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Mona Lisa ne veut pas de votre mauvaise soupe!

Des militantes ont tenté de recouvrir le tableau de soupe, ce matin, pour défendre une meilleure alimentation pour tous, cette fois… Les dingos de « Riposte alimentaire » seront poursuivis.


L’infamant outrage des écolos à « la Joconde »

Quand s’attaquer à l’art, et à ses plus grands chefs-d’œuvre notoirement, a-t-il jamais représenté un argument digne de ce nom, rationnel, respectable et objectif, pour défendre des idées, aussi nobles, par ailleurs, soient celles-ci ? Car, si j’ai bonne mémoire, seuls les régimes dictatoriaux, qu’ils soient d’extrême-gauche ou d’extrême-droite et qu’on les nomme, par-delà tout clivage politico-idéologique, « fascisme », nazisme » ou « stalinisme », se sont honteusement adonnés à ce genre de pratique, particulièrement méprisable sur le plan intellectuel et abject au niveau moral.

De la barbarie : violence et ignorance

C’est pourtant à ce type de comportement, dont on ne sait si c’est l’aspect barbare, le geste violent ou l’ignorance crasse, qu’il faut blâmer le plus ici, que deux militantes prétendument écologistes se sont livrées, ce dimanche matin 28 janvier 2024 au prestigieux musée du Louvre, en aspergeant de soupe, en guise de revendication pour une meilleure alimentation pour tous, un tableau aussi magnifique, par-delà même sa célébrité planétaire, que « La Joconde » de cet immense artiste, inégalé à plus d’un titre, que fut Léonard de Vinci.

Oui, Léonard de Vinci, ce « génie universel », comme le qualifia jadis le grand Goethe en personne, et, de surcroît, tant par la perfection de son prodigieux talent que par l’ampleur de ses multiples connaissances, prince des humanistes !

Leonard de Vinci : précurseur, avant la lettre, de l’écologie

Davantage : savent-ils, ces ignares s’attaquant ainsi vulgairement, de manière aussi scandaleuse qu’indigne, aux symboles les plus sublimes et précieux de notre héritage culturel, sinon civilisationnel, que Léonard de Vinci fut lui-même, en son temps, un ardent défenseur, précurseur avant la lettre, de l’écologie précisément, comme le prouvent à suffisance, entre autres traits de génie, ses nombreuses inventions en la matière, depuis d’ingénieux systèmes d’irrigation des terres agricoles jusqu’à de non moins extraordinaires protections naturelles des sites paysagistes, en passant par un énorme respect de la vie, qu’elle soit animale ou végétale, sous toutes ses formes ?

Ainsi, par exemple, ce végétarien convaincu, et même déjà « vegan », ne mangeait-il jamais de viande, au motif qu’il ne souhaitait pas, disait-il alors ouvertement, tuer ou faire souffrir d’ « innocentes créatures », ni se nourrir ou se gaver, précisait-il encore à qui voulait bien l’entendre, de ses « congénères » !

Un très contradictoire paradoxe

Mieux : cet aimable, généreux et bienveillant Léonard se plaisait même, lorsqu’il se promenait au milieu des marchés de sa belle ville natale de Florence, d’y acheter, parfois pour des sommes considérables, les cages d’oiseaux, pour le seul bonheur de les ouvrir ensuite et de libérer ainsi, au vu et au su de ses voisins ébahis, ces mêmes volatiles !

Ainsi, vouloir s’attaquer à l’œuvre artistique d’un être aussi respectueux de la nature justement, des animaux aussi bien que des humains également, n’est-il pas, de la part de ces nouveaux fanatiques de l’écologie culpabilisatrice, le moindre, on en conviendra aisément, des paradoxes, aux inénarrables mais tragiques confins de la contradiction la plus patente !

Les vandales du Louvre

Et, de fait, les milliers de pages de ses nombreux codex, que j’ai eu le gratifiant honneur d’étudier intégralement et dans leur langue originale, mais que ces écolos de basse gamme n’ont manifestement jamais lus, regorgent de ce genre d’anecdotes, aussi savoureuses que significatives, voire simplement bienvenues, pour tout écologiste digne de ce nom, mais que ne sont pourtant pas, visiblement, ces récentes vandales du Louvre.

Pis : lorsque je les entends hurler, comme elles l’ont effectivement fait ce dimanche matin devant « La Joconde » aspergée de cette imbuvable soupe, qu’il est légitime de s’en prendre à l’art pour mettre en avant une revendication socio-politique, il me revient immanquablement en tête, certes toutes proportions gardées et sans vouloir bien sûr comparer ici l’incomparable, ce que clamaient haut et fort certains dignitaires et autres propagandistes nazis, dont des criminels tels que Joseph Goebbels ou Hermann Göring, lorsqu’ils disaient, face notamment à des artistes qu’ils taxaient alors abusivement de « dégénérés », « sortir leur revolver quand ils entendaient le mot culture »

Quand dégrader l’art ou mépriser la culture revient à avilir les idées que l’on croit défendre

Oui : en s’attelant à dégrader ainsi, de manière aussi inconsidérée, les plus grands chefs-d’œuvre artistiques, comme ils l’ont par ailleurs déjà fait en tentant d’abîmer d’autres tableaux de maîtres au sein d’autres importants musées à travers le monde, ce n’est pas seulement sur notre culture, ni même notre civilisation, qu’ils crachent aussi misérablement ; c’est d’abord eux-mêmes, et les idées ou le parti qu’ils croient propager de la sorte, qu’ils salissent et avilissent ainsi irrémédiablement. Infâme !

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Désir à l’œuvre


Un écrivain quitte sa femme, Julie, et décide de vivre à Londres avec une Italienne, Alice (prononcez A-li-tché), marchande de tableaux. L’important est de suivre son désir nous rappelle l’écrivain qui est aussi le narrateur de ce roman vif et nerveux, signé Vincent Roy. Avec Julie, c’était l’impasse. Deux enfants devenus adultes, des jumeaux, des crises et des cris, la répétition des matins gris, la messe noire de la famille, la culpabilité, la mort lente. Il faut du temps pour comprendre qu’on n’est pas à sa place, finit par avouer le narrateur. Avec Alice, fraîcheur de l’instant, conformité de peaux, solitude à deux, aucune envie de mise à mort, l’amour comme un joyau qui ouvre sur la confession la plus intime. Avec elle, le désir est la loi. Le narrateur : « Alice a deviné mon enfance, j’ai deviné la sienne. » Parfait. L’érotisme permet de retrouver son enfance ; elle rend la mémoire, comme la madeleine de Proust, l’asthme en moins.

Quelques voyageurs du temps accompagnent le récit du narrateur. Ils sont triés sur le volet. Un maître mot les réunit : la liberté. Une ville : Londres (de Gaulle, juin 40, ne jamais oublier). On rencontre Casanova, Rimbaud, Haydn, l’opiomane Thomas de Quincey, Balzac, Philip Roth, Paul Morand, Freud, mort dans la capitale de l’Angleterre. À propos de ce dernier, le narrateur exhume ce que le père de la psychanalyse écrit en 1907 : « Les poètes et les romanciers sont de précieux alliés. Ils sont dans la connaissance de l’âme, nos maîtres à tous, hommes vulgaires, car ils s’abreuvent à des sources que nous n’avons pas rendues accessibles à la science. » Ils sont à « l’écoute » de leurs rêves et savent les interpréter. Quand on parle de poètes et de romanciers, il convient de savoir faire la différence entre les faux (innombrables) et les vrais (rares). Ce roman peut vous permettre de vite les identifier. Un gain de temps précieux.

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Les dialogues entre le narrateur et la sémillante Alice sont à la fois piquants et percutants. Ils nous tiennent éveillés. Mais attention, l’ennemi nous attend au tournant. Entendez la société et son cortège de pisse-froid. Votre vie est déliée, vous riez, vous passez d’un lieu à un autre, vous connaissez les correspondances, vous disparaissez, vous êtes clandestin, vous réapparaissez, mais différemment et toujours réfractaire, vous continuez à rire, même sur les chemins herbeux, vous posez votre sac dans un lieu qui devient une société secrète. Vous reprenez la route, heureux homme aux semelles de vent. Votre âme est en pleine forme. Vous ignorez la morale, vous oblitérez le temps, donc la mort, vous considérez que le monde est sans but. Vous êtes insaisissable ? Oui. Une folie douce vous anime ? Oui. Votre ligne, c’est le bon goût ? Oui. Vous prenez le temps de scruter les mouvements du vent dans l’acacia, au fond du jardin ? Oui. C’est à ce moment-là que vous affolez les dévots, dont le narrateur dresse la liste sur deux pages. Une fois répertoriés, vous n’avez plus qu’à les contourner. Mais attention, ils viennent de lancer une nouvelle offensive sous la bannière du wokisme, et ils ramassent tous les ratés du système en leur promettant une place sous les sunlights de la célébrité éphémère.

En dévorant ce roman électrique, subtilement anti-woke, j’ai naturellement pensé à Philippe Sollers, en particulier à son prémonitoire Femmes (1983). Mais également à son style percutant, ses formules audacieuses, ses précieux conseils pour éviter la contamination généralisée de notre organisme. En passant, je vous conseille L’Évangile de Nietzsche (Le Cherche Midi, 2006), une conversation entre Sollers et Vincent Roy.

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«On marche sur la tête»: le système mis en accusation

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Gabriel Attal, à peine nommé, se retrouve dans l’enfer de Matignon. Le mouvement de colère des agriculteurs, très populaire, et soutenu par l’opinion, fait craindre au pouvoir une fédération de mécontentements, voire le retour des gilets jaunes.


La révolution du réel a imposé son slogan, simple et potentiellement dévastateur : « On marche sur la tête ». Les agriculteurs du Tarn ont été les premiers, en novembre 2023, à retourner les panneaux identifiant les communes, en signe de protestation contre une technocratie tombée en Absurdie. Depuis, ce procédé subtil et non-violent a été repris un peu partout dans la France périphérique et rurale. Or ce réveil contestataire pourrait faire tache d’huile, tant son message touche au cœur d’un système généralisé qui, jusqu’au sein de l’Union européenne convertie à l’écologisme, a perdu le contact avec la vie des gens ordinaires. Le bon sens, décrié par l’intelligentsia parisienne et ses avatars politiques, est en train de s’installer dans le débat public, au vu des désastres commis par la tyrannie des idéologues. Montesquieu avait déjà noté : « J’aime les paysans. Ils ne sont pas assez savants pour penser de travers ». L’histoire qui s’écrit pourrait bien s’appuyer sur leur colère légitime. Elle oblige les dirigeants à de profondes remises en question, qui dépassent les seuls problèmes liés à l’agriculture. Les morts tragiques d’Alexandra Sonac, éleveur de bovins, et de sa fille de 12 ans, Camille, fauchées par un chauffard en Ariège alors qu’elles participaient à un barrage routier près de leur commune de Saint-Félix-de-Tournegat, sont venues rappeler la perte de contrôle par l’État des frontières nationales : les trois occupants de la voiture étaient des Arméniens visés par une obligation, non respectée bien sûr, de quitter le territoire (OQTF).

Alexandra Sonac et sa fille Camille. DR.

Lors de la conférence de presse du 16 janvier d’Emmanuel Macron, la crise agricole, qui allait éclater quelques jours plus tard, n’avait été abordée ni par le président ni par les journalistes. Cette indifférence parisienne illustre l’effacement dans lequel le monde rural a été maintenu, et explique son obligation de hurler pour se faire entendre. A la différence des gilets jaunes, mouvement autonome, les syndicats agricoles sont cette fois partie prenante de la jacquerie. Reste que ce sont des leaders non mandatés qui ont lancé le mouvement en Occitanie, avec notamment Jérôme Bayle dont le père agriculteur, qui s’est suicidé, touchait une retraite de 690 euros et dont la mère, en retraite avec 49 ans d’activités, touche 217 euros.

Gabriel Attal s’adresse aux agriculteurs, au lieu-dit Saint-Martin, à Montastruc-de-Salies (Haute-Garonne), le 26 janvier 2024 © Miguel MEDINA / AFP

Une convergence de révoltes spontanées n’est pas à exclure, si le gouvernement n’arrive pas à éteindre le début d’incendie. L’inflation des normes, ce mal français déjà dénoncé par Montaigne (« Nous avons en France plus de lois que tout le reste du monde ensemble ») attend des réponses concrètes. Le code rural est passé de 755 pages en 1965 à 3068 pages ! Mais c’est surtout la défense de la souveraineté nationale qui, en tous domaines, s’impose comme une priorité. Ce mercredi, sur Europe 1, Jordan Bardella (RN) a réclamé une « exception agro-culturelle » et un « patriotisme économique » dans les commandes publiques. La révolution du réel ne va pas plaire aux « progressistes » qui ont perdu le Nord…

Laissons les paysans travailler en paix

Crise agricole. Au lendemain des annonces du Premier ministre en faveur de l’agriculture, en Haute-Garonne, plusieurs barrages étaient levés dans le pays. 


« Les paysans sont sans cesse au travail et c’est un mot qu’ils n’utilisent jamais », disait le dramaturge russe Anton Tchekhov. Si les agriculteurs passent leur vie à travailler sans se plaindre, encore faut-il qu’ils arrivent à dignement en vivre. Aujourd’hui, trop d’entre eux en sont réduits à survivre. Le paysan est pourtant le cœur vivant de la France, j’oserais dire son âme. Nous sommes tous des descendants de paysans. L’arbre généalogique de la très grande majorité des Français contient principalement des ancêtres qui ont planté le blé, accompagné la croissance d’arbres fruitiers ou pris soin d’un bétail.

