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Viande contre bagnoles

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La France parviendra-t-elle à refuser d’appliquer le traité du Mercosur ? Nos agriculteurs tricolores, déjà mal en point, sont vent debout contre cet accord de libre-échange.


C’est une révolte ? Demande le président Macron.

Non Sire, une Révolution ! Répond le Premier ministre.

Car en ce moment des blocages ont lieu dans toute la France et la Coordination Rurale promet le «chaos ».

Endurants et persévérants nos paysans souffrent depuis plus de 20 ans, souvent en silence et en courbant l’échine. Accord après accord, gouvernement après gouvernement, promesses non tenues après promesses non tenues, ils sont assassinés à petit feu.

Les exploitations agricoles étaient près de 490 000 en 2010 et moins de 390 000 en 2020, soit une baisse de 20% en 10 ans. Dans le même temps, la population des chefs d’exploitation et co-exploitants est passée de près de 604 000 personnes à moins de 496 400, soit une baisse de 18 %. En 2024, ils sont environ 400 000, soit près de 800 000 de moins qu’en 1980. Chaque année depuis 2015, en moyenne 20 000 chefs d’exploitation cessent leur activité tandis que 14 000 s’installent. A ce rythme, en 2035, ils ne seront plus que 275 000.

Poids administratif, lourdes charges sociales, MSA (Mutualité Sociale Agricole), contrôles multiples notamment de la part de l’Office Français de la Biodiversité, droits de transmission, retraite misérable (1176€ par mois après 40 années de cotisations !), augmentation de 30% du prix des entrants (engrais et produits phytosanitaires), aides de la PAC (Politique Agricole Commune) chaque année moins importantes, 253 suicides en 24 mois, cours en chute depuis un an, augmentation de plus de 10% en deux ans du montant du fermage, rendements en baisse et pour clore ce tableau une récolte 2024 catastrophique !

Les mouvements de contestation de janvier n’ont mené à rien ou à si peu. Nos paysans ont alors repris depuis quelques semaines des actions, d’abord timides mais qui montent en puissance afin de mobiliser leur profession.

On nous annonce le chaos, et c’est bien ce qui nous attend si la ratification du traité du Mercosur entre la France et l’Amérique du Sud a lieu.

Viande contre bagnoles. 20 ans de négociations pour arriver à ça !

L’accord commercial entre l’Union Européenne et l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay, la Bolivie et le Paraguay reste en attente car à ce jour aucune des parties ne l’a encore ratifié.

L’accord vise à faciliter les échanges commerciaux entre l’Union Européenne et les pays d’Amérique du Sud en supprimant progressivement sur une période de 10 ans 90% des droits de douane. L’accord prévoit également des réductions importantes sur des produits agricoles majeurs comme la viande de bœuf, la volaille, l’éthanol et le sucre.

L’Union Européenne et les pays d’Amérique du Sud représentent un marché d’environ 740 millions de consommateurs et des échanges commerciaux avoisinant les 45 milliards d’euros ce qui en ferait la plus grande zone de libre échange au monde !

Comment nos paysans français pourraient-ils trouver ainsi leur place dans cet immense marché où les conditions de production des pays sud-américains sont bien différentes des nôtres ? Comment pourraient-ils concurrencer les producteurs d’Amérique latine qui ont des contraintes sanitaires et environnementales beaucoup moins strictes qu’en Europe et qu’en France en particulier, allant même jusqu’à utiliser des produits phytosanitaires et des antibiotiques interdits en Europe depuis 20 ans !

Face à cela la France, animée par un dernier sentiment envers nos paysans mourants, semble s’opposer à cet accord. Mais pour empêcher l’adoption du texte elle doit impérativement réunir une minorité de blocage ; Paris doit donc réunir à minima quatre pays représentant au moins 35% de la population de l’Union Européenne. Un tour de bras compliqué mais pas impossible si la Pologne, l’Irlande, les Pays-Bas et l’Autriche se rallient à la position de la France. On se demande d’ailleurs pourquoi ce réveil tardif après 20 ans de négociations. La peur du chaos annoncé ? Des enjeux électoraux ?

Nos voisins allemands, quant à eux, attendent avec impatience de ratifier le traité qui permettrait à leur industrie automobile d’encaisser de beaux bénéfices. Le couple « franco-allemand » fantasmé qui n’existe que dans la tête des dirigeants français semble être en crise ! Si le traité vient à être ratifié par l’Union Européenne, ce qui semble le plus probable, adieu veaux, vaches et cochons pour nos paysans et bonjour Mercedes et BMW pour l’industrie automobile allemande.

S’il n’en reste qu’un, je serai celui-là!

Justice. C’est la débandade dans la magistrature. Notre chroniqueur ne parvient pas à s’y résoudre…


C’est la débandade.

De partout, la magistrature est critiquée, parfois stigmatisée. Les magistrats sont vilipendés et au quotidien le respect à leur égard n’est pas ce qui domine.

Sport national

Les médias de droite comme de gauche, au mieux, les traitent avec une sorte de réserve condescendante, au pire, avec hostilité.

Pour n’évoquer que CNews où je me sens si bien, l’excellent Pascal Praud trouve les juges généralement laxistes, sauf à l’encontre de Nicolas Sarkozy.

Le populisme de l’élite et de la base s’en donne à cœur joie, ils sont différents mais l’ignorance et la méfiance les réunissent. Ce n’est pas le même registre mais la magistrature est leur cible commune. Éric Zemmour, Alain Finkielkraut et monsieur Dupont ou Durand, même combat !

Aucun domaine, aucun secteur, aucun genre n’échappe en France à la mise en cause des magistrats. Vitupérer contre eux est devenu un sport national.

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Le plus alarmant et le plus saumâtre est que la magistrature elle-même participe à sa banalisation, à son effacement. Avec une sorte d’amère volupté, on entend les magistrats, syndiqués ou non, gémir, se plaindre, réclamer de l’aide, du soutien, de l’assistance, de la compassion, de la psychologie. Ils ne sont pas contents, ils ont trop de travail, ils sont à la fois trop durs et trop obéissants. Ils ne savent plus sur quelle soumission danser, sur quelle indépendance se mouvoir.

Je n’entends jamais quiconque oser déclarer clairement, fièrement, qu’être magistrat est un grand, un splendide métier, une superbe fonction, un admirable service et que, si j’ai pu douter, ce n’est plus le cas depuis tant d’années : être avocat c’est bien mais être magistrat c’est bien mieux. Le premier est un auxiliaire, le second requiert ou décide. Le premier défend un client, le second a la vérité et la sauvegarde sociale comme guides.

Ce n’est pas que les magistrats ne commettent pas d’erreurs, ils sont parfois indignes des valeurs au nom desquelles ils agissent et statuent. Il y a eu le Mur des cons, il y a des pratiques détestables, parfois l’émergence d’une justice en gros, l’absurde exécution provisoire et la partialité de la procureure dans le procès des assistants du RN, il y a des jugements trop doux ou trop sévères, des arrêts trop indulgents ou trop rigoureux. Il y a un syndicat politisé de gauche, voire d’extrême gauche. Il y a un manque de moyens matériels et humains. Mais cela devrait importer peu parce qu’être magistrat est incomparablement plus riche, plus gratifiant que tous ces aléas. On a l’impression que dans les discours judiciaires, seuls comptent ces derniers.

Magistrats pleurnichards

En politique, pour le régalien, qui pourrait se poser en modèle face à cette mission incomparable vouée à la protection des personnes et des biens, à l’ordre public, à la tranquillité sociale et à l’apaisement des citoyens ?

Cette magistrature qui pleure sans cesse sur elle, au lieu de se camper dans son identité forte, pugnace, sage, équilibrée, à l’écoute de tous, est d’une certaine manière désespérante.

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On ne peut pas se contenter de tout attendre des ministres de la Justice. Ce n’est pas eux qui pourront instiller l’orgueil judiciaire dans le cœur de cet univers largement entendu. Pourtant il n’en est pas un de plus dense, de plus exaltant : à la fois soucieux du singulier et préoccupé par le pluriel. Il « raccommode les destinées humaines » selon ce que désirait être le commissaire Maigret, pour Simenon.

Je n’aurais pas eu envie d’écrire ce billet (et de me tenir à peu près seul pour cette défense, cette apologie, ce redressement, moi qui aime la dissidence, la solitude, je suis gâté) si je n’avais pas lu ce propos de Marc Trévidic dans le JDD: « Je ne peux décemment conseiller à personne de devenir magistrat[1]« .

Ce magistrat a eu et continue d’avoir la lumière sur lui et tout ce qu’il offre à ceux qui le lisent dans cet entretien face à un Éric Naulleau pourtant stimulant, a une tonalité languissante, crépusculaire, misérabiliste, et même défaitiste : il ne faut plus devenir magistrat. Il ne crache pas seulement dans la soupe, il décourage les intelligences, les sensibilités, les personnalités qui actuellement veulent l’être, il offense le futur. Le moins qu’on aurait pu espérer de lui : une vision complexe, ombres et lumières comprises.

Je n’ai connu, critique mais enthousiaste, que les lumières.


[1] https://www.lejdd.fr/culture/de-la-lutte-antiterroriste-aux-enquetes-criminelles-marc-trevidic-revele-les-secrets-de-la-huitieme-section-du-parquet-de-paris-dans-un-roman-captivant-151668

Un formidable alignement des planètes pour Trump

La victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle a été surprenante pour beaucoup de monde.


L’élection de Donald Trump est un événement qui sort totalement de l’ordinaire tant par la trajectoire personnelle de l’homme que par les conséquences qu’une nouvelle présidence peut avoir sur la géopolitique mondiale, mais aussi sur l’avenir de la planète et sur la hiérarchie des valeurs dans lesquelles nous avons été habitués à vivre.

Incompréhension

M’étant trompé sur les chances de Trump, après sa prestation que j’avais jugée très médiocre face à Kamala Harris, je voudrais comprendre ce que je n’avais pas compris sur la société américaine et peut-être aussi sur d’autres.

Sa victoire n’est pas écrasante: avec 1,6% d’écart de voix par rapport à son adversaire, Trump est loin de Reagan en 1984, de Johnson en 1964 et surtout de Nixon en 1972 (le mieux élu des présidents, qui a dû démissionner deux ans plus tard), qui l’avaient emporté avec environ 20% de voix d’avance. Trump a curieusement moins de grands électeurs qu’il n’en avait en 2016, alors que cette année-là il avait près de 3 millions de voix de retard sur Hillary Clinton. Curiosités du système fédéral américain…

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Il bénéficie d’une majorité dans les deux chambres du Congrès et à la Cour Suprême : cette situation est rare: ce fut le cas de Johnson en 1964 (ce qui lui a permis de passer le Civil Rights Act). A noter, enfin, que Obama en 2010, Trump en 2018, Biden en 2022, ont perdu le contrôle de la Chambre des Représentants au cours des élections à mi-mandat, ce qui a dès lors obéré leur capacité à légiférer. L’alignement des planètes dont bénéficie Donald Trump aujourd’hui, ainsi que la présence d’une équipe professionnelle autour de lui, présage que des réformes de grande ampleur seront menées avant les prochains midterms.

Trump a gagné 5 millions d’électeurs par rapport à 2020, malgré les polémiques et les procès. Ces électeurs ne sont pas uniquement les personnages caricaturaux que l’on a vus lors de l’attaque du Congrès du 6 janvier 2021 après qu’il eut déclaré que les élections avaient été volées (ce qui n’a jamais reçu une once de confirmation). 

L’inflation et le ressentiment au cœur de la campagne

La politique internationale a compté très peu et l’économie a été le facteur prédominant de la victoire de Trump. Une hausse des prix de 20% en quatre ans, contre 14% en France, n’est pourtant pas massive, d’autant que la hausse des salaires l’a partiellement  compensée. Cette inflation a en outre beaucoup diminué, mais il était trop tard. Trump a su en faire un cheval de bataille, accusant les  investissements considérables du plan Biden d’en être responsables, d’être inefficaces et politiquement orientés vers ces énergies vertes que détestent les électeurs des districts d’extraction minière comme il y en a beaucoup dans les zones rurales de Pennsylvanie. Kamala Harris a mal défendu le bon état global de l’économie américaine qui est une donnée abstraite aux yeux des électeurs. En situation  de plein emploi, Trump a su au contraire faire passer le message que l’immigration massive maintenait les salaires à la baisse.

Mais si la baisse de la consommation a pris une place si importante, c’est qu’elle s’intrique à un sentiment d’humiliation, moins facilement exprimable et de ce fait sous-estimé. Le géographe Christophe Guilluy parle des «dépossédés», ces gens du travail et des classes moyennes qui ont l’impression d’une déconnection des élites, en partie mondialisées et friandes de débats et de valeurs qui ne sont pas celles que eux portent traditionnellement.

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Le ressentiment qui en résulte, aussi culturel qu’économique, alimente le populisme. Il se nourrit aux États-Unis de la mythologie de la frontière avec son rejet des hiérarchies bureaucratiques et fédérales. Trump a senti ce mécontentement profond, que beaucoup d’habitants des grandes villes américaines perçoivent mal. Mes amis aux États-Unis ont tous voté démocrate: cela s’appelle en statistiques un biais d’échantillonnage. Même les enquêtes d’opinion n’y échappent pas, car comme pour le Rassemblement national en France, beaucoup de sondés  cachent le vote de colère qu’ils vont déposer dans l’urne.

