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Multiculturalisme, le mal-vivre ensemble


L’actualité française récente a été marquée par deux évènements majeurs: la radicalisation de la mouvance indigéniste et du collectif « La Vérité pour Adama », et les violents affrontements à Dijon entre communautés tchétchène et maghrébine. Ces évènements, en plus d’illustrer la défaillance de l’État dans ses missions régaliennes, finissent de nous convaincre que le modèle multiculturaliste mène à une société violente et qu’il est urgent de revenir à un rapport conservateur et enraciné au monde.


Lévi-Strauss, lors d’une conférence intitulée Race et Culture et prononcée en 1971 à l’UNESCO, défendit la thèse très conservatrice selon laquelle les sociétés doivent maintenir un certain degré de protection culturelle pour pouvoir subsister. Cette prise de position en choqua plus d’un, surtout chez de nombreux intellectuels de gauche. Elle fut pourtant parfaitement cohérente avec ce qu’il constata tout au long de sa vie : une société, pour exister, doit se caractériser par un ensemble de mœurs relativement homogènes qui la définissent de manière exclusive par rapport aux autres. Tel un prophète, Lévi-Strauss souhaitait-il nous mettre en garde contre la doxa diversitaire et multiculturaliste qu’il sentait arriver ? Si une société harmonieuse implique une certaine uniformité culturelle, alors la “société multiculturelle” devient un oxymore, l’obscure clarté d’une idéologie fondée sur l’inversion du devoir d’intégration. Si le pays d’accueil doit se transformer, en reniant ce qu’il est, il perd son statut et son identité héritée de son histoire, de sa culture et des modes de vie qui en découlent. Le ciment qui fonde l’unité de la Nation se fissure au profit de communautarismes qui se développent côte à côte et risquent, selon l’expression même de Gérard Collomb au moment de sa démission du Ministère de l’Intérieur, de se faire face.

« La civilisation est un bien invisible puisqu’elle porte non sur les choses, mais sur les invisibles liens qui les nouent l’une à l’autre » écrivait Saint-Exupéry. Une société ne peut se résumer à la somme des unités qui la composent ; il faut une certaine uniformité à même de les unir. Le multiculturalisme, quant à lui, prétend être gage de paix perpétuelle par le dialogue, la négociation et le consensus entre des communautés aux intérêts divergents qui pourraient cohabiter sur un même territoire, pour peu que la civilisation occidentale ne soit qu’une option parmi d’autres !

La France réclame un regard conservateur

Pourtant, les faits lui donnent tort. Les sociétés multiculturelles ne sont jamais sereines ni apaisées, et les différentes communautés, centrées sur leurs intérêts divergents, toujours en conflit. La violence des sociétés multiculturelles confirme aussi l’échec de l’homme déraciné. C’est la raison pour laquelle, dans de nombreux pays, les peuples historiques refusent de plus en plus d’être injustement dépossédés de ce qui les définit au profit d’une vision diversitaire du monde. Ils se révoltent, principalement dans les urnes. La montée en puissance de mouvements populistes un peu partout en Occident en témoigne.

A lire également, du même auteur: Éloge du choix

Plutôt que l’utopie de la société ouverte, le conservatisme nous rappelle que l’Homme a besoin d’enracinement et la société d’une certaine homogénéité culturelle pour pouvoir durer. Les premières tendances de notre grande consultation, Le conservatisme, un espoir pour la France ? qui s’achève dans quelques jours, sont claires. La France réclame un regard conservateur, non pour nier les errements de son passé ni pour en porter à vie une responsabilité de pénitents agenouillés, mais pour retrouver la fierté et la grandeur de la civilisation occidentale. La transmission de la mémoire commune et la formation du jugement critique sont des impératifs qui s’érigent en remparts contre l’enseignement doctrinal de l’oubli et du renoncement.

Patriotisme enraciné

Pour autant, la cohésion culturelle nécessaire à une société heureuse n’implique pas le refus d’une certaine altérité. Être Gascon, Breton, Bourguignon, n’empêche pas d’être aussi Français. L’enjeu est la subordination de tous à une culture prééminente, une culture française unifiante qui chapeauterait ses composantes. Un tel projet n’est possible que s’il existe une proximité et une certaine compatibilité culturelle entre les communautés qui ambitionnent de partager leurs racines afin de s’unir dans un destin national commun. Il en va de même pour les membres de communautés étrangères qui aspirent à rejoindre la communauté nationale française : il faut le dire, certaines ont des mœurs trop antagonistes aux nôtres pour partager l’esprit français.

Face à l’idéologie multiculturaliste qui cherche à s’implanter chez nous, Sens Commun défend un patriotisme enraciné et décomplexé. Un arbre sans racine est un arbre mort !   Intégrer une population culturellement très éloignée n’est possible que si le greffon adhère à la sève de la Nation pour partager les mêmes racines, s’abreuver à la même source et croître ensemble. Nous avons, pour peu de temps encore, le choix de mettre en œuvre une vraie politique d’assimilation, à condition de ne pas craindre les foudres progressistes ni les tempêtes de la bien-pensance. Ce devoir accompli, nous pourrons dire avec Sénèque “Seul l’arbre qui a subi les assauts du vent est vraiment vigoureux, car c’est dans cette lutte que ses racines, mises à l’épreuve, se fortifient”.

Consultation ouverte à tous encore quelques jours

Katastrophe! L’Allemagne reconfine!!

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Il y a plusieurs manières de lire une information comme celle du reconfinement dans le land de Rhénanie du Nord-Westphalie, en Allemagne.


Il y a toujours plusieurs manières de présenter une information. Il y a aussi plusieurs manières de la lire. J’apprends ainsi dans un article du Monde daté du 23 juin que le Land de Rhénanie-du-Nord Westphalie reconfine le canton de Gütersloh, 360 000 habitants tout de même, au moins jusqu’au 30 juin. Et un reconfinement sévère avec bars, musées et cinémas fermés, interdiction des rassemblements et des activités de loisirs dans les espaces fermés. La cause, la découverte d’un cluster géant dans un des plus grands abattoirs d’Europe avec 1500 cas d’infection à la Covid-19 parmi les employés.

Qu’on nous épargne à toi et moi si possible très longtemps, le reconfinement

Si j’étais vegan, je dirais que c’est bien fait, que les abominables spécistes sont bien punis de préférer une côte de bœuf maturée à un bon steak de tofu écologiquement responsable.

A lire aussi: BHL, réac asymptomatique

Si j’étais germanophobe, mal assez répandu en France, je ricanerais méchamment. L’Allemagne, qui ne pense qu’à elle, a trop fait sa maligne sous prétexte qu’elle avait une politique de dépistage massif dès le mois de mars, des masques en veux-tu en voilà alors que nous, avec notre meilleur système de santé du monde dopé par de brillants managers, nous nous débattions comme des malheureux entre discours contradictoires et pénurie de FFP2 et de respirateurs.

Armin Laschet remplacerait bien Frau Merkel

Si j’étais un spécialiste de la politique intérieure allemande, je remarquerais que le président de la Rhénanie du Nord-Westphalie, un certain Armin Laschet, est de la CDU, le même parti qu’Angela Merkel, qu’il lorgne sur sa succession et qu’il joue très gros car il a critiqué la patronne qu’il trouvait trop timorée en face de la grippette, comme dirait l’autre.

A lire aussi, Valentin Chantereau: D’anciens responsables du régime syrien jugés… en Allemagne

Mais on ne se refait pas. Moi, la phrase qui m’a marqué dans l’article, une phrase toute discrète, en incise, c’est : « L’abattoir emploie 6 700 personnes, pour beaucoup venues de Bulgarie et de Roumanie, et qui logent dans des foyers d’hébergement où la promiscuité est grande. »

Le virus de l’affreux méchant capital

 « La promiscuité est grande »,  voici un joli euphémisme pour dire que le capitalisme, histoire de faire pression à la baisse sur les salaires allemands, fait vivre des travailleurs étrangers dans des conditions innommables. Et je me dis qu’il serait peut-être temps de féliciter la Covid-19 pour son beau boulot de lanceuse d’alerte. Je me trompais, finalement, en voyant chez elle un virus capitaliste. C’est plutôt le virus des contradictions du capitalisme. Vouloir faire redémarrer l’économie à n’importe quel prix, comme c’est le cas chez nous où les mesures d’allègement des différents protocoles se multiplient sous la pression des décideurs, impatients de se refaire une santé, quitte à tout perdre dans quelques semaines ou quelques mois, ça se paie. Alors, comme le vegan ou le germanophobe, j’ai aussi mes mauvaises pensées. Si Miss C-19 (l’Académie française a décidé que Covid serait féminin, par pure misogynie, n’en doutons pas), pouvait le faire mourir de sa propre gloutonnerie, le capitalisme, ce serait une très bonne chose.