Dès avant la Guerre des Gaules et la conquête romaine, nos lointains parents Celtes et Aquitains aménageaient notre territoire en terres cultivables. Ils utilisaient déjà des techniques sophistiquées comme l’amendement des cultures. Leur maitrise de l’artisanat du bois leur a fait découvrir le tonneau, les attelages, la faux et le sarclage. L’ambition personnelle de Jules César ne fut d’ailleurs pas la seule motivation de l’invasion du territoire qui correspond quasiment parfaitement à celui de la France contemporaine. Les Romains enviaient en effet notre surproduction céréalière dont ils ont longtemps été dépendants. Notre territoire a très peu changé depuis. Il était aménagé par un dense réseau de cultures qui avaient remplacé les forêts. C’est peu connu, mais la Gaule pré-romaine comptait moins d’espaces forestiers que la France contemporaine.

Les Romains ont ensuite apporté leur savoir-faire en matière d’irrigation, enjeu majeur de cette révolte des « Agriculteurs en Colère » partie du sud-ouest au début de l’Automne. Qu’est-ce qu’un paysan ? C’est un homme du pays. Un gardien du territoire enraciné dans un terroir. Un connaisseur, aussi, de la nature. Pas la nature inviolée et personnalisée des tenants d’une écologie oublieuse de l’homme, dénuée d’anthropologie, mais les garants d’une nature modifiée et pensée par l’Homme et pour l’Homme. Le paysan est donc par nature un conservateur. Il n’est pas un réactionnaire rétif au progrès, son activité ayant été tout au long de l’histoire le point de départ d’innovations importantes, mais il n’aime pas qu’on lui impose de l’extérieur la façon dont il doit exercer son métier.

L’impasse de l’agriculture française

Les agriculteurs sont à l’image de la société française dans son ensemble. Ils sont épuisés et démoralisés. Epuisés par un environnement normatif contraignant, un corset fiscal et administratif ubuesque qui entrave toutes les énergies. Pour remplir un dossier de la PAC ou obtenir des indemnisations liées à la grippe aviaire ou à la fièvre des bovins, il faudrait être titulaire d’un double Master II. Les paysans les plus aisés doivent avoir recours aux services de cabinets de conseil pour toucher les aides auxquelles ils ont droit… Quand ce ne sont pas des drones qui survolent leurs champs pour vérifier qu’ils appliquent scrupuleusement des règles toujours plus pointilleuses, ils doivent attendre de longues journées pour enfin être reçus par le préfet du département qui leur délivrera les autorisations nécessaires pour l’épandage. Infantilisés, suspectés comme s’ils étaient des délinquants, ils doivent se soumettre à de constantes tracasseries et de petites humiliations alors qu’ils n’arrivent parfois plus à se payer.

Nous avons pourtant une agriculture qui est parmi les plus vertueuses du monde, respectant des normes écologiques et d’hygiène très strictes. Certaines sont parfaitement justifiées, utiles pour protéger la santé des riverains d’exploitations, des consommateurs, mais aussi pour préserver l’environnement. D’autres, beaucoup trop nombreuses, témoignent d’une déconnexion totale entre la réalité du terrain et les décideurs politiques, parfois simplement motivés par la crainte des activistes écologistes et des ONG qui attaquent régulièrement des projets de retenues d’eau ou des stocks de semences dans l’indifférence la plus générale. Ces gens sont animés par une foi relevant de la religion, opposés à la science et à la recherche qu’ils diabolisent. Ils prônent un grand bond en arrière et le retour à une agriculture anachronique, demandeuse en main d’œuvre et d’un rendement insuffisant pour nourrir les Français à un juste prix. Ces partisans de la « décroissance » refusent de comprendre le monde dans lequel nous vivons et sont prêts à nous entrainer dans des crises de subsistance, à tirer un trait sur nos exportations. Notre agriculture sait pourtant trouver un parfait point d’équilibre entre la qualité et le rendement. Qui a condamné, parmi la classe politique, le saccage des semences de tournesol de la coopérative Arterris de Castelnaudary au début du mois de mars 2021 ? Les pertes se chiffraient pourtant en million d’euros.

Jérôme Bayle, éleveur de bovins en Haute-Garonne, l’expliquait très bien au micro de BFM TV : « Je veux bien protéger la nature, je le fais au quotidien. Mais une jonquille trouvée dans un champ vaut-elle de menacer l’existence de quatre exploitations familiales transmises de génération en génération ? » Non, aucunement. Dès le Néolithique qui a amené l’homme à se sédentariser, la nature a été domestiquée. Nous en avons fait un jardin ! Aux sources de l’agribashing qui mine ce secteur se trouvent parfois des mouvements proches de l’ésotérisme, tels que l’anthroposophie ou l’agroécologie de feu Pierre Rahbi dont la ferme expérimentale n’a jamais été rentable en elle-même… L’État ne doit plus se soumettre aux pressions de ces lobbyistes et écouter ceux qui savent comment faire fonctionner la machine, qu’ils soient agriculteurs traditionnels, en bio ou encore en agriculture raisonnée. Montesquieu disait qu’il aimait les paysans parce qu’ils étaient « trop peu savants pour mal raisonner ». Aujourd’hui, ils ont fait des études et sont bien plus savants que certains de nos sachants sans s’être départis du bon sens que leur prêtait le Bordelais.

Une myriade d’institutions publiques s’acharnent aussi à leur mettre des bâtons dans les roues. Elles sont adossées à un droit de plus en plus incompréhensible, semblant dépourvu de tout sens commun. En pleine révolte, le Haut conseil pour le climat a ainsi publié un rapport demandant aux agriculteurs de « poursuivre la décarbonation de la filière et d’accélérer sa transition ». Maladroit quand les professionnels expliquent ne pas arriver à suivre le rythme draconien que leur impose le « pacte vert ». Ils ne sont pas contre l’idée, étant eux-mêmes les premiers à déplorer le changement climatique qui complexifie un peu plus leur tâche, mais ils ne peuvent pas se « transformer » totalement sans perdre des revenus et en aussi peu de temps. Dans un même ordre d’idées, le journaliste Amaury Bucco a rapporté divers cas ubuesques de paysans traqués par la police de l’environnement qui a mené plus de 10 000 contrôles en France depuis 2022, souvent à la demande de l’Office français de la biodiversité. Il rapporte le cas de Jean-Pierre, éleveur de limousines depuis 30 ans, qui a été condamné après avoir manifesté sa colère. Les zélés agents publics l’empêchaient d’utiliser une source d’eau de son propre terrain… Au lyssenkisme des pseudo-scientifiques s’ajoutent les méthodes de la police soviétique décidée à appliquer à la lettre les dizaines d’arrêtés préfectoraux qui pourrissent la vie des ruraux.

Concilier l’inconciliable

Ce problème normatif qui concerne tous les Français et singulièrement les paysans n’est pourtant pas l’unique défi du secteur. Ils sont nombreux. Le premier d’entre eux est celui de la distorsion de la concurrence internationale. Il tient autant de la surtransposition des règles européennes par la France que de la philosophie commerciale et agricole de l’Union. Le libre-échange est un impératif logique dans le contexte qui est le nôtre. L’agriculture française ne peut pas tout produire, ne faire qu’exporter sans importer, et le tout en garantissant les prix bas qu’attendent les consommateurs et auxquels ils ont été habitués par la grande distribution. Certains traités bilatéraux peuvent d’ailleurs globalement profiter à notre agriculture. Longtemps présenté comme très risqué, le CETA n’a pas provoqué un afflux massif de bœufs canadiens. À dire vrai, il a plutôt profité à notre agriculture puisque nous exportons plus à destination de l’Amérique du Nord qu’autrefois sans que nos produits soient menacés sur notre marché intérieur. Nos atouts en ont bien profité, c’est-à-dire les produits laitiers et les vins et spiritueux, mais la filière bovine aussi.

Reste que cela ne se passe pas toujours bien. Le Mercosur suscite à juste titre une crainte, s’agissant d’un marché très peuplé qui produit dans des secteurs agricoles où nous serons moins concurrentiels avec des normes très différentes des nôtres, utilisant des méthodes proscrites par l’Union européenne. La France semble montrer la volonté de s’opposer à sa ratification. Concernant les produits importés issus de pays où le coût du travail est inférieur et les normes environnementales moins exigeantes, il existe des solutions et des choix à arbitrer. Faut-il protéger nos agriculteurs ou les livrer à la concurrence ? Faut-il produire différemment ? Il y a des alternatives possibles. Ces produits étrangers, hors fruits et légumes, sont principalement utilisés par les industriels pour les produits transformés. L’Union européenne nous permet d’afficher l’origine française d’une viande mais nous interdit depuis 2020 d’afficher l’origine étrangère. C’est honteux. Le consommateur a le droit de connaître l’origine géographique des produits qu’il consomme ainsi que leur mode d’abattage.

Si une barquette de poulet à la normande Findus affichait un drapeau brésilien pour le poulet avec la mention « abattage rituel » et un macaron espagnol pour les carottes, il n’est pas garanti que les acheteurs la prendraient en rayon. La commande publique et la restauration doivent aussi être impliqués. L’État a fait passer la loi Egalim, pour l’heure mal et insuffisamment appliquée comme l’a reconnu lui-même le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, mais le service public n’achète pas uniquement en France la nourriture qu’elle donne dans ses cantines ! Quant aux restaurateurs, ils sont les premiers à acheter chez Metro des produits à l’étranger. Il faut plus les contrôler et attribuer des labels plus précis, ce qui passe aussi par une rééducation des Français au goût. Il est de bon ton de taper sur McDonald’s mais c’est un bon client des agriculteurs français alors que de nombreuses brasseries spécialisées dans l’assemblage plus que la cuisine nous servent de l’agneau néo-zélandais. Ça n’est pas souhaitable.

Il est illusoire de penser changer les règles du commerce mondial mais il est possible de s’y adapter et de rendre leur dignité à ceux qui nous nourrissent, en leur trouvant des débouchés commerciaux et en arrêtant de les contraindre. Nous devons aussi miser sur nos atouts et informer les consommateurs. Il n’est pas forcément beaucoup plus cher d’acheter chez un artisan que d’acheter des plats transformés quand on se penche précisément sur la question. Une carotte râpée maison a-t-elle un coût plus élevé qu’une carotte râpée Sodebo ? Non. Tout est une question d’équilibre. Les marchands et distributeurs, de la boulangerie de quartier aux hypers, ont aussi du mal à marger désormais. L’agriculture est symptomatique d’une France qui est plongée dans une crise économique rampante et majeure parce qu’elle a refusé de comprendre les règles du commerce mondial et qu’elle a enfermé tous les acteurs productifs dans une prison juridique et fiscale.

Les paysans français montrent la voie. Ils veulent tout simplement que l’État leur fiche la paix. Ils ne veulent pas vivre sous perfusion mais que le travail paie enfin. Comme nous tous. Nous avons affaibli considérablement notre industrie pour les mêmes raisons. Notre agriculture menace maintenant de sombrer.  Puis ce sera le tour de la construction, elle aussi étouffée par les normes. Et après ?

Mucha à Aix-en-Provence

D’Alfons Mucha, on connaît surtout les affiches — affiches de théâtre pour Sarah Bernhardt, affiches publicitaires pour les cigarettes Job ou Moët & Chandon. Mais en se rendant à l’hôtel de Caumont, à Aix-en-Provence, notre chroniqueur a découvert un autre Mucha, que de son propre aveu il connaissait moins bien. Profitons, ce n’est pas tous les jours que Brighelli avoue ne pas complètement maîtriser quelque chose…


« Mucha, maître de l’Art Nouveau », dit l’affiche. Et dès l’entrée, on trouve ce que l’on était en droit d’attendre : de jolies jeunes femmes peintes au milieu des guirlandes de fleurs.
Mais l’artiste austro-hongrois (il est né en Moravie, l’actuelle Tchéquie, en 1860) fut aussi un nationaliste passionné, et l’exposition de l’Hôtel de Caumont, à Aix-en-Provence, parcourt les diverses aires d’exercice de ce peintre surdoué, et ses divers sujets de prédilection.
S’il a commencé sa carrière dans son pays natal, c’est en venant à Paris en 1887 qu’il explose véritablement.
Il vit de travaux publicitaires, et se trouve par hasard, fin décembre 1894, dans l’imprimerie qui doit réaliser l’affiche de Gismonda, le drame de Victorien Sardou où joue Sarah Bernhardt. Elle vient, il est là, elle le sollicite : c’est ce que les anciens appellent le kairos, l’art d’utiliser sa chance, qui, comme on le sait, n’a qu’un cheveu qu’il faut se dépêcher de saisir.
La star (je sais, c’est un anachronisme, mais c’est très exactement ce qu’elle est) l’engage pour six ans. Il est définitivement lancé.

Les affiches de scène de Mucha sont bien là, Médée, La Dame aux camélias, Lorenzaccio, Hamlet — toutes à la gloire de la plus grande comédienne du temps. Et, dans la foulée, les grands panneaux décoratifs sur les Arts, les Fleurs ou les Heures du jour.
La révolution industrielle aidant, il gagne aussi sa vie en dessinant des publicités, par exemple pour les papiers à cigarettes Job, le PLM, les biscuits Lefèvre-Utile ou pour Moet & Chandon.

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De façon significative, il revient à des thèmes religieux — par exemple la magnifique Vierge aux lys. Les fleurs dont il a nourri ses toiles prennent alors un sens symbolique qui l’éloigne sérieusement des joliesses de l’art Nouveau.