Les minorités, elles-mêmes pourtant très sollicitées par les démocrates, ont souvent voté pour Trump. Les latinos et les noirs partagent tout simplement eux aussi beaucoup des colères de l’Amérique profonde. On ne peut que se méfier de l’exploitation de ces colères par un président qui en est un remarquable sismomètre mais qui a une grande indifférence par rapport à la vérité.

Trump et les Israéliens

Certains des membres de son cabinet, tels Tulsi Gabbard aux renseignements, Matt Gaetz à la justice ou Robert Kennedy Jr à la Santé semblent de mauvaises blagues au vu de leurs antécédents. Ces deux derniers ont de plus un certain palmarès de déclarations antisémites. Quant au rapport d’Elon Musk à la vérité, c’est un sujet d’inquiétude mondial…

Mais en ce qui concerne Israël, les choix qu’a faits M. Trump jusqu’à maintenant ont conforté son passé de soutien à ce pays ainsi que ses déclarations sans ambiguïté sur le caractère intolérable de la haine anti-israélienne dans les universités américaines.

Il ne faut pas se leurrer: si Trump prend avec la vérité des faits des libertés très condamnables, il n’est pas le seul. Ceux qui proclament qu’Israël commet un génocide, que le Hamas est un mouvement de résistance à l’oppression et que la Palestine va du fleuve à la mer en font bien pire, quelles que soient par ailleurs leurs prétentions académiques, culturelles, sociales ou humanitaires.

G-W. Goldnadel: « Israël ne reconnaît pas la compétence de la CPI, donc elle n’a rien à faire »


Causeur. La Cour Pénale Internationale a émis un mandat d’arrêt contre Benjamin Netanyahou ce jour. Le procureur de la CPI, Karim Khan, avait requis ce mandat d’arrêt il y a six mois. Cette décision était-elle attendue ? Les juges pouvaient-ils attendre encore, ou prendre une autre décision ?

Gilles-William Goldnadel. Concernant la date, elle était forcément incertaine. Elle pouvait intervenir aujourd’hui comme hier comme dans un mois et demi. Mais sur le fond, je ne me suis jamais fait la moindre illusion sur ce que déciderait la Cour internationale. Pas la moindre. Et je peux le dire maintenant: j’avais d’ailleurs été approché par des cercles pro-israéliens pour qu’Avocats sans frontières intervienne. Pas au nom d’Israël, puisqu’Israël ne reconnaît pas la compétence de la Cour internationale, mais comme un « ami de la Cour », comme on dit. Je n’ai jamais voulu le faire, parce que je ne nourrissais aucune illusion et que je ne voulais pas donner, même de manière dérisoire à mon modeste niveau, la moindre légitimité à une Cour dont des États comme Israël ou les États-Unis d’Amérique contestent la compétence.

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Par ailleurs, il y a ce que nous juristes appelons le principe de subsidiarité, c’est-à-dire que quand il s’agit d’un État démocratique, l’État en question peut d’abord lui-même se saisir d’éventuels manquements avant que la Cour puisse elle-même prendre une décision. Ce principe a été évidemment foulé aux pieds, comme je m’y attendais. L’avocat, le juriste, a fini de parler ! Pour le reste, le président israélien Isaac Herzog, qu’on ne peut pas considérer comme un ami politique de Nétanyahou, loin s’en faut, je parle par euphémisme, vient de publier une déclaration que je fais mienne dans laquelle il affirme que c’est un jour noir pour la justice et un jour noir pour le monde. Il explique très bien que cette décision de la CPI fait fi du fait que c’est Israël qui a été agressée dans les conditions que vous savez le 7-Octobre, et que contrairement à tout ce que peut dire la Cour, c’est bien le Hamas le responsable des tragiques morts civils à Gaza, puisque le Hamas utilise cyniquement les civils comme des boucliers humains. Le président israélien rappelle qu’Israël était placée dans une alternative assez diabolique, entre ne rien faire et faire ce qu’elle a dû faire avec les conséquences tragiques que l’on sait. Je considère que cette alternative à deux branches est quand même faussée, parce qu’il eût été encore pire de ne rien faire et de laisser Israël bien évidemment détruite par le Hamas, bien sûr.

À part ça, on sombre dans le comique lorsqu’on voit que la CPI poursuit aussi le même jour M. Deif du Hamas dont tout le monde sait qu’il est six pieds sous terre, donc pour donner l’illusion de l’équanimité… Vous remarquerez d’ailleurs que les grands amis du Hamas, comme Rima Hassan de La France insoumise, ne s’y trompent pas et sablent le champagne. Le drame, c’est que cela va encore accroître le tragique isolement d’Israël et des populations.

Revenons-en à la décision du jour. Juridiquement, qu’implique concrètement la décision prise aujourd’hui par la CPI pour MM. Netanyahou et son ancien ministre de la Défense Galant ? Est-ce qu’en théorie, selon ses engagements internationaux, Israël serait supposé les arrêter et les envoyer à La Haye ?

Mais non ! Israël ne reconnaît pas la compétence de la CPI, donc elle n’a rien à faire. Les conséquences concrètes pour les personnes visées par les mandats d’arrêt sont des conséquences qu’ont connues d’ailleurs pendant un moment certains généraux israéliens dans le passé : elles ne peuvent pas aller dans les pays qui reconnaissent la compétence de la CPI. C’est-à-dire que Nétanyahou pourrait aller demain matin à 9 heures aux États-Unis ! Cela ne poserait aucun problème, même avant Trump d’ailleurs. Mais malgré tout, c’est effectivement un jour très noir pour la justice.

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Juridiquement, y a-t-il des répercussions plus larges sur l’État d’Israël ?

Non. Ce sont les personnes uniquement qui sont visées. Raison pour laquelle j’avais personnellement préconisé il y a quelques mois, notamment pour cette raison-là, que Netanyahou quitte rapidement le pouvoir pour ne pas justement associer son statut à l’État. Je reconnais a posteriori que c’était un raisonnement pratique dont je ne suis pas très fier.

Vous savez, la CPI a à peu près la même impartialité que l’organisation des Nations Unies, c’est à peu près la même chose. Quant à Karim Khan, le procureur, même si la presse française ne s’en est pas particulièrement fait l’écho, il est critiqué pour des tas de choses dont les harcèlements sexuels sont les plus bénignes. Mais cela, cela ne semble pas poser de problème de conscience à qui que ce soit. La réalité est psychologique, elle est politique, voire métaphysique ; et elle est grave, n’allez pas croire que je traite la décision de la CPI par un revers de la main ou par le mépris.

Selon le communiqué, il y aurait des « motifs raisonnables » de croire que Netanyahou porte la « responsabilité pénale » de « crimes contre l’humanité ». Quelle analyse politique faites-vous de ce communiqué ?

Je pense que je viens de vous le dire. Jamais, jamais, jamais, les soldats israéliens n’ont visé les civils en tant que civils. Et d’ailleurs pas seulement pour des raisons humanitaires, c’est aussi parce qu’ils savent bien qu’Israël n’a pas le droit de faire ce que beaucoup de pays font par ailleurs; mais la Cour Internationale s’en fiche puisque d’une certaine manière c’est entériner le droit du Hamas d’utiliser les boucliers civils. C’est aussi cyniquement une question de ratio : lorsque vous êtes en guerre et que vous avez une cible militaire terroriste avec des civils autour, avez-vous le droit de frapper ? Cyniquement parlant, je peux vous dire que les ratios israéliens sont moins importants que ceux qui ont été utilisés par les Alliés – et je ne vous parle même pas des Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale bien entendu, mais même par les Français ou par les Américains à Raqqa.

Causons! Le podcast hebdomadaire de Causeur

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Avec Céline Pina et Jeremy Stubbs


Ce que révèle une nouvelle étude IPSOS-CRIF sur l’antisémitisme. Berlin: quand les sociétés occidentales trahissent leurs principes.

Israël affirme rejeter avec dégoût les accusations de la Cour pénale internationale

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Le gouvernement israélien a immédiatement répondu à la décision de la CPI d’émettre des mandats d’arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant


La Cour pénale internationale (CPI) a annoncé qu’elle avait rejeté les recours déposés par Israël et qu’elle avait émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et contre l’ancien ministre de la Défense limogé, Yoav Gallant. En outre, la Cour a également émis un mandat d’arrêt contre Mohammed Deif, bien qu’il ait déjà été éliminé, car le Hamas n’a pas confirmé sa mort. Le premier pays à avoir déclaré qu’il agirait en conformité avec ce mandat est les Pays-Bas, où siège la Cour pénale internationale à La Haye.

Selon la déclaration, il est écrit que Netanyahu et Gallant « portent chacun une responsabilité pénale pour les crimes suivants, en tant que co-auteurs ayant commis les actes conjointement avec d’autres : le crime de guerre d’utiliser la famine comme méthode de guerre, ainsi que des crimes contre l’humanité tels que le meurtre, la persécution et d’autres actes inhumains. »

Il est également indiqué que « Netanyahu et Gallant portent chacun une responsabilité pénale en tant que responsables civils pour le crime de guerre consistant à diriger intentionnellement des attaques contre une population civile. » Les recours déposés par l’État d’Israël ont été rejetés, et la chambre préliminaire de la CPI a publié à l’unanimité les décisions contre Netanyahu et Gallant.

Motifs raisonnables

La Cour a trouvé qu’il existe « des motifs raisonnables de croire » que Netanyahu et Gallant sont pénalement responsables, chacun, en tant que co-auteurs d’actes commis conjointement avec d’autres : le crime de guerre d’utiliser la famine comme méthode de guerre, ainsi que les crimes contre l’humanité, notamment le meurtre, la persécution et d’autres actes inhumains. Il a également été déclaré que « nous avons trouvé des motifs raisonnables de croire que Netanyahu et Gallant portent chacun une responsabilité pénale, en tant que commandants civils, pour le crime de guerre consistant à diriger intentionnellement des attaques contre une population civile. »

Le bureau du Premier ministre a réagi aux mandats d’arrêt environ une heure après leur publication, qualifiant cette décision officielle de « décision antisémite de la Cour pénale internationale, équivalente à une version moderne de l’affaire Dreyfus – et qui finira de la même manière. » Il a également été déclaré : « Israël rejette avec dégoût les actions et les accusations absurdes et mensongères portées contre elle par la CPI, un organisme politique biaisé et discriminatoire. Il n’y a rien de plus juste que la guerre menée par Israël à Gaza depuis le 7 octobre 2023, après que l’organisation terroriste Hamas a lancé une attaque meurtrière contre Israël, perpétrant le plus grand massacre contre le peuple juif depuis la Shoah. »

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Le bureau de M. Netanyahu a également personnellement attaqué le procureur Karim Khan, évoquant les affaires dans lesquelles il est lui-même soupçonné : « La décision a été prise par un procureur général corrompu, cherchant à se protéger des graves accusations portées contre lui pour harcèlement sexuel, et par des juges biaisés, animés par une haine antisémite d’Israël. C’est pourquoi le procureur a menti en affirmant à des sénateurs américains qu’il n’agirait pas contre Israël avant de s’y rendre et d’entendre son point de vue. C’est aussi pour cette raison qu’il a annulé sa visite en Israël en mai dernier de manière soudaine, quelques jours après que les soupçons de harcèlement sexuel ont été soulevés contre lui, et qu’il a annoncé son intention d’émettre des mandats d’arrêt contre le Premier ministre et l’ancien ministre de la Défense. Aucune décision anti-israélienne n’empêchera l’État d’Israël de protéger ses citoyens. »

La déclaration se conclut ainsi : « Le Premier ministre Benjamin Netanyahu ne cédera pas aux pressions, ne reculera pas et n’abandonnera pas jusqu’à ce que tous les objectifs de guerre fixés par Israël au début de la campagne soient atteints. »

Monsieur Netanyahu ne pourra plus voyager aussi facilement

Israël n’est pas signataire du Statut de Rome, qui a établi la Cour pénale internationale. Cependant, selon ce statut, si un individu commet un crime de guerre sur le territoire d’un État partie au traité, même s’il est étranger, la Cour peut exercer sa juridiction à son encontre. Les Palestiniens ont adhéré au Statut de Rome en 2014 en tant qu’État membre, et c’est de cette manière qu’ils cherchent à appliquer ces règles aux Israéliens. En février 2021, la chambre préliminaire de la CPI a statué, à la majorité, que le procureur de la Cour avait compétence pour enquêter sur des soupçons de crimes de guerre commis dans les territoires au-delà de la ligne verte.

La Cour pénale internationale ne dispose d’aucun pouvoir d’exécution ni de force de police pour procéder aux arrestations. Après l’émission d’un mandat d’arrêt, tous les États parties au Statut de Rome sont tenus de coopérer pour exécuter le mandat et livrer le suspect à la Cour. À ce jour, 123 pays sont membres du Statut de Rome, notamment tous les pays d’Amérique du Sud, presque tous les pays d’Europe, l’Australie, le Canada et environ la moitié des pays africains. En revanche, des pays comme les États-Unis, l’Inde et la Chine ne sont pas parties au traité.

Ainsi, toute visite de Netanyahu ou de Gallant dans un pays membre du Statut de Rome pourrait les exposer à un risque d’arrestation et d’extradition vers la Cour pénale internationale.