Au moins pour les survivants.

Tant qu’il y aura des… DVD

 


« Le critique de cinéma, c’est l’inspecteur des travaux finis », disait François Truffaut. A l’heure où les salles de cinéma sont fermées, Jean Chauvet a trouvé quelques pépites en DVD à regarder chez soi.


Au comble de l’absurde

Les Espions, de Henri-Georges Clouzot

Édité par Coin de mire-Cinéma

Les éditeurs de DVD et de Blu-ray ne font pas forcément les efforts éditoriaux nécessaires, voire indispensables, pour attirer le chaland cinéphile et le détourner des géants tentaculaires de la VOD. C’est dire si, quand on en tient un qui se donne du mal, on ne le lâche plus. Coin de mire-Cinéma, c’est son nom, fait vivre une belle collection dédiée aux films classiques français en mêlant allègrement perles rares (Non coupable, de Didier Decoin), réjouissants nanars (La Grosse Caisse d’Alex Joffé, également connu sous le nom de Rapt à la RATP !) et autres nourritures roboratives (Porte des Lilas de René Clair). Une nouvelle salve d’après confinement fait ainsi se côtoyer le sombre – La Vérité, de Henri-Georges Clouzot – avec le foutraque – Le Monocle rit jaune de Georges Lautner. Mais arrêtons-nous plutôt sur un autre film de Clouzot, moins connu, parfois méprisé : Les Espions, réalisé en 1957 avec entre autres Peter Ustinov, Gérard Séty, Curd Jürgens, Louis Seigner, Gabrielle Dorziat et Véra Clouzot. Le redoutable journaliste, écrivain et scénariste Henri Jeanson avait la dent aussi dure que vache. Que n’aurait-il pas fait pour un bon mot ? Mais quand à propos de ce film de Clouzot, il écrit dans Le Canard enchaîné : « Clouzot a fait Kafka dans sa culotte », on applaudit le jeu de mots scato, mais on réfute la portée de la critique. Oui, Clouzot s’inscrit dans la lignée de l’auteur du Procès mais, oui, il y réussit et son film est un véritable voyage en Absurdie, ce pays si lointain, si proche. Pas étonnant quand on sait que Les Espions se déroule dans un asile de fous dont le directeur accepte un jour d’héberger un agent secret, le tout sur fond de compétition atomique entre Russes et Américains comme il se doit.

Clouzot construit peu à peu une hallucinante alchimie entre réalisme poétique, guerre froide et dépression profonde… Tout vire rapidement au cauchemar, la clinique devenant un véritable nid de barbouzes spécialistes des coups tordus et autres éliminations définitives. Et si Kafka est bien là, Alfred Jarry et son Père Ubu ne tardent pas à débarquer, d’ailleurs secondés par Eugène Ionesco, dans une ambiance paranoïaque que le Hitchcock de La Mort aux trousses et de L’Étau n’aurait pas reniée. Dans ce décor glauque et inquiétant à souhait, on finit également par rire jaune ou franc selon les cas. Comme il est absolument naturel de le faire quand le sentiment d’absurdité gangrène tout et asservit la réalité. Le film ne saurait cependant se limiter à cette seule dimension.

Il n’est pas inutile de le replacer dans son contexte historique. Nous sommes en 1957, la Nouvelle Vague déferlera bientôt. Clouzot est l’auteur reconnu du Corbeau, de Quai des Orfèvres et du Salaire de la peur, entre autres. Mais il sent que la « modernité » et son cortège de fulgurances géniales mêlées à des pétards mouillés pointe le bout de son nez. Les Espions est une tentative plus ou moins réussie d’y faire face en prenant la main. Il ira plus loin encore en 1968 avec son ultime film La Prisonnière, aux frontières de l’œuvre conceptuelle. Pour l’heure, avec Les Espions, il construit une farce métaphysique qu’il souhaite la plus contemporaine possible, y compris dans l’écriture cinématographique. Mais ce qui frappe peut-être plus encore, c’est la permanence d’un regard moral que l’on trouvait déjà pleinement dans Le Corbeau, au cours de la scène où Pierre Larquey, suivant le mouvement de balancier d’une lampe qui va de l’ombre à la lumière, en conclut que rien n’est tout à fait tout blanc ou tout noir…

Réjouissons-nous, la mise en avant salutaire de ce film s’accompagne, comme tous les volumes édités par Coin de mire-Cinéma, d’une double copie restaurée en DVD et en Blu-ray, ainsi que de la reproduction d’une affiche, des photos d’exploitation et du livret de production, notamment. Le tout servi par une impeccable maquette : un bel écrin pour un film plus que stimulant.

 

Au pays des fourmis

Phase IV, de Saul Bass (1974)

Édité par Carlotta Films

© Carlotta films
© Carlotta films

Bien avant l’énervant Bernard Werber, le graphiste de génie Saul Bass s’était penché, le temps d’une seule et unique réalisation cinématographique, sur le potentiel horrifique des fourmis. Phase IV a les allures d’une série B sans vedettes ni effets spéciaux et spécieux, parfois mal fagotée et qui dans ses pires moments tourne au documentaire animalier, mais finit toujours par retomber sur ses pattes et nous emporter avec lui. Bass qui a collaboré aux plus beaux génériques et visuels du cinéma américain de la grande époque (Preminger, Hitchcock, Scorsese et compagnie) s’en donne à cœur joie pour nous flanquer la trouille avec des insectes prêts à détruire l’humanité. Mi-fantastique, mi-science-fiction, le film séduit par son minimalisme et son efficacité redoutable. Le tout servi par une superbe édition sous coffret avec le film proposé en DVD et Blu-ray, des bonus et surtout un véritable livre superbement illustré qui revient en détail sur ce film ovni.

Au rythme de la loco

La Roue, d’Abel Gance (1923)

Édité par Pathé

© DR
© DR

Quoi de neuf au pays du cinéma chez soi ? Abel Gance, encore et toujours ! Le fou génial d’un cinéma muet qui n’hésitait devant rien : un jour une bio de Napoléon sur trois grands écrans, mais avant cela un somptueux mélo de plus de quatre heures. Ce film, c’est La Roue, à propos duquel Cocteau déclara : « Il y a le cinéma d’avant et d’après La Roue, comme il y a la peinture d’avant et d’après Picasso. » La Roue dont le budget pharaonique équivaut à la production de 15 films de l’époque et qui multiplie les morceaux de bravoure : locomotive en folie et déraillement apocalyptique. Le tout oscillant entre Zola et la tragédie grecque, entre le trop-plein ferroviaire et l’éblouissement cinématographique à l’état pur. Assisté de Blaise Cendrars à la réalisation, Gance fit également appel à Honegger pour la musique. Ce temps-là du cinéma est désormais révolu. Ce coffret « collector » est à la hauteur de ce temps perdu, avec ses versions restaurées en DVD et en Blu-ray, ses bonus pléthoriques et, cerise sur le chef-d’œuvre, un livret entier.

La repentance, un passe-temps pour gosses de riches

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Déboulonner les statues de personnages “controversés”, c’est le nouveau hobby de bobos qui voient dans la défense des “racisés” un combat indépassable. Alors que tout n’est pas à décrier dans l’héritage colonial. L’analyse de Driss Ghali.


La dernière mode en date en France est de partir à l’assaut des statues des grands héros français. Colbert, Faidherbe et Gallieni, entre autres. On les accuse d’avoir tué des Africains et d’avoir à rendre des comptes pour cela à titre posthume. Ceux qui pratiquent ce nouveau sport n’ont pas conscience du ridicule de leur situation, ni du danger qu’il y a ouvrir la boîte de Pandore des blessures coloniales.

Tout d’abord, l’Afrique et les Africains n’ont rien demandé à personne. Ils n’ont pas exigé que la France face acte de contrition car ils ne veulent pas traiter avec des partenaires qui sont à genoux. Si on avait daigné leur demander leur avis (mais qui se soucie de l’opinion des Africains ?), ils auraient répondu que l’avenir est le seul horizon qui en vaille la peine. L’Afrique joue gros, elle doit exprimer son immense potentiel au moment même où sa population explose et que la Chine l’incite à se spécialiser dans les activités extractives. En d’autres termes, l’Afrique n’a pas de temps pour la repentance.

