L’université de Liège et les «salauds magnifiques» de Causeur


Avis aux amateurs de train fantôme : n’allez pas vous abêtir dans le grand lunapark de Marne-la-Vallée, d’aujourd’hui à samedi, la Belgique wallonne se met en quatre pour vous distraire. L’université de Liège, sous l’égide du très sérieux Fonds national de la recherche scientifique (FNRS) organise en effet un colloque international mystérieusement intitulé : « Les nouveaux réactionnaires : genèse, configurations, discours ». C’est peu dire que le  programme  donne envie : trois jours de conférences soutenues à une cadence stakhanoviste par des universitaires déguisés en procureurs, ça ne se loupe pas.

Sur le banc des prévenus, quelques étiquettes infamantes désignent votre journal préféré (« Des « salauds » magnifiques : ethos et interdiscours dans Causeur », sic !)[1. Un sondage express réalisé auprès de la rédaction de Causeur révèle que 100% de ses membres se disent très fiers de cette appellation!], l’excessif Philippe Muray, le pathogène Jean-Claude Michéa (« L’enseignement de l’ignorance. Crise ou invariant historique ? Les pathos des archéo-réactionnaires », un symposium qui ne nomme pas sa cible, sans doute parce que l’anarcho-réac s’avère aussi contagieux qu’Ebola), le vilain réac Jean-Paul Brighelli (« certitudes et ambiguïtés des discours réactionnaires sur l’école »), ou encore l’ambigu Michel Houellebecq (« extension ou liquidation de la lutte »). Comme dans les meilleurs procès staliniens, les prétoires seront vides, histoire de ne pas perdre de temps en donnant la parole à la défense. Que nos magistrats en prennent de la graine, on juge plus vite, plus loin et plus fort sans prévenus dans la salle…

L’ennui, c’est que l’anarcho-réac auteur de ces lignes manque de cellules grises pour comprendre tous les exposés ronflants promis çà et là. Par exemple, il sera probablement passionnant de s’interroger avec Mohamed Aaït-Arab : « Déclin français et antiaméricanisme. Quand les nouveaux réactionnaires » chaussent les bottes idéologiques des écrivains de l’entre-deux-guerres » mais le « thème vecteur » précédent énonce : « Contre la guerre, contre la paix : l’Afghanistan et l’Irak comme moments nouveaux réactionnaires ». J’en perds mon latin : est-il néo-réac, donc blâmable, de s’être opposé ou d’avoir soutenu les interventions armées en Afghanistan et en Irak ? C’est probablement selon… la tête du client, comme devrait conclure l’ultra-déterministe Didier Eribon au cours de son topo dont le seul énoncé fait déjà saliver : « La pensée de droite aujourd’hui ».

Inutile de vous le cacher : je regrette amèrement de n’avoir pu franchir la frontière pour prendre un bain de science. Mais ce n’est que partie remise. Parole d’anarcho-réac (diantre, quelle fabuleuse expression, merci à son concepteur !), je n’attendrai pas le retour des beaux jours pour revoir Bruges, Anvers et Gand. On peut penser ce qu’on veut des Flamands, toutes tendances confondues. Reste qu’ils possèdent une vertu à mes yeux inestimable : je ne les comprends pas!



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est journaliste.

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