Cependant, il convient de noter que les États membres ne collaborent pas toujours avec la Cour. Par exemple, en 2015, le président soudanais Omar el-Béchir a assisté à un sommet de l’Union africaine en Afrique du Sud et a été autorisé à quitter le pays pour retourner chez lui, malgré le mandat d’arrêt émis contre lui. Plus récemment Vladimir Poutine s’est rendu en Mongolie, pays signataire, sans être inquiété.

L’émission de mandats d’arrêt dans le cadre d’une enquête représente une étape préliminaire du processus judiciaire devant la Cour internationale. Le chemin vers le dépôt d’actes d’accusation contre de hauts responsables israéliens est encore très long. De plus, selon le droit international, les systèmes judiciaires nationaux ont la priorité pour juger les crimes internationaux, en vertu du principe de « complémentarité ». Sur ce point, Israël dispose d’arguments juridiques solides, affirmant que ses mécanismes internes de contrôle et de justice sont indépendants et fonctionnels, rendant toute intervention extérieure inutile.

Dans leur décision, les juges ont précisé qu’ils ne se prononçaient pas à ce stade sur les arguments de défense d’Israël, comme le principe de complémentarité. Ils ont indiqué que ces questions seraient examinées ultérieurement et non au stade préliminaire de l’émission des mandats d’arrêt. Par conséquent, Israël doit continuer à renforcer sa « barrière juridique » en menant des enquêtes internes indépendantes, en vue des étapes ultérieures du processus judiciaire.

Des No-Jew zones à Berlin

Was für eine Überraschung ! Berlin paye cher l’accueil de réfugiés musulmans: antisémitisme et homophobie s’y développent. La chef de la police conseille aux juifs et aux homosexuels d’être prudents dans « certains quartiers » !


Certains entretiens font l’effet d’une bombe alors même que ce qui y est dit n’a rien de surprenant. Leur impact vient du fait que, tout à coup, ce que tout le monde sait mais qu’il ne faut pas dire sous peine d’être ostracisé, est reconnu par une autorité officielle.

Polizei aïe aïe !

C’est ainsi qu’en Allemagne, la chef de la police de Berlin, Barbara Slowik, a fait scandale en déconseillant aux juifs et aux homosexuels de s’aventurer dans certaines zones de la capitale allemande. Le Berliner Zeitung lui a posé la question qu’évite la majeure partie des journalistes ici : « Qui représente un danger pour les juifs ? » Elle répond clairement : « Il existe certains quartiers dans lesquels vivent une majorité de personnes d’origine arabe qui ont également de la sympathie pour les groupes terroristes. Un antisémitisme ouvert s’y exprime à l’encontre des personnes de foi et d’origine juive ». Elle sait de quoi elle parle : comme partout en Europe depuis le 7 octobre 2023, l’antisémitisme a explosé en Allemagne et plus de 6000 enquêtes pour actes antisémites y ont été menées.

« Libérez la Palestine de la culpabilité allemande »

Dans le quartier berlinois de Neukölln, peuplé d’une proportion importante de migrants notamment turcs, syriens et libanais, des sympathisants du Hamas ont distribué des gâteaux le jour même du pogrom du 7-Octobre et dans celui de Mitte, où une forte population musulmane réside aussi, une synagogue a été attaquée à coup de cocktails Molotov peu de jours après. Ces attaques ont choqué la capitale allemande, et la multiplication des actes antisémites qui a suivi déstabilise une classe politique qui pensait avoir réussi la dénazification et se voit rattrapée par l’antisémitisme culturel arabo-musulman tandis qu’elle assiste également à la montée électorale du parti d’extrême-droite, l’AfD.

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Mais l’extrême-droite est, dans les faits, dépassée par l’extrémisme des mouvements de gauche pro-palestiniens, ceux-ci scandent de plus en plus le slogan : « Libérez la Palestine de la culpabilité allemande ». Une façon de faire d’Israël l’enfant de la Shoah et de faire de l’Allemagne, le responsable de la situation. Le pays laverait le péché commis lors de la Deuxième Guerre mondiale dans la souffrance des Palestiniens et en serait donc comptable.

Des terminologies communes chez la gauche woke et chez les néo-nazis

Face à une haine des Juifs qui se manifeste de plus en plus, les Allemands n’ont pas détourné les yeux. Ils ne cachent pas le fait que la haine anti-juive s’observe avant tout chez les immigrés et les musulmans radicaux et que, sous prétexte de solidarité avec la Palestine, ils sont en train d’assister à la naissance d’un « antisémitisme woke ». Façon aimable de nommer l’antisémitisme répandu et assumé par la gauche. À la racine de cette décompensation antisémite, se trouve, comme chez nous, un antiracisme exacerbé où l’union du post-colonialisme et l’idéologie racialiste en mode Black Lives Matter a accouché d’une vision du monde aussi réductrice que stupide où les rôles de « bons » et de « méchants » sont liés à la couleur de peau, l’ethnie, l’appartenance religieuse… Dans ce monde manichéen, le Palestinien est le persécuté et le Juif, le bourreau.

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De façon paradoxale, au terme de ce travail d’annihilation de la pensée critique, la gauche woke allemande rejoint l’extrême-droite néo-nazi et use des mêmes termes : le slogan qui invite à libérer la Palestine de la culpabilité allemande renvoie directement au « culte de la culpabilité », ce procès que l’extrême-droite fait au devoir de mémoire, un des axes central de la dénazification. Björn Höcke, un des responsable de l’AfD, a d’ailleurs qualifié le mémorial de la Shoah de Berlin de « monument de la honte ». Alors certes, comme chez nous, les politiques condamnent et s’indignent, mais ils semblent également impuissants à contenir un antisémitisme culturel et politique dont les derniers avatars se découvrent au sein de l’immigration musulmane et dans la gauche radicale. Autant ils savent le combattre quand il vient de l’extrême-droite, autant ils semblent paralysés face à ce nouvel antisémitisme. Mais au moins, les Allemands ont-ils le cran de regarder en face qui sème la haine des Juifs et le courage de le dire officiellement. Ce n’est pas si anodin.

Lettre à Pauline

Après la condamnation de Nicolas Bedos à un an de prison pour agression sexuelle (avec sursis probatoire de six mois), sa compagne Pauline Desmonts a dénoncé sur Instagram l’ « injustice » d’une décision « tyrannique ». L’avocat qui officie sur BFMTV lui répond.


Madame, je ne vous connais pas, je ne connais pas non plus votre compagnon, Nicolas Bedos, ni son avocate ni son dossier. Je ne me suis réellement intéressé à son affaire que le vendredi 25 octobre, après vous avoir lue. Il faut dire qu’il y a tellement d’affaires de ce « genre » aujourd’hui, mais oui, la justice doit être juste et une justice qui se contente de croire une parole plutôt qu’une autre ne peut être qu’injuste, quelle que soit cette parole. Je ne sais pas si votre mari est innocent ou coupable, et contrairement à tous ceux qui n’ont pas hésité à la piétiner depuis sa condamnation non définitive, je vais respecter sa présomption d’innocence, ce principe cardinal de notre droit démocratique ignoré et méprisé par des personnalités politiques de premier plan qui ne respectent pas la loi ou alors tout simplement, et ce serait préférable en soi, ne la connaissent pas. Je vais aussi naturellement respecter les droits des plaignantes – en l’état de la procédure pénale, elles ne sont pas des plaignantes, mais des victimes, les mots ont un sens.

Je n’ai pas le droit d’écrire ce que je vais écrire, mais en tant qu’homme de loi, j’en ai l’obligation. Je vais le faire en mon nom, uniquement, et je sais déjà que cela aura un prix, mais si je ne le faisais pas je serais comme tous les autres, alors tant pis, vous méritez qu’on vous réponde sans se cacher dans les ténèbres faciles de l’anonymat.

J’ai bien compris que vous aviez reçu des soutiens nombreux, mais je ne les ai pas trouvés dans mes recherches. Les femmes et les hommes auraient-ils peur de soutenir votre mari de façon publique et à visage découvert, sans risque social pour eux comme cela devrait être la règle dans une démocratie ? Non, madame, vous vous trompez, ils n’ont pas peur, ils sont terrifiés, et ils ont raison. Les courants de pensée dominants dans notre société tels que le wokisme, la cancel culture, le néoféminisme ne souffrent aucune contradiction, MeToo en est la preuve ultime. On a le choix entre être pour et être pour ! C’est la société de la terreur. Dès qu’un homme est dénoncé comme agresseur sexuel ou violeur potentiel, c’est la guillotine publique. S’agit-il d’un progrès, comme on le prétend, ou de la régression d’une société malade de sacrifier ses lois démocratiques à des principes obscurantistes ?

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Vous parlez d’inversion de la charge de la preuve. Je l’ai déjà vue s’appliquer à d’autres que votre mari, y compris à des inconnus. La présomption d’innocence implique que c’est au ministère public de prouver la culpabilité d’un prévenu. Le corollaire, c’est qu’il faut apporter la preuve (mot désormais désuet en matière d’infraction à caractère sexuel) de sa culpabilité et qu’en aucun cas ce n’est au prévenu d’apporter la preuve de son innocence. Dans de nombreux tribunaux, j’ai pu observer que cette règle s’était dangereusement inversée. On demande à la défense de prouver que le prévenu (ou l’accusé) n’a pas fait ce dont il est soupçonné. A-t-on interpellé votre mari à l’audience, lui a-t-on demandé : « Monsieur Bedos, pourquoi la plaignante dénoncerait-elle ces faits s’il ne s’est rien passé ? Pensez-vous qu’elle invente ? Pensez-vous qu’elle mente ? »

En réalité, la seule parole de l’accusatrice sert de fondement à un tribunal pour condamner un homme accusé de crime ou délit sexuel. Autrement dit, la parole de la plaignante est devenue aujourd’hui une preuve qui permet de condamner en l’absence de tout autre élément pour caractériser la culpabilité. Quand l’accusation vaut condamnation, quand la parole d’une femme qui accuse vaut plus, par principe, que celle d’un homme qui conteste l’accusation, il n’y a pas de procès équitable. Donc, il ne s’agit plus de justice, il s’agit de barbarie judiciaire. Si les juges sont payés pour croire alors ils ne servent à rien et ne sont plus des juges, ce sont devenus des voyants, et la voyance, ça ne s’apprend pas à l’ENM. Je ne sais pas, chère Pauline, si votre compagnon est coupable ou pas, mais je sais que personne n’a le droit de porter atteinte à sa présomption d’innocence.

Je souhaite, pour vous et votre famille que votre mari soit jugé en appel, dans le respect de la loi pénale, à l’abri de toute morale toxique. J’espère que ses juges respecteront son droit à un procès équitable qui interdit de faire prévaloir la parole de l’un au détriment ou au bénéfice de la parole de l’autre. Les juges ne sont pas là pour croire l’un ou l’autre, mais pour savoir, et quand ils ne savent pas, c’est la règle fondamentale du doute qui profite au mis en cause qui doit être relaxé ou acquitté. C’est la loi, notre loi à tous et en toutes circonstances, celle qui nous protège ou devrait nous protéger de l’arbitraire. Aujourd’hui, tous les hommes sont en danger face à ce lynchage permanent, à la violence des médias et parfois de la justice.

Chère Pauline, vous avez le courage qui manque aux hommes de mon époque. Ils devraient avoir honte de leur lâcheté, si la honte existe encore. Peut-être faut-il que ce soit une femme qui dénonce. Vous l’avez fait. Vous avez dénoncé la barbarie d’aujourd’hui, celle qui est entrée dans nos prétoires. Merci madame.

La loi, juste la loi !: Pour que les morales ne dictent pas leur loi

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Libérons-nous de l’islamisme… en trottinette

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À Bruxelles, la FNAC annule une conférence autour du livre Allah n’a rien à faire dans ma classe. À Nice, quelques années plus tôt, un concours de photos de l’enseigne récompensait un cliché montrant un homme se torchant les fesses avec le drapeau français.


Les clients de la Fnac sortent tous avec un petit sac en papier kraft sur lequel on lit « Fnac, libérons la culture ». Mais souvent la première chose sur laquelle ils tombent en entrant dans le magasin, c’est une flottille de trottinettes électriques légèrement inclinées sur leurs béquilles. Fondée en 1954 par deux militants de gauche que certains disent trotskystes, la Fnac (Fédération Nationale d’Achat des Cadres) s’est prétendue acteur de la « démocratisation de la culture ». Laissons de côté la « démocratisation », laissons de côté la « culture » ; aussi perplexe que Saint-Augustin s’interrogeant sur la nature du temps, l’on n’est en effet vraiment pas sûr de savoir de quoi l’on parle. La Fnac s’est voulue également « agitateur d’idées », puis en 1991 « agitateur culturel ». Passons ! Tout cela n’est que du marketing. Du moins apparemment. Car ces noces étonnantes du capitalisme transnational et de l’internationalisme trotskyste contiennent les germes de ce mondialisme antinational dans lequel gauche et droite coopèrent depuis des décennies.

Une conférence annulée

Proposons alors à la Fnac des slogans un peu plus en conformité avec l’attitude de certains de ses responsables. Le 16 novembre, une conférence devait se tenir à la Fnac de la ville de Woluwe-Saint-Lambert, dans la banlieue de Bruxelles. Deux journalistes, Jean-Pierre Martin et Laurence D’Hondt, étaient invités à parler de leur livre : Allah n’a rien à faire dans ma classe. Devant les menaces proférées par de jeunes musulmans à l’encontre du personnel, la Fnac décida d’annuler la conférence. « Menacer des auteurs est un nouveau coup dur pour nos libertés et la liberté d’expression. Nous ne le tolérerons jamais, a tweeté Alexia Bertrand, secrétaire d’Etat au Budget et à la Protection des consommateurs, dans le gouvernement belge de centre droit. J’attends de tous les responsables politiques qu’ils se joignent à moi pour condamner fermement ces actions. » Pour, avec la Fnac, libérer la culture ? Non, pour encourager la fuite en trottinette !

