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Marche arrière sur la vidéoprotection

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Intelligence artificielle. Il est indispensable et urgent de légiférer sur l’usage des caméras VPI (Visualisation des Plaques d’Immatriculation) et les fonctions de recherches afférentes…


Pour faire face aux menaces actuelles, à l’insécurité grandissante dans notre pays, la vidéoprotection est aujourd’hui devenue un atout majeur pour la sécurité publique. Cette technologie offre aux communes et collectivités un outil de dissuasion de la criminalité, de réduction des actes de malveillance et permet de faciliter l’action des forces de sécurité intérieure.

Nos maires ont pleinement conscience de leur devoir d’assurer le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publique dans leur commune. Ces dernières années, ils ont joué le jeu pour apporter toutes les aides nécessaires aux forces de l’ordre régaliennes en investissant dans des systèmes de vidéoprotection.

Les maires accompagnés face à l’insécurité

De nombreuses municipalités se sont vues préconiser par la police et la gendarmerie l’installation, notamment aux entrées de ville, de caméras de types VPI, pour Visualisation des Plaques d’Immatriculation. Ces caméras sont dotées d’une technologie permettant de visualiser en toutes conditions les plaques d’immatriculation des véhicules en circulation. Lors de la commission d’un crime ou d’un délit sur une commune, les enquêteurs des services de police ou de gendarmerie sont en mesure de pouvoir visualiser l’immatriculation du véhicule suspecté grâce aux caméras VPI. Seuls les services de l’État chargés de l’enquête, par leurs procédures habituelles, sont en mesure d’interroger leurs fichiers (FVV, SIV, TAJ…) en vue d’une identification du véhicule et/ou de la recherche de son propriétaire.

Mais, grâce à l’évolution de la technologie, bon nombre de systèmes permettent de procéder à des recherches de plaques d’immatriculation complètes ou partielles sur les images de vidéoprotection. Cet outil permet un gain de temps considérable pour les forces de sécurité intérieure dans le cadre de leurs investigations.

La CNIL

Dans le cadre de ses missions, la CNIL réalise des contrôles de système de vidéoprotection des communes et considère illicite l’usage des caméras VPI en précisant que ces capteurs sont assimilés à un traitement automatisé des plaques d’immatriculation de type LAPI (Lecture Automatisée des Plaques d’Immatriculation) au sens de l’arrêté du 18 mai 2009. Et la mise en œuvre et l’usage de systèmes LAPI ne sont autorisés que pour la Police Nationale, Gendarmerie Nationale et Douanes. Contrairement au système VPI, les traitements LAPI peuvent être rapprochés du traitement automatisé des données relatives aux véhicules volés ou signalés ainsi que du système d’information Schengen.

La CNIL considère que les élus et policiers municipaux n’ont pas le droit de traiter, ni de collecter ces données et met en demeure les élus à se conformer à la réglementation en la matière sous peine de sanctions prévues par l’article 20 de la loi du 6 janvier 1978.

Un outil de lutte contre la criminalité

Le déploiement d’un système de vidéoprotection représente un coût d’investissement et de fonctionnement pour les municipalités et collectivités dans le but d’apporter une aide aux forces de l’ordre et à la justice.

Les évolutions technologiques permettent aujourd’hui d’apporter une aide précieuse aux utilisateurs de système de vidéoprotection en simplifiant certaines tâches fastidieuses et en apportant des réponses instantanées tout en préservant les libertés individuelles.

La question sur l’utilisation des caméras VPI de manière rationnelle par les forces de l’ordre régaliennes et les polices municipales devient urgente. Le développement exponentiel de la vidéoprotection dans nos villes grâce notamment aux différentes subventions de l’État et de collectivités permet aux municipalités d’offrir un outil de lutte contre la criminalité, tellement utile à nos forces de l’ordre. Dans le cadre de l’accompagnement des communes, les référents-sûreté police et gendarmerie préconisaient au travers d’un diagnostic ou audit de vidéoprotection le déploiement de caméras VPI, ce type de dispositif apportant un intérêt incontestable pour les forces de l’ordre.

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Suite aux récents courriers de mises en demeure de la CNIL, il est entériné que les communes n’ont plus le droit de lire les plaques d’immatriculation en utilisant des algorithmes, mais uniquement de remettre des séquences vidéo n’offrant aucune donnée intelligente permettant de faciliter la recherche de plaque minéralogique. Cela impose aux enquêteurs de lire la séquence vidéo et de relever manuellement les numéros d’immatriculation des véhicules. La technologie permettrait d’identifier plus rapidement et facilement les délinquants, et ainsi, disposer de plus de personnels sur le terrain pour la sécurité de nos concitoyens, plutôt que de passer des jours, même des semaines, à éplucher des séquences vidéo dans un bureau.

Priver aussi les polices municipales de cet outil, c’est créer un nouvel obstacle dans le cadre de leurs missions de sécurisation de l’espace public et de protection des administrés. Il est surprenant de mettre en avant une éventuelle atteinte aux libertés individuelles, puisque les polices municipales ne disposent d’aucun accès aux fichiers permettant d’accéder à des données personnelles en lien avec un numéro d’immatriculation.

Légiférer ?

Encore un nouvel obstacle pour l’ensemble des personnels de l’Etat et des collectivités qui œuvrent quotidiennement au maintien de la paix dans nos villes, nos quartiers, et assurent la protection de nos concitoyens ! Dans cette lutte contre l’insécurité grandissante, il est donc indispensable et urgent de légiférer sur l’usage des caméras VPI et des fonctions de recherches.

Il est également inquiétant de constater que le Ministère de l’Intérieur, dans l’instruction relative aux orientations des politiques soutenues par le fonds interministériel de prévention de la délinquance pour 2023 (NOR: IOMK2303419J du 06/02/2023), refuse le financement des caméras permettant de visualiser les plaques d’immatriculation au motif qu’un tel dispositif ne concerne pas la prévention de la délinquance : « […] il conviendra de refuser le financement lorsqu’il s’agit d’assurer un simple renouvellement à l’identique de l’équipement, mais également d’écarter le financement des équipements de vidéo-verbalisation, prenant la forme notamment de dispositifs de lecture automatisée des plaques d’immatriculation (LAPI) pour permettre la collecte automatique de données concernant les véhicules en infraction. Outre qu’il ne concerne pas la prévention de la délinquance, un tel dispositif n’est pas autorisé pour les communes. »

Pourtant, nos anges gardiens de la police ou de la gendarmerie savent à quel point ces caméras jouent un rôle crucial dans l’identification d’auteurs d’infractions pénales. Encore un nouveau coup dur après le décret n°2023-828 du 28 août 2023 relatif aux modalités de mise en œuvre des traitements algorithmiques sur les images collectées au moyen de système de vidéoprotection (Loi « Jeux olympiques et paralympiques 2024 » tant attendue), qui n’apporte que peu d’évolution concrète, en autorisant en grande partie ce qui n’était à ce jour pas interdit (Exemple : traitement algorithmique autorisé pour détecter la présence d’objets abandonnés, non-respect par une personne ou un véhicule du sens de circulation commun, franchissement ou présence d’une personne ou d’un véhicule dans une zone interdite ou sensible, présence d’une personne au sol à la suite d’une chute, etc…). On marche sur la tête…

Le Noël du BDS

Les militants du mouvement « Boycott, désinvestissement et sanctions » sont des pros de la « sensibilisation ». Analyse d’une de leurs campagnes d’évangélisation dans une galerie marchande aux Pays-Bas. Pour ces détracteurs d’Israel, cette année, Noël est « annulé ».


La scène se passe à Amsterdam, la veille de Noël, pendant la journée du 24 décembre 2023 (voir notre vidéo ci-après). Nous sommes dans l’enceinte du grand centre commercial Bijenkorf. Le public déambule entre les rayons, jeunes couples et personnes entre deux âges, jeunes mères avec de petits enfants, adolescents décontractés, dans une atmosphère doucement consumériste, mais cependant gentiment festive, puisque le soir même, chacun sera en famille ou avec des amis pour célébrer l’Avent. Et voilà que descend du dernier étage, comme du ciel, une nuée d’étoiles blanches s’approchant de terre, une pluie de tracts, des tracts par centaines, en vagues régulières, lancés depuis les hauteurs par des silhouettes vêtues de noir, aux visages indistincts. Ces feuilles maculées d’un dessin de mains tâchées de sang, virevoltent, créent la surprise, avant d’atterrir sur le sol, après avoir frôlé la tête ou les épaules des passants. Pendant que ces messages para-célestes tendent vers leur point de chute improvisée, au hasard de leur trajectoire ciblée, une voix féminine, de tonalité aéroportuaire, et qui semble celle d’une annonce, s’insinue dans l’air. Une voix féminine et douce, d’une douceur un peu métallique, au timbre continu, déroule en anglais, avec un phrasé régulier, légèrement martelé, le propos que voici[1] :

 « Chers clients bienvenus chez Bijenkorf pendant que les bombes tombent
Environ 20 000 personnes ont été tuées à Gaza cet hiver, avec l’argent de vos impôts
Lorsque vous achetez des marques telles que L’Oréal, Chanel et Dior, vous permettez à Israël de poursuivre son génocide contre les Palestiniens
Pendant que vous recherchez le cadeau parfait, Israël tue six enfants par heure… six enfants par heure
Au cours des deux derniers mois et demi, 800 enfants ont été tués
Montrez votre solidarité avec le peuple palestinien opprimé, instruisez-vous sur le génocide
Parlez à votre entourage de l’occupation
Noël est annulé
Fermez vos sacs, arrêtez de faire des achats, et boycottez les marques qui permettent à Israël de perpétrer un génocide contre les Palestiniens
Boycottez L’Oréal, boycottez Dior
Boycottez Chanel, boycottez Puma
Du fleuve à la mer la Palestine sera libérée. »

Nous sommes à Amsterdam, à quelques heures de la nuit de Noël, et quelqu’un a filmé à dessein quelqu’un d’autre en train de baigner de tracts hostiles à Israël la foule qui se presse dans ce grand magasin de la ville. La voix féminine profère une comptine, toute de tension moralisatrice, qui se veut de portée pédagogique, mais aussi didactique. Le montage est parfait : sur papier, il a aussi les principales qualités du carton d’invitation. Son entête : Merry Palestinian Christmas in Amsterdam ; sa signature : le graphisme miniaturisé de la pastèque, suggestion fruitée des couleurs du drapeau palestinien.

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Cette interpellation collective illustre l’une des facettes des campagnes militantes, menées depuis le début des années 2000, à l’échelle de toute l’Europe, par le mouvement du BDS – acronyme de Boycott Désinvestissement Sanction, et qui fédère depuis lors ce que la nouvelle internationale antijuive, aux seules fins de naturaliser dans l’opinion la délégitimation d’Israël, sous le double rapport de la discrimination et de l’incitation à la haine, non seulement de l’Etat et des ses citoyens, mais encore de quiconque serait enclin à manifester une solidarité quelconque ou de la sympathie à leur endroit.

Frapper les esprits. Dupliquer, en la détournant, la geste évangélique de la catéchèse, instrumentaliser l’évènement de Noël, pour divulguer l’éternelle nouvelle du maléfice d’Israël, voilà qui signe l’identité de marque du discours de propagande, lequel choisit toujours son moment pour propager sous les dehors de la passion morale l’enseignement du mépris.

A mesure que les mots de ce discours se déposent dans nos oreilles, nous nous apercevons que cette même voix lit pratiquement le message imprimé sur le tract tombé du ciel, ces nombreux tracts aux multitudes enveloppantes, comme les paroles d’une révélation- le jour de Noël. La profération de cette voix, à la progression insistante, sème doucement le trouble d’un contraste cognitif et perceptif dans une atmosphère conviviale, peu à peu ressaisie en espace d’inquisition subliminale. Il s’agit d’un message perlé, qui semble venir du fond des âges, fait de brefs contenus et d’injonctions binaires, mais incisives. On y reconnaît la réalité d’une mimésis depuis longtemps familière. Que nous dit-elle au juste ?

D’abord, la voix délivre un propos dissonant. Elle s’immisce d’emblée dans la compréhension de chacun par une expression de bon accueil qui autorise le détournement subreptice de ce qui serait normalement attendu : Chers clients bienvenue chez Bijenkorf… pendant que les bombes tombent. L’adresse se fait directe, elle se veut maintenant moralisation rapide du public, entre culpabilisation à peine manifeste et devoir d’enseigner, une sorte de formation continue en accéléré : Environ 20 000 personnes ont été tuées à Gaza cet hiver, avec l’argent de vos impôts lorsque vous achetez des marques telles que L’Oréal, Chanel et Dior. La voix se fait aussi pesamment que prétendument informative : Pendant que vous recherchez le cadeau parfait, Israël tue six enfants chaque heure, six enfants chaque heure. L’auditoire innocent est discrètement pris à partie, mais l’intention moralisatrice première se mue aussitôt en intention mieux inspirée, presque amicale, consistant à changer le reproche tacite en interpellation complice, ce qui constitue ainsi l’auditeur en témoin. L’auditeur alors ne pourra plus se réfugier dans le refus de savoir, puisque dorénavant il sait : Au cours des deux derniers mois et demi 800 enfants ont été tués.

Tout cela est bien embarrassant pour les « sionistes » que l’on devine très inquiets de ces révélations si abruptes ! Parce que les images, qui se lèvent dans les esprits à l’entente de ces mots, brouillent indélicatement l’horizon d’attente des acheteurs en goguette : l’évocation des noms de grandes marques – Chanel, Dior, L’Oréal- qui évoquent le luxe, la prospérité et la sécurité que procure l’agrément (vêtements chics, parfums délicats)- jure avec la vue mentale de la tuerie organisée ; ces paroles jurent avec la fabrication mentale d’une vision de misère, et font lever dans l’esprit  du divertissement le choc d’une injustice insigne.

Mais le message que profère la voix céleste se fait aussi engagement à adhérer. L’engagement voudra bien remplacer les habituelles bonnes résolutions de fin d’année, au profit d’une véritable résolution, à la fois éthique et sympathique. Ce message nous sensibilise, et comment ne pas l’être toute affaire cessante, sous le coup de la ‘’découverte’’ de l’affreuse condition faite à l’éternelle victime de l’iniquité d’Israël qu’il faut à toute force faire cesser : Montrez votre solidarité avec le peuple palestinien opprimé, instruisez-vous sur le génocide.

Ce n’est peut être pas une voix divine qui parle, mais à l’évidence elle s’est mise en recherche de nouveaux apôtres : Parlez à votre entourage de l’occupation.

A lire ensuite, Liliane Messika: Un fonctionnaire qui trouve (des excuses), un intellectuel qui cherche (la vérité)

La voix de Noël entendue ce jour-là, s’apparente intimement à une catéchèse de substitution. Il ne s’agit pas tant de s’adresser aux disciples du Christ, en leur rappelant le message de l’amour du prochain – du reste issue ‘’de la Torah qui vient de Sion’’- que de s’adresser, à travers eux, aux nouvelles armées de prosélytes en puissance de la sacro-sainte ‘’cause palestinienne’’, dans le récit mythique de laquelle il convient désormais, dans l’Occident post-hitlérien, de trouver la matière du nouvel évangile. Léon Poliakov aurait dit : la matière du bréviaire du nouvel antisémitisme. En effet, tout au long de ce message très calculé, l’économie de la rhétorique discriminante tient notamment à la construction objective du champ associatif du nom d’Israël, ici réduit au seul réseau énonciatif suivant : ‘’bombe’’, ‘’tuer’’ (adultes/enfants), ‘’argent’’, ‘’génocide’’, ‘’occupation’’,  ‘’peuple palestinien opprimé’’. Ce réseau associatif dresse incidemment le psycho-portrait d’Israël : celui du criminel de masse dont il faut urgemment débarrasser la terre.

Nous l’aurons compris, en la circonstance, il y a plus important que Noël, puisque le Noël chrétien a été irréversiblement enténébré par le crime présumé d’Israël, qui tue aujourd’hui à Gaza, pour la seule joie de tuer, comme naguère Israël aurait tué Jésus… A regret, décidément, nous ne pourrons fêter Noël que lorsque les Juifs et leurs complices de l’industrie de luxe auront été punis : « Noël est annulé ». Cette comptine est presque une réussite poétique : répétition, rime intérieure, assonance, petit refrain, rien ne manque afin qu’on ne l’oublie pas. La douce voix féminine para-céleste lui ajoute enfin sa chute logique, à mesure que l’on s’abaisse à la faire sienne : Du fleuve à la mer la Palestine sera libérée.

Ce message a circulé sur les réseaux sociaux, il a été ‘’partagé’’ des milliers de fois. Comme une évidence, les concepteurs de ce message ont trouvé dans Tik tok, le support tout désigné du terrorisme islamo-sadique. Ce message urbi et orbi s’attache à dire à qui l’entendra, que le « peuple palestinien est opprimé ». Opprimé et occupé. Opprimé du seul fait d’être occupé. Occupé par qui ? Ou occupé à quoi ? Occupé à délégitimer l’existence d’Israël, crescendo et par tous les moyens. Jusqu’à atteindre le point de non-retour.

