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Haro sur Bourdella!

Exemplarité. La presse en fait des tonnes sur une bévue de Jordan Bardella. Sur BFMTV, lundi, le jeune loup du RN a dit exiger un casier judiciaire vierge pour être candidat de son parti, alors que Marine Le Pen est sous la menace d’une condamnation.


On aurait du mal à dénicher plus fin et plus lucide observateur des mœurs et travers politiques que le cardinal de Retz. On lui doit cette saillie de vive intelligence, fruit d’une longue expérience dans le sérail: « Il sied encore plus mal à un ministre de dire des bêtises que d’en commettre ». Certes, Jordan Bardella n’est pas ministre. Du moins pas encore. Ce qui prouve au moins que proférer des bourdes n’est pas une exclusivité ministérielle, même si la corporation n’en est guère avare. Les exemples abondent. On pourrait en faire des dictionnaires entiers.

Avec des si…

Invité sur BFMTV, le président du Rassemblement national a lâché ce propos : « Ne pas avoir de condamnation à son casier judiciaire est pour moi une (la) règle numéro une lorsqu’on souhaite être parlementaire de la République. » Noble principe, mais fâcheuse franchise dans le contexte actuel. L’intervieweur saisit évidemment la balle au bond. Il n’allait pas laisser passer l’aubaine. « Et si Marine Le Pen est condamnée ? » décoche-t-il avec gourmandise. Aïe ! L’imprudent tente de s’en tirer, jouant sur le « avec des si… », vous voyez. Pas formidablement convaincante, la contre-offensive, on en convient. On se dit que le mal est fait.

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Dans la minute, quasiment toute la presse et la cohorte si nombreuse des opposants de la droite nationale s’emparent de la bévue, en font des gorges chaudes. Et des caisses. C’est le cas du programme de Yann Barthès, Quotidien, qui, dans le temps d’une seule et même émission, diffuse l’extrait à cinq reprises. Pas moins. Quand on a un os à ronger, allons-y gaiement ! Quotidien excelle dans cet exercice. C’est là sa zone de confort. Faire son miel des scories, des maladresses, des faux-pas. Entendons-nous bien ! Seulement quand ceux-là viennent de droite, naturellement. Ceux pondus par la gauche sont le plus souvent absous d’emblée ! Ce qui est, me semble-t-il, fort raisonnable, car ils sont si nombreux qu’on n’en finirait pas et qu’on risquerait l’overdose chaque soir.

Fringale

En fait, la fringale, la voracité de vautours avec laquelle tout ce petit monde est tombé à bras raccourcis sur le président du RN révèle en creux une réalité qui, quant à elle, tournerait plutôt à son avantage et à celui de son parti. En fait, ils n’ont trouvé que cela ! Rien d’autre ! C’est cela l’os à ronger, et ce n’est rien de plus. Depuis les législatives et les onze millions d’électeurs en faveur du RN, ils sont aux aguets et sur les nerfs, traquant la moindre erreur stratégique, la plus ténue faute politique que pourraient commettre ses responsables et leur formation. Sans grand succès, il faut bien le dire. La frénésie avec laquelle ils se sont jetés sur le nonos, l’exploitation en boucle du passage dans Quotidien (pour nous limiter à cette référence médiatique), ne sont que la criante – et de mon point du vue, la jubilatoire – révélation de leur fiasco en la matière. 

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Biden ou la géopolitique du «en même temps»

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Le président américain a autorisé l’Ukraine à tirer des missiles américains ATACMS contre la Russie. Analyse.


Alors que Joe Biden sait désormais que la politique de son successeur sera radicalement différente de la sienne sur le dossier ukrainien, sa décision d’autoriser l’Ukraine à utiliser des missiles longue portée ATACMS fournis par les États-Unis pour frapper des cibles en Russie interroge. Ce véritable tournant dans la stratégie américaine en Ukraine n’est-il finalement qu’un baroud d’honneur visant à sauver ce qu’il reste en Ukraine avant d’hypothétiques négociations défavorables au président Zelensky ?

Une rupture majeure

Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’aide militaire américaine s’est progressivement intensifiée. Alors qu’au début du conflit, Washington livrait surtout des équipements défensifs et effectuait du renseignement, son appui militaire est monté en puissance avec des systèmes d’artillerie avancés, chars modernes, et, plus récemment, avions de chasse. Chaque étape a repoussé les limites d’un soutien initialement mesuré. Avec l’autorisation de frapper le territoire russe avec des missiles ATACMS, une ligne symbolique vient d’être franchie : frapper la Russie à des fins offensives, car jusqu’à présent, l’Ukraine ne pouvait frapper le territoire russe que pour défendre Kharkiv menacé d’invasion.

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Le choix de ce moment précis n’est pas anodin. Sur le terrain, l’Ukraine est sous pression. Depuis les premières semaines du conflit, la Russie n’a jamais autant avancé qu’en octobre dernier : 478 km2 selon l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW). Les avancées russes dans les régions de Donetsk et dans une moindre mesure de Koursk capitalisent sur les nouvelles recrues russes ainsi que la présence de troupes nord-coréennes. Car la donne a changé avec l’élection de Donald Trump et l’ouverture d’un scénario d’accord de paix territorial au début 2025. Pour la Russie, il s’agit de pousser son avantage au maximum avant la fin janvier. Pour les Etats-Unis, Joe Biden saisit l’opportunité de marquer de son empreinte ce conflit. Cette décision est autant une question d’héritage que de stratégie militaire. Biden, conscient que son mandat pourrait être jugé sur la gestion de ce conflit, cherche à se poser en défenseur de la démocratie face à l’autoritarisme.

Impact concret pour l’Ukraine ou baroud d’honneur ?

L’autorisation de frapper le territoire russe avec des missiles longue portée ouvre de nouvelles perspectives pour l’Ukraine. Désormais, Kiev peut frapper des centres de commandement russes, des lignes d’approvisionnement et des infrastructures critiques loin des lignes de front. À court terme, ces frappes pourraient ralentir les offensives russes et offrir un répit aux forces ukrainiennes. À moyen terme, elles pourraient perturber la logistique russe, forçant Moscou à revoir sa stratégie. À long terme, une pression soutenue pourrait même pousser le Kremlin à réévaluer son implication dans la guerre et être ouvert à une solution diplomatique.

Cependant, toute escalade comporte des risques. La Russie a déjà averti que des attaques sur son territoire constituent une ligne rouge, ce qui soulève des craintes de représailles. Une riposte russe pourrait viser les chaînes d’approvisionnement occidentales ou les flancs orientaux de l’OTAN. Et si ces missiles, malgré leur potentiel, n’avaient pas l’impact escompté, nous pourrions nous trouver face à un véritable tournant car des précédents montrent déjà les limites de l’escalade progressive. Les chars et avions de chasse envoyés par les Occidentaux à Kiev ont renforcé les capacités ukrainiennes sans pour autant bouleverser les rapports de force sur le terrain. Les missiles ATACMS pourraient subir le même sort : une ligne franchie sans résultats stratégiques significatifs. Pire encore, ces frappes pourraient inciter la Russie à durcir encore davantage sa position, rendant le conflit plus sanglant et prolongé.

Un baroud d’honneur qui peut coûter plus qu’il ne rapporte

Malgré les risques, la décision de Biden pourrait renforcer la position de l’Ukraine dans de futures négociations. Avec le retour de Donald Trump, la paix se profile en 2025, et même Zelensky s’est fait à l’idée. La capacité de Kiev à frapper en territoire russe pourrait forcer Moscou à prendre plus au sérieux d’éventuels pourparlers de paix et être ouvert à certaines demandes occidentales. D’autant plus que Zelensky contrôle toujours la zone de Koursk en territoire russe, une zone qui vaudra très chère pour l’Ukraine dans l’hypothèse de négociations territoriales, tant la Russie ne peut laisser une telle humiliation en l’état. L’administration Biden parie que ces missiles permettront en plus à l’Ukraine de négocier en position de force, plutôt que de faiblesse car selon différents proches de Donald Trump, la négociation de 2025 se fera sur la base des territoires contrôlés à la fin du mois de janvier.

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Pourtant, ce baroud d’honneur pourrait coûter encore plus cher à l’Occident d’un point de vue diplomatique. L’implication croissante de la Corée du Nord aux côtés de la Russie illustre à quel point ce conflit est devenu un théâtre d’affrontements géopolitiques mondiaux. Certains alliés européens craignent que les frappes en territoire russe n’entraînent des représailles susceptibles d’intensifier voire mondialiser le conflit. A ce titre, la décision de Joe Biden, bien que courageuse, pourrait définitivement placer l’Occident en situation de co-belligérance. Or, le récent sommet des BRICS de Kazan a montré que Vladimir Poutine n’était pas aussi isolé que les Occidentaux l’imaginent, même si l’unité derrière lui n’existait pas pour autant. Un tel acte pourrait forcer le Sud Global, opposé à l’Occident et constitué de pays attachés à la préservation de leur intégrité territoriale, à soutenir davantage Vladimir Poutine, à minima d’un point de vue symbolique.

Ainsi, la décision de Joe Biden montre que si la situation est extrêmement complexe, le « en-même temps » et les tergiversations ne fonctionnent pas. Que vaut un soutien militaire accru de l’Amérique au moment où la Russie est plus forte que jamais et lorsque les incertitudes sur la politique étrangère américaine n’ont jamais été aussi importantes ?

Une vague bleue

Monsieur Nostalgie revient sur la victoire du XV de France face aux All blacks, samedi au Stade de France


Quand tout semble éteint, que les faits de société polluent l’actualité, quand le découragement est un sentiment partagé par nombre de Français, il y a toujours un mince espoir qui surgit. À l’improviste. À l’harmonie retrouvée des peuples souverains…

Ensemble, tout devient possible

Un minuscule rai de lumière qui vient éclairer les vieux pays poussés au déni et au ressentiment. Cet éclair agit comme un sursaut national, une vague patriotique qui enfle, une foule familiale, enfin réunie, bien au-delà de l’ovalie, qui ne serait ni haineuse, ni victimaire, un moment de communion nationale où la Marseillaise ne serait pas souillée par des insultes et des cris. Samedi, on chantait ensemble et on vibrait dans un même élan, dans une même direction, pour un même camp. On se sentait passionnément « bleu » ; nous n’avions pas honte de nos drapeaux tricolores qui fouettaient gaiement cette nuit d’automne. Nous étions heureux de voir batailler notre XV face à des Néozélandais qui ne manquèrent ni d’allant, ni de puissance. Que la victoire est belle quand les deux blocs s’estiment et se congratulent au coup de sifflet final.

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Les spectateurs du match de samedi soir au Stade de France ont vécu cet instant où tout est possible, où les défaitistes et les fossoyeurs de notre Histoire sont balayés d’une chistera, où un seul point transforme le sport en une odyssée. Parce que les grands pays ont besoin de raconter leur épopée pour faire perdurer le feu sacré. Samedi soir, cette cohésion du public, à l’unisson de son équipe, a réchauffé bien des cœurs de supporters qui saignent durant toute l’année, devant tant de violence et de haine. Chacun a ressenti, devant son téléviseur ou au pied de la pelouse, l’onde de notre Patrie osciller, sans forfanterie, sans calcul électoral, avec cependant une vigueur nouvelle et une forme de reconnaissance. C’était seulement quelques jours après un 11-Novembre où le souvenir des poilus a, cette fois-ci, touché une large partie de l’opinion comme si les héros de la Première Guerre mondiale n’étaient plus les invisibles des monuments aux morts. Que n’avait-on pourtant pas dit de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du Monde de rugby en 2023, rance, franchouillarde, rétrograde et poujadiste, elle fut conspuée par les tenants de l’ordre moral et médiatique. La tradition et la naïveté festive les dépassent. Ils n’aiment que la discorde et le chaos. Cette victoire d’une courte tête avait la dramaturgie de nos contes d’enfance. Le XV a résisté, il a été secoué, malmené par les virtuoses de l’hémisphère sud et il a trouvé le chemin. Il était fragile, tempétueux et providentiel.