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La mémoire et la mise en perspective des événements ou de ce que l’on croit n’être que des incidents sont souvent ce qui fait défaut à notre presse et à notre classe politique. Souvenons-nous de ce qu’il s’était passé à la Fnac de Nice, en mars 2010, et que chacun pouvait lire dans le journal gratuit Metro : « Les lauréats du Marathon de la photo Fnac de Nice ont été désignés hier. Le jury de professionnels a décerné son « coup de cœur » à l’image de Frédéric Laurent, dans la catégorie “Politiquement incorrect”. » Et le journal, qui tirait à l’époque à 700 000 exemplaires, publiait la photo d’un jeune homme de dos, pantalon baissé, qui se torchait avec le drapeau français… Devant le nombre croissant de ceux qui renvoyèrent leurs cartes d’adhérent, le directeur de la Fnac dut faire retirer la photo primée. Ce manager ne connaissait sans doute dans son magasin que des consommateurs et était à mille lieues d’imaginer que ceux-ci pussent être aussi et d’abord des citoyens attachés à la France et à son emblème. Il est clair que c’est la crainte d’un bilan annuel en baisse et non pas une conscience devenue indigente avec les études et le métier qui lui dictait le retrait de cette photo qui avait enchanté le jury. Un jury de quoi ? Un « jury de professionnels » ! Il n’y a, c’est évident, que des « professionnels » derrière les subventions en tout genre allouées aux urinoirs, aux boîtes de « merda d’artista », aux scènes de sodomie géantes, aux vagins de la reine, aux crucifix plongés dans l’urine, aux Ferrari écrasées ou aux écrans diffusant en boucle des scènes de masturbation ! En ces temps de crise de l’autorité, ces « professionnels » qui se reproduisent comme des lentilles d’eau dans l’entre-soi du marais culturel sont aujourd’hui les seuls à faire autorité. La liberté d’expression qu’ils invoquent en permanence est en effet le seul argument qui fasse consensus, le seul qui dissuade toute protestation sans qu’aucun politique à droite et à gauche n’ose demander combien de libertés d’expression ont été volontairement mises sous le boisseau, combien ont été passées sous silence, combien ont subi les sarcasmes et la suffisance d’un jury de petits copains pour que sortent, publiée à des centaines de milliers d’exemplaires, cette photo de l’outrage au drapeau.

Outrage au drapeau

Finalement le gouvernement publia le 21 juillet 2010 un décret condamnant l’outrage au drapeau. Mais un an plus tard, à la suite d’un recours en annulation de la Ligue des droits de l’homme, le Conseil d’État neutralisa ce décret en précisant que ce texte n’avait pas pour objet de réprimer les outrages « qui reposeraient sur la volonté de communiquer, par [ces actes], des idées politiques ou philosophiques ou feraient œuvre de création artistique ». Le Conseil d’État, en recadrant ainsi le décret, donnait raison au ministre[1] qui, un an plus tôt, avait apporté au sénateur qui l’interpellait la réponse suivante : « En l’état actuel du droit, il est improbable que nous puissions sanctionner ce type d’outrage. Cette photo est considérée par la jurisprudence comme une « œuvre de l’esprit ». »

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Toujours cet « état actuel » du droit qui est le talon d’Achille de notre démocratie ! Ce serait toutefois une absurdité et une faute grave que d’inscrire dans la loi ce que sont les critères d’une « œuvre de l’esprit » ! Nommons d’autres profils à la place de ces « professionnels » sans conscience et sans courage.  Envoyons-les au jardin d’enfants, avec sur leurs sacs en papier kraft, ce slogan : « Fnac, libérons-nous de l’islamisme en trottinette ».


[1] Eric Besson NDLR

Afrique: le grand bond en arrière

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Les derniers chiffres de la Banque Mondiale et du FMI révèlent l’état lamentable des économies africaines. Les discours « afroptimistes » dominants ces dernières années sont battus en brèche.


 « L’Afrique façonnera l’avenir de l’économie mondiale ». Cette assertion très sérieuse de la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen n’a qu’un an d’âge, mais elle relève déjà de la croyance, du vœu pieu, de la science-fiction. Ouvert dans les années 2000 par les concerts enthousiastes des cabinets de conseil et des prophètes-économistes prédisant au continent l’émergence prochaine, le temps des « afroptimistes » est en effet révolu. En témoigne l’état de décomposition avancée et de corruption de pays comme la République démocratique du Congo du président Tshisékédi, pourtant richement doté en matières premières et en terres arables, ou encore celui des pays de l’Alliance des Etats du Sahel – des « scandales géologiques » dont les populations sont les plus miséreuses du monde.

Des lions endormis

S’il était encore possible de se figurer les pays d’Afrique subsaharienne comme des « Lions on the move » (McKinsey & Company) en 2016, c’est-à-dire deux ans après que le PIB par habitant de la région franchisse son pic historique depuis la décolonisation, les lions sont désormais rentrés dormir dans leurs tanières.

Depuis l’acmé de 2014, le PIB par habitant de l’Afrique subsaharienne a chuté de près de 15% pour atteindre un niveau équivalent à celui des années 2010, sans perspective de progrès. A contrario, au cours de la même période, le PIB mondial par habitant augmentait de près de 20%. Le fossé économique s’est ainsi transformé en abyme : en 2023 le niveau de richesse moyen de l’Afrique subsaharienne était 4711 fois inférieur à celui de l’Amérique du Nord, 2613 fois inférieur à celui de la zone euro, 690 fois inférieur à celui de l’Asie du Sud-Est et 533 fois inférieur à celui de l’Amérique latine.

Croissance appauvrissante

L’équation économique africaine démultiplie la pauvreté et cultive le sous-développement. Elle présente un aspect paradoxal, combinant des atouts apparents dont l’association produit des échecs à répétition. L’Afrique subsaharienne représente en effet le principal moteur de la croissance démographique mondiale (une naissance sur quatre, bientôt une naissance sur deux – d’ici 2050 selon l’ONU) et ses économies cumulent des taux de croissance moyens supérieurs à la moyenne mondiale depuis de longues années (une tendance qui ne devrait pas s’inverser au cours de la décennie, selon le FMI). Pourtant, cette croissance ne se traduit pas par un surcroît de prospérité. Au contraire : le modèle économique africain produit de plus en plus de pauvres, d’année en année.

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Malgré sa natalité et des taux de croissance élevés, l’Afrique subsaharienne concentre aujourd’hui la majorité des plus pauvres de la planète. Elle a suivi une trajectoire inverse à celle de l’Asie. Encore majoritairement pauvre et sous-développée il y a trente ans, l’Asie concentrait en 1990 80% des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté international, contre 30% pour l’Afrique. Trois décennies plus tard, l’Afrique rassemble 60% des plus pauvres de la planète, alors qu’ils ne sont plus que 14% à vivre en Asie (Banque Mondiale, 2022).

Contrairement aux autres régions du monde décolonisées dans les années 1960, dont l’essor a été par la suite étouffé ou ralenti par le corset de la guerre froide, les économies africaines se sont précipitées dans une impasse tragique, que les visions enchantées des illusionnistes de l’afroptimisme ont échoué à éclairer.

Rendez-vous avec la prospérité

Au sortir de la décolonisation, les principaux centres de production et d’innovation du monde se confondaient encore avec le club des anciennes métropoles impériales et avec la puissance économique du nouveau leader mondial d’alors, les États-Unis. Trente ans après, la fin de la guerre froide a dégivré l’organisation du commerce international. Le cœur battant de l’industrie et du commerce s’est peu à peu élargi avec l’arrivée de la Chine, de l’Inde, du Vietnam, de la Corée du Sud, mais aussi du Brésil, du Mexique, de l’Indonésie… L’Afrique est la seule région du monde à être restée à l’écart de ce mouvement historique qui a propagé les méthodes et les bénéfices de l’industrialisation à l’échelle mondiale. Puis elle a manqué la marche de la révolution numérique, dont elle consomme aussi les produits sans parvenir non plus à les fabriquer.

Décolonisation, mondialisation, digitalisation : en plus d’un demi-siècle, l’Afrique a manqué trois rendez-vous avec la prospérité, ne cessant de confirmer son statut de dernier cercle concentrique de la compétition internationale. Dernière destination des capitaux, les investisseurs privés ne croient plus en son essor prochain. Contrairement aux émergents, les pays africains ne sont pas parvenus à sortir du modèle économique de comptoir de matières premières hérité de la colonisation. Ils sont restés empêtrés dans la rente primaire.

Un cul-de-sac économique

Le cul-de-sac dans lequel s’empêtre l’Afrique subsaharienne a un nom : le « piège des matières premières », une situation aussi qualifiée de « malédiction des ressources naturelles » dans la littérature économique pour décrire une économie dont le développement est entravé par une dépendance excessive à l’exportation de ses richesses naturelles.

Fondées quasi exclusivement sur l’exploitation du secteur primaire (agriculture, mines, pêche, forêts) ces économies permettent à des minuscules castes de tirer parti d’un régime qui néglige le développement de secteurs productifs reposant sur une main-d’œuvre qualifiée, capable de concevoir, d’usiner, de commercialiser et de rivaliser avec des produits étrangers.

S’engluer dans la production et l’export de ressources primaires est en effet la condition pour entretenir des économies bancales, dont la valeur des produits baisse avec le temps face à des économies dont la croissance est fondée sur des biens et services à forte intensité de connaissances, sans cesse modernisés par une main-d’œuvre formée et qualifiée ainsi que par des innovations technologiques.

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Les taux de croissance élevés que l’on peut retrouver par exemple en Libye (12,6% en 2023), ou en République Démocratique du Congo (8,4% en 2023) ne sont des atouts qu’en surface. Composés majoritairement de l’exploitation d’hydrocarbures pour l’un et de minerais, pour l’autre, ils ne traduisent que l’augmentation d’une hypertrophie, dont la valeur ajoutée est infime. Pire, cette situation d’extraversion économique constitue une source de vulnérabilité majeure, liée à la volatilité extrême des prix mondiaux des matières premières et aux fluctuations souvent brutales de la demande extérieure.

En RDC, les fruits de cette croissance à l’allure si élevée en ont fait cette année la cinquième nation la plus pauvre du monde. En 2024, 73,5% des Congolais vivent avec moins de 2,15 dollars par jour (Banque Mondiale), tandis qu’un député touche environ 21 000 dollars par mois… Advienne une chute des cours du cuivre, du cobalt ou de l’étain et la RDC se hissera à la première place du podium des nations indigentes. Quant à la Libye, parler de son expansion économique serait déjà parler trop vite. Le clan qui a vécu sur la rente pétrolière libyenne a vu son règne finir violemment à la mort de Kadhafi en 2011. Le semblant d’Etat libyen a disparu et ceux qui ont pris le relai de l’exploitation de l’or noir s’en disputent encore les miettes. Une station-service au milieu d’une guerre civile. La rente primaire n’a ni besoin d’Etat, ni de paix civile, seulement de rentiers.

Instabilité chronique

Le continent se distingue comme le plus instable du monde, emprisonné dans un piège à conflits. Les ressorts en sont certes complexes, à l’image des Grands-Lacs où les provinces orientales de la RDC sont livrées depuis des décennies au pillage des groupes armés. Sans véritable réaction du président Tsishékédi, qui préfère désigner des ennemis à gauche et à droite, plutôt que de s’attaquer aux boutefeux de la crise comme la corruption généralisée du pays et la mal-gouvernance économique et administrative : des maux rédhibitoires à toute politique économique viable. L’annonce d’une révision de la Constitution par le président qui, d’après l’opposition, lui permettrait de rester au pouvoir à vie, conforterait une caste congolaise préemptant toujours plus les ressources d’un État en faillite.

On retrouve peu ou prou ces paramètres dans le Sahel qui regroupe des paramètres liés non seulement au passif inter-ethnique, à la progression de l’islam radical et… une pauvreté endémique. Profondément corrompus, les Etats de la région y sont pour la plupart quasi-faillis et en proie aux juntes militaires prédatrices.

Dans un contexte d’insécurité accrue, de démultiplication des conflits et des coups d’État, qui freine d’autant plus toute velléité de sortie de la trappe à pauvreté, la marche vers l’émergence sera encore longue pour l’Afrique. En particulier si elle s’accompagne des prestidigitations habituelles qui ont pavé son chemin jusqu’à l’immobilisme et la décrépitude.

La fin du franc CFA

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Viande contre bagnoles

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Agen, 19 novembre 2024 © Mael Garnier/SIPA

La France parviendra-t-elle à refuser d’appliquer le traité du Mercosur ? Nos agriculteurs tricolores, déjà mal en point, sont vent debout contre cet accord de libre-échange.


C’est une révolte ? Demande le président Macron.

Non Sire, une Révolution ! Répond le Premier ministre.

Car en ce moment des blocages ont lieu dans toute la France et la Coordination Rurale promet le «chaos ».

Endurants et persévérants nos paysans souffrent depuis plus de 20 ans, souvent en silence et en courbant l’échine. Accord après accord, gouvernement après gouvernement, promesses non tenues après promesses non tenues, ils sont assassinés à petit feu.

