctrine n’est plus utopique que celle qui rassemble des éléments raisonnables (…) Inversement, la pensée totalitaire qui prétendrait ramener une société entière à un principe unique, verserait dans un fanatisme plus redoutable encore » peut nous servir de phare. Celui qui fut philosophe, sociologue, politologue, professeur et journaliste avait également dit : « Quand les hommes ne choisissent pas, les évènementschoisissent pour eux », nous y voilà.
[1] À ce propos, on relèvera la dernière marque d’allégeance à l’islamisme donnée par LFI : l’« Insoumise » Danièle Obono vient de s’illustrer en qualifiant mardi le Hamas « de mouvement de résistance».
Jusqu’alors inédit en vidéo, « Le Diable dans la Boîte », film de Pierre Lary avec le délicieux Jean Rochefort sorti sur les écrans en 1977, nous montrait déjà le profond malaise des cadres
Qui n’a pas, un jour, traversé, hagard et terrifié, la dalle de la Défense pour un rendez-vous d’affaires ne peut comprendre le profond désarroi du cadre français. Se perdre dans la galerie des 4 Temps est un cauchemar qui me revient souvent, en vieillissant. Un sentiment d’échec et d’abandon au milieu des tours vitrées et des Powerpoint intrusifs. Votre servitude professionnelle, vaine et inutile, défile sous vos yeux, au ralenti. Ça vous prend au cœur comme une envie de crier. Et vous êtes empêché par toutes ces minuscules humiliations qui jalonnent la vie d’homme cravaté que vous êtes devenu. La serviette en cuir des années 2000 a remplacé l’attaché-case des années 1970 mais les mots ne sortent toujours pas. Vous êtes ce prisonnier volontaire qui arpente les escalators pour sortir de la gare RER et qui, arrivé à la surface, devant cet horizon zébré de béton et de verre, n’arrive plus à respirer. Vous manquez d’air. Et ce manège infernal recommencera, chaque matin, aussi efficace qu’un lavage de cerveau. Personne ne viendra vous sauver.
Grands ensembles flous
Si aujourd’hui les films dénonçant la brutalité des entreprises, leur compression de personnel et leur management boiteux sont pléthore, en 1977 cette veine sociale et pamphlétaire est balbutiante. Houellebecq n’est ni poète, ni romancier à succès, il est seulement élève ingénieur agronome. « Il ne rentre pas ce soir », le tube corporate d’Eddy Mitchell ne sortira qu’un an plus tard. « Que les gros salaires lèvent le doigt ! » de Denys Granier-Deferre sur la partition musicale du chanteur italien Drupi n’arrivera qu’au début de la décennie suivante. Pierre Lary (1927-2019) est l’un des premiers à s’intéresser aux grands ensembles flous et à la chute mécanique des cadres, il a notamment réalisé des documentaires et des enquêtes sur ce sujet pour la télévision. La crise du pétrole a fait naître de graves inquiétudes sur la pérennité de l’emploi et n’épargne désormais plus personne. Le chômage n’est plus un mirage. Il s’abat indistinctement sur tout le monde. Les cibles sont mouvantes. Qu’ils soient réfractaires ou irréprochables, les employés – on ne dit pas encore collaborateurs – sont sur la sellette. Les Trente glorieuses viennent de tirer leur rideau de fer d’un coup sec. Les cadres ne sont plus les heureux bénéficiaires de la croissance, ils rétropédalent, ils gambergent, ils ont même le sentiment d’avoir été les dindons de la farce. On m’aurait menti ? se disent-ils, dans leur R16 en rentrant du bureau, pendant que leurs épouses pratiquent des exercices de yoga. Alors qu’ils viennent d’installer leur famille dans un confort relatif – vacances à la mer, école privée pour les enfants et chaîne hi-fi dans le salon – on leur conseille de freiner brutalement leur niveau de consommation. Le piège se referme sur eux.
Lutte des services
Lary est surtout connu pour avoir été le fidèle assistant-réalisateur de Luis Buñuel et aussi pour son long-métrage « L’indiscrétion » en 1982 avec Marielle, Rochefort et Dominique Sanda. « Le Diable dans la Boîte » jusqu’alors inédit en vidéo est enfin visible dans la collection L’Œil du Témoin. Cette rareté vintage, au casting génial, adopte un ton amusé quoique fort bien documenté sur les travers des boîtes en restructuration. On est cependant loin de l’ambiance pesante de « L’Imprécateur » de Bertuccelli, à l’affiche sur les écrans cette même année-là. Lary se lance dans l’écriture du « Diable dans la boîte » avec Huguette Debaisieux et Jean-Claude Carrière. Mag Bodard sera la productrice de cette comédie sociale qui met Brissot (Jean Rochefort), un cadre des relations publiques face à son nouveau destin d’évincé du système. Brissot, sujet d’apparence inoffensive, entame une grève de la faim pour sauver son poste. Il veut être réintégré et pour cela, il campe dans son bureau. Il est le caillou dans la chaussure de Michael Lonsdale, PDG au calme olympien, qui, au fil de l’histoire, voit ses certitudes managériales se fissurer sur la réalité d’un homme qui dit non, prodigieuse interprétation. Dans cette lutte des services, les autres salariés vont devoir choisir leur camp.