La Révélation de Bijenkorf – appelons là ainsi pour la distinguer en sa qualité d’évènement représentatif de la nouvelle religion planétaire– n’a certes pas le sublime de l’interpellation du Buisson ardent, ni la force lumineuse des Béatitudes, bien qu’elle veuille y prétendre. Mais l’enchevêtrement de ses propositions simplistes, très parlantes pour une majorité d’esprits faibles, confère sa regrettable efficience à un slogan si mensonger et homicide, que certains Israéliens ont cru bon d’y répondre par la formule ironique : Du fleuve à la mer, le drapeau d’Israël est le seul que vous verrez. Façon simple, mais amusée et indiscutable, de rappeler que l’Etat d’Israël s’étend officiellement, a minima – selon le droit international (sic) – de la rive occidentale du fleuve Jourdain à la Mer Méditerranée. Et ceci, même s’il devait être constamment contesté par tous les diables.


[1] Nous le traduisons de l’anglais.

Gabriel Attal: jeune Premier

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Malheur à toi, pays, dont le roi est un enfant ?


Libé a excellement résumé la chose, pour une fois, dans un de ses articles en titrant que Gabriel Attal était le « cadet des sosies » d’Emmanuel Macron. À 34 ans à peine, ce garçon est devenu le plus jeune Premier ministre du plus jeune président de la République de notre histoire. Un exploit qui témoigne d’une intelligence situationnelle et politique parfaitement adaptée à la politique contemporaine, en grande partie désidéologisée et plastique.

La politique française à l’heure des « punchlines »

En un sens, le « faire savoir » est désormais l’essentiel de l’exercice du pouvoir quand le « savoir-faire » se borne à la maitrise parfaite des jeux d’alcôve, des petites phrases et des effets d’annonce. Car, ni l’âge ni l’orientation sexuelle n’accordent des points de croissance et des baisses fiscales. Alors qu’Emmanuel Macron avait toujours privilégié des profils « technos » pour Matignon, il a fait le choix de l’opinion publique en optant pour une personnalité qui a su au fil du temps se faire apprécier des Français et dont le profil semble pouvoir plus ou moins rassembler une majorité parlementaire fragmentée, encore traumatisée par l’épisode récent de l’examen de la loi dite immigration. Les vieux de la vieille l’ont d’ailleurs mal pris. Il se dit que des personnalités aussi importantes que François Bayrou, Edouard Philippe, Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, ou encore le très proche Alexis Kohler, ont toutes fait savoir à Emmanuel Macron leur désaccord avec cette surprise du chef censée relancer un second quinquennat dans le dur. Richard Ferrand, courtisan adroit devant l’éternel, aurait tenté de soutenir le profil plus classique de Julien Denormandie avant de se raviser, comprenant que la décision présidentielle était entérinée.

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Emmanuel Macron voulait sûrement un Premier ministre capable d’affronter l’arène médiatique et de traverser les « polémiques » à coup de « punchlines ». De fait, l’apparition des réseaux sociaux et l’emphase mise sur les émissions de débats par les chaînes d’information en continu ont considérablement transformé la manière dont se fait la politique sous nos horizons. Si les réseaux anciens tiennent toujours les rênes de la politique locale, comme le démontre aussi le Sénat, ils commencent à voir apparaitre dans leur rétroviseur une nouvelle génération de professionnels de la politique formés dans les partis, qui n’ont eu de travail que celui-ci. Du côté du Rassemblement national, le profil d’un Jordan Bardella accusera d’ailleurs quelques ressemblances avec celui du Premier ministre.

L’avocat Juan Branco fait un « caca nerveux » depuis hier midi !

Cela étant, Gabriel Attal n’est au fond que du neuf pour faire du vieux. Il n’est, à l’image de la célèbre sentence du Guépard, que le nouveau véhicule pour « que tout change sans que rien ne change ». Ne dit-on pas qu’il sera fait « malheur aux peuples dont les princes sont des enfants » ? Quant à la question sociologique, Gabriel Attal ne fait que confirmer la tendance d’un parisianisme exacerbé, n’ayant accompli sa vie que dans quelques arrondissements parisiens qui l’ont mené des bancs de la prestigieuse école alsacienne, où il s’opposait déjà à l’amer Juan Branco, aux ors de Matignon.

Actuellement en kiosques: Alain Finkielkraut: «École: Attal, espoir terminal?»

« Brigitte » aurait été la première supportrice du jeune Gabriel. Elle militerait aussi ardemment pour l’arrivée d’un profil « pipole » en lieu et place de Rima Abdul Malak, avec l’arrivée de Stéphane Bern ou Claire Chazal à la culture. La France Hanouna fusionnée à la France TF1 ? Une pente naturelle que devrait emprunter Gabriel Attal. Chez ces jeunes premiers de la politique, parfois doués, se dévoile souvent l’acteur. Ils nous donnent la sensation de jouer un rôle de cinéma, déroulant à peu près tous les mêmes éléments de langage dans des costumes serrés qui plaisent aux vieilles dames. Plus à l’écoute de la rue que leurs prédécesseurs, ils ont la qualité de se parer d’un pragmatisme de bon aloi. Est-ce de nature à redresser un pays souffrant de crises multiples ? Certainement pas. Il est d’ailleurs fort à parier que ce Premier ministre sera populaire quelques mois, bénéficiant d’un état de grâce, avant d’être comme il se doit rattrapé par la cruelle réalité. Sa marge de manœuvre sera limitée, puisque son rôle sera d’abord et avant tout celui d’un super porte-parole de l’omniprésident Macron qui n’aime guère partager son pouvoir. Devenue un régime bobopoutiniste, la Vème République a un fond autoritaire que l’instauration du quinquennat et la fragmentation du champ politique n’auront fait que renforcer. Que le Premier ministre soit un homosexuel ouvertement assumé de 34 ans, comme l’ont rappelé de nombreux observateurs pour qui ce ne serait en outre paradoxalement « pas un sujet », ou une femme célibataire proche de l’âge de la retraite, n’y change pas grand-chose.

La cure de jouvence et de jeunisme provoquée par cette nomination opportuniste va-t-elle rebattre les cartes de la future élection présidentielle ? Matignon peut être un cadeau empoisonné, mais les adversaires potentiels du jeune Gabriel ne se réjouissent pas. Ils savent que quelques petites déclarations habiles peuvent aujourd’hui suffire, que le paysage politique français est désertique et que leurs personnalités respectives courent le risque de la « ringardisation ». Un homme comme Gérald Darmanin, envisagé encore récemment comme le futur successeur d’Emmanuel Macron, ne le sait que trop bien : dans une société de l’instant, la progression est aussi brutale que la chute.

La France en culotte courte

En France, le milieu politique semble aujourd’hui regorger de jeunes ambitieux, tous pressés de prendre le pouvoir et de diriger le pays comme bon leur semble. Pourvu qu’ils se rappellent que le premier devoir est envers le pays qu’il sont censés servir…


Premier ministre de la France à 34 ans ! On salue la performance. Indéniablement, Gabriel Attal fait figure d’homme pressé. En politique, nous avons déjà eu de semblables sujets d’exception arrivés à de hauts postes de responsabilité à peine le menton ombré de barbe. Giscard fut ministre des Finances fort jeune. Fabius devint chef du gouvernement à 37 ans. Record battu désormais, puisque l’hôte nouveau de Matignon est son cadet de trois années. De quoi donner le vertige. Matignon, la charge d’un gouvernement et d’un pays à pareil âge ! Tout est donc allé très vite pour le garçon. Avec à présent sous ses ordres de vieux routiers ayant l’âge d’être son père et dont les dents (éventuellement celles du dentier) sont encore fort longues. Oui, tout est allé très vite, très loin et très haut pour Gabriel Attal ! Trop vite, trop haut, trop loin ? Astre naissant ou météore ne faisant que passer ? L’avenir nous le dira.

La valeur n’attend pas le nombre des années…

Il n’empêche, à y regarder d’un peu plus près, la caste politique de la France 2024 s’offre une sacrée cure de jouvence. Gabriel Attal, donc, 34 ans ; Jordan Bardella, 28 ans ; Marion Maréchal, 34 ans ; Manon Aubry, 34 ans également, tout comme Mathilde Panot ; Aurélien Pradié, 37 ans ainsi que Marine Tondelier… Oui, cela vous a franchement un petit air de France en culotte courte. Aucun de ces cadres de notre vie politique d’aujourd’hui n’est né avant 1981. Tous sont donc des rejetons de ce qu’on a pu appeler en son temps la Génération Mitterrand. Pour eux, de Gaulle doit appartenir à l’histoire des manuels, un peu comme Pépin le Bref et le Petit Caporal. Ils ont également en commun d’avoir grandi le nez sur des écrans. Quelle approche du pays ont-ils ? (Dans un instant d’égarement j’allais écrire : Quelle approche du pays réel ont-ils ? Je me suis rattrapé à temps afin de ne pas encourir les foudres ultra-droitisantes si promptes à frapper de nos jours). Oui, que connaissent-ils de la France dans ses profondeurs territoriales, patrimoniales ? Qui le sait ?

A lire aussi, Philippe Bilger: Non, Gabriel Attal n’est pas un clone d’Emmanuel Macron

Dans la perspective des élections européennes, on nous promet un duel d’ambitieux à la Balzac, façon Illusions Perdues, entre les deux premiers de cette classe d’âge, Attal et Bardella. Ils ont pour eux le souffle de la jeunesse, l’audace de la jeunesse : ils disposent donc de quoi prolonger le duel bien au-delà de l’échéance de juin. Ils ne s’en priveront pas. Qui en douterait ? Ces deux-là et ceux que j’ai nommés ont surtout devant eux quelque trente ou quarante années de vie publique. C’est beaucoup. Durer en politique, c’est un peu comme ramer sur une barque pourrie contre le vent et le courant, dans la brume, sans savoir ce qui vous attend derrière l’horizon. Certains s’y brûleront les ailes, s’y useront, perdront leurs illusions après deux ou trois tours de piste. Certains autres surnageront. Quelques-uns marqueront leur long passage de leur empreinte, peut-être pas tel un Pépin le Bref ou un de Gaulle, certes, mais tout de même très honorablement. C’est du moins ce qu’on peut souhaiter. À la fois pour eux-mêmes et surtout pour le pays. Certes, depuis Corneille et son magnifique Cid, nous n’ignorons pas que la valeur n’attend pas le nombre des années, mais ce que ces jeunes prodiges en politique doivent avoir bien présent à l’esprit, c’est que le pays, lui, n’est pas en état d’attendre bien des années qu’ils nous démontrent leur valeur. France en culotte courte, vous voilà donc aux commandes du char de l’État, eh bien roulez jeunesse ! Dans le bon sens, si possible. Merci.

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Non, Gabriel Attal n’est pas un clone d’Emmanuel Macron

Le chouchou de la presse et du président entre à Matignon! Notre chroniqueur se réjouit lui aussi de la promotion de Gabriel Attal. C’est lui faire un procès expéditif que d’affirmer que son action sera complètement phagocytée par le président de la République. L’année 2024 ne le confrontera à aucun texte décisif, mais il devra apprendre à manœuvrer des ministres d’expérience humiliés par sa jeunesse conquérante. La composition du gouvernement devrait être annoncée d’ici demain. Analyses.


Non, il ne suffit pas de dire, comme Eric Zemmour, « qu’un macronien a remplacé une macronienne ». Il ne suffirait même pas de préciser qu’un macronien talentueux et extraverti a pris la place d’une macronienne austère et peu douée pour la communication.

La nomination de Gabriel Attal Premier ministre, à 34 ans, le plus jeune de notre histoire, est bien plus qu’une affaire de jeunesse. Celle-ci ne va rien démontrer, ni pour ni pour contre. Pour ceux qui s’en plaindraient, qu’ils se rappellent Goethe : « si la jeunesse est un défaut, on s’en corrige vite ».

Les premières réactions, une fois passée la surprise devant ce « coup » présidentiel, ont été assez classiques avec la certitude affichée que Gabriel Attal était un « clone » d’Emmanuel Macron et que celui-ci allait évidemment jouer tous les rôles et ne laisser qu’une portion congrue à celui qui serait voué à n’être que son porte-parole. Il me semble que cette analyse pessimiste, comme si la politique était contrainte de s’engager toujours sur les mêmes rails cyniques, fait bon marché du caractère et de la psychologue du nouveau Premier ministre et tient pour acquise une présomption de malfaisance à l’encontre du président. Celui-ci, avec cette nomination, créerait moins un tremplin pour son apparent protégé qu’une déroute annoncée.

Le pire n’est pas sûr. Même si on perçoit bien tout ce que l’arrivée de Gabriel Attal au plus haut niveau va apporter à Emmanuel Macron, et d’abord, ce qui est essentiel, l’espérance de pouvoir continuer son quinquennat dans des conditions sans doute plus apaisées qu’avant – même si la structure parlementaire restera la même et que ses relations avec le groupe Renaissance ne seront pas faciles – et une sorte d’adhésion au moins implicite sinon au fond du moins au style et à la conception du dialogue du nouveau Premier ministre. Sur ce plan, son adresse aux oppositions dans sa réponse à Elisabeth Borne était significative. Moins de mépris et de condescendance avec au contraire la conscience qu’elles représentaient des millions de Français.

Beaucoup lui reprocheront d’avoir quitté trop tôt la rue de Grenelle

Gabriel Attal étant la dernière chance présidentielle, il serait naïf de n’envisager la suite, pour lui,  que comme un chemin de roses, même si l’année 2024 ne le confrontera à aucun texte décisif. Il n’empêche qu’on comprend bien pourquoi, en définitive, le nom d’Attal est sorti des réflexions présidentielles qui ont donné l’impression, longtemps, moins d’un dessein mûri que d’une improvisation au gré des vents et des influences. Dès lors que s’est affirmée une volonté de changer de logiciel – passer d’une métamorphose classique, sans rupture, à un basculement sans exemple -, Gabriel Attal devenait le seul qui pouvait répondre à ce défi. Dans le registre traditionnel, Richard Ferrand ne s’estimait pas plausible pour cette fonction. François Bayrou – le seul pouvoir qui lui reste ? – ne voulait pas de Sébastien Lecornu et Bruno Le Maire, sans doute le meilleur pour Matignon dans une configuration traditionnelle, n’avait pas suffisamment d’affinités, et trop de subtiles dissensions, avec le président pour emporter la mise. Restait Gabriel Attal que les sots absurdement réduisent à un ambitieux inspiré par des calculs strictement personnels alors qu’on pourrait au moins lui concéder qu’une situation où le souci de son avenir et l’intérêt de la France se conjuguent pourrait avoir des conséquences positives pour notre pays, son redressement, sa remise en ordre et en sécurité.

Gabriel Attal certes doit tout à Emmanuel Macron : il le répète trop pour que ce soit le signe, de sa part, d’une insupportable dépendance mais plutôt d’un constat à partir duquel il pourra librement développer ses dons, ses talents, ses compétences à élargir et sa formidable énergie. Mais lui-même a déjà apporté beaucoup au président avec cette chance qui n’est dévolue qu’aux audacieux : au moins à deux reprises, Gabriel Attal a succédé à des ministres médiocres et, pour son prédécesseur à l’Education nationale, aussi suffisant qu’insuffisant. En cinq mois, rue de Grenelle, Attal a accompli un travail considérable, bien davantage que verbal, avec la suppression de l’abaya, les sanctions pour les minutes de silence non respectées, la lutte contre le harcèlement, les groupes de niveaux, le retour des redoublements, le changement de date du baccalauréat et la priorité redonnée aux enseignants pour les décisions éducatives. Excusez-moi du peu !

On peut regretter que Gabriel Attal n’ait pas su résister à la tentation de Matignon mais on le comprend : on ne refuse pas un tel honneur. Il a d’ailleurs perçu le problème grave qui allait résulter de son abandon de la rue de Grenelle puisqu’il a affirmé que « l’école serait avec lui à Matignon ». Selon quelles modalités ? On ne le sait pas encore.

Un Premier ministre que craindrait la droite nationale

Est-ce à dire que l’évidence de sa nomination, pour un changement de rythme et de vision, va le garantir contre les multiples aléas et résistances qui vont s’accumuler sur sa route jusqu’en 2027 ? Qu’Emmanuel Macron ait désiré jeter sa jeunesse dans les « pattes » de Jordan Bardella, qu’il espère réduire la forte avance de celui-ci pour les élections européennes du mois de juin est de bonne guerre et pour le citoyen passionné, cette joute qui opposera François-Xavier Bellamy, Marion Maréchal, Jordan Bardella, Stéphane Séjourné (avec le rôle moteur du Premier ministre pour le « booster » : ce n’est pas gagné !) aura de l’allure. Et de la tenue intellectuelle et politique.

Je ne doute pas une seconde que, quelle que soit la composition du gouvernement (il me paraît peu probable que ses « poids lourds » en sortent) que le Premier ministre ait quelques difficultés à imposer en toutes circonstances son autorité même s’il n’en manque pas et qu’il est sans doute lucide sur ce qui l’attend. Il ne devra pas en tout cas sous-estimer les éventuels conflits psychologiques et politiques qui naîtront inévitablement de l’humiliation (retenue mais certaine) des ministres d’expérience face à sa jeunesse conquérante. Mais les premiers n’ignoreront pas que le président sera un soutien de son Premier ministre sauf à se déjuger lui-même.