Les exploitations agricoles étaient près de 490 000 en 2010 et moins de 390 000 en 2020, soit une baisse de 20% en 10 ans. Dans le même temps, la population des chefs d’exploitation et co-exploitants est passée de près de 604 000 personnes à moins de 496 400, soit une baisse de 18 %. En 2024, ils sont environ 400 000, soit près de 800 000 de moins qu’en 1980. Chaque année depuis 2015, en moyenne 20 000 chefs d’exploitation cessent leur activité tandis que 14 000 s’installent. A ce rythme, en 2035, ils ne seront plus que 275 000.

Poids administratif, lourdes charges sociales, MSA (Mutualité Sociale Agricole), contrôles multiples notamment de la part de l’Office Français de la Biodiversité, droits de transmission, retraite misérable (1176€ par mois après 40 années de cotisations !), augmentation de 30% du prix des entrants (engrais et produits phytosanitaires), aides de la PAC (Politique Agricole Commune) chaque année moins importantes, 253 suicides en 24 mois, cours en chute depuis un an, augmentation de plus de 10% en deux ans du montant du fermage, rendements en baisse et pour clore ce tableau une récolte 2024 catastrophique !

Les mouvements de contestation de janvier n’ont mené à rien ou à si peu. Nos paysans ont alors repris depuis quelques semaines des actions, d’abord timides mais qui montent en puissance afin de mobiliser leur profession.

On nous annonce le chaos, et c’est bien ce qui nous attend si la ratification du traité du Mercosur entre la France et l’Amérique du Sud a lieu.

Viande contre bagnoles. 20 ans de négociations pour arriver à ça !

L’accord commercial entre l’Union Européenne et l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay, la Bolivie et le Paraguay reste en attente car à ce jour aucune des parties ne l’a encore ratifié.

L’accord vise à faciliter les échanges commerciaux entre l’Union Européenne et les pays d’Amérique du Sud en supprimant progressivement sur une période de 10 ans 90% des droits de douane. L’accord prévoit également des réductions importantes sur des produits agricoles majeurs comme la viande de bœuf, la volaille, l’éthanol et le sucre.

L’Union Européenne et les pays d’Amérique du Sud représentent un marché d’environ 740 millions de consommateurs et des échanges commerciaux avoisinant les 45 milliards d’euros ce qui en ferait la plus grande zone de libre échange au monde !

Comment nos paysans français pourraient-ils trouver ainsi leur place dans cet immense marché où les conditions de production des pays sud-américains sont bien différentes des nôtres ? Comment pourraient-ils concurrencer les producteurs d’Amérique latine qui ont des contraintes sanitaires et environnementales beaucoup moins strictes qu’en Europe et qu’en France en particulier, allant même jusqu’à utiliser des produits phytosanitaires et des antibiotiques interdits en Europe depuis 20 ans !

Face à cela la France, animée par un dernier sentiment envers nos paysans mourants, semble s’opposer à cet accord. Mais pour empêcher l’adoption du texte elle doit impérativement réunir une minorité de blocage ; Paris doit donc réunir à minima quatre pays représentant au moins 35% de la population de l’Union Européenne. Un tour de bras compliqué mais pas impossible si la Pologne, l’Irlande, les Pays-Bas et l’Autriche se rallient à la position de la France. On se demande d’ailleurs pourquoi ce réveil tardif après 20 ans de négociations. La peur du chaos annoncé ? Des enjeux électoraux ?

Nos voisins allemands, quant à eux, attendent avec impatience de ratifier le traité qui permettrait à leur industrie automobile d’encaisser de beaux bénéfices. Le couple « franco-allemand » fantasmé qui n’existe que dans la tête des dirigeants français semble être en crise ! Si le traité vient à être ratifié par l’Union Européenne, ce qui semble le plus probable, adieu veaux, vaches et cochons pour nos paysans et bonjour Mercedes et BMW pour l’industrie automobile allemande.

S’il n’en reste qu’un, je serai celui-là!

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Le garde des Sceaux Didier Migaud visite la prison des Baumettes, à Marseille, 8 novembre 2024 © Alain ROBERT/SIPA

Justice. C’est la débandade dans la magistrature. Notre chroniqueur ne parvient pas à s’y résoudre…


C’est la débandade.

De partout, la magistrature est critiquée, parfois stigmatisée. Les magistrats sont vilipendés et au quotidien le respect à leur égard n’est pas ce qui domine.

Sport national

Les médias de droite comme de gauche, au mieux, les traitent avec une sorte de réserve condescendante, au pire, avec hostilité.

Pour n’évoquer que CNews où je me sens si bien, l’excellent Pascal Praud trouve les juges généralement laxistes, sauf à l’encontre de Nicolas Sarkozy.

Le populisme de l’élite et de la base s’en donne à cœur joie, ils sont différents mais l’ignorance et la méfiance les réunissent. Ce n’est pas le même registre mais la magistrature est leur cible commune. Éric Zemmour, Alain Finkielkraut et monsieur Dupont ou Durand, même combat !

Aucun domaine, aucun secteur, aucun genre n’échappe en France à la mise en cause des magistrats. Vitupérer contre eux est devenu un sport national.

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Le plus alarmant et le plus saumâtre est que la magistrature elle-même participe à sa banalisation, à son effacement. Avec une sorte d’amère volupté, on entend les magistrats, syndiqués ou non, gémir, se plaindre, réclamer de l’aide, du soutien, de l’assistance, de la compassion, de la psychologie. Ils ne sont pas contents, ils ont trop de travail, ils sont à la fois trop durs et trop obéissants. Ils ne savent plus sur quelle soumission danser, sur quelle indépendance se mouvoir.

Je n’entends jamais quiconque oser déclarer clairement, fièrement, qu’être magistrat est un grand, un splendide métier, une superbe fonction, un admirable service et que, si j’ai pu douter, ce n’est plus le cas depuis tant d’années : être avocat c’est bien mais être magistrat c’est bien mieux. Le premier est un auxiliaire, le second requiert ou décide. Le premier défend un client, le second a la vérité et la sauvegarde sociale comme guides.

Ce n’est pas que les magistrats ne commettent pas d’erreurs, ils sont parfois indignes des valeurs au nom desquelles ils agissent et statuent. Il y a eu le Mur des cons, il y a des pratiques détestables, parfois l’émergence d’une justice en gros, l’absurde exécution provisoire et la partialité de la procureure dans le procès des assistants du RN, il y a des jugements trop doux ou trop sévères, des arrêts trop indulgents ou trop rigoureux. Il y a un syndicat politisé de gauche, voire d’extrême gauche. Il y a un manque de moyens matériels et humains. Mais cela devrait importer peu parce qu’être magistrat est incomparablement plus riche, plus gratifiant que tous ces aléas. On a l’impression que dans les discours judiciaires, seuls comptent ces derniers.

Magistrats pleurnichards

En politique, pour le régalien, qui pourrait se poser en modèle face à cette mission incomparable vouée à la protection des personnes et des biens, à l’ordre public, à la tranquillité sociale et à l’apaisement des citoyens ?

Cette magistrature qui pleure sans cesse sur elle, au lieu de se camper dans son identité forte, pugnace, sage, équilibrée, à l’écoute de tous, est d’une certaine manière désespérante.

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On ne peut pas se contenter de tout attendre des ministres de la Justice. Ce n’est pas eux qui pourront instiller l’orgueil judiciaire dans le cœur de cet univers largement entendu. Pourtant il n’en est pas un de plus dense, de plus exaltant : à la fois soucieux du singulier et préoccupé par le pluriel. Il « raccommode les destinées humaines » selon ce que désirait être le commissaire Maigret, pour Simenon.

Je n’aurais pas eu envie d’écrire ce billet (et de me tenir à peu près seul pour cette défense, cette apologie, ce redressement, moi qui aime la dissidence, la solitude, je suis gâté) si je n’avais pas lu ce propos de Marc Trévidic dans le JDD: « Je ne peux décemment conseiller à personne de devenir magistrat[1]« .

Ce magistrat a eu et continue d’avoir la lumière sur lui et tout ce qu’il offre à ceux qui le lisent dans cet entretien face à un Éric Naulleau pourtant stimulant, a une tonalité languissante, crépusculaire, misérabiliste, et même défaitiste : il ne faut plus devenir magistrat. Il ne crache pas seulement dans la soupe, il décourage les intelligences, les sensibilités, les personnalités qui actuellement veulent l’être, il offense le futur. Le moins qu’on aurait pu espérer de lui : une vision complexe, ombres et lumières comprises.

Je n’ai connu, critique mais enthousiaste, que les lumières.


[1] https://www.lejdd.fr/culture/de-la-lutte-antiterroriste-aux-enquetes-criminelles-marc-trevidic-revele-les-secrets-de-la-huitieme-section-du-parquet-de-paris-dans-un-roman-captivant-151668

Un formidable alignement des planètes pour Trump

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Le président élu Donald Trump marche avec Elon Musk avant le lancement du sixième vol d'essai de la fusée SpaceX Starship, le mardi 19 novembre 2024 à Brownsville, Texas © Brandon Bell/AP/SIPA

La victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle a été surprenante pour beaucoup de monde.


L’élection de Donald Trump est un événement qui sort totalement de l’ordinaire tant par la trajectoire personnelle de l’homme que par les conséquences qu’une nouvelle présidence peut avoir sur la géopolitique mondiale, mais aussi sur l’avenir de la planète et sur la hiérarchie des valeurs dans lesquelles nous avons été habitués à vivre.

Incompréhension

M’étant trompé sur les chances de Trump, après sa prestation que j’avais jugée très médiocre face à Kamala Harris, je voudrais comprendre ce que je n’avais pas compris sur la société américaine et peut-être aussi sur d’autres.

Sa victoire n’est pas écrasante: avec 1,6% d’écart de voix par rapport à son adversaire, Trump est loin de Reagan en 1984, de Johnson en 1964 et surtout de Nixon en 1972 (le mieux élu des présidents, qui a dû démissionner deux ans plus tard), qui l’avaient emporté avec environ 20% de voix d’avance. Trump a curieusement moins de grands électeurs qu’il n’en avait en 2016, alors que cette année-là il avait près de 3 millions de voix de retard sur Hillary Clinton. Curiosités du système fédéral américain…

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Il bénéficie d’une majorité dans les deux chambres du Congrès et à la Cour Suprême : cette situation est rare: ce fut le cas de Johnson en 1964 (ce qui lui a permis de passer le Civil Rights Act). A noter, enfin, que Obama en 2010, Trump en 2018, Biden en 2022, ont perdu le contrôle de la Chambre des Représentants au cours des élections à mi-mandat, ce qui a dès lors obéré leur capacité à légiférer. L’alignement des planètes dont bénéficie Donald Trump aujourd’hui, ainsi que la présence d’une équipe professionnelle autour de lui, présage que des réformes de grande ampleur seront menées avant les prochains midterms.

Trump a gagné 5 millions d’électeurs par rapport à 2020, malgré les polémiques et les procès. Ces électeurs ne sont pas uniquement les personnages caricaturaux que l’on a vus lors de l’attaque du Congrès du 6 janvier 2021 après qu’il eut déclaré que les élections avaient été volées (ce qui n’a jamais reçu une once de confirmation). 

L’inflation et le ressentiment au cœur de la campagne

La politique internationale a compté très peu et l’économie a été le facteur prédominant de la victoire de Trump. Une hausse des prix de 20% en quatre ans, contre 14% en France, n’est pourtant pas massive, d’autant que la hausse des salaires l’a partiellement  compensée. Cette inflation a en outre beaucoup diminué, mais il était trop tard. Trump a su en faire un cheval de bataille, accusant les  investissements considérables du plan Biden d’en être responsables, d’être inefficaces et politiquement orientés vers ces énergies vertes que détestent les électeurs des districts d’extraction minière comme il y en a beaucoup dans les zones rurales de Pennsylvanie. Kamala Harris a mal défendu le bon état global de l’économie américaine qui est une donnée abstraite aux yeux des électeurs. En situation  de plein emploi, Trump a su au contraire faire passer le message que l’immigration massive maintenait les salaires à la baisse.

Mais si la baisse de la consommation a pris une place si importante, c’est qu’elle s’intrique à un sentiment d’humiliation, moins facilement exprimable et de ce fait sous-estimé. Le géographe Christophe Guilluy parle des «dépossédés», ces gens du travail et des classes moyennes qui ont l’impression d’une déconnection des élites, en partie mondialisées et friandes de débats et de valeurs qui ne sont pas celles que eux portent traditionnellement.

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Le ressentiment qui en résulte, aussi culturel qu’économique, alimente le populisme. Il se nourrit aux États-Unis de la mythologie de la frontière avec son rejet des hiérarchies bureaucratiques et fédérales. Trump a senti ce mécontentement profond, que beaucoup d’habitants des grandes villes américaines perçoivent mal. Mes amis aux États-Unis ont tous voté démocrate: cela s’appelle en statistiques un biais d’échantillonnage. Même les enquêtes d’opinion n’y échappent pas, car comme pour le Rassemblement national en France, beaucoup de sondés  cachent le vote de colère qu’ils vont déposer dans l’urne.

Les minorités, elles-mêmes pourtant très sollicitées par les démocrates, ont souvent voté pour Trump. Les latinos et les noirs partagent tout simplement eux aussi beaucoup des colères de l’Amérique profonde. On ne peut que se méfier de l’exploitation de ces colères par un président qui en est un remarquable sismomètre mais qui a une grande indifférence par rapport à la vérité.