L’Œil du Témoin
Brissot trouvera sur son chemin des soutiens, comme cette masseuse aux mains de fée (Dominique Labourier) qui l’a compris avant même de l’avoir touché ou Bernard Le Coq, son fidèle collègue qui se transforme en redoutable syndicaliste. Ce film doux-amer, piquant par sa justesse et un brin rêveur par son côté romanesque vaut pour sa distribution : Bernard Haller en coach de séminaires est hilarant, Micheline Presle est une épouse-chef qui ne vacille pas, la grande Christine Dejoux impose son sex-appeal désabusé dans un rôle de vaguemestre harcelée, puis il y a les membres du Splendid (Clavier, Blanc et Lhermitte) qui cachetonnent avec esprit et l’incomparable Anouk Ferjac qui triomphera également en fin d’année 1977 dans « Diabolo menthe ». Face à tant d’obstination, Lonsdale déconcerté, ne comprenant pas cet acharnement à conserver cette place, demande à Rochefort : – Vous l’aimez donc tant cette boîte ? – Non, mais j’ai que ça ! lui répond-il.
Le Diable dans la Boîte de Pierre Lary – DVD L’Œil du Témoin
Vite, un référendum. Sur l’immigration ? sur la légalisation du cannabis ? Attendez, avant toute chose, il faudrait d’abord revoir d’urgence les modalités de mise en place d’un référendum*… Le billet de Sophie de Menthon.
Lorsqu’on ne sait pas quoi faire on demande aux Français des idées, c’est ainsi que le référendum perdure dans l’esprit du président de la République… à condition qu’on en modifie les contours. Première occasion de procrastiner, examiner par exemple comment le référendum lui-même doit être revu.
Mais ce serait trop simple, quoi demander aux Français ! S’ils sont pour l’immigration ? (C’est une blague). Pourquoi pas aussi une question sur les punaises de lit puisque c’est déjà un sujet à la Chambre basse. De la même façon et avec la même efficacité, on annonce fièrement que l’on va étudier « les étapes de la décentralisation ». Quand figure le mot étape, on est tranquille pour un bout de temps. Quant à la décentralisation, il faut peut-être aussi consulter les dealers puisqu’ils ont envahi le territoire jusque dans les plus petites bourgades ?
La réforme de la Constitution qui serait la solution à nos maux, revient : il faudrait la changer : mais avec qui ? Quand ? Pourquoi ? Et quelles conséquences ? Quels avantages ? Sachant que les vrais opposants s’opposent sans s’opposer, puisqu’ils veulent tout de suite la VIème République.
On s’achemine vers une loi sur l’immigration ? On avance bien ! On va proposer des « mesures » sur lesquelles pour l’instant personne n’est d’accord et qui sont inefficaces sinon inapplicables, mais au moins tout le monde votera contre. Quant à laisser travailler ceux qui travaillent déjà et s’intègrent, on ne veut pas en entendre parler, ce serait un appel d’air ; on a mélangé cela avec les « métiers en tension » que personne ne définit vraiment à part pour le bâtiment et… la restauration, on n’est pas sortis de l’auberge !
Comme la drogue ravage le pays et même les facs, on a fermé l’une d’elle pour cinq jours, bravo ! La suite est à envisager selon le bon vouloir des dealers ? On se demande en haut lieu s’il ne faut pas légaliser. « Du coup », plus besoin de répression, on aura le droit de se droguer un point c’est tout ; voilà qui suscitera le respect et qui permettra à votre ado de vous dire, clope au bec « ben, c’est permis »… Lorsqu’on sait que les barons de la drogue sont de très bons chefs d’entreprise, on peut penser que le marketing est déjà prêt et qu’ils casseront alors les prix de la drogue plus dure, juste au-dessus du cannabis…
Le harcèlement ? Promis, on va s’y mettre. On s’y met, on élève la voix, on brasse du vent mieux que les éoliennes. On avance : c’est la faute des réseaux sociaux, de la non levée de l’anonymat, des méchants algorithmes chinois derrière Tiktok, des profs pas soutenus, de l’Education nationale qui se planque etc. mais jamais des parents qui enfantent de petits monstres, parce que ce sont des électeurs. Quoi, des émeutes ? On prend de grands moyens : on entame un « diagnostic des évènements » SIC. (Si on me demande d’aider, ça irait plus vite !).
Mais ouf ! le « Conseil de la refondation » qui est annoncé va refonder… la refondation elle-même ! Bref, plus il y a de problèmes, plus le gouvernement se précipite pour mettre des sparadraps. Autant nous mettons une lenteur infinie à traiter les problèmes concrets et répertoriés, comme ceux de la justice par exemple, autant l’Assemblée nationale en termes d’efficacité, ainsi que la plupart des partis politiques, ont pour principal objectif de voter le contraire du voisin de séance, sauf à être couverts de goudron et de plumes pour collaboration avec l’ennemi.
Et au fait, jeudi 19 octobre c’est la « Fête des Entreprises » (vous savez le jour où l’on dit « J’aime ma boîte ») sachant que l’entreprise est la seule institution qui perdure et suscite l’adhésion des Français envers et contre tout. À l’heure où tout fout le camp… c’est quand même une bonne nouvelle, non ?
