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Pau: tyrannie trans sur un gynécologue

Quand le transactivisme devient violent et égocentrique


Pau: tyrannie trans sur un gynécologue
La militante transgenre Olivia Ciappa, invitée dans l’émission « Touche pas à mon poste » pour s’exprimer sur l’histoire du gynécologue ayant refusé de recevoir une femme trans lors d’une consultation, 12 septembre 2023. D.R.

Le lynchage sur les réseaux sociaux d’un gynécologue qui a refusé d’examiner une femme « en transition de genre » témoigne de la terreur que les militants transsexuels font régner dans notre société. Il révèle aussi cette guerre plus ou moins sourde qu’ils livrent à la gent féminine. Récit.


Jets d’excréments sur des universitaires appelant à une approche vigilante et mesurée des questions de genre pour les mineurs, collégiens traités de « transphobes » parce qu’ils invoquent leur liberté de conscience face au prosélytisme transactiviste d’une association militant en classe, insultes contre l’Être Trans, collectif de personnes trans opposé au traitement des enfants, diffusion en milieu scolaire, via le Planning familial, d’une novlangue bannissant les mots mâle, femelle, masculin, féminin, changer de genre ou changer de sexe : nous assistons sans la voir à l’ascension d’une véritable trans-tyrannie.

Blasphème

En témoigne la mésaventure de Victor Acharian, gynécologue-obstétricien à Pau depuis une trentaine d’années. Début septembre, sa secrétaire accueille une nouvelle patiente arrivée par Doctolib. La dame, accompagnée de son partenaire, se plaint d’une douleur à la poitrine. Elle précise qu’elle est une femme en transition de genre sous traitement hormonal – ce qui explique probablement sa douleur. La secrétaire informe le docteur avec embarras que la patiente est en réalité un patient et que le motif du rendez-vous est une néo-poitrine douloureuse. Le docteur fait répondre qu’il n’est pas compétent pour les hommes et qu’il convient de consulter des services spécialisés dans ces traitements. La secrétaire rend compte de sa réponse. Le ton monte rapidement. La secrétaire est agressée verbalement et traitée de transphobe. Le couple éconduit repart furieux. Il se lâche sur le compte en ligne du praticien. Ce dernier répond sur le même ton : « Je n’ai aucune compétence pour m’occuper des hommes, même s’ils viennent dire à ma secrétaire qu’ils sont devenus femmes. Je ne soigne que les vraies femmes. » Erreur magistrale !

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Manifestement, on ne parle pas la novlangue trans en Béarn. Le médecin ignorait qu’il est aujourd’hui blasphématoire d’affirmer que l’espèce humaine est partagée en deux sexes définis par leur fonction reproductrice. Prétendre que la gynécologie est une médecine réservée aux femmes vaut lynchage en place publique. C’est ce qui s’est passé. Le nom de Victor Acharian de Pau est jeté en pâture sur les réseaux, attirant les vautours et leur haine. Une association connue pour être la Lucky Luke de la plainte pour transphobie annonce fièrement qu’elle porte l’affaire devant les tribunaux. En quelques heures, le profil professionnel du docteur Acharian est inondé d’avis négatifs, suscitant une contre-offensive vigoureuse de ses patientes. Face à cette fureur déchaînée, le gynécologue porte plainte contre le patient initial et contre la personne qui l’a balancé sur les réseaux sociaux. Tout ça pour une douleur à la poitrine d’un homme biologique exigeant d’être soigné comme une femme !

On ne peut pas nier la biologie

Cette histoire est symptomatique du transactivisme, violent, égocentrique, qui veut s’imposer dans des espaces réservés aux femmes. Pour la majorité des transsexuels qui veulent vivre leur vie sans s’exhiber ni se cacher, ce militantisme de la terreur dessert leur cause. C’est ce qu’explique Maddy, fondatrice de l’Être Trans : « Être une personne trans est un chemin exigeant à tout point de vue. Il faut beaucoup de courage pour trouver sa place et s’aimer soi-même. Dans l’affaire de ce gynécologue, il est incompréhensible que la personne sous traitement n’ait pas contacté son endocrinologue, qui était évidemment le mieux placé pour lui répondre ou l’adresser à un confrère. » Loin d’être anodin, le traitement hormonal requiert un suivi par un médecin expert, insiste Maddy : « Toutes les personnes trans savent qu’il est essentiel de comprendre les signes cliniques de son corps et l’impact du traitement. Les œstrogènespeuvent faire naître une poitrine susceptible de se développer avec l’âge, mais avec de fortes variations. Il y a forcément des désagréments, des douleurs en cours de pousse, une certaine rigidité pendant les phases d’hyperœstrogénie… Je ne m’explique pas que cette personne n’en ait pas été informée, et qu’elle ne soit pas suivie pour son traitement. »

Un esprit soupçonneux pourrait penser qu’il s’agissait d’un coup monté, d’agit-prop victimaire. Maddy s’interroge : « À peine le couple était-il sorti du cabinet que toute la transosphère était informée, SOS Homophobie était sur le coup pour déposer plainte. Pourquoi tant de haine et d’acharnement contre ce gynécologue qui a eu l’honnêteté de se déclarer incompétent pour aider un homme sous traitement féminisant ? Pourquoi choisir un gynécologue quand c’est un endocrinologue qui peut vous guérir? »

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L’épisode est aussi le dernier avatar de la guerre plus ou moins sourde que se livrent militants trans et féministes, les premiers exigeant que les transsexuelles puissent concourir dans les épreuves sportives féminines ou être incarcérées dans des prisons de femmes, ce qui a donné lieu à plusieurs agressions sexuelles. Là encore, le discours de Maddy tranche avec celui des associations sanctifiées par les médias : « L’espace gynécologique appartient aux femmes, pas aux transexuelles. On ne peut pas nier la biologie, elle s’impose à nous ! Chercher à s’imposer là où nous n’avons pas notre place n’a aucun sens. Cette attitude agressive et irrespectueuse dessert la cause des personnes trans. L’humilité et la persévérance sont les qualités essentielles d’une vie de transsexuelle. »

La clef, c’est que Maddy ne cherche pas à s’approprier le signifiant femme comme un fétiche : « À 8 ans j’étais convaincue d’être une fille alors qu’un pénis me poussait entre les jambes. J’ai été une adolescente enfermée dans un corps de garçon, puis une femme transsexuelle. Cela ne fait pas de moi une femme biologique. Dans une conversation de femmes, je suis la seule qui ne peut pas se référer au vécu d’une enfance façonnée par le fait d’être née fille. Être trans, c’est accepter cette réalité. C’est accepter que changer de sexe n’est pas possible, tout au plus peut-on rapprocher de l’apparence et de la fonctionnalité sexuelle. La vaginoplastie n’a de vagin que le nom ! Notre sexe est une zone morte, une plaie ouverte et tapissée.Du plaisir, nous ne ressentons que celui donné à la personne qu’on aime. C’est déjà beaucoup. Impossible d’avoir un enfant. Voilà la réalité d’être une femme trans. Malgré tout, je me sens femme et solidaire de la cause des femmes. S’il faut lutter contre l’activisme trans qui nie l’identité des femmes et sabote leurs droits, je serai du côté des féministes. C’est pourquoi je me tiens aujourd’hui au côté du docteur Acharian et de ses patientes. »

Octobre 2023 – Causeur #116

Article extrait du Magazine Causeur




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Déléguée Générale de SOS Éducation

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