Mucha est parti de Moravie en emportant à la semelle de ses souliers la terre de son pays. C’est là que l’exposition dévoile des toiles peu connues, dont le thème central est l’exaltation des Slaves : il retourne en Bohème, au château de Zbiroh, et peint L’Epopée slave. La toile finale, Les Slaves au service de l’humanité, est grandiose, et s’éloigne du style décoratif auquel on voudrait réduire Mucha, qui dessine billets de banque et timbres-poste pour le tout nouvel État Tchécoslovaque.

Il s’agit alors d’une peinture réellement politique. Voir l’étonnant tableau Le Baiser de la France à la Bohème (1919), qui nous rappelle combien notre pays était lié aux nations d’Europe centrale — une très vieille amitié que quelques bombes larguées par l’armée française sur Belgrade en 1999, pour complaire aux Allemands et aux Américains, ont fait éclater en morceaux.
Lorsque les Nazis entrent à Prague, en mars 1939, ils se hâtent d’arrêter Mucha — slave et franc-maçon. La Gestapo l’interrogera trois semaines durant, ce qui n’améliorera pas sa pneumonie. Libéré, il meurt le 14 juillet. L’Église lui refuse tout enterrement chrétien, parce qu’il est franc-maçon, et il est balancé dans une fosse commune.
Restent heureusement les œuvres, que les barbares n’ont pas brûlées. Un oubli, sans doute.

Transportez-vous donc jusqu’à Aix-en-Provence, il fait beau dans le Midi, il fait chaud, l’hôtel de Caumont (rue Joseph Cabassol, à deux pas du Cours Mirabeau) est une petite merveille du XVIIIe siècle admirablement restaurée, ce sera l’occasion de flâner de façon intelligente. Et l’expo est ouverte jusqu’au 24 mars.

Catalogue Mucha, maître de l’Art Nouveau, 192 p.

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BECKETT, urgent – UNE petite merveille et DEUX dernières dates!

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« Oh les beaux jours » au Théâtre de Nesle. 1h20 de pur régal.


Précautions d’usage. 1) J’écris ce texte pour faire des heureux. 2) Je suis comme vous (peut-être) : si je le respecte évidemment, je n’aime pas particulièrement Beckett (ni Thomas Bernhard, ni Cioran – je n’aime pas le ressassement en général).

Je ne lis donc presque jamais Beckett. Mais je vais l’entendre de temps à autre – pour me rappeler son propos, sa langue, retenir une phrase ou un mot qui pourraient consonner avec mes « préoccupations ». C’est tout. Entre Stendhal et Beckett, j’ai choisi. Pas Beckett, donc.
Mais je suis allé voir « Oh les beaux jours » au Théâtre de Nesle – vu il y a 20 ans à la Colline, jamais revu, jamais relu.
Et là, avec la comédienne Véronique Boulanger, je n’ai pas été intéressé : j’ai été épaté. Une heure vingt de pur régal.
Imaginez une comédienne dont on n’aperçoit que le buste (première partie), puis que la tête (deuxième partie). Et qui pourtant nous embarque absolument, dans un moment assez noir (Beckett) mais tellement – tellement – expressif : on est stupéfait de voir ce qu’elle fait passer, à travers des mimiques irrésistibles et une diction de haute fantaisie. Elle est drôle (la pièce aussi, en dépit de sa noirceur), piquante, puissante.
On voudrait convaincre les grincheux, les « qui ont leur p’tite idée » sur Beckett (comme sur tout) – les convaincre qu’ils doivent, là, céder. Nous faire confiance. Je le redis : je partage leurs préventions sur Beckett. Leur frilosité. Mais là… non. Vraiment : non.

Une soirée de rêve (lundi 29 janvier à 21H) ou un apéritif enthousiasmant (dimanche 28 janvier, à 19H) : ce sont hélas les deux seules (et dernières) dates au Nesle. Avant (on l’espère sincèrement et nous y serons) une reprise bientôt : c’est le destin de ce genre de petit miracle.
D’ailleurs : la pièce était au Petit Hébertot avant de poursuivre sa route au Nesle. À suivre ?


Oh les beaux jours, de Samuel Beckett, mise en scène et avec Véronique Boulanger (et la présence funambulesque de Jérôme Keen).
Dernières : dimanche 28 janvier à 19H et lundi 29 janvier à 21H. Durée : 1H20.
Théâtre de Nesle : 8, rue de Nesle 75006 Paris. Tél : 01 46 34 61 04.

Nous sommes tous des agriculteurs !

Les nombreux problèmes du secteur agricole ressemblent beaucoup à ceux qui entravent l’activité des entrepreneurs. Trop de bureaucratie, des subventions souvent contre-productives et des pouvoirs publics trop distants qui négligent les retours d’expérience de ceux qui sont sur le terrain. Tribune.


Tous dans le même bateau

Tous les producteurs entrepreneurs dans l’industrie ou les services se retrouvent dans les propos des paysans (le beau mot) et de leurs représentants, TPE, PME et même les grandes entreprises… Le premier constat commun est celui de la difficulté à être entendu, écouté puis considéré par le Gouvernement et l’administration.  Nos entreprises et nos salariés, indissociables, sont des travailleurs participant en première ligne au bien commun du pays et à sa prospérité. « Certains voient l’entreprise privée comme un tigre prédateur à abattre, d’autres comme une vache qu’ils peuvent traire, seule une poignée voit en elle ce qu’elle est vraiment : le cheval courageux et volontaire qui tire la carriole ». Rien n’a changé depuis ce constat de Winston Churchill particulièrement adapté aux circonstances !

La sourde oreille

Les entrepreneurs sont aujourd’hui certes aidés (pour mieux être assujettis), souvent décriés, présentés comme des pollueurs ou des profiteurs alors que le tissu économique n’existe qu’à travers leur travail. Ce manque de considération conduit à un grand désarroi général… puis, à une colère qui a commencé à cause des augmentations des prix de l’énergie, et ce, sans vraiment attirer l’attention des pouvoirs publics qui ne faisaient que vanter les mesures prises dont grand nombre d’entreprises ne bénéficient pas. Par exemple : comment renégocier un contrat quand EDF refuse ? ils n’ont été ni écoutés ni entendus, et ce manque de considération est devenu insupportable.

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Paperasses et harcèlement

Ne séparons pas les agriculteurs du monde des entreprises, ils souffrent simplement un peu plus et en silence dans une plus grande indifférence ! Les causes du malaise des producteurs de biens et de services sont bien connues et claires et communes à la plupart : tous se plaignent des avalanches de normes et réglementations, les unes nationales, les autres européennes, appliquées avec rigorisme et presque malveillance par une bureaucratie devenue au cours du temps tentaculaire. Et quand on prétend simplifier ou alléger, on complexifie ! Le temps passé à lutter contre des mesures inapplicables ou contradictoires a fini par faire oublier l’objectif professionnel et surtout pèse sur la compétitivité.  Pire : ce qui est exigé de nos producteurs nationaux ne l’est pas pour ceux qui importent produits et services sur notre sol. Quant à parler de contrôle des importations, c’est un leurre, car il est plus simple de harceler les producteurs nationaux…  Ce qui est le cas.

La subvention et le juste prix

Enfin, en haut lieu on se justifie en énumérant aides et de subventions qui, effectivement, représentent souvent un pourcentage gigantesque des revenus, mais les producteurs quels qu’ils soient, agriculteurs ou industriels, travaillent dur et méritent un revenu décent sans qu’ils aient à mendier à Paris ou à Bruxelles pour survivre. La liberté d’entreprendre et la nécessité de vivre décemment de son travail est un droit inaliénable de notre République, encore faut-il que les gouvernements le permettent. Les entreprises ne doivent pas devenir des secteurs « assistés », le monde du travail effectif a besoin de considération et de la rétribution juste du travail effectué ; il ne peut pas survivre avec l’épée de Damoclès de l’appréciation d’un technocrate, sur l’obtention ou non d’une aide ou d’une subvention.  Par ailleurs, ces aides ne sont là que pour compenser les prélèvements excessifs des États qu’il faudrait en plus remercier pour cette thérapie du cancer qu’il provoque !

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Pour un examen sérieux de tous les textes

Le mouvement patronal Ethic est bien conscient que les actions de révolte des ruraux, menées pour se faire entendre des pouvoirs publics et de Bruxelles, laissent craindre un embrasement et que cette révolte comprise par tous les français fasse tache d’huile et conduise à de nouveaux troubles sur le fonctionnement d’entreprises de toutes sortes, lourdement pénalisées déjà par les dérèglements dans le secteur de l’énergie. Les solutions existent, mais elles passent obligatoirement par un examen sérieux et sans tabou de tous les textes censés, entre autres, défendre notre environnement ! Il faut réexaminer scrupuleusement tout ce qui a conduit à des contraintes bureaucratiques, inefficaces et le plus souvent orientées vers la décroissance ouvertement vantée et l’organisation d’une pénurie que notre peuple n’a jamais approuvée.

L’expérience du terrain, s’il vous plaît

Est-ce enfin le moment du sursaut ? Du vrai, pour sauvegarder notre prospérité et notre environnement ? Mais qui osera entamer une remise à plat étudiant prioritairement les impacts réels des mesures prises ?  Qui s’intéresse aux retours d’expériences sur les conséquences des contraintes pesant sur les entreprises nationales agricoles et autres ? Certainement pas les cabinets ministériels qui prennent de haut, non sans un certain mépris, les jérémiades des entrepreneurs ; les énarques n’ont jamais mis les pieds dans la glaise du quotidien administratif qu’ils savent en revanche si bien inventer. La seule et unique solution est d’inverser judicieusement et volontairement une certaine forme d’exercice du pouvoir ; il faut attacher de l’importance à la base, au retour d’expériences de nos entreprises de toutes conditions. C’est seulement après, et avec leur accord, qu’il conviendra ou non d’intervenir. L’heure est venue pour la république des entrepreneurs de sauver… la République !

Censure du Conseil constitutionnel: Les Français ont été dupés, Gérald Darmanin doit démissionner

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Neuf sages président aux destinées françaises. Ils sont neuf à pouvoir décider de l’avenir de la nation, du devenir de son peuple, de son identité, de sa sécurité, de sa survie. Laurent Fabius, Michel Pinault, Corinne Luquiens, Jacques Mézard, François Pillet, Alain Juppé, Jacqueline Gourault, François Seners, Véronique Malbec : un ancien ministre socialiste, un ancien Premier ministre chiraquien et sept personnalités que la plupart des Français seraient bien en peine de citer, viennent de rayer d’un trait de plume verbeux près de la moitié des dispositions de la loi « pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration ».

Les juges se substituent au peuple

De ce monument du « en même temps », le Conseil constitutionnel a donc censuré tout ce qui inclinait à droite et sur lequel, du Rassemblement national aux Républicains, s’était bâtie une union destinée à contrôler, contenir, contingenter l’immigration.

Écrasant de vive force la volonté du législateur, exprimée clairement à 349 voix contre 186 à l’Assemblée nationale et à 210 voix contre 115 au Sénat, les septuagénaires se sont assis sur la volonté de 70 % des résidents français[1] :

Selon eux, le regroupement familial est sans lien avec le contrôle de l’immigration ;
Selon eux, les conditions d’inscription des étudiants étrangers sont sans lien avec le contrôle de l’immigration ;
Selon eux, le délit de séjour irrégulier sur le territoire français est sans lien avec le contrôle de l’immigration ;
Selon eux, le délai avant bénéfice du droit et des aides au logement est sans lien avec le contrôle de l’immigration ;
Selon eux, le droit de la nationalité est sans lien avec le contrôle de l’immigration et l’amélioration de l’intégration ;
Selon eux, l’aide internationale au développement doit rester sans lien avec le contrôle de l’immigration ;
Selon eux, le parlement ne peut pas s’accorder à lui-même, par la loi, la faculté de décider chaque année du nombre d’étrangers autorisés à s’installer en France ;
Selon eux, la police ne peut pas recueillir de photos ni d’empreintes d’un étranger qui s’y oppose, car il faudrait que ces recueils élémentaires soient réalisés en présence de son avocat.

Du Code civil aux droits sociaux, du code pénal à la police, des universités au parlement : rien ni personne ne doit limiter l’immigration ni garantir la connaissance et la maîtrise des flux, ainsi en a décidé le Conseil constitutionnel. Il érige ainsi entre le pays et son destin un mur infranchissable.

Les Français ont été dupés, Gérald Darmanin doit démissionner

C’est le cœur serré que le Mouvement conservateur reçoit ce verdict. Comment croire en la conservation du peuple français, au maintien de la nation et de son âme dans cette prison légale ? Certes, cette décision était attendue d’avance, nous l’avions dit dès l’adoption de ce texte le 19 décembre. Certes, les « oppositions » qui avaient crié victoire – un peu tôt – ont fait montre de leur naïveté voire de leur collaboration à un exercice de pur affichage mensonger, et nous l’avions dit également.

Mais la cécité ou la malignité du Conseil constitutionnel n’en reste pas moins désespérante à recevoir, tant elle ferme les portes du devenir français. Le Conseil a censuré toute tentative, actuelle et à venir par sa jurisprudence, de protéger et défendre notre peuple et sa sécurité. Reste donc dans ce texte la régularisation de 10 000 clandestins par an et un regroupement familial illimité.

Le ministre de l’Intérieur s’en félicite au moment même où son ministère publie les chiffres 2023 de l’immigration : la France a délivré le nombre record de 323 260 titres de séjour.