* Lors du 65e anniversaire de la Constitution, le chef de l’État a expliqué vouloir élargir le champ du référendum, aux contours actuellement très stricts, et simplifier notre référendum d’initiative partagée. En se gardant bien d’un mode d’emploi précis ! NDLR
Le monde ne cesse pas d’être tragique. Et l’insouciance, sous toutes ses formes, non seulement n’est plus acceptable mais est presque perçue comme criminelle, telle une indifférence méprisant souverainement un réel mortifère. On n’a plus le droit à l’équivoque, à l’ambiguïté. Tout doit être pris au sérieux, au propre, au premier degré. Le figuré est interdit comme le second degré. La gratuité du langage et son irresponsabilité, bonheur des temps calmes, deviennent des péchés, des transgressions inadmissibles. Il faut qu’à chaque seconde on pèse ses mots, on soupèse ses pensées, on limite ses audaces, on domine ses provocations.
Sale période pour la nuance
La mort d’autrui, qui peut survenir à tout instant par l’entremise de fanatiques assassins, la barbarie en Israël, l’immonde criminalité d’Arras, le terrorisme à Bruxelles, la riposte inévitable et forcément meurtrière, malgré les précautions prises, de la démocratie israélienne, tout, absolument tout nous condamne à une indignation qui dans l’immédiat serait indécente avec des nuances, à des réactions qui pour une fois ne seront honorables et légitimes qu’en se préservant de la moindre complexité, vite qualifiée de compréhension, voire d’indulgence. D’une certaine manière les barbares qui veulent la peau de notre civilisation occidentale ont déjà remporté une première victoire capitale. Bien au-delà des dispositifs contraignants de protection et de sauvegarde, jamais parfaits, toujours perfectibles, qu’à cause d’eux, notre quotidienneté doit installer, ils ont réussi leur horrible pari : nous faire perdre la joie d’être ensemble, ce que j’appellerais la politique de la confiance. L’homme est devenu moins un loup pour l’autre qu’un suspect.
Le rire du footballeur Jean-Clair Todibo que celui-ci déclare « nerveux » lors d’une minute de silence en hommage au professeur assassiné, est stigmatisé : il a beau protester, il est étiqueté à vie. L’innocence et la bonne foi, c’était hier ! Ce lycéen de dix-sept ans qui, sur Snapchat, s’est abandonné à menacer un professeur pour faire rire ses copains, a été interpellé et entendu. Il va sans doute comprendre qu’après l’assassinat de l’enseignant d’Arras, l’enfantillage est une honte. Je suis persuadé que cette plaisanterie saumâtre n’avait pas dépassé chez lui le niveau d’une insouciance coupable. Mais on n’a plus le droit. La gravité, le sérieux, même pour les légers, les incultes, les désinvoltes, constituent un devoir, sont mis au rang d’impératifs.
Le scandale Danièle Obono
La députée Danièle Obono, questionnée à quatre reprises par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, se résout à affirmer que les membres du Hamas sont « des résistants ». Cette absurdité, cette indécence, qui hier seraient demeurées comme l’affirmation d’une personnalité provocatrice et extrémiste, maintenant relèvent d’une offense à une atmosphère tragique dont tous doivent avoir conscience.
La députée LFI a refusé de qualifier le Hamas de groupe terroriste, ce matin sur Sud Radio. Capture Sud Radio / YouTube.
Quand le président de la République enjoint à l’Etat « d’être impitoyable », dans les périodes calmes (s’il en a connues), ce volontarisme verbal ne serait apparu que comme la perversion d’un esprit plus doué pour la parole que pour l’action. Aujourd’hui, ma crainte que cela reste verbeux, comme d’habitude, donne à cette posture présidentielle un tour inquiétant. Pour qui que ce soit, du citoyen modeste qui subit au pouvoir qui décide, plus rien n’est neutre, tout devient à charge. La politique n’est plus faite pour les Mélenchon plus épris du tohu-bohu qu’ils créent, que de la pertinence de leurs propos fuyant le consensuel comme la peste. Elle est pour les prudents, les précautionneux, les lucides sachant qu’il y a un temps pour l’indignation absolue et un temps pour les nuances. Le terrorisme est un rabat-joie. Il ne nous laisse pas le choix. Il faut en passer par là pour le vaincre. Le prendre tout le temps au tragique, notre première obligation.
La députée LFI a refusé de qualifier le Hamas de groupe terroriste, ce matin sur Sud Radio. Capture Sud Radio / YouTube.
Face à Jean-Jacques Bourdin, sur Sud Radio, la députée « insoumise » Danièle Obono a qualifié le Hamas de « mouvement de résistance » ce matin. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, saisit la justice pour « apologie du terrorisme ».
Un peu d’histoire. Le Hamas est fondé en 1987 par le Cheikh Ahmed Yassine, plus connu par son pseudo dans la Résistance, Jean Moulin. C’est une des anecdotes irrésistibles qui fourmillent dans “l’Histoire racontée par Danielle Obono”, une œuvre maousse, par l’une des plus belles plumes de la maison d’édition Carambar.
Résiste. Danie “la raide” Obono entre en politique par la petite porte de derrière. En 2000 elle intègre le mouvement trotskiste, cette usine à champions. Mais pas dans une cellule prestigieuse, au SPEB, socialisme par en bas. Avec un acronyme pareil, c’est pas gagné. Quand les autres militants sont formés à l’entrisme des élites, Tatie Danielle est envoyée chez les gueux, les bas du front aux débats interminables et vains. On l’expose à la lumière du jour dans un champ d’OGM, un sécateur en mains elle assure. Elle s’amuse avec une attaque d’un McDo, mais l’ambitieuse commence à trouver le temps long quand sur sa route, dans un éclair de lumière, une apparition. L’hologramme de Cheikh Jean-Luc, le méchant, le ronchon, le Mélenchon gris métallisé, avec sa veste de plombier.