Trump et les Israéliens

Certains des membres de son cabinet, tels Tulsi Gabbard aux renseignements, Matt Gaetz à la justice ou Robert Kennedy Jr à la Santé semblent de mauvaises blagues au vu de leurs antécédents. Ces deux derniers ont de plus un certain palmarès de déclarations antisémites. Quant au rapport d’Elon Musk à la vérité, c’est un sujet d’inquiétude mondial…

Mais en ce qui concerne Israël, les choix qu’a faits M. Trump jusqu’à maintenant ont conforté son passé de soutien à ce pays ainsi que ses déclarations sans ambiguïté sur le caractère intolérable de la haine anti-israélienne dans les universités américaines.

Il ne faut pas se leurrer: si Trump prend avec la vérité des faits des libertés très condamnables, il n’est pas le seul. Ceux qui proclament qu’Israël commet un génocide, que le Hamas est un mouvement de résistance à l’oppression et que la Palestine va du fleuve à la mer en font bien pire, quelles que soient par ailleurs leurs prétentions académiques, culturelles, sociales ou humanitaires.

G-W. Goldnadel: « Israël ne reconnaît pas la compétence de la CPI, donc elle n’a rien à faire »

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Les Israéliens Yoav Galan et Benjamin Netanyahu, Israël, juillet 2023 © Shir Torem/UPI/Shutterstock/SIPA

Causeur. La Cour Pénale Internationale a émis un mandat d’arrêt contre Benjamin Netanyahou ce jour. Le procureur de la CPI, Karim Khan, avait requis ce mandat d’arrêt il y a six mois. Cette décision était-elle attendue ? Les juges pouvaient-ils attendre encore, ou prendre une autre décision ?

Gilles-William Goldnadel. Concernant la date, elle était forcément incertaine. Elle pouvait intervenir aujourd’hui comme hier comme dans un mois et demi. Mais sur le fond, je ne me suis jamais fait la moindre illusion sur ce que déciderait la Cour internationale. Pas la moindre. Et je peux le dire maintenant: j’avais d’ailleurs été approché par des cercles pro-israéliens pour qu’Avocats sans frontières intervienne. Pas au nom d’Israël, puisqu’Israël ne reconnaît pas la compétence de la Cour internationale, mais comme un « ami de la Cour », comme on dit. Je n’ai jamais voulu le faire, parce que je ne nourrissais aucune illusion et que je ne voulais pas donner, même de manière dérisoire à mon modeste niveau, la moindre légitimité à une Cour dont des États comme Israël ou les États-Unis d’Amérique contestent la compétence.

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Par ailleurs, il y a ce que nous juristes appelons le principe de subsidiarité, c’est-à-dire que quand il s’agit d’un État démocratique, l’État en question peut d’abord lui-même se saisir d’éventuels manquements avant que la Cour puisse elle-même prendre une décision. Ce principe a été évidemment foulé aux pieds, comme je m’y attendais. L’avocat, le juriste, a fini de parler ! Pour le reste, le président israélien Isaac Herzog, qu’on ne peut pas considérer comme un ami politique de Nétanyahou, loin s’en faut, je parle par euphémisme, vient de publier une déclaration que je fais mienne dans laquelle il affirme que c’est un jour noir pour la justice et un jour noir pour le monde. Il explique très bien que cette décision de la CPI fait fi du fait que c’est Israël qui a été agressée dans les conditions que vous savez le 7-Octobre, et que contrairement à tout ce que peut dire la Cour, c’est bien le Hamas le responsable des tragiques morts civils à Gaza, puisque le Hamas utilise cyniquement les civils comme des boucliers humains. Le président israélien rappelle qu’Israël était placée dans une alternative assez diabolique, entre ne rien faire et faire ce qu’elle a dû faire avec les conséquences tragiques que l’on sait. Je considère que cette alternative à deux branches est quand même faussée, parce qu’il eût été encore pire de ne rien faire et de laisser Israël bien évidemment détruite par le Hamas, bien sûr.

À part ça, on sombre dans le comique lorsqu’on voit que la CPI poursuit aussi le même jour M. Deif du Hamas dont tout le monde sait qu’il est six pieds sous terre, donc pour donner l’illusion de l’équanimité… Vous remarquerez d’ailleurs que les grands amis du Hamas, comme Rima Hassan de La France insoumise, ne s’y trompent pas et sablent le champagne. Le drame, c’est que cela va encore accroître le tragique isolement d’Israël et des populations.

Revenons-en à la décision du jour. Juridiquement, qu’implique concrètement la décision prise aujourd’hui par la CPI pour MM. Netanyahou et son ancien ministre de la Défense Galant ? Est-ce qu’en théorie, selon ses engagements internationaux, Israël serait supposé les arrêter et les envoyer à La Haye ?

Mais non ! Israël ne reconnaît pas la compétence de la CPI, donc elle n’a rien à faire. Les conséquences concrètes pour les personnes visées par les mandats d’arrêt sont des conséquences qu’ont connues d’ailleurs pendant un moment certains généraux israéliens dans le passé : elles ne peuvent pas aller dans les pays qui reconnaissent la compétence de la CPI. C’est-à-dire que Nétanyahou pourrait aller demain matin à 9 heures aux États-Unis ! Cela ne poserait aucun problème, même avant Trump d’ailleurs. Mais malgré tout, c’est effectivement un jour très noir pour la justice.

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Juridiquement, y a-t-il des répercussions plus larges sur l’État d’Israël ?

Non. Ce sont les personnes uniquement qui sont visées. Raison pour laquelle j’avais personnellement préconisé il y a quelques mois, notamment pour cette raison-là, que Netanyahou quitte rapidement le pouvoir pour ne pas justement associer son statut à l’État. Je reconnais a posteriori que c’était un raisonnement pratique dont je ne suis pas très fier.

Vous savez, la CPI a à peu près la même impartialité que l’organisation des Nations Unies, c’est à peu près la même chose. Quant à Karim Khan, le procureur, même si la presse française ne s’en est pas particulièrement fait l’écho, il est critiqué pour des tas de choses dont les harcèlements sexuels sont les plus bénignes. Mais cela, cela ne semble pas poser de problème de conscience à qui que ce soit. La réalité est psychologique, elle est politique, voire métaphysique ; et elle est grave, n’allez pas croire que je traite la décision de la CPI par un revers de la main ou par le mépris.

Selon le communiqué, il y aurait des « motifs raisonnables » de croire que Netanyahou porte la « responsabilité pénale » de « crimes contre l’humanité ». Quelle analyse politique faites-vous de ce communiqué ?

Je pense que je viens de vous le dire. Jamais, jamais, jamais, les soldats israéliens n’ont visé les civils en tant que civils. Et d’ailleurs pas seulement pour des raisons humanitaires, c’est aussi parce qu’ils savent bien qu’Israël n’a pas le droit de faire ce que beaucoup de pays font par ailleurs; mais la Cour Internationale s’en fiche puisque d’une certaine manière c’est entériner le droit du Hamas d’utiliser les boucliers civils. C’est aussi cyniquement une question de ratio : lorsque vous êtes en guerre et que vous avez une cible militaire terroriste avec des civils autour, avez-vous le droit de frapper ? Cyniquement parlant, je peux vous dire que les ratios israéliens sont moins importants que ceux qui ont été utilisés par les Alliés – et je ne vous parle même pas des Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale bien entendu, mais même par les Français ou par les Américains à Raqqa.

Causons! Le podcast hebdomadaire de Causeur

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Manifestation contre l'antisémitisme devant la mairie d'Amsterdam, 28/11/2024 Teun Voeten/Sipa USA/SIPA

Avec Céline Pina et Jeremy Stubbs


Ce que révèle une nouvelle étude IPSOS-CRIF sur l’antisémitisme. Berlin: quand les sociétés occidentales trahissent leurs principes.

Israël affirme rejeter avec dégoût les accusations de la Cour pénale internationale

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Jérusalem, 18 novembre 2024 © Ohad Zwigenberg/AP/SIPA

Le gouvernement israélien a immédiatement répondu à la décision de la CPI d’émettre des mandats d’arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant


La Cour pénale internationale (CPI) a annoncé qu’elle avait rejeté les recours déposés par Israël et qu’elle avait émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et contre l’ancien ministre de la Défense limogé, Yoav Gallant. En outre, la Cour a également émis un mandat d’arrêt contre Mohammed Deif, bien qu’il ait déjà été éliminé, car le Hamas n’a pas confirmé sa mort. Le premier pays à avoir déclaré qu’il agirait en conformité avec ce mandat est les Pays-Bas, où siège la Cour pénale internationale à La Haye.

Selon la déclaration, il est écrit que Netanyahu et Gallant « portent chacun une responsabilité pénale pour les crimes suivants, en tant que co-auteurs ayant commis les actes conjointement avec d’autres : le crime de guerre d’utiliser la famine comme méthode de guerre, ainsi que des crimes contre l’humanité tels que le meurtre, la persécution et d’autres actes inhumains. »

Il est également indiqué que « Netanyahu et Gallant portent chacun une responsabilité pénale en tant que responsables civils pour le crime de guerre consistant à diriger intentionnellement des attaques contre une population civile. » Les recours déposés par l’État d’Israël ont été rejetés, et la chambre préliminaire de la CPI a publié à l’unanimité les décisions contre Netanyahu et Gallant.

Motifs raisonnables

La Cour a trouvé qu’il existe « des motifs raisonnables de croire » que Netanyahu et Gallant sont pénalement responsables, chacun, en tant que co-auteurs d’actes commis conjointement avec d’autres : le crime de guerre d’utiliser la famine comme méthode de guerre, ainsi que les crimes contre l’humanité, notamment le meurtre, la persécution et d’autres actes inhumains. Il a également été déclaré que « nous avons trouvé des motifs raisonnables de croire que Netanyahu et Gallant portent chacun une responsabilité pénale, en tant que commandants civils, pour le crime de guerre consistant à diriger intentionnellement des attaques contre une population civile. »

Le bureau du Premier ministre a réagi aux mandats d’arrêt environ une heure après leur publication, qualifiant cette décision officielle de « décision antisémite de la Cour pénale internationale, équivalente à une version moderne de l’affaire Dreyfus – et qui finira de la même manière. » Il a également été déclaré : « Israël rejette avec dégoût les actions et les accusations absurdes et mensongères portées contre elle par la CPI, un organisme politique biaisé et discriminatoire. Il n’y a rien de plus juste que la guerre menée par Israël à Gaza depuis le 7 octobre 2023, après que l’organisation terroriste Hamas a lancé une attaque meurtrière contre Israël, perpétrant le plus grand massacre contre le peuple juif depuis la Shoah. »

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Le bureau de M. Netanyahu a également personnellement attaqué le procureur Karim Khan, évoquant les affaires dans lesquelles il est lui-même soupçonné : « La décision a été prise par un procureur général corrompu, cherchant à se protéger des graves accusations portées contre lui pour harcèlement sexuel, et par des juges biaisés, animés par une haine antisémite d’Israël. C’est pourquoi le procureur a menti en affirmant à des sénateurs américains qu’il n’agirait pas contre Israël avant de s’y rendre et d’entendre son point de vue. C’est aussi pour cette raison qu’il a annulé sa visite en Israël en mai dernier de manière soudaine, quelques jours après que les soupçons de harcèlement sexuel ont été soulevés contre lui, et qu’il a annoncé son intention d’émettre des mandats d’arrêt contre le Premier ministre et l’ancien ministre de la Défense. Aucune décision anti-israélienne n’empêchera l’État d’Israël de protéger ses citoyens. »

La déclaration se conclut ainsi : « Le Premier ministre Benjamin Netanyahu ne cédera pas aux pressions, ne reculera pas et n’abandonnera pas jusqu’à ce que tous les objectifs de guerre fixés par Israël au début de la campagne soient atteints. »

Monsieur Netanyahu ne pourra plus voyager aussi facilement

Israël n’est pas signataire du Statut de Rome, qui a établi la Cour pénale internationale. Cependant, selon ce statut, si un individu commet un crime de guerre sur le territoire d’un État partie au traité, même s’il est étranger, la Cour peut exercer sa juridiction à son encontre. Les Palestiniens ont adhéré au Statut de Rome en 2014 en tant qu’État membre, et c’est de cette manière qu’ils cherchent à appliquer ces règles aux Israéliens. En février 2021, la chambre préliminaire de la CPI a statué, à la majorité, que le procureur de la Cour avait compétence pour enquêter sur des soupçons de crimes de guerre commis dans les territoires au-delà de la ligne verte.

La Cour pénale internationale ne dispose d’aucun pouvoir d’exécution ni de force de police pour procéder aux arrestations. Après l’émission d’un mandat d’arrêt, tous les États parties au Statut de Rome sont tenus de coopérer pour exécuter le mandat et livrer le suspect à la Cour. À ce jour, 123 pays sont membres du Statut de Rome, notamment tous les pays d’Amérique du Sud, presque tous les pays d’Europe, l’Australie, le Canada et environ la moitié des pays africains. En revanche, des pays comme les États-Unis, l’Inde et la Chine ne sont pas parties au traité.

Ainsi, toute visite de Netanyahu ou de Gallant dans un pays membre du Statut de Rome pourrait les exposer à un risque d’arrestation et d’extradition vers la Cour pénale internationale.