Sur ce plan qui est central – l’influence d’Emmanuel Macron -, je ne partage pas l’avis de ceux qui prévoient avec une sorte de volupté jouissive ou amère que le Premier ministre sera littéralement phagocyté par le président et qu’il n’aura que des miettes pour agir. C’est, si j’ose dire, le seul avantage des contradictions permanentes du président et de ses postures alternatives. Qu’on n’oublie jamais que c’est le même homme qui a nommé Pap N’Diaye puis son contraire avec Gabriel Attal : pour peu qu’on survienne, dans l’instabilité présidentielle, au moment où Emmanuel Macron se trouve dans une bonne phase pour le pays, il n’y a aucune raison de craindre que le Premier ministre soit entravé dans l’instauration d’une politique qui sera fondée sur des « fondamentaux » qui émergent à mon sens trop tard, mais mieux vaut tard que jamais ! J’entends bien que Gabriel Attal a une dette à l’égard du président mais le nouveau Premier ministre – il l’a démontré rue de Grenelle – mesure l’immense créance que le peuple français a sur lui. Il attend tout de lui : ce sera sa charge et son honneur de ne pas le décevoir.

Le président de la République, en abattant sur la table démocratique sa dernière carte, assure-t-il à Gabriel Attal une avance décisive pour l’élection de 2027 ? Une avance certes mais pas forcément décisive. Jusqu’à aujourd’hui, Gabriel Attal a été en quelque sorte en permanence en état de grâce dans tous les sens du terme. Matignon n’est peut-être pas « un enfer » mais va représenter une épreuve face à laquelle Gabriel Attal devra démontrer véritablement qui il est. Face à des tâches multiples et inédites. Dévorantes et épuisantes.

Une illusion, seulement de la communication, comme le ressassent ses concurrents et ses adversaires, ou une intelligence, un talent, une énergie rare au service de son pays, comme l’espèrent ses soutiens, ses partisans et la multitude des citoyens qui l’ont découvert comme ministre de l’Education nationale ? J’ose parier pour la seconde branche de l’alternative. Pour terminer par le président, au risque d’apparaître naïf, je ne parviens pas à valider l’idée selon laquelle il aurait nommé Gabriel Attal pour le détruire. Il ne pourra plus se représenter en 2027. Quel que soit le futur du Premier ministre, en compétition ou non en 2027, ce qui va se dérouler à partir de maintenant à Matignon, sous les yeux du pays, sera une aurore ou l’inéluctable continuation d’un déclin consubstantiel au macronisme. On a le droit de rêver.

Viols du 7 octobre: féministes, où êtes-vous?

Depuis trois mois, des collectifs appellent à ne pas oublier les crimes sexuels commis par le Hamas, le 7 octobre. Mais même face à l’horreur, le néoféminisme a la condamnation à géométrie variable. Pour la gauche woke comme pour une certaine droite villepiniste, toutes les femmes ne se valent pas.


Ce 25 novembre 2023, la « Marche contre les violences faites aux femmes » était sur le point de débuter place de la Nation à Paris. Parmi les manifestants, les collectifs Nous vivrons et 7 Octobre avaient organisé un groupe visant à interpeller les féministes sur les crimes sexuels du Hamas. Quelques-unes d’entre nous portaient un survêtement taché de rouge à l’entrejambe, symbole du viol de Naama Levy, kidnappée le 7 octobre et sortie d’un véhicule du Hamas avec le pantalon ensanglanté et les tendons d’Achille coupés (au moment où j’écris ces lignes, soit soixante-dix jours après, la jeune femme est toujours retenue par les terroristes). Violemment apostrophé par une cinquantaine d’antifas assurant le service d’ordre de Révolution permanente et du NPA, notre groupe n’eut d’autre choix que de renoncer à rejoindre le cortège. Ce jour-là, la rue parisienne appartenait aux militants gauchistes et propalestiniens.

Nous toutes, sauf les juives ?

Les femmes et fillettes juives violées dérangent le narratif, assez répandu dans la gauche woke, tout comme au sein d’une certaine droite villepiniste, dans lequel les Palestiniens sont l’allégorie de la Victime universelle. Impossible de les voir comme des djihadistes sanguinaires, des violeurs de masse. Ils sont des victimes, au pire des « résistants ». Quand une femme est victime de viol, il s’en trouve encore pour lui dire de s’habiller de façon pudique. Quand des femmes israéliennes sont violées par des terroristes palestiniens, le silence des féministes revient à dire que ces victimes-là ont mérité leur sort puisqu’elles appartiennent au peuple bourreau.

Certaines ont toutefois sauvé l’honneur de la gauche, jadis en pointe dans le combat universaliste féministe. Je pense à l’écrivaine Maryam Madjidi, Française d’origine iranienne, qui a publié dans L’Humanité début décembre un texte titré : « Toutes les femmes sauf les juives ? » Elle y parle de cette « solidarité à géométrie variable qui [lui] donnera toujours la nausée » et rappelle que « les pasdaran d’Iran et le Hamas de Gaza […] ont le même sang sur les mains et la même haine des femmes ».

Depuis la nuit des temps, les crimes sexuels entrent dans le cadre systémique des persécutions, des guerres, des conquêtes. Dans l’histoire des violences sexuelles de masse, l’objectif des commanditaires est de souiller la femme du camp adverse pour la rendre salie à sa communauté, si possible enceinte. Il ne s’agit pas de la faire disparaître, mais qu’elle survive comme une morte-vivante. Ce qui revient à un acte de soumission et de terreur infligé à l’ennemi et, surtout, à un acte d’humiliation absolue puisque la femme, source de perpétuation génétique et culturelle de son groupe, est alors rabaissée au rang de chose, au même titre que les bêtes du troupeau.

Mais les crimes sexuels s’inscrivent aussi dans la pratique des génocides contemporains. On sait par des témoignages de survivantes que des femmes arméniennes ont été violées par les génocidaires turcs et leurs supplétifs kurdes. À Birkenau, les femmes subissaient aussi des agressions sexuelles, notamment après la sélection où elles passaient au « sauna », la salle où les déportés étaient déshabillés, rasés et tatoués. Des viols étaient également commis par des SS ou des kapos au sein du camp. Des femmes tutsies ont, elles aussi, témoigné de viols pendant les massacres de 1994.

Au regard de tous ces phénomènes hélas bien connus, on distingue deux spécificités des crimes sexuels commis le 7 octobre dernier lors de la rave party Tribe of Nova et dans les foyers des kibboutzim. D’une part, leur aspect massif indique qu’ils ont été commandités, le viol faisait partie des armes à utiliser contre les juifs ce jour-là. D’autre part, la plupart des femmes violées, mutilées et martyrisées ont été ensuite abattues d’une balle dans la tête (des viols post-mortem ont été signalés), comme lors des génocides. On précisera ici que des cas ont aussi été rapportés de cadavres d’hommes présentant des plaies par balle au niveau des parties génitales.

Souiller les femmes pour les envoyer en enfer

Je suis convaincue que les viols de masse du 7 octobre ont été prévus et commandités probablement depuis Téhéran, où le pouvoir des ayatollahs est aux abois. Même si les médias se désintéressent du mouvement Femme Vie Liberté, il a considérablement ébranlé le pouvoir de ces fanatiques qui redoublent de cruauté dans la répression des hommes et des femmes insurgés. Des femmes sont quotidiennement battues et humiliées en public pour avoir ôté leur hijab, elles sont emprisonnées et violées dans les prisons, les écoles ou chez elles, dans l’indifférence de la communauté internationale.

Ali Khamenei, dont l’autorité politique et morale est absolue dans le régime iranien, a déclaré dans une fatwa que « si une fille est arrêtée, elle ne doit pas quitter ce monde en restant vierge ». En effet, dans l’imaginaire islamique, les femmes qui meurent vierges iront au paradis, donc il faut les souiller pour les envoyer en enfer. Dès le début de la République islamique en 1979, ces pratiques ont été documentées. Les pasdaran ont bien reçu le message en torturant et violant nombre de jeunes femmes, mais aussi de jeunes hommes dont des mineurs. Les djihadistes du Hamas sont alimentés par la même interprétation des textes coraniques, habités par la même haine. Et par la même frustration sexuelle. Reste une question : faut-il redouter que l’arme du viol soit aussi employée par le Hamas sur les otages ?De récurrentes rumeurs circulent à ce sujet, mais il faut attendre le résultat des enquêtes et des auditions conduites par Israël auprès des otages féminines déjà libérées. Pour ma part, je me prépare au pire. Je ne vois pas pourquoi les djihadistes du Hamas, soutiens inconditionnels de l’État islamique, n’imiteraient pas leur pratique systémique du viol, contre les femmes yézidies notamment, en Irak et en Syrie. C’est dans leur interprétation perverse du Coran que ces criminels justifient leurs crimes sexuels. De sorte qu’on peut parler d’une véritable théologie du viol.

Au rendez-vous des sociaux-traîtres

L’extrême gauche appelle à manifester contre la Loi immigration, le 21 janvier. Parmi les signataires de cet appel à marcher: les syndicalistes. Mais sont-ils certains que leur base soit d’accord ?


Ce sera le 21 janvier prochain. Ce jour-là, certains, comme chaque année, souhaiteront honorer la mémoire de Louis XVI, guillotiné par la Convention le 21 janvier 1793. Ceux-là se rendront à l’office mémoriel ou se satisferont d’une pensée. Et puis il y a ceux qui, également ce 21 janvier, iront battre le pavé contre la loi Immigration, espérant ainsi convaincre le président de la République de ne jamais faire entrer ses dispositions dans les faits, tant ils les jugent inhumaines, barbares, criminelles. C’est-à-dire, tout simplement – nous faisant un plaisir de recourir aux raccourcis verbaux caricaturaux que ces gens affectionnent – fascistes.

À les en croire, cette loi aurait été pondue sous « la dictée des marchands de haine qui rêvent d’imposer leur projet de préférence nationale »[1]. Tout est dit. En tête de cortège, nous retrouverons les acteurs, les actrices pensionnaires et sociétaires de cette autre comédie française qu’est la protestation bien-pensante, formatée bonne conscience, estampillée gauche angélique. On a l’habitude. Je ne vous livrerai pas les noms. Vous les connaissez. Ce sont les mêmes, d’affiche de mobilisation en pétition d’humanisme bon marché. De ce côté-là rien de bien neuf, ni de bien intéressant.

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À eux se joignent d’autres comédiens, ceux-là s’offrent à nous sur la scène politique de gauche où, ces temps-ci, ils sont assez mauvais, d’ailleurs. Ils bouffonnent dans la troupe LFI, se persuadent d’être encore en vie dans celles du PS ou du PC. Inutile, là aussi de citer ces joyeux drilles. En revanche, je crois que nommer deux des personnes qui appellent à cette mobilisation n’est pas inintéressant. Ce sont Mmes Sophie Binet et Marylise Léon. La première est secrétaire générale de la CGT, la seconde occupe le même poste phare à la CFDT. Des syndicalistes, donc. De gauche, évidemment. Historiquement en charge de la défense des intérêts de leurs mandants, les travailleurs des entreprises de France. (Par charité, on s’abstiendra de rappeler que « la préférence nationale » était une revendication syndicale en pointe dans les années 1930. Autres temps, autres mœurs.)

Or, de quoi s’agit-il ? Il s’agit de protester contre cette loi qui – timidement, très timidement – viserait à contraindre quelque peu la déferlante migratoire que connaît le pays. La combattre, cette loi dûment votée, revient évidemment à militer en faveur du maintien du flux migratoire en l’état. (Juste pour le plaisir de l’ironie, notons que nous ne sommes pas loin ici de la ligne du patronat, celle du MEDEF). En résumé, le message des manifestants du 21 janvier est des plus clairs : continuer à laisser entrer chaque année, chaque mois, chaque jour, des migrants par milliers et dizaines de milliers sur le territoire national. Dont acte.

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Il conviendrait tout de même que ces pathétiques politiciens de gauche et surtout ces deux responsables de centrales syndicales gardent à l’esprit le jugement de leur bon maître Karl Marx sur ce sujet. Pour lui, les immigrés n’étaient les bienvenus dans nos pays que parce qu’ils y constituaient « l’armée de réserve du capitalisme ». Notamment en fournissant un sous-prolétariat (Lumpenproletariat), une main d’œuvre abondante, docile, sous payée, surexploitée.

La responsable de la CGT Sophie Binet, Paris, avril 2023 © ISA HARSIN/SIPA

Et voilà bien que ces deux chef(fes) du mouvement ouvrier français, voilà bien que ces responsables, ces militants « progressistes » descendent dans la rue le 21 janvier pour – qu’ils le veuillent ou non !- se faire les agents recruteurs de cette armée-là ! Au secours ! Lénine avait un mot terrible pour qualifier les soi-disant « gens de gauche » qui se fourvoyaient dans de telles compromissions. Il les traitait de sociaux-traîtres. Suprême anathème. Staline, lui, se faisait un plaisir de les éliminer… Chacun son style. Les sociaux-traîtres d’aujourd’hui ne risquent pas ces extrémités. Nous nous en réjouissons. Cela dit, en même temps que pour l’infortuné Louis XVI, nous aurons une petite pensée pour ce pauvre vieux Karl Marx qui, ce 21 janvier, devrait se retourner une fois encore – une énième fois ! – dans sa tombe.

Mitterrand, Don Juan en politique

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[1] https://www.humanite.fr/politique/loi-immigration-darmanin/201-personnalites-appellent-a-marcher-contre-la-loi-immigration

Ils ont remonté «Eurydice», de Jean Anouilh, au Théâtre de Poche

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Les amateurs de mythes revisités, de la langue d’Anouilh et des troupes modernes et inventives iront au Théâtre de Poche le lundi soir.


Et si Anouilh revenait ? Il est de ces écrivains qui ont un peu disparu des scènes de théâtre depuis quelques années (comme François Billetdoux ou Jean Vauthier, deux autres « grands », et absents). On le joue – mais peu. Cette année, pourtant, un frémissement : après « La Culotte » à l’Athénée cet automne, voici donc « Eurydice » au Théâtre de Poche-Montparnasse, le théâtre familial des Tesson – où une photo du (très) regretté Philippe Tesson vous accueille, à défaut de sa présence (hélas).
Si vous avez envie de retrouver la mélancolie d’Anouilh, sa noirceur aussi, son sens du tragique tamisé par un romantisme irréfragable, courez-y. Cette pièce, créée à l’Atelier en 1942, mise en scène alors par un autre grand, et intime d’Anouilh, André Barsacq (avec Alain Cuny en Orphée), n’est pas la plus connue – adaptation-relecture du mythe d’Orphée et d’Eurydice, où la mort seule donne accès au véritable, pur amour (thème de la pièce) – mais elle est ici servie par une distribution éblouissante, décisive pour garantir le succès de la soirée.

A lire aussi, Eric San Frax: Devoir de mémoire, dites-vous?

Citons – mais ils sont tous impeccables – Gaspard Cuillé, vulnérable et pur, en Orphée, Bérénice Boccara en Eurydice, toute de grâce et de délicatesse avec son beau visage et sa coiffure presque « rétro », ou Monsieur Henri, « qui offre à Orphée désespéré après la mort d’Eurydice, la possibilité de la rejoindre (dans la mort) et de la rendre à la vie, à condition de ne pas la regarder », ce Monsieur Henri bien mystérieux est interprété – on le mentionne en particulier car on est certain que ce jeune homme fera son chemin  – par Benjamin Romieux : il est impérial, une diction parfaite (précise), une autorité indiscutable, une voix grave, oraculaire.
La mise en scène d’Emmanuel Gaury est aérienne, les costumes de Guenièvre Lafarge, élégants (pantalon taille haute d’un chic fou, pour Orphée), la musique de Mathieu Rannou intervient toujours à bon escient pour moduler la tonalité de l’ensemble.
Une très jolie soirée. Qu’on recommande. En attendant la résurrection prochaine, on l’espère, d’autres pièces d’Anouilh – dont « Colombe », « L’Hurluberlu ou le réactionnaire amoureux », voire une des plus subtiles et déchirantes et drôles d’Anouilh : « La Répétition ou l’amour puni »

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Théâtre de Poche-Montparnasse, tous les lundis à 21H.
Durée 1H15. Tél. 0145445021.

Argentine: pour danser le tango, il faut avoir le ventre plein…

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Le résultat de l’élection présidentielle argentine nous apparait comme une bizarrerie, et la situation du pays digne d’un carnaval d’Amérique du Sud. Certes, Javier Milei est extravagant. Mais, dans un pays à l’économie exsangue, ses solutions ultra-libérales ont été vues par une majorité d’électeurs comme un dernier recours. Driss Ghali analyse ce pari risqué


Un conseil aux lecteurs français : si vous voulez savoir quoi penser d’une personnalité politique latino-américaine, regardez France 24 et lisez Le Monde, s’ils tressent des éloges à quelqu’un, méfiez-vous en, et s’ils en disent du mal, accordez-lui quelque sympathie. N’étant pas de gauche, Javier Milei rentre dans la catégorie des mangeurs d’enfants. Il se définit comme anarcho-capitaliste. Une espèce rare qui promet de bâtir une société harmonieuse et prospère, débarrassée de l’État et régie par la seule grâce du capitalisme. Cela suffit pour le classer à l’extrême-droite aux yeux des grands médias français qui ne publient de lui que les photos qui en donnent l’aspect le plus sidéré ou le plus répulsif. Il n’avait qu’à penser comme Ortega (le persécuteur des chrétiens au Nicaragua), ou encore Maduro (le fléau du Venezuela qui a provoqué l’exode de millions de civils innocents). Sur les rives de la Seine, il n’y a qu’une seule politique possible au sud du Rio Grande : le socialisme – peu importe qu’il soit appliqué par des dictateurs sanguinaires (Cuba, Nicaragua) ou en collusion avec les cartels (Venezuela) ! 