Suis ton cœur qui insiste. Pour l’Obono c’est un choc. Dont elle ne s’est toujours pas remise, d’où ses difficultés à l’oral. Elle bute sur certains mots. Terrorisée par JJ Bourdin, son orthophoniste, elle bute. Bourdin veut lui faire dire terrorisme, elle: « té..té..té.. résistance! » Elle est irrésistible sur le mot résistance. Alors elle le place quand elle veut, comme elle veut. Et puis « va manger tes morts, O Gourdin! » Darmanin prend le relais pour lui apprendre à tourner la langue dans sa bouche. Il va vite comprendre sa douleur, car si la bougresse est dans l’incapacité de sortir certains mots, même susurrés, elle est championne pour hurler des grossièretés, surtout envers un mâle blanc, hétéro. Si en plus c’est le premier flic de France… Il peut déjà ouvrir son parapluie anti-postillons, postillons qu’elle balance comme les “résistants” du Hamas les roquettes.
Le Hamas, « un mouvement de résistance » ? Non ! c’est un mouvement terroriste. Je saisis le procureur de la République pour apologie du terrorisme. https://t.co/Z9jmpDnNmi
Va, bats-toi, signe et persiste. Darmanin porte donc plainte. Pourquoi pas. Mais la parole d’Obono est-t-elle suffisamment éclairée, suivie, pour lui offrir une tribune supplémentaire ? Avec une position victimaire, la position dont elle raffole. Mélenchon est retors, intelligent. Obono est tordue, mais cruche. Alors que la parole des plus nazes de LFI se libère, que les masques tombent, que l’on assiste au naufrage en direct de cet équipage de jobards, cette plainte est peut-être superflue. À quoi bon, les trois mots à opposer à l’Obono. L’aquoibonisme devant l’obonisme…
Elisabeth Lévy sur les propos de Danièle Obono (LFI): « on attend une révolte des électeurs musulmans »
Depuis plusieurs mois, la Suède est la cible de menaces émanant d’organisations terroristes islamistes (Al-Qaida et Hezbollah, notamment). Deux de ses ressortissants ont été tués hier soir, à Bruxelles. Depuis la capitale de notre voisin belge, cette correspondance revient sur la traque nocturne abracadabrantesque du terroriste sans papiers à la doudoune orange.
Les rues de Bruxelles ont retenti cette nuit de sirènes d’alarme. La police recherchait l’auteur d’une fusillade qui a tué deux ressortissants suédois. Le responsable de cette tuerie, Abdesalem Lassoued, visait précisément les compatriotes de Fifi Brindacier qui étaient nombreux dans la capitale belge. En effet, il devait s’y dérouler un match éliminatoire pour l’Euro 2024, opposant la Belgique à la Suède. Vu l’attentat, le match a été stoppé à la mi-temps et les supporters suédois ont été priés de rester à l’abri, à l’intérieur du stade Roi Baudouin, qui fut ensuite évacué sous protection. Le score était alors de 1 à 1, mais cela n’a guère d’importance pour la suite des événements.
Les fous d’Allah, ça court les rues
Fidèle à sa réputation de surréalisme, la Belgique devint alors le cadre d’une étrange chasse à l’homme. Le terroriste qui avait abattu deux personnes au son de plus en plus répandu de « Allah Akbar », s’était enfui sur un scooter, bien plus aisé pour circuler dans Bruxelles qu’une voiture quasi condamnée à l’immobilité. Il avait revêtu une doudoune orange vif des plus seyantes mais peu adaptée pour une traque. C’est ainsi qu’il fut repéré par de nombreux Bruxellois qui le filmèrent et postèrent leurs vidéos sur les réseaux sociaux quasiment en temps réel. On le voit même s’arrêter, toujours vêtu de sa pimpante doudoune, et recharger ses armes sur le trottoir. Ce fut le feuilleton de la nuit jusqu’au matin où la police le neutralisa. Il est depuis décédé de ses blessures, et plus personne n’ignore que ce Tunisien de 45 ans avait été débouté en 2020 de sa demande d’asile formulée en 2019 et vivait, ainsi que sa petite famille, sous le coup d’un OQT (Ordre de Quitter le Territoire) qui ne semblait guère le préoccuper, et s’adonnait au trafic d’êtres humains pour boucler ses fins de mois. En bon musulman, il respectait les prescrits coraniques, avec une tendresse particulière pour la sourate 8, verset 12 qui entend dézinguer les mécréants.
Mais dézinguer les mécréants, ça fait du monde et on ne peut pas être partout.
C’est pourquoi Abdesalem Lassoued avait sélectionné les Suédois. Pourquoi les Suédois ? La Suède n’a aucun passé colonial, alors que c’est souvent ce passé colonial qui sert d’excuse pour butter des Belges, des Français ou des Britanniques. Sans compter que la Suède se montre des plus accommodantes avec ses invités du désert. Alors quid ?