Le Mouvement Conservateur demande la démission de Gérald Darmanin, qui était responsable de la totalité de la loi qu’il a fait voter, et non des seules parties qui ont obtenu la bénédiction du Conseil constitutionnel, ce cénacle non élu qui, depuis le « coup d’Etat des juges » de 1971, s’est approprié le gouvernail de la République en se dotant d’un droit de veto sur les choix politiques, confisquant depuis la souveraineté démocratique. Après avoir fait croire aux Français qu’il allait durcir le contrôle de l’immigration, et qu’une reprise en main de leur destin était possible, Gérald Darmanin montre au grand jour qu’il est prêt à tous les abandons pour conserver son poste.

Il faut un référendum pour redonner aux Français un pouvoir confisqué

Pour que le peuple français retrouve la maîtrise de sa politique migratoire, le Mouvement Conservateur n’entrevoit qu’une seule solution : le référendum constitutionnel, fixant dans notre norme suprême les nécessaires dispositions à faire prévaloir sur l’immigration illégale et légale. Il demande solennellement au président de la République d’organiser ce référendum absolument vital et nécessaire.

Dans nos rues, sur nos autoroutes, monte la colère des paysans qui considèrent que le pays « marche sur la tête ». C’est aussi la colère des Français qui, à plus de 70 %, ne veulent pas être remplacés mais être conservés, à laquelle il faut répondre pour garantir la paix.


[1] Elabe, 20 décembre 2023.

Agriculture et bonne conscience

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Derrière la crise des agriculteurs se trouve une problématique relativement simple : les impératifs environnementaux dictés par les politiques sont imposés aux paysans au mépris des piètres conditions socio-économiques qui sont celles du monde agricole aujourd’hui.


Y a-t-il profession physiquement plus astreignante, administrativement plus contrainte, plus exposée au surendettement, aux aléas météorologiques, aux fluctuations des marchés (positives, on les tait ; négatives, on les clame), plus sujette aux disparités de revenus et, pour beaucoup de ses travailleurs, plus précaire, que l’agriculture française ? Il est exigé des agriculteurs d’assurer la sécurité alimentaire et, EN MÊME TEMPS, de satisfaire aux pratiques vertueuses dictées par des autorités plus sensibles au bien-être du doryphore qu’à leur condition. À charge pour eux, exclusivement, de supporter sur des échelles de 1 à 5 ou de 1 à 10 l’insécurité inhérente à leurs secteurs respectifs.

Cette insécurité porte essentiellement sur le médiocre niveau des revenus pour 70 % d’entre eux, rapporté à l’effort fourni et aux risques encourus. C’est pourtant cette réalité-là que les grands prêtres autoproclamés de l’écologie relèguent à l’arrière-plan du débat agro-environnemental comme s’il s’agissait d’un à-côté méprisable, quand ils ne l’esquivent pas purement et simplement. Pour eux, la question sociale est accessoire.

En butte aux agressions des antispécistes, aux vols de matériel agricole et de carburant commis par des gangs organisés, cibles de bobos ricaneurs qui en font volontiers les figures originales des Deschiens, les agriculteurs ont le dos large. Soit on les plaint, et parfois à tort ; soit on les conspue, et quelques fois à raison. Quant à la bourse plate de la plupart, attendu que le revenu mensuel moyen par ménage est inférieur à 1 500 € et que 18% vit sous le seuil de pauvreté (13 % à l’échelle nationale), tout le monde s’en fout.

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Dans l’interview recueillie par Mathieu Derrieck pour L’Opinion (23 janvier 24), le président de la Commission Environnement-Santé publique-Sécurité alimentaire du Parlement européen, Pascal Canfin lui-même, n’en dit mot.

Le colistier de Nathalie Loiseau aux européennes de 2019 est d’abord interrogé sur les tracasseries qui empoisonnent le quotidien des agriculteurs. « La gestion de la Politique agricole commune [PAC] est, dit-il, d’une trop grande complexité administrative […] Les agriculteurs passent jusqu’à 30 % de leur temps à remplir de la paperasse […] Quand je regarde un dossier PAC, c’est clair, c’est l’enfer ». Mais pourquoi a-t-il attendu qu’éclate l’exaspération des agriculteurs pour en faire l’aveu ? À son poste depuis quatre ans, qu’a-t-il fait pour vider cet enfer en poussant à la simplification ?

En dépit du « ressenti » du monde agricole, il estime que les « problèmes actuels » n’ont aucun lien avec le Pacte vert dès lors, poursuit-il, « qu’aucune des réglementations environnementales dans le domaine agricole liée au pacte n’est encore entrée en vigueur ». Pas encore…. On se serait attendu à ce qu’il précise : à mon vif regret, puisqu’il est le premier à réclamer l’application desdites réglementations.

Entre autres motifs de la jacquerie : les prochains objectifs en matière de réduction des engrais azotés et des pesticides indiqués dans le Pacte vert de la PAC 2022-2027. Ne faut-il pas les revoir au vu du contexte social ? « Là encore, répond Pascal Canfin, c’est très intéressant. Ces objectifs sont-ils de nature obligatoire ou légale ? Non. L’augmentation de la production biologique à 25 % n’est pas inscrite dans la loi européenne. C’est un des objectifs aspirationnels de la stratégie « Farm to fork ». La réduction de 50 % des pesticides à 2030 n’est pas aujourd’hui dans la loi européenne parce que le Parlement l’a rejetée ». Sa mémoire a-t-elle été aspirée au creux d’un trou noir ? En vérité, Pascal Canfin militait pour cette réduction qu’ont repoussée les parlementaires européens. Il ne tenait qu’à lui de s’en flatter ouvertement.

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La concurrence déloyale qu’a entraînée sur le marché français, ainsi que parmi les pays limitrophes de l’Ukraine, la levée des droits de douane est un autre grief. Pascal Canfin en a-t-il évalué la portée ? « Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, explique-t-il, nous avons, dans un objectif de solidarité, baissé considérablement les droits de douane sur les importations agricoles venues d’Ukraine. Cela a des conséquences majeures, notamment pour la filière volaille. Notre délégation a clairement signifié à la Commission européenne les risques. Une fois évaluées les conséquences de ces exemptions, il faudra être prêt à retravailler ce sujet des droits de douane. Sans jamais oublier que si on en est là, c’est parce que l’ami de Marine Le Pen, Vladimir Poutine, a envahi l’Ukraine ! »

Pour éviter l’effondrement de la filière volaille, la première mesure qui vient à l’esprit consisterait à rétablir des droits de douane. Sans tarder. Mais ce n’est pas le feu au poulailler qui ébranlera le flegme de Pascal Canfin. Ce qu’il suggère dans son brillant langage eurotechno témoigne d’un indiscutable sang-froid : « Sur le cas particulier de la volaille qui prend aujourd’hui de plein fouet la production ukrainienne, je pense que la question de faire l’analyse objective des conséquences pour éventuellement faire évoluer les droits de douane ou les volumes qui en bénéficient, mérite notre attention ». Tout de même ! Mobiliser l’attention, c’est une première mesure… Il ajoute : « C’est une préoccupation légitime du monde agricole qui doit pouvoir s’articuler avec notre soutien sans faille à l’Ukraine en guerre pour nos valeurs ».

Une grande insécurité sociale

Le « nous » canfinois est problématique. Désigne-t-il « Nous, Européens », « Nous, Français », « Nous, députés du groupe Renew », ou le nous de majesté, « Nous, Pascal Canfin » ? À aucun moment, n’importe lequel de ces Canfin n’aborde la question qui fâche, la question la plus « de gauche » et donc la plus embarrassante pour un écolo de progrès las de refouler sa pulsion despotique (si faiblement éclairée) : l’insécurité sociale de tant d’agriculteurs.

La porte-parole de Renew y est-elle plus sensible ? Hier, Ulrike Müller saluait dans la stratégie « Farm to Fork », « De la ferme à l’assiette », une opportunité commerciale pour les agriculteurs : à condition, soulignait-t-elle toutefois de « s’assurer qu’ils peuvent l’appliquer tout en gagnant un revenu équitable ». Aujourd’hui, qui s’en assure en haut lieu, et pour quel résultat ? En attendant, les agriculteurs français défendent les mêmes valeurs que les Ukrainiens ! Ils supportent, et faut-il leur en vouloir de le tolérer jusqu’à un certain point, de perdre leurs parts sur le marché intérieur. À ce jour, sans compensation. Aux guides de l’Union européenne à l’origine du beau geste d’en répartir le coût.

Loi immigration : droite cocue ou droite complice ?

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Quand le Conseil Constitutionnel censure des mesures votées par le Parlement, c’est la souveraineté du peuple français qui est en jeu. Le seul remède, c’est un référendum, ou plutôt deux référendums : un sur l’immigration et un autre sur le Conseil Constitutionnel. Tribune.


Le Conseil Constitutionnel, qui n’avait rien trouvé à redire aux pires délires liberticides de la « politique sanitaire », vient sans surprise de censurer toutes les mesures de la « loi immigration » qui auraient pu, si peu que ce soit, freiner l’immigration massive. Emmanuel Macron l’avait d’ailleurs clairement annoncé dès l’adoption de la loi afin de rassurer son aile gauche et gauchiste : toutes les concessions faites à la droite pour obtenir ses votes seraient méticuleusement vidées de leur substance ou supprimées.

Sans surprise, j’insiste : de gauche ou d’extrême-centre, les « progressistes » ont besoin de l’immigration massive pour déposséder le demos de sa souveraineté, le précariser, et abolir la décence commune qui bride encore (mais de moins en moins) leurs appétits et leurs fantasmes d’ingénierie sociale.

Au fait, les agriculteurs feraient bien de méditer cette leçon. Le pouvoir macronien a escroqué le Sénat sans la moindre hésitation : qui peut croire un seul instant qu’il respecterait d’éventuels engagements envers une ruralité qu’il a toujours méprisée ? Les promesses n’engagent que ceux qui ont un minimum d’honneur.

Guy Daniel et moi-même l’écrivions il y a quelques jours, le PS a brillamment réuni 1,7% des suffrages aux dernières élections présidentielles et 5% aux législatives, pourtant un président de la République issu du PS (dont le nouveau premier ministre issu du PS a succédé à une première ministre issue du PS) et un président du Conseil Constitutionnel issu du PS piétinent consciencieusement la démocratie, et la gauche dans son ensemble se drape de bonne conscience pour bafouer la volonté générale sans même prendre la peine de cacher sa jubilation.

Notons que le titre même dont se parent les membres du Conseil Constitutionnel, les « sages », illustre à merveille l’arrogance de ceux qui, malgré l’état de déliquescence avancée dans lequel eux et leurs pareils ont plongé le pays, persistent à se voir comme une élite éclairée guidant la plèbe. Socrate lui-même se disait seulement philosophe, désirant la sagesse, parce qu’il avait l’humilité de ne pas se proclamer sage – et contrairement à lui, les membres du Conseil Constitutionnel n’ont pas reçu l’onction de l’oracle d’Apollon, seulement celui de manœuvres politiciennes.

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On rappellera pour mémoire, et bien évidemment en vain tant que les progressistes seront au pouvoir (« mais c’est encore plus beau lorsque c’est inutile » disait Cyrano), que l’article 3 de la Constitution prévoit que « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice ». Soyons explicites : « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants, dont les membres du Conseil Constitutionnel ne font pas partie – contrairement aux parlementaires qui ont voté la loi censurée par ledit Conseil – et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice, pas même les neuf membres du Conseil Constitutionnel ».

Et aux adeptes des arguties juridiques plus attachés à la forme qu’au fond, à la lettre qu’à l’esprit, je réponds par avance qu’il y a un moyen extrêmement simple de trancher : demander l’arbitrage du souverain. C’est-à-dire du Peuple Français. En d’autres termes, un référendum. Sur l’immigration bien sûr, et ajoutons-en un sur le Conseil Constitutionnel, ce sera intéressant. Mais ça, évidemment, la gauche et l’oligarchie mondialiste des anywhere, dont la macronie incarne les intérêts, n’en veulent pas. Tout ceci n’a rien de nouveau.

Ce qui est nouveau, en revanche, c’est que la droite parlementaire de LR et du RN vient de se faire magistralement piéger devant la France entière (Zemmour, lui, avait vu le coup venir). Ce qui appelle une question simple : et maintenant ? Se contenter de grandes déclarations scandalisées serait s’agenouiller devant Macron. L’heure n’est plus à l’indignation, mais aux représailles (politiques, s’entend). Les motions de censure, ça existe.

Laurence Gougeon l’a bien résumé : « On ne négocie pas avec Macron, on ne co-dirige pas avec le pouvoir macronien, on se couche ou on se bat ». Les Anglais ont une belle expression : « Fool me once, shame on you. Fool me twice, shame on me » (Tu me trompes une fois, honte à toi ; tu me trompes deux fois, honte à moi). Si à l’avenir on surprend les dindons de la farce d’aujourd’hui à faire à nouveau confiance à la macronie, la conclusion s’imposera d’elle-même : ils ne sont pas cocus, ils sont complices. Et la même remarque s’applique évidemment aux électeurs de droite qui, demain ou après-demain, seraient tentés de voter encore pour l’extrême-centre au nom du célèbre « front républicain contre l’extrême-droite »….

Mona Lisa ne veut pas de votre mauvaise soupe!

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Des militantes ont tenté de recouvrir le tableau de soupe, ce matin, pour défendre une meilleure alimentation pour tous, cette fois… Les dingos de « Riposte alimentaire » seront poursuivis.