A lire aussi, Sébastien Thiboumery : Après les statues, les antiracistes cherchent à déboulonner les marques

Il y a colonisation et colonisation

Les Africains ont tourné la page de la colonisation dès les années 1960 en s’agrippant à la langue française comme un héritage inaliénable. Ils auraient pu défaire les frontières rectilignes et arbitraires tracées par les méchants colons, ils ne l’ont pas fait car il n’y avait peut-être pas mieux à faire pour épouser l’ultra-diversité ethnique et linguistique des populations. Cerise sur le gâteau : à peine la France partie que, par millions, Arabes et Africains ont pris le chemin de l’Hexagone pour s’y installer. Pourquoi personne ne s’est accroché aux basques des Ottomans lors de leur départ du monde arabe il y a exactement cent ans ? Il y a peut-être une raison : il y a colonialisme et colonialisme, même si le simple fait de coloniser est une idée absurde et un acte d’oppression.

Ensuite, pourquoi s’en prendre à Gallieni et ne pas faire le procès de ses soldats ? Tous ou presque étaient noirs (Sénégalais, Maliens) ou musulmans (Algérie notamment). La colonisation de Madagascar comme de l’Afrique entière est une autre histoire de la guerre du sud contre le sud. Réveiller ce souvenir ne serait pas rendre service à un continent en mal d’unité.

Les grandes figures de la colonisation française n’ont fait que servir la France, ils n’ont pas agi à compte propre. Gallieni n’est pas Gengis Khan. Il a reçu, plus d’une fois, ses ordres de gouvernements de gauche. Est-ce que Jules Ferry ou bien Georges Clémenceau ont décolonisé l’Afrique ? Non, ils ont donné les instructions nécessaires pour perpétuer l’oppression coloniale. Il serait bon que les bobos et militants racialistes à gauche de l’échiquier politique d’aujourd’hui s’en souviennent.

Or, ont-ils encore le temps de réfléchir ? Il y a de quoi en douter, eux qui sautent d’une hystérie à l’autre ou plutôt d’un hashtag à l’autre : #stayathome, #blacklivesmatter et maintenant #madagascar.

A lire aussi, Olivier Amiel: Autant en emporte le « Woke »

La génération qui a renoncé à ses libertés pour cause de corona, celle qui a fui Paris, non par peur des Panzer Divisions de 1940 mais parce qu’elle préfère se confiner au vert, cette génération moralement désarmée n’est pas vraiment en position de juger qui que ce soit. Je lui souhaite d’avoir ne serait-ce que le dixième du courage physique et de la prestance de ceux qu’elle fustige aujourd’hui.

Même à Madagascar, la colonisation a des aspects positifs

S’ils s’asseyaient pour lire un livre d’histoire entre deux crises de nerf, nos chers bobos pourraient peut-être se rendre compte de l’absurdité de ce qu’ils prêchent. Savent-ils que le Maghreb contemporain incarne une colonisation aboutie et sans appel : celle que les Arabes du Moyen-Orient ont infligée aux Berbères d’Afrique du Nord? Savent-ils aussi que tout ce qui brille au sud de l’Espagne porte les marques du projet colonial musulman ? Pendant plus de sept siècles, les conquérants islamiques ont tué, pillé et détruit autant qu’ils ont construit et civilisé. Un peu comme la colonisation française… Allons-nous taguer l’Alhambra de Grenade au nom du passé lourd passé colonial ? Ou bien faudra-t-il détruire l’Alcazar de Séville au motif de l’appropriation culturelle ? 

Il ne faut pas avoir peur d’aborder de front le bilan de la colonisation française, même à Madagascar. À l’évidence, les troupes coloniales (blanches, noires et arabes comme on l’a vu auparavant) ont massacré. Elles ont aussi amené la paix intérieure à des populations qui avaient rarement connu le goût simple d’un voyage paisible d’un point A à un point B. Madagascar était un univers à part avec des degrés de civilisations très éloignés entre le plateau central et les marges de l’ouest et du sud. Les peuples malgaches (car il n’y avait pas de peuple malgache unifié) ne vivaient pas en paix.

A lire aussi, Andreas Bikfalvi : Aux origines de la politique des identités… et ses conséquences

La concorde intérieure instaurée par la force, s’en est suivie un immense réveil de l’île qui, pour la première fois et les yeux ébahis, a vu comment l’action ordonnée de l’homme peut rompre la malédiction de la misère et des maladies. La colonisation a été un viol certes mais aussi un électrochoc salutaire pour que des peuples aliénés de la modernité s’en emparent une bonne fois pour toutes.  

Parole de Marocain

Il s’est passé la même chose au Maroc où un disciple de Gallieni, un certain Lyautey a pris en main un pays qui était en voie de se dissoudre dans les sables arides du séparatisme et du sous-développement. En un peu plus de dix ans, Lyautey a donné au Maroc une colonne vertébrale urbaine, légale et administrative qui est encore la sienne aujourd’hui en 2020. Tout au Maroc porte encore la marque sublime de grand marocain qu’a été Lyautey, un protecteur de l’Islam et des traditions féodales. Telle est la vérité et il faut l’admettre car on ne peut pas effacer l’œuvre de Lyautey au Maroc même en dynamitant tous les monuments qui portent sa marque. Lyautey est passé dans le sang marocain comme celui qui nous a rendu l’estime de nous-mêmes. Grâce à lui, nous avons compris que nous sommes un peuple pauvre certes, mais capable de mobiliser sa diversité ethnique et religieuse pour fleurir le désert et fabriquer des avions. Ce n’est pas mal quand même.

Tout cela n’intéresse pas les « déboulonneurs »… Ils n’ont que faire des anciens colonisés. Ils s’amusent comme des gosses de riches qui s’ennuient au point d’aller poser une boule puante dans un temple. Le monde leur doit tout car ils sont blasés. 

S’agenouiller comme ils font alors que personne ne leur demande représente la quintessence du snobisme. L’ultime frontière du luxe. Leur message subliminal à la Terre entière est : « personne au monde ne s’excusera plus que nous, personne n’ira aussi loin dans la destruction de son histoire nationale, personne n’osera associer son sang à celui des génocidaires, nous les Français bien-pensants en sommes capables, admirez-nous pour cela mais n’essayez-pas de nous imiter car nous sommes parfaitement indépassables. »

La bonne nouvelle est que les gosses de riches se lassent vite de leurs jouets faits sur-mesure.

Mon père, le Maroc et moi: Une chronique contemporaine

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BHL, réac asymptomatique

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Le philosophe Bernard-Henri Lévy publie Ce virus qui rend fou, un essai qui critique notre attitude face au coronavirus


Bernard-Henri Lévy est-il en train de mal tourner ? Samedi dernier, pour démontrer qu’il se rit du coronavirus et de nos excès précautionneux, on l’a vu ostensiblement serrer les mains chez Laurent Ruquier. Un coup d’éclat télévisuel digne du plus vil populiste ? On ne pense pas que le philosophe ait rejoint le camp des réacs, mais ces derniers, tout étonnés d’avoir raison avec BHL, ont pu trouver des arguments réjouissants sous sa plume dans Ce virus qui rend fou (Grasset). 

Sur moins de cent pages, le penseur peste contre la période que nous venons de vivre, et s’en prend au confinement.

Un coup d’édition réjouissant

Il dégaine ainsi le premier. La plupart de ses petits camarades n’ont pas terminé de revoir leur copies, copies où l’on imagine que le monde d’après sera esquissé sans grande humilité.

La genèse du Virus qui rend fou est un coup de colère. Le confinement vient d’être décidé en France et Paris Match publie un reportage de l’écrivain, rentré du Bangladesh quelques jours plus tôt. Les critiques fusent alors sur le voyageur, accusé de donner le mauvais exemple avec ses tours du monde et de manquer de décence. Vexé, il écrit : « En quelques heures je compris ceci. Cette solidarité crépitante dont on était en train de nous bassiner, cette insurrection de fraternité sur fond de robinsonade et de “no conso”, ce côté “moins de biens plus de liens, il faut parler aux arbres, laisser entrer la lumière, s’écouter les uns les autres” était une duperie »

C’est ensuite un festival de reproches plutôt bien vus envers ceux qui ont pris une joie mauvaise à le voir empêché de reprendre un vol. Et tous les autres ravis du confinement. Internationaliste contraint de rester chez lui, il nous fait alors bien rire. De nous, en croquant nos petites lâchetés et notre pleutrerie. ET un peu de lui, comme toujours quand il abuse de la pose résistante.

Un virus, cela ne parle pas

Avec nos controverses médicales, BHL estime que nous avons invité la foire à la table du roi. Il fustige l’opinion qui a voulu voir la médecine au poste de commande. 