Aventure argentine

Mais, si le peuple argentin a osé déplaire à Libération, c’est qu’il avait une raison valable. Il est en train de mourir. Il succombe à quarante ans de casse sociale et de démembrement économique. La pauvreté dépasse les 40% de la population dans une nation jadis prospère. Surtout, l’inflation annuelle dépasse les 200%. Les Argentins n’ont pas snobé les candidats préférés du Nouvel Obs par sadisme, c’est qu’ils n’y ont trouvé aucun espoir de voir leur frigo se remplir à nouveau. Pour danser le tango, il faut avoir le ventre plein.

À lire aussi, Julien San Frax: «Ceci est mon corps…»

Les Argentins ont peur de l’avenir et ils ont honte de participer d’une chute libre qui n’en finit pas. En effet, l’Argentine ne « peut » pas être un pays pauvre. Elle a tout pour réussir et elle l’a prouvé par le passé : elle a de l’eau à en revendre, la terre est très fertile, l’agriculture est parmi les plus productives au monde, le pays est vide ou presque, les liens familiaux et culturels avec l’Europe sont richissimes. Il y a un siècle, les jeunes Français déshérités mais ambitieux allaient faire fortune en Argentine. Désormais, les Argentins quittent leur pays pour échapper à l’enfer économique. Mais, aux yeux de la presse française, le scandale n’est pas celui-là. Le véritable scandale, le seul dérèglement qui mérite l’indignation est l’élection d’un candidat de droite. Au diable, le calvaire du peuple argentin…

Milei condamné d’office ?

Est-ce que Milei peut sauver l’Argentine ? Honnêtement, il est très difficile de miser sur un politicien provocateur, sans aucune expérience sérieuse du pouvoir. Dépourvu de réseaux dans l’État profond. Condamné d’office par l’establishment international. Il est aussi très difficile d’envisager une sortie de crise pour l’Argentine. Les fondamentaux du pays sont tellement « pourris » qu’il faudrait, en toute rigueur, tout démonter pour reconstruire à zéro. Le système monétaire est en ruines, le commerce extérieur problématique, la fonction publique inefficace, les entreprises sous-financées, la dette externe impossible à rembourser. Cela dit, Javier Milei veut s’y essayer. Souhaitons-lui bonne chance. 

Javier Milei, 3 jours avant son élection à Córdoba, le 16 novembre 2023 © Nicolas Aguilera/AP/SIPA

Il veut commencer par une cure de libéralisme dans une économie qu’une administration ultra-interventionniste empêche de tourner en rond. Offre et demande sont totalement perturbées par des politiques populistes. Prix contrôlés, loyers encadrés, subventions à la consommation. On traite Milei d’extravagant, et il l’est assurément, mais l’extravagance véritable est du côté de ses prédécesseurs qui ont installé jusqu’à dix régimes de change différents entre le dollar et le peso. Aujourd’hui, l’Argentine est en effet un mélange entre l’économie française des années 1960, où l’État est producteur-distributeur-régulateur, et l’économie informelle de la Sicile où les petits patrons rivalisent d’audace et de combines.

À lire aussi, Jean-Baptiste Roques: Les cancres utiles du Hamas

Le 20 décembre, Milei a promulgué un paquet d’urgence libéralisant les prix et les loyers et levant tous les obstacles aux exportations. La monnaie est dévaluée de 50% et plusieurs aides à la consommation sont annulées. Quelques jours plus tard, le nouveau président a annoncé que les grévistes qui s’aviseraient de bloquer les routes seraient poursuivis pénalement. Vu depuis Paris, il s’agit d’une nouvelle « avancée du fascisme ». Vu de près, il s’agit d’une mesure de précaution face à la dégradation sûre et certaine du pouvoir d’achat de millions d’Argentins du fait de la nouvelle politique. Qui dit dévaluation dit inflation des produits importés, qui dit libéralisation des prix dit hausse des prix comprimés artificiellement par le passé. Le pari de Milei est que l’Airbus avarié qu’est l’Argentine cessera sa chute libre au bout de quelques mois et commencera à redresser son nez. Et si ça marchait ? Je paierais cher pour voir les correspondants locaux de la « grande » presse parisienne rendre compte des « vents favorables », aussi intenses qu’inattendus, « qui ont outrageusement facilité la tâche à Javier Milei »

Français, ouvrez les yeux !: Une radiographie de la France par un immigré

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Branle-bas de combat chez les européistes, élections en vue

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Chez les technocrates bruxellois, chez les socialistes et autres fédéralistes, on s’inquiète des niveaux très élevés des partis nationalistes dans les sondages. Sans jamais se remettre en question sur les politiques menées jusqu’ici en matière régalienne.


Les élections européennes approchent. Les Français, refroidis entre autres par le traité de Lisbonne abrogeant de fait le résultat du référendum qui, trois ans plus tôt, avait rejeté le projet d’un traité établissant une Constitution pour l’Europe, se sont détournés de ces élections. Pourtant, les technocrates bruxellois et les européistes français sont inquiets : une bourrasque droitière nationaliste et anti-immigrationniste balaie en ce moment de nombreux pays d’Europe. L’immigration massive et, subséquemment, l’islamisation, l’insécurité et le déclin civilisationnel dans les pays d’accueil sont devenus des sujets incontournables : les peuples des pays membres de l’UE qui ploient sous les oukases de l’impératrice Ursula von der Leyen, du gouvernement allemand et de ses vassaux, Emmanuel Macron en tête, perçoivent-ils que ces élections pourraient être l’occasion de mettre un grand coup de pied dans la fourmilière bruxelloise ? C’est en tout cas ce que semblent craindre les partisans d’une UE élargie, anti-nationaliste et immigrationniste. Raison pour laquelle ils déploient en ce moment les grandes manœuvres : propagande immigrationniste à tous les étages, préparation en catimini d’une transformation en profondeur des prérogatives de l’UE et esquisse d’une Europe « souveraine », diatribes répétitives et automatiques contre l’extrême droite, le nationalisme nauséabond, le fascisme aux portes du continent, et autres épouvantails – le tout avec l’appui de nombreux médias.

Souveraineté européenne contre souverainistes

« Nous aurons à faire le choix d’une Europe plus forte et plus souveraine à la lumière de l’héritage de Jacques Delors », a déclaré Emmanuel Macron en présentant ses vœux aux Français. Tout est dit. Tout est prévu. Un événement récent, passé relativement inaperçu, mérite pourtant toute notre attention : au mois de novembre 2023, le Parlement européen a adopté un projet de révision des traités qui dessine une future UE « souveraine » et des États nationaux sous tutelle. En voici quelques principes qui restent à débattre mais sont déjà dans les tuyaux :

 – Création d’une fonction de “Président de l’Union européenne” en remplacement des présidents du Conseil européen et de la Commission qui serait elle-même remplacée par un « exécutif européen ». (Mario Draghi, ex-vice-président de Goldman Sachs Europe, ex-gouverneur de la Banque d’Italie, ex-président de la BCE, déclare en novembre 2023 qu’il est temps que l’Europe devienne « un État »). Président de l’UE ? Comme Philippe de Villiers, je ne serais pas étonné qu’Emmanuel Macron envisage d’ores et déjà d’occuper un jour ce genre de trône.

 – Renforcement de la capacité d’action de l’Union en augmentant le nombre de domaines (dont la politique étrangère et la sécurité) pour lesquels les actions devront être décidées par un vote à la majorité qualifiée (et non plus à l’unanimité).

 – Compétence exclusive de l’UE au détriment des États membres en matière d’environnement, de biodiversité et de négociations sur le changement climatique. Le tout sous l’œil inquisiteur du GIEC et les recommandations totalitaires de l’écologie politique.

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 – Élargissement de la protection contre les discriminations aux questions de genre, d’origine sociale, de langue, d’opinions politiques et d’appartenance à une minorité nationale. Remplacement de « l’égalité entre les hommes et les femmes » par « l’égalité de genre » dans l’ensemble des traités. Le wokisme a de l’avenir au sein des institutions européennes.

Vous ne voulez plus d’immigration ? Vous aurez plus d’immigration !

Ajoutez à ces principes les déclarations hallucinantes d’Ylva Johansson, Commissaire européenne aux Affaires intérieures – « La migration est normale. Les migrations ont toujours existé. Les migrations existeront toujours. La migration fait partie de l’être humain. Il y aura toujours des migrants. Il n’est pas question d’arrêter les migrations » – ou celles, mensongères de bout en bout, de la Commission européenne pour la Journée internationale des migrants (sic) – « La migration est vieille comme le monde. Elle fait partie intégrante de l’humanité et demeure une constante. Les travailleurs migrants contribuent à la prospérité et à la diversité culturelle de leur pays de destination, ainsi qu’aux économies de leur pays d’origine. Nous attachons une grande valeur au rôle enrichissant que jouent les migrants dans nos sociétés » ; saupoudrez le tout de consignes ayant pour but d’effacer les racines chrétiennes de l’Europe sous couvert de « mettre en valeur la nature inclusive de la Commission européenne envers tous les milieux et toutes les convictions des citoyens européens » (dixit Helena Dalli, Commissaire européenne à l’Égalité conseillant d’éviter l’usage de mots comme « Noël » et de prénoms comme « Marie ») et de publicités continues pour le hijab via les campagnes européennes pour la jeunesse, le sport et la culture ; aspergez d’un zeste de wokisme en invitant par exemple les députés à remplacer l’expression « Mesdames et Messieurs » par celle de « Chers collègues » afin de « ne pas présumer du genre des personnes présentes » – vous obtenez ainsi le cocktail empoisonné concocté par nos super-technocrates bruxellois pour détruire les nations européennes.

En France, les médias publics reprennent sans barguigner la propagande européiste ainsi que la dénonciation panurgique d’une extrême droite fantasmagorique. France Inter, parfait exemple de servilité et de soumission, chante quotidiennement les bienfaits de l’immigration, du wokisme et d’une UE élargie, imposante, au-dessus des États-nations. Le 5 janvier, la journaliste Marion L’Hour recevait le président du Parti socialiste belge et bourgmestre de Charleroi, Paul Magnette, un phénomène déjà évoqué dans ces colonnes. M. Magnette a affirmé que « le nationalisme c’est vraiment le fléau que subit l’UE aujourd’hui, c’est vraiment l’extrême droite qui prospère sur toutes les terres dans lesquelles on a vu les emplois disparaître, les services publics affaiblis – c’est vraiment le cancer aujourd’hui ». La journaliste de France Inter n’a pas eu le réflexe de demander à M. Magnette à quelles formations politiques et à quelles politiques européennes nous devions cette destruction des emplois et des services publics. C’est dommage : quarante ans de désindustrialisation et d’immigration non contrôlée sous la férule de l’UE et avec l’assentiment des gouvernements de droite comme de gauche nous ont pourtant conduits au point de désastre décrit par le bourgmestre de Charleroi. Selon M. Magnette, la loi française sur l’immigration est un pur produit de l’extrême droite et la régularisation des migrants illégaux permettrait de prendre en charge ces pauvres hères qui « s’ils tombent malades, n’ont aucune couverture » – Marion L’Hour rate une fois de plus le coche : en France, l’AME offre aux migrants illégaux qui en font la demande le même accès aux soins (hormis l’aide médicale à la procréation et les cures thermales) que les Français qui cotisent pour pouvoir bénéficier de ces services. Quant à l’opinion des Français en matière d’immigration, à l’instar du macroniste Sacha Houlié, Paul Magnette s’assoit dessus : « Ce qu’on attend des politiques, ce n’est pas qu’ils s’alignent sur les émotions de l’opinion mais qu’ils affirment des responsabilités, qu’ils disent des choses et qu’ils les expliquent. » Vaste programme dont la vague énonciation laisse deviner de nouveaux discours sur le besoin, la nécessité, l’importance d’une immigration inévitable, indispensable, souhaitable et même bénéfique pour l’Europe.

Un socialiste peut en cacher un autre

Un socialiste européiste et immigrationniste (belge) peut en cacher un autre (français). Toute honte bue, Pierre Moscovici, Premier président de la Cour des comptes, a avoué avoir retardé la parution d’un rapport sur l’immigration pour « ne pas interférer » dans le débat sur la loi sur… l’immigration. Il a craint, dit-il, que ce rapport soit « caricaturé et utilisé à mauvais escient ». Les hauteurs où trône le Président de la Cour des comptes sont-elles privées à ce point d’oxygène que le cerveau de ce dernier n’a pas pu concevoir l’incongruité, le mot est faible, d’une telle décision et de tels propos pour la justifier ? Il semble que nos élites européistes ont définitivement entériné l’idée que les opinions publiques doivent être ignorées et les représentants élus empêchés de connaître la réalité pour débattre sur des sujets d’importance comme l’immigration dès lors qu’il s’avère que cela peut entraver la marche en avant vers la planification euro-mondialiste organisée par les intermédiaires techno-davosiens que sont ces mêmes élites. Certains électeurs se vengeront de cette attitude en votant RN ou Reconquête aux prochaines élections européennes, non par conviction mais par dépit.

A lire aussi: Parlement européen: un coup d’État en douce

Un socialiste hors-sol français peut en cacher un autre. Le Point s’est entretenu avec le bientôt nonagénaire Pierre Joxe[1]. Quarante ans plus tard, le ministre de l’Intérieur au moment de l’affaire du foulard islamique à Creil n’en démord pas : « Il y a eu une instrumentalisation. L’affaire a été montée par le principal du collège, un RPR masqué ». Et l’islam ? « L’islam est très respectable mais mal connu des Français. […] Que l’islam ait provoqué des guerres, c’est une vérité. Dans toutes les autres religions, des croyants ont poussé à l’extrême leur fanatisme. Il n’y a aucune différence entre les criminels invoquant fallacieusement l’islam aujourd’hui et les criminels chrétiens d’autrefois qui massacraient souvent femmes et enfants. » C’est beau comme du Edwy Plenel (ou du Edgar Morin). Quant au conflit entre le Hamas et Israël : « Hélas, toutes les guerres coloniales produisent et aboutissent à des massacres. Nous l’avons bien appris en Indochine, à Madagascar, en Algérie. […] Heureusement, le secrétaire général de l’ONU, M. Gutteres, élève sa voix pour dénoncer le cimetière d’enfants de Gaza ». Une dernière citation pour la route et pour faire se pâmer Christiane Taubira, Rokhaya Diallo, les décolonialistes, les racialistes et le gouvernement algérien : « La France est un pays encore malade de son colonialisme. Hélas, beaucoup de Français sont imbibés de préjugés racistes et suprémacistes. » On voit par-là que les socialistes ne lésinent jamais quand il s’agit de mettre à mal la France.

Raphaël Glucksmann, député européen et probable tête de liste des socialistes pour les prochaines élections, est de la même veine idéologique que ses aînés. Atlantiste convaincu, immigrationniste forcené, écologiste par opportunisme, il est ardemment soutenu par deux fossoyeurs de la France, j’ai nommé Daniel Cohn-Bendit et Jacques Attali, ce dernier voyant en Gluksmann un nouveau Delors – ce qui n’est guère rassurant. « Toutes les grandes questions qui sont aujourd’hui le cœur du débat public dans notre pays, ont une réponse à l’échelle européenne ; la migration, l’écologie, la défense, la politique commerciale, tout cela doit se discuter à l’échelle européenne », a déclaré Raphaël Glucksmann sur France Inter, il y a trois mois, en réfutant l’idée d’un référendum sur l’immigration et en se réjouissant d’une potentielle entrée de l’Ukraine dans une UE qu’il voudrait voir accueillir toute la misère du monde. Bien entendu, son combat pour une UE élargie jusqu’aux frontières les plus à l’est (pour énerver la Russie, son ennemi juré – surtout depuis ces fonctions de conseiller, curieusement peu commentées en France, en Géorgie puis en Ukraine) et servant la soupe aux États-Unis ainsi que pour une « société ouverte » mondialisée ne serait pas complet sans un barrage en bonne et due forme contre… l’extrême droite, syntagme qui englobe maintenant à peu près tous ceux qui ne pensent pas comme Raphaël Glucksmann – ce qui finit par faire du monde.

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[1] https://www.lepoint.fr/politique/pierre-joxe-jean-luc-melenchon-est-un-homme-estimable-03-01-2024-2548943_20.php

Marche arrière sur la vidéoprotection

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Unsplash

Intelligence artificielle. Il est indispensable et urgent de légiférer sur l’usage des caméras VPI (Visualisation des Plaques d’Immatriculation) et les fonctions de recherches afférentes…


Pour faire face aux menaces actuelles, à l’insécurité grandissante dans notre pays, la vidéoprotection est aujourd’hui devenue un atout majeur pour la sécurité publique. Cette technologie offre aux communes et collectivités un outil de dissuasion de la criminalité, de réduction des actes de malveillance et permet de faciliter l’action des forces de sécurité intérieure.