L’infamant outrage des écolos à « la Joconde »

Quand s’attaquer à l’art, et à ses plus grands chefs-d’œuvre notoirement, a-t-il jamais représenté un argument digne de ce nom, rationnel, respectable et objectif, pour défendre des idées, aussi nobles, par ailleurs, soient celles-ci ? Car, si j’ai bonne mémoire, seuls les régimes dictatoriaux, qu’ils soient d’extrême-gauche ou d’extrême-droite et qu’on les nomme, par-delà tout clivage politico-idéologique, « fascisme », nazisme » ou « stalinisme », se sont honteusement adonnés à ce genre de pratique, particulièrement méprisable sur le plan intellectuel et abject au niveau moral.

De la barbarie : violence et ignorance

C’est pourtant à ce type de comportement, dont on ne sait si c’est l’aspect barbare, le geste violent ou l’ignorance crasse, qu’il faut blâmer le plus ici, que deux militantes prétendument écologistes se sont livrées, ce dimanche matin 28 janvier 2024 au prestigieux musée du Louvre, en aspergeant de soupe, en guise de revendication pour une meilleure alimentation pour tous, un tableau aussi magnifique, par-delà même sa célébrité planétaire, que « La Joconde » de cet immense artiste, inégalé à plus d’un titre, que fut Léonard de Vinci.

Oui, Léonard de Vinci, ce « génie universel », comme le qualifia jadis le grand Goethe en personne, et, de surcroît, tant par la perfection de son prodigieux talent que par l’ampleur de ses multiples connaissances, prince des humanistes !

Leonard de Vinci : précurseur, avant la lettre, de l’écologie

Davantage : savent-ils, ces ignares s’attaquant ainsi vulgairement, de manière aussi scandaleuse qu’indigne, aux symboles les plus sublimes et précieux de notre héritage culturel, sinon civilisationnel, que Léonard de Vinci fut lui-même, en son temps, un ardent défenseur, précurseur avant la lettre, de l’écologie précisément, comme le prouvent à suffisance, entre autres traits de génie, ses nombreuses inventions en la matière, depuis d’ingénieux systèmes d’irrigation des terres agricoles jusqu’à de non moins extraordinaires protections naturelles des sites paysagistes, en passant par un énorme respect de la vie, qu’elle soit animale ou végétale, sous toutes ses formes ?

Ainsi, par exemple, ce végétarien convaincu, et même déjà « vegan », ne mangeait-il jamais de viande, au motif qu’il ne souhaitait pas, disait-il alors ouvertement, tuer ou faire souffrir d’ « innocentes créatures », ni se nourrir ou se gaver, précisait-il encore à qui voulait bien l’entendre, de ses « congénères » !

Un très contradictoire paradoxe

Mieux : cet aimable, généreux et bienveillant Léonard se plaisait même, lorsqu’il se promenait au milieu des marchés de sa belle ville natale de Florence, d’y acheter, parfois pour des sommes considérables, les cages d’oiseaux, pour le seul bonheur de les ouvrir ensuite et de libérer ainsi, au vu et au su de ses voisins ébahis, ces mêmes volatiles !

Ainsi, vouloir s’attaquer à l’œuvre artistique d’un être aussi respectueux de la nature justement, des animaux aussi bien que des humains également, n’est-il pas, de la part de ces nouveaux fanatiques de l’écologie culpabilisatrice, le moindre, on en conviendra aisément, des paradoxes, aux inénarrables mais tragiques confins de la contradiction la plus patente !

Les vandales du Louvre

Et, de fait, les milliers de pages de ses nombreux codex, que j’ai eu le gratifiant honneur d’étudier intégralement et dans leur langue originale, mais que ces écolos de basse gamme n’ont manifestement jamais lus, regorgent de ce genre d’anecdotes, aussi savoureuses que significatives, voire simplement bienvenues, pour tout écologiste digne de ce nom, mais que ne sont pourtant pas, visiblement, ces récentes vandales du Louvre.

Pis : lorsque je les entends hurler, comme elles l’ont effectivement fait ce dimanche matin devant « La Joconde » aspergée de cette imbuvable soupe, qu’il est légitime de s’en prendre à l’art pour mettre en avant une revendication socio-politique, il me revient immanquablement en tête, certes toutes proportions gardées et sans vouloir bien sûr comparer ici l’incomparable, ce que clamaient haut et fort certains dignitaires et autres propagandistes nazis, dont des criminels tels que Joseph Goebbels ou Hermann Göring, lorsqu’ils disaient, face notamment à des artistes qu’ils taxaient alors abusivement de « dégénérés », « sortir leur revolver quand ils entendaient le mot culture »

Quand dégrader l’art ou mépriser la culture revient à avilir les idées que l’on croit défendre

Oui : en s’attelant à dégrader ainsi, de manière aussi inconsidérée, les plus grands chefs-d’œuvre artistiques, comme ils l’ont par ailleurs déjà fait en tentant d’abîmer d’autres tableaux de maîtres au sein d’autres importants musées à travers le monde, ce n’est pas seulement sur notre culture, ni même notre civilisation, qu’ils crachent aussi misérablement ; c’est d’abord eux-mêmes, et les idées ou le parti qu’ils croient propager de la sorte, qu’ils salissent et avilissent ainsi irrémédiablement. Infâme !

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Désir à l’œuvre

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L'écrivain et critique littéraire Vincent Roy. DR.

Un écrivain quitte sa femme, Julie, et décide de vivre à Londres avec une Italienne, Alice (prononcez A-li-tché), marchande de tableaux. L’important est de suivre son désir nous rappelle l’écrivain qui est aussi le narrateur de ce roman vif et nerveux, signé Vincent Roy. Avec Julie, c’était l’impasse. Deux enfants devenus adultes, des jumeaux, des crises et des cris, la répétition des matins gris, la messe noire de la famille, la culpabilité, la mort lente. Il faut du temps pour comprendre qu’on n’est pas à sa place, finit par avouer le narrateur. Avec Alice, fraîcheur de l’instant, conformité de peaux, solitude à deux, aucune envie de mise à mort, l’amour comme un joyau qui ouvre sur la confession la plus intime. Avec elle, le désir est la loi. Le narrateur : « Alice a deviné mon enfance, j’ai deviné la sienne. » Parfait. L’érotisme permet de retrouver son enfance ; elle rend la mémoire, comme la madeleine de Proust, l’asthme en moins.

Quelques voyageurs du temps accompagnent le récit du narrateur. Ils sont triés sur le volet. Un maître mot les réunit : la liberté. Une ville : Londres (de Gaulle, juin 40, ne jamais oublier). On rencontre Casanova, Rimbaud, Haydn, l’opiomane Thomas de Quincey, Balzac, Philip Roth, Paul Morand, Freud, mort dans la capitale de l’Angleterre. À propos de ce dernier, le narrateur exhume ce que le père de la psychanalyse écrit en 1907 : « Les poètes et les romanciers sont de précieux alliés. Ils sont dans la connaissance de l’âme, nos maîtres à tous, hommes vulgaires, car ils s’abreuvent à des sources que nous n’avons pas rendues accessibles à la science. » Ils sont à « l’écoute » de leurs rêves et savent les interpréter. Quand on parle de poètes et de romanciers, il convient de savoir faire la différence entre les faux (innombrables) et les vrais (rares). Ce roman peut vous permettre de vite les identifier. Un gain de temps précieux.

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Les dialogues entre le narrateur et la sémillante Alice sont à la fois piquants et percutants. Ils nous tiennent éveillés. Mais attention, l’ennemi nous attend au tournant. Entendez la société et son cortège de pisse-froid. Votre vie est déliée, vous riez, vous passez d’un lieu à un autre, vous connaissez les correspondances, vous disparaissez, vous êtes clandestin, vous réapparaissez, mais différemment et toujours réfractaire, vous continuez à rire, même sur les chemins herbeux, vous posez votre sac dans un lieu qui devient une société secrète. Vous reprenez la route, heureux homme aux semelles de vent. Votre âme est en pleine forme. Vous ignorez la morale, vous oblitérez le temps, donc la mort, vous considérez que le monde est sans but. Vous êtes insaisissable ? Oui. Une folie douce vous anime ? Oui. Votre ligne, c’est le bon goût ? Oui. Vous prenez le temps de scruter les mouvements du vent dans l’acacia, au fond du jardin ? Oui. C’est à ce moment-là que vous affolez les dévots, dont le narrateur dresse la liste sur deux pages. Une fois répertoriés, vous n’avez plus qu’à les contourner. Mais attention, ils viennent de lancer une nouvelle offensive sous la bannière du wokisme, et ils ramassent tous les ratés du système en leur promettant une place sous les sunlights de la célébrité éphémère.

En dévorant ce roman électrique, subtilement anti-woke, j’ai naturellement pensé à Philippe Sollers, en particulier à son prémonitoire Femmes (1983). Mais également à son style percutant, ses formules audacieuses, ses précieux conseils pour éviter la contamination généralisée de notre organisme. En passant, je vous conseille L’Évangile de Nietzsche (Le Cherche Midi, 2006), une conversation entre Sollers et Vincent Roy.

Vincent Roy, Retour à Kensington, Le Cherche Midi.

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«On marche sur la tête»: le système mis en accusation

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Nantes, 25 janvier 2024 © Sebastien SALOM-GOMIS/SIPA

Gabriel Attal, à peine nommé, se retrouve dans l’enfer de Matignon. Le mouvement de colère des agriculteurs, très populaire, et soutenu par l’opinion, fait craindre au pouvoir une fédération de mécontentements, voire le retour des gilets jaunes.


La révolution du réel a imposé son slogan, simple et potentiellement dévastateur : « On marche sur la tête ». Les agriculteurs du Tarn ont été les premiers, en novembre 2023, à retourner les panneaux identifiant les communes, en signe de protestation contre une technocratie tombée en Absurdie. Depuis, ce procédé subtil et non-violent a été repris un peu partout dans la France périphérique et rurale. Or ce réveil contestataire pourrait faire tache d’huile, tant son message touche au cœur d’un système généralisé qui, jusqu’au sein de l’Union européenne convertie à l’écologisme, a perdu le contact avec la vie des gens ordinaires. Le bon sens, décrié par l’intelligentsia parisienne et ses avatars politiques, est en train de s’installer dans le débat public, au vu des désastres commis par la tyrannie des idéologues. Montesquieu avait déjà noté : « J’aime les paysans. Ils ne sont pas assez savants pour penser de travers ». L’histoire qui s’écrit pourrait bien s’appuyer sur leur colère légitime. Elle oblige les dirigeants à de profondes remises en question, qui dépassent les seuls problèmes liés à l’agriculture. Les morts tragiques d’Alexandra Sonac, éleveur de bovins, et de sa fille de 12 ans, Camille, fauchées par un chauffard en Ariège alors qu’elles participaient à un barrage routier près de leur commune de Saint-Félix-de-Tournegat, sont venues rappeler la perte de contrôle par l’État des frontières nationales : les trois occupants de la voiture étaient des Arméniens visés par une obligation, non respectée bien sûr, de quitter le territoire (OQTF).

Alexandra Sonac et sa fille Camille. DR.

Lors de la conférence de presse du 16 janvier d’Emmanuel Macron, la crise agricole, qui allait éclater quelques jours plus tard, n’avait été abordée ni par le président ni par les journalistes. Cette indifférence parisienne illustre l’effacement dans lequel le monde rural a été maintenu, et explique son obligation de hurler pour se faire entendre. A la différence des gilets jaunes, mouvement autonome, les syndicats agricoles sont cette fois partie prenante de la jacquerie. Reste que ce sont des leaders non mandatés qui ont lancé le mouvement en Occitanie, avec notamment Jérôme Bayle dont le père agriculteur, qui s’est suicidé, touchait une retraite de 690 euros et dont la mère, en retraite avec 49 ans d’activités, touche 217 euros.

Gabriel Attal s’adresse aux agriculteurs, au lieu-dit Saint-Martin, à Montastruc-de-Salies (Haute-Garonne), le 26 janvier 2024 © Miguel MEDINA / AFP

Une convergence de révoltes spontanées n’est pas à exclure, si le gouvernement n’arrive pas à éteindre le début d’incendie. L’inflation des normes, ce mal français déjà dénoncé par Montaigne (« Nous avons en France plus de lois que tout le reste du monde ensemble ») attend des réponses concrètes. Le code rural est passé de 755 pages en 1965 à 3068 pages ! Mais c’est surtout la défense de la souveraineté nationale qui, en tous domaines, s’impose comme une priorité. Ce mercredi, sur Europe 1, Jordan Bardella (RN) a réclamé une « exception agro-culturelle » et un « patriotisme économique » dans les commandes publiques. La révolution du réel ne va pas plaire aux « progressistes » qui ont perdu le Nord…

Laissons les paysans travailler en paix

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Crise agricole. Au lendemain des annonces du Premier ministre en faveur de l’agriculture, en Haute-Garonne, plusieurs barrages étaient levés dans le pays. 


« Les paysans sont sans cesse au travail et c’est un mot qu’ils n’utilisent jamais », disait le dramaturge russe Anton Tchekhov. Si les agriculteurs passent leur vie à travailler sans se plaindre, encore faut-il qu’ils arrivent à dignement en vivre. Aujourd’hui, trop d’entre eux en sont réduits à survivre. Le paysan est pourtant le cœur vivant de la France, j’oserais dire son âme. Nous sommes tous des descendants de paysans. L’arbre généalogique de la très grande majorité des Français contient principalement des ancêtres qui ont planté le blé, accompagné la croissance d’arbres fruitiers ou pris soin d’un bétail.