Il court, il court le Biarrey…

Quand tout semble compromis, quand la dérive du monde semble inéluctable, que notre hexagone sombre chaque jour un peu plus, les bleus nous ont donné une leçon de maintien et de panache. Ils ont cru en leur destin à force de pugnacité, de solidarité et de coups d’éclat. La rigueur, voire l’abnégation du collectif, car ce fut serré, va de concert avec la vista de certaines individualités. La réussite tient à cette instable alchimie, le groupe et l’homme devant l’obstacle. Nous nous souviendrons longtemps de la course de Louis Bielle-Biarrey, sprinteur casqué de rouge qui avale le terrain avec ses crampons de sept lieues, il court, il court le Biarrey, poursuivi par des colosses en maillot blanc. Il nous redonne le sourire et nous tire des larmes de bonheur. On cherche souvent dans une France exsangue des raisons d’y croire encore, des figures qui portent la jeunesse et cette flamme intérieure qui ne s’essouffle jamais au vent mauvais. Louis, notre casque d’or, a le profil d’un Astérix ailé. Il ne fut pas le seul à briller, Thomas Ramos et son pied n’ont pas tremblé. Sa sérénité devant les poteaux devrait inspirer nos hommes politiques dans les Assemblées. Bien sûr, ce n’était qu’un match de tournée mais face aux All Blacks, chaque rencontre tient malgré tout lieu de test pour les corps et pour l’esprit ; cette vague bleue avait quelque chose de profondément enthousiasmant.

En temps de crise de régime, nous sommes à l’affût, en demande, de ces rencontres décisives. Avec le XV de France, nous nous sentons enfin vivants, combatifs et reconnaissants pour notre pays.

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Pourquoi il fallait laisser Rima Hassan parler à Sciences-Po

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Interdite de conférence à l’école, Rima Hassan se victimise en dénonçant la « censure des voix qui dénoncent le génocide en cours ».


L’eurodéputée Rima Hassan devait intervenir vendredi, mais le directeur de Sciences-Po a annulé l’événement en invoquant un risque de troubles à l’ordre public.

La décision discutable de Luis Vassy

On le sait, depuis le 7-Octobre, Sciences-Po était accusée de laxisme face aux agitateurs qui se disent propalestiniens mais sont en réalité pro-Hamas. Beaucoup de gens saluent donc la fermeté de Luis Vassy. Ils ont tort.

Sciences-Po Paris occupée en soutien à la Palestine, 26 avril 2024. © HOUPLINE RENARD/SIPA

Je déteste les idées de Rima Hassan et je n’aime guère sa personne, tout entière vouée à sa haine d’Israël. L’eurodéputée LFI est très populaire dans la jeunesse universitaire, donc politiquement dangereuse. Rappelons d’ailleurs qu’elle est poursuivie pour apologie du terrorisme après des déclarations complaisantes sur le 7-Octobre.

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Elle est une des premières propagatrices de l’accusation de génocide qui fait des Israéliens les nouveaux nazis. D’ailleurs, elle vient de dénoncer sur X la « censure des voix qui dénoncent le génocide en cours à Gaza ».

De plus, elle et ses amis politiques se sont fait une spécialité d’empêcher leurs contradicteurs de s’exprimer par la menace voire la pression physique. On se souvient des conférences annulées par le passé de François Hollande ou Alain Finkielkraut, par exemple. Mme Hassan manifestait devant TF1 quand ils ont interviewé Netanyahou, elle a aussi menacé BFMTV plus récemment. Bref, Madame Hassan et ses amis détestent la liberté.

Mais alors, pourquoi la laisser s’exprimer ?

Pour une raison pratique, d’abord. On se souvient qu’à Dauphine, une annulation avait été annulée par le Tribunal administratif. Mme Hassan, qui annonce déposer un référé-liberté, pourrait donc non seulement finalement intervenir mais en plus se draper dans la légitimité judiciaire…

Mais ce n’est pas l’essentiel. L’essentiel, c’est que ce serait une défaite de se comporter comme les Insoumis. Pas de liberté pour les ennemis de la Liberté, dit Saint-Just. Eh bien si, au contraire. Il faut utiliser la liberté comme une arme de destruction massive, les obliger à jouer le jeu de la confrontation loyale, dissoudre leur idéologie par l’argumentation. 

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Sciences-Po ne devrait pas interdire cette intervention, mais imposer les conditions d’un débat à la loyale conforme à sa mission. Argument contre argument, idée contre idée : c’est l’esprit des Lumières.

Nous devrions dire à Mme Hassan : vous pouvez débattre, mais pas faire un meeting. Donc nous exigeons une tribune pluraliste et la garantie que tout étudiant pourra y assister et intervenir. Mettons-la face à M. Bellamy (pour prendre un eurodéputé) et on verra ce qu’il reste de l’aura de Madame Hassan… Du reste, elle se serait dégonflée. Madame Hassan ne parle pas aux sionistes.

Faire taire Rima Hassan ne nous aidera pas. Les inconvénients de la liberté sont infiniment préférables à ceux de la censure. 

Le trophée des trop fats

Le président d’Avocats sans frontières lance un grand concours. Et la compétition s’annonce serrée.


J’organise ce mois-ci un grand concours pour célébrer le membre du Nouveau Front populaire qui se sera le plus distingué pour sa sottise, sa bassesse, son ignorance ou sa turpitude. Ces différents critères n’étant évidemment pas incompatibles entre eux, mais plutôt complémentaires. Le vainqueur recevra la Coupe de l’extrémiste le plus à la Hamas.

La liste des compétiteurs pouvant espérer être élus étant trop nombreuse, il m’a fallu arbitrairement, de manière déchirante et sans doute injuste, retenir seulement dix noms parmi 7 645 préalablement sélectionnés. Que les 7 635 éliminés veuillent bien me pardonner.

Sont donc retenus pour la compétition :

Thibault Ritchy, assistant parlementaire de la députée Insoumise Ersilia Soudais. Pour avoir notamment appelé à la constitution de milices d’ultra-gauche dans le but d’agresser la police française, « cette enfant de Pétain » selon lui. Détail vocal qui justifie notre choix : Ritchy, quand il appelle courageusement à l’insurrection, a très exactement la même voix que Super Résistant dans Papy fait de la Résistance. Nous ne croyons pas aux coïncidences.

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Soudais Ersilia, l’assistée du précédent, poursuivie par Avocats sans frontières pour intelligence avec une organisation classée terroriste, en l’espèce le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). L’intelligence requise pourrait lui faire espérer un non-lieu. Notre motivation supplémentaire pour justifier notre dilection : le recours d’Ersilia à des vêtements clownesques pour renouer avec la tradition du cirque populaire. Le tout agrémenté d’un rire satisfait et ridicule, qui réjouit les petits comme les grands dans leur chaumière.

Kerbrat Andy, député Insoumis. Pour avoir acheté de la drogue à un mineur tout en ayant déclaré vouloir faire la guerre à la drogue. Ses chances sont réelles tant sa tartufferie a un aspect stupéfiant.

Portes Thomas, député Insoumis, porte(s)-parole du Hamas. Pour l’ensemble de son œuvre.

Delogu Sébastien, député Insoumis, chauffeur et garde du corps d’un Monsieur Doriochon, et accessoirement déchiffreur réputé de l’alphabet latin moderne, pour autant qu’on lui en laisse le temps.

Le sieur Caron, député Insoumis. Se protège des moustiques sans user d’insecticides, avec uniquement de l’essence de vétiver. Protecteur de toutes les espèces animales à l’exception notable d’une seule, l’humaine, avec une aversion particulière pour une ethnie ayant le cuir trop dur pour son cœur trop pur.

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Rousseau Sandrine, députée écologiste. Considère que le bras d’honneur est le signe du masculinisme. Surprise néanmoins à faire un bras d’honneur à des messieurs. Végétarienne revendiquée. Surprise néanmoins à dîner en compagnie du même Doriochon, avec entre les dents un morceau de jambon.

Miller Gérard, psychanalyste. Donneur de leçons de morale gratuites. Marchand de sommeil – masseur kinésithérapeute.

Obono Danielle, députée Insoumise, compagne de la résistance antijuive. Décorée par Jeremy Corbyn de l’Ordre de Bouteldja.

Rima Rien. Sans profession. Sans raison. Pour rien. Par pure inclination.

Nos lecteurs disposent d’un mois pour voter. Le nom du gagnant sera annoncé dans la prochaine livraison de Causeur aux abonnés à jour de leur paiement. Le lauréat sélectionné aura, outre la coupe, le droit de partir en vacances à Saint-Déni. L’apéritif lui sera offert par la maison Lévy.

Gustave Le Bon: qu’est-ce qu’une foule?

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À l’heure où les agriculteurs manifestent leur exaspération et où le pouvoir craint que le mouvement contestataire des gilets jaunes ne soit pas complètement mort, il faut relire ce spécialiste de la « psychologie des foules ». Ce penseur (1841-1931) estimait que c’est la foule qui de tout temps est le grand « accélérateur » de l’histoire.


Il y a des livres intemporels, tellement précis et pertinents que nous pouvons les lire un siècle après leur parution en étant convaincus qu’ils ont été écrits hier. C’est le cas de celui-ci, Psychologie des foules, de l’inévitable et pourtant trop peu lu Gustave Le Bon.

De formation scientifique et médicale, passionné par les questions sociales et sociologiques, curieux de comprendre les grands mécanismes des sociétés humaines, Gustave Le Bon est un penseur de la chose publique avec lequel notre époque mériterait de se réconcilier tant sa précision analytique, sa compréhension des phénomènes et la finesse de son esprit de synthèse sont des boussoles qui, aujourd’hui encore, nous aident à comprendre ce qu’il se passe autour de nous et quelles directions prendront inévitablement nos sociétés. Il y a dans Psychologie des foules ce que l’on retrouve dans le reste de son œuvre : à la fois une compréhension limpide du passé et une évaluation précise du futur. Si bien que ce livre, publié en 1895, nous concerne encore et parvient à nous dire, à nous expliquer pourquoi notre société a pris les virages que nous lui connaissons et comment cela modifiera à terme ses ramifications profondes.

L’objet de son observation ici est la foule. Qu’est-ce qu’une foule ? Peut-on lui attribuer un profil psychologique, et ce profil peut-il expliquer à lui seul qu’une foule en mouvement puisse influencer le cours des événements ? Gustave Le Bon refuse de croire que les grands changements sont le fait d’hommes isolés, providentiels ou mystiques. Même dans le cas d’un Napoléon, d’un César, d’un Constantin (ou plus tard d’un Emmanuel Macron), il analyse que rien dans leurs réalisations, pas même leur ascension jusqu’au pouvoir, n’aurait été possible si l’on n’avait pas observé d’abord des changements dans « les idées profondes des peuples » ; ces mêmes peuples qui fournissent ensuite le contingent des foules actives. Les grands décideurs politiques, dans ces conditions, au lieu d’orienter le peuple sont orientés par lui au moins jusqu’à leur accession au pouvoir, puis, une fois au pouvoir, sont contraints de tenir compte de ses humeurs dans la mesure où de ce peuple peut surgir une foule, masse mobile, imprévisible, dont le fonctionnement psychologique est par définition trop mouvant pour être appréhendé, compris et satisfait. Tout le travail du pouvoir politique est donc de ménager les humeurs du peuple, leur donner satisfaction ou feindre habilement de le faire, pour s’assurer qu’il restera toujours dans ses foyers.

