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Un des fondateurs de GayLib rallie Marine Le Pen

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C’est un petit scoop que Le Point nous offre sur un plateau : Sébastien Chenu, jusqu’ici secrétaire national à la culture de l’UMP, connu pour avoir fondé le mouvement gay de droite « GayLib », rallie Marine Le Pen. Dès l’annonce de son adhésion, le  Rassemblement Bleu Marine s’est empressé de le promouvoir au sein de ses instances dirigeantes,  comme nous l’apprend la journaliste Sophie Coignard, qui tend le micro à Gilbert Collard : « Son ralliement est la preuve de l’ouverture du RBM et que de plus en plus d’anciens adhérents UMP nous rejoignent », se félicite le député du Gard, coordinateur en chef de l’archipel mariniste. Outre le caractère gay friendly du FN, qui est tout à son honneur, ce recrutement confirme ce que l’on savait déjà : Marine Le Pen ratisse large, très large, et son mépris des questions sociétales lui permet de brasser tout ce qui s’oppose à l’immigration, de la catho old school au gay libertaire.

Certes, le Front national a été le premier parti de France et de Navarre à promettre l’abrogation du mariage pour tous, bien avant les engagements arrachés au forceps de Nicolas Sarkozy, mais il est au moins un point sur lequel il ne diffère guère de l’« UMPS » : la culture est un domaine réservé à une communauté. En passant avec armes et bagages au FN, Sébastien Chenu retrouve en effet le portefeuille de délégué à la culture qu’il occupait à l’UMP. Camarades frontistes, encore un effort pour sortir des stéréotypes…

Au secours, nos enfants divorcent!

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jeunes zad djihad

Retour à la nature en mode écolo-croissance zéro et résistance à l’État policier : avec son parfum prononcé de revival des héroïques années 1970, la bataille de Sivens a réveillé la nostalgie des éternels révolutionnaires, tout attendris par les faits d’armes de leurs héritiers présomptifs. Après la mort dramatique de Rémi Fraisse, l’attendrissement se mue en exaltation. Sous la plume lyrique d’Edwy Plenel, les zadistes ont les traits éternels d’Antigone, « désordre vivant » résistant à un « ordre mort », ici représenté par Manuel Valls. « Qu’avez-vous fait de la jeunesse ?, lance le patron de Mediapart, à l’adresse du président de la République. Cette jeunesse qu’en 2006 vous brandissiez en alliée naturelle face à la droite conservatrice, à raison de ses lucidités. » On s’en voudrait de casser l’ambiance en suggérant que quelques dizaines de zadistes sont peut-être moins représentatifs de « la jeunesse » que les 30 % de 18-35 ans qui votent Front national ou encore que les milliers de jeunes cathos entrés en politique avec les « Manifs pour tous ». Seulement, ces faux jeunes, Plenel ne les aime pas. Et quand il n’aime pas, il ne compte pas.

Face à « un ordre injuste qui met en péril l’essentiel » – « l’essentiel », en l’occurrence, étant la « zone humide » du Teste  –, on a, poursuit Plenel, le devoir de dire « non »: « Non, y compris à la loi quand elle n’est que l’alibi des pouvoirs confisqués, aveugles à leurs fins, sourds à leurs peuples. » Tandis que quelques milliers de lycéens parviennent à perturber ou bloquer plusieurs dizaines d’établissements pour dénoncer les « brutalités policières », les investigateurs s’efforcent de trouver les preuves desdites brutalités, suggérant que la mort de Rémi Fraisse n’est pas seulement un tragique accident – c’est bien connu, les gendarmes adorent assassiner des manifestants. Le maire de Carhaix promet une rue Rémi-Fraisse. Accusé de « retard de compassion », le gouvernement est sommé d’annuler le projet de barrage – et on peut parier qu’il s’exécutera.

Qu’un groupuscule, certes fort sympathique et de surcroît auréolé par le sacrifice d’un martyr, puisse exiger, et peut-être obtenir, l’annulation d’une décision bien sûr contestable mais semble-t-il adoptée en toute légalité, il faut être bêtement démocrate pour s’en offusquer. [access capability= »lire_inedits »] Je dois l’avouer, je ne suis guère tentée par ces nouvelles communautés, qui ressemblent passablement à celles d’hier, réseaux sociaux en plus, où l’on prétend retrouver le sens des solidarités. La solidarité en circuit fermé, c’est vite pesant – ça s’appelle contrôle social. Reste que ces jeunes gens qui hésitent entre Indiana Jones et Che Guevara ne manquent pas de courage, peut-être de panache. Et, derrière eux, beaucoup d’autres, qui ne passent pas à l’acte, cherchent dans les mêmes livres de quoi échapper à une société marchande qui ne leur offre même plus le raisonnable attrait du confort bourgeois. Je ne suis pas sûre de vouloir assister à la naissance d’une République mondiale des ZAD. Mais ces zadistes disent quelque chose de ce monde, c’est qu’il leur donne envie de le fuir. Les Veilleurs espèrent encore le changer. Les nouveaux djihadistes made in France n’ont, eux, qu’une chose en tête : le détruire.

En quelques jours, les compagnons de Rémi Fraisse, « botaniste » et « pacifique », cèdent la place, sur nos écrans, à une tout autre jeunesse qui a, cette fois, le visage de Maxime Hauchard, enrôlé dans les basses œuvres et dans la com de l’État islamique. On ne sait combien d’adolescents, secrètement, admirent cet assassin ou envient sa célébrité planétaire. Pour une fois, personne ne trouve d’excuse, même le chômage, à Hauchard. Mais puisqu’il a le bon goût d’être un franchouillard converti à l’islam, nos grandes voix en concluent péremptoirement que le djihadisme n’a rien à voir avec l’islam. Logique.

Il existe évidemment, entre djihadistes et zadistes, d’abyssales différences. Cependant, tous expriment une volonté de rupture – avec « le Système », « l’Occident », « la Politique », en somme avec un monde dans lequel ils ne trouvent plus grand-chose à aimer. Ils exagèrent, sans doute, mais on admettra que le salariat ne constitue pas une perspective particulièrement exaltante et le chômage encore moins. Sur notre planète quadrillée par les GPS, l’aventure est rarement au coin de la rue.

Certes, il n’y a là rien de très nouveau. Depuis qu’on a inventé la jeunesse, on ne naît pas jeune, on le devient. Et on le devient toujours en faisant sécession. L’époque offre de multiples façons de le faire. L’une des méthodes les plus courantes consiste à se couvrir de logos et à s’équiper de divers objets munis d’écouteurs permettant de communiquer avec ses seuls congénères dans un sabir incompréhensible, tout en retrouvant chaque soir le giron familial. Ce n’est peut-être pas très glorieux mais, après tout, tout le monde n’est pas fait pour vivre au grand air et manger bio. S’il faut choisir entre des décérébrés et des fanatiques, les premiers feront tout de même des vieux plus fréquentables.[/access]

*Photo : FRED SCHEIBER/SIPA. 00696855_000064.

Europe, Mélenchon, Le Pen : Il est libre, Guaino

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On présente souvent Henri Guaino comme l’exemple du « sarkolâtre ». Il est vrai qu’en certaines occasions, l’ancien conseiller spécial avait poussé un peu loin le bouchon dans la célébration de l’ancien président. Expliquer que, sans Nicolas Sarkozy, « il n’y aurait plus de démocratie en France, dans l’Europe et dans le monde », par exemple, c’est too much. Guaino est un sentimental. Il ne le cache pas. Il n’hésite pas à témoigner de son cas personnel pour dire son opposition à la Loi Taubira. Il n’hésite pas à quitter un plateau de télévision lorsque l’insupportable Romero fait son numéro habituel au lieu de débattre. Il lui arrive aussi de perdre son sang-froid dans d’autres confrontations télévisuelles, comme face à Joseph Macé-Scaron ou Jérôme Guedj. Il est comme ça, Guaino. Entier. C’est à cette aune qu’il faut lire son lien à Nicolas Sarkozy, et les excès qui vont avec.

Pourtant, il ne faudrait pas en conclure qu’il approuve tout ce que fait l’ex-chef de l’Etat. Guaino est un sentimental mais il n’est pas un inconditionnel. Il a répété sur tous les plateaux et studios que la candidature à la présidence de l’UMP n’était pas une bonne idée. Il n’a pas dit que c’était « une connerie » mais il le pensait si fort que nous l’entendions tous, assis devant nos téléviseurs ou écoutant nos radios. Il continue aussi d’expliquer qu’il abhorre les « primaires » pour désigner un candidat, alors que Nicolas Sarkozy en accepté le principe. Lors des dernières élections européennes, il a annoncé qu’il ne voterait pas pour la liste UMP conduite par Alain Lamassoure. Certes, Nicolas Sarkozy n’était pas alors revenu officiellement mais on imagine que redevenu chef de l’UMP, ce genre de dissidence ne serait désormais plus admise.

Ce mardi sur France Info, Guaino nous a aussi gratifiés de sorties plutôt iconoclastes pour un député UMP. Alors que ses congénères rivalisent de prosternations quand on prononce le nom d’Angela Merkel, il a expliqué que Jean-Luc Mélenchon avait eu raison de tweeter en allemand « Maul zu », c’est-à-dire « « Ferme-la ». « Il a dit tout haut ce que sans doute beaucoup de gens pensent tout bas. Moi je n’emploierais pas ces motsje dirais simplement que chacun s’occupe de ses affaires. », a indiqué la plume de Nicolas Sarkozy. Nul doute qu’il a dû faire tousser dans les rangs de l’UMP où l’on hurle à la germanophobie aussitôt qu’une once de critique est formulée en direction de la Chancelière. Mais ce n’est pas tout. Il a aussi dit ne pas comprendre la polémique autour de l’emprunt contracté auprès d’une banque russe par le Front national. Il reprend d’ailleurs sans aucune difficulté les arguments de Marine Le Pen selon lesquels le problème réside davantage dans le refus des banques françaises de prêter à un parti politique et que le taux de l’emprunt est assez cher. Alors que toute la classe politique, UMP en tête (Xavier Bertrand a d’ailleurs été très offensif sur le sujet dimanche) tire à boulets rouges sur la présidente frontiste depuis quelques jours à ce sujet, cette position d’Henri Guaino démontre une indépendance et une liberté que beaucoup pourraient lui envier, surtout quand on connaît l’image de Marine Le Pen et de la Russie réunis dans le monde politico-médiatique français.