🇧🇪🇸🇪 Conférence de presse avec le premier ministre suédois Ulf Kristersson: "Il semble que ce soit une attaque visant la Suède et les citoyens suédois, uniquement parce qu'ils sont suédois." pic.twitter.com/fs4BkShtFI
Pour comprendre le fin mot de l’histoire, il faut remonter à septembre 2020. Un jeune Suédois de 27 ans avait enregistré et diffusé une vidéo dans laquelle il montrait un coran et du bacon rôtissant sur un barbecue devant la cathédrale de Linköping. Il a été condamné jeudi 12, soit 3 jours avant le match et la tuerie, à une peine de prison avec sursis pour incitation à la haine. D’autres autodafés du coran avaient depuis eu lieu en Suède, notamment à l’initiative de Salwan Momika, un réfugié irakien (relire ici notre portrait NDLR).
Le vivre-ensemble, c’est beau dans les livres
Cette haine de l’islam avait provoqué l’ire d’Erdogan, arbitre moyen-oriental de l’OTAN, qui harcèle la Suède afin qu’elle mette un terme à ces profanations. La critique, même potache, des religions n’est en effet pas la vertu cardinale des membres de l’Oumma, et ce n’est pas Charlie Hebdo qui dira le contraire !
Certes, les livres constituent un combustible de faible efficacité, mais faut-il pour autant en condamner l’usage ? Bien sûr que non. Du moins pas dans la civilisation judéo-chrétienne, largement sécularisée de surcroît, où la sacralité s’attache au spirituel et non au temporel, à l’esprit et non aux choses. On peut brûler le coran, les bouquins d’Annie Ernaux, les dictionnaires franco-suédois, les traités de physique d’Einstein, l’intégrale de Shakespeare ou ma dernière BD en vente dans toutes les bonnes librairies. Ce qui est sacré chez nous, ce ne sont pas les bouquins ou les grigris, c’est la vie humaine. Celle de supporters de foot, de simples passants, d’hommes et de femmes innocents qui ne demandaient qu’à vivre. Les bouquins, on s’en fout, ça fait plus de quatre siècles qu’on a inventé l’imprimerie, nos bibliothèques en regorgent, on ne sait plus où les mettre.
Dans le choc des civilisations qui se joue chaque jour sous nos yeux et chaque jour un peu plus violemment, le rapport au sacré est un élément fondamental et le « vivre-ensemble » tant prôné par les ravis de la crèche ne pourra s’épanouir que si les nouveaux venus sur notre sol en acceptent notre définition. Sinon, ce ne sont pas les théocraties qui manquent sur la planète.
En reprenant les fourneaux du Taillevent, Giuliano Sperandio a redonné vie au temple de la gastronomie française. Ce chef, passé par les restaurants de plage et les étoilés, se montre aussi inventif et audacieux que respectueux de nos traditions culinaires.
Il y a dix ans, il tenait un petit restaurant de plage en Ligurie. Il y faisait griller langoustes et autres gamberoni achetés encore tout frétillants aux pêcheurs de San Remo, qui l’appelaient de leur bateau pour lui annoncer leurs prises. Aujourd’hui, le voici chef d’un des plus prestigieux « temples » de la cuisine française, situé dans l’ancien hôtel particulier du duc de Morny, à deux pas des Champs-Élysées : Le Taillevent. C’est l’une des dernières authentiques « maisons de restaurateur » où l’on va manger, non pas seulement pour le chef, mais pour jouir du théâtre de la gastronomie, de la salle, avec son art de servir et de recevoir, discret et chaleureux, sans lequel aller au restaurant s’apparente souvent à une punition !
Top Chef, Masterchef, il déteste!
Par sa force intérieure et sa douceur, Giuliano Sperandio fait penser au personnage incarné par David Carradine dans Kung Fu, la mythique série télévisée créée en 1972. Tel ce moine Shaolin errant au cœur de la violence du far west, Giuliano, depuis ses 14 ans, a tout connu des bas-fonds cachés du monde de la cuisine : en Italie, en Suisse, en Grèce, à New York, son parcours de cuisinier a été marqué par les coups, les insultes, les rapports dominants-dominés, mais il ne s’est jamais posé en victime. « C’était l’apprentissage de la vie ! Ce que j’en ai tiré, c’est une répulsion pour la compétition, telle qu’elle est célébrée de nos jours dans “Top Chef” ou “Master Chef”, ça, je déteste… Pour moi, la cuisine doit être heureuse et paisible, elle doit faire du bien tant pour celui qui la mange que pour ceux qui la font et la mettent en scène ! »
C’est là, sans doute, la raison de son succès fulgurant : depuis son arrivée en 2021, Le Taillevent fait salle comble. La grande cuisine française y est toujours célébrée scrupuleusement mais avec, cette fois-ci, un petit accent méditerranéen, une grâce, une légèreté, un humour, une audace, une lumière qui sont la patte de cet Italien hors du commun, dont la discrétion contraste avec le barnum des « Grands Chefs » dont l’ego a fini par « nous les briser menues » pour parler comme Lino Ventura…
Jusqu’en septembre 2020, Giuliano Sperandio brillait au côté de Christophe Pelé, avec qui il formait, au Clarence (avenue Franklin-Roosevelt), un tandem de choc. Seulement voilà, malgré ses deux étoiles Michelin et le luxe inouï dans lequel il baignait, il s’ennuyait à mourir : « Au Clarence, le prince de Luxembourg (également propriétaire du Château Haut-Brion à Bordeaux), nous donnait tout ce que nous voulions : les produits les plus luxueux, les vaisselles les plus somptueuses, nous étions des enfants gâtés à bord d’une Ferrari… Soudain, j’en ai eu assez. J’ai ressenti le besoin d’un nouveau cadre, avec des contraintes, et surtout, je voulais savoir si j’étais capable d’être aussi créatif en étant le seul chef. »
Au même moment, Le Taillevent n’était plus qu’un champ de ruines, un Musée Grévin rance et figé dans le temps, très loin de l’âge d’or des trois étoiles Michelin décrochées en 1973. À l’époque, c’était le seul restaurant gastronomique où Serge Gainsbourg acceptait de porter la cravate, avec le nœud au milieu du torse.