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Pour autant, bien qu’ils en soient conscients, les décideurs politiques modernes persistent à vouloir prendre des directions sociales, sociologiques, historiques et morales différentes de celles auxquelles aspirent les peuples. Le clivage devenu insoutenable entre les velléités d’une élite déconnectée et un peuple qui accepte pour l’instant de subir rend inévitable le moment où la foule reprendra son droit légitime à entrer en scène pour faire entendre sa protestation. La crise des gilets jaunes est à ce titre un avant-goût de ce qui attend nos dirigeants, comme celle des agriculteurs en colère, pour ne citer que deux des exemples les plus visibles de ces dernières années. Mais au-delà de ces exemples démonstratifs il y a le travail silencieux, lent, souterrain qui ronge actuellement notre modèle de société, créant les conditions d’un conflit qui dépassera ce que les pouvoirs publics seront en mesure de contenir, et créera une situation finalement assez nouvelle dans l’Histoire où le conflit ne concernera plus seulement une foule dirigée contre l’ordre, mais une multitude de foules toutes dirigées contre lui en plus d’être en grave confrontation entre elles.

Ces prévisions pessimistes ne sortent pas d’une boule de cristal. Gustave Le Bon n’était pas un magicien mais un penseur et c’est à la lumière de l’expérience humaine et historique qu’il a tiré les leçons et délivré aux lecteurs les moyens politiques et intellectuels de comprendre, éventuellement d’anticiper, les événements en question. Lorsque le désordre sera partout installé, personne ne pourra prétendre qu’il ne savait pas, personne ne pourra dire qu’il ne comprend pas car tout ce qui se passe actuellement répond à des schémas historiques déjà plusieurs fois éprouvés par l’expérience. Que les dirigeants les ignorent ne signifient pas que ces schémas mécaniques s’annulent ou qu’ils ont disparu ; c’est au contraire parce qu’ils ont décidé de les ignorer qu’ils ont laissé se mettre en place les conditions du grand effondrement « prédit » par Gustave Le Bon. Pour le moment, ce qui nous préserve de ce grand effondrement réside dans les moyens que les pouvoirs publics ont mis en place pour s’assurer la tranquillité : d’une part ils laissent abrutir les peuples par la multiplication des moyens de la jouissance immédiate (nourriture à volonté, bouquets de chaînes télévisées, lieux de détente divers, accès facilité à toutes sortes de divertissement) et, lorsque les souffrances notamment sociales deviennent trop importantes pour être contenues par « le pain et les jeux de cirque » (Panem et circenses), ce sont les cordons de gendarmes et de CRS qui sont utilisés par le pouvoir pour intimider les peuples et les dissuader de convertir leurs souffrances en révolte. L’ordre actuel, structurellement défaillant et d’ores et déjà condamné à tomber, ne tient plus que par la force des habitudes, par l’illusion de sa force plutôt que par sa force réelle, et par l’intimidation exercée sur la population par les moyens de répression mis en avant pour servir d’avertissements.

Pendant que l’élite, depuis sa citadelle parisienne, s’imagine avoir ainsi pérennisé son ordre, partout ailleurs et dans la citadelle même, la colère gronde et déjà les conditions sont réunies pour que la foule finisse par reprendre son rôle de grand accélérateur de l’Histoire.

165 pages.

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Islamisme, laïcité et désarmement judiciaire

Un homme jugé pour avoir appelé à brûler vif le proviseur du lycée Ravel à Paris vient d’être condamné à un simple stage de citoyenneté !


En février 2024, le proviseur du lycée Maurice Ravel (Paris 20e) Philippe Le Guillou demande à une élève d’enlever son voile, c’est-à-dire de respecter la loi. Refus, altercation, elle rameute les frères, les cousins et l’islamosphère. Après avoir reçu des torrents de boue et de menaces, le proviseur finit par jeter l’éponge et part en retraite par anticipation.

Une justice pas exemplaire

Ibni-Akram A., 27 ans, frère d’une élève de Ravel, tweete alors : «Ma sœur m’a raconté, c’est une dinguerie faut le brûler vif ce chien».  L’individu a été jugé le 2 octobre pour « provocation publique non suivie d’effet à commettre une atteinte volontaire à la vie ». Il écope de 600 euros d’amende et d’un stage de citoyenneté (le Parquet demandait un an de prison avec sursis). En prime, comme il travaille, il évite l’inscription au casier judiciaire !

L’avocat du proviseur dénonce un « jugement stupéfiant qui banalise les discours de haine contre les chefs d’établissement ». Du reste, le Parquet fait appel.

À noter que le 11 septembre, dans la même affaire, l’auteur d’un message similaire avait été condamné en appel à Caen à de simples travaux d’intérêt général. Voilà qui doit faire bien peur !

A lire aussi: Hadrien Clouet: autopsie d’une insanité

Ce jugement intervient alors que huit prévenus comparaissent dans le même temps pour des agissements similaires, mais qui eux ont été suivis d’effet puisque Samuel Paty a été assassiné. Cette coïncidence n’a pas frappé les magistrats. Puisqu’aucun tueur n’a entendu l’appel de Monsieur A, ils n’ont pas voulu l’accabler. Pendant que l’exécutif et quasiment toute la classe politique proclament que plus jamais ça, que nous ne cèderons pas, que toucher à l’École c’est toucher à la République, blablabla, des juges se couchent.

Critiquer les décisions de justice, c’est populiste, non ?

Mais pourquoi les magistrats seraient-ils la seule corporation immunisée contre la critique ? Ils assignent Nicolas Bedos à résidence pendant six mois, mais donnent une tape sur les doigts à l’auteur de menaces de mort. On me dira qu’on ne peut pas condamner aussi lourdement des propos et des actes aussi dérisoires soient-ils. Sauf que des propos de ce genre ont déjà tué. Et puisque Monsieur A. a dit comprendre lors de l’audience la gravité de son acte, il aurait surement compris une peine plus lourde qui aurait servi d’exemple – et peut-être dissuadé les candidats au lynchage dans de prochaines affaires.

Il parait que nous sommes en guerre contre l’islamisme. Et pourtant, il ne cesse d’étendre son emprise mortifère sur la jeunesse musulmane. Dans cette guerre que nous ne menons pas ou si mollement, certains juges, loin de nous protéger, nous désarment. Les islamistes ont dû sabler le jus d’orange hier soir.


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio


Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale de Jean-Jacques Bourdin

SNCF: l’exemplaire ponctualité

Grêve dans les trains à Noël : le président de la SNCF Jean-Pierre Farandou met un coup de pression aux cheminots. Il les invite à «rester du côté des Français».


Ce qu’il y a de remarquable avec la SNCF c’est en effet sa culture de la ponctualité. Les choses y sont réglées avec la rigueur, la précision qui font la réputation de l’horlogerie suisse. Je ne parle pas ici du respect des horaires de départ et d’arrivée des trains, bien évidemment, mais de la régularité calendaire avec laquelle tombent les préavis de grève. À chaque Noël le sien. À chacune des grandes transhumances d’été les leurs. 

La tradition n’a pas toujours du bon

Cette année 2024 n’échappe pas à la tradition. Un préavis de grève illimitée reconductible à partir mercredi 11 décembre est tombé à l’initiative de l’intersyndicale regroupant la CGT cheminots, UNSA ferroviaire, Sud Rail et CFDT Cheminots. Avec un petit tour de chauffe pour le jeudi de cette semaine. Une mise en bouche, en quelque sorte.

En cause, la disparition de Fret SNCF à compter du 1er janvier 2025, l’ouverture à la concurrence, une éventuelle insuffisance d’investissements dans le réseau. On s’en doute, le fait que la période coïncide avec l’ouverture des négociations salariales annuelles obligatoires n’est qu’une regrettable coïncidence. « Notre volonté n’est pas de faire du chantage », assure d’ailleurs Thierry Nier, secrétaire général de la fédération CGT cheminots. Loin de nous une telle pensée, allons donc!

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Devant la perspective de ce nouveau blocage, de ces nouvelles marées humaines à la dérive dans les halls et sur les quais de gare, Jean-Pierre Farandou, le PGG de la SNCF, tente une opération de dissuasion. Dans les colonnes de La Tribune Dimanche, il en appelle « au sens de la responsabilité des cheminots ». « Restez du côté des Français » les exhorte-t-il. Air maintes fois entonné, rarement avec succès. Dans une période aussi compliquée que celle que nous traversons, où les difficultés s’accumulent, ajoute-t-il, « les Français ne comprendraient pas qu’on les empêche de rejoindre leur famille pour les fêtes de fin d’année ». Des usagers qui, par ailleurs, pourraient bien être tentés à la fin de lancer un préavis de patience limitée, quelque chose de ce genre, considérant que cette fois la coupe est pleine. Nous verrons.

Gréviculture

Il en faudra sans doute davantage pour que ces syndicats de gauche renoncent à leur sacro-sainte « gréviculture », pour reprendre l’expression de Marine Le Pen. Il en faudra plus aussi, probablement, que les arguments de raison exposés par Jean-Pierre Farandou. Avec la réforme, imposée par la commission européenne en accord avec le gouvernement français, « l’activité fret serait en bien meilleure forme économique qu’avant, plaide-t-il, puisque nous bénéficierons d’une aide d’État supplémentaire au secteur de 30 millions par an. Étant donné les difficultés budgétaires du pays, c’est un signe fort. Sans compter que la surcotisation pour la retraite des cheminots transférés continuera d’être prise en charge à hauteur de 20 millions annuels par la SNCF ».

De plus, le PDG s’est engagé à « retrouver une place dans le groupe pour les cinq cents disparitions de poste ». Pour quoi y faire au juste ? pourrait s’interroger un esprit taquin.

A lire aussi, du même auteur: Puéril et indécent, le coup de la patate chaude

Enfin, le président Farandou n’omet pas de suggérer qu’à la SNCF il y a souvent une sorte de Noël avant Noël. Il rappelle ainsi que les salaires ont progressé de 17% (21% pour les plus bas) entre 2022 et 2024 pour une inflation à 13%, que la rémunération de base dans l’entreprise est de 10% supérieure au SMIC, que 17100 recrutements ont été effectués en deux ans et que si, depuis six semestres consécutifs, les comptes sont au vert et l’entreprise bénéficiaire, chaque jour de grève coûte quelque 20 millions d’euros. Quand on sait qu’une rame neuve vaut 35 millions, on a vite fait de calculer que tous les deux jours de blocage on rate un train entier. Et même quelques wagons de plus. Du beau boulot, vraiment…

Reprenant la proposition des sénateurs Marseille (centriste) et Tabarot (LR), Éric Ciotti plaide pour un système à l’italienne interdisant les grèves de transports à certaines périodes, Fêtes de fin d’année, grands départs… M. Attal, qui entend sans doute se ménager une bonne place dans le TGV terminus Élysée de 2027, s’est déclaré résolument contre. Il y voit un biais de non-constitutionnalité, le droit de grève étant inscrit dans la Constitution française. Le droit de grève sans aucun doute. Le droit de grève avec prise d’otages, je n’en suis pas absolument convaincu. Car de quoi s’agit-il d’autre, en vérité ? Un jour, il faudra bien que les politiques aient le courage d’appréhender le problème sous cet angle. À mon humble avis, il n’est que temps.