Guaino ne va pas se faire que des copains. Il a même dû faire grincer des dents célèbres du côté de la rue de Vaugirard. Mais il s’en fiche. Il est libre, Henri.

SNCF et Shoah : la mémoire outrancière

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sncf genocide vichy

Vendredi dernier, le 5 décembre, a été révélé le contenu d’un accord trouvé entre le Département d’État américain et le ministère français des Affaires étrangères. A travers la création d’un fonds de compensation, le gouvernement français consent, après des années de procédures, à indemniser les victimes américaines du génocide juif, au nom de la participation de la SNCF à celui-ci. Près de 50 millions d’euros seront ainsi versés par la République française à plusieurs milliers de déportés survivants ou à leurs descendants.

Les motivations de cet accord sont multiples. Elles tiennent en premier lieu à la détermination, aux États-Unis, de responsables politiques, d’avocats et de groupes de pression à faire condamner, entre autres, la SNCF pour son rôle dans l’acheminement de 76000 Juifs français vers les camps de concentration nazis, entre 1942 et 1944. Elles tiennent également à certains enjeux économiques et diplomatiques : la signature de contrats pour la construction de lignes à grande vitesse outre-Atlantique est, depuis plusieurs années, bloquée dans certains États américains par de nombreuses poursuites judiciaires lancées contre la SNCF. Les gouvernements français et américain entendent en effet, par cet accord, éteindre les griefs soulevés devant les juridictions américaines pour relancer ces contrats.

La SNCF, bien que directement incriminée, n’est pas partie à l’élaboration ou à la mise en œuvre de l’accord. En tant qu’entreprise, elle bénéficie d’une immunité de juridiction accordée par le législateur américain aux entreprises étrangères implantées aux États-Unis, qui la protège de tous types de poursuites judiciaires. Mais la SNCF est un établissement public, et c’est à ce titre que le Quai d’Orsay se retrouve partie de cet accord. Par la voix de son ambassadrice aux droits de l’Homme, Mme Patrizianna Sparacino-Thiellay, la République reconnaît ainsi, par cet accord, « la responsabilité des autorités françaises » d’assumer les conséquences des activités de la société ferroviaire durant l’Occupation.

C’est ainsi qu’en 2014, des victimes de la Shoah vont être « indemnisées » par la République française au nom du régime godillot qui l’a détruite, pour les crimes d’une entreprise réquisitionnée par une dictature étrangère.

L’affaire apparaît dès lors sous son jour le plus critiquable : pour la signature de quelques contrats, le pouvoir français s’apprête à céder sur l’honneur national. Car au-delà de sa logique détestable – des sommes d’argent pour dédommager des vies perdues et pour signer quelques contrats juteux -, cet accord, en soumettant la République à l’expiation des crimes de ses contempteurs, ouvre une plaie béante dans la mémoire de la Résistance. Car c’est historiquement établi : la République a disparu le 10 juillet 1940 avec le vote des pleins pouvoirs constituants au Maréchal Pétain, et n’est reparu qu’en août 1944, avec l’installation du Gouvernement provisoire de la République française. C’est durant ces quatre années que les convois ont été affrétés. Quatre années durant lesquelles la République et son message universel n’existaient plus que dans les actes des Justes, des Résistants et des martyrs patriotes.

Car, avec cet accord, que reste-t-il de l’œuvre des Français libres aux côtés des Alliés, si leur combat victorieux est aujourd’hui rendu vain ? Quelle place laisse-t-on à la Résistance dans la mémoire nationale, si son œuvre restauratrice est niée ? Quel cas fait-on des centaines de cheminots insoumis, fusillés pour actes de Résistance, si leur entreprise réquisitionnée est hissée en parangon de culpabilité nationale ? En somme, que devient la République rétablie après-guerre par la gloire de celles et ceux qui n’ont pas transigé ? Que ses dirigeants actuels acceptent en son nom cet accord en dit long sur le sort qu’ils font à la mémoire des héros d’hier, sans qui elle n’aurait pas ressuscité.

L’enjeu de cet accord est d’autant plus critique qu’il s’inscrit dans un engrenage qui, d’année en année, voit une funeste repentance s’étendre sans limites visibles sur le territoire de la mémoire. Alors que Guillaume Pépy, président de la SNCF, reconnaissait en 2011 le rôle de « rouage » de son entreprise dans « la machine d’extermination nazie », l’accord en question franchit la digue. Et ses termes, qui n’ouvrent réparation qu’aux victimes américaines, ont pour conséquence naturelle d’ouvrir grand la voie à une concurrence entre victimes : celles françaises qui n’avaient pas été reconnues bénéficiaires de la loi de 1948 et qui sont exclues de cet accord de 2014 ont décidé de combattre cette exclusion et de prétendre aux réparations versées par la République française.

Cette affaire illustre en définitive la faiblesse des autorités françaises à opposer la raison d’État, au nom de l’intérêt supérieur de la nation, aux passions légitimes mais inextinguibles des familles meurtries, en quête d’une justice dont le temps les a privées, et aux pressions des milieux financiers face à l’attrait des contrats espérés.

Alain Finkielkraut, à l’occasion du procès de Klaus Barbie, dénonçait déjà en 1989 l’utilisation de cette mémoire des victimes et des crimes d’hier pour « mettre le passé à la disposition des vivants ».  Il qualifiait la mémoire ainsi instrumentalisée de « vaine ». Avec cet accord, elle devient outrancière.

*Photo : Philippe Wojazer/AP/SIPA. AP21663165_000001.

Convertis à l’islam : Punk the Casbah!

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Mais qu’est-ce qu’ils ont à se convertir à l’islam ? Qu’est-ce qui leur prend ? Eh bien c’est simple : cette époque est navrante, désolante, castratrice… et en plus, se convertir à l’islam, il n’y a rien de plus facile. Tu regardes trois vidéos sur Internet. Le Coran sur Wikipédia. Tu prononces (je crois) « Walaouakhbawalawala » trois fois en tournant autour de ton armoire, et c’est bon, te voilà musulman ! Quinze jours sans se raser, et tu as une belle barbe de prophète. Ensuite, il faut se lever tôt pour les prières, bon…

Avant, pour emmerder ses parents, on devenait punk. Une teinture verte de chez Carrefour, un vieux blouson, vingt clébards, The Exploited à fond dans la chambre, et ça faisait bien râler la daronne. Et puis, on prenait le bateau à Saint-Malo et on filait à Londres s’acheter des patchs « Discharge ». Aujourd’hui, on fait converti et on va en Syrie, le Coran en poche et des images de série Z en tête.

Alors dites-moi pourquoi, en 2014, il n’y a plus de punks et plein de convertis ? Parce que le jeune d’aujourd’hui aime son époque, son pays et sa mère ? Vous n’y êtes pas, il les vomit tout autant qu’hier. Le problème, c’est que les punks d’aujourd’hui sont ringards. Ils sentent le chien, le pétard et la bière de chez Franprix. Ils ne font plus peur à personne. Même ma tata a été punk en 1977 !

N’empêche, ils avaient tout compris les mecs. Ils savaient que tout est dans le look.[access capability= »lire_inedits »] Si Che Guevara avait eu la gueule de Giscard, il ne se serait jamais retrouvé sur des tee-shirts ! Bon, aujourd’hui, pour épater le bourgeois et faire causer le journaliste, rien ne vaut le look « moudjahid ». Ça « virilise » n’importe qui ! Avec une djellaba et un duvet de trois semaines, le plus loser des ados passe pour la terreur du village ! Call of Duty en vrai. Il paraît qu’il y a des filles qui aiment ça, le look Wallahouakhbar. Tu peux même en avoir quatre, cinq, dix ! C’est marqué dans le Coran ! Ça fait plaisir à Allah ! T’as qu’à dérouler un tapis de prière au milieu du lycée ou dans le hall B de la fac Rennes 2. Tout le monde communiera dans la félicité antifasciste. Imaginez le scandale si une procession de curés tentait d’occuper ce haut lieu de la pensée libre.

Pourtant, quand j’y pense, promener la Sainte Vierge un mardi, à 10 heures, dans le hall de Rennes 2 en chantant « Alléluia », ce serait l’absolu de la rébellion surréaliste. L’acte dada par excellence. Mais revenons à nos chameaux. Aujourd’hui on se convertit parce que l’époque est nullasse. Plus de transcendance. iPhone. Nabinabila, écran plat. OU l’autre tendance. Antifascisse. Anticapitalisse. Antiflicisse. Antisexisse. Antihomophobisse. Ça nous fait chier. Mais chier ! MAIS CHIER !!!! VOUS NOUS FAITES CHIER !!!! TOUS !!!! Alors certains, beaucoup maintenant ! se convertissent. Look ultime. Viril ! Punk 1977 mode 2014. Attitioude ! Sens de la vie. Pas comme les plumeaux d’aujourd’hui. Pas comme les chrétiens et leurs messes ringardes.