Il raille aussi l’indécence des militants écolos, qui ont pu accomplir un tour de force en nous contraignant à adopter leurs thèses. Ces gauchistes déclinistes sont parvenus à nous refourguer leur “vieille camelote accusatrice qui, cette fois, ne se refusera pas”. BHL remet les pendules à l’heure : le catéchisme virologique de tout ce petit monde n’est qu’une “niaiserie”. L’idée que Gaia nous a adressé un dernier avertissement avant la fin du monde est très partagée. Or, selon BHL, la pandémie est “un fléau qui n’a rien à voir avec la mondialisation libérale, l’épuisement des énergies fossiles et les concentrations atmosphériques de CO2”. De plus, un virus n’a rien à nous dire… Un virus, cela ne parle pas, n’en déplaise aux collapsologues qu’il vilipende.

A lire ensuite: Alain Finkielkraut: «Suis-je devenu légitimiste?»

Si les bons esprits s’inquiéteront du virage climato-sceptique (!) du penseur, lui s’inquiète plus sérieusement du tournant anthropologique observé sur la période. L’attitude de nombre de ses concitoyens l’a effrayé. Nous partageons ses inquiétudes.

Il faut résister au repli sur soi

Au delà des emmerdeurs de la distanciation sociale ou des pascaliens du dimanche, le consentement général à toutes les conditions imposées au nom de la lutte contre l’épidémie, y compris les plus absurdes, a en effet de quoi faire peur. 

S’appuyant sur son érudition philosophique, Lévy voit pointer un hygiénisme, qui pourrait à tout moment basculer vers l’eugénisme. Il redoute que l’exception ne devienne la nouvelle normalité, dans une époque où le repli sur soi et la méfiance de tous contre tous sont déjà bien installés. Qu’on se rassure cependant, BHL n’est pas devenu réac. La preuve : il réserve surtout ses flèches au peuple apeuré et aux extrêmes (notamment en Amérique), oubliant notre très libéral président ainsi que les fous du règlement qui l’entourent et qui gouvernent la France.

Ce virus qui rend fou, Grasset

Belloubet: circulaire, y’a rien à voir


Après avoir désempli les prisons, la Garde des Sceaux entend bien ne plus les remplir. Sa circulaire, qui subordonne les peines prononcées à la disponibilité des places, est examinée le 30 juin par le Conseil d’État. 


Nicole Belloubet adore parler de politique pénale. La sienne se résume à trois mots : vider les prisons. Il paraît que laisser les petits caïds de cités et autres terreurs de cage d’escalier emmerder les pauvres et agresser les flics, c’est de gauche.

Dès le début de l’épidémie, elle se répand en prévisions apocalyptiques sur les prisons en voie de devenir des super-clusters. Le feu couve, il faut éviter un désastre humanitaire. Le 25 mars, elle glisse dans la fournée d’ordonnances prises en vertu de l’état d’urgence sanitaire un texte qui ordonne la libération des détenus en fin de peine – sans l’intervention du moindre critère sanitaire. Peut-être pas de quoi crier au scandale, juste au paradoxe : au moment où on somme les Français de s’enfermer, on libère des prisonniers qui se trouvaient précisément en milieu confiné. 

Le plus consternant et/ou amusant, c’est qu’au même moment, la ministre décide la prolongation automatique de toutes les détentions préventives. Pas besoin d’être agrégé de droit pour savoir qu’il y a là une violation flagrante de la présomption d’innocence. Le 26 mai, la Cour de cassation met en pièces ce texte, et subordonne le maintien en détention provisoire à l’intervention rapide d’un juge, accélérant le flux de libérations, dont le nombre atteint 13650 fin mai. 

Des présumés innocents gardés en rétention, des coupables libérés

Conséquence, pour la première fois, de mémoire de statistiques en tout cas, le nombre des détenus (59.000) est inférieur à celui des places (61.000), ce qui ramène le taux d’occupation de nos prisons à 96%. Pour Belloubet, cette diminution s’explique majoritairement par la réduction de l’activité pénale, elle-même liée à la baisse de la délinquance. Sauf que la réduction de l’activité pénale n’a rien à voir avec la baisse de la délinquance et tout à voir avec les ordres absurdes donnés par Belloubet à son administration et son incapacité subséquente à mettre celle-ci en ordre de marche. 

Résumons : on a assigné les Français à résidence, maintenu des présumés innocents en détention et libéré des coupables. En somme l’État se montre tatillon, soupçonneux et punitif avec les citoyens sans histoires, quand il est tolérant, compréhensif voire compassionnel avec les délinquants. 

Mine de rien, ce texte, pris en application du volet pénal de la loi du 23 mars 2019, renverse complètement la logique de l’action pénale, peu ou prou priée de s’adapter à la disponibilité des places en prison. En somme c’est comme à l’hôtel. «Ah non, monsieur, désolés, nous n’avons rien pour vous. Vous êtes libre!»

Après tout, dira-t-on, que des voyous sortent maintenant ou dans six mois, cela ne fait pas grande différence, sauf peut-être pour leurs futures victimes mais bon, on ne fait pas l’omelette du progrès sans casser quelques œufs. 

Nicole Belloubet ne s’arrête pas en si bon chemin. Maintenant qu’elle a, sinon vidé, au moins désempli les prisons, elle va tout faire pour qu’on ne les remplisse pas, largement encouragée sur cette voie par la gauche magistrate, Syndicat de la magistrature en tête. 

La circulaire du 20 mai

Le 20 mai, la chancellerie diffuse donc une nouvelle circulaire, co-signée par la directrice des Affaires criminelles et des grâces et par le directeur de l’Administration pénitentiaire. Mine de rien, ce texte, pris en application du volet pénal de la loi du 23 mars 2019, renverse complètement la logique de l’action pénale, peu ou prou priée de s’adapter à la disponibilité des places en prison. En somme c’est comme à l’hôtel. « Ah non, monsieur, désolés, nous n’avons rien pour vous. Vous êtes libre. »

La prison de La Talaudiere (Saint Etienne) dans le département de la Loire, photographiée en 2019 © KONRAD K./SIPA Numéro de reportage: 00933744_000026
La prison de La Talaudiere (Saint Etienne) dans le département de la Loire, photographiée en 2019 © KONRAD K./SIPA Numéro de reportage: 00933744_000026

Anticipant une reprise de l’activité juridictionnelle, la circulaire affirme que celle-ci devra se conjuguer « avec une politique volontariste de régulation carcérale » – réguler signifiant ici diminuer. L’objectif, « mettre fin aux courtes peines au profit de sanctions alternatives », est expressément inscrit dans la loi. La circulaire rappelle les règles nouvelles « qui prohibent les peines d’emprisonnement inférieures ou égales à 1 mois et imposent l’aménagement de celles inférieures ou égales à 6 mois ». Les peines de moins de six mois (et une bonne partie de celles comprises entre six mois et un an) seront exécutées en dehors des prisons (rendant le suivi des détenus par une administration épuisée particulièrement hasardeux). 

Elle enjoint donc aux parquetiers de requérir en conséquence : « Il convient de poursuivre l’effort de limitation de prononcé des mandats de dépôt, de privilégier dans les réquisitions les alternatives à l’incarcération et les aménagements de peine d’emprisonnement ab initio. » Sans surprise, les Juges d’application des peines et les services de probation sont priés de suivre, y compris pour les peines prononcées avant l’adoption de la loi, qui se trouve donc sollicitée à titre rétroactif. 

Nicole Belloubet avait déjà montré sa conception très personnelle de la séparation des pouvoirs en demandant audience à Assa Traoré, partie civile dans une affaire en cours. Laquelle, non contente de l’envoyer paître, lui avait administré une leçon de droit. 

Avec sa circulaire, elle s’assoit sur ce principe constitutionnel fondamental. Si celle-ci est d’abord destinée (« pour attribution ») aux procureurs et aux services pénitentiaires, qui agissent au nom de l’État, elle est aussi adressée « pour information » aux présidents des tribunaux.

Les juges priés de “réguler”

Il est vrai que, dans le cadre de la fameuse politique pénale, la Chancellerie peut adresser des instructions générales aux procureurs et avocats généraux. Cependant, l’article 64 de la Constitution garantit leur indépendance, au même titre que celle des magistrats du siège. Dans la salle d’audience, leur parole est libre : la ministre n’a pas à leur dicter leurs réquisitions. 

Et voilà qu’en prime, la ministre s’autorise sans la moindre vergogne à dire aux juges du siège comment ils doivent juger: d’après la circulaire, les juridictions de jugement devront avoir « une plus large visibilité sur les conditions de mise en œuvre de leurs décisions ». Traduction : avant de prononcer une peine d’emprisonnement, les juges devront s’assurer qu’il y a de la place en prison. 