Saveurs méditerranéennes nouvelles
En avril 2021, les frères Gardinier, propriétaires du restaurant, décident de donner carte blanche à Giuliano Sperandio dont le parcours atypique, les origines populaires et la personnalité singulière les fascinent.« En arrivant au Taillevent, j’ai découvert une cuisine vide avec des crottes de souris partout et une cave qui n’avait pas été nettoyée depuis sa création en 1951… J’ai commencé par faire le ménage moi-même. Puis j’ai constitué ma brigade en ne sélectionnant que des belles personnes. Pour moi, c’est la qualité humaine qui prime : on apprend à être des hommes avant d’être des professionnels ! Les gars me parlent ouvertement, sans crainte, et je leur laisse la liberté de dresser comme ils veulent les plats que j’ai conçus. » Mine de rien, cette capacité à déléguer, c’est ce que la plupart des managers et des petits chefs, en entreprise, ne savent plus faire, préférant humilier et rabaisser leurs salariés, ce qui nourrit le dégoût actuel pour le travail.
Avec Christophe Pelé, Giuliano a appris la spontanéité et l’improvisation : « On arrivait le matin sans savoir ce qu’on allait faire, on inventait sans même se parler… C’était magique, mais ici, c’est impossible ! Les clients fidèles m’attendent au tournant, je dois respecter l’identité de cette maison qui est la célébration de la grande cuisine française. J’ai mis mon ego de côté. Je vis pour Le Taillevent et Le Taillevent vit à travers moi ! Je suis heureux. »
Quel destin que celui de ce fils d’ouvrier de San Remo, élevé à la trique et nourri à la pizza par ses patrons, devenu aujourd’hui le chef du plus parisien des restaurants étoilés !
Des saveurs méditerranéennes nouvelles sont venues enrichir la poularde aux écrevisses et la tourte au chevreuil… « Un seul plat m’a été imposé : le boudin de homard, inventé par le chef Claude Deligne au début des années 1970, que j’ai transformé en quenelle de langoustines ! »
Le plus frappant est de voir le nombre de clients étrangers qui viennent ici (Allemands, Américains, Anglais, Japonais), certains d’y trouver une cuisine française traditionnelle en voie d’extinction que le Guide Michelin et les médias dominants ont cessé de célébrer, comme si elle appartenait à un passé archéologique. Mais qu’est-ce qui est plus difficile à faire, servir du wasabi et de la sauce soja sur le bord de l’assiette ou mitonner une sauce grand veneur dans une belle casserole en cuivre pendant des heures ?
La grandeur de cette maison est ainsi d’avoir su se renouveler tout en restant un théâtre vivant où tous les plats sont terminés en salle devant le client, comme le homard bleu flambé au whisky, la crêpe Suzette ou l’agneau de lait du Pays basque rôti à la broche avec des herbes et servi entier, comme au Moyen Âge, quand Taillevent était le cuisinier du roi.
Le Taillevent
15, rue Lamennais, 75008 Paris. Ouvert du lundi au vendredi soir. Menu déjeuner en trois services à 90 euros. www.letaillevent.com
Au rayon des livres de profs bougons, La Grande Garderie (Albin Michel), le nouvel essai de Lisa Kamen-Hirsig détonne par ses prises de position libérales. Elle déplore des programmes empreints de sociologisme, d’écologisme et de féminisme. Elle observe que, plus l’école est égalitariste, plus elle est inégalitaire.
Malgré une fausse légende, les enseignants affolés par la baisse du niveau ne sont pas si rares en France. Anciens chevènementistes pour la plupart, associant l’autorité du maître à celle de l’État, ils rêvent le plus souvent d’un ministre à l’ancienne, qui aurait enfin de la poigne. Lisa Kamen-Hirsig, elle, prône au contraire une sortie de crise par le bas. Dans La Grande Garderie (Albin Michel) elle plaide pour la déculpabilisation de l’école privée et la décentralisation de l’Éducation nationale. Rencontre avec une militante de ce que l’on appelait il y a encore quarante ans l’« école libre ».
Causeur. Les rayons des librairies abritent un nouveau genre en soi : les livres sur l’effondrement de l’Éducation nationale. En quoi le vôtre se distingue-t-il ?