Alors, en Occident, il va falloir retrouver rapidement un putain de truc qui transcende. Qui donne un sens à la vie. Un truc auquel on croit. Un truc qui fait bander et qui donne envie de donner sa vie pour lui. La Bretagne par exemple. Le Pays Basque ! La Corse ! L’Occitanie ! La Catalogne ! Le rêve français, faites-moi rire. Je veux un coup de neuf. Un espoir. Parce que sinon, moi aussi, je me convertis ! Allah est grand ! Bouddha est gros ! Yahvé est loin ! Je pars en Syrie et je fous à fond Les Wampas sur les haut-parleurs de la mosquée. À l’heure de la prière du vendredi ! Mon improbable exploit fera le tour du monde comme ceux de Maxime Hauchard et Jean-Claude Mohammed. Et il y a bien un squat de Brighton où on boira une bière à ma santé ![/access]

*Photo : La rappeuse Diam’s explique sa conversion à l’islam sur TF1.

Vive la crèche pour tous

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Alors comme ça, on rallume une petite guerre de religion à la veille de Noël ? C’est vrai que pendant que l’on va s’étriper autour des crèches, on ne parle pas de la régression sociale annoncée par la loi Macron et la surenchère patronale de Gattaz qui se croit tout permis. C’est pourtant joli, une crèche et qu’elle devienne un enjeu presque hystérique en ce temps de l’Avent prouve au moins trois choses.

Primo, si la loi Veil de 1974 n’a pas été acceptée par une frange de la population particulièrement bien représentée chez les contributeurs de Causeur alors qu’elle a quarante ans, la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905 ne l’a pas été non plus, alors qu’elle en aura bientôt 110. Cette fraction de la population, minoritaire mais aux croyances profondément enracinées comme l’a prouvée sa capacité à mobiliser contre le mariage pour tous, n’a à vrai dire rien digéré de ce qui s’est joué en matière d’émancipation depuis les Lumières, qu’il s’agisse du suffrage universel, de la condition des femmes, de la liberté de conscience, de l’égalité en droit.

Secundo, de même que le mot « laïcité » est difficilement traduisible à l’étranger, il l’est aussi, apparemment, pour les Français eux-mêmes. Des groupes de droite extrémiste s’en sont emparés pour « riposter » contre l’islamisation à moins que ce ne soit contre l’Islam lui-même, qu’il soit « de » France ou « en » France. Des maires du FN ou assimilés comme Robert Ménard ne cessent de leur côté d’avoir ce mot à la bouche dès qu’il est question de mosquées mais n’hésitent pas à dénoncer des « laïcards d’un autre temps » quand ils refusent de retirer la crèche du hall de la mairie malgré l’ordonnance préfectorale. Il faudrait savoir, monsieur le Maire.

Tertio, il est devenu impossible de parler d’entendre les  voix modérées de chaque camp sur cette question. On n’a plus le choix qu’entre des discours de croisade de la part des chrétiens intégristes, des musulmans durs, des juifs orthodoxes ou des athées façon Union rationaliste ou Amis du Chevalier de La Barre. Même le Pape se fait traiter de gauchiste quand il tient un discours de simple ouverture évangélique et l’Iran qui laisse sa population fêter Noël si elle le souhaite va bientôt nous sembler un modèle de tolérance. C’est dire où on en est arrivé, en tout cas bien loin de la hauteur de vues qui avait présidé à la commission Stasi.

Alors quoi ? Il faudrait peut-être rappeler quelques banalités de base. Si la laïcité ne doit pas s’affaiblir avec des adjectifs comme laïcité ouverte, elle ne s’est jamais définie comme une religion supplémentaire mais davantage comme la possibilité de créer des espaces et des moments où elle doit s’exercer dans la société. Les bâtiments publics en font partie, c’est vrai, mais on a aussi le droit de se souvenir que la France a existé avant la laïcité et que son histoire est chrétienne, que cela nous plaise ou non. Si la lutte a été rude pour la République contre l’Eglise, la République a finalement gagné. Elle peut se permettre d’être magnanime un mois par an et accepter une Crèche dans une mairie ou un conseil général même si les intentions politiques de ceux qui l’ont mis là ne sont pas franchement casher. Tant que les mêmes ne braillent pas parce qu’on prépare des œufs sur le plat le jour de la côtelette de porc dans les cantines, on peut sans doute y arriver avec un poil de bonne volonté.

En plus, comme d’habitude, un peu de culture générale ne ferait pas de mal. Si cela fait plaisir à quelques intégristes de surexposer des Crèches pour montrer à quel point l’Occident chrétien est combattif et à quelques excités de l’autre bord d’y voir une offense inexcusable, libre à eux. On peut aussi, comme moi et quelques autres, qui sont allés au catéchisme, ont fait leur première Communion et même leur Confirmation, ont lu l’Evangile avec passion et même parfois avec foi, mais qui ont toujours été du côté des Rouges et des Partageux mal lunés, on peut aussi, donc, voir dans Noël et dans la Crèche un récit fondateur qui raconte une histoire universelle, quel que soit le contenu religieux qu’on y met. Des parents traqués par un pouvoir cruel, un refuge d’un extrême dénuement, la naissance d’un enfant au milieu des damnés de la terre et des animaux et qui pourtant va apporter la Bonne Nouvelle.

Alors que j’apprends que les refuges pour SDF du Nord-Pas de Calais ne vont ouvrir que lorsque la température sera de -5° , il me semble que la Crèche nous parle à tous, vraiment à tous et qu’elle ne porte pas forcément le message que ceux qui l’instrumentalisent voudraient qu’on entende.

*Photo : mccartyv (pixabay).

L’université de Liège et les «salauds magnifiques» de Causeur

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Avis aux amateurs de train fantôme : n’allez pas vous abêtir dans le grand lunapark de Marne-la-Vallée, d’aujourd’hui à samedi, la Belgique wallonne se met en quatre pour vous distraire. L’université de Liège, sous l’égide du très sérieux Fonds national de la recherche scientifique (FNRS) organise en effet un colloque international mystérieusement intitulé : « Les nouveaux réactionnaires : genèse, configurations, discours ». C’est peu dire que le  programme  donne envie : trois jours de conférences soutenues à une cadence stakhanoviste par des universitaires déguisés en procureurs, ça ne se loupe pas.

Sur le banc des prévenus, quelques étiquettes infamantes désignent votre journal préféré (« Des « salauds » magnifiques : ethos et interdiscours dans Causeur », sic !)[1. Un sondage express réalisé auprès de la rédaction de Causeur révèle que 100% de ses membres se disent très fiers de cette appellation!], l’excessif Philippe Muray, le pathogène Jean-Claude Michéa (« L’enseignement de l’ignorance. Crise ou invariant historique ? Les pathos des archéo-réactionnaires », un symposium qui ne nomme pas sa cible, sans doute parce que l’anarcho-réac s’avère aussi contagieux qu’Ebola), le vilain réac Jean-Paul Brighelli (« certitudes et ambiguïtés des discours réactionnaires sur l’école »), ou encore l’ambigu Michel Houellebecq (« extension ou liquidation de la lutte »). Comme dans les meilleurs procès staliniens, les prétoires seront vides, histoire de ne pas perdre de temps en donnant la parole à la défense. Que nos magistrats en prennent de la graine, on juge plus vite, plus loin et plus fort sans prévenus dans la salle…

L’ennui, c’est que l’anarcho-réac auteur de ces lignes manque de cellules grises pour comprendre tous les exposés ronflants promis çà et là. Par exemple, il sera probablement passionnant de s’interroger avec Mohamed Aaït-Arab : « Déclin français et antiaméricanisme. Quand les nouveaux réactionnaires » chaussent les bottes idéologiques des écrivains de l’entre-deux-guerres » mais le « thème vecteur » précédent énonce : « Contre la guerre, contre la paix : l’Afghanistan et l’Irak comme moments nouveaux réactionnaires ». J’en perds mon latin : est-il néo-réac, donc blâmable, de s’être opposé ou d’avoir soutenu les interventions armées en Afghanistan et en Irak ? C’est probablement selon… la tête du client, comme devrait conclure l’ultra-déterministe Didier Eribon au cours de son topo dont le seul énoncé fait déjà saliver : « La pensée de droite aujourd’hui ».

Inutile de vous le cacher : je regrette amèrement de n’avoir pu franchir la frontière pour prendre un bain de science. Mais ce n’est que partie remise. Parole d’anarcho-réac (diantre, quelle fabuleuse expression, merci à son concepteur !), je n’attendrai pas le retour des beaux jours pour revoir Bruges, Anvers et Gand. On peut penser ce qu’on veut des Flamands, toutes tendances confondues. Reste qu’ils possèdent une vertu à mes yeux inestimable : je ne les comprends pas!

Tintin au Congo : la culture au Kärcher

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C’est presque trop beau pour être vrai. Une agit-prop’ aussi dérisoire que spectaculaire : avant-hier, des militants du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) présidé par l’ineffable Louis-Georges Tin, ont investi la FNAC des Halles pour y réaliser une performance antiraciste. N’écoutant que leur courage, ces valeureux ont collé des autocollants « relents racistes, peut nuire à la santé mentale » sur les albums de Tintin au Congo. Un client parfait que le génial Georges Rémi dit Hergé ? Tout le monde n’a pas eu la chance de fricoter avec les milieux rexistes dans les années 1930 et 1940, au point que Léon Degrelle a pu s’exclamer « Tintin c’est moi »,  avant d’entamer la carrière illustre que l’on sait. Premier album d’une longue série de bandes dessinées en couleurs[1. Camarades fact-checkers, ne dégainez pas trop vite, je sais bien que Tintin au pays des soviets a précédé Tintin au Congo, mais cet album scandaleusement anticommuniste brillait par son absence non moins scandaleuse de couleurs.], Tintin au Congo reste gravé dans la mémoire collective comme un précis de racisme en pantalon de golf, le reporter du Petit vingtième suppléant les pères blancs dans leur enseignement aux petits indigènes pas très fute-fute. Quand on connaît la réalité sanguinaire de la conquête du Congo-Kinshasa par les troupes du roi Léopold II, les pérégrinations de Tintin en pays noir paraissent une partie de ballon prisonnier exotique, où autochtones et belges paternalistes rivalisent de bienveillance face aux prédateurs de la brousse.