C’est toute la machine pénale et pénitentiaire qui est invitée à se mobiliser en vue d’un seul objectif, qui n’est pas de découvrir la vérité, protéger la société, punir les coupables, ou quelque autre faribole de cette eau. Non, il faut « réguler » la population carcérale en décourageant les entrées et en encourageant les sorties. 

Certes, ce ne sont pas les criminels endurcis mais les petits délinquants, souvent multirécidivistes, qui en bénéficieront. Justement ceux qui pourrissent la vie de leurs quartiers. Compte tenu de la répugnance que montraient déjà de nombreux juges à infliger de la prison ferme, on ne peut pas dire qu’ils redoutaient les foudres de notre justice. Désormais, ils pourront se rendre au tribunal en toute quiétude. 

Le plus étonnant, c’est que cette circulaire soit passée comme une lettre à la poste, sans susciter la moindre polémique en dehors des milieux juridiques – et ce malgré plusieurs articles dans Le Figaro et Le Point

Béatrice Brugère appelle le Conseil d’État à l’aide

Heureusement, on peut compter sur Béatrice Brugère, fougueuse et pimpante magistrate, qui a réussi à briser le duopole syndical en faisant de FO-magistrats (unité magistrat FO) la troisième organisation représentative de la corporation. Celle-ci intente donc un recours en excès de pouvoir devant le Conseil d’État, contre ce texte qui, entre autres méfaits, érige « la capacité hôtelière des centres pénitentiaires comme nouveau critère original de détermination et d’exécution de la peine », selon les conclusions de ses avocats. 

Béatrice Brugère, la secrétaire générale du syndicat Unité Magistrats et ancienne juge antiterroriste © Hannah Assouline
Béatrice Brugère, la secrétaire générale du syndicat Unité Magistrats, ancienne juge antiterroriste
© Hannah Assouline

On ne sait pas, évidemment, si la circulaire Belloubet connaîtra le même sort que la loi Avia, éparpillée façon puzzle par le Conseil constitutionnel. Mais le Conseil d’État prend visiblement l’affaire au sérieux. Lors de son audience de tri au cours de laquelle un bon tiers des affaires sont purement et simplement écartées, la haute juridiction administrative a décidé que le recours contre la circulaire Belloubet serait examiné le 30 juin. 

On saura donc bientôt si madame Belloubet a juridiquement tort. Mais on n’a pas besoin du Conseil d’État pour savoir qu’elle est politiquement nuisible. Le président de la République doit en tirer les conséquences.

Une publicité trop incorrecte pour JC Decaux

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Nos amis de la revue l’Incorrect ont vu leur « une » censurée!


Les Parisiens sortent à peine de chez eux. En cette fin de pandémie, masqués, parfois gantés, tâtonnant dans des rues encombrées par des terrasses sauvages, ils sont encore peu nombreux à s’aventurer jusqu’à un kiosque à journaux. Dommage pour eux. Outre l’excellent magazine Causeur consacré aux ravages du tourisme de masse, la revue amie l’Incorrect y est également présente, avec son numéro de juin et son dossier sur le thème « sulfureux » bien connu de l’immigration.

JC Decaux cloue le bec au canard droitard

En couverture, un avion, et ce titre pour faire rire les droitards : « Remigration. Sauvez des vies, rentrez chez vous ! ». À l’intérieur, le magazine se demande si la remigration de populations immigrées vers leur pays d’origine est souhaitable.

Le slogan de la revue est “Faites-le taire !” Il semble que Mediakiosk, filiale de JC Decaux, l’ait pris au pied de la lettre. Le fondateur de l’Incorrect, Jacques de Guillebon, nous explique sa mésaventure : « Nous nous sommes dit qu’étant donné qu’il y avait très peu d’affichage à la sortie du confinement, c’était le bon moment de faire la publicité pour cette couverture que nous aimons bien. C’est aussi notre modeste effort en faveur des kiosques qui sont en difficulté ! Cela représente quelques milliers d’euros. Nous devions apparaitre sur 160 kiosques pendant quatre jours. C’est une petite opération ».

Mais quand Guillebon et sa bande se réjouissent de voir leur travail enfin affiché sur les kiosques, rien. « On s’est aperçu du problème jeudi dernier, le jour même où les affiches devaient être déployées. Ne voyant pas nos affiches, nous avons contacté notre régleur, Pagure Presse, pour savoir ce qui se passait ».

Silence gêné chez Mediakiosk… On finit par découvrir que c’est bien la régie publicitaire qui a décidé de ne pas diffuser les affiches, étant donné le contexte des manifestations autour d’Adama Traoré.

Même pas prévenus!

« Nous avons un contrat, nous avons payé, et nous n’avons même pas été prévenus ! » s’indigne Jacques de Guillebon. Il ajoute : « Nous estimons que Mediakiosk n’a pas le droit de décider cela. Ce n’est pas la Préfecture de police qui a demandé que les affiches soient retirées par crainte de troubles, que je sache ! » Et s’il est vrai que le sujet est politiquement incorrect, la « une » du mensuel n’est pas un appel à la haine, et ne tombe en rien sous le coup de la loi.

A relire, du même auteur: Facebook, Causeur et moi…

Des titres proches de l’Incorrect comme Valeurs actuelles, Boulevard Voltaire (et désormais Causeur) parlent bien de cet épisode embêtant, mais l’équipe de l’Incorrect déplore que les grands médias ne se soient pas encore emparés de ce cas d’atteinte à la liberté de la presse. Une publicité similaire du même magazine sur l’Islam, en janvier 2019, avait bien été diffusée sur les kiosques sans incident. Ce serait le terme « remigration » qui pose problème à la régie publicitaire. « Nous allons attaquer Mediakiosk en justice, conclut Guillebon. En plus, cette thématique interdite est tout de même très fréquente dans les discussions de toute une partie de la droite. Personne ne l’avait prise à bras le corps, que je sache. On ne sait pas encore si nous allons en référé, ou si cela prendra plus de temps. » Une chose est sûre, comme l’opération de communication visait un numéro spécifique, elle est tuée dans l’œuf et le journal a déjà perdu un peu d’argent suite à une décision prise en toute opacité… À suivre.

Tous souverainistes, les uns contre les autres


Alors que sort en kiosques la revue de Michel Onfray Front Populaire, réunissant les souverainistes, l’enseignant Jean-Paul Brighelli estime que ces derniers perdront les prochaines élections présidentielles, même s’ils sont majoritaires.


Les souverainistes, largement majoritaires dans le pays, perdront les prochaines présidentielles — et les législatives aussi, tant qu’à faire. C’est une évidence dont les plus lucides s’inquiètent, et que d’autres récusent, tout attachés qu’ils sont à s’entre-déchirer au lieu de mettre en commun leurs désirs et leurs capacités.

Oui — mais trop de capacités nuit. Trop d’intelligence individuelle tue la possibilité même d’un front collectif.

Démonstration.

Majoritaires dans le pays ? Bien sûr ! Additionnez ceux qui suspectent l’Europe d’être supra-nationale, et la mondialisation de ne pas être heureuse ; ceux qui pensent qu’à l’usage la Vème République a prostitué l’État à des intérêts mercantiles internationaux; ceux pour qui la Nation n’est pas seulement une station de métro et une fête le 14 juillet; ceux qui ont successivement soutenu Séguin ou Chevènement ; ceux qui placent leurs espoirs dans un mouvement d’extrême-droite, sans adhérer forcément à ses thèses et sans trop d’illusions sur le charisme de Marine Le Pen ; ceux qui militent à gauche pour ouvrir les yeux de leurs camarades éberlués — et célèbrent le centième anniversaire de la naissance de Georges Marchais, le communiste qui incitait à consommer français et savait que l’appel aux étrangers était un mauvais coup porté à nos prolétaires nationaux ; ceux qui sont indignés que l’on renverse les statues de nos grandes gloires nationales — par ignorance pure ; ceux qui savent que la dégradation de l’École de la République était une entreprise programmée d’effilochage du tissu culturel français, ou ceux qui trouvent que prostituer, pour des raisons électoralistes, nos convictions laïques à telle ou telle superstition est une défaite de la pensée — et j’en passe…

Tous ceux-là sont souverainistes à des degrés divers. Unis, ils sont une force formidable. Mais…

Mais le souverainisme souffre d’un trop-plein de belles intelligences, qui par nature se déchirent, voire se haïssent. C’est d’un excès de représentants crédibles que meurt en France la pensée républicaine, une et indivisible — contre toutes les compromissions, les calculs des gagne-petits de la démocratie, les ambitions des minables, toujours plus féroces que celles des grandes personnalités.