Nos maires ont pleinement conscience de leur devoir d’assurer le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publique dans leur commune. Ces dernières années, ils ont joué le jeu pour apporter toutes les aides nécessaires aux forces de l’ordre régaliennes en investissant dans des systèmes de vidéoprotection.

Les maires accompagnés face à l’insécurité

De nombreuses municipalités se sont vues préconiser par la police et la gendarmerie l’installation, notamment aux entrées de ville, de caméras de types VPI, pour Visualisation des Plaques d’Immatriculation. Ces caméras sont dotées d’une technologie permettant de visualiser en toutes conditions les plaques d’immatriculation des véhicules en circulation. Lors de la commission d’un crime ou d’un délit sur une commune, les enquêteurs des services de police ou de gendarmerie sont en mesure de pouvoir visualiser l’immatriculation du véhicule suspecté grâce aux caméras VPI. Seuls les services de l’État chargés de l’enquête, par leurs procédures habituelles, sont en mesure d’interroger leurs fichiers (FVV, SIV, TAJ…) en vue d’une identification du véhicule et/ou de la recherche de son propriétaire.

Mais, grâce à l’évolution de la technologie, bon nombre de systèmes permettent de procéder à des recherches de plaques d’immatriculation complètes ou partielles sur les images de vidéoprotection. Cet outil permet un gain de temps considérable pour les forces de sécurité intérieure dans le cadre de leurs investigations.

La CNIL

Dans le cadre de ses missions, la CNIL réalise des contrôles de système de vidéoprotection des communes et considère illicite l’usage des caméras VPI en précisant que ces capteurs sont assimilés à un traitement automatisé des plaques d’immatriculation de type LAPI (Lecture Automatisée des Plaques d’Immatriculation) au sens de l’arrêté du 18 mai 2009. Et la mise en œuvre et l’usage de systèmes LAPI ne sont autorisés que pour la Police Nationale, Gendarmerie Nationale et Douanes. Contrairement au système VPI, les traitements LAPI peuvent être rapprochés du traitement automatisé des données relatives aux véhicules volés ou signalés ainsi que du système d’information Schengen.

La CNIL considère que les élus et policiers municipaux n’ont pas le droit de traiter, ni de collecter ces données et met en demeure les élus à se conformer à la réglementation en la matière sous peine de sanctions prévues par l’article 20 de la loi du 6 janvier 1978.

Un outil de lutte contre la criminalité

Le déploiement d’un système de vidéoprotection représente un coût d’investissement et de fonctionnement pour les municipalités et collectivités dans le but d’apporter une aide aux forces de l’ordre et à la justice.

Les évolutions technologiques permettent aujourd’hui d’apporter une aide précieuse aux utilisateurs de système de vidéoprotection en simplifiant certaines tâches fastidieuses et en apportant des réponses instantanées tout en préservant les libertés individuelles.

La question sur l’utilisation des caméras VPI de manière rationnelle par les forces de l’ordre régaliennes et les polices municipales devient urgente. Le développement exponentiel de la vidéoprotection dans nos villes grâce notamment aux différentes subventions de l’État et de collectivités permet aux municipalités d’offrir un outil de lutte contre la criminalité, tellement utile à nos forces de l’ordre. Dans le cadre de l’accompagnement des communes, les référents-sûreté police et gendarmerie préconisaient au travers d’un diagnostic ou audit de vidéoprotection le déploiement de caméras VPI, ce type de dispositif apportant un intérêt incontestable pour les forces de l’ordre.

A lire aussi, Aurélien Marq: Darmanin, le petit Nicolas (édition poche)

Suite aux récents courriers de mises en demeure de la CNIL, il est entériné que les communes n’ont plus le droit de lire les plaques d’immatriculation en utilisant des algorithmes, mais uniquement de remettre des séquences vidéo n’offrant aucune donnée intelligente permettant de faciliter la recherche de plaque minéralogique. Cela impose aux enquêteurs de lire la séquence vidéo et de relever manuellement les numéros d’immatriculation des véhicules. La technologie permettrait d’identifier plus rapidement et facilement les délinquants, et ainsi, disposer de plus de personnels sur le terrain pour la sécurité de nos concitoyens, plutôt que de passer des jours, même des semaines, à éplucher des séquences vidéo dans un bureau.

Priver aussi les polices municipales de cet outil, c’est créer un nouvel obstacle dans le cadre de leurs missions de sécurisation de l’espace public et de protection des administrés. Il est surprenant de mettre en avant une éventuelle atteinte aux libertés individuelles, puisque les polices municipales ne disposent d’aucun accès aux fichiers permettant d’accéder à des données personnelles en lien avec un numéro d’immatriculation.

Légiférer ?

Encore un nouvel obstacle pour l’ensemble des personnels de l’Etat et des collectivités qui œuvrent quotidiennement au maintien de la paix dans nos villes, nos quartiers, et assurent la protection de nos concitoyens ! Dans cette lutte contre l’insécurité grandissante, il est donc indispensable et urgent de légiférer sur l’usage des caméras VPI et des fonctions de recherches.

Il est également inquiétant de constater que le Ministère de l’Intérieur, dans l’instruction relative aux orientations des politiques soutenues par le fonds interministériel de prévention de la délinquance pour 2023 (NOR: IOMK2303419J du 06/02/2023), refuse le financement des caméras permettant de visualiser les plaques d’immatriculation au motif qu’un tel dispositif ne concerne pas la prévention de la délinquance : « […] il conviendra de refuser le financement lorsqu’il s’agit d’assurer un simple renouvellement à l’identique de l’équipement, mais également d’écarter le financement des équipements de vidéo-verbalisation, prenant la forme notamment de dispositifs de lecture automatisée des plaques d’immatriculation (LAPI) pour permettre la collecte automatique de données concernant les véhicules en infraction. Outre qu’il ne concerne pas la prévention de la délinquance, un tel dispositif n’est pas autorisé pour les communes. »

Pourtant, nos anges gardiens de la police ou de la gendarmerie savent à quel point ces caméras jouent un rôle crucial dans l’identification d’auteurs d’infractions pénales. Encore un nouveau coup dur après le décret n°2023-828 du 28 août 2023 relatif aux modalités de mise en œuvre des traitements algorithmiques sur les images collectées au moyen de système de vidéoprotection (Loi « Jeux olympiques et paralympiques 2024 » tant attendue), qui n’apporte que peu d’évolution concrète, en autorisant en grande partie ce qui n’était à ce jour pas interdit (Exemple : traitement algorithmique autorisé pour détecter la présence d’objets abandonnés, non-respect par une personne ou un véhicule du sens de circulation commun, franchissement ou présence d’une personne ou d’un véhicule dans une zone interdite ou sensible, présence d’une personne au sol à la suite d’une chute, etc…). On marche sur la tête…

Le Noël du BDS

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Grands magasins De Bijenkorf, Amsterdam. DR.

Les militants du mouvement « Boycott, désinvestissement et sanctions » sont des pros de la « sensibilisation ». Analyse d’une de leurs campagnes d’évangélisation dans une galerie marchande aux Pays-Bas. Pour ces détracteurs d’Israel, cette année, Noël est « annulé ».


La scène se passe à Amsterdam, la veille de Noël, pendant la journée du 24 décembre 2023 (voir notre vidéo ci-après). Nous sommes dans l’enceinte du grand centre commercial Bijenkorf. Le public déambule entre les rayons, jeunes couples et personnes entre deux âges, jeunes mères avec de petits enfants, adolescents décontractés, dans une atmosphère doucement consumériste, mais cependant gentiment festive, puisque le soir même, chacun sera en famille ou avec des amis pour célébrer l’Avent. Et voilà que descend du dernier étage, comme du ciel, une nuée d’étoiles blanches s’approchant de terre, une pluie de tracts, des tracts par centaines, en vagues régulières, lancés depuis les hauteurs par des silhouettes vêtues de noir, aux visages indistincts. Ces feuilles maculées d’un dessin de mains tâchées de sang, virevoltent, créent la surprise, avant d’atterrir sur le sol, après avoir frôlé la tête ou les épaules des passants. Pendant que ces messages para-célestes tendent vers leur point de chute improvisée, au hasard de leur trajectoire ciblée, une voix féminine, de tonalité aéroportuaire, et qui semble celle d’une annonce, s’insinue dans l’air. Une voix féminine et douce, d’une douceur un peu métallique, au timbre continu, déroule en anglais, avec un phrasé régulier, légèrement martelé, le propos que voici[1] :

 « Chers clients bienvenus chez Bijenkorf pendant que les bombes tombent
Environ 20 000 personnes ont été tuées à Gaza cet hiver, avec l’argent de vos impôts
Lorsque vous achetez des marques telles que L’Oréal, Chanel et Dior, vous permettez à Israël de poursuivre son génocide contre les Palestiniens
Pendant que vous recherchez le cadeau parfait, Israël tue six enfants par heure… six enfants par heure
Au cours des deux derniers mois et demi, 800 enfants ont été tués
Montrez votre solidarité avec le peuple palestinien opprimé, instruisez-vous sur le génocide
Parlez à votre entourage de l’occupation
Noël est annulé
Fermez vos sacs, arrêtez de faire des achats, et boycottez les marques qui permettent à Israël de perpétrer un génocide contre les Palestiniens
Boycottez L’Oréal, boycottez Dior
Boycottez Chanel, boycottez Puma
Du fleuve à la mer la Palestine sera libérée. »

Nous sommes à Amsterdam, à quelques heures de la nuit de Noël, et quelqu’un a filmé à dessein quelqu’un d’autre en train de baigner de tracts hostiles à Israël la foule qui se presse dans ce grand magasin de la ville. La voix féminine profère une comptine, toute de tension moralisatrice, qui se veut de portée pédagogique, mais aussi didactique. Le montage est parfait : sur papier, il a aussi les principales qualités du carton d’invitation. Son entête : Merry Palestinian Christmas in Amsterdam ; sa signature : le graphisme miniaturisé de la pastèque, suggestion fruitée des couleurs du drapeau palestinien.

A lire aussi, Jean-Baptiste Roques: Les cancres utiles du Hamas

Cette interpellation collective illustre l’une des facettes des campagnes militantes, menées depuis le début des années 2000, à l’échelle de toute l’Europe, par le mouvement du BDS – acronyme de Boycott Désinvestissement Sanction, et qui fédère depuis lors ce que la nouvelle internationale antijuive, aux seules fins de naturaliser dans l’opinion la délégitimation d’Israël, sous le double rapport de la discrimination et de l’incitation à la haine, non seulement de l’Etat et des ses citoyens, mais encore de quiconque serait enclin à manifester une solidarité quelconque ou de la sympathie à leur endroit.

Frapper les esprits. Dupliquer, en la détournant, la geste évangélique de la catéchèse, instrumentaliser l’évènement de Noël, pour divulguer l’éternelle nouvelle du maléfice d’Israël, voilà qui signe l’identité de marque du discours de propagande, lequel choisit toujours son moment pour propager sous les dehors de la passion morale l’enseignement du mépris.

A mesure que les mots de ce discours se déposent dans nos oreilles, nous nous apercevons que cette même voix lit pratiquement le message imprimé sur le tract tombé du ciel, ces nombreux tracts aux multitudes enveloppantes, comme les paroles d’une révélation- le jour de Noël. La profération de cette voix, à la progression insistante, sème doucement le trouble d’un contraste cognitif et perceptif dans une atmosphère conviviale, peu à peu ressaisie en espace d’inquisition subliminale. Il s’agit d’un message perlé, qui semble venir du fond des âges, fait de brefs contenus et d’injonctions binaires, mais incisives. On y reconnaît la réalité d’une mimésis depuis longtemps familière. Que nous dit-elle au juste ?

D’abord, la voix délivre un propos dissonant. Elle s’immisce d’emblée dans la compréhension de chacun par une expression de bon accueil qui autorise le détournement subreptice de ce qui serait normalement attendu : Chers clients bienvenue chez Bijenkorf… pendant que les bombes tombent. L’adresse se fait directe, elle se veut maintenant moralisation rapide du public, entre culpabilisation à peine manifeste et devoir d’enseigner, une sorte de formation continue en accéléré : Environ 20 000 personnes ont été tuées à Gaza cet hiver, avec l’argent de vos impôts lorsque vous achetez des marques telles que L’Oréal, Chanel et Dior. La voix se fait aussi pesamment que prétendument informative : Pendant que vous recherchez le cadeau parfait, Israël tue six enfants chaque heure, six enfants chaque heure. L’auditoire innocent est discrètement pris à partie, mais l’intention moralisatrice première se mue aussitôt en intention mieux inspirée, presque amicale, consistant à changer le reproche tacite en interpellation complice, ce qui constitue ainsi l’auditeur en témoin. L’auditeur alors ne pourra plus se réfugier dans le refus de savoir, puisque dorénavant il sait : Au cours des deux derniers mois et demi 800 enfants ont été tués.

Tout cela est bien embarrassant pour les « sionistes » que l’on devine très inquiets de ces révélations si abruptes ! Parce que les images, qui se lèvent dans les esprits à l’entente de ces mots, brouillent indélicatement l’horizon d’attente des acheteurs en goguette : l’évocation des noms de grandes marques – Chanel, Dior, L’Oréal- qui évoquent le luxe, la prospérité et la sécurité que procure l’agrément (vêtements chics, parfums délicats)- jure avec la vue mentale de la tuerie organisée ; ces paroles jurent avec la fabrication mentale d’une vision de misère, et font lever dans l’esprit  du divertissement le choc d’une injustice insigne.

Mais le message que profère la voix céleste se fait aussi engagement à adhérer. L’engagement voudra bien remplacer les habituelles bonnes résolutions de fin d’année, au profit d’une véritable résolution, à la fois éthique et sympathique. Ce message nous sensibilise, et comment ne pas l’être toute affaire cessante, sous le coup de la ‘’découverte’’ de l’affreuse condition faite à l’éternelle victime de l’iniquité d’Israël qu’il faut à toute force faire cesser : Montrez votre solidarité avec le peuple palestinien opprimé, instruisez-vous sur le génocide.

Ce n’est peut être pas une voix divine qui parle, mais à l’évidence elle s’est mise en recherche de nouveaux apôtres : Parlez à votre entourage de l’occupation.

A lire ensuite, Liliane Messika: Un fonctionnaire qui trouve (des excuses), un intellectuel qui cherche (la vérité)

La voix de Noël entendue ce jour-là, s’apparente intimement à une catéchèse de substitution. Il ne s’agit pas tant de s’adresser aux disciples du Christ, en leur rappelant le message de l’amour du prochain – du reste issue ‘’de la Torah qui vient de Sion’’- que de s’adresser, à travers eux, aux nouvelles armées de prosélytes en puissance de la sacro-sainte ‘’cause palestinienne’’, dans le récit mythique de laquelle il convient désormais, dans l’Occident post-hitlérien, de trouver la matière du nouvel évangile. Léon Poliakov aurait dit : la matière du bréviaire du nouvel antisémitisme. En effet, tout au long de ce message très calculé, l’économie de la rhétorique discriminante tient notamment à la construction objective du champ associatif du nom d’Israël, ici réduit au seul réseau énonciatif suivant : ‘’bombe’’, ‘’tuer’’ (adultes/enfants), ‘’argent’’, ‘’génocide’’, ‘’occupation’’,  ‘’peuple palestinien opprimé’’. Ce réseau associatif dresse incidemment le psycho-portrait d’Israël : celui du criminel de masse dont il faut urgemment débarrasser la terre.

Nous l’aurons compris, en la circonstance, il y a plus important que Noël, puisque le Noël chrétien a été irréversiblement enténébré par le crime présumé d’Israël, qui tue aujourd’hui à Gaza, pour la seule joie de tuer, comme naguère Israël aurait tué Jésus… A regret, décidément, nous ne pourrons fêter Noël que lorsque les Juifs et leurs complices de l’industrie de luxe auront été punis : « Noël est annulé ». Cette comptine est presque une réussite poétique : répétition, rime intérieure, assonance, petit refrain, rien ne manque afin qu’on ne l’oublie pas. La douce voix féminine para-céleste lui ajoute enfin sa chute logique, à mesure que l’on s’abaisse à la faire sienne : Du fleuve à la mer la Palestine sera libérée.

Ce message a circulé sur les réseaux sociaux, il a été ‘’partagé’’ des milliers de fois. Comme une évidence, les concepteurs de ce message ont trouvé dans Tik tok, le support tout désigné du terrorisme islamo-sadique. Ce message urbi et orbi s’attache à dire à qui l’entendra, que le « peuple palestinien est opprimé ». Opprimé et occupé. Opprimé du seul fait d’être occupé. Occupé par qui ? Ou occupé à quoi ? Occupé à délégitimer l’existence d’Israël, crescendo et par tous les moyens. Jusqu’à atteindre le point de non-retour.

La Révélation de Bijenkorf – appelons là ainsi pour la distinguer en sa qualité d’évènement représentatif de la nouvelle religion planétaire– n’a certes pas le sublime de l’interpellation du Buisson ardent, ni la force lumineuse des Béatitudes, bien qu’elle veuille y prétendre. Mais l’enchevêtrement de ses propositions simplistes, très parlantes pour une majorité d’esprits faibles, confère sa regrettable efficience à un slogan si mensonger et homicide, que certains Israéliens ont cru bon d’y répondre par la formule ironique : Du fleuve à la mer, le drapeau d’Israël est le seul que vous verrez. Façon simple, mais amusée et indiscutable, de rappeler que l’Etat d’Israël s’étend officiellement, a minima – selon le droit international (sic) – de la rive occidentale du fleuve Jourdain à la Mer Méditerranée. Et ceci, même s’il devait être constamment contesté par tous les diables.