Si j’en crois Louis-Georges Tin et ses sbires, malgré la morale en guimauve qui enrobe cet album paru en 1931 (cela ne nous rajeunit pas…), le fait d’avoir appris à lire avec Tintin au Congo devrait faire de moi un cerveau malade, autant dire raciste jusqu’à la moelle, quelque part entre Anders Breivik et un redneck échappé du Ku Klux Klan. Désolé les mecs, mais il n’en est rien. J’ai même quelques scrupules antifascistes à voir certains épingler des BD comme d’autres brûlaient des livres aux heures-les-plus-sombres. À ce compte-là, j’attends qu’on incendie Shakespeare pour son Shylock, qu’on mette Dostoïevski au pilon pour les infâmes propos antisémites qu’il lâche dans son Journal d’un écrivain, ou qu’on jette Montesquieu aux oubliettes pour avoir rejeté nos frères de couleur hors des frontières de l’humanité et refusé d’affranchir ses esclaves jusque sur son lit de mort. Amis censeurs, si vous avez la force d’adapter les grands classiques de la littérature à nos standards antiracistes, votre tâche est immense. De mauvaises langues prétendront que le CRAN ayant raté le coche du « scandale » Exhibit B au bénéfice d’un autre collectif victimaire, il se refait une virginité en tondant la laine sur le dos de Tintin. Mais qu’importe les aléas de l’histoire, il y a des autodafés qui se perdent : comme chantait Vian, faut que ça saigne !
Bon, si j’ai bien compris la logique du CRAN, il en va des avertissements aux lecteurs comme des images de poumons vérolés et de pieds défigurés illustrant les paquets de cigarette. Ces injonctions servent notre souverain Bien, nous ne saurions donc nous en soustraire sans sombrer dans la pestilence et devenir gros, raciste et fumeur. Soit dit en passant, en tant que tintinophile patenté, j’estime qu’Hergé réserve un sort peu enviable aux Japonais, qui ne sont que fourberie et cruauté, notamment dans Le lotus bleu – à quand une action en justice des enfants d’immigrés nippons ?

Il faut croire que l’indignation anti-Hergé immunise contre le virus xénophobe que ses horribles planches voudraient nous inoculer. En farfouillant dans les archives de Causeur, j’ai exhumé un papier du sieur Bennasar remonté comme une pendule contre le procès qu’intentaient (déjà) des avocats belges et français afin d’interdire l’album incriminé. Que n’ai-je consulté plus tôt la liste des soutiens de cette honorable cause…  Car, ô surprise, parmi les vedettes du barreau montées sur leurs grands léopards antiracistes, j’ai retrouvé un certain Me Gilbert Collard. Oui, il s’agit bien du secrétaire général du Rassemblement Bleu Marine, devenu entre-temps député du Gard apparenté FN. À l’époque où maître Collard sur son estrade perché portait haut la moraline antifasciste, ses confrères belges et français saluaient avec des trémolos sa croisade anti-Tintin.  Mais c’était en 2009, une autre ère !

Je me garderai bien de sermonner qui que ce soit. Ni d’intenter quelque procès en insincérité en raison des engagements successifs de Collard : quoi qu’en disent les oies blanches, le marinisme n’est peut-être pas un humanisme, mais il n’appartient pas à la grande famille des racismes. « Plutôt la Corrèze que le Zambèze », claironnait Jean-Marie Le Pen en reprenant Barrès, à l’époque où Me Collard le poursuivait de sa vindicte. Depuis, la gauche postmoderne a inversé la proposition, affectionnant les lignes bleues du Tibet ou du Zaïre, quitte à escamoter l’amour des siens. Histoire de couper la poire en deux,  je laisse le mot de la fin aux Wampas : si les Dupont Lajoie avaient le portefeuille de Manu Chao, ils partiraient à Noël au moins jusqu’au Congo…

*Photo : Virginia Mayo/AP/SIPA. AP20932410_000004.

Hommage à Diane Lazarevic

serge lazarevic mali

À l’occasion de la libération de l’otage français Serge Lazarevic, qui était détenu au Mali depuis trois ans, nous republions cet article qui n’a rien perdu de son acuité.

La rédaction 

On ne peut qu’être frappé par la symétrie de ce qu’il est convenu d’appeler l’« affaire Léonarda » et de ce que nous appellerons la « non-affaire » Diane Lazarevic.

D’un côté, un État qui s’agenouille aux pieds de l’individu et qui pousse jusqu’à l’absurde la poursuite d’une introuvable politique des droits de l’homme, le droit de l’homme étant ici le droit d’être éduqué en France. Un président de la République qui incite une jeune mineure à quitter sa famille pour bénéficier de ce droit inaliénable. Un Président qui, fidèle à ses alliés écologistes, pratique la désobéissance civile et, n’écoutant que sa conscience ou celle de sa « concubine », contredit les lois et leur application dont il est pourtant  le garant. Un Président dont on ne mesure pas suffisamment à quel point il n’agit pas par simple faiblesse psychologique, mais par idéologie.

De l’autre côté, une jeune femme dont le père est retenu en otage depuis deux ans, et qui rappelle l’Etat à la raison, en lui signifiant qu’il ne faut pas céder au chantage, parce que payer pour des otages présents c’est subventionner de futures prises d’otages ; c’est manquer, au-delà de la protection de l’individu, à la protection des ressortissants français dans leur ensemble.

D’un côté, une affaire qui prend des proportions démesurées et qui ameute le troupeau des journalistes, qui attise facilement la haine et la vindicte contre la nullité du gouvernement, car il est plus facile de tirer aujourd’hui sur l’ambulance du socialisme finissant, que de porter haut et fort un autre idéal qui soit véritablement affirmatif.

De l’autre côté, une « non-affaire » dont personne ne s’empare, et qui pourrait pourtant être le véritable symbole d’un héroïsme républicain, lequel n’a disparu que chez ceux qui s’obstinent à en déplorer la perte.  À la recherche de victimes ou de boucs émissaires, les commentateurs ne se sont pas arrêtés sur la parole si fragile et si forte de Diane Lazarevic.

Diane Lazarevic a parlé d’un au-delà de la souffrance et d’un au-delà du cas de son père. Cet au-delà est celui du politique en sa plus noble acception. C’est cet horizon du politique qu’elle a maintenu dans sa parole et qu’elle a opposé à la proposition compassionnelle qu’on lui offrait. Pour la souffrance elle a demandé qu’on lui la laisse, parce qu’il s’agit d’une affaire privée…

Ne restaient plus que les yeux effarés d’Yves Calvi et des experts présents sur le plateau, les yeux effarés des éternels spectateurs si bien dressés à s’identifier à l’éternelle victime. Mais voilà que la victime refusait le statut qu’on lui proposait et nous rappelait le tragique du politique.

Hommage à cette frêle et belle jeune femme isolée sur un plateau de télévision, et qui met sa pureté d’Antigone au service d’une raison d’Etat que plus aucun Créon n’est désormais capable d’envisager, ni même de comprendre…

*Photo : AP/SIPA. AP21576680_000001.

Les lions sont fâchés

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On ne dira jamais assez la pénible condition des animaux dans les zoos. Non seulement ils sont obligés de rester toute la journée dans des espaces plus ou moins exigus sous les yeux d’une foule stupide et amorphe mais en plus on leur donne souvent à manger n’importe quoi. C’est ce qui est arrivé aux lions du zoo de Barcelone, ce dimanche 7 décembre quand un néo-nazi catalan, ce qui est une variante relativement rare, a escaladé les grilles en plein jour pour se jeter dans la fosse des susnommés. Il s’agissait d’un certain Justo Jose et il était pour l’occasion vêtu d’un treillis militaire. Les fauves, pour leur part, soucieux de leur régime alimentaire qui leur interdit de manger des ordures, ont bien un peu chipoté avec cette nourriture putative mais finalement ont laissé les secouristes intervenir avec des lances à eaux et ramener à l’extérieur Justo Jose qui s’en est tiré avec de multiples morsures et griffures.

On recherche maintenant, du côté de la police, ce qui a poussé  Justo José a un tel comportement. Cet homme de 45 ans, ex-policier, était juste-là simplement connu pour des comportements anodins et habituels dans les milieux néo-nazis : drapeau à croix gammée brandi sur le toit d’un immeuble lors d’une manifestation anti-avortement, drapeau catalan brûlé publiquement, tatouages divers et variés célébrant le IIIème Reich. Parmi les hypothèses pour expliquer son acte, on peut retenir le désir de prouver que, comme tous les néo-nazis, il n’avait rien compris à Nietzche en voulant expérimenter la citation usée « Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort » ou encore  prouver qu’il pouvait faire aussi bien que Daniel, ce petit prophète juif que l’on trouve dans le livre des adeptes de la religion du vilain Nazaréen.

De leur côté,  les lions ont  réclamé, sans succès pour l’instant, l’assistance d’une cellule psychologique.