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Intervilles, ses vachettes et la télé d’antan

Antispécisme. L’agaçant Nagui (et ses rires sur commande irritants) va relancer le jeu populaire « Intervilles ». Sans ses vachettes. Le producteur déclare dans Ouest France vouloir apporter de la « modernité à cette grande kermesse avec diversité, parité et respect de tous les êtres ». Plusieurs municipalités annoncent qu’elles vont boycotter le jeu. « J’entends les discours de tradition. Mais que des déclarations comme ça sortent au moment où une loi veut interdire des mineurs dans les spectacles de tauromachie, ce n’est pas un hasard » veut croire la vedette de la télé.


Dax – Mont-de-Marsan. J’ai appris à situer ces deux villes sur une carte de France au fil des saisons d’Intervilles. Leur querelle de clochers était à l’émission télévisée ce que représente un Lyon – Sainté pour les passionnés de ballon rond ou un Biarritz – Bayonne pour les férus d’Ovalie. A l’époque, celle des années 90, je sortais de l’enfance ; nous avions quelques chaînes pour nous distraire ; un soir par semaine, dans la touffeur estivale qu’adoucissaient les glaces à l’eau, nous regardions donc en famille les candidats de deux cités s’affronter, avec au cœur de l’arène une vachette déchaînée.

Nagui est végétarien depuis 2016. Et nous fatigue depuis plus longtemps encore

Après plusieurs interruptions, le programme s’apprête à faire son retour, produit et animé par Nagui – qui fait partie de la catégorie d’animateurs que bon nombre de Français, pour reprendre une expression de ma grand-mère, « sortiraient de leur télé » tant ils ont le don d’agacer. Seulement, l’homme se situe dans le camp du bien et est un grand défenseur de la cause animale : Intervilles se déroulera donc sans ses intrépides protagonistes qui faisaient tantôt chuter, tantôt fuir des gladiateurs plus ou moins téméraires. Elles seront remplacées par une structure « en mousse ». Contactées par la production pour participer en juillet prochain à l’émission, Dax et Mont-de-Marsan ont décliné l’invitation : pour les deux rivales landaises, Intervilles sans vachette, c’est « une kermesse » ou « un jeu télévisé quelconque » et y participer viendrait à cautionner l’idée d’une souffrance infligée à l’animal.

A lire aussi: Blanche Gardin, éclaire-nous de tes lumières sur le conflit israélo-palestinien!

Pour les moins de trente ans, Intervilles, outre ses vachettes, ce furent des épreuves faites de plans inclinés à gravir à la force des bras, de seaux d’eau qui se déversent sur les candidats maladroits, de plongeons sur un tapis savonné et de chutes malencontreuses, le tout accompagné d’un entêtant refrain composé par le groupe Citizen’s. Ce furent aussi et surtout des animateurs jamais oubliés : Guy Lux, Léon Zitrone, Simone Garnier, Fabrice, Jean-Pierre Foucault, Nathalie Simon et Olivier Chiabodo, tous un peu (ou beaucoup) de mauvaise foi.

Une France bon enfant

Surtout, Intervilles nous replonge dans une autre France, celle allant de Charles de Gaulle à Jacques Chirac, des querelles picrocholines qui n’avaient rien à voir avec la guerre qui se dessine aujourd’hui dans les quartiers des villes, celle où le pain n’était pas encore rassis et les jeux encore bon enfant, celle où les cyclistes français gagnaient encore le Tour, celle des petits arrangements en sous-préfecture, celle où tout le monde était finalement heureux malgré les rudesses de la vie.  

Dans cette autre France, la télévision était aussi différente : on y regardait les Jeux de vingt heures avec Maître Capello, L’île aux enfants et Casimir, Bernard Pivot mettant en lumière les écrivains qui avaient encore du talent, Columbo et Derrick ; il n’y avait pas encore d’Arcom pour sanctionner les dérapages et les speakerines annonçaient les programmes. L’offre télévisuelle était réduite à un nombre limité de chaînes et quelques émissions qui auront marqué des générations autant qu’elles ont façonné des souvenirs partagés. Rien que pour cela, rendez-nous Intervilles, ses vachettes et les Dax – Mont-de-Marsan. Avec si possible, à la présentation, des animateurs que l’on souhaiterait ne pas sortir de notre télé.

Hazanavicius: un film d’animation digne de ce nom

Le film d’animation La Plus Précieuse des marchandises, un documentaire insoumis, mais insignifiant, et le grand Ophüls pour couronner le tout : ainsi va en novembre le cinéma dans les salles obscures…


Fable

La Plus Précieuse des marchandises, de Michel Hazanavicius

Sortie le 20 novembre

Michel Hazanavicius prend manifestement un malin plaisir à n’être jamais là où on l’attend. Un jour, il redonne vie à un OSS 117 aussi crétin que réjouissant sous les traits de Jean Dujardin. Un autre, il égratigne avec brio la statue de Godard. Un troisième, il rend hommage au cinéma muet et remporte un Oscar pour cela. Cinéaste cinéphile adepte de détournements d’images et de sons, il nous revient cette fois avec un drôle d’objet cinématographique. On le savait scénariste et réalisateur, on le découvre aujourd’hui dessinateur et capable même de bâtir un splendide film d’animation. Certes, un studio tout entier s’est mobilisé derrière lui pour créer des images à partir de ses dessins mais l’auteur, c’est bien lui et lui seul. Cet étonnement sur la forme vient à l’appui d’une surprise sur le fond du propos. Délaissant la blague, le pas de côté ou l’exercice de style, Hazanavicius adapte un court texte de Jean-Claude Grunberg, La Plus Pécieuse des marchandises, le récit d’un bébé juif sauvé d’une mort certaine par l’épouse d’un « pauvre bûcheron ». Le tout dans un pays indéterminé mais néanmoins situé le long d’une sinistre voie ferrée dont le terminus pourrait s’appeler Auschwitz.

C’est à l’évidence une fable, avec son lot de belles âmes et de noirceur, d’espoir et d’abattement, de rires et de larmes. Le « Il était une fois » traditionnel se pare ici des vertus d’une évocation historique que seuls les esprits faibles trouveront superflue. À l’heure où des chiffres catastrophiques prouvent l’ignorance crasse des collégiens et des lycéens français à l’égard de l’extermination des juifs d’Europe par les nazis, un tel film ne peut qu’être d’utilité publique et de première nécessité. Refusant toute facilité narrative comme tout effet voyeuriste et complaisant, Hazanavicius se montre d’une fidélité totale à l’esprit et à la lettre du texte de Grunberg. Et c’est précisément dans ce récit littéraire que réside l’un des atouts majeurs du film. Loin de faire la malin, le cinéaste a repris pour son scénario des pans entiers d’un texte écrit à la pointe sèche. En le donnant à lire à Jean-Louis Trintignant, il en a renforcé l’incroyable portée crépusculaire. C’est en fait le dernier « travail » de l’acteur devenu presque aveugle et que la mort a fini par emporter en juin 2022. L’enregistrement de la voix off du film est intervenu bien avant l’achèvement de l’objet cinématographique proprement dit. Comme s’il y avait eu bel et bien urgence à confier à l’incroyable phrasé chuchoté de Trintignant la lourde responsabilité d’incarner le conteur. C’est alors une voix d’outre-tombe qui porte les images du film, comme un testament artistique majeur. Les deux autres voix principales (les acteurs Dominique Blanc et Gregory Gadebois) sont parfaitement à la hauteur de cette dimension atteinte par Trintignant.

En choisissant le noir et blanc pour son dessin, Hazanavicius renforce une exigence faite d’intelligence et de sensibilité. Son trait est tout à la fois précis et mouvant, alerte et profond. La neige s’anime comme jamais et chaque arbre d’une forêt-refuge prend des allures humaines. Cette forme animée ne doit rien au hasard. Tout ici ressort d’un projet artistique longuement pensé et mûri. Le temps très long de l’animation, de sa fabrication, de sa finalisation permet évidemment d’atteindre ces objectifs ambitieux. Mais ici, on est encore un cran au-dessus de la moyenne. Idéalement, il faudrait que ce film irradie dans les collèges et les lycées. Mais on frémit à l’idée que les soubresauts de l’histoire immédiate paralysent certains enseignants et les empêchent de montrer La Plus Précieuse des marchandises à leurs classes ignares. Ce serait une nouvelle victoire de l’obscurantisme et de l’impossibilité à penser l’histoire. Resteraient alors les parents, dépositaires d’un devoir de transmission. Et après tout, ce film s’adresse aussi à eux. Voir un film en famille, est-ce trop demander ?


Foutaise

Au boulot !, de Gilles Perret et François Ruffin

Sortie le 6 novembre

La démagogie est la chose la mieux partagée au monde et n’a pas de limites. On arrive rapidement à cette conclusion en découvrant Au boulot !, le nouveau documentaire de Gilles Perret réalisé avec François Ruffin. Le premier aime manifestement filmer les Insoumis, car son précédent film était un portrait complaisant de Mélenchon. En s’alliant cette fois avec le député Ruffin, il fait preuve d’une belle constance idéologique. Les deux auteurs ont décidé de défier l’avocate Sarah Saldmann, habituée des plateaux télé et des formules à l’emporte-pièce. On se croirait sur Canal + tendance historique tant les ficelles sont grosses : il s’agit de mettre la Saldmann bling-bling face à la France d’en bas, des premiers de cordée dont personne ne songe à remettre en cause et l’abnégation et le courage au quotidien. Mais quel est l’intérêt profond d’une telle démarche, sinon de se payer, et pour pas cher, une figure médiatique ? L’avocate n’aurait jamais dû accepter le principe d’un tel « documentaire ». Nul ne l’a forcée et le piège s’est refermé sur elle. Le résultat est une curée assez facile qui se termine sur une plage du Nord par un sommet de complaisance veule.

Le député d’extrème gauche François Ruffin dans son dernier film © Les 400 Clous

Feux d’artifice

Trois films de Max Ophüls en version restaurée

Sortie le 6 novembre

Évidemment, il y a Vigo, Renoir, Grémillon, Pagnol et Guitry, entre autres. Mais au milieu trônent Max Ophüls et ses films qui n’en finissent pas de nous charmer. Trois d’entre eux ressortent sur les écrans et l’on s’en réjouit bigrement. Deux chefs-d’œuvre, Le Plaisir (1952), Madame de… (1953)et une rareté, Sans lendemain (1939). Trois occasions de plonger ou de replonger dans l’univers délicat, magique, tragique et profondément mélancolique du cinéma d’Ophüls. Lui dont Truffaut a dit un jour : « Il était pour quelques-uns d’entre nous le meilleur cinéaste français avec Jean Renoir. » Lui qui a su si bien rendre compte de l’extrême fragilité des sentiments humains. Lui dont le cinéma est comme une ode à l’élégance.

Haro sur Bourdella!

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© Adrien Fillon/ZUMA Press Wire/Sh/SIPA

Exemplarité. La presse en fait des tonnes sur une bévue de Jordan Bardella. Sur BFMTV, lundi, le jeune loup du RN a dit exiger un casier judiciaire vierge pour être candidat de son parti, alors que Marine Le Pen est sous la menace d’une condamnation.