Dès avant la Guerre des Gaules et la conquête romaine, nos lointains parents Celtes et Aquitains aménageaient notre territoire en terres cultivables. Ils utilisaient déjà des techniques sophistiquées comme l’amendement des cultures. Leur maitrise de l’artisanat du bois leur a fait découvrir le tonneau, les attelages, la faux et le sarclage. L’ambition personnelle de Jules César ne fut d’ailleurs pas la seule motivation de l’invasion du territoire qui correspond quasiment parfaitement à celui de la France contemporaine. Les Romains enviaient en effet notre surproduction céréalière dont ils ont longtemps été dépendants. Notre territoire a très peu changé depuis. Il était aménagé par un dense réseau de cultures qui avaient remplacé les forêts. C’est peu connu, mais la Gaule pré-romaine comptait moins d’espaces forestiers que la France contemporaine.

Les Romains ont ensuite apporté leur savoir-faire en matière d’irrigation, enjeu majeur de cette révolte des « Agriculteurs en Colère » partie du sud-ouest au début de l’Automne. Qu’est-ce qu’un paysan ? C’est un homme du pays. Un gardien du territoire enraciné dans un terroir. Un connaisseur, aussi, de la nature. Pas la nature inviolée et personnalisée des tenants d’une écologie oublieuse de l’homme, dénuée d’anthropologie, mais les garants d’une nature modifiée et pensée par l’Homme et pour l’Homme. Le paysan est donc par nature un conservateur. Il n’est pas un réactionnaire rétif au progrès, son activité ayant été tout au long de l’histoire le point de départ d’innovations importantes, mais il n’aime pas qu’on lui impose de l’extérieur la façon dont il doit exercer son métier.

L’impasse de l’agriculture française

Les agriculteurs sont à l’image de la société française dans son ensemble. Ils sont épuisés et démoralisés. Epuisés par un environnement normatif contraignant, un corset fiscal et administratif ubuesque qui entrave toutes les énergies. Pour remplir un dossier de la PAC ou obtenir des indemnisations liées à la grippe aviaire ou à la fièvre des bovins, il faudrait être titulaire d’un double Master II. Les paysans les plus aisés doivent avoir recours aux services de cabinets de conseil pour toucher les aides auxquelles ils ont droit… Quand ce ne sont pas des drones qui survolent leurs champs pour vérifier qu’ils appliquent scrupuleusement des règles toujours plus pointilleuses, ils doivent attendre de longues journées pour enfin être reçus par le préfet du département qui leur délivrera les autorisations nécessaires pour l’épandage. Infantilisés, suspectés comme s’ils étaient des délinquants, ils doivent se soumettre à de constantes tracasseries et de petites humiliations alors qu’ils n’arrivent parfois plus à se payer.

Nous avons pourtant une agriculture qui est parmi les plus vertueuses du monde, respectant des normes écologiques et d’hygiène très strictes. Certaines sont parfaitement justifiées, utiles pour protéger la santé des riverains d’exploitations, des consommateurs, mais aussi pour préserver l’environnement. D’autres, beaucoup trop nombreuses, témoignent d’une déconnexion totale entre la réalité du terrain et les décideurs politiques, parfois simplement motivés par la crainte des activistes écologistes et des ONG qui attaquent régulièrement des projets de retenues d’eau ou des stocks de semences dans l’indifférence la plus générale. Ces gens sont animés par une foi relevant de la religion, opposés à la science et à la recherche qu’ils diabolisent. Ils prônent un grand bond en arrière et le retour à une agriculture anachronique, demandeuse en main d’œuvre et d’un rendement insuffisant pour nourrir les Français à un juste prix. Ces partisans de la « décroissance » refusent de comprendre le monde dans lequel nous vivons et sont prêts à nous entrainer dans des crises de subsistance, à tirer un trait sur nos exportations. Notre agriculture sait pourtant trouver un parfait point d’équilibre entre la qualité et le rendement. Qui a condamné, parmi la classe politique, le saccage des semences de tournesol de la coopérative Arterris de Castelnaudary au début du mois de mars 2021 ? Les pertes se chiffraient pourtant en million d’euros.

Jérôme Bayle, éleveur de bovins en Haute-Garonne, l’expliquait très bien au micro de BFM TV : « Je veux bien protéger la nature, je le fais au quotidien. Mais une jonquille trouvée dans un champ vaut-elle de menacer l’existence de quatre exploitations familiales transmises de génération en génération ? » Non, aucunement. Dès le Néolithique qui a amené l’homme à se sédentariser, la nature a été domestiquée. Nous en avons fait un jardin ! Aux sources de l’agribashing qui mine ce secteur se trouvent parfois des mouvements proches de l’ésotérisme, tels que l’anthroposophie ou l’agroécologie de feu Pierre Rahbi dont la ferme expérimentale n’a jamais été rentable en elle-même… L’État ne doit plus se soumettre aux pressions de ces lobbyistes et écouter ceux qui savent comment faire fonctionner la machine, qu’ils soient agriculteurs traditionnels, en bio ou encore en agriculture raisonnée. Montesquieu disait qu’il aimait les paysans parce qu’ils étaient « trop peu savants pour mal raisonner ». Aujourd’hui, ils ont fait des études et sont bien plus savants que certains de nos sachants sans s’être départis du bon sens que leur prêtait le Bordelais.

Une myriade d’institutions publiques s’acharnent aussi à leur mettre des bâtons dans les roues. Elles sont adossées à un droit de plus en plus incompréhensible, semblant dépourvu de tout sens commun. En pleine révolte, le Haut conseil pour le climat a ainsi publié un rapport demandant aux agriculteurs de « poursuivre la décarbonation de la filière et d’accélérer sa transition ». Maladroit quand les professionnels expliquent ne pas arriver à suivre le rythme draconien que leur impose le « pacte vert ». Ils ne sont pas contre l’idée, étant eux-mêmes les premiers à déplorer le changement climatique qui complexifie un peu plus leur tâche, mais ils ne peuvent pas se « transformer » totalement sans perdre des revenus et en aussi peu de temps. Dans un même ordre d’idées, le journaliste Amaury Bucco a rapporté divers cas ubuesques de paysans traqués par la police de l’environnement qui a mené plus de 10 000 contrôles en France depuis 2022, souvent à la demande de l’Office français de la biodiversité. Il rapporte le cas de Jean-Pierre, éleveur de limousines depuis 30 ans, qui a été condamné après avoir manifesté sa colère. Les zélés agents publics l’empêchaient d’utiliser une source d’eau de son propre terrain… Au lyssenkisme des pseudo-scientifiques s’ajoutent les méthodes de la police soviétique décidée à appliquer à la lettre les dizaines d’arrêtés préfectoraux qui pourrissent la vie des ruraux.

Concilier l’inconciliable

Ce problème normatif qui concerne tous les Français et singulièrement les paysans n’est pourtant pas l’unique défi du secteur. Ils sont nombreux. Le premier d’entre eux est celui de la distorsion de la concurrence internationale. Il tient autant de la surtransposition des règles européennes par la France que de la philosophie commerciale et agricole de l’Union. Le libre-échange est un impératif logique dans le contexte qui est le nôtre. L’agriculture française ne peut pas tout produire, ne faire qu’exporter sans importer, et le tout en garantissant les prix bas qu’attendent les consommateurs et auxquels ils ont été habitués par la grande distribution. Certains traités bilatéraux peuvent d’ailleurs globalement profiter à notre agriculture. Longtemps présenté comme très risqué, le CETA n’a pas provoqué un afflux massif de bœufs canadiens. À dire vrai, il a plutôt profité à notre agriculture puisque nous exportons plus à destination de l’Amérique du Nord qu’autrefois sans que nos produits soient menacés sur notre marché intérieur. Nos atouts en ont bien profité, c’est-à-dire les produits laitiers et les vins et spiritueux, mais la filière bovine aussi.

Reste que cela ne se passe pas toujours bien. Le Mercosur suscite à juste titre une crainte, s’agissant d’un marché très peuplé qui produit dans des secteurs agricoles où nous serons moins concurrentiels avec des normes très différentes des nôtres, utilisant des méthodes proscrites par l’Union européenne. La France semble montrer la volonté de s’opposer à sa ratification. Concernant les produits importés issus de pays où le coût du travail est inférieur et les normes environnementales moins exigeantes, il existe des solutions et des choix à arbitrer. Faut-il protéger nos agriculteurs ou les livrer à la concurrence ? Faut-il produire différemment ? Il y a des alternatives possibles. Ces produits étrangers, hors fruits et légumes, sont principalement utilisés par les industriels pour les produits transformés. L’Union européenne nous permet d’afficher l’origine française d’une viande mais nous interdit depuis 2020 d’afficher l’origine étrangère. C’est honteux. Le consommateur a le droit de connaître l’origine géographique des produits qu’il consomme ainsi que leur mode d’abattage.

Si une barquette de poulet à la normande Findus affichait un drapeau brésilien pour le poulet avec la mention « abattage rituel » et un macaron espagnol pour les carottes, il n’est pas garanti que les acheteurs la prendraient en rayon. La commande publique et la restauration doivent aussi être impliqués. L’État a fait passer la loi Egalim, pour l’heure mal et insuffisamment appliquée comme l’a reconnu lui-même le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, mais le service public n’achète pas uniquement en France la nourriture qu’elle donne dans ses cantines ! Quant aux restaurateurs, ils sont les premiers à acheter chez Metro des produits à l’étranger. Il faut plus les contrôler et attribuer des labels plus précis, ce qui passe aussi par une rééducation des Français au goût. Il est de bon ton de taper sur McDonald’s mais c’est un bon client des agriculteurs français alors que de nombreuses brasseries spécialisées dans l’assemblage plus que la cuisine nous servent de l’agneau néo-zélandais. Ça n’est pas souhaitable.

Il est illusoire de penser changer les règles du commerce mondial mais il est possible de s’y adapter et de rendre leur dignité à ceux qui nous nourrissent, en leur trouvant des débouchés commerciaux et en arrêtant de les contraindre. Nous devons aussi miser sur nos atouts et informer les consommateurs. Il n’est pas forcément beaucoup plus cher d’acheter chez un artisan que d’acheter des plats transformés quand on se penche précisément sur la question. Une carotte râpée maison a-t-elle un coût plus élevé qu’une carotte râpée Sodebo ? Non. Tout est une question d’équilibre. Les marchands et distributeurs, de la boulangerie de quartier aux hypers, ont aussi du mal à marger désormais. L’agriculture est symptomatique d’une France qui est plongée dans une crise économique rampante et majeure parce qu’elle a refusé de comprendre les règles du commerce mondial et qu’elle a enfermé tous les acteurs productifs dans une prison juridique et fiscale.

Les paysans français montrent la voie. Ils veulent tout simplement que l’État leur fiche la paix. Ils ne veulent pas vivre sous perfusion mais que le travail paie enfin. Comme nous tous. Nous avons affaibli considérablement notre industrie pour les mêmes raisons. Notre agriculture menace maintenant de sombrer.  Puis ce sera le tour de la construction, elle aussi étouffée par les normes. Et après ?

Mucha à Aix-en-Provence

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DR

D’Alfons Mucha, on connaît surtout les affiches — affiches de théâtre pour Sarah Bernhardt, affiches publicitaires pour les cigarettes Job ou Moët & Chandon. Mais en se rendant à l’hôtel de Caumont, à Aix-en-Provence, notre chroniqueur a découvert un autre Mucha, que de son propre aveu il connaissait moins bien. Profitons, ce n’est pas tous les jours que Brighelli avoue ne pas complètement maîtriser quelque chose…


« Mucha, maître de l’Art Nouveau », dit l’affiche. Et dès l’entrée, on trouve ce que l’on était en droit d’attendre : de jolies jeunes femmes peintes au milieu des guirlandes de fleurs.
Mais l’artiste austro-hongrois (il est né en Moravie, l’actuelle Tchéquie, en 1860) fut aussi un nationaliste passionné, et l’exposition de l’Hôtel de Caumont, à Aix-en-Provence, parcourt les diverses aires d’exercice de ce peintre surdoué, et ses divers sujets de prédilection.
S’il a commencé sa carrière dans son pays natal, c’est en venant à Paris en 1887 qu’il explose véritablement.
Il vit de travaux publicitaires, et se trouve par hasard, fin décembre 1894, dans l’imprimerie qui doit réaliser l’affiche de Gismonda, le drame de Victorien Sardou où joue Sarah Bernhardt. Elle vient, il est là, elle le sollicite : c’est ce que les anciens appellent le kairos, l’art d’utiliser sa chance, qui, comme on le sait, n’a qu’un cheveu qu’il faut se dépêcher de saisir.
La star (je sais, c’est un anachronisme, mais c’est très exactement ce qu’elle est) l’engage pour six ans. Il est définitivement lancé.

Les affiches de scène de Mucha sont bien là, Médée, La Dame aux camélias, Lorenzaccio, Hamlet — toutes à la gloire de la plus grande comédienne du temps. Et, dans la foulée, les grands panneaux décoratifs sur les Arts, les Fleurs ou les Heures du jour.
La révolution industrielle aidant, il gagne aussi sa vie en dessinant des publicités, par exemple pour les papiers à cigarettes Job, le PLM, les biscuits Lefèvre-Utile ou pour Moet & Chandon.

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De façon significative, il revient à des thèmes religieux — par exemple la magnifique Vierge aux lys. Les fleurs dont il a nourri ses toiles prennent alors un sens symbolique qui l’éloigne sérieusement des joliesses de l’art Nouveau.