Un des fondateurs de GayLib rallie Marine Le Pen

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C’est un petit scoop que Le Point nous offre sur un plateau : Sébastien Chenu, jusqu’ici secrétaire national à la culture de l’UMP, connu pour avoir fondé le mouvement gay de droite « GayLib », rallie Marine Le Pen. Dès l’annonce de son adhésion, le  Rassemblement Bleu Marine s’est empressé de le promouvoir au sein de ses instances dirigeantes,  comme nous l’apprend la journaliste Sophie Coignard, qui tend le micro à Gilbert Collard : « Son ralliement est la preuve de l’ouverture du RBM et que de plus en plus d’anciens adhérents UMP nous rejoignent », se félicite le député du Gard, coordinateur en chef de l’archipel mariniste. Outre le caractère gay friendly du FN, qui est tout à son honneur, ce recrutement confirme ce que l’on savait déjà : Marine Le Pen ratisse large, très large, et son mépris des questions sociétales lui permet de brasser tout ce qui s’oppose à l’immigration, de la catho old school au gay libertaire.

Certes, le Front national a été le premier parti de France et de Navarre à promettre l’abrogation du mariage pour tous, bien avant les engagements arrachés au forceps de Nicolas Sarkozy, mais il est au moins un point sur lequel il ne diffère guère de l’« UMPS » : la culture est un domaine réservé à une communauté. En passant avec armes et bagages au FN, Sébastien Chenu retrouve en effet le portefeuille de délégué à la culture qu’il occupait à l’UMP. Camarades frontistes, encore un effort pour sortir des stéréotypes…

Au secours, nos enfants divorcent!

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jeunes zad djihad

jeunes zad djihad

Retour à la nature en mode écolo-croissance zéro et résistance à l’État policier : avec son parfum prononcé de revival des héroïques années 1970, la bataille de Sivens a réveillé la nostalgie des éternels révolutionnaires, tout attendris par les faits d’armes de leurs héritiers présomptifs. Après la mort dramatique de Rémi Fraisse, l’attendrissement se mue en exaltation. Sous la plume lyrique d’Edwy Plenel, les zadistes ont les traits éternels d’Antigone, « désordre vivant » résistant à un « ordre mort », ici représenté par Manuel Valls. « Qu’avez-vous fait de la jeunesse ?, lance le patron de Mediapart, à l’adresse du président de la République. Cette jeunesse qu’en 2006 vous brandissiez en alliée naturelle face à la droite conservatrice, à raison de ses lucidités. » On s’en voudrait de casser l’ambiance en suggérant que quelques dizaines de zadistes sont peut-être moins représentatifs de « la jeunesse » que les 30 % de 18-35 ans qui votent Front national ou encore que les milliers de jeunes cathos entrés en politique avec les « Manifs pour tous ». Seulement, ces faux jeunes, Plenel ne les aime pas. Et quand il n’aime pas, il ne compte pas.

Face à « un ordre injuste qui met en péril l’essentiel » – « l’essentiel », en l’occurrence, étant la « zone humide » du Teste  –, on a, poursuit Plenel, le devoir de dire « non »: « Non, y compris à la loi quand elle n’est que l’alibi des pouvoirs confisqués, aveugles à leurs fins, sourds à leurs peuples. » Tandis que quelques milliers de lycéens parviennent à perturber ou bloquer plusieurs dizaines d’établissements pour dénoncer les « brutalités policières », les investigateurs s’efforcent de trouver les preuves desdites brutalités, suggérant que la mort de Rémi Fraisse n’est pas seulement un tragique accident – c’est bien connu, les gendarmes adorent assassiner des manifestants. Le maire de Carhaix promet une rue Rémi-Fraisse. Accusé de « retard de compassion », le gouvernement est sommé d’annuler le projet de barrage – et on peut parier qu’il s’exécutera.

Qu’un groupuscule, certes fort sympathique et de surcroît auréolé par le sacrifice d’un martyr, puisse exiger, et peut-être obtenir, l’annulation d’une décision bien sûr contestable mais semble-t-il adoptée en toute légalité, il faut être bêtement démocrate pour s’en offusquer. [access capability= »lire_inedits »] Je dois l’avouer, je ne suis guère tentée par ces nouvelles communautés, qui ressemblent passablement à celles d’hier, réseaux sociaux en plus, où l’on prétend retrouver le sens des solidarités. La solidarité en circuit fermé, c’est vite pesant – ça s’appelle contrôle social. Reste que ces jeunes gens qui hésitent entre Indiana Jones et Che Guevara ne manquent pas de courage, peut-être de panache. Et, derrière eux, beaucoup d’autres, qui ne passent pas à l’acte, cherchent dans les mêmes livres de quoi échapper à une société marchande qui ne leur offre même plus le raisonnable attrait du confort bourgeois. Je ne suis pas sûre de vouloir assister à la naissance d’une République mondiale des ZAD. Mais ces zadistes disent quelque chose de ce monde, c’est qu’il leur donne envie de le fuir. Les Veilleurs espèrent encore le changer. Les nouveaux djihadistes made in France n’ont, eux, qu’une chose en tête : le détruire.

En quelques jours, les compagnons de Rémi Fraisse, « botaniste » et « pacifique », cèdent la place, sur nos écrans, à une tout autre jeunesse qui a, cette fois, le visage de Maxime Hauchard, enrôlé dans les basses œuvres et dans la com de l’État islamique. On ne sait combien d’adolescents, secrètement, admirent cet assassin ou envient sa célébrité planétaire. Pour une fois, personne ne trouve d’excuse, même le chômage, à Hauchard. Mais puisqu’il a le bon goût d’être un franchouillard converti à l’islam, nos grandes voix en concluent péremptoirement que le djihadisme n’a rien à voir avec l’islam. Logique.

Il existe évidemment, entre djihadistes et zadistes, d’abyssales différences. Cependant, tous expriment une volonté de rupture – avec « le Système », « l’Occident », « la Politique », en somme avec un monde dans lequel ils ne trouvent plus grand-chose à aimer. Ils exagèrent, sans doute, mais on admettra que le salariat ne constitue pas une perspective particulièrement exaltante et le chômage encore moins. Sur notre planète quadrillée par les GPS, l’aventure est rarement au coin de la rue.

Certes, il n’y a là rien de très nouveau. Depuis qu’on a inventé la jeunesse, on ne naît pas jeune, on le devient. Et on le devient toujours en faisant sécession. L’époque offre de multiples façons de le faire. L’une des méthodes les plus courantes consiste à se couvrir de logos et à s’équiper de divers objets munis d’écouteurs permettant de communiquer avec ses seuls congénères dans un sabir incompréhensible, tout en retrouvant chaque soir le giron familial. Ce n’est peut-être pas très glorieux mais, après tout, tout le monde n’est pas fait pour vivre au grand air et manger bio. S’il faut choisir entre des décérébrés et des fanatiques, les premiers feront tout de même des vieux plus fréquentables.[/access]

*Photo : FRED SCHEIBER/SIPA. 00696855_000064.

Europe, Mélenchon, Le Pen : Il est libre, Guaino

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guaino melenchon marine russie

guaino melenchon marine russie

On présente souvent Henri Guaino comme l’exemple du « sarkolâtre ». Il est vrai qu’en certaines occasions, l’ancien conseiller spécial avait poussé un peu loin le bouchon dans la célébration de l’ancien président. Expliquer que, sans Nicolas Sarkozy, « il n’y aurait plus de démocratie en France, dans l’Europe et dans le monde », par exemple, c’est too much. Guaino est un sentimental. Il ne le cache pas. Il n’hésite pas à témoigner de son cas personnel pour dire son opposition à la Loi Taubira. Il n’hésite pas à quitter un plateau de télévision lorsque l’insupportable Romero fait son numéro habituel au lieu de débattre. Il lui arrive aussi de perdre son sang-froid dans d’autres confrontations télévisuelles, comme face à Joseph Macé-Scaron ou Jérôme Guedj. Il est comme ça, Guaino. Entier. C’est à cette aune qu’il faut lire son lien à Nicolas Sarkozy, et les excès qui vont avec.

Pourtant, il ne faudrait pas en conclure qu’il approuve tout ce que fait l’ex-chef de l’Etat. Guaino est un sentimental mais il n’est pas un inconditionnel. Il a répété sur tous les plateaux et studios que la candidature à la présidence de l’UMP n’était pas une bonne idée. Il n’a pas dit que c’était « une connerie » mais il le pensait si fort que nous l’entendions tous, assis devant nos téléviseurs ou écoutant nos radios. Il continue aussi d’expliquer qu’il abhorre les « primaires » pour désigner un candidat, alors que Nicolas Sarkozy en accepté le principe. Lors des dernières élections européennes, il a annoncé qu’il ne voterait pas pour la liste UMP conduite par Alain Lamassoure. Certes, Nicolas Sarkozy n’était pas alors revenu officiellement mais on imagine que redevenu chef de l’UMP, ce genre de dissidence ne serait désormais plus admise.

Ce mardi sur France Info, Guaino nous a aussi gratifiés de sorties plutôt iconoclastes pour un député UMP. Alors que ses congénères rivalisent de prosternations quand on prononce le nom d’Angela Merkel, il a expliqué que Jean-Luc Mélenchon avait eu raison de tweeter en allemand « Maul zu », c’est-à-dire « « Ferme-la ». « Il a dit tout haut ce que sans doute beaucoup de gens pensent tout bas. Moi je n’emploierais pas ces motsje dirais simplement que chacun s’occupe de ses affaires. », a indiqué la plume de Nicolas Sarkozy. Nul doute qu’il a dû faire tousser dans les rangs de l’UMP où l’on hurle à la germanophobie aussitôt qu’une once de critique est formulée en direction de la Chancelière. Mais ce n’est pas tout. Il a aussi dit ne pas comprendre la polémique autour de l’emprunt contracté auprès d’une banque russe par le Front national. Il reprend d’ailleurs sans aucune difficulté les arguments de Marine Le Pen selon lesquels le problème réside davantage dans le refus des banques françaises de prêter à un parti politique et que le taux de l’emprunt est assez cher. Alors que toute la classe politique, UMP en tête (Xavier Bertrand a d’ailleurs été très offensif sur le sujet dimanche) tire à boulets rouges sur la présidente frontiste depuis quelques jours à ce sujet, cette position d’Henri Guaino démontre une indépendance et une liberté que beaucoup pourraient lui envier, surtout quand on connaît l’image de Marine Le Pen et de la Russie réunis dans le monde politico-médiatique français.