Lisa Kamen-Hirsig. Peu de ces ouvrages sont écrits par des professeurs d’école primaire. Il y a l’excellent Journal d’une institutrice clandestine de Rachel Boutonnet, mais il a déjà vingt-cinq ans. Par ailleurs, j’ai écrit cet essai pour défendre la liberté scolaire, ce que ne font pas la plupart de mes collègues très attachés à leur statut. En quoi, contrairement à ce que prétend Emmanuel Macron, l’école relèverait-elle du domaine régalien ? Pourquoi l’État exerce-t-il un monopole sur l’éducation des petits Français ? Par des anecdotes et des exemples tirés de ma pratique, j’essaie de montrer que la liberté est la meilleure solution à la crise que traverse notre système scolaire.
Vous montrez une école républicaine imprégnée de sociologisme, repentante sur tout sauf peut-être sur les crimes de la Révolution. Peut-on vraiment lui en vouloir d’être mal à l’aise avec les turpitudes historiques qui ont en fin de compte rendu possible son existence ?
Je n’en veux à personne : je déplore qu’on informe à moitié et que, ce faisant, on oublie des événements, des courants de pensée, des idéologies qui portaient en germe les déviances gauchistes d’aujourd’hui, en particulier cette idée qu’on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs, si j’ose dire, ou plus classiquement qu’il n’est pas bien grave de détruire ou de tuer si c’est dans le but d’instaurer le « bien commun ». Les révolutionnaires prétendent toujours faire le bien des gens même contre leur gré. Il faut le dire aux enfants. La révolution porte en elle la violence, la haine et l’outrance, même lorsqu’elle part d’une révolte légitime et d’une bonne intention.
Vous évoquez plusieurs lubies asphyxiantes dans les programmes et les instructions officielles : le féminisme, l’écologisme, la religion numérique. Il est vrai qu’en fréquentant l’institut de formation des maîtres, il y a déjà bien longtemps, j’en étais venu à me demander si les formateurs n’étaient pas directement rétribués par Apple et Microsoft pour faire la promotion du tout-numérique auprès des futurs profs. Cependant, le numérique dans les classes n’est-il pas un moyen de donner accès aux milieux défavorisés à l’informatique ?
Les milieux dits modestes revendiquent à juste titre le droit de recevoir une éducation de qualité. Les « compétences numériques » qu’on leur inculque aujourd’hui seront très vite périmées alors que la culture classique, par essence, est beaucoup plus pérenne. La Ville de Cannes a mis en place des cours de grec et latin en périscolaire, pour les tout-petits et les écoliers du primaire : ces cours ont un succès fou, et surtout dans les milieux populaires. Ce que l’école ne donne pas, les parents des milieux aisés et ceux qui ont le temps le donnent à la maison et c’est ainsi que les inégalités s’amplifient. Le temps scolaire est limité : chaque minute d’informatique n’est pas une minute consacrée à étudier sa langue ou les mathématiques. Par ailleurs, c’est mentir aux enfants que de leur laisser croire que tout est sur internet : ils pensent ensuite que la mémorisation n’est pas nécessaire, alors qu’on sait qu’elle structure et développe les capacités cérébrales. La France a cédé à la fièvre numérique dans les années 2010. Elle a suivi la mode. Aujourd’hui, de nombreux pays retirent ces équipements des écoles et on sait qu’ils n’ont jamais été utilisés dans les établissements de la Silicon Valley où leurs inventeurs scolarisent leur progéniture. Ouvrons les yeux : le numérique est loin d’être un remède miracle. À la rigueur, s’il y a une compétence numérique à enseigner, c’est le codage, mais ce n’est pas cela que prévoient les programmes…
Vous évoquez des classes qui se griment une année entière aux couleurs de l’univers d’Harry Potter. On peut en effet se demander s’il n’est pas possible de puiser dans d’autres sources, plus classiques, de la littérature française et européenne, et si, au bout d’un an, les élèves ne peuvent pas se lasser de ces histoires de potion magique à la bave de crapaud. N’est-ce pas dû aussi au rétrécissement des références des nouvelles générations d’enseignants ?
Si bien sûr: la rééducation nationale est déjà ancienne, elle date des années 1960-1970. Le recrutement des profs s’est démocratisé en même temps que la massification de l’éducation. On donne le concours à des adultes qui parfois maîtrisent très approximativement les savoirs qu’ils sont supposés enseigner, d’autant que les formations sont essentiellement consacrées à la pédagogie et non à la maîtrise des disciplines et de leurs didactiques propres. Dans un article paru sur le site de L’Étudiant en 2022, Arnaud Dubois, co-responsable du parcours de préparation au concours de professeur des écoles à l’université de Rouen confiait : « Nous n’avons pas choisi les élèves avec les meilleures notes, car ils auront une place ailleurs. » C’est donc un parti pris : vos enfants ne méritent pas les meilleurs. Une fois de plus, tout le système est orienté vers la correction de supposées injustices : les élèves moyens ont le droit d’enseigner euxaussi, il ne faut pas les discriminer. Tant pis si les résultats sont catastrophiques.
L’école privée catholique Saint-Vincent-de-Paul, à Nice, 11 septembre 2023 : le port de l’uniforme est imposé aux élèves de la maternelle à la primaire. Photo: SYSPEO/SIPA
Vous dépeignez un système beaucoup moins inquiet d’inculquer des connaissances que de lutter contre les inégalités et de pousser les têtes blondes à s’engager pour une cause. L’école de la République, qui a lutté un bon siècle contre les bondieuseries, est-elle désormais tout acquise aux bourdieuseries ?