Dans les partis traditionnels, la médiocrité rassemble les petits esprits. Pour désigner Olivier Faure comme lider maximo, le Parti Socialiste ne doit pas avoir horreur du vide. Comme il n’en a pas eu peur en choisissant Lionel Jospin, l’homme qui refusait de parler au peuple parce que Terra nova le lui avait déconseillé, il y a vingt ans, ou Benoît Hamon il y a trois ans. Et pourquoi pas Vallaud-Belkacem, pendant qu’ils y étaient ? C’est à un point tel que Ségolène Royal entend se remettre sur les rangs. Quant à Mélenchon, l’homme qui trouve intelligent de défiler avec les Frères musulmans et pense que la police est constituée de racistes congénitaux, autant ne pas en parler. Il y en a qui ne devraient pas sortir de leur EHPAD.

À droite, le choix de Christian Jacob est une manœuvre d’appareil: on s’entend sur un homme qui ne fera de l’ombre à aucun des grands esprits qui attendent dans l’ombre, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, François Baroin… « Tous ces noms dont pas un ne mourra, que c’est beau ! » comme on dit dans Cyrano. Et cela permet de mettre un Julien Aubert sur la touche.

Le FN / RN et sa mouvance n’ont guère fait mieux. Marine Le Pen est une gentille fille, que sa nièce, cent fois plus talentueuse, mais plus clivante, ne veut pas contrarier: ça peut durer encore deux décennies, à se battre dans l’espoir d’un échec certain. Dupont-Aignan se met sur la pointe des pieds pour entrer dans l’ombre de De Gaulle : trop petit, mon ami! Et Philippe de Villiers, qui se sent pousser des ailes, s’apprête à décoller au-dessus du Puy-du-Fou. C’est passionnant.

Ailleurs, ils ont Poutine ou Xi Jinping, dont on peut penser ce que l’on veut, mais qui ne sont pas des demeurés, ni des demi-sels. Et qui rigolent. Même Erdogan rigole.

Un mal mondial a saisi l’Occident. Élire Trump (ou Joe Biden au prochain tour), c’est se faire hara-kiri. Nous sommes si dépourvus de grandes pointures que l’on finit par trouver un talent fou à Angela Merkel — qui a au moins compris avant tout le monde qu’elle survivrait en servant les intérêts de l’Allemagne, et pas ceux de Bruxelles. Si demain Macron a autant d’intelligence qu’on lui en prête, il virera sur l’aile et entrera en souverainisme comme d’autres jadis entrèrent en religion. Et les « Républicains » seront encore cocus.

Nous avons eu de vrais grands hommes dans l’orbe souverainiste. Séguin était un puissant esprit, Chevènement un grand politique. Tous deux venus trop tôt dans un monde ranci, qui a préféré privilégier la courte vue plutôt que les grands espaces. Sans doute avons-nous les petites pointures que nous méritons.

Ce qui frappe, par ailleurs, c’est l’absence d’intellectuels grand format dans les diverses fabriques d’opposition traditionnelle. De Gaulle jadis eut Malraux, Aron ou Mauriac. Le communisme eut Aragon et Picasso — entre autres. La Gauche eut Camus, Sartre, Beauvoir, et une myriade de penseurs de fort calibre (leurs erreurs même étaient de grandes erreurs). Aujourd’hui, Raphaël Glucksmann, Edouard Louis, Geoffroy de Lagasnerie, Virginie Despentes, Camelia Jordana, par ordre grandissant d’importance médiatique. Faut pas avoir honte.

Quant à Macron, il n’a personne. Le vide répond…

>>> Lire la fin de l’article sur Bonnet d’âne, le blog de Jean-Paul Brighelli <<<

Municipales: Marie-Christine Lemardeley, la candidate d’Hidalgo dans le 5e, refuse un débat sur France 3


Les petits arrangements de la gauche avec la vérité dans le 5e arrondissement


Avez-vous vu hier soir le débat entre Florence Berthout et Marie-Christine Lemardeley sur France 3 ? Non ? Normal, il n’a pas eu lieu. Annulé à la demande de la candidate d’Anne Hidalgo dans le 5e arrondissement de Paris qui a estimé que c’était un « guet-apens » ourdi par le maire sortant, à la tête de la Liste d’union de la droite et du centre. Accusée d’avoir menti en annonçant un rendez-vous télévisé qui n’aurait jamais été programmé, le maire du 5e, Florence Berthout, a dû produire les échanges de textos avec France Télé pour prouver que le mensonge provenait du camp adverse. Voilà pour l’ambiance, en cette dernière semaine de campagne à l’ombre des grands hommes du Panthéon ; et une belle leçon de démocratie donnée par l’Hôtel de Ville.

Ce débat aurait pourtant eu quelque intérêt car les Parisiens semblent souvent ignorer que ce scrutin a une particularité : c’est une élection à trois tours. Les premier et deuxième sont ouverts au commun des mortels muni d’une carte d’électeur, et le troisième est réservé aux maires d’arrondissements fraichement (ré)élus. Ce sont eux qui élisent directement le maire de la capitale. Voulez-vous reconduire Hidalgo ? Votez pour un candidat de gauche ou écolo. Voulez-vous goûter à d’autres joies urbaines que celles du vélo et des pique-niques ?  Votez pour un candidat de l’opposition (il en reste encore quelques-uns).

Il faut dire que la candidate de la Ville aurait eu du mal à dézinguer le bilan de la mandature qui s’achève dans le 5e pour une simple raison : il est bon ! De l’aveu-même de certaines personnalités de gauche… L’ouverture d’un foyer d’hébergement pour les femmes à la rue, la protection dans le plan local d’urbanisme des commerces de proximité, une programmation culturelle florissante (Florence Berthout préside aussi le FRAC Ile-de France) comprenant notamment la préemption des locaux vacants pour les métiers du livre, de nouvelles lignes de bus, sans parler de la décision d’alimenter les cantines scolaires avec 75% de produits bio issus de la filière courte, permettant de valoriser directement une douzaine de paysans et de maraîchers. Si elle était élue, Mme Lemardeley rabaisserait cette proportion à 50% car Mme Hidalgo souhaite que tous les écoliers de la capitale mangent à la même enseigne : 50% bio-50% grande distribution. Cette centralisation de la caisse des écoles, jusqu’ici chasse-gardée de chaque maire d’arrondissement, n’est pas du goût des parents. 

Refuser de débattre du bilan du maire sortant, c’est comme refuser de noter Florence Berthout en contrôle continu, (alors que c’est sur cette base que les lycéens obtiendront leur bac cette année) ! Une curieuse vision des choses quand on sait que Marie-Christine Lemardeley est une « spécialiste » de l’éducation, adjointe au maire de Paris chargée de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la vie étudiante. Mais il y a peut-être une autre raison : accepter de débattre signifiait aussi pour elle de défendre le bilan d’Anne Hidalgo (saleté, pollution, embouteillages, absence de politique patrimoniale, achat au prix fort de logements dans les beaux quartiers – donc moins d’unités – à des fins sociales etc.)

Il est en tout cas un rendez-vous qu’elle ne pourra pas annuler, c’est celui avec les électeurs, ce dimanche 28 juin.

Un pangolin peut en cacher un autre


D’où vient donc ce fichu SARS-CoV-2?


En épidémiologie comme en amour, mieux vaut être seul que mal accompagné. C’est ce que doivent se répéter les responsables de l’institut d’épidémiologie Marie-Bashir, de l’université de Sydney, après avoir publié une étude prétendant élucider le mécanisme de la transmission du Covid-19 de l’animal à l’être humain. L’étude, dirigée par le virologue australien Edward Holmes, s’intitule « Identifying SARS-CoV-2 related coronaviruses in Malayan pangolins ». Achevée en février, elle a été publiée dans le magazine Nature le 26 mars et s’appuie sur le séquençage génétique du virus pour comprendre les causes naturelles de l’épidémie.

A lire aussi, du même auteur: Vous aussi, saisissez les opportunités de l’après-épidémie!

Seul problème, de taille, révélé dans un article du Daily Telegraph australien, le « séquençage du virus » dont l’étude australienne publie fièrement les résultats a été effectué dans un laboratoire militaire chinois, sous la conduite d’un certain professeur Wu-Chun Cao, qui est aussi colonel et membre du conseil d’administration de l’Institut de virologie de Wuhan, dont dépend le fameux laboratoire P4 sur lequel se focalise toute l’attention mondiale. La révélation a quelque peu remis en question le sérieux et l’indépendance de l’étude.