Guaino ne va pas se faire que des copains. Il a même dû faire grincer des dents célèbres du côté de la rue de Vaugirard. Mais il s’en fiche. Il est libre, Henri.

SNCF et Shoah : la mémoire outrancière

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sncf genocide vichy

sncf genocide vichy

Vendredi dernier, le 5 décembre, a été révélé le contenu d’un accord trouvé entre le Département d’État américain et le ministère français des Affaires étrangères. A travers la création d’un fonds de compensation, le gouvernement français consent, après des années de procédures, à indemniser les victimes américaines du génocide juif, au nom de la participation de la SNCF à celui-ci. Près de 50 millions d’euros seront ainsi versés par la République française à plusieurs milliers de déportés survivants ou à leurs descendants.

Les motivations de cet accord sont multiples. Elles tiennent en premier lieu à la détermination, aux États-Unis, de responsables politiques, d’avocats et de groupes de pression à faire condamner, entre autres, la SNCF pour son rôle dans l’acheminement de 76000 Juifs français vers les camps de concentration nazis, entre 1942 et 1944. Elles tiennent également à certains enjeux économiques et diplomatiques : la signature de contrats pour la construction de lignes à grande vitesse outre-Atlantique est, depuis plusieurs années, bloquée dans certains États américains par de nombreuses poursuites judiciaires lancées contre la SNCF. Les gouvernements français et américain entendent en effet, par cet accord, éteindre les griefs soulevés devant les juridictions américaines pour relancer ces contrats.

La SNCF, bien que directement incriminée, n’est pas partie à l’élaboration ou à la mise en œuvre de l’accord. En tant qu’entreprise, elle bénéficie d’une immunité de juridiction accordée par le législateur américain aux entreprises étrangères implantées aux États-Unis, qui la protège de tous types de poursuites judiciaires. Mais la SNCF est un établissement public, et c’est à ce titre que le Quai d’Orsay se retrouve partie de cet accord. Par la voix de son ambassadrice aux droits de l’Homme, Mme Patrizianna Sparacino-Thiellay, la République reconnaît ainsi, par cet accord, « la responsabilité des autorités françaises » d’assumer les conséquences des activités de la société ferroviaire durant l’Occupation.

C’est ainsi qu’en 2014, des victimes de la Shoah vont être « indemnisées » par la République française au nom du régime godillot qui l’a détruite, pour les crimes d’une entreprise réquisitionnée par une dictature étrangère.

L’affaire apparaît dès lors sous son jour le plus critiquable : pour la signature de quelques contrats, le pouvoir français s’apprête à céder sur l’honneur national. Car au-delà de sa logique détestable – des sommes d’argent pour dédommager des vies perdues et pour signer quelques contrats juteux -, cet accord, en soumettant la République à l’expiation des crimes de ses contempteurs, ouvre une plaie béante dans la mémoire de la Résistance. Car c’est historiquement établi : la République a disparu le 10 juillet 1940 avec le vote des pleins pouvoirs constituants au Maréchal Pétain, et n’est reparu qu’en août 1944, avec l’installation du Gouvernement provisoire de la République française. C’est durant ces quatre années que les convois ont été affrétés. Quatre années durant lesquelles la République et son message universel n’existaient plus que dans les actes des Justes, des Résistants et des martyrs patriotes.

Car, avec cet accord, que reste-t-il de l’œuvre des Français libres aux côtés des Alliés, si leur combat victorieux est aujourd’hui rendu vain ? Quelle place laisse-t-on à la Résistance dans la mémoire nationale, si son œuvre restauratrice est niée ? Quel cas fait-on des centaines de cheminots insoumis, fusillés pour actes de Résistance, si leur entreprise réquisitionnée est hissée en parangon de culpabilité nationale ? En somme, que devient la République rétablie après-guerre par la gloire de celles et ceux qui n’ont pas transigé ? Que ses dirigeants actuels acceptent en son nom cet accord en dit long sur le sort qu’ils font à la mémoire des héros d’hier, sans qui elle n’aurait pas ressuscité.

L’enjeu de cet accord est d’autant plus critique qu’il s’inscrit dans un engrenage qui, d’année en année, voit une funeste repentance s’étendre sans limites visibles sur le territoire de la mémoire. Alors que Guillaume Pépy, président de la SNCF, reconnaissait en 2011 le rôle de « rouage » de son entreprise dans « la machine d’extermination nazie », l’accord en question franchit la digue. Et ses termes, qui n’ouvrent réparation qu’aux victimes américaines, ont pour conséquence naturelle d’ouvrir grand la voie à une concurrence entre victimes : celles françaises qui n’avaient pas été reconnues bénéficiaires de la loi de 1948 et qui sont exclues de cet accord de 2014 ont décidé de combattre cette exclusion et de prétendre aux réparations versées par la République française.

Cette affaire illustre en définitive la faiblesse des autorités françaises à opposer la raison d’État, au nom de l’intérêt supérieur de la nation, aux passions légitimes mais inextinguibles des familles meurtries, en quête d’une justice dont le temps les a privées, et aux pressions des milieux financiers face à l’attrait des contrats espérés.

Alain Finkielkraut, à l’occasion du procès de Klaus Barbie, dénonçait déjà en 1989 l’utilisation de cette mémoire des victimes et des crimes d’hier pour « mettre le passé à la disposition des vivants ».  Il qualifiait la mémoire ainsi instrumentalisée de « vaine ». Avec cet accord, elle devient outrancière.

*Photo : Philippe Wojazer/AP/SIPA. AP21663165_000001.

Convertis à l’islam : Punk the Casbah!

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diams convertis islam

diams convertis islam

Mais qu’est-ce qu’ils ont à se convertir à l’islam ? Qu’est-ce qui leur prend ? Eh bien c’est simple : cette époque est navrante, désolante, castratrice… et en plus, se convertir à l’islam, il n’y a rien de plus facile. Tu regardes trois vidéos sur Internet. Le Coran sur Wikipédia. Tu prononces (je crois) « Walaouakhbawalawala » trois fois en tournant autour de ton armoire, et c’est bon, te voilà musulman ! Quinze jours sans se raser, et tu as une belle barbe de prophète. Ensuite, il faut se lever tôt pour les prières, bon…

Avant, pour emmerder ses parents, on devenait punk. Une teinture verte de chez Carrefour, un vieux blouson, vingt clébards, The Exploited à fond dans la chambre, et ça faisait bien râler la daronne. Et puis, on prenait le bateau à Saint-Malo et on filait à Londres s’acheter des patchs « Discharge ». Aujourd’hui, on fait converti et on va en Syrie, le Coran en poche et des images de série Z en tête.

Alors dites-moi pourquoi, en 2014, il n’y a plus de punks et plein de convertis ? Parce que le jeune d’aujourd’hui aime son époque, son pays et sa mère ? Vous n’y êtes pas, il les vomit tout autant qu’hier. Le problème, c’est que les punks d’aujourd’hui sont ringards. Ils sentent le chien, le pétard et la bière de chez Franprix. Ils ne font plus peur à personne. Même ma tata a été punk en 1977 !

N’empêche, ils avaient tout compris les mecs. Ils savaient que tout est dans le look.[access capability= »lire_inedits »] Si Che Guevara avait eu la gueule de Giscard, il ne se serait jamais retrouvé sur des tee-shirts ! Bon, aujourd’hui, pour épater le bourgeois et faire causer le journaliste, rien ne vaut le look « moudjahid ». Ça « virilise » n’importe qui ! Avec une djellaba et un duvet de trois semaines, le plus loser des ados passe pour la terreur du village ! Call of Duty en vrai. Il paraît qu’il y a des filles qui aiment ça, le look Wallahouakhbar. Tu peux même en avoir quatre, cinq, dix ! C’est marqué dans le Coran ! Ça fait plaisir à Allah ! T’as qu’à dérouler un tapis de prière au milieu du lycée ou dans le hall B de la fac Rennes 2. Tout le monde communiera dans la félicité antifasciste. Imaginez le scandale si une procession de curés tentait d’occuper ce haut lieu de la pensée libre.

Pourtant, quand j’y pense, promener la Sainte Vierge un mardi, à 10 heures, dans le hall de Rennes 2 en chantant « Alléluia », ce serait l’absolu de la rébellion surréaliste. L’acte dada par excellence. Mais revenons à nos chameaux. Aujourd’hui on se convertit parce que l’époque est nullasse. Plus de transcendance. iPhone. Nabinabila, écran plat. OU l’autre tendance. Antifascisse. Anticapitalisse. Antiflicisse. Antisexisse. Antihomophobisse. Ça nous fait chier. Mais chier ! MAIS CHIER !!!! VOUS NOUS FAITES CHIER !!!! TOUS !!!! Alors certains, beaucoup maintenant ! se convertissent. Look ultime. Viril ! Punk 1977 mode 2014. Attitioude ! Sens de la vie. Pas comme les plumeaux d’aujourd’hui. Pas comme les chrétiens et leurs messes ringardes.