Oui, elle est la proie d’une sorte de bigoterie républicaine : l’égalitarisme, l’écologisme, le féminisme, le culte de la laïcité y règnent sans partage. Mais cela ne date pas de Bourdieu, la IIIe République rêvait déjà de fabriquer des petits républicains, donc de gommer les différences, les particularismes, d’uniformiser la pensée. Ferdinand Buisson, fameux pédagogue du xixe siècle, dont la double ambition était de retirer à l’Église tout rôle dans l’école tout en instaurant une religion de l’humanité, un catéchisme républicain, est encore la référence de nos hommes politiques : Emmanuel Macron le cite régulièrement.
Chez Frédéric Taddeï, le 3 septembre, sur CNews, Jean-Paul Brighelli (qui sévit également dans nos colonnes) a déclaré : « Si l’école est si inégalitaire, c’est parce qu’on l’a voulue ainsi. C’est le protocole de Lisbonne, en 1999-2000, ils ont voulu qu’il y ait 10 % d’élèves qui remplacent les cadres actuels et qui sont en général d’ailleurs les enfants des cadres actuels (on est dans la reproduction bourdieusienne au carré) ; et 90 % d’élèves auxquels on donnera le minimum nécessaire pour commander des pizzas sur Uber Eats. » Partageriez-vous ce point de vue angoissant ?
Qui est ce « ils » ? Des ministres à la solde du grand capital ? Au contraire, l’école française n’a rien de libéral : elle fait l’apologie du métier de fonctionnaire, de la centralisation et se méfie de l’entreprise – combien de professeurs connaissent vraiment le monde de l’entreprise ? L’enseignement de l’économie est très orienté : il suffit de feuilleter quelques manuels pour voir à quel point on rabâche les mêmes vieilles antiennes : le capitalisme et le risque sont diabolisés, la vie y est présentée comme une lutte sans merci entre dominants prêts à tout pour maintenir leur position et dominés évincés du jeu dès la naissance, la mondialisation serait nocive par nature. Dans les années 2000, plusieurs rapports parlementaires ont relevé cette lecture marxiste de l’économie, mais rien n’a vraiment changé.
Nous vivons dans une société de consommation et nous devrions nous en féliciter : les biens sont disponibles en grand nombre, nous ne mourons plus de faim et Jean-Paul Brighelli vend ses livres comme des petits pains. Cette idée que les libéraux complotent pour rendre les élèves idiots et en faire des consommateurs disciplinés relève de la paranoïa : le libéralisme prône la liberté, la responsabilité des individus et non leur asservissement à quelque force ou idéologie que ce soit. Jean-Paul Brighelli est jacobin et pense que l’État doit reprendre en main l’école pour revoir les programmes et les recentrer sur les fondamentaux. Mais l’État ne cesse de clamer qu’il va le faire ! Emmanuel Macron a même déclaré que l’éducation relevait du domaine présidentiel(et qu’on allait voir c’qu’on allait voir !) Pour l’instant, c’est un échec. Je propose d’essayer la liberté, juste pour voir. Et celle-ci ne peut être effective que si l’on rend le choix financier aux parents de scolariser leurs enfants où ils le souhaitent, dans le public ou dans le privé.
À ce sujet, vous citez ce directeur d’école, en Picardie, qui a récupéré un vieux château en ruineet des élèves en perdition, pour créer un établissement hors contrat et en dehors de la matrice officielle. Quand on parle d’école hors contrat, on pense secte. Comment s’assurer que cette solution n’est pas un coup de pouce fait à tous les fondamentalistes ?
Il existe des moyens de contrôler ces écoles et leur respect de la sécurité et de l’ordre publics : nous avons des cohortes d’inspecteurs qui perdent parfois leur temps à vérifier que les enseignants utilisent bien leur tableau numérique interactif : ils pourraient tout à fait contrôler l’absence de discours tendancieux – je pense évidemment à l’islamisme radical – en même temps que le respect des objectifs à atteindre. Le lycée Averroès, grand lycée musulman du nord de la France, a été épinglé pour sa gestion par la Cour des comptes, ainsi que pour prosélytisme. Pourtant c’est un lycée sous contrat avec l’État. Il n’accepte de scolariser que des musulmans. Xavier Bertrand a voulu lui retirer les subventions de la région, mais il a été condamné par la justice à les verser malgré tout. Que l’État balaie devant sa porte.
Vous écrivez (à propos de l’écologie) : « Impossible d’y échapper sauf si par bonheur le ministère est confié à quelqu’un de compétent. » On se demande si ces lignes ont été écrites avant ou après juillet dernier. Gabriel Attal ne vous a-t-il pas agréablement surpris ? On revient de loin, vous ne trouvez pas ?
Je ne peux présager de rien. Gabriel Attal a fait l’unanimité en interdisant l’abaya et en évoquant l’uniforme. Je ne l’ai pas encore entendu s’exprimer sur la « verdisation » des savoirs, selon l’expression d’Élisabeth Borne, qui souhaite instaurer un brevet d’écologie en fin de troisième. Ira-t-il contre sa Première ministre ? Osera-t-il revenir sur le lyssenkisme qui a saisi l’école depuis une vingtaine d’années ? Je le souhaite évidemment, mais je ne vois aucun signe en ce sens pour le moment.