[1] Nous le traduisons de l’anglais.

Gabriel Attal: jeune Premier

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Gabriel Attal, Paris, 28 août 2023 © Jacques Witt/SIPA

Malheur à toi, pays, dont le roi est un enfant ?


Libé a excellement résumé la chose, pour une fois, dans un de ses articles en titrant que Gabriel Attal était le « cadet des sosies » d’Emmanuel Macron. À 34 ans à peine, ce garçon est devenu le plus jeune Premier ministre du plus jeune président de la République de notre histoire. Un exploit qui témoigne d’une intelligence situationnelle et politique parfaitement adaptée à la politique contemporaine, en grande partie désidéologisée et plastique.

La politique française à l’heure des « punchlines »

En un sens, le « faire savoir » est désormais l’essentiel de l’exercice du pouvoir quand le « savoir-faire » se borne à la maitrise parfaite des jeux d’alcôve, des petites phrases et des effets d’annonce. Car, ni l’âge ni l’orientation sexuelle n’accordent des points de croissance et des baisses fiscales. Alors qu’Emmanuel Macron avait toujours privilégié des profils « technos » pour Matignon, il a fait le choix de l’opinion publique en optant pour une personnalité qui a su au fil du temps se faire apprécier des Français et dont le profil semble pouvoir plus ou moins rassembler une majorité parlementaire fragmentée, encore traumatisée par l’épisode récent de l’examen de la loi dite immigration. Les vieux de la vieille l’ont d’ailleurs mal pris. Il se dit que des personnalités aussi importantes que François Bayrou, Edouard Philippe, Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, ou encore le très proche Alexis Kohler, ont toutes fait savoir à Emmanuel Macron leur désaccord avec cette surprise du chef censée relancer un second quinquennat dans le dur. Richard Ferrand, courtisan adroit devant l’éternel, aurait tenté de soutenir le profil plus classique de Julien Denormandie avant de se raviser, comprenant que la décision présidentielle était entérinée.

A lire aussi: La France en culotte courte

Emmanuel Macron voulait sûrement un Premier ministre capable d’affronter l’arène médiatique et de traverser les « polémiques » à coup de « punchlines ». De fait, l’apparition des réseaux sociaux et l’emphase mise sur les émissions de débats par les chaînes d’information en continu ont considérablement transformé la manière dont se fait la politique sous nos horizons. Si les réseaux anciens tiennent toujours les rênes de la politique locale, comme le démontre aussi le Sénat, ils commencent à voir apparaitre dans leur rétroviseur une nouvelle génération de professionnels de la politique formés dans les partis, qui n’ont eu de travail que celui-ci. Du côté du Rassemblement national, le profil d’un Jordan Bardella accusera d’ailleurs quelques ressemblances avec celui du Premier ministre.

L’avocat Juan Branco fait un « caca nerveux » depuis hier midi !

Cela étant, Gabriel Attal n’est au fond que du neuf pour faire du vieux. Il n’est, à l’image de la célèbre sentence du Guépard, que le nouveau véhicule pour « que tout change sans que rien ne change ». Ne dit-on pas qu’il sera fait « malheur aux peuples dont les princes sont des enfants » ? Quant à la question sociologique, Gabriel Attal ne fait que confirmer la tendance d’un parisianisme exacerbé, n’ayant accompli sa vie que dans quelques arrondissements parisiens qui l’ont mené des bancs de la prestigieuse école alsacienne, où il s’opposait déjà à l’amer Juan Branco, aux ors de Matignon.

Actuellement en kiosques: Alain Finkielkraut: «École: Attal, espoir terminal?»

« Brigitte » aurait été la première supportrice du jeune Gabriel. Elle militerait aussi ardemment pour l’arrivée d’un profil « pipole » en lieu et place de Rima Abdul Malak, avec l’arrivée de Stéphane Bern ou Claire Chazal à la culture. La France Hanouna fusionnée à la France TF1 ? Une pente naturelle que devrait emprunter Gabriel Attal. Chez ces jeunes premiers de la politique, parfois doués, se dévoile souvent l’acteur. Ils nous donnent la sensation de jouer un rôle de cinéma, déroulant à peu près tous les mêmes éléments de langage dans des costumes serrés qui plaisent aux vieilles dames. Plus à l’écoute de la rue que leurs prédécesseurs, ils ont la qualité de se parer d’un pragmatisme de bon aloi. Est-ce de nature à redresser un pays souffrant de crises multiples ? Certainement pas. Il est d’ailleurs fort à parier que ce Premier ministre sera populaire quelques mois, bénéficiant d’un état de grâce, avant d’être comme il se doit rattrapé par la cruelle réalité. Sa marge de manœuvre sera limitée, puisque son rôle sera d’abord et avant tout celui d’un super porte-parole de l’omniprésident Macron qui n’aime guère partager son pouvoir. Devenue un régime bobopoutiniste, la Vème République a un fond autoritaire que l’instauration du quinquennat et la fragmentation du champ politique n’auront fait que renforcer. Que le Premier ministre soit un homosexuel ouvertement assumé de 34 ans, comme l’ont rappelé de nombreux observateurs pour qui ce ne serait en outre paradoxalement « pas un sujet », ou une femme célibataire proche de l’âge de la retraite, n’y change pas grand-chose.

La cure de jouvence et de jeunisme provoquée par cette nomination opportuniste va-t-elle rebattre les cartes de la future élection présidentielle ? Matignon peut être un cadeau empoisonné, mais les adversaires potentiels du jeune Gabriel ne se réjouissent pas. Ils savent que quelques petites déclarations habiles peuvent aujourd’hui suffire, que le paysage politique français est désertique et que leurs personnalités respectives courent le risque de la « ringardisation ». Un homme comme Gérald Darmanin, envisagé encore récemment comme le futur successeur d’Emmanuel Macron, ne le sait que trop bien : dans une société de l’instant, la progression est aussi brutale que la chute.

La France en culotte courte

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Gabriel Attal, 9 janvier 2024. Jordan Bardella, décembre 2023 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

En France, le milieu politique semble aujourd’hui regorger de jeunes ambitieux, tous pressés de prendre le pouvoir et de diriger le pays comme bon leur semble. Pourvu qu’ils se rappellent que le premier devoir est envers le pays qu’il sont censés servir…


Premier ministre de la France à 34 ans ! On salue la performance. Indéniablement, Gabriel Attal fait figure d’homme pressé. En politique, nous avons déjà eu de semblables sujets d’exception arrivés à de hauts postes de responsabilité à peine le menton ombré de barbe. Giscard fut ministre des Finances fort jeune. Fabius devint chef du gouvernement à 37 ans. Record battu désormais, puisque l’hôte nouveau de Matignon est son cadet de trois années. De quoi donner le vertige. Matignon, la charge d’un gouvernement et d’un pays à pareil âge ! Tout est donc allé très vite pour le garçon. Avec à présent sous ses ordres de vieux routiers ayant l’âge d’être son père et dont les dents (éventuellement celles du dentier) sont encore fort longues. Oui, tout est allé très vite, très loin et très haut pour Gabriel Attal ! Trop vite, trop haut, trop loin ? Astre naissant ou météore ne faisant que passer ? L’avenir nous le dira.

La valeur n’attend pas le nombre des années…

Il n’empêche, à y regarder d’un peu plus près, la caste politique de la France 2024 s’offre une sacrée cure de jouvence. Gabriel Attal, donc, 34 ans ; Jordan Bardella, 28 ans ; Marion Maréchal, 34 ans ; Manon Aubry, 34 ans également, tout comme Mathilde Panot ; Aurélien Pradié, 37 ans ainsi que Marine Tondelier… Oui, cela vous a franchement un petit air de France en culotte courte. Aucun de ces cadres de notre vie politique d’aujourd’hui n’est né avant 1981. Tous sont donc des rejetons de ce qu’on a pu appeler en son temps la Génération Mitterrand. Pour eux, de Gaulle doit appartenir à l’histoire des manuels, un peu comme Pépin le Bref et le Petit Caporal. Ils ont également en commun d’avoir grandi le nez sur des écrans. Quelle approche du pays ont-ils ? (Dans un instant d’égarement j’allais écrire : Quelle approche du pays réel ont-ils ? Je me suis rattrapé à temps afin de ne pas encourir les foudres ultra-droitisantes si promptes à frapper de nos jours). Oui, que connaissent-ils de la France dans ses profondeurs territoriales, patrimoniales ? Qui le sait ?

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Dans la perspective des élections européennes, on nous promet un duel d’ambitieux à la Balzac, façon Illusions Perdues, entre les deux premiers de cette classe d’âge, Attal et Bardella. Ils ont pour eux le souffle de la jeunesse, l’audace de la jeunesse : ils disposent donc de quoi prolonger le duel bien au-delà de l’échéance de juin. Ils ne s’en priveront pas. Qui en douterait ? Ces deux-là et ceux que j’ai nommés ont surtout devant eux quelque trente ou quarante années de vie publique. C’est beaucoup. Durer en politique, c’est un peu comme ramer sur une barque pourrie contre le vent et le courant, dans la brume, sans savoir ce qui vous attend derrière l’horizon. Certains s’y brûleront les ailes, s’y useront, perdront leurs illusions après deux ou trois tours de piste. Certains autres surnageront. Quelques-uns marqueront leur long passage de leur empreinte, peut-être pas tel un Pépin le Bref ou un de Gaulle, certes, mais tout de même très honorablement. C’est du moins ce qu’on peut souhaiter. À la fois pour eux-mêmes et surtout pour le pays. Certes, depuis Corneille et son magnifique Cid, nous n’ignorons pas que la valeur n’attend pas le nombre des années, mais ce que ces jeunes prodiges en politique doivent avoir bien présent à l’esprit, c’est que le pays, lui, n’est pas en état d’attendre bien des années qu’ils nous démontrent leur valeur. France en culotte courte, vous voilà donc aux commandes du char de l’État, eh bien roulez jeunesse ! Dans le bon sens, si possible. Merci.

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Non, Gabriel Attal n’est pas un clone d’Emmanuel Macron

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Le Premier ministre Gabriel Attal auprès des sinistrés du nord, Clairmarais (62), 9 janvier 2024. La presse nationale présente curieusement le jeune âge de M. Attal comme un atout, et la presse anglo-saxone se réjouit qu'il ait fait connaitre son homosexualité © Eliot Blondet-Pool/SIPA

Le chouchou de la presse et du président entre à Matignon! Notre chroniqueur se réjouit lui aussi de la promotion de Gabriel Attal. C’est lui faire un procès expéditif que d’affirmer que son action sera complètement phagocytée par le président de la République. L’année 2024 ne le confrontera à aucun texte décisif, mais il devra apprendre à manœuvrer des ministres d’expérience humiliés par sa jeunesse conquérante. La composition du gouvernement devrait être annoncée d’ici demain. Analyses.


Non, il ne suffit pas de dire, comme Eric Zemmour, « qu’un macronien a remplacé une macronienne ». Il ne suffirait même pas de préciser qu’un macronien talentueux et extraverti a pris la place d’une macronienne austère et peu douée pour la communication.

La nomination de Gabriel Attal Premier ministre, à 34 ans, le plus jeune de notre histoire, est bien plus qu’une affaire de jeunesse. Celle-ci ne va rien démontrer, ni pour ni pour contre. Pour ceux qui s’en plaindraient, qu’ils se rappellent Goethe : « si la jeunesse est un défaut, on s’en corrige vite ».

Les premières réactions, une fois passée la surprise devant ce « coup » présidentiel, ont été assez classiques avec la certitude affichée que Gabriel Attal était un « clone » d’Emmanuel Macron et que celui-ci allait évidemment jouer tous les rôles et ne laisser qu’une portion congrue à celui qui serait voué à n’être que son porte-parole. Il me semble que cette analyse pessimiste, comme si la politique était contrainte de s’engager toujours sur les mêmes rails cyniques, fait bon marché du caractère et de la psychologue du nouveau Premier ministre et tient pour acquise une présomption de malfaisance à l’encontre du président. Celui-ci, avec cette nomination, créerait moins un tremplin pour son apparent protégé qu’une déroute annoncée.

Le pire n’est pas sûr. Même si on perçoit bien tout ce que l’arrivée de Gabriel Attal au plus haut niveau va apporter à Emmanuel Macron, et d’abord, ce qui est essentiel, l’espérance de pouvoir continuer son quinquennat dans des conditions sans doute plus apaisées qu’avant – même si la structure parlementaire restera la même et que ses relations avec le groupe Renaissance ne seront pas faciles – et une sorte d’adhésion au moins implicite sinon au fond du moins au style et à la conception du dialogue du nouveau Premier ministre. Sur ce plan, son adresse aux oppositions dans sa réponse à Elisabeth Borne était significative. Moins de mépris et de condescendance avec au contraire la conscience qu’elles représentaient des millions de Français.

Beaucoup lui reprocheront d’avoir quitté trop tôt la rue de Grenelle

Gabriel Attal étant la dernière chance présidentielle, il serait naïf de n’envisager la suite, pour lui,  que comme un chemin de roses, même si l’année 2024 ne le confrontera à aucun texte décisif. Il n’empêche qu’on comprend bien pourquoi, en définitive, le nom d’Attal est sorti des réflexions présidentielles qui ont donné l’impression, longtemps, moins d’un dessein mûri que d’une improvisation au gré des vents et des influences. Dès lors que s’est affirmée une volonté de changer de logiciel – passer d’une métamorphose classique, sans rupture, à un basculement sans exemple -, Gabriel Attal devenait le seul qui pouvait répondre à ce défi. Dans le registre traditionnel, Richard Ferrand ne s’estimait pas plausible pour cette fonction. François Bayrou – le seul pouvoir qui lui reste ? – ne voulait pas de Sébastien Lecornu et Bruno Le Maire, sans doute le meilleur pour Matignon dans une configuration traditionnelle, n’avait pas suffisamment d’affinités, et trop de subtiles dissensions, avec le président pour emporter la mise. Restait Gabriel Attal que les sots absurdement réduisent à un ambitieux inspiré par des calculs strictement personnels alors qu’on pourrait au moins lui concéder qu’une situation où le souci de son avenir et l’intérêt de la France se conjuguent pourrait avoir des conséquences positives pour notre pays, son redressement, sa remise en ordre et en sécurité.

Gabriel Attal certes doit tout à Emmanuel Macron : il le répète trop pour que ce soit le signe, de sa part, d’une insupportable dépendance mais plutôt d’un constat à partir duquel il pourra librement développer ses dons, ses talents, ses compétences à élargir et sa formidable énergie. Mais lui-même a déjà apporté beaucoup au président avec cette chance qui n’est dévolue qu’aux audacieux : au moins à deux reprises, Gabriel Attal a succédé à des ministres médiocres et, pour son prédécesseur à l’Education nationale, aussi suffisant qu’insuffisant. En cinq mois, rue de Grenelle, Attal a accompli un travail considérable, bien davantage que verbal, avec la suppression de l’abaya, les sanctions pour les minutes de silence non respectées, la lutte contre le harcèlement, les groupes de niveaux, le retour des redoublements, le changement de date du baccalauréat et la priorité redonnée aux enseignants pour les décisions éducatives. Excusez-moi du peu !

On peut regretter que Gabriel Attal n’ait pas su résister à la tentation de Matignon mais on le comprend : on ne refuse pas un tel honneur. Il a d’ailleurs perçu le problème grave qui allait résulter de son abandon de la rue de Grenelle puisqu’il a affirmé que « l’école serait avec lui à Matignon ». Selon quelles modalités ? On ne le sait pas encore.

Un Premier ministre que craindrait la droite nationale

Est-ce à dire que l’évidence de sa nomination, pour un changement de rythme et de vision, va le garantir contre les multiples aléas et résistances qui vont s’accumuler sur sa route jusqu’en 2027 ? Qu’Emmanuel Macron ait désiré jeter sa jeunesse dans les « pattes » de Jordan Bardella, qu’il espère réduire la forte avance de celui-ci pour les élections européennes du mois de juin est de bonne guerre et pour le citoyen passionné, cette joute qui opposera François-Xavier Bellamy, Marion Maréchal, Jordan Bardella, Stéphane Séjourné (avec le rôle moteur du Premier ministre pour le « booster » : ce n’est pas gagné !) aura de l’allure. Et de la tenue intellectuelle et politique.

Je ne doute pas une seconde que, quelle que soit la composition du gouvernement (il me paraît peu probable que ses « poids lourds » en sortent) que le Premier ministre ait quelques difficultés à imposer en toutes circonstances son autorité même s’il n’en manque pas et qu’il est sans doute lucide sur ce qui l’attend. Il ne devra pas en tout cas sous-estimer les éventuels conflits psychologiques et politiques qui naîtront inévitablement de l’humiliation (retenue mais certaine) des ministres d’expérience face à sa jeunesse conquérante. Mais les premiers n’ignoreront pas que le président sera un soutien de son Premier ministre sauf à se déjuger lui-même.