Alors, en Occident, il va falloir retrouver rapidement un putain de truc qui transcende. Qui donne un sens à la vie. Un truc auquel on croit. Un truc qui fait bander et qui donne envie de donner sa vie pour lui. La Bretagne par exemple. Le Pays Basque ! La Corse ! L’Occitanie ! La Catalogne ! Le rêve français, faites-moi rire. Je veux un coup de neuf. Un espoir. Parce que sinon, moi aussi, je me convertis ! Allah est grand ! Bouddha est gros ! Yahvé est loin ! Je pars en Syrie et je fous à fond Les Wampas sur les haut-parleurs de la mosquée. À l’heure de la prière du vendredi ! Mon improbable exploit fera le tour du monde comme ceux de Maxime Hauchard et Jean-Claude Mohammed. Et il y a bien un squat de Brighton où on boira une bière à ma santé ![/access]

*Photo : La rappeuse Diam’s explique sa conversion à l’islam sur TF1.

Vive la crèche pour tous

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creche noel beziers vendee

creche noel beziers vendee

Alors comme ça, on rallume une petite guerre de religion à la veille de Noël ? C’est vrai que pendant que l’on va s’étriper autour des crèches, on ne parle pas de la régression sociale annoncée par la loi Macron et la surenchère patronale de Gattaz qui se croit tout permis. C’est pourtant joli, une crèche et qu’elle devienne un enjeu presque hystérique en ce temps de l’Avent prouve au moins trois choses.

Primo, si la loi Veil de 1974 n’a pas été acceptée par une frange de la population particulièrement bien représentée chez les contributeurs de Causeur alors qu’elle a quarante ans, la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905 ne l’a pas été non plus, alors qu’elle en aura bientôt 110. Cette fraction de la population, minoritaire mais aux croyances profondément enracinées comme l’a prouvée sa capacité à mobiliser contre le mariage pour tous, n’a à vrai dire rien digéré de ce qui s’est joué en matière d’émancipation depuis les Lumières, qu’il s’agisse du suffrage universel, de la condition des femmes, de la liberté de conscience, de l’égalité en droit.

Secundo, de même que le mot « laïcité » est difficilement traduisible à l’étranger, il l’est aussi, apparemment, pour les Français eux-mêmes. Des groupes de droite extrémiste s’en sont emparés pour « riposter » contre l’islamisation à moins que ce ne soit contre l’Islam lui-même, qu’il soit « de » France ou « en » France. Des maires du FN ou assimilés comme Robert Ménard ne cessent de leur côté d’avoir ce mot à la bouche dès qu’il est question de mosquées mais n’hésitent pas à dénoncer des « laïcards d’un autre temps » quand ils refusent de retirer la crèche du hall de la mairie malgré l’ordonnance préfectorale. Il faudrait savoir, monsieur le Maire.

Tertio, il est devenu impossible de parler d’entendre les  voix modérées de chaque camp sur cette question. On n’a plus le choix qu’entre des discours de croisade de la part des chrétiens intégristes, des musulmans durs, des juifs orthodoxes ou des athées façon Union rationaliste ou Amis du Chevalier de La Barre. Même le Pape se fait traiter de gauchiste quand il tient un discours de simple ouverture évangélique et l’Iran qui laisse sa population fêter Noël si elle le souhaite va bientôt nous sembler un modèle de tolérance. C’est dire où on en est arrivé, en tout cas bien loin de la hauteur de vues qui avait présidé à la commission Stasi.

Alors quoi ? Il faudrait peut-être rappeler quelques banalités de base. Si la laïcité ne doit pas s’affaiblir avec des adjectifs comme laïcité ouverte, elle ne s’est jamais définie comme une religion supplémentaire mais davantage comme la possibilité de créer des espaces et des moments où elle doit s’exercer dans la société. Les bâtiments publics en font partie, c’est vrai, mais on a aussi le droit de se souvenir que la France a existé avant la laïcité et que son histoire est chrétienne, que cela nous plaise ou non. Si la lutte a été rude pour la République contre l’Eglise, la République a finalement gagné. Elle peut se permettre d’être magnanime un mois par an et accepter une Crèche dans une mairie ou un conseil général même si les intentions politiques de ceux qui l’ont mis là ne sont pas franchement casher. Tant que les mêmes ne braillent pas parce qu’on prépare des œufs sur le plat le jour de la côtelette de porc dans les cantines, on peut sans doute y arriver avec un poil de bonne volonté.

En plus, comme d’habitude, un peu de culture générale ne ferait pas de mal. Si cela fait plaisir à quelques intégristes de surexposer des Crèches pour montrer à quel point l’Occident chrétien est combattif et à quelques excités de l’autre bord d’y voir une offense inexcusable, libre à eux. On peut aussi, comme moi et quelques autres, qui sont allés au catéchisme, ont fait leur première Communion et même leur Confirmation, ont lu l’Evangile avec passion et même parfois avec foi, mais qui ont toujours été du côté des Rouges et des Partageux mal lunés, on peut aussi, donc, voir dans Noël et dans la Crèche un récit fondateur qui raconte une histoire universelle, quel que soit le contenu religieux qu’on y met. Des parents traqués par un pouvoir cruel, un refuge d’un extrême dénuement, la naissance d’un enfant au milieu des damnés de la terre et des animaux et qui pourtant va apporter la Bonne Nouvelle.

Alors que j’apprends que les refuges pour SDF du Nord-Pas de Calais ne vont ouvrir que lorsque la température sera de -5° , il me semble que la Crèche nous parle à tous, vraiment à tous et qu’elle ne porte pas forcément le message que ceux qui l’instrumentalisent voudraient qu’on entende.

*Photo : mccartyv (pixabay).

L’université de Liège et les «salauds magnifiques» de Causeur

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Avis aux amateurs de train fantôme : n’allez pas vous abêtir dans le grand lunapark de Marne-la-Vallée, d’aujourd’hui à samedi, la Belgique wallonne se met en quatre pour vous distraire. L’université de Liège, sous l’égide du très sérieux Fonds national de la recherche scientifique (FNRS) organise en effet un colloque international mystérieusement intitulé : « Les nouveaux réactionnaires : genèse, configurations, discours ». C’est peu dire que le  programme  donne envie : trois jours de conférences soutenues à une cadence stakhanoviste par des universitaires déguisés en procureurs, ça ne se loupe pas.

Sur le banc des prévenus, quelques étiquettes infamantes désignent votre journal préféré (« Des « salauds » magnifiques : ethos et interdiscours dans Causeur », sic !)[1. Un sondage express réalisé auprès de la rédaction de Causeur révèle que 100% de ses membres se disent très fiers de cette appellation!], l’excessif Philippe Muray, le pathogène Jean-Claude Michéa (« L’enseignement de l’ignorance. Crise ou invariant historique ? Les pathos des archéo-réactionnaires », un symposium qui ne nomme pas sa cible, sans doute parce que l’anarcho-réac s’avère aussi contagieux qu’Ebola), le vilain réac Jean-Paul Brighelli (« certitudes et ambiguïtés des discours réactionnaires sur l’école »), ou encore l’ambigu Michel Houellebecq (« extension ou liquidation de la lutte »). Comme dans les meilleurs procès staliniens, les prétoires seront vides, histoire de ne pas perdre de temps en donnant la parole à la défense. Que nos magistrats en prennent de la graine, on juge plus vite, plus loin et plus fort sans prévenus dans la salle…

L’ennui, c’est que l’anarcho-réac auteur de ces lignes manque de cellules grises pour comprendre tous les exposés ronflants promis çà et là. Par exemple, il sera probablement passionnant de s’interroger avec Mohamed Aaït-Arab : « Déclin français et antiaméricanisme. Quand les nouveaux réactionnaires » chaussent les bottes idéologiques des écrivains de l’entre-deux-guerres » mais le « thème vecteur » précédent énonce : « Contre la guerre, contre la paix : l’Afghanistan et l’Irak comme moments nouveaux réactionnaires ». J’en perds mon latin : est-il néo-réac, donc blâmable, de s’être opposé ou d’avoir soutenu les interventions armées en Afghanistan et en Irak ? C’est probablement selon… la tête du client, comme devrait conclure l’ultra-déterministe Didier Eribon au cours de son topo dont le seul énoncé fait déjà saliver : « La pensée de droite aujourd’hui ».

Inutile de vous le cacher : je regrette amèrement de n’avoir pu franchir la frontière pour prendre un bain de science. Mais ce n’est que partie remise. Parole d’anarcho-réac (diantre, quelle fabuleuse expression, merci à son concepteur !), je n’attendrai pas le retour des beaux jours pour revoir Bruges, Anvers et Gand. On peut penser ce qu’on veut des Flamands, toutes tendances confondues. Reste qu’ils possèdent une vertu à mes yeux inestimable : je ne les comprends pas!

Tintin au Congo : la culture au Kärcher

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tintin cran tin collard

tintin cran tin collard

C’est presque trop beau pour être vrai. Une agit-prop’ aussi dérisoire que spectaculaire : avant-hier, des militants du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) présidé par l’ineffable Louis-Georges Tin, ont investi la FNAC des Halles pour y réaliser une performance antiraciste. N’écoutant que leur courage, ces valeureux ont collé des autocollants « relents racistes, peut nuire à la santé mentale » sur les albums de Tintin au Congo. Un client parfait que le génial Georges Rémi dit Hergé ? Tout le monde n’a pas eu la chance de fricoter avec les milieux rexistes dans les années 1930 et 1940, au point que Léon Degrelle a pu s’exclamer « Tintin c’est moi »,  avant d’entamer la carrière illustre que l’on sait. Premier album d’une longue série de bandes dessinées en couleurs[1. Camarades fact-checkers, ne dégainez pas trop vite, je sais bien que Tintin au pays des soviets a précédé Tintin au Congo, mais cet album scandaleusement anticommuniste brillait par son absence non moins scandaleuse de couleurs.], Tintin au Congo reste gravé dans la mémoire collective comme un précis de racisme en pantalon de golf, le reporter du Petit vingtième suppléant les pères blancs dans leur enseignement aux petits indigènes pas très fute-fute. Quand on connaît la réalité sanguinaire de la conquête du Congo-Kinshasa par les troupes du roi Léopold II, les pérégrinations de Tintin en pays noir paraissent une partie de ballon prisonnier exotique, où autochtones et belges paternalistes rivalisent de bienveillance face aux prédateurs de la brousse.