Mucha est parti de Moravie en emportant à la semelle de ses souliers la terre de son pays. C’est là que l’exposition dévoile des toiles peu connues, dont le thème central est l’exaltation des Slaves : il retourne en Bohème, au château de Zbiroh, et peint L’Epopée slave. La toile finale, Les Slaves au service de l’humanité, est grandiose, et s’éloigne du style décoratif auquel on voudrait réduire Mucha, qui dessine billets de banque et timbres-poste pour le tout nouvel État Tchécoslovaque.

Il s’agit alors d’une peinture réellement politique. Voir l’étonnant tableau Le Baiser de la France à la Bohème (1919), qui nous rappelle combien notre pays était lié aux nations d’Europe centrale — une très vieille amitié que quelques bombes larguées par l’armée française sur Belgrade en 1999, pour complaire aux Allemands et aux Américains, ont fait éclater en morceaux.
Lorsque les Nazis entrent à Prague, en mars 1939, ils se hâtent d’arrêter Mucha — slave et franc-maçon. La Gestapo l’interrogera trois semaines durant, ce qui n’améliorera pas sa pneumonie. Libéré, il meurt le 14 juillet. L’Église lui refuse tout enterrement chrétien, parce qu’il est franc-maçon, et il est balancé dans une fosse commune.
Restent heureusement les œuvres, que les barbares n’ont pas brûlées. Un oubli, sans doute.

Transportez-vous donc jusqu’à Aix-en-Provence, il fait beau dans le Midi, il fait chaud, l’hôtel de Caumont (rue Joseph Cabassol, à deux pas du Cours Mirabeau) est une petite merveille du XVIIIe siècle admirablement restaurée, ce sera l’occasion de flâner de façon intelligente. Et l’expo est ouverte jusqu’au 24 mars.

Catalogue Mucha, maître de l’Art Nouveau, 192 p.

Alphonse Mucha. Maître de l'Art nouveau (catalogue officiel d'exposition)

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BECKETT, urgent – UNE petite merveille et DEUX dernières dates!

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Véronique Boulanger et Jérome Keen. DR.

« Oh les beaux jours » au Théâtre de Nesle. 1h20 de pur régal.


Précautions d’usage. 1) J’écris ce texte pour faire des heureux. 2) Je suis comme vous (peut-être) : si je le respecte évidemment, je n’aime pas particulièrement Beckett (ni Thomas Bernhard, ni Cioran – je n’aime pas le ressassement en général).

Je ne lis donc presque jamais Beckett. Mais je vais l’entendre de temps à autre – pour me rappeler son propos, sa langue, retenir une phrase ou un mot qui pourraient consonner avec mes « préoccupations ». C’est tout. Entre Stendhal et Beckett, j’ai choisi. Pas Beckett, donc.
Mais je suis allé voir « Oh les beaux jours » au Théâtre de Nesle – vu il y a 20 ans à la Colline, jamais revu, jamais relu.
Et là, avec la comédienne Véronique Boulanger, je n’ai pas été intéressé : j’ai été épaté. Une heure vingt de pur régal.
Imaginez une comédienne dont on n’aperçoit que le buste (première partie), puis que la tête (deuxième partie). Et qui pourtant nous embarque absolument, dans un moment assez noir (Beckett) mais tellement – tellement – expressif : on est stupéfait de voir ce qu’elle fait passer, à travers des mimiques irrésistibles et une diction de haute fantaisie. Elle est drôle (la pièce aussi, en dépit de sa noirceur), piquante, puissante.
On voudrait convaincre les grincheux, les « qui ont leur p’tite idée » sur Beckett (comme sur tout) – les convaincre qu’ils doivent, là, céder. Nous faire confiance. Je le redis : je partage leurs préventions sur Beckett. Leur frilosité. Mais là… non. Vraiment : non.

Une soirée de rêve (lundi 29 janvier à 21H) ou un apéritif enthousiasmant (dimanche 28 janvier, à 19H) : ce sont hélas les deux seules (et dernières) dates au Nesle. Avant (on l’espère sincèrement et nous y serons) une reprise bientôt : c’est le destin de ce genre de petit miracle.
D’ailleurs : la pièce était au Petit Hébertot avant de poursuivre sa route au Nesle. À suivre ?


Oh les beaux jours, de Samuel Beckett, mise en scène et avec Véronique Boulanger (et la présence funambulesque de Jérôme Keen).
Dernières : dimanche 28 janvier à 19H et lundi 29 janvier à 21H. Durée : 1H20.
Théâtre de Nesle : 8, rue de Nesle 75006 Paris. Tél : 01 46 34 61 04.

Nous sommes tous des agriculteurs !

Manifestation d'agriculteurs, près de Nantes, le 25 janvier 2024 © Sebastien SALOM-GOMIS/SIPA

Les nombreux problèmes du secteur agricole ressemblent beaucoup à ceux qui entravent l’activité des entrepreneurs. Trop de bureaucratie, des subventions souvent contre-productives et des pouvoirs publics trop distants qui négligent les retours d’expérience de ceux qui sont sur le terrain. Tribune.


Tous dans le même bateau

Tous les producteurs entrepreneurs dans l’industrie ou les services se retrouvent dans les propos des paysans (le beau mot) et de leurs représentants, TPE, PME et même les grandes entreprises… Le premier constat commun est celui de la difficulté à être entendu, écouté puis considéré par le Gouvernement et l’administration.  Nos entreprises et nos salariés, indissociables, sont des travailleurs participant en première ligne au bien commun du pays et à sa prospérité. « Certains voient l’entreprise privée comme un tigre prédateur à abattre, d’autres comme une vache qu’ils peuvent traire, seule une poignée voit en elle ce qu’elle est vraiment : le cheval courageux et volontaire qui tire la carriole ». Rien n’a changé depuis ce constat de Winston Churchill particulièrement adapté aux circonstances !

La sourde oreille

Les entrepreneurs sont aujourd’hui certes aidés (pour mieux être assujettis), souvent décriés, présentés comme des pollueurs ou des profiteurs alors que le tissu économique n’existe qu’à travers leur travail. Ce manque de considération conduit à un grand désarroi général… puis, à une colère qui a commencé à cause des augmentations des prix de l’énergie, et ce, sans vraiment attirer l’attention des pouvoirs publics qui ne faisaient que vanter les mesures prises dont grand nombre d’entreprises ne bénéficient pas. Par exemple : comment renégocier un contrat quand EDF refuse ? ils n’ont été ni écoutés ni entendus, et ce manque de considération est devenu insupportable.

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Paperasses et harcèlement

Ne séparons pas les agriculteurs du monde des entreprises, ils souffrent simplement un peu plus et en silence dans une plus grande indifférence ! Les causes du malaise des producteurs de biens et de services sont bien connues et claires et communes à la plupart : tous se plaignent des avalanches de normes et réglementations, les unes nationales, les autres européennes, appliquées avec rigorisme et presque malveillance par une bureaucratie devenue au cours du temps tentaculaire. Et quand on prétend simplifier ou alléger, on complexifie ! Le temps passé à lutter contre des mesures inapplicables ou contradictoires a fini par faire oublier l’objectif professionnel et surtout pèse sur la compétitivité.  Pire : ce qui est exigé de nos producteurs nationaux ne l’est pas pour ceux qui importent produits et services sur notre sol. Quant à parler de contrôle des importations, c’est un leurre, car il est plus simple de harceler les producteurs nationaux…  Ce qui est le cas.

La subvention et le juste prix

Enfin, en haut lieu on se justifie en énumérant aides et de subventions qui, effectivement, représentent souvent un pourcentage gigantesque des revenus, mais les producteurs quels qu’ils soient, agriculteurs ou industriels, travaillent dur et méritent un revenu décent sans qu’ils aient à mendier à Paris ou à Bruxelles pour survivre. La liberté d’entreprendre et la nécessité de vivre décemment de son travail est un droit inaliénable de notre République, encore faut-il que les gouvernements le permettent. Les entreprises ne doivent pas devenir des secteurs « assistés », le monde du travail effectif a besoin de considération et de la rétribution juste du travail effectué ; il ne peut pas survivre avec l’épée de Damoclès de l’appréciation d’un technocrate, sur l’obtention ou non d’une aide ou d’une subvention.  Par ailleurs, ces aides ne sont là que pour compenser les prélèvements excessifs des États qu’il faudrait en plus remercier pour cette thérapie du cancer qu’il provoque !

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Pour un examen sérieux de tous les textes

Le mouvement patronal Ethic est bien conscient que les actions de révolte des ruraux, menées pour se faire entendre des pouvoirs publics et de Bruxelles, laissent craindre un embrasement et que cette révolte comprise par tous les français fasse tache d’huile et conduise à de nouveaux troubles sur le fonctionnement d’entreprises de toutes sortes, lourdement pénalisées déjà par les dérèglements dans le secteur de l’énergie. Les solutions existent, mais elles passent obligatoirement par un examen sérieux et sans tabou de tous les textes censés, entre autres, défendre notre environnement ! Il faut réexaminer scrupuleusement tout ce qui a conduit à des contraintes bureaucratiques, inefficaces et le plus souvent orientées vers la décroissance ouvertement vantée et l’organisation d’une pénurie que notre peuple n’a jamais approuvée.

L’expérience du terrain, s’il vous plaît

Est-ce enfin le moment du sursaut ? Du vrai, pour sauvegarder notre prospérité et notre environnement ? Mais qui osera entamer une remise à plat étudiant prioritairement les impacts réels des mesures prises ?  Qui s’intéresse aux retours d’expériences sur les conséquences des contraintes pesant sur les entreprises nationales agricoles et autres ? Certainement pas les cabinets ministériels qui prennent de haut, non sans un certain mépris, les jérémiades des entrepreneurs ; les énarques n’ont jamais mis les pieds dans la glaise du quotidien administratif qu’ils savent en revanche si bien inventer. La seule et unique solution est d’inverser judicieusement et volontairement une certaine forme d’exercice du pouvoir ; il faut attacher de l’importance à la base, au retour d’expériences de nos entreprises de toutes conditions. C’est seulement après, et avec leur accord, qu’il conviendra ou non d’intervenir. L’heure est venue pour la république des entrepreneurs de sauver… la République !

Censure du Conseil constitutionnel: Les Français ont été dupés, Gérald Darmanin doit démissionner

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Migrants, place de la République à Paris, novembre 2020 © SETBOUN MICHEL/SIPA

Neuf sages président aux destinées françaises. Ils sont neuf à pouvoir décider de l’avenir de la nation, du devenir de son peuple, de son identité, de sa sécurité, de sa survie. Laurent Fabius, Michel Pinault, Corinne Luquiens, Jacques Mézard, François Pillet, Alain Juppé, Jacqueline Gourault, François Seners, Véronique Malbec : un ancien ministre socialiste, un ancien Premier ministre chiraquien et sept personnalités que la plupart des Français seraient bien en peine de citer, viennent de rayer d’un trait de plume verbeux près de la moitié des dispositions de la loi « pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration ».

Les juges se substituent au peuple

De ce monument du « en même temps », le Conseil constitutionnel a donc censuré tout ce qui inclinait à droite et sur lequel, du Rassemblement national aux Républicains, s’était bâtie une union destinée à contrôler, contenir, contingenter l’immigration.

Écrasant de vive force la volonté du législateur, exprimée clairement à 349 voix contre 186 à l’Assemblée nationale et à 210 voix contre 115 au Sénat, les septuagénaires se sont assis sur la volonté de 70 % des résidents français[1] :

Selon eux, le regroupement familial est sans lien avec le contrôle de l’immigration ;
Selon eux, les conditions d’inscription des étudiants étrangers sont sans lien avec le contrôle de l’immigration ;
Selon eux, le délit de séjour irrégulier sur le territoire français est sans lien avec le contrôle de l’immigration ;
Selon eux, le délai avant bénéfice du droit et des aides au logement est sans lien avec le contrôle de l’immigration ;
Selon eux, le droit de la nationalité est sans lien avec le contrôle de l’immigration et l’amélioration de l’intégration ;
Selon eux, l’aide internationale au développement doit rester sans lien avec le contrôle de l’immigration ;
Selon eux, le parlement ne peut pas s’accorder à lui-même, par la loi, la faculté de décider chaque année du nombre d’étrangers autorisés à s’installer en France ;
Selon eux, la police ne peut pas recueillir de photos ni d’empreintes d’un étranger qui s’y oppose, car il faudrait que ces recueils élémentaires soient réalisés en présence de son avocat.

Du Code civil aux droits sociaux, du code pénal à la police, des universités au parlement : rien ni personne ne doit limiter l’immigration ni garantir la connaissance et la maîtrise des flux, ainsi en a décidé le Conseil constitutionnel. Il érige ainsi entre le pays et son destin un mur infranchissable.

Les Français ont été dupés, Gérald Darmanin doit démissionner

C’est le cœur serré que le Mouvement conservateur reçoit ce verdict. Comment croire en la conservation du peuple français, au maintien de la nation et de son âme dans cette prison légale ? Certes, cette décision était attendue d’avance, nous l’avions dit dès l’adoption de ce texte le 19 décembre. Certes, les « oppositions » qui avaient crié victoire – un peu tôt – ont fait montre de leur naïveté voire de leur collaboration à un exercice de pur affichage mensonger, et nous l’avions dit également.

Mais la cécité ou la malignité du Conseil constitutionnel n’en reste pas moins désespérante à recevoir, tant elle ferme les portes du devenir français. Le Conseil a censuré toute tentative, actuelle et à venir par sa jurisprudence, de protéger et défendre notre peuple et sa sécurité. Reste donc dans ce texte la régularisation de 10 000 clandestins par an et un regroupement familial illimité.

Le ministre de l’Intérieur s’en félicite au moment même où son ministère publie les chiffres 2023 de l’immigration : la France a délivré le nombre record de 323 260 titres de séjour.