Cependant, il convient de noter que les États membres ne collaborent pas toujours avec la Cour. Par exemple, en 2015, le président soudanais Omar el-Béchir a assisté à un sommet de l’Union africaine en Afrique du Sud et a été autorisé à quitter le pays pour retourner chez lui, malgré le mandat d’arrêt émis contre lui. Plus récemment Vladimir Poutine s’est rendu en Mongolie, pays signataire, sans être inquiété.

L’émission de mandats d’arrêt dans le cadre d’une enquête représente une étape préliminaire du processus judiciaire devant la Cour internationale. Le chemin vers le dépôt d’actes d’accusation contre de hauts responsables israéliens est encore très long. De plus, selon le droit international, les systèmes judiciaires nationaux ont la priorité pour juger les crimes internationaux, en vertu du principe de « complémentarité ». Sur ce point, Israël dispose d’arguments juridiques solides, affirmant que ses mécanismes internes de contrôle et de justice sont indépendants et fonctionnels, rendant toute intervention extérieure inutile.

Dans leur décision, les juges ont précisé qu’ils ne se prononçaient pas à ce stade sur les arguments de défense d’Israël, comme le principe de complémentarité. Ils ont indiqué que ces questions seraient examinées ultérieurement et non au stade préliminaire de l’émission des mandats d’arrêt. Par conséquent, Israël doit continuer à renforcer sa « barrière juridique » en menant des enquêtes internes indépendantes, en vue des étapes ultérieures du processus judiciaire.

Des No-Jew zones à Berlin

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Barbara Slowik photographiée à Berlin le 15 avril 2021 © snapshot-photography/F Boillot/S/SIPA

Was für eine Überraschung ! Berlin paye cher l’accueil de réfugiés musulmans: antisémitisme et homophobie s’y développent. La chef de la police conseille aux juifs et aux homosexuels d’être prudents dans « certains quartiers » !


Certains entretiens font l’effet d’une bombe alors même que ce qui y est dit n’a rien de surprenant. Leur impact vient du fait que, tout à coup, ce que tout le monde sait mais qu’il ne faut pas dire sous peine d’être ostracisé, est reconnu par une autorité officielle.

Polizei aïe aïe !

C’est ainsi qu’en Allemagne, la chef de la police de Berlin, Barbara Slowik, a fait scandale en déconseillant aux juifs et aux homosexuels de s’aventurer dans certaines zones de la capitale allemande. Le Berliner Zeitung lui a posé la question qu’évite la majeure partie des journalistes ici : « Qui représente un danger pour les juifs ? » Elle répond clairement : « Il existe certains quartiers dans lesquels vivent une majorité de personnes d’origine arabe qui ont également de la sympathie pour les groupes terroristes. Un antisémitisme ouvert s’y exprime à l’encontre des personnes de foi et d’origine juive ». Elle sait de quoi elle parle : comme partout en Europe depuis le 7 octobre 2023, l’antisémitisme a explosé en Allemagne et plus de 6000 enquêtes pour actes antisémites y ont été menées.

« Libérez la Palestine de la culpabilité allemande »

Dans le quartier berlinois de Neukölln, peuplé d’une proportion importante de migrants notamment turcs, syriens et libanais, des sympathisants du Hamas ont distribué des gâteaux le jour même du pogrom du 7-Octobre et dans celui de Mitte, où une forte population musulmane réside aussi, une synagogue a été attaquée à coup de cocktails Molotov peu de jours après. Ces attaques ont choqué la capitale allemande, et la multiplication des actes antisémites qui a suivi déstabilise une classe politique qui pensait avoir réussi la dénazification et se voit rattrapée par l’antisémitisme culturel arabo-musulman tandis qu’elle assiste également à la montée électorale du parti d’extrême-droite, l’AfD.

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Mais l’extrême-droite est, dans les faits, dépassée par l’extrémisme des mouvements de gauche pro-palestiniens, ceux-ci scandent de plus en plus le slogan : « Libérez la Palestine de la culpabilité allemande ». Une façon de faire d’Israël l’enfant de la Shoah et de faire de l’Allemagne, le responsable de la situation. Le pays laverait le péché commis lors de la Deuxième Guerre mondiale dans la souffrance des Palestiniens et en serait donc comptable.

Des terminologies communes chez la gauche woke et chez les néo-nazis

Face à une haine des Juifs qui se manifeste de plus en plus, les Allemands n’ont pas détourné les yeux. Ils ne cachent pas le fait que la haine anti-juive s’observe avant tout chez les immigrés et les musulmans radicaux et que, sous prétexte de solidarité avec la Palestine, ils sont en train d’assister à la naissance d’un « antisémitisme woke ». Façon aimable de nommer l’antisémitisme répandu et assumé par la gauche. À la racine de cette décompensation antisémite, se trouve, comme chez nous, un antiracisme exacerbé où l’union du post-colonialisme et l’idéologie racialiste en mode Black Lives Matter a accouché d’une vision du monde aussi réductrice que stupide où les rôles de « bons » et de « méchants » sont liés à la couleur de peau, l’ethnie, l’appartenance religieuse… Dans ce monde manichéen, le Palestinien est le persécuté et le Juif, le bourreau.

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De façon paradoxale, au terme de ce travail d’annihilation de la pensée critique, la gauche woke allemande rejoint l’extrême-droite néo-nazi et use des mêmes termes : le slogan qui invite à libérer la Palestine de la culpabilité allemande renvoie directement au « culte de la culpabilité », ce procès que l’extrême-droite fait au devoir de mémoire, un des axes central de la dénazification. Björn Höcke, un des responsable de l’AfD, a d’ailleurs qualifié le mémorial de la Shoah de Berlin de « monument de la honte ». Alors certes, comme chez nous, les politiques condamnent et s’indignent, mais ils semblent également impuissants à contenir un antisémitisme culturel et politique dont les derniers avatars se découvrent au sein de l’immigration musulmane et dans la gauche radicale. Autant ils savent le combattre quand il vient de l’extrême-droite, autant ils semblent paralysés face à ce nouvel antisémitisme. Mais au moins, les Allemands ont-ils le cran de regarder en face qui sème la haine des Juifs et le courage de le dire officiellement. Ce n’est pas si anodin.

Lettre à Pauline

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Nicolas Bedos, au tribunal correctionnel de Paris, 26 septembre 2024 © CYRIL PECQUENARD/SIPA

Après la condamnation de Nicolas Bedos à un an de prison pour agression sexuelle (avec sursis probatoire de six mois), sa compagne Pauline Desmonts a dénoncé sur Instagram l’ « injustice » d’une décision « tyrannique ». L’avocat qui officie sur BFMTV lui répond.


Madame, je ne vous connais pas, je ne connais pas non plus votre compagnon, Nicolas Bedos, ni son avocate ni son dossier. Je ne me suis réellement intéressé à son affaire que le vendredi 25 octobre, après vous avoir lue. Il faut dire qu’il y a tellement d’affaires de ce « genre » aujourd’hui, mais oui, la justice doit être juste et une justice qui se contente de croire une parole plutôt qu’une autre ne peut être qu’injuste, quelle que soit cette parole. Je ne sais pas si votre mari est innocent ou coupable, et contrairement à tous ceux qui n’ont pas hésité à la piétiner depuis sa condamnation non définitive, je vais respecter sa présomption d’innocence, ce principe cardinal de notre droit démocratique ignoré et méprisé par des personnalités politiques de premier plan qui ne respectent pas la loi ou alors tout simplement, et ce serait préférable en soi, ne la connaissent pas. Je vais aussi naturellement respecter les droits des plaignantes – en l’état de la procédure pénale, elles ne sont pas des plaignantes, mais des victimes, les mots ont un sens.

Je n’ai pas le droit d’écrire ce que je vais écrire, mais en tant qu’homme de loi, j’en ai l’obligation. Je vais le faire en mon nom, uniquement, et je sais déjà que cela aura un prix, mais si je ne le faisais pas je serais comme tous les autres, alors tant pis, vous méritez qu’on vous réponde sans se cacher dans les ténèbres faciles de l’anonymat.

J’ai bien compris que vous aviez reçu des soutiens nombreux, mais je ne les ai pas trouvés dans mes recherches. Les femmes et les hommes auraient-ils peur de soutenir votre mari de façon publique et à visage découvert, sans risque social pour eux comme cela devrait être la règle dans une démocratie ? Non, madame, vous vous trompez, ils n’ont pas peur, ils sont terrifiés, et ils ont raison. Les courants de pensée dominants dans notre société tels que le wokisme, la cancel culture, le néoféminisme ne souffrent aucune contradiction, MeToo en est la preuve ultime. On a le choix entre être pour et être pour ! C’est la société de la terreur. Dès qu’un homme est dénoncé comme agresseur sexuel ou violeur potentiel, c’est la guillotine publique. S’agit-il d’un progrès, comme on le prétend, ou de la régression d’une société malade de sacrifier ses lois démocratiques à des principes obscurantistes ?

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Vous parlez d’inversion de la charge de la preuve. Je l’ai déjà vue s’appliquer à d’autres que votre mari, y compris à des inconnus. La présomption d’innocence implique que c’est au ministère public de prouver la culpabilité d’un prévenu. Le corollaire, c’est qu’il faut apporter la preuve (mot désormais désuet en matière d’infraction à caractère sexuel) de sa culpabilité et qu’en aucun cas ce n’est au prévenu d’apporter la preuve de son innocence. Dans de nombreux tribunaux, j’ai pu observer que cette règle s’était dangereusement inversée. On demande à la défense de prouver que le prévenu (ou l’accusé) n’a pas fait ce dont il est soupçonné. A-t-on interpellé votre mari à l’audience, lui a-t-on demandé : « Monsieur Bedos, pourquoi la plaignante dénoncerait-elle ces faits s’il ne s’est rien passé ? Pensez-vous qu’elle invente ? Pensez-vous qu’elle mente ? »

En réalité, la seule parole de l’accusatrice sert de fondement à un tribunal pour condamner un homme accusé de crime ou délit sexuel. Autrement dit, la parole de la plaignante est devenue aujourd’hui une preuve qui permet de condamner en l’absence de tout autre élément pour caractériser la culpabilité. Quand l’accusation vaut condamnation, quand la parole d’une femme qui accuse vaut plus, par principe, que celle d’un homme qui conteste l’accusation, il n’y a pas de procès équitable. Donc, il ne s’agit plus de justice, il s’agit de barbarie judiciaire. Si les juges sont payés pour croire alors ils ne servent à rien et ne sont plus des juges, ce sont devenus des voyants, et la voyance, ça ne s’apprend pas à l’ENM. Je ne sais pas, chère Pauline, si votre compagnon est coupable ou pas, mais je sais que personne n’a le droit de porter atteinte à sa présomption d’innocence.

Je souhaite, pour vous et votre famille que votre mari soit jugé en appel, dans le respect de la loi pénale, à l’abri de toute morale toxique. J’espère que ses juges respecteront son droit à un procès équitable qui interdit de faire prévaloir la parole de l’un au détriment ou au bénéfice de la parole de l’autre. Les juges ne sont pas là pour croire l’un ou l’autre, mais pour savoir, et quand ils ne savent pas, c’est la règle fondamentale du doute qui profite au mis en cause qui doit être relaxé ou acquitté. C’est la loi, notre loi à tous et en toutes circonstances, celle qui nous protège ou devrait nous protéger de l’arbitraire. Aujourd’hui, tous les hommes sont en danger face à ce lynchage permanent, à la violence des médias et parfois de la justice.

Chère Pauline, vous avez le courage qui manque aux hommes de mon époque. Ils devraient avoir honte de leur lâcheté, si la honte existe encore. Peut-être faut-il que ce soit une femme qui dénonce. Vous l’avez fait. Vous avez dénoncé la barbarie d’aujourd’hui, celle qui est entrée dans nos prétoires. Merci madame.

La loi, juste la loi !: Pour que les morales ne dictent pas leur loi

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Libérons-nous de l’islamisme… en trottinette

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Magasin de l'enseigne FNAC. Image d'illustration © WITT/SIPA

À Bruxelles, la FNAC annule une conférence autour du livre Allah n’a rien à faire dans ma classe. À Nice, quelques années plus tôt, un concours de photos de l’enseigne récompensait un cliché montrant un homme se torchant les fesses avec le drapeau français.


Les clients de la Fnac sortent tous avec un petit sac en papier kraft sur lequel on lit « Fnac, libérons la culture ». Mais souvent la première chose sur laquelle ils tombent en entrant dans le magasin, c’est une flottille de trottinettes électriques légèrement inclinées sur leurs béquilles. Fondée en 1954 par deux militants de gauche que certains disent trotskystes, la Fnac (Fédération Nationale d’Achat des Cadres) s’est prétendue acteur de la « démocratisation de la culture ». Laissons de côté la « démocratisation », laissons de côté la « culture » ; aussi perplexe que Saint-Augustin s’interrogeant sur la nature du temps, l’on n’est en effet vraiment pas sûr de savoir de quoi l’on parle. La Fnac s’est voulue également « agitateur d’idées », puis en 1991 « agitateur culturel ». Passons ! Tout cela n’est que du marketing. Du moins apparemment. Car ces noces étonnantes du capitalisme transnational et de l’internationalisme trotskyste contiennent les germes de ce mondialisme antinational dans lequel gauche et droite coopèrent depuis des décennies.