On aurait du mal à dénicher plus fin et plus lucide observateur des mœurs et travers politiques que le cardinal de Retz. On lui doit cette saillie de vive intelligence, fruit d’une longue expérience dans le sérail: « Il sied encore plus mal à un ministre de dire des bêtises que d’en commettre ». Certes, Jordan Bardella n’est pas ministre. Du moins pas encore. Ce qui prouve au moins que proférer des bourdes n’est pas une exclusivité ministérielle, même si la corporation n’en est guère avare. Les exemples abondent. On pourrait en faire des dictionnaires entiers.

Avec des si…

Invité sur BFMTV, le président du Rassemblement national a lâché ce propos : « Ne pas avoir de condamnation à son casier judiciaire est pour moi une (la) règle numéro une lorsqu’on souhaite être parlementaire de la République. » Noble principe, mais fâcheuse franchise dans le contexte actuel. L’intervieweur saisit évidemment la balle au bond. Il n’allait pas laisser passer l’aubaine. « Et si Marine Le Pen est condamnée ? » décoche-t-il avec gourmandise. Aïe ! L’imprudent tente de s’en tirer, jouant sur le « avec des si… », vous voyez. Pas formidablement convaincante, la contre-offensive, on en convient. On se dit que le mal est fait.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Pourquoi il fallait laisser Rima Hassan parler à Sciences-Po

Dans la minute, quasiment toute la presse et la cohorte si nombreuse des opposants de la droite nationale s’emparent de la bévue, en font des gorges chaudes. Et des caisses. C’est le cas du programme de Yann Barthès, Quotidien, qui, dans le temps d’une seule et même émission, diffuse l’extrait à cinq reprises. Pas moins. Quand on a un os à ronger, allons-y gaiement ! Quotidien excelle dans cet exercice. C’est là sa zone de confort. Faire son miel des scories, des maladresses, des faux-pas. Entendons-nous bien ! Seulement quand ceux-là viennent de droite, naturellement. Ceux pondus par la gauche sont le plus souvent absous d’emblée ! Ce qui est, me semble-t-il, fort raisonnable, car ils sont si nombreux qu’on n’en finirait pas et qu’on risquerait l’overdose chaque soir.

Fringale

En fait, la fringale, la voracité de vautours avec laquelle tout ce petit monde est tombé à bras raccourcis sur le président du RN révèle en creux une réalité qui, quant à elle, tournerait plutôt à son avantage et à celui de son parti. En fait, ils n’ont trouvé que cela ! Rien d’autre ! C’est cela l’os à ronger, et ce n’est rien de plus. Depuis les législatives et les onze millions d’électeurs en faveur du RN, ils sont aux aguets et sur les nerfs, traquant la moindre erreur stratégique, la plus ténue faute politique que pourraient commettre ses responsables et leur formation. Sans grand succès, il faut bien le dire. La frénésie avec laquelle ils se sont jetés sur le nonos, l’exploitation en boucle du passage dans Quotidien (pour nous limiter à cette référence médiatique), ne sont que la criante – et de mon point du vue, la jubilatoire – révélation de leur fiasco en la matière. 

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Biden ou la géopolitique du «en même temps»

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Le président Zelensky sur la ligne de front, Kramatorsk, 18 novembre 2024 © Ukraine Presidency/Ukrainian Pre/SIPA

Le président américain a autorisé l’Ukraine à tirer des missiles américains ATACMS contre la Russie. Analyse.


Alors que Joe Biden sait désormais que la politique de son successeur sera radicalement différente de la sienne sur le dossier ukrainien, sa décision d’autoriser l’Ukraine à utiliser des missiles longue portée ATACMS fournis par les États-Unis pour frapper des cibles en Russie interroge. Ce véritable tournant dans la stratégie américaine en Ukraine n’est-il finalement qu’un baroud d’honneur visant à sauver ce qu’il reste en Ukraine avant d’hypothétiques négociations défavorables au président Zelensky ?

Une rupture majeure

Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’aide militaire américaine s’est progressivement intensifiée. Alors qu’au début du conflit, Washington livrait surtout des équipements défensifs et effectuait du renseignement, son appui militaire est monté en puissance avec des systèmes d’artillerie avancés, chars modernes, et, plus récemment, avions de chasse. Chaque étape a repoussé les limites d’un soutien initialement mesuré. Avec l’autorisation de frapper le territoire russe avec des missiles ATACMS, une ligne symbolique vient d’être franchie : frapper la Russie à des fins offensives, car jusqu’à présent, l’Ukraine ne pouvait frapper le territoire russe que pour défendre Kharkiv menacé d’invasion.

A lire aussi: La faiblesse d’Antonio Guterres

Le choix de ce moment précis n’est pas anodin. Sur le terrain, l’Ukraine est sous pression. Depuis les premières semaines du conflit, la Russie n’a jamais autant avancé qu’en octobre dernier : 478 km2 selon l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW). Les avancées russes dans les régions de Donetsk et dans une moindre mesure de Koursk capitalisent sur les nouvelles recrues russes ainsi que la présence de troupes nord-coréennes. Car la donne a changé avec l’élection de Donald Trump et l’ouverture d’un scénario d’accord de paix territorial au début 2025. Pour la Russie, il s’agit de pousser son avantage au maximum avant la fin janvier. Pour les Etats-Unis, Joe Biden saisit l’opportunité de marquer de son empreinte ce conflit. Cette décision est autant une question d’héritage que de stratégie militaire. Biden, conscient que son mandat pourrait être jugé sur la gestion de ce conflit, cherche à se poser en défenseur de la démocratie face à l’autoritarisme.

Impact concret pour l’Ukraine ou baroud d’honneur ?

L’autorisation de frapper le territoire russe avec des missiles longue portée ouvre de nouvelles perspectives pour l’Ukraine. Désormais, Kiev peut frapper des centres de commandement russes, des lignes d’approvisionnement et des infrastructures critiques loin des lignes de front. À court terme, ces frappes pourraient ralentir les offensives russes et offrir un répit aux forces ukrainiennes. À moyen terme, elles pourraient perturber la logistique russe, forçant Moscou à revoir sa stratégie. À long terme, une pression soutenue pourrait même pousser le Kremlin à réévaluer son implication dans la guerre et être ouvert à une solution diplomatique.

Cependant, toute escalade comporte des risques. La Russie a déjà averti que des attaques sur son territoire constituent une ligne rouge, ce qui soulève des craintes de représailles. Une riposte russe pourrait viser les chaînes d’approvisionnement occidentales ou les flancs orientaux de l’OTAN. Et si ces missiles, malgré leur potentiel, n’avaient pas l’impact escompté, nous pourrions nous trouver face à un véritable tournant car des précédents montrent déjà les limites de l’escalade progressive. Les chars et avions de chasse envoyés par les Occidentaux à Kiev ont renforcé les capacités ukrainiennes sans pour autant bouleverser les rapports de force sur le terrain. Les missiles ATACMS pourraient subir le même sort : une ligne franchie sans résultats stratégiques significatifs. Pire encore, ces frappes pourraient inciter la Russie à durcir encore davantage sa position, rendant le conflit plus sanglant et prolongé.

Un baroud d’honneur qui peut coûter plus qu’il ne rapporte

Malgré les risques, la décision de Biden pourrait renforcer la position de l’Ukraine dans de futures négociations. Avec le retour de Donald Trump, la paix se profile en 2025, et même Zelensky s’est fait à l’idée. La capacité de Kiev à frapper en territoire russe pourrait forcer Moscou à prendre plus au sérieux d’éventuels pourparlers de paix et être ouvert à certaines demandes occidentales. D’autant plus que Zelensky contrôle toujours la zone de Koursk en territoire russe, une zone qui vaudra très chère pour l’Ukraine dans l’hypothèse de négociations territoriales, tant la Russie ne peut laisser une telle humiliation en l’état. L’administration Biden parie que ces missiles permettront en plus à l’Ukraine de négocier en position de force, plutôt que de faiblesse car selon différents proches de Donald Trump, la négociation de 2025 se fera sur la base des territoires contrôlés à la fin du mois de janvier.

A lire ensuite: Diplomatie française: quai des brumes

Pourtant, ce baroud d’honneur pourrait coûter encore plus cher à l’Occident d’un point de vue diplomatique. L’implication croissante de la Corée du Nord aux côtés de la Russie illustre à quel point ce conflit est devenu un théâtre d’affrontements géopolitiques mondiaux. Certains alliés européens craignent que les frappes en territoire russe n’entraînent des représailles susceptibles d’intensifier voire mondialiser le conflit. A ce titre, la décision de Joe Biden, bien que courageuse, pourrait définitivement placer l’Occident en situation de co-belligérance. Or, le récent sommet des BRICS de Kazan a montré que Vladimir Poutine n’était pas aussi isolé que les Occidentaux l’imaginent, même si l’unité derrière lui n’existait pas pour autant. Un tel acte pourrait forcer le Sud Global, opposé à l’Occident et constitué de pays attachés à la préservation de leur intégrité territoriale, à soutenir davantage Vladimir Poutine, à minima d’un point de vue symbolique.

Ainsi, la décision de Joe Biden montre que si la situation est extrêmement complexe, le « en-même temps » et les tergiversations ne fonctionnent pas. Que vaut un soutien militaire accru de l’Amérique au moment où la Russie est plus forte que jamais et lorsque les incertitudes sur la politique étrangère américaine n’ont jamais été aussi importantes ?

Une vague bleue

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France-Nouvelle Zélande, Stade de France, Saint-Denis, 16 novembre 2024 © Michel Euler/AP/SIPA

Monsieur Nostalgie revient sur la victoire du XV de France face aux All blacks, samedi au Stade de France


Quand tout semble éteint, que les faits de société polluent l’actualité, quand le découragement est un sentiment partagé par nombre de Français, il y a toujours un mince espoir qui surgit. À l’improviste. À l’harmonie retrouvée des peuples souverains…

Ensemble, tout devient possible

Un minuscule rai de lumière qui vient éclairer les vieux pays poussés au déni et au ressentiment. Cet éclair agit comme un sursaut national, une vague patriotique qui enfle, une foule familiale, enfin réunie, bien au-delà de l’ovalie, qui ne serait ni haineuse, ni victimaire, un moment de communion nationale où la Marseillaise ne serait pas souillée par des insultes et des cris. Samedi, on chantait ensemble et on vibrait dans un même élan, dans une même direction, pour un même camp. On se sentait passionnément « bleu » ; nous n’avions pas honte de nos drapeaux tricolores qui fouettaient gaiement cette nuit d’automne. Nous étions heureux de voir batailler notre XV face à des Néozélandais qui ne manquèrent ni d’allant, ni de puissance. Que la victoire est belle quand les deux blocs s’estiment et se congratulent au coup de sifflet final.

A lire aussi, Thomas Morales: «Je place la chronique au même rang littéraire que le roman!»

Les spectateurs du match de samedi soir au Stade de France ont vécu cet instant où tout est possible, où les défaitistes et les fossoyeurs de notre Histoire sont balayés d’une chistera, où un seul point transforme le sport en une odyssée. Parce que les grands pays ont besoin de raconter leur épopée pour faire perdurer le feu sacré. Samedi soir, cette cohésion du public, à l’unisson de son équipe, a réchauffé bien des cœurs de supporters qui saignent durant toute l’année, devant tant de violence et de haine. Chacun a ressenti, devant son téléviseur ou au pied de la pelouse, l’onde de notre Patrie osciller, sans forfanterie, sans calcul électoral, avec cependant une vigueur nouvelle et une forme de reconnaissance. C’était seulement quelques jours après un 11-Novembre où le souvenir des poilus a, cette fois-ci, touché une large partie de l’opinion comme si les héros de la Première Guerre mondiale n’étaient plus les invisibles des monuments aux morts. Que n’avait-on pourtant pas dit de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du Monde de rugby en 2023, rance, franchouillarde, rétrograde et poujadiste, elle fut conspuée par les tenants de l’ordre moral et médiatique. La tradition et la naïveté festive les dépassent. Ils n’aiment que la discorde et le chaos. Cette victoire d’une courte tête avait la dramaturgie de nos contes d’enfance. Le XV a résisté, il a été secoué, malmené par les virtuoses de l’hémisphère sud et il a trouvé le chemin. Il était fragile, tempétueux et providentiel.