Le Mouvement Conservateur demande la démission de Gérald Darmanin, qui était responsable de la totalité de la loi qu’il a fait voter, et non des seules parties qui ont obtenu la bénédiction du Conseil constitutionnel, ce cénacle non élu qui, depuis le « coup d’Etat des juges » de 1971, s’est approprié le gouvernail de la République en se dotant d’un droit de veto sur les choix politiques, confisquant depuis la souveraineté démocratique. Après avoir fait croire aux Français qu’il allait durcir le contrôle de l’immigration, et qu’une reprise en main de leur destin était possible, Gérald Darmanin montre au grand jour qu’il est prêt à tous les abandons pour conserver son poste.

Il faut un référendum pour redonner aux Français un pouvoir confisqué

Pour que le peuple français retrouve la maîtrise de sa politique migratoire, le Mouvement Conservateur n’entrevoit qu’une seule solution : le référendum constitutionnel, fixant dans notre norme suprême les nécessaires dispositions à faire prévaloir sur l’immigration illégale et légale. Il demande solennellement au président de la République d’organiser ce référendum absolument vital et nécessaire.

Dans nos rues, sur nos autoroutes, monte la colère des paysans qui considèrent que le pays « marche sur la tête ». C’est aussi la colère des Français qui, à plus de 70 %, ne veulent pas être remplacés mais être conservés, à laquelle il faut répondre pour garantir la paix.


[1] Elabe, 20 décembre 2023.

Agriculture et bonne conscience

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Actions de blocages sur les axes principaux de transport, organisées par le monde agricole en Gironde, le 24 janvier 2024. ©MATHYS/ZEPPELIN/SIPA

Derrière la crise des agriculteurs se trouve une problématique relativement simple : les impératifs environnementaux dictés par les politiques sont imposés aux paysans au mépris des piètres conditions socio-économiques qui sont celles du monde agricole aujourd’hui.


Y a-t-il profession physiquement plus astreignante, administrativement plus contrainte, plus exposée au surendettement, aux aléas météorologiques, aux fluctuations des marchés (positives, on les tait ; négatives, on les clame), plus sujette aux disparités de revenus et, pour beaucoup de ses travailleurs, plus précaire, que l’agriculture française ? Il est exigé des agriculteurs d’assurer la sécurité alimentaire et, EN MÊME TEMPS, de satisfaire aux pratiques vertueuses dictées par des autorités plus sensibles au bien-être du doryphore qu’à leur condition. À charge pour eux, exclusivement, de supporter sur des échelles de 1 à 5 ou de 1 à 10 l’insécurité inhérente à leurs secteurs respectifs.

Cette insécurité porte essentiellement sur le médiocre niveau des revenus pour 70 % d’entre eux, rapporté à l’effort fourni et aux risques encourus. C’est pourtant cette réalité-là que les grands prêtres autoproclamés de l’écologie relèguent à l’arrière-plan du débat agro-environnemental comme s’il s’agissait d’un à-côté méprisable, quand ils ne l’esquivent pas purement et simplement. Pour eux, la question sociale est accessoire.

En butte aux agressions des antispécistes, aux vols de matériel agricole et de carburant commis par des gangs organisés, cibles de bobos ricaneurs qui en font volontiers les figures originales des Deschiens, les agriculteurs ont le dos large. Soit on les plaint, et parfois à tort ; soit on les conspue, et quelques fois à raison. Quant à la bourse plate de la plupart, attendu que le revenu mensuel moyen par ménage est inférieur à 1 500 € et que 18% vit sous le seuil de pauvreté (13 % à l’échelle nationale), tout le monde s’en fout.

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Dans l’interview recueillie par Mathieu Derrieck pour L’Opinion (23 janvier 24), le président de la Commission Environnement-Santé publique-Sécurité alimentaire du Parlement européen, Pascal Canfin lui-même, n’en dit mot.

Le colistier de Nathalie Loiseau aux européennes de 2019 est d’abord interrogé sur les tracasseries qui empoisonnent le quotidien des agriculteurs. « La gestion de la Politique agricole commune [PAC] est, dit-il, d’une trop grande complexité administrative […] Les agriculteurs passent jusqu’à 30 % de leur temps à remplir de la paperasse […] Quand je regarde un dossier PAC, c’est clair, c’est l’enfer ». Mais pourquoi a-t-il attendu qu’éclate l’exaspération des agriculteurs pour en faire l’aveu ? À son poste depuis quatre ans, qu’a-t-il fait pour vider cet enfer en poussant à la simplification ?

En dépit du « ressenti » du monde agricole, il estime que les « problèmes actuels » n’ont aucun lien avec le Pacte vert dès lors, poursuit-il, « qu’aucune des réglementations environnementales dans le domaine agricole liée au pacte n’est encore entrée en vigueur ». Pas encore…. On se serait attendu à ce qu’il précise : à mon vif regret, puisqu’il est le premier à réclamer l’application desdites réglementations.

Entre autres motifs de la jacquerie : les prochains objectifs en matière de réduction des engrais azotés et des pesticides indiqués dans le Pacte vert de la PAC 2022-2027. Ne faut-il pas les revoir au vu du contexte social ? « Là encore, répond Pascal Canfin, c’est très intéressant. Ces objectifs sont-ils de nature obligatoire ou légale ? Non. L’augmentation de la production biologique à 25 % n’est pas inscrite dans la loi européenne. C’est un des objectifs aspirationnels de la stratégie « Farm to fork ». La réduction de 50 % des pesticides à 2030 n’est pas aujourd’hui dans la loi européenne parce que le Parlement l’a rejetée ». Sa mémoire a-t-elle été aspirée au creux d’un trou noir ? En vérité, Pascal Canfin militait pour cette réduction qu’ont repoussée les parlementaires européens. Il ne tenait qu’à lui de s’en flatter ouvertement.

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La concurrence déloyale qu’a entraînée sur le marché français, ainsi que parmi les pays limitrophes de l’Ukraine, la levée des droits de douane est un autre grief. Pascal Canfin en a-t-il évalué la portée ? « Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, explique-t-il, nous avons, dans un objectif de solidarité, baissé considérablement les droits de douane sur les importations agricoles venues d’Ukraine. Cela a des conséquences majeures, notamment pour la filière volaille. Notre délégation a clairement signifié à la Commission européenne les risques. Une fois évaluées les conséquences de ces exemptions, il faudra être prêt à retravailler ce sujet des droits de douane. Sans jamais oublier que si on en est là, c’est parce que l’ami de Marine Le Pen, Vladimir Poutine, a envahi l’Ukraine ! »

Pour éviter l’effondrement de la filière volaille, la première mesure qui vient à l’esprit consisterait à rétablir des droits de douane. Sans tarder. Mais ce n’est pas le feu au poulailler qui ébranlera le flegme de Pascal Canfin. Ce qu’il suggère dans son brillant langage eurotechno témoigne d’un indiscutable sang-froid : « Sur le cas particulier de la volaille qui prend aujourd’hui de plein fouet la production ukrainienne, je pense que la question de faire l’analyse objective des conséquences pour éventuellement faire évoluer les droits de douane ou les volumes qui en bénéficient, mérite notre attention ». Tout de même ! Mobiliser l’attention, c’est une première mesure… Il ajoute : « C’est une préoccupation légitime du monde agricole qui doit pouvoir s’articuler avec notre soutien sans faille à l’Ukraine en guerre pour nos valeurs ».

Une grande insécurité sociale

Le « nous » canfinois est problématique. Désigne-t-il « Nous, Européens », « Nous, Français », « Nous, députés du groupe Renew », ou le nous de majesté, « Nous, Pascal Canfin » ? À aucun moment, n’importe lequel de ces Canfin n’aborde la question qui fâche, la question la plus « de gauche » et donc la plus embarrassante pour un écolo de progrès las de refouler sa pulsion despotique (si faiblement éclairée) : l’insécurité sociale de tant d’agriculteurs.

La porte-parole de Renew y est-elle plus sensible ? Hier, Ulrike Müller saluait dans la stratégie « Farm to Fork », « De la ferme à l’assiette », une opportunité commerciale pour les agriculteurs : à condition, soulignait-t-elle toutefois de « s’assurer qu’ils peuvent l’appliquer tout en gagnant un revenu équitable ». Aujourd’hui, qui s’en assure en haut lieu, et pour quel résultat ? En attendant, les agriculteurs français défendent les mêmes valeurs que les Ukrainiens ! Ils supportent, et faut-il leur en vouloir de le tolérer jusqu’à un certain point, de perdre leurs parts sur le marché intérieur. À ce jour, sans compensation. Aux guides de l’Union européenne à l’origine du beau geste d’en répartir le coût.

Loi immigration : droite cocue ou droite complice ?

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Des policiers devant le Conseil constitutionnel, Paris, le 25 janvier 2024. JEANNE ACCORSINI/SIPA

Quand le Conseil Constitutionnel censure des mesures votées par le Parlement, c’est la souveraineté du peuple français qui est en jeu. Le seul remède, c’est un référendum, ou plutôt deux référendums : un sur l’immigration et un autre sur le Conseil Constitutionnel. Tribune.


Le Conseil Constitutionnel, qui n’avait rien trouvé à redire aux pires délires liberticides de la « politique sanitaire », vient sans surprise de censurer toutes les mesures de la « loi immigration » qui auraient pu, si peu que ce soit, freiner l’immigration massive. Emmanuel Macron l’avait d’ailleurs clairement annoncé dès l’adoption de la loi afin de rassurer son aile gauche et gauchiste : toutes les concessions faites à la droite pour obtenir ses votes seraient méticuleusement vidées de leur substance ou supprimées.

Sans surprise, j’insiste : de gauche ou d’extrême-centre, les « progressistes » ont besoin de l’immigration massive pour déposséder le demos de sa souveraineté, le précariser, et abolir la décence commune qui bride encore (mais de moins en moins) leurs appétits et leurs fantasmes d’ingénierie sociale.

Au fait, les agriculteurs feraient bien de méditer cette leçon. Le pouvoir macronien a escroqué le Sénat sans la moindre hésitation : qui peut croire un seul instant qu’il respecterait d’éventuels engagements envers une ruralité qu’il a toujours méprisée ? Les promesses n’engagent que ceux qui ont un minimum d’honneur.

Guy Daniel et moi-même l’écrivions il y a quelques jours, le PS a brillamment réuni 1,7% des suffrages aux dernières élections présidentielles et 5% aux législatives, pourtant un président de la République issu du PS (dont le nouveau premier ministre issu du PS a succédé à une première ministre issue du PS) et un président du Conseil Constitutionnel issu du PS piétinent consciencieusement la démocratie, et la gauche dans son ensemble se drape de bonne conscience pour bafouer la volonté générale sans même prendre la peine de cacher sa jubilation.

Notons que le titre même dont se parent les membres du Conseil Constitutionnel, les « sages », illustre à merveille l’arrogance de ceux qui, malgré l’état de déliquescence avancée dans lequel eux et leurs pareils ont plongé le pays, persistent à se voir comme une élite éclairée guidant la plèbe. Socrate lui-même se disait seulement philosophe, désirant la sagesse, parce qu’il avait l’humilité de ne pas se proclamer sage – et contrairement à lui, les membres du Conseil Constitutionnel n’ont pas reçu l’onction de l’oracle d’Apollon, seulement celui de manœuvres politiciennes.

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On rappellera pour mémoire, et bien évidemment en vain tant que les progressistes seront au pouvoir (« mais c’est encore plus beau lorsque c’est inutile » disait Cyrano), que l’article 3 de la Constitution prévoit que « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice ». Soyons explicites : « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants, dont les membres du Conseil Constitutionnel ne font pas partie – contrairement aux parlementaires qui ont voté la loi censurée par ledit Conseil – et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice, pas même les neuf membres du Conseil Constitutionnel ».

Et aux adeptes des arguties juridiques plus attachés à la forme qu’au fond, à la lettre qu’à l’esprit, je réponds par avance qu’il y a un moyen extrêmement simple de trancher : demander l’arbitrage du souverain. C’est-à-dire du Peuple Français. En d’autres termes, un référendum. Sur l’immigration bien sûr, et ajoutons-en un sur le Conseil Constitutionnel, ce sera intéressant. Mais ça, évidemment, la gauche et l’oligarchie mondialiste des anywhere, dont la macronie incarne les intérêts, n’en veulent pas. Tout ceci n’a rien de nouveau.

Ce qui est nouveau, en revanche, c’est que la droite parlementaire de LR et du RN vient de se faire magistralement piéger devant la France entière (Zemmour, lui, avait vu le coup venir). Ce qui appelle une question simple : et maintenant ? Se contenter de grandes déclarations scandalisées serait s’agenouiller devant Macron. L’heure n’est plus à l’indignation, mais aux représailles (politiques, s’entend). Les motions de censure, ça existe.

Laurence Gougeon l’a bien résumé : « On ne négocie pas avec Macron, on ne co-dirige pas avec le pouvoir macronien, on se couche ou on se bat ». Les Anglais ont une belle expression : « Fool me once, shame on you. Fool me twice, shame on me » (Tu me trompes une fois, honte à toi ; tu me trompes deux fois, honte à moi). Si à l’avenir on surprend les dindons de la farce d’aujourd’hui à faire à nouveau confiance à la macronie, la conclusion s’imposera d’elle-même : ils ne sont pas cocus, ils sont complices. Et la même remarque s’applique évidemment aux électeurs de droite qui, demain ou après-demain, seraient tentés de voter encore pour l’extrême-centre au nom du célèbre « front républicain contre l’extrême-droite »….