A lire aussi: Labo P4: les tribulations des Français en Chine

Bien embêté, son commanditaire, le professeur Edward Holmes, s’est fendu d’un communiqué très officiel sur le site internet de l’université de Sydney, répétant qu’il n’y a « aucune preuve que le SARS-CoV-2, le virus à l’origine du Covid-19 chez les humains, provienne du laboratoire de Wuhan ». Certes. On comprend sa prudence. Il serait regrettable d’avoir voulu démontrer l’origine animale du virus, réclamé la fermeture des marchés couverts d’animaux et calomnié les pangolins pour s’apercevoir que le laboratoire chinois ayant produit les résultats sur lesquels s’appuie votre étude est le véritable point de départ de l’épidémie. On ne peut décidément faire confiance à personne. Après la distanciation sociale, les chercheurs australiens devront apprendre la distanciation scientifique.

Multiculturalisme, le mal-vivre ensemble

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Des dizaines de personnes se sont reunies autour de la fresque peinte sur la place du Colonel Fabien, a Stains, en hommage a Adama Traore et George Floyd, a l'appel du collectif pour Adama. 93, Seine Saint Denis, le 22/06/2020. ©Bastien LOUVET/ BRST/SIPA/2006231045

L’actualité française récente a été marquée par deux évènements majeurs: la radicalisation de la mouvance indigéniste et du collectif « La Vérité pour Adama », et les violents affrontements à Dijon entre communautés tchétchène et maghrébine. Ces évènements, en plus d’illustrer la défaillance de l’État dans ses missions régaliennes, finissent de nous convaincre que le modèle multiculturaliste mène à une société violente et qu’il est urgent de revenir à un rapport conservateur et enraciné au monde.


Lévi-Strauss, lors d’une conférence intitulée Race et Culture et prononcée en 1971 à l’UNESCO, défendit la thèse très conservatrice selon laquelle les sociétés doivent maintenir un certain degré de protection culturelle pour pouvoir subsister. Cette prise de position en choqua plus d’un, surtout chez de nombreux intellectuels de gauche. Elle fut pourtant parfaitement cohérente avec ce qu’il constata tout au long de sa vie : une société, pour exister, doit se caractériser par un ensemble de mœurs relativement homogènes qui la définissent de manière exclusive par rapport aux autres. Tel un prophète, Lévi-Strauss souhaitait-il nous mettre en garde contre la doxa diversitaire et multiculturaliste qu’il sentait arriver ? Si une société harmonieuse implique une certaine uniformité culturelle, alors la “société multiculturelle” devient un oxymore, l’obscure clarté d’une idéologie fondée sur l’inversion du devoir d’intégration. Si le pays d’accueil doit se transformer, en reniant ce qu’il est, il perd son statut et son identité héritée de son histoire, de sa culture et des modes de vie qui en découlent. Le ciment qui fonde l’unité de la Nation se fissure au profit de communautarismes qui se développent côte à côte et risquent, selon l’expression même de Gérard Collomb au moment de sa démission du Ministère de l’Intérieur, de se faire face.

« La civilisation est un bien invisible puisqu’elle porte non sur les choses, mais sur les invisibles liens qui les nouent l’une à l’autre » écrivait Saint-Exupéry. Une société ne peut se résumer à la somme des unités qui la composent ; il faut une certaine uniformité à même de les unir. Le multiculturalisme, quant à lui, prétend être gage de paix perpétuelle par le dialogue, la négociation et le consensus entre des communautés aux intérêts divergents qui pourraient cohabiter sur un même territoire, pour peu que la civilisation occidentale ne soit qu’une option parmi d’autres !

La France réclame un regard conservateur

Pourtant, les faits lui donnent tort. Les sociétés multiculturelles ne sont jamais sereines ni apaisées, et les différentes communautés, centrées sur leurs intérêts divergents, toujours en conflit. La violence des sociétés multiculturelles confirme aussi l’échec de l’homme déraciné. C’est la raison pour laquelle, dans de nombreux pays, les peuples historiques refusent de plus en plus d’être injustement dépossédés de ce qui les définit au profit d’une vision diversitaire du monde. Ils se révoltent, principalement dans les urnes. La montée en puissance de mouvements populistes un peu partout en Occident en témoigne.

A lire également, du même auteur: Éloge du choix

Plutôt que l’utopie de la société ouverte, le conservatisme nous rappelle que l’Homme a besoin d’enracinement et la société d’une certaine homogénéité culturelle pour pouvoir durer. Les premières tendances de notre grande consultation, Le conservatisme, un espoir pour la France ? qui s’achève dans quelques jours, sont claires. La France réclame un regard conservateur, non pour nier les errements de son passé ni pour en porter à vie une responsabilité de pénitents agenouillés, mais pour retrouver la fierté et la grandeur de la civilisation occidentale. La transmission de la mémoire commune et la formation du jugement critique sont des impératifs qui s’érigent en remparts contre l’enseignement doctrinal de l’oubli et du renoncement.

Patriotisme enraciné

Pour autant, la cohésion culturelle nécessaire à une société heureuse n’implique pas le refus d’une certaine altérité. Être Gascon, Breton, Bourguignon, n’empêche pas d’être aussi Français. L’enjeu est la subordination de tous à une culture prééminente, une culture française unifiante qui chapeauterait ses composantes. Un tel projet n’est possible que s’il existe une proximité et une certaine compatibilité culturelle entre les communautés qui ambitionnent de partager leurs racines afin de s’unir dans un destin national commun. Il en va de même pour les membres de communautés étrangères qui aspirent à rejoindre la communauté nationale française : il faut le dire, certaines ont des mœurs trop antagonistes aux nôtres pour partager l’esprit français.

Face à l’idéologie multiculturaliste qui cherche à s’implanter chez nous, Sens Commun défend un patriotisme enraciné et décomplexé. Un arbre sans racine est un arbre mort !   Intégrer une population culturellement très éloignée n’est possible que si le greffon adhère à la sève de la Nation pour partager les mêmes racines, s’abreuver à la même source et croître ensemble. Nous avons, pour peu de temps encore, le choix de mettre en œuvre une vraie politique d’assimilation, à condition de ne pas craindre les foudres progressistes ni les tempêtes de la bien-pensance. Ce devoir accompli, nous pourrons dire avec Sénèque “Seul l’arbre qui a subi les assauts du vent est vraiment vigoureux, car c’est dans cette lutte que ses racines, mises à l’épreuve, se fortifient”.

Consultation ouverte à tous encore quelques jours

Katastrophe! L’Allemagne reconfine!!

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Angela Merkel © Kay Nietfeld/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22465960_000006

Il y a plusieurs manières de lire une information comme celle du reconfinement dans le land de Rhénanie du Nord-Westphalie, en Allemagne.


Il y a toujours plusieurs manières de présenter une information. Il y a aussi plusieurs manières de la lire. J’apprends ainsi dans un article du Monde daté du 23 juin que le Land de Rhénanie-du-Nord Westphalie reconfine le canton de Gütersloh, 360 000 habitants tout de même, au moins jusqu’au 30 juin. Et un reconfinement sévère avec bars, musées et cinémas fermés, interdiction des rassemblements et des activités de loisirs dans les espaces fermés. La cause, la découverte d’un cluster géant dans un des plus grands abattoirs d’Europe avec 1500 cas d’infection à la Covid-19 parmi les employés.

Qu’on nous épargne à toi et moi si possible très longtemps, le reconfinement

Si j’étais vegan, je dirais que c’est bien fait, que les abominables spécistes sont bien punis de préférer une côte de bœuf maturée à un bon steak de tofu écologiquement responsable.

A lire aussi: BHL, réac asymptomatique

Si j’étais germanophobe, mal assez répandu en France, je ricanerais méchamment. L’Allemagne, qui ne pense qu’à elle, a trop fait sa maligne sous prétexte qu’elle avait une politique de dépistage massif dès le mois de mars, des masques en veux-tu en voilà alors que nous, avec notre meilleur système de santé du monde dopé par de brillants managers, nous nous débattions comme des malheureux entre discours contradictoires et pénurie de FFP2 et de respirateurs.

Armin Laschet remplacerait bien Frau Merkel

Si j’étais un spécialiste de la politique intérieure allemande, je remarquerais que le président de la Rhénanie du Nord-Westphalie, un certain Armin Laschet, est de la CDU, le même parti qu’Angela Merkel, qu’il lorgne sur sa succession et qu’il joue très gros car il a critiqué la patronne qu’il trouvait trop timorée en face de la grippette, comme dirait l’autre.