Il court, il court le Biarrey…

Quand tout semble compromis, quand la dérive du monde semble inéluctable, que notre hexagone sombre chaque jour un peu plus, les bleus nous ont donné une leçon de maintien et de panache. Ils ont cru en leur destin à force de pugnacité, de solidarité et de coups d’éclat. La rigueur, voire l’abnégation du collectif, car ce fut serré, va de concert avec la vista de certaines individualités. La réussite tient à cette instable alchimie, le groupe et l’homme devant l’obstacle. Nous nous souviendrons longtemps de la course de Louis Bielle-Biarrey, sprinteur casqué de rouge qui avale le terrain avec ses crampons de sept lieues, il court, il court le Biarrey, poursuivi par des colosses en maillot blanc. Il nous redonne le sourire et nous tire des larmes de bonheur. On cherche souvent dans une France exsangue des raisons d’y croire encore, des figures qui portent la jeunesse et cette flamme intérieure qui ne s’essouffle jamais au vent mauvais. Louis, notre casque d’or, a le profil d’un Astérix ailé. Il ne fut pas le seul à briller, Thomas Ramos et son pied n’ont pas tremblé. Sa sérénité devant les poteaux devrait inspirer nos hommes politiques dans les Assemblées. Bien sûr, ce n’était qu’un match de tournée mais face aux All Blacks, chaque rencontre tient malgré tout lieu de test pour les corps et pour l’esprit ; cette vague bleue avait quelque chose de profondément enthousiasmant.

En temps de crise de régime, nous sommes à l’affût, en demande, de ces rencontres décisives. Avec le XV de France, nous nous sentons enfin vivants, combatifs et reconnaissants pour notre pays.

Tendre est la province

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Pourquoi il fallait laisser Rima Hassan parler à Sciences-Po

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© ISA HARSIN/SIPA

Interdite de conférence à l’école, Rima Hassan se victimise en dénonçant la « censure des voix qui dénoncent le génocide en cours ».


L’eurodéputée Rima Hassan devait intervenir vendredi, mais le directeur de Sciences-Po a annulé l’événement en invoquant un risque de troubles à l’ordre public.

La décision discutable de Luis Vassy

On le sait, depuis le 7-Octobre, Sciences-Po était accusée de laxisme face aux agitateurs qui se disent propalestiniens mais sont en réalité pro-Hamas. Beaucoup de gens saluent donc la fermeté de Luis Vassy. Ils ont tort.

Sciences-Po Paris occupée en soutien à la Palestine, 26 avril 2024. © HOUPLINE RENARD/SIPA

Je déteste les idées de Rima Hassan et je n’aime guère sa personne, tout entière vouée à sa haine d’Israël. L’eurodéputée LFI est très populaire dans la jeunesse universitaire, donc politiquement dangereuse. Rappelons d’ailleurs qu’elle est poursuivie pour apologie du terrorisme après des déclarations complaisantes sur le 7-Octobre.

A lire aussi: Maccabi-Ajax: à Amsterdam, on refait le match

Elle est une des premières propagatrices de l’accusation de génocide qui fait des Israéliens les nouveaux nazis. D’ailleurs, elle vient de dénoncer sur X la « censure des voix qui dénoncent le génocide en cours à Gaza ».

De plus, elle et ses amis politiques se sont fait une spécialité d’empêcher leurs contradicteurs de s’exprimer par la menace voire la pression physique. On se souvient des conférences annulées par le passé de François Hollande ou Alain Finkielkraut, par exemple. Mme Hassan manifestait devant TF1 quand ils ont interviewé Netanyahou, elle a aussi menacé BFMTV plus récemment. Bref, Madame Hassan et ses amis détestent la liberté.

Mais alors, pourquoi la laisser s’exprimer ?

Pour une raison pratique, d’abord. On se souvient qu’à Dauphine, une annulation avait été annulée par le Tribunal administratif. Mme Hassan, qui annonce déposer un référé-liberté, pourrait donc non seulement finalement intervenir mais en plus se draper dans la légitimité judiciaire…

Mais ce n’est pas l’essentiel. L’essentiel, c’est que ce serait une défaite de se comporter comme les Insoumis. Pas de liberté pour les ennemis de la Liberté, dit Saint-Just. Eh bien si, au contraire. Il faut utiliser la liberté comme une arme de destruction massive, les obliger à jouer le jeu de la confrontation loyale, dissoudre leur idéologie par l’argumentation. 

A lire aussi: La faiblesse d’Antonio Guterres

Sciences-Po ne devrait pas interdire cette intervention, mais imposer les conditions d’un débat à la loyale conforme à sa mission. Argument contre argument, idée contre idée : c’est l’esprit des Lumières.

Nous devrions dire à Mme Hassan : vous pouvez débattre, mais pas faire un meeting. Donc nous exigeons une tribune pluraliste et la garantie que tout étudiant pourra y assister et intervenir. Mettons-la face à M. Bellamy (pour prendre un eurodéputé) et on verra ce qu’il reste de l’aura de Madame Hassan… Du reste, elle se serait dégonflée. Madame Hassan ne parle pas aux sionistes.

Faire taire Rima Hassan ne nous aidera pas. Les inconvénients de la liberté sont infiniment préférables à ceux de la censure. 

Le trophée des trop fats

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Gilles-William Goldnadel © Hannah Assouline

Le président d’Avocats sans frontières lance un grand concours. Et la compétition s’annonce serrée.


J’organise ce mois-ci un grand concours pour célébrer le membre du Nouveau Front populaire qui se sera le plus distingué pour sa sottise, sa bassesse, son ignorance ou sa turpitude. Ces différents critères n’étant évidemment pas incompatibles entre eux, mais plutôt complémentaires. Le vainqueur recevra la Coupe de l’extrémiste le plus à la Hamas.

La liste des compétiteurs pouvant espérer être élus étant trop nombreuse, il m’a fallu arbitrairement, de manière déchirante et sans doute injuste, retenir seulement dix noms parmi 7 645 préalablement sélectionnés. Que les 7 635 éliminés veuillent bien me pardonner.

Sont donc retenus pour la compétition :

Thibault Ritchy, assistant parlementaire de la députée Insoumise Ersilia Soudais. Pour avoir notamment appelé à la constitution de milices d’ultra-gauche dans le but d’agresser la police française, « cette enfant de Pétain » selon lui. Détail vocal qui justifie notre choix : Ritchy, quand il appelle courageusement à l’insurrection, a très exactement la même voix que Super Résistant dans Papy fait de la Résistance. Nous ne croyons pas aux coïncidences.

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Soudais Ersilia, l’assistée du précédent, poursuivie par Avocats sans frontières pour intelligence avec une organisation classée terroriste, en l’espèce le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). L’intelligence requise pourrait lui faire espérer un non-lieu. Notre motivation supplémentaire pour justifier notre dilection : le recours d’Ersilia à des vêtements clownesques pour renouer avec la tradition du cirque populaire. Le tout agrémenté d’un rire satisfait et ridicule, qui réjouit les petits comme les grands dans leur chaumière.

Kerbrat Andy, député Insoumis. Pour avoir acheté de la drogue à un mineur tout en ayant déclaré vouloir faire la guerre à la drogue. Ses chances sont réelles tant sa tartufferie a un aspect stupéfiant.

Portes Thomas, député Insoumis, porte(s)-parole du Hamas. Pour l’ensemble de son œuvre.

Delogu Sébastien, député Insoumis, chauffeur et garde du corps d’un Monsieur Doriochon, et accessoirement déchiffreur réputé de l’alphabet latin moderne, pour autant qu’on lui en laisse le temps.

Le sieur Caron, député Insoumis. Se protège des moustiques sans user d’insecticides, avec uniquement de l’essence de vétiver. Protecteur de toutes les espèces animales à l’exception notable d’une seule, l’humaine, avec une aversion particulière pour une ethnie ayant le cuir trop dur pour son cœur trop pur.

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Rousseau Sandrine, députée écologiste. Considère que le bras d’honneur est le signe du masculinisme. Surprise néanmoins à faire un bras d’honneur à des messieurs. Végétarienne revendiquée. Surprise néanmoins à dîner en compagnie du même Doriochon, avec entre les dents un morceau de jambon.

Miller Gérard, psychanalyste. Donneur de leçons de morale gratuites. Marchand de sommeil – masseur kinésithérapeute.

Obono Danielle, députée Insoumise, compagne de la résistance antijuive. Décorée par Jeremy Corbyn de l’Ordre de Bouteldja.

Rima Rien. Sans profession. Sans raison. Pour rien. Par pure inclination.

Nos lecteurs disposent d’un mois pour voter. Le nom du gagnant sera annoncé dans la prochaine livraison de Causeur aux abonnés à jour de leur paiement. Le lauréat sélectionné aura, outre la coupe, le droit de partir en vacances à Saint-Déni. L’apéritif lui sera offert par la maison Lévy.

Gustave Le Bon: qu’est-ce qu’une foule?

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Gustave Le Bon. DR.

À l’heure où les agriculteurs manifestent leur exaspération et où le pouvoir craint que le mouvement contestataire des gilets jaunes ne soit pas complètement mort, il faut relire ce spécialiste de la « psychologie des foules ». Ce penseur (1841-1931) estimait que c’est la foule qui de tout temps est le grand « accélérateur » de l’histoire.


Il y a des livres intemporels, tellement précis et pertinents que nous pouvons les lire un siècle après leur parution en étant convaincus qu’ils ont été écrits hier. C’est le cas de celui-ci, Psychologie des foules, de l’inévitable et pourtant trop peu lu Gustave Le Bon.

De formation scientifique et médicale, passionné par les questions sociales et sociologiques, curieux de comprendre les grands mécanismes des sociétés humaines, Gustave Le Bon est un penseur de la chose publique avec lequel notre époque mériterait de se réconcilier tant sa précision analytique, sa compréhension des phénomènes et la finesse de son esprit de synthèse sont des boussoles qui, aujourd’hui encore, nous aident à comprendre ce qu’il se passe autour de nous et quelles directions prendront inévitablement nos sociétés. Il y a dans Psychologie des foules ce que l’on retrouve dans le reste de son œuvre : à la fois une compréhension limpide du passé et une évaluation précise du futur. Si bien que ce livre, publié en 1895, nous concerne encore et parvient à nous dire, à nous expliquer pourquoi notre société a pris les virages que nous lui connaissons et comment cela modifiera à terme ses ramifications profondes.