Si j’en crois Louis-Georges Tin et ses sbires, malgré la morale en guimauve qui enrobe cet album paru en 1931 (cela ne nous rajeunit pas…), le fait d’avoir appris à lire avec Tintin au Congo devrait faire de moi un cerveau malade, autant dire raciste jusqu’à la moelle, quelque part entre Anders Breivik et un redneck échappé du Ku Klux Klan. Désolé les mecs, mais il n’en est rien. J’ai même quelques scrupules antifascistes à voir certains épingler des BD comme d’autres brûlaient des livres aux heures-les-plus-sombres. À ce compte-là, j’attends qu’on incendie Shakespeare pour son Shylock, qu’on mette Dostoïevski au pilon pour les infâmes propos antisémites qu’il lâche dans son Journal d’un écrivain, ou qu’on jette Montesquieu aux oubliettes pour avoir rejeté nos frères de couleur hors des frontières de l’humanité et refusé d’affranchir ses esclaves jusque sur son lit de mort. Amis censeurs, si vous avez la force d’adapter les grands classiques de la littérature à nos standards antiracistes, votre tâche est immense. De mauvaises langues prétendront que le CRAN ayant raté le coche du « scandale » Exhibit B au bénéfice d’un autre collectif victimaire, il se refait une virginité en tondant la laine sur le dos de Tintin. Mais qu’importe les aléas de l’histoire, il y a des autodafés qui se perdent : comme chantait Vian, faut que ça saigne !
Bon, si j’ai bien compris la logique du CRAN, il en va des avertissements aux lecteurs comme des images de poumons vérolés et de pieds défigurés illustrant les paquets de cigarette. Ces injonctions servent notre souverain Bien, nous ne saurions donc nous en soustraire sans sombrer dans la pestilence et devenir gros, raciste et fumeur. Soit dit en passant, en tant que tintinophile patenté, j’estime qu’Hergé réserve un sort peu enviable aux Japonais, qui ne sont que fourberie et cruauté, notamment dans Le lotus bleu – à quand une action en justice des enfants d’immigrés nippons ?

Il faut croire que l’indignation anti-Hergé immunise contre le virus xénophobe que ses horribles planches voudraient nous inoculer. En farfouillant dans les archives de Causeur, j’ai exhumé un papier du sieur Bennasar remonté comme une pendule contre le procès qu’intentaient (déjà) des avocats belges et français afin d’interdire l’album incriminé. Que n’ai-je consulté plus tôt la liste des soutiens de cette honorable cause…  Car, ô surprise, parmi les vedettes du barreau montées sur leurs grands léopards antiracistes, j’ai retrouvé un certain Me Gilbert Collard. Oui, il s’agit bien du secrétaire général du Rassemblement Bleu Marine, devenu entre-temps député du Gard apparenté FN. À l’époque où maître Collard sur son estrade perché portait haut la moraline antifasciste, ses confrères belges et français saluaient avec des trémolos sa croisade anti-Tintin.  Mais c’était en 2009, une autre ère !

Je me garderai bien de sermonner qui que ce soit. Ni d’intenter quelque procès en insincérité en raison des engagements successifs de Collard : quoi qu’en disent les oies blanches, le marinisme n’est peut-être pas un humanisme, mais il n’appartient pas à la grande famille des racismes. « Plutôt la Corrèze que le Zambèze », claironnait Jean-Marie Le Pen en reprenant Barrès, à l’époque où Me Collard le poursuivait de sa vindicte. Depuis, la gauche postmoderne a inversé la proposition, affectionnant les lignes bleues du Tibet ou du Zaïre, quitte à escamoter l’amour des siens. Histoire de couper la poire en deux,  je laisse le mot de la fin aux Wampas : si les Dupont Lajoie avaient le portefeuille de Manu Chao, ils partiraient à Noël au moins jusqu’au Congo…

*Photo : Virginia Mayo/AP/SIPA. AP20932410_000004.

Hommage à Diane Lazarevic

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serge lazarevic mali

serge lazarevic mali

À l’occasion de la libération de l’otage français Serge Lazarevic, qui était détenu au Mali depuis trois ans, nous republions cet article qui n’a rien perdu de son acuité.

La rédaction 

On ne peut qu’être frappé par la symétrie de ce qu’il est convenu d’appeler l’« affaire Léonarda » et de ce que nous appellerons la « non-affaire » Diane Lazarevic.

D’un côté, un État qui s’agenouille aux pieds de l’individu et qui pousse jusqu’à l’absurde la poursuite d’une introuvable politique des droits de l’homme, le droit de l’homme étant ici le droit d’être éduqué en France. Un président de la République qui incite une jeune mineure à quitter sa famille pour bénéficier de ce droit inaliénable. Un Président qui, fidèle à ses alliés écologistes, pratique la désobéissance civile et, n’écoutant que sa conscience ou celle de sa « concubine », contredit les lois et leur application dont il est pourtant  le garant. Un Président dont on ne mesure pas suffisamment à quel point il n’agit pas par simple faiblesse psychologique, mais par idéologie.

De l’autre côté, une jeune femme dont le père est retenu en otage depuis deux ans, et qui rappelle l’Etat à la raison, en lui signifiant qu’il ne faut pas céder au chantage, parce que payer pour des otages présents c’est subventionner de futures prises d’otages ; c’est manquer, au-delà de la protection de l’individu, à la protection des ressortissants français dans leur ensemble.

D’un côté, une affaire qui prend des proportions démesurées et qui ameute le troupeau des journalistes, qui attise facilement la haine et la vindicte contre la nullité du gouvernement, car il est plus facile de tirer aujourd’hui sur l’ambulance du socialisme finissant, que de porter haut et fort un autre idéal qui soit véritablement affirmatif.

De l’autre côté, une « non-affaire » dont personne ne s’empare, et qui pourrait pourtant être le véritable symbole d’un héroïsme républicain, lequel n’a disparu que chez ceux qui s’obstinent à en déplorer la perte.  À la recherche de victimes ou de boucs émissaires, les commentateurs ne se sont pas arrêtés sur la parole si fragile et si forte de Diane Lazarevic.

Diane Lazarevic a parlé d’un au-delà de la souffrance et d’un au-delà du cas de son père. Cet au-delà est celui du politique en sa plus noble acception. C’est cet horizon du politique qu’elle a maintenu dans sa parole et qu’elle a opposé à la proposition compassionnelle qu’on lui offrait. Pour la souffrance elle a demandé qu’on lui la laisse, parce qu’il s’agit d’une affaire privée…

Ne restaient plus que les yeux effarés d’Yves Calvi et des experts présents sur le plateau, les yeux effarés des éternels spectateurs si bien dressés à s’identifier à l’éternelle victime. Mais voilà que la victime refusait le statut qu’on lui proposait et nous rappelait le tragique du politique.

Hommage à cette frêle et belle jeune femme isolée sur un plateau de télévision, et qui met sa pureté d’Antigone au service d’une raison d’Etat que plus aucun Créon n’est désormais capable d’envisager, ni même de comprendre…

*Photo : AP/SIPA. AP21576680_000001.

Les lions sont fâchés

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On ne dira jamais assez la pénible condition des animaux dans les zoos. Non seulement ils sont obligés de rester toute la journée dans des espaces plus ou moins exigus sous les yeux d’une foule stupide et amorphe mais en plus on leur donne souvent à manger n’importe quoi. C’est ce qui est arrivé aux lions du zoo de Barcelone, ce dimanche 7 décembre quand un néo-nazi catalan, ce qui est une variante relativement rare, a escaladé les grilles en plein jour pour se jeter dans la fosse des susnommés. Il s’agissait d’un certain Justo Jose et il était pour l’occasion vêtu d’un treillis militaire. Les fauves, pour leur part, soucieux de leur régime alimentaire qui leur interdit de manger des ordures, ont bien un peu chipoté avec cette nourriture putative mais finalement ont laissé les secouristes intervenir avec des lances à eaux et ramener à l’extérieur Justo Jose qui s’en est tiré avec de multiples morsures et griffures.

On recherche maintenant, du côté de la police, ce qui a poussé  Justo José a un tel comportement. Cet homme de 45 ans, ex-policier, était juste-là simplement connu pour des comportements anodins et habituels dans les milieux néo-nazis : drapeau à croix gammée brandi sur le toit d’un immeuble lors d’une manifestation anti-avortement, drapeau catalan brûlé publiquement, tatouages divers et variés célébrant le IIIème Reich. Parmi les hypothèses pour expliquer son acte, on peut retenir le désir de prouver que, comme tous les néo-nazis, il n’avait rien compris à Nietzche en voulant expérimenter la citation usée « Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort » ou encore  prouver qu’il pouvait faire aussi bien que Daniel, ce petit prophète juif que l’on trouve dans le livre des adeptes de la religion du vilain Nazaréen.

De leur côté,  les lions ont  réclamé, sans succès pour l’instant, l’assistance d’une cellule psychologique.