Sur ce plan qui est central – l’influence d’Emmanuel Macron -, je ne partage pas l’avis de ceux qui prévoient avec une sorte de volupté jouissive ou amère que le Premier ministre sera littéralement phagocyté par le président et qu’il n’aura que des miettes pour agir. C’est, si j’ose dire, le seul avantage des contradictions permanentes du président et de ses postures alternatives. Qu’on n’oublie jamais que c’est le même homme qui a nommé Pap N’Diaye puis son contraire avec Gabriel Attal : pour peu qu’on survienne, dans l’instabilité présidentielle, au moment où Emmanuel Macron se trouve dans une bonne phase pour le pays, il n’y a aucune raison de craindre que le Premier ministre soit entravé dans l’instauration d’une politique qui sera fondée sur des « fondamentaux » qui émergent à mon sens trop tard, mais mieux vaut tard que jamais ! J’entends bien que Gabriel Attal a une dette à l’égard du président mais le nouveau Premier ministre – il l’a démontré rue de Grenelle – mesure l’immense créance que le peuple français a sur lui. Il attend tout de lui : ce sera sa charge et son honneur de ne pas le décevoir.

Le président de la République, en abattant sur la table démocratique sa dernière carte, assure-t-il à Gabriel Attal une avance décisive pour l’élection de 2027 ? Une avance certes mais pas forcément décisive. Jusqu’à aujourd’hui, Gabriel Attal a été en quelque sorte en permanence en état de grâce dans tous les sens du terme. Matignon n’est peut-être pas « un enfer » mais va représenter une épreuve face à laquelle Gabriel Attal devra démontrer véritablement qui il est. Face à des tâches multiples et inédites. Dévorantes et épuisantes.

Une illusion, seulement de la communication, comme le ressassent ses concurrents et ses adversaires, ou une intelligence, un talent, une énergie rare au service de son pays, comme l’espèrent ses soutiens, ses partisans et la multitude des citoyens qui l’ont découvert comme ministre de l’Education nationale ? J’ose parier pour la seconde branche de l’alternative. Pour terminer par le président, au risque d’apparaître naïf, je ne parviens pas à valider l’idée selon laquelle il aurait nommé Gabriel Attal pour le détruire. Il ne pourra plus se représenter en 2027. Quel que soit le futur du Premier ministre, en compétition ou non en 2027, ce qui va se dérouler à partir de maintenant à Matignon, sous les yeux du pays, sera une aurore ou l’inéluctable continuation d’un déclin consubstantiel au macronisme. On a le droit de rêver.

Viols du 7 octobre: féministes, où êtes-vous?

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À l'occasion de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, le collectif « Nous vivrons » dénonce le silence du milieu féministe sur les crimes sexuels du Hamas, Paris, 25 novembre 2023 © Maya Vidon-White/UPI/Newscom/SIPA

Depuis trois mois, des collectifs appellent à ne pas oublier les crimes sexuels commis par le Hamas, le 7 octobre. Mais même face à l’horreur, le néoféminisme a la condamnation à géométrie variable. Pour la gauche woke comme pour une certaine droite villepiniste, toutes les femmes ne se valent pas.


Ce 25 novembre 2023, la « Marche contre les violences faites aux femmes » était sur le point de débuter place de la Nation à Paris. Parmi les manifestants, les collectifs Nous vivrons et 7 Octobre avaient organisé un groupe visant à interpeller les féministes sur les crimes sexuels du Hamas. Quelques-unes d’entre nous portaient un survêtement taché de rouge à l’entrejambe, symbole du viol de Naama Levy, kidnappée le 7 octobre et sortie d’un véhicule du Hamas avec le pantalon ensanglanté et les tendons d’Achille coupés (au moment où j’écris ces lignes, soit soixante-dix jours après, la jeune femme est toujours retenue par les terroristes). Violemment apostrophé par une cinquantaine d’antifas assurant le service d’ordre de Révolution permanente et du NPA, notre groupe n’eut d’autre choix que de renoncer à rejoindre le cortège. Ce jour-là, la rue parisienne appartenait aux militants gauchistes et propalestiniens.

Nous toutes, sauf les juives ?

Les femmes et fillettes juives violées dérangent le narratif, assez répandu dans la gauche woke, tout comme au sein d’une certaine droite villepiniste, dans lequel les Palestiniens sont l’allégorie de la Victime universelle. Impossible de les voir comme des djihadistes sanguinaires, des violeurs de masse. Ils sont des victimes, au pire des « résistants ». Quand une femme est victime de viol, il s’en trouve encore pour lui dire de s’habiller de façon pudique. Quand des femmes israéliennes sont violées par des terroristes palestiniens, le silence des féministes revient à dire que ces victimes-là ont mérité leur sort puisqu’elles appartiennent au peuple bourreau.

Certaines ont toutefois sauvé l’honneur de la gauche, jadis en pointe dans le combat universaliste féministe. Je pense à l’écrivaine Maryam Madjidi, Française d’origine iranienne, qui a publié dans L’Humanité début décembre un texte titré : « Toutes les femmes sauf les juives ? » Elle y parle de cette « solidarité à géométrie variable qui [lui] donnera toujours la nausée » et rappelle que « les pasdaran d’Iran et le Hamas de Gaza […] ont le même sang sur les mains et la même haine des femmes ».

Depuis la nuit des temps, les crimes sexuels entrent dans le cadre systémique des persécutions, des guerres, des conquêtes. Dans l’histoire des violences sexuelles de masse, l’objectif des commanditaires est de souiller la femme du camp adverse pour la rendre salie à sa communauté, si possible enceinte. Il ne s’agit pas de la faire disparaître, mais qu’elle survive comme une morte-vivante. Ce qui revient à un acte de soumission et de terreur infligé à l’ennemi et, surtout, à un acte d’humiliation absolue puisque la femme, source de perpétuation génétique et culturelle de son groupe, est alors rabaissée au rang de chose, au même titre que les bêtes du troupeau.

Mais les crimes sexuels s’inscrivent aussi dans la pratique des génocides contemporains. On sait par des témoignages de survivantes que des femmes arméniennes ont été violées par les génocidaires turcs et leurs supplétifs kurdes. À Birkenau, les femmes subissaient aussi des agressions sexuelles, notamment après la sélection où elles passaient au « sauna », la salle où les déportés étaient déshabillés, rasés et tatoués. Des viols étaient également commis par des SS ou des kapos au sein du camp. Des femmes tutsies ont, elles aussi, témoigné de viols pendant les massacres de 1994.

Au regard de tous ces phénomènes hélas bien connus, on distingue deux spécificités des crimes sexuels commis le 7 octobre dernier lors de la rave party Tribe of Nova et dans les foyers des kibboutzim. D’une part, leur aspect massif indique qu’ils ont été commandités, le viol faisait partie des armes à utiliser contre les juifs ce jour-là. D’autre part, la plupart des femmes violées, mutilées et martyrisées ont été ensuite abattues d’une balle dans la tête (des viols post-mortem ont été signalés), comme lors des génocides. On précisera ici que des cas ont aussi été rapportés de cadavres d’hommes présentant des plaies par balle au niveau des parties génitales.

Souiller les femmes pour les envoyer en enfer

Je suis convaincue que les viols de masse du 7 octobre ont été prévus et commandités probablement depuis Téhéran, où le pouvoir des ayatollahs est aux abois. Même si les médias se désintéressent du mouvement Femme Vie Liberté, il a considérablement ébranlé le pouvoir de ces fanatiques qui redoublent de cruauté dans la répression des hommes et des femmes insurgés. Des femmes sont quotidiennement battues et humiliées en public pour avoir ôté leur hijab, elles sont emprisonnées et violées dans les prisons, les écoles ou chez elles, dans l’indifférence de la communauté internationale.

Ali Khamenei, dont l’autorité politique et morale est absolue dans le régime iranien, a déclaré dans une fatwa que « si une fille est arrêtée, elle ne doit pas quitter ce monde en restant vierge ». En effet, dans l’imaginaire islamique, les femmes qui meurent vierges iront au paradis, donc il faut les souiller pour les envoyer en enfer. Dès le début de la République islamique en 1979, ces pratiques ont été documentées. Les pasdaran ont bien reçu le message en torturant et violant nombre de jeunes femmes, mais aussi de jeunes hommes dont des mineurs. Les djihadistes du Hamas sont alimentés par la même interprétation des textes coraniques, habités par la même haine. Et par la même frustration sexuelle. Reste une question : faut-il redouter que l’arme du viol soit aussi employée par le Hamas sur les otages ?De récurrentes rumeurs circulent à ce sujet, mais il faut attendre le résultat des enquêtes et des auditions conduites par Israël auprès des otages féminines déjà libérées. Pour ma part, je me prépare au pire. Je ne vois pas pourquoi les djihadistes du Hamas, soutiens inconditionnels de l’État islamique, n’imiteraient pas leur pratique systémique du viol, contre les femmes yézidies notamment, en Irak et en Syrie. C’est dans leur interprétation perverse du Coran que ces criminels justifient leurs crimes sexuels. De sorte qu’on peut parler d’une véritable théologie du viol.

Au rendez-vous des sociaux-traîtres

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Manifestation contre la loi immigration, Paris, 5 janvier 2024 © Pauline Gauer/SIPA

L’extrême gauche appelle à manifester contre la Loi immigration, le 21 janvier. Parmi les signataires de cet appel à marcher: les syndicalistes. Mais sont-ils certains que leur base soit d’accord ?


Ce sera le 21 janvier prochain. Ce jour-là, certains, comme chaque année, souhaiteront honorer la mémoire de Louis XVI, guillotiné par la Convention le 21 janvier 1793. Ceux-là se rendront à l’office mémoriel ou se satisferont d’une pensée. Et puis il y a ceux qui, également ce 21 janvier, iront battre le pavé contre la loi Immigration, espérant ainsi convaincre le président de la République de ne jamais faire entrer ses dispositions dans les faits, tant ils les jugent inhumaines, barbares, criminelles. C’est-à-dire, tout simplement – nous faisant un plaisir de recourir aux raccourcis verbaux caricaturaux que ces gens affectionnent – fascistes.

À les en croire, cette loi aurait été pondue sous « la dictée des marchands de haine qui rêvent d’imposer leur projet de préférence nationale »[1]. Tout est dit. En tête de cortège, nous retrouverons les acteurs, les actrices pensionnaires et sociétaires de cette autre comédie française qu’est la protestation bien-pensante, formatée bonne conscience, estampillée gauche angélique. On a l’habitude. Je ne vous livrerai pas les noms. Vous les connaissez. Ce sont les mêmes, d’affiche de mobilisation en pétition d’humanisme bon marché. De ce côté-là rien de bien neuf, ni de bien intéressant.

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À eux se joignent d’autres comédiens, ceux-là s’offrent à nous sur la scène politique de gauche où, ces temps-ci, ils sont assez mauvais, d’ailleurs. Ils bouffonnent dans la troupe LFI, se persuadent d’être encore en vie dans celles du PS ou du PC. Inutile, là aussi de citer ces joyeux drilles. En revanche, je crois que nommer deux des personnes qui appellent à cette mobilisation n’est pas inintéressant. Ce sont Mmes Sophie Binet et Marylise Léon. La première est secrétaire générale de la CGT, la seconde occupe le même poste phare à la CFDT. Des syndicalistes, donc. De gauche, évidemment. Historiquement en charge de la défense des intérêts de leurs mandants, les travailleurs des entreprises de France. (Par charité, on s’abstiendra de rappeler que « la préférence nationale » était une revendication syndicale en pointe dans les années 1930. Autres temps, autres mœurs.)

Or, de quoi s’agit-il ? Il s’agit de protester contre cette loi qui – timidement, très timidement – viserait à contraindre quelque peu la déferlante migratoire que connaît le pays. La combattre, cette loi dûment votée, revient évidemment à militer en faveur du maintien du flux migratoire en l’état. (Juste pour le plaisir de l’ironie, notons que nous ne sommes pas loin ici de la ligne du patronat, celle du MEDEF). En résumé, le message des manifestants du 21 janvier est des plus clairs : continuer à laisser entrer chaque année, chaque mois, chaque jour, des migrants par milliers et dizaines de milliers sur le territoire national. Dont acte.

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Il conviendrait tout de même que ces pathétiques politiciens de gauche et surtout ces deux responsables de centrales syndicales gardent à l’esprit le jugement de leur bon maître Karl Marx sur ce sujet. Pour lui, les immigrés n’étaient les bienvenus dans nos pays que parce qu’ils y constituaient « l’armée de réserve du capitalisme ». Notamment en fournissant un sous-prolétariat (Lumpenproletariat), une main d’œuvre abondante, docile, sous payée, surexploitée.

La responsable de la CGT Sophie Binet, Paris, avril 2023 © ISA HARSIN/SIPA

Et voilà bien que ces deux chef(fes) du mouvement ouvrier français, voilà bien que ces responsables, ces militants « progressistes » descendent dans la rue le 21 janvier pour – qu’ils le veuillent ou non !- se faire les agents recruteurs de cette armée-là ! Au secours ! Lénine avait un mot terrible pour qualifier les soi-disant « gens de gauche » qui se fourvoyaient dans de telles compromissions. Il les traitait de sociaux-traîtres. Suprême anathème. Staline, lui, se faisait un plaisir de les éliminer… Chacun son style. Les sociaux-traîtres d’aujourd’hui ne risquent pas ces extrémités. Nous nous en réjouissons. Cela dit, en même temps que pour l’infortuné Louis XVI, nous aurons une petite pensée pour ce pauvre vieux Karl Marx qui, ce 21 janvier, devrait se retourner une fois encore – une énième fois ! – dans sa tombe.

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[1] https://www.humanite.fr/politique/loi-immigration-darmanin/201-personnalites-appellent-a-marcher-contre-la-loi-immigration

Ils ont remonté «Eurydice», de Jean Anouilh, au Théâtre de Poche

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© Studio Vanssay

Les amateurs de mythes revisités, de la langue d’Anouilh et des troupes modernes et inventives iront au Théâtre de Poche le lundi soir.


Et si Anouilh revenait ? Il est de ces écrivains qui ont un peu disparu des scènes de théâtre depuis quelques années (comme François Billetdoux ou Jean Vauthier, deux autres « grands », et absents). On le joue – mais peu. Cette année, pourtant, un frémissement : après « La Culotte » à l’Athénée cet automne, voici donc « Eurydice » au Théâtre de Poche-Montparnasse, le théâtre familial des Tesson – où une photo du (très) regretté Philippe Tesson vous accueille, à défaut de sa présence (hélas).
Si vous avez envie de retrouver la mélancolie d’Anouilh, sa noirceur aussi, son sens du tragique tamisé par un romantisme irréfragable, courez-y. Cette pièce, créée à l’Atelier en 1942, mise en scène alors par un autre grand, et intime d’Anouilh, André Barsacq (avec Alain Cuny en Orphée), n’est pas la plus connue – adaptation-relecture du mythe d’Orphée et d’Eurydice, où la mort seule donne accès au véritable, pur amour (thème de la pièce) – mais elle est ici servie par une distribution éblouissante, décisive pour garantir le succès de la soirée.

A lire aussi, Eric San Frax: Devoir de mémoire, dites-vous?

Citons – mais ils sont tous impeccables – Gaspard Cuillé, vulnérable et pur, en Orphée, Bérénice Boccara en Eurydice, toute de grâce et de délicatesse avec son beau visage et sa coiffure presque « rétro », ou Monsieur Henri, « qui offre à Orphée désespéré après la mort d’Eurydice, la possibilité de la rejoindre (dans la mort) et de la rendre à la vie, à condition de ne pas la regarder », ce Monsieur Henri bien mystérieux est interprété – on le mentionne en particulier car on est certain que ce jeune homme fera son chemin  – par Benjamin Romieux : il est impérial, une diction parfaite (précise), une autorité indiscutable, une voix grave, oraculaire.
La mise en scène d’Emmanuel Gaury est aérienne, les costumes de Guenièvre Lafarge, élégants (pantalon taille haute d’un chic fou, pour Orphée), la musique de Mathieu Rannou intervient toujours à bon escient pour moduler la tonalité de l’ensemble.
Une très jolie soirée. Qu’on recommande. En attendant la résurrection prochaine, on l’espère, d’autres pièces d’Anouilh – dont « Colombe », « L’Hurluberlu ou le réactionnaire amoureux », voire une des plus subtiles et déchirantes et drôles d’Anouilh : « La Répétition ou l’amour puni »

Eurydice, suivi de "Roméo et Jeannette"

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Théâtre de Poche-Montparnasse, tous les lundis à 21H.
Durée 1H15. Tél. 0145445021.