L’objet de son observation ici est la foule. Qu’est-ce qu’une foule ? Peut-on lui attribuer un profil psychologique, et ce profil peut-il expliquer à lui seul qu’une foule en mouvement puisse influencer le cours des événements ? Gustave Le Bon refuse de croire que les grands changements sont le fait d’hommes isolés, providentiels ou mystiques. Même dans le cas d’un Napoléon, d’un César, d’un Constantin (ou plus tard d’un Emmanuel Macron), il analyse que rien dans leurs réalisations, pas même leur ascension jusqu’au pouvoir, n’aurait été possible si l’on n’avait pas observé d’abord des changements dans « les idées profondes des peuples » ; ces mêmes peuples qui fournissent ensuite le contingent des foules actives. Les grands décideurs politiques, dans ces conditions, au lieu d’orienter le peuple sont orientés par lui au moins jusqu’à leur accession au pouvoir, puis, une fois au pouvoir, sont contraints de tenir compte de ses humeurs dans la mesure où de ce peuple peut surgir une foule, masse mobile, imprévisible, dont le fonctionnement psychologique est par définition trop mouvant pour être appréhendé, compris et satisfait. Tout le travail du pouvoir politique est donc de ménager les humeurs du peuple, leur donner satisfaction ou feindre habilement de le faire, pour s’assurer qu’il restera toujours dans ses foyers.

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Pour autant, bien qu’ils en soient conscients, les décideurs politiques modernes persistent à vouloir prendre des directions sociales, sociologiques, historiques et morales différentes de celles auxquelles aspirent les peuples. Le clivage devenu insoutenable entre les velléités d’une élite déconnectée et un peuple qui accepte pour l’instant de subir rend inévitable le moment où la foule reprendra son droit légitime à entrer en scène pour faire entendre sa protestation. La crise des gilets jaunes est à ce titre un avant-goût de ce qui attend nos dirigeants, comme celle des agriculteurs en colère, pour ne citer que deux des exemples les plus visibles de ces dernières années. Mais au-delà de ces exemples démonstratifs il y a le travail silencieux, lent, souterrain qui ronge actuellement notre modèle de société, créant les conditions d’un conflit qui dépassera ce que les pouvoirs publics seront en mesure de contenir, et créera une situation finalement assez nouvelle dans l’Histoire où le conflit ne concernera plus seulement une foule dirigée contre l’ordre, mais une multitude de foules toutes dirigées contre lui en plus d’être en grave confrontation entre elles.

Ces prévisions pessimistes ne sortent pas d’une boule de cristal. Gustave Le Bon n’était pas un magicien mais un penseur et c’est à la lumière de l’expérience humaine et historique qu’il a tiré les leçons et délivré aux lecteurs les moyens politiques et intellectuels de comprendre, éventuellement d’anticiper, les événements en question. Lorsque le désordre sera partout installé, personne ne pourra prétendre qu’il ne savait pas, personne ne pourra dire qu’il ne comprend pas car tout ce qui se passe actuellement répond à des schémas historiques déjà plusieurs fois éprouvés par l’expérience. Que les dirigeants les ignorent ne signifient pas que ces schémas mécaniques s’annulent ou qu’ils ont disparu ; c’est au contraire parce qu’ils ont décidé de les ignorer qu’ils ont laissé se mettre en place les conditions du grand effondrement « prédit » par Gustave Le Bon. Pour le moment, ce qui nous préserve de ce grand effondrement réside dans les moyens que les pouvoirs publics ont mis en place pour s’assurer la tranquillité : d’une part ils laissent abrutir les peuples par la multiplication des moyens de la jouissance immédiate (nourriture à volonté, bouquets de chaînes télévisées, lieux de détente divers, accès facilité à toutes sortes de divertissement) et, lorsque les souffrances notamment sociales deviennent trop importantes pour être contenues par « le pain et les jeux de cirque » (Panem et circenses), ce sont les cordons de gendarmes et de CRS qui sont utilisés par le pouvoir pour intimider les peuples et les dissuader de convertir leurs souffrances en révolte. L’ordre actuel, structurellement défaillant et d’ores et déjà condamné à tomber, ne tient plus que par la force des habitudes, par l’illusion de sa force plutôt que par sa force réelle, et par l’intimidation exercée sur la population par les moyens de répression mis en avant pour servir d’avertissements.

Pendant que l’élite, depuis sa citadelle parisienne, s’imagine avoir ainsi pérennisé son ordre, partout ailleurs et dans la citadelle même, la colère gronde et déjà les conditions sont réunies pour que la foule finisse par reprendre son rôle de grand accélérateur de l’Histoire.

165 pages.

Psychologie des foules

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Islamisme, laïcité et désarmement judiciaire

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Le chef de l'établissement parisien Maurice Ravel a annoncé quitter ses fonctions par sécurité pour lui et pour le lycée, l'État va porter plainte contre l'éleve pour dénonciation calomnieuse... 28 / 03 / 2024 © lionel urman/SIPA

Un homme jugé pour avoir appelé à brûler vif le proviseur du lycée Ravel à Paris vient d’être condamné à un simple stage de citoyenneté !


En février 2024, le proviseur du lycée Maurice Ravel (Paris 20e) Philippe Le Guillou demande à une élève d’enlever son voile, c’est-à-dire de respecter la loi. Refus, altercation, elle rameute les frères, les cousins et l’islamosphère. Après avoir reçu des torrents de boue et de menaces, le proviseur finit par jeter l’éponge et part en retraite par anticipation.

Une justice pas exemplaire

Ibni-Akram A., 27 ans, frère d’une élève de Ravel, tweete alors : «Ma sœur m’a raconté, c’est une dinguerie faut le brûler vif ce chien».  L’individu a été jugé le 2 octobre pour « provocation publique non suivie d’effet à commettre une atteinte volontaire à la vie ». Il écope de 600 euros d’amende et d’un stage de citoyenneté (le Parquet demandait un an de prison avec sursis). En prime, comme il travaille, il évite l’inscription au casier judiciaire !

L’avocat du proviseur dénonce un « jugement stupéfiant qui banalise les discours de haine contre les chefs d’établissement ». Du reste, le Parquet fait appel.

À noter que le 11 septembre, dans la même affaire, l’auteur d’un message similaire avait été condamné en appel à Caen à de simples travaux d’intérêt général. Voilà qui doit faire bien peur !

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Ce jugement intervient alors que huit prévenus comparaissent dans le même temps pour des agissements similaires, mais qui eux ont été suivis d’effet puisque Samuel Paty a été assassiné. Cette coïncidence n’a pas frappé les magistrats. Puisqu’aucun tueur n’a entendu l’appel de Monsieur A, ils n’ont pas voulu l’accabler. Pendant que l’exécutif et quasiment toute la classe politique proclament que plus jamais ça, que nous ne cèderons pas, que toucher à l’École c’est toucher à la République, blablabla, des juges se couchent.

Critiquer les décisions de justice, c’est populiste, non ?

Mais pourquoi les magistrats seraient-ils la seule corporation immunisée contre la critique ? Ils assignent Nicolas Bedos à résidence pendant six mois, mais donnent une tape sur les doigts à l’auteur de menaces de mort. On me dira qu’on ne peut pas condamner aussi lourdement des propos et des actes aussi dérisoires soient-ils. Sauf que des propos de ce genre ont déjà tué. Et puisque Monsieur A. a dit comprendre lors de l’audience la gravité de son acte, il aurait surement compris une peine plus lourde qui aurait servi d’exemple – et peut-être dissuadé les candidats au lynchage dans de prochaines affaires.

Il parait que nous sommes en guerre contre l’islamisme. Et pourtant, il ne cesse d’étendre son emprise mortifère sur la jeunesse musulmane. Dans cette guerre que nous ne menons pas ou si mollement, certains juges, loin de nous protéger, nous désarment. Les islamistes ont dû sabler le jus d’orange hier soir.


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio


Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale de Jean-Jacques Bourdin

SNCF: l’exemplaire ponctualité

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Manifestation des syndicats Sud, CGT, CFDT cheminots pour demander un moratoire sur la liquidation de Fret SNCF, Paris, 28 mai 2024 © ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

Grêve dans les trains à Noël : le président de la SNCF Jean-Pierre Farandou met un coup de pression aux cheminots. Il les invite à «rester du côté des Français».


Ce qu’il y a de remarquable avec la SNCF c’est en effet sa culture de la ponctualité. Les choses y sont réglées avec la rigueur, la précision qui font la réputation de l’horlogerie suisse. Je ne parle pas ici du respect des horaires de départ et d’arrivée des trains, bien évidemment, mais de la régularité calendaire avec laquelle tombent les préavis de grève. À chaque Noël le sien. À chacune des grandes transhumances d’été les leurs. 

La tradition n’a pas toujours du bon

Cette année 2024 n’échappe pas à la tradition. Un préavis de grève illimitée reconductible à partir mercredi 11 décembre est tombé à l’initiative de l’intersyndicale regroupant la CGT cheminots, UNSA ferroviaire, Sud Rail et CFDT Cheminots. Avec un petit tour de chauffe pour le jeudi de cette semaine. Une mise en bouche, en quelque sorte.

En cause, la disparition de Fret SNCF à compter du 1er janvier 2025, l’ouverture à la concurrence, une éventuelle insuffisance d’investissements dans le réseau. On s’en doute, le fait que la période coïncide avec l’ouverture des négociations salariales annuelles obligatoires n’est qu’une regrettable coïncidence. « Notre volonté n’est pas de faire du chantage », assure d’ailleurs Thierry Nier, secrétaire général de la fédération CGT cheminots. Loin de nous une telle pensée, allons donc!

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Devant la perspective de ce nouveau blocage, de ces nouvelles marées humaines à la dérive dans les halls et sur les quais de gare, Jean-Pierre Farandou, le PGG de la SNCF, tente une opération de dissuasion. Dans les colonnes de La Tribune Dimanche, il en appelle « au sens de la responsabilité des cheminots ». « Restez du côté des Français » les exhorte-t-il. Air maintes fois entonné, rarement avec succès. Dans une période aussi compliquée que celle que nous traversons, où les difficultés s’accumulent, ajoute-t-il, « les Français ne comprendraient pas qu’on les empêche de rejoindre leur famille pour les fêtes de fin d’année ». Des usagers qui, par ailleurs, pourraient bien être tentés à la fin de lancer un préavis de patience limitée, quelque chose de ce genre, considérant que cette fois la coupe est pleine. Nous verrons.

Gréviculture

Il en faudra sans doute davantage pour que ces syndicats de gauche renoncent à leur sacro-sainte « gréviculture », pour reprendre l’expression de Marine Le Pen. Il en faudra plus aussi, probablement, que les arguments de raison exposés par Jean-Pierre Farandou. Avec la réforme, imposée par la commission européenne en accord avec le gouvernement français, « l’activité fret serait en bien meilleure forme économique qu’avant, plaide-t-il, puisque nous bénéficierons d’une aide d’État supplémentaire au secteur de 30 millions par an. Étant donné les difficultés budgétaires du pays, c’est un signe fort. Sans compter que la surcotisation pour la retraite des cheminots transférés continuera d’être prise en charge à hauteur de 20 millions annuels par la SNCF ».

De plus, le PDG s’est engagé à « retrouver une place dans le groupe pour les cinq cents disparitions de poste ». Pour quoi y faire au juste ? pourrait s’interroger un esprit taquin.

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Enfin, le président Farandou n’omet pas de suggérer qu’à la SNCF il y a souvent une sorte de Noël avant Noël. Il rappelle ainsi que les salaires ont progressé de 17% (21% pour les plus bas) entre 2022 et 2024 pour une inflation à 13%, que la rémunération de base dans l’entreprise est de 10% supérieure au SMIC, que 17100 recrutements ont été effectués en deux ans et que si, depuis six semestres consécutifs, les comptes sont au vert et l’entreprise bénéficiaire, chaque jour de grève coûte quelque 20 millions d’euros. Quand on sait qu’une rame neuve vaut 35 millions, on a vite fait de calculer que tous les deux jours de blocage on rate un train entier. Et même quelques wagons de plus. Du beau boulot, vraiment…

Reprenant la proposition des sénateurs Marseille (centriste) et Tabarot (LR), Éric Ciotti plaide pour un système à l’italienne interdisant les grèves de transports à certaines périodes, Fêtes de fin d’année, grands départs… M. Attal, qui entend sans doute se ménager une bonne place dans le TGV terminus Élysée de 2027, s’est déclaré résolument contre. Il y voit un biais de non-constitutionnalité, le droit de grève étant inscrit dans la Constitution française. Le droit de grève sans aucun doute. Le droit de grève avec prise d’otages, je n’en suis pas absolument convaincu. Car de quoi s’agit-il d’autre, en vérité ? Un jour, il faudra bien que les politiques aient le courage d’appréhender le problème sous cet angle. À mon humble avis, il n’est que temps.