Une conférence annulée

Proposons alors à la Fnac des slogans un peu plus en conformité avec l’attitude de certains de ses responsables. Le 16 novembre, une conférence devait se tenir à la Fnac de la ville de Woluwe-Saint-Lambert, dans la banlieue de Bruxelles. Deux journalistes, Jean-Pierre Martin et Laurence D’Hondt, étaient invités à parler de leur livre : Allah n’a rien à faire dans ma classe. Devant les menaces proférées par de jeunes musulmans à l’encontre du personnel, la Fnac décida d’annuler la conférence. « Menacer des auteurs est un nouveau coup dur pour nos libertés et la liberté d’expression. Nous ne le tolérerons jamais, a tweeté Alexia Bertrand, secrétaire d’Etat au Budget et à la Protection des consommateurs, dans le gouvernement belge de centre droit. J’attends de tous les responsables politiques qu’ils se joignent à moi pour condamner fermement ces actions. » Pour, avec la Fnac, libérer la culture ? Non, pour encourager la fuite en trottinette !

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La mémoire et la mise en perspective des événements ou de ce que l’on croit n’être que des incidents sont souvent ce qui fait défaut à notre presse et à notre classe politique. Souvenons-nous de ce qu’il s’était passé à la Fnac de Nice, en mars 2010, et que chacun pouvait lire dans le journal gratuit Metro : « Les lauréats du Marathon de la photo Fnac de Nice ont été désignés hier. Le jury de professionnels a décerné son « coup de cœur » à l’image de Frédéric Laurent, dans la catégorie “Politiquement incorrect”. » Et le journal, qui tirait à l’époque à 700 000 exemplaires, publiait la photo d’un jeune homme de dos, pantalon baissé, qui se torchait avec le drapeau français… Devant le nombre croissant de ceux qui renvoyèrent leurs cartes d’adhérent, le directeur de la Fnac dut faire retirer la photo primée. Ce manager ne connaissait sans doute dans son magasin que des consommateurs et était à mille lieues d’imaginer que ceux-ci pussent être aussi et d’abord des citoyens attachés à la France et à son emblème. Il est clair que c’est la crainte d’un bilan annuel en baisse et non pas une conscience devenue indigente avec les études et le métier qui lui dictait le retrait de cette photo qui avait enchanté le jury. Un jury de quoi ? Un « jury de professionnels » ! Il n’y a, c’est évident, que des « professionnels » derrière les subventions en tout genre allouées aux urinoirs, aux boîtes de « merda d’artista », aux scènes de sodomie géantes, aux vagins de la reine, aux crucifix plongés dans l’urine, aux Ferrari écrasées ou aux écrans diffusant en boucle des scènes de masturbation ! En ces temps de crise de l’autorité, ces « professionnels » qui se reproduisent comme des lentilles d’eau dans l’entre-soi du marais culturel sont aujourd’hui les seuls à faire autorité. La liberté d’expression qu’ils invoquent en permanence est en effet le seul argument qui fasse consensus, le seul qui dissuade toute protestation sans qu’aucun politique à droite et à gauche n’ose demander combien de libertés d’expression ont été volontairement mises sous le boisseau, combien ont été passées sous silence, combien ont subi les sarcasmes et la suffisance d’un jury de petits copains pour que sortent, publiée à des centaines de milliers d’exemplaires, cette photo de l’outrage au drapeau.

Outrage au drapeau

Finalement le gouvernement publia le 21 juillet 2010 un décret condamnant l’outrage au drapeau. Mais un an plus tard, à la suite d’un recours en annulation de la Ligue des droits de l’homme, le Conseil d’État neutralisa ce décret en précisant que ce texte n’avait pas pour objet de réprimer les outrages « qui reposeraient sur la volonté de communiquer, par [ces actes], des idées politiques ou philosophiques ou feraient œuvre de création artistique ». Le Conseil d’État, en recadrant ainsi le décret, donnait raison au ministre[1] qui, un an plus tôt, avait apporté au sénateur qui l’interpellait la réponse suivante : « En l’état actuel du droit, il est improbable que nous puissions sanctionner ce type d’outrage. Cette photo est considérée par la jurisprudence comme une « œuvre de l’esprit ». »

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Toujours cet « état actuel » du droit qui est le talon d’Achille de notre démocratie ! Ce serait toutefois une absurdité et une faute grave que d’inscrire dans la loi ce que sont les critères d’une « œuvre de l’esprit » ! Nommons d’autres profils à la place de ces « professionnels » sans conscience et sans courage.  Envoyons-les au jardin d’enfants, avec sur leurs sacs en papier kraft, ce slogan : « Fnac, libérons-nous de l’islamisme en trottinette ».


[1] Eric Besson NDLR

Afrique: le grand bond en arrière

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Emmanuel Macron et Felix Tshisekedi au Forum économique de Kinshasa, République démocratique du Congo, 4 mars 2023 © Jacques Witt/SIPA

Les derniers chiffres de la Banque Mondiale et du FMI révèlent l’état lamentable des économies africaines. Les discours « afroptimistes » dominants ces dernières années sont battus en brèche.


 « L’Afrique façonnera l’avenir de l’économie mondiale ». Cette assertion très sérieuse de la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen n’a qu’un an d’âge, mais elle relève déjà de la croyance, du vœu pieu, de la science-fiction. Ouvert dans les années 2000 par les concerts enthousiastes des cabinets de conseil et des prophètes-économistes prédisant au continent l’émergence prochaine, le temps des « afroptimistes » est en effet révolu. En témoigne l’état de décomposition avancée et de corruption de pays comme la République démocratique du Congo du président Tshisékédi, pourtant richement doté en matières premières et en terres arables, ou encore celui des pays de l’Alliance des Etats du Sahel – des « scandales géologiques » dont les populations sont les plus miséreuses du monde.

Des lions endormis

S’il était encore possible de se figurer les pays d’Afrique subsaharienne comme des « Lions on the move » (McKinsey & Company) en 2016, c’est-à-dire deux ans après que le PIB par habitant de la région franchisse son pic historique depuis la décolonisation, les lions sont désormais rentrés dormir dans leurs tanières.

Depuis l’acmé de 2014, le PIB par habitant de l’Afrique subsaharienne a chuté de près de 15% pour atteindre un niveau équivalent à celui des années 2010, sans perspective de progrès. A contrario, au cours de la même période, le PIB mondial par habitant augmentait de près de 20%. Le fossé économique s’est ainsi transformé en abyme : en 2023 le niveau de richesse moyen de l’Afrique subsaharienne était 4711 fois inférieur à celui de l’Amérique du Nord, 2613 fois inférieur à celui de la zone euro, 690 fois inférieur à celui de l’Asie du Sud-Est et 533 fois inférieur à celui de l’Amérique latine.

Croissance appauvrissante

L’équation économique africaine démultiplie la pauvreté et cultive le sous-développement. Elle présente un aspect paradoxal, combinant des atouts apparents dont l’association produit des échecs à répétition. L’Afrique subsaharienne représente en effet le principal moteur de la croissance démographique mondiale (une naissance sur quatre, bientôt une naissance sur deux – d’ici 2050 selon l’ONU) et ses économies cumulent des taux de croissance moyens supérieurs à la moyenne mondiale depuis de longues années (une tendance qui ne devrait pas s’inverser au cours de la décennie, selon le FMI). Pourtant, cette croissance ne se traduit pas par un surcroît de prospérité. Au contraire : le modèle économique africain produit de plus en plus de pauvres, d’année en année.

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Malgré sa natalité et des taux de croissance élevés, l’Afrique subsaharienne concentre aujourd’hui la majorité des plus pauvres de la planète. Elle a suivi une trajectoire inverse à celle de l’Asie. Encore majoritairement pauvre et sous-développée il y a trente ans, l’Asie concentrait en 1990 80% des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté international, contre 30% pour l’Afrique. Trois décennies plus tard, l’Afrique rassemble 60% des plus pauvres de la planète, alors qu’ils ne sont plus que 14% à vivre en Asie (Banque Mondiale, 2022).

Contrairement aux autres régions du monde décolonisées dans les années 1960, dont l’essor a été par la suite étouffé ou ralenti par le corset de la guerre froide, les économies africaines se sont précipitées dans une impasse tragique, que les visions enchantées des illusionnistes de l’afroptimisme ont échoué à éclairer.

Rendez-vous avec la prospérité

Au sortir de la décolonisation, les principaux centres de production et d’innovation du monde se confondaient encore avec le club des anciennes métropoles impériales et avec la puissance économique du nouveau leader mondial d’alors, les États-Unis. Trente ans après, la fin de la guerre froide a dégivré l’organisation du commerce international. Le cœur battant de l’industrie et du commerce s’est peu à peu élargi avec l’arrivée de la Chine, de l’Inde, du Vietnam, de la Corée du Sud, mais aussi du Brésil, du Mexique, de l’Indonésie… L’Afrique est la seule région du monde à être restée à l’écart de ce mouvement historique qui a propagé les méthodes et les bénéfices de l’industrialisation à l’échelle mondiale. Puis elle a manqué la marche de la révolution numérique, dont elle consomme aussi les produits sans parvenir non plus à les fabriquer.

Décolonisation, mondialisation, digitalisation : en plus d’un demi-siècle, l’Afrique a manqué trois rendez-vous avec la prospérité, ne cessant de confirmer son statut de dernier cercle concentrique de la compétition internationale. Dernière destination des capitaux, les investisseurs privés ne croient plus en son essor prochain. Contrairement aux émergents, les pays africains ne sont pas parvenus à sortir du modèle économique de comptoir de matières premières hérité de la colonisation. Ils sont restés empêtrés dans la rente primaire.

Un cul-de-sac économique

Le cul-de-sac dans lequel s’empêtre l’Afrique subsaharienne a un nom : le « piège des matières premières », une situation aussi qualifiée de « malédiction des ressources naturelles » dans la littérature économique pour décrire une économie dont le développement est entravé par une dépendance excessive à l’exportation de ses richesses naturelles.

Fondées quasi exclusivement sur l’exploitation du secteur primaire (agriculture, mines, pêche, forêts) ces économies permettent à des minuscules castes de tirer parti d’un régime qui néglige le développement de secteurs productifs reposant sur une main-d’œuvre qualifiée, capable de concevoir, d’usiner, de commercialiser et de rivaliser avec des produits étrangers.

S’engluer dans la production et l’export de ressources primaires est en effet la condition pour entretenir des économies bancales, dont la valeur des produits baisse avec le temps face à des économies dont la croissance est fondée sur des biens et services à forte intensité de connaissances, sans cesse modernisés par une main-d’œuvre formée et qualifiée ainsi que par des innovations technologiques.

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Les taux de croissance élevés que l’on peut retrouver par exemple en Libye (12,6% en 2023), ou en République Démocratique du Congo (8,4% en 2023) ne sont des atouts qu’en surface. Composés majoritairement de l’exploitation d’hydrocarbures pour l’un et de minerais, pour l’autre, ils ne traduisent que l’augmentation d’une hypertrophie, dont la valeur ajoutée est infime. Pire, cette situation d’extraversion économique constitue une source de vulnérabilité majeure, liée à la volatilité extrême des prix mondiaux des matières premières et aux fluctuations souvent brutales de la demande extérieure.

En RDC, les fruits de cette croissance à l’allure si élevée en ont fait cette année la cinquième nation la plus pauvre du monde. En 2024, 73,5% des Congolais vivent avec moins de 2,15 dollars par jour (Banque Mondiale), tandis qu’un député touche environ 21 000 dollars par mois… Advienne une chute des cours du cuivre, du cobalt ou de l’étain et la RDC se hissera à la première place du podium des nations indigentes. Quant à la Libye, parler de son expansion économique serait déjà parler trop vite. Le clan qui a vécu sur la rente pétrolière libyenne a vu son règne finir violemment à la mort de Kadhafi en 2011. Le semblant d’Etat libyen a disparu et ceux qui ont pris le relai de l’exploitation de l’or noir s’en disputent encore les miettes. Une station-service au milieu d’une guerre civile. La rente primaire n’a ni besoin d’Etat, ni de paix civile, seulement de rentiers.

Instabilité chronique

Le continent se distingue comme le plus instable du monde, emprisonné dans un piège à conflits. Les ressorts en sont certes complexes, à l’image des Grands-Lacs où les provinces orientales de la RDC sont livrées depuis des décennies au pillage des groupes armés. Sans véritable réaction du président Tsishékédi, qui préfère désigner des ennemis à gauche et à droite, plutôt que de s’attaquer aux boutefeux de la crise comme la corruption généralisée du pays et la mal-gouvernance économique et administrative : des maux rédhibitoires à toute politique économique viable. L’annonce d’une révision de la Constitution par le président qui, d’après l’opposition, lui permettrait de rester au pouvoir à vie, conforterait une caste congolaise préemptant toujours plus les ressources d’un État en faillite.

On retrouve peu ou prou ces paramètres dans le Sahel qui regroupe des paramètres liés non seulement au passif inter-ethnique, à la progression de l’islam radical et… une pauvreté endémique. Profondément corrompus, les Etats de la région y sont pour la plupart quasi-faillis et en proie aux juntes militaires prédatrices.

Dans un contexte d’insécurité accrue, de démultiplication des conflits et des coups d’État, qui freine d’autant plus toute velléité de sortie de la trappe à pauvreté, la marche vers l’émergence sera encore longue pour l’Afrique. En particulier si elle s’accompagne des prestidigitations habituelles qui ont pavé son chemin jusqu’à l’immobilisme et la décrépitude.

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