A lire aussi, Valentin Chantereau: D’anciens responsables du régime syrien jugés… en Allemagne

Mais on ne se refait pas. Moi, la phrase qui m’a marqué dans l’article, une phrase toute discrète, en incise, c’est : « L’abattoir emploie 6 700 personnes, pour beaucoup venues de Bulgarie et de Roumanie, et qui logent dans des foyers d’hébergement où la promiscuité est grande. »

Le virus de l’affreux méchant capital

 « La promiscuité est grande »,  voici un joli euphémisme pour dire que le capitalisme, histoire de faire pression à la baisse sur les salaires allemands, fait vivre des travailleurs étrangers dans des conditions innommables. Et je me dis qu’il serait peut-être temps de féliciter la Covid-19 pour son beau boulot de lanceuse d’alerte. Je me trompais, finalement, en voyant chez elle un virus capitaliste. C’est plutôt le virus des contradictions du capitalisme. Vouloir faire redémarrer l’économie à n’importe quel prix, comme c’est le cas chez nous où les mesures d’allègement des différents protocoles se multiplient sous la pression des décideurs, impatients de se refaire une santé, quitte à tout perdre dans quelques semaines ou quelques mois, ça se paie. Alors, comme le vegan ou le germanophobe, j’ai aussi mes mauvaises pensées. Si Miss C-19 (l’Académie française a décidé que Covid serait féminin, par pure misogynie, n’en doutons pas), pouvait le faire mourir de sa propre gloutonnerie, le capitalisme, ce serait une très bonne chose.

Au moins pour les survivants.

Tant qu’il y aura des… DVD

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"Les espions" d'Henri-Georges Clouzot (1957) © Coin de mire

 


« Le critique de cinéma, c’est l’inspecteur des travaux finis », disait François Truffaut. A l’heure où les salles de cinéma sont fermées, Jean Chauvet a trouvé quelques pépites en DVD à regarder chez soi.


Au comble de l’absurde

Les Espions, de Henri-Georges Clouzot

Édité par Coin de mire-Cinéma

Les éditeurs de DVD et de Blu-ray ne font pas forcément les efforts éditoriaux nécessaires, voire indispensables, pour attirer le chaland cinéphile et le détourner des géants tentaculaires de la VOD. C’est dire si, quand on en tient un qui se donne du mal, on ne le lâche plus. Coin de mire-Cinéma, c’est son nom, fait vivre une belle collection dédiée aux films classiques français en mêlant allègrement perles rares (Non coupable, de Didier Decoin), réjouissants nanars (La Grosse Caisse d’Alex Joffé, également connu sous le nom de Rapt à la RATP !) et autres nourritures roboratives (Porte des Lilas de René Clair). Une nouvelle salve d’après confinement fait ainsi se côtoyer le sombre – La Vérité, de Henri-Georges Clouzot – avec le foutraque – Le Monocle rit jaune de Georges Lautner. Mais arrêtons-nous plutôt sur un autre film de Clouzot, moins connu, parfois méprisé : Les Espions, réalisé en 1957 avec entre autres Peter Ustinov, Gérard Séty, Curd Jürgens, Louis Seigner, Gabrielle Dorziat et Véra Clouzot. Le redoutable journaliste, écrivain et scénariste Henri Jeanson avait la dent aussi dure que vache. Que n’aurait-il pas fait pour un bon mot ? Mais quand à propos de ce film de Clouzot, il écrit dans Le Canard enchaîné : « Clouzot a fait Kafka dans sa culotte », on applaudit le jeu de mots scato, mais on réfute la portée de la critique. Oui, Clouzot s’inscrit dans la lignée de l’auteur du Procès mais, oui, il y réussit et son film est un véritable voyage en Absurdie, ce pays si lointain, si proche. Pas étonnant quand on sait que Les Espions se déroule dans un asile de fous dont le directeur accepte un jour d’héberger un agent secret, le tout sur fond de compétition atomique entre Russes et Américains comme il se doit.

Clouzot construit peu à peu une hallucinante alchimie entre réalisme poétique, guerre froide et dépression profonde… Tout vire rapidement au cauchemar, la clinique devenant un véritable nid de barbouzes spécialistes des coups tordus et autres éliminations définitives. Et si Kafka est bien là, Alfred Jarry et son Père Ubu ne tardent pas à débarquer, d’ailleurs secondés par Eugène Ionesco, dans une ambiance paranoïaque que le Hitchcock de La Mort aux trousses et de L’Étau n’aurait pas reniée. Dans ce décor glauque et inquiétant à souhait, on finit également par rire jaune ou franc selon les cas. Comme il est absolument naturel de le faire quand le sentiment d’absurdité gangrène tout et asservit la réalité. Le film ne saurait cependant se limiter à cette seule dimension.

Il n’est pas inutile de le replacer dans son contexte historique. Nous sommes en 1957, la Nouvelle Vague déferlera bientôt. Clouzot est l’auteur reconnu du Corbeau, de Quai des Orfèvres et du Salaire de la peur, entre autres. Mais il sent que la « modernité » et son cortège de fulgurances géniales mêlées à des pétards mouillés pointe le bout de son nez. Les Espions est une tentative plus ou moins réussie d’y faire face en prenant la main. Il ira plus loin encore en 1968 avec son ultime film La Prisonnière, aux frontières de l’œuvre conceptuelle. Pour l’heure, avec Les Espions, il construit une farce métaphysique qu’il souhaite la plus contemporaine possible, y compris dans l’écriture cinématographique. Mais ce qui frappe peut-être plus encore, c’est la permanence d’un regard moral que l’on trouvait déjà pleinement dans Le Corbeau, au cours de la scène où Pierre Larquey, suivant le mouvement de balancier d’une lampe qui va de l’ombre à la lumière, en conclut que rien n’est tout à fait tout blanc ou tout noir…

Réjouissons-nous, la mise en avant salutaire de ce film s’accompagne, comme tous les volumes édités par Coin de mire-Cinéma, d’une double copie restaurée en DVD et en Blu-ray, ainsi que de la reproduction d’une affiche, des photos d’exploitation et du livret de production, notamment. Le tout servi par une impeccable maquette : un bel écrin pour un film plus que stimulant.

 

Au pays des fourmis

Phase IV, de Saul Bass (1974)

Édité par Carlotta Films

© Carlotta films
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Bien avant l’énervant Bernard Werber, le graphiste de génie Saul Bass s’était penché, le temps d’une seule et unique réalisation cinématographique, sur le potentiel horrifique des fourmis. Phase IV a les allures d’une série B sans vedettes ni effets spéciaux et spécieux, parfois mal fagotée et qui dans ses pires moments tourne au documentaire animalier, mais finit toujours par retomber sur ses pattes et nous emporter avec lui. Bass qui a collaboré aux plus beaux génériques et visuels du cinéma américain de la grande époque (Preminger, Hitchcock, Scorsese et compagnie) s’en donne à cœur joie pour nous flanquer la trouille avec des insectes prêts à détruire l’humanité. Mi-fantastique, mi-science-fiction, le film séduit par son minimalisme et son efficacité redoutable. Le tout servi par une superbe édition sous coffret avec le film proposé en DVD et Blu-ray, des bonus et surtout un véritable livre superbement illustré qui revient en détail sur ce film ovni.

Phase IV

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Au rythme de la loco

La Roue, d’Abel Gance (1923)

Édité par Pathé

© DR
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Quoi de neuf au pays du cinéma chez soi ? Abel Gance, encore et toujours ! Le fou génial d’un cinéma muet qui n’hésitait devant rien : un jour une bio de Napoléon sur trois grands écrans, mais avant cela un somptueux mélo de plus de quatre heures. Ce film, c’est La Roue, à propos duquel Cocteau déclara : « Il y a le cinéma d’avant et d’après La Roue, comme il y a la peinture d’avant et d’après Picasso. » La Roue dont le budget pharaonique équivaut à la production de 15 films de l’époque et qui multiplie les morceaux de bravoure : locomotive en folie et déraillement apocalyptique. Le tout oscillant entre Zola et la tragédie grecque, entre le trop-plein ferroviaire et l’éblouissement cinématographique à l’état pur. Assisté de Blaise Cendrars à la réalisation, Gance fit également appel à Honegger pour la musique. Ce temps-là du cinéma est désormais révolu. Ce coffret « collector » est à la hauteur de ce temps perdu, avec ses versions restaurées en DVD et en Blu-ray, ses bonus pléthoriques et, cerise sur le chef-d’œuvre, un livret entier.

La repentance, un passe-temps pour gosses de riches

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Viklash Dorasoo interviewé devant la statue du maréchal Galliéni dégradée par