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Intervilles, ses vachettes et la télé d’antan

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L'animateur télé Nagui © Lionel GUERICOLAS /MPP/SIPA

Antispécisme. L’agaçant Nagui (et ses rires sur commande irritants) va relancer le jeu populaire « Intervilles ». Sans ses vachettes. Le producteur déclare dans Ouest France vouloir apporter de la « modernité à cette grande kermesse avec diversité, parité et respect de tous les êtres ». Plusieurs municipalités annoncent qu’elles vont boycotter le jeu. « J’entends les discours de tradition. Mais que des déclarations comme ça sortent au moment où une loi veut interdire des mineurs dans les spectacles de tauromachie, ce n’est pas un hasard » veut croire la vedette de la télé.


Dax – Mont-de-Marsan. J’ai appris à situer ces deux villes sur une carte de France au fil des saisons d’Intervilles. Leur querelle de clochers était à l’émission télévisée ce que représente un Lyon – Sainté pour les passionnés de ballon rond ou un Biarritz – Bayonne pour les férus d’Ovalie. A l’époque, celle des années 90, je sortais de l’enfance ; nous avions quelques chaînes pour nous distraire ; un soir par semaine, dans la touffeur estivale qu’adoucissaient les glaces à l’eau, nous regardions donc en famille les candidats de deux cités s’affronter, avec au cœur de l’arène une vachette déchaînée.

Nagui est végétarien depuis 2016. Et nous fatigue depuis plus longtemps encore

Après plusieurs interruptions, le programme s’apprête à faire son retour, produit et animé par Nagui – qui fait partie de la catégorie d’animateurs que bon nombre de Français, pour reprendre une expression de ma grand-mère, « sortiraient de leur télé » tant ils ont le don d’agacer. Seulement, l’homme se situe dans le camp du bien et est un grand défenseur de la cause animale : Intervilles se déroulera donc sans ses intrépides protagonistes qui faisaient tantôt chuter, tantôt fuir des gladiateurs plus ou moins téméraires. Elles seront remplacées par une structure « en mousse ». Contactées par la production pour participer en juillet prochain à l’émission, Dax et Mont-de-Marsan ont décliné l’invitation : pour les deux rivales landaises, Intervilles sans vachette, c’est « une kermesse » ou « un jeu télévisé quelconque » et y participer viendrait à cautionner l’idée d’une souffrance infligée à l’animal.

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Pour les moins de trente ans, Intervilles, outre ses vachettes, ce furent des épreuves faites de plans inclinés à gravir à la force des bras, de seaux d’eau qui se déversent sur les candidats maladroits, de plongeons sur un tapis savonné et de chutes malencontreuses, le tout accompagné d’un entêtant refrain composé par le groupe Citizen’s. Ce furent aussi et surtout des animateurs jamais oubliés : Guy Lux, Léon Zitrone, Simone Garnier, Fabrice, Jean-Pierre Foucault, Nathalie Simon et Olivier Chiabodo, tous un peu (ou beaucoup) de mauvaise foi.

Une France bon enfant

Surtout, Intervilles nous replonge dans une autre France, celle allant de Charles de Gaulle à Jacques Chirac, des querelles picrocholines qui n’avaient rien à voir avec la guerre qui se dessine aujourd’hui dans les quartiers des villes, celle où le pain n’était pas encore rassis et les jeux encore bon enfant, celle où les cyclistes français gagnaient encore le Tour, celle des petits arrangements en sous-préfecture, celle où tout le monde était finalement heureux malgré les rudesses de la vie.  

Dans cette autre France, la télévision était aussi différente : on y regardait les Jeux de vingt heures avec Maître Capello, L’île aux enfants et Casimir, Bernard Pivot mettant en lumière les écrivains qui avaient encore du talent, Columbo et Derrick ; il n’y avait pas encore d’Arcom pour sanctionner les dérapages et les speakerines annonçaient les programmes. L’offre télévisuelle était réduite à un nombre limité de chaînes et quelques émissions qui auront marqué des générations autant qu’elles ont façonné des souvenirs partagés. Rien que pour cela, rendez-nous Intervilles, ses vachettes et les Dax – Mont-de-Marsan. Avec si possible, à la présentation, des animateurs que l’on souhaiterait ne pas sortir de notre télé.

Hazanavicius: un film d’animation digne de ce nom

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© STUDIOCANAL

Le film d’animation La Plus Précieuse des marchandises, un documentaire insoumis, mais insignifiant, et le grand Ophüls pour couronner le tout : ainsi va en novembre le cinéma dans les salles obscures…


Fable

La Plus Précieuse des marchandises, de Michel Hazanavicius

Sortie le 20 novembre

Michel Hazanavicius prend manifestement un malin plaisir à n’être jamais là où on l’attend. Un jour, il redonne vie à un OSS 117 aussi crétin que réjouissant sous les traits de Jean Dujardin. Un autre, il égratigne avec brio la statue de Godard. Un troisième, il rend hommage au cinéma muet et remporte un Oscar pour cela. Cinéaste cinéphile adepte de détournements d’images et de sons, il nous revient cette fois avec un drôle d’objet cinématographique. On le savait scénariste et réalisateur, on le découvre aujourd’hui dessinateur et capable même de bâtir un splendide film d’animation. Certes, un studio tout entier s’est mobilisé derrière lui pour créer des images à partir de ses dessins mais l’auteur, c’est bien lui et lui seul. Cet étonnement sur la forme vient à l’appui d’une surprise sur le fond du propos. Délaissant la blague, le pas de côté ou l’exercice de style, Hazanavicius adapte un court texte de Jean-Claude Grunberg, La Plus Pécieuse des marchandises, le récit d’un bébé juif sauvé d’une mort certaine par l’épouse d’un « pauvre bûcheron ». Le tout dans un pays indéterminé mais néanmoins situé le long d’une sinistre voie ferrée dont le terminus pourrait s’appeler Auschwitz.

C’est à l’évidence une fable, avec son lot de belles âmes et de noirceur, d’espoir et d’abattement, de rires et de larmes. Le « Il était une fois » traditionnel se pare ici des vertus d’une évocation historique que seuls les esprits faibles trouveront superflue. À l’heure où des chiffres catastrophiques prouvent l’ignorance crasse des collégiens et des lycéens français à l’égard de l’extermination des juifs d’Europe par les nazis, un tel film ne peut qu’être d’utilité publique et de première nécessité. Refusant toute facilité narrative comme tout effet voyeuriste et complaisant, Hazanavicius se montre d’une fidélité totale à l’esprit et à la lettre du texte de Grunberg. Et c’est précisément dans ce récit littéraire que réside l’un des atouts majeurs du film. Loin de faire la malin, le cinéaste a repris pour son scénario des pans entiers d’un texte écrit à la pointe sèche. En le donnant à lire à Jean-Louis Trintignant, il en a renforcé l’incroyable portée crépusculaire. C’est en fait le dernier « travail » de l’acteur devenu presque aveugle et que la mort a fini par emporter en juin 2022. L’enregistrement de la voix off du film est intervenu bien avant l’achèvement de l’objet cinématographique proprement dit. Comme s’il y avait eu bel et bien urgence à confier à l’incroyable phrasé chuchoté de Trintignant la lourde responsabilité d’incarner le conteur. C’est alors une voix d’outre-tombe qui porte les images du film, comme un testament artistique majeur. Les deux autres voix principales (les acteurs Dominique Blanc et Gregory Gadebois) sont parfaitement à la hauteur de cette dimension atteinte par Trintignant.

En choisissant le noir et blanc pour son dessin, Hazanavicius renforce une exigence faite d’intelligence et de sensibilité. Son trait est tout à la fois précis et mouvant, alerte et profond. La neige s’anime comme jamais et chaque arbre d’une forêt-refuge prend des allures humaines. Cette forme animée ne doit rien au hasard. Tout ici ressort d’un projet artistique longuement pensé et mûri. Le temps très long de l’animation, de sa fabrication, de sa finalisation permet évidemment d’atteindre ces objectifs ambitieux. Mais ici, on est encore un cran au-dessus de la moyenne. Idéalement, il faudrait que ce film irradie dans les collèges et les lycées. Mais on frémit à l’idée que les soubresauts de l’histoire immédiate paralysent certains enseignants et les empêchent de montrer La Plus Précieuse des marchandises à leurs classes ignares. Ce serait une nouvelle victoire de l’obscurantisme et de l’impossibilité à penser l’histoire. Resteraient alors les parents, dépositaires d’un devoir de transmission. Et après tout, ce film s’adresse aussi à eux. Voir un film en famille, est-ce trop demander ?


Foutaise

Au boulot !, de Gilles Perret et François Ruffin

Sortie le 6 novembre

La démagogie est la chose la mieux partagée au monde et n’a pas de limites. On arrive rapidement à cette conclusion en découvrant Au boulot !, le nouveau documentaire de Gilles Perret réalisé avec François Ruffin. Le premier aime manifestement filmer les Insoumis, car son précédent film était un portrait complaisant de Mélenchon. En s’alliant cette fois avec le député Ruffin, il fait preuve d’une belle constance idéologique. Les deux auteurs ont décidé de défier l’avocate Sarah Saldmann, habituée des plateaux télé et des formules à l’emporte-pièce. On se croirait sur Canal + tendance historique tant les ficelles sont grosses : il s’agit de mettre la Saldmann bling-bling face à la France d’en bas, des premiers de cordée dont personne ne songe à remettre en cause et l’abnégation et le courage au quotidien. Mais quel est l’intérêt profond d’une telle démarche, sinon de se payer, et pour pas cher, une figure médiatique ? L’avocate n’aurait jamais dû accepter le principe d’un tel « documentaire ». Nul ne l’a forcée et le piège s’est refermé sur elle. Le résultat est une curée assez facile qui se termine sur une plage du Nord par un sommet de complaisance veule.

Le député d’extrème gauche François Ruffin dans son dernier film © Les 400 Clous

Feux d’artifice

Trois films de Max Ophüls en version restaurée

Sortie le 6 novembre

Évidemment, il y a Vigo, Renoir, Grémillon, Pagnol et Guitry, entre autres. Mais au milieu trônent Max Ophüls et ses films qui n’en finissent pas de nous charmer. Trois d’entre eux ressortent sur les écrans et l’on s’en réjouit bigrement. Deux chefs-d’œuvre, Le Plaisir (1952), Madame de… (1953)et une rareté, Sans lendemain (1939). Trois occasions de plonger ou de replonger dans l’univers délicat, magique, tragique et profondément mélancolique du cinéma d’Ophüls. Lui dont Truffaut a dit un jour : « Il était pour quelques-uns d’entre nous le meilleur cinéaste français avec Jean Renoir. » Lui qui a su si bien rendre compte de l’extrême fragilité des sentiments humains. Lui dont le cinéma est comme une ode à l’élégance.