Argentine: pour danser le tango, il faut avoir le ventre plein…

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À Buenos Aires, un manifestant qui bloquait une rue est emmené par la police, 27 décembre 2023 © Gustavo Garello/AP/SIPA

Le résultat de l’élection présidentielle argentine nous apparait comme une bizarrerie, et la situation du pays digne d’un carnaval d’Amérique du Sud. Certes, Javier Milei est extravagant. Mais, dans un pays à l’économie exsangue, ses solutions ultra-libérales ont été vues par une majorité d’électeurs comme un dernier recours. Driss Ghali analyse ce pari risqué


Un conseil aux lecteurs français : si vous voulez savoir quoi penser d’une personnalité politique latino-américaine, regardez France 24 et lisez Le Monde, s’ils tressent des éloges à quelqu’un, méfiez-vous en, et s’ils en disent du mal, accordez-lui quelque sympathie. N’étant pas de gauche, Javier Milei rentre dans la catégorie des mangeurs d’enfants. Il se définit comme anarcho-capitaliste. Une espèce rare qui promet de bâtir une société harmonieuse et prospère, débarrassée de l’État et régie par la seule grâce du capitalisme. Cela suffit pour le classer à l’extrême-droite aux yeux des grands médias français qui ne publient de lui que les photos qui en donnent l’aspect le plus sidéré ou le plus répulsif. Il n’avait qu’à penser comme Ortega (le persécuteur des chrétiens au Nicaragua), ou encore Maduro (le fléau du Venezuela qui a provoqué l’exode de millions de civils innocents). Sur les rives de la Seine, il n’y a qu’une seule politique possible au sud du Rio Grande : le socialisme – peu importe qu’il soit appliqué par des dictateurs sanguinaires (Cuba, Nicaragua) ou en collusion avec les cartels (Venezuela) ! 

Aventure argentine

Mais, si le peuple argentin a osé déplaire à Libération, c’est qu’il avait une raison valable. Il est en train de mourir. Il succombe à quarante ans de casse sociale et de démembrement économique. La pauvreté dépasse les 40% de la population dans une nation jadis prospère. Surtout, l’inflation annuelle dépasse les 200%. Les Argentins n’ont pas snobé les candidats préférés du Nouvel Obs par sadisme, c’est qu’ils n’y ont trouvé aucun espoir de voir leur frigo se remplir à nouveau. Pour danser le tango, il faut avoir le ventre plein.

À lire aussi, Julien San Frax: «Ceci est mon corps…»

Les Argentins ont peur de l’avenir et ils ont honte de participer d’une chute libre qui n’en finit pas. En effet, l’Argentine ne « peut » pas être un pays pauvre. Elle a tout pour réussir et elle l’a prouvé par le passé : elle a de l’eau à en revendre, la terre est très fertile, l’agriculture est parmi les plus productives au monde, le pays est vide ou presque, les liens familiaux et culturels avec l’Europe sont richissimes. Il y a un siècle, les jeunes Français déshérités mais ambitieux allaient faire fortune en Argentine. Désormais, les Argentins quittent leur pays pour échapper à l’enfer économique. Mais, aux yeux de la presse française, le scandale n’est pas celui-là. Le véritable scandale, le seul dérèglement qui mérite l’indignation est l’élection d’un candidat de droite. Au diable, le calvaire du peuple argentin…

Milei condamné d’office ?

Est-ce que Milei peut sauver l’Argentine ? Honnêtement, il est très difficile de miser sur un politicien provocateur, sans aucune expérience sérieuse du pouvoir. Dépourvu de réseaux dans l’État profond. Condamné d’office par l’establishment international. Il est aussi très difficile d’envisager une sortie de crise pour l’Argentine. Les fondamentaux du pays sont tellement « pourris » qu’il faudrait, en toute rigueur, tout démonter pour reconstruire à zéro. Le système monétaire est en ruines, le commerce extérieur problématique, la fonction publique inefficace, les entreprises sous-financées, la dette externe impossible à rembourser. Cela dit, Javier Milei veut s’y essayer. Souhaitons-lui bonne chance. 

Javier Milei, 3 jours avant son élection à Córdoba, le 16 novembre 2023 © Nicolas Aguilera/AP/SIPA

Il veut commencer par une cure de libéralisme dans une économie qu’une administration ultra-interventionniste empêche de tourner en rond. Offre et demande sont totalement perturbées par des politiques populistes. Prix contrôlés, loyers encadrés, subventions à la consommation. On traite Milei d’extravagant, et il l’est assurément, mais l’extravagance véritable est du côté de ses prédécesseurs qui ont installé jusqu’à dix régimes de change différents entre le dollar et le peso. Aujourd’hui, l’Argentine est en effet un mélange entre l’économie française des années 1960, où l’État est producteur-distributeur-régulateur, et l’économie informelle de la Sicile où les petits patrons rivalisent d’audace et de combines.

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Le 20 décembre, Milei a promulgué un paquet d’urgence libéralisant les prix et les loyers et levant tous les obstacles aux exportations. La monnaie est dévaluée de 50% et plusieurs aides à la consommation sont annulées. Quelques jours plus tard, le nouveau président a annoncé que les grévistes qui s’aviseraient de bloquer les routes seraient poursuivis pénalement. Vu depuis Paris, il s’agit d’une nouvelle « avancée du fascisme ». Vu de près, il s’agit d’une mesure de précaution face à la dégradation sûre et certaine du pouvoir d’achat de millions d’Argentins du fait de la nouvelle politique. Qui dit dévaluation dit inflation des produits importés, qui dit libéralisation des prix dit hausse des prix comprimés artificiellement par le passé. Le pari de Milei est que l’Airbus avarié qu’est l’Argentine cessera sa chute libre au bout de quelques mois et commencera à redresser son nez. Et si ça marchait ? Je paierais cher pour voir les correspondants locaux de la « grande » presse parisienne rendre compte des « vents favorables », aussi intenses qu’inattendus, « qui ont outrageusement facilité la tâche à Javier Milei »

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Branle-bas de combat chez les européistes, élections en vue

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Le député européen Raphaël Glucksmann à Bruxelles, image d'archive © snapshot/Future Image/D Anoragan/SIPA

Chez les technocrates bruxellois, chez les socialistes et autres fédéralistes, on s’inquiète des niveaux très élevés des partis nationalistes dans les sondages. Sans jamais se remettre en question sur les politiques menées jusqu’ici en matière régalienne.


Les élections européennes approchent. Les Français, refroidis entre autres par le traité de Lisbonne abrogeant de fait le résultat du référendum qui, trois ans plus tôt, avait rejeté le projet d’un traité établissant une Constitution pour l’Europe, se sont détournés de ces élections. Pourtant, les technocrates bruxellois et les européistes français sont inquiets : une bourrasque droitière nationaliste et anti-immigrationniste balaie en ce moment de nombreux pays d’Europe. L’immigration massive et, subséquemment, l’islamisation, l’insécurité et le déclin civilisationnel dans les pays d’accueil sont devenus des sujets incontournables : les peuples des pays membres de l’UE qui ploient sous les oukases de l’impératrice Ursula von der Leyen, du gouvernement allemand et de ses vassaux, Emmanuel Macron en tête, perçoivent-ils que ces élections pourraient être l’occasion de mettre un grand coup de pied dans la fourmilière bruxelloise ? C’est en tout cas ce que semblent craindre les partisans d’une UE élargie, anti-nationaliste et immigrationniste. Raison pour laquelle ils déploient en ce moment les grandes manœuvres : propagande immigrationniste à tous les étages, préparation en catimini d’une transformation en profondeur des prérogatives de l’UE et esquisse d’une Europe « souveraine », diatribes répétitives et automatiques contre l’extrême droite, le nationalisme nauséabond, le fascisme aux portes du continent, et autres épouvantails – le tout avec l’appui de nombreux médias.

Souveraineté européenne contre souverainistes

« Nous aurons à faire le choix d’une Europe plus forte et plus souveraine à la lumière de l’héritage de Jacques Delors », a déclaré Emmanuel Macron en présentant ses vœux aux Français. Tout est dit. Tout est prévu. Un événement récent, passé relativement inaperçu, mérite pourtant toute notre attention : au mois de novembre 2023, le Parlement européen a adopté un projet de révision des traités qui dessine une future UE « souveraine » et des États nationaux sous tutelle. En voici quelques principes qui restent à débattre mais sont déjà dans les tuyaux :

 – Création d’une fonction de “Président de l’Union européenne” en remplacement des présidents du Conseil européen et de la Commission qui serait elle-même remplacée par un « exécutif européen ». (Mario Draghi, ex-vice-président de Goldman Sachs Europe, ex-gouverneur de la Banque d’Italie, ex-président de la BCE, déclare en novembre 2023 qu’il est temps que l’Europe devienne « un État »). Président de l’UE ? Comme Philippe de Villiers, je ne serais pas étonné qu’Emmanuel Macron envisage d’ores et déjà d’occuper un jour ce genre de trône.

 – Renforcement de la capacité d’action de l’Union en augmentant le nombre de domaines (dont la politique étrangère et la sécurité) pour lesquels les actions devront être décidées par un vote à la majorité qualifiée (et non plus à l’unanimité).

 – Compétence exclusive de l’UE au détriment des États membres en matière d’environnement, de biodiversité et de négociations sur le changement climatique. Le tout sous l’œil inquisiteur du GIEC et les recommandations totalitaires de l’écologie politique.

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 – Élargissement de la protection contre les discriminations aux questions de genre, d’origine sociale, de langue, d’opinions politiques et d’appartenance à une minorité nationale. Remplacement de « l’égalité entre les hommes et les femmes » par « l’égalité de genre » dans l’ensemble des traités. Le wokisme a de l’avenir au sein des institutions européennes.

Vous ne voulez plus d’immigration ? Vous aurez plus d’immigration !

Ajoutez à ces principes les déclarations hallucinantes d’Ylva Johansson, Commissaire européenne aux Affaires intérieures – « La migration est normale. Les migrations ont toujours existé. Les migrations existeront toujours. La migration fait partie de l’être humain. Il y aura toujours des migrants. Il n’est pas question d’arrêter les migrations » – ou celles, mensongères de bout en bout, de la Commission européenne pour la Journée internationale des migrants (sic) – « La migration est vieille comme le monde. Elle fait partie intégrante de l’humanité et demeure une constante. Les travailleurs migrants contribuent à la prospérité et à la diversité culturelle de leur pays de destination, ainsi qu’aux économies de leur pays d’origine. Nous attachons une grande valeur au rôle enrichissant que jouent les migrants dans nos sociétés » ; saupoudrez le tout de consignes ayant pour but d’effacer les racines chrétiennes de l’Europe sous couvert de « mettre en valeur la nature inclusive de la Commission européenne envers tous les milieux et toutes les convictions des citoyens européens » (dixit Helena Dalli, Commissaire européenne à l’Égalité conseillant d’éviter l’usage de mots comme « Noël » et de prénoms comme « Marie ») et de publicités continues pour le hijab via les campagnes européennes pour la jeunesse, le sport et la culture ; aspergez d’un zeste de wokisme en invitant par exemple les députés à remplacer l’expression « Mesdames et Messieurs » par celle de « Chers collègues » afin de « ne pas présumer du genre des personnes présentes » – vous obtenez ainsi le cocktail empoisonné concocté par nos super-technocrates bruxellois pour détruire les nations européennes.

En France, les médias publics reprennent sans barguigner la propagande européiste ainsi que la dénonciation panurgique d’une extrême droite fantasmagorique. France Inter, parfait exemple de servilité et de soumission, chante quotidiennement les bienfaits de l’immigration, du wokisme et d’une UE élargie, imposante, au-dessus des États-nations. Le 5 janvier, la journaliste Marion L’Hour recevait le président du Parti socialiste belge et bourgmestre de Charleroi, Paul Magnette, un phénomène déjà évoqué dans ces colonnes. M. Magnette a affirmé que « le nationalisme c’est vraiment le fléau que subit l’UE aujourd’hui, c’est vraiment l’extrême droite qui prospère sur toutes les terres dans lesquelles on a vu les emplois disparaître, les services publics affaiblis – c’est vraiment le cancer aujourd’hui ». La journaliste de France Inter n’a pas eu le réflexe de demander à M. Magnette à quelles formations politiques et à quelles politiques européennes nous devions cette destruction des emplois et des services publics. C’est dommage : quarante ans de désindustrialisation et d’immigration non contrôlée sous la férule de l’UE et avec l’assentiment des gouvernements de droite comme de gauche nous ont pourtant conduits au point de désastre décrit par le bourgmestre de Charleroi. Selon M. Magnette, la loi française sur l’immigration est un pur produit de l’extrême droite et la régularisation des migrants illégaux permettrait de prendre en charge ces pauvres hères qui « s’ils tombent malades, n’ont aucune couverture » – Marion L’Hour rate une fois de plus le coche : en France, l’AME offre aux migrants illégaux qui en font la demande le même accès aux soins (hormis l’aide médicale à la procréation et les cures thermales) que les Français qui cotisent pour pouvoir bénéficier de ces services. Quant à l’opinion des Français en matière d’immigration, à l’instar du macroniste Sacha Houlié, Paul Magnette s’assoit dessus : « Ce qu’on attend des politiques, ce n’est pas qu’ils s’alignent sur les émotions de l’opinion mais qu’ils affirment des responsabilités, qu’ils disent des choses et qu’ils les expliquent. » Vaste programme dont la vague énonciation laisse deviner de nouveaux discours sur le besoin, la nécessité, l’importance d’une immigration inévitable, indispensable, souhaitable et même bénéfique pour l’Europe.

Un socialiste peut en cacher un autre

Un socialiste européiste et immigrationniste (belge) peut en cacher un autre (français). Toute honte bue, Pierre Moscovici, Premier président de la Cour des comptes, a avoué avoir retardé la parution d’un rapport sur l’immigration pour « ne pas interférer » dans le débat sur la loi sur… l’immigration. Il a craint, dit-il, que ce rapport soit « caricaturé et utilisé à mauvais escient ». Les hauteurs où trône le Président de la Cour des comptes sont-elles privées à ce point d’oxygène que le cerveau de ce dernier n’a pas pu concevoir l’incongruité, le mot est faible, d’une telle décision et de tels propos pour la justifier ? Il semble que nos élites européistes ont définitivement entériné l’idée que les opinions publiques doivent être ignorées et les représentants élus empêchés de connaître la réalité pour débattre sur des sujets d’importance comme l’immigration dès lors qu’il s’avère que cela peut entraver la marche en avant vers la planification euro-mondialiste organisée par les intermédiaires techno-davosiens que sont ces mêmes élites. Certains électeurs se vengeront de cette attitude en votant RN ou Reconquête aux prochaines élections européennes, non par conviction mais par dépit.

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Un socialiste hors-sol français peut en cacher un autre. Le Point s’est entretenu avec le bientôt nonagénaire Pierre Joxe[1]. Quarante ans plus tard, le ministre de l’Intérieur au moment de l’affaire du foulard islamique à Creil n’en démord pas : « Il y a eu une instrumentalisation. L’affaire a été montée par le principal du collège, un RPR masqué ». Et l’islam ? « L’islam est très respectable mais mal connu des Français. […] Que l’islam ait provoqué des guerres, c’est une vérité. Dans toutes les autres religions, des croyants ont poussé à l’extrême leur fanatisme. Il n’y a aucune différence entre les criminels invoquant fallacieusement l’islam aujourd’hui et les criminels chrétiens d’autrefois qui massacraient souvent femmes et enfants. » C’est beau comme du Edwy Plenel (ou du Edgar Morin). Quant au conflit entre le Hamas et Israël : « Hélas, toutes les guerres coloniales produisent et aboutissent à des massacres. Nous l’avons bien appris en Indochine, à Madagascar, en Algérie. […] Heureusement, le secrétaire général de l’ONU, M. Gutteres, élève sa voix pour dénoncer le cimetière d’enfants de Gaza ». Une dernière citation pour la route et pour faire se pâmer Christiane Taubira, Rokhaya Diallo, les décolonialistes, les racialistes et le gouvernement algérien : « La France est un pays encore malade de son colonialisme. Hélas, beaucoup de Français sont imbibés de préjugés racistes et suprémacistes. » On voit par-là que les socialistes ne lésinent jamais quand il s’agit de mettre à mal la France.

Raphaël Glucksmann, député européen et probable tête de liste des socialistes pour les prochaines élections, est de la même veine idéologique que ses aînés. Atlantiste convaincu, immigrationniste forcené, écologiste par opportunisme, il est ardemment soutenu par deux fossoyeurs de la France, j’ai nommé Daniel Cohn-Bendit et Jacques Attali, ce dernier voyant en Gluksmann un nouveau Delors – ce qui n’est guère rassurant. « Toutes les grandes questions qui sont aujourd’hui le cœur du débat public dans notre pays, ont une réponse à l’échelle européenne ; la migration, l’écologie, la défense, la politique commerciale, tout cela doit se discuter à l’échelle européenne », a déclaré Raphaël Glucksmann sur France Inter, il y a trois mois, en réfutant l’idée d’un référendum sur l’immigration et en se réjouissant d’une potentielle entrée de l’Ukraine dans une UE qu’il voudrait voir accueillir toute la misère du monde. Bien entendu, son combat pour une UE élargie jusqu’aux frontières les plus à l’est (pour énerver la Russie, son ennemi juré – surtout depuis ces fonctions de conseiller, curieusement peu commentées en France, en Géorgie puis en Ukraine) et servant la soupe aux États-Unis ainsi que pour une « société ouverte » mondialisée ne serait pas complet sans un barrage en bonne et due forme contre… l’extrême droite, syntagme qui englobe maintenant à peu près tous ceux qui ne pensent pas comme Raphaël Glucksmann – ce qui finit par faire du monde.

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[1] https://www.lepoint.fr/politique/pierre-joxe-jean-luc-melenchon-est-un-homme-estimable-03-01-2024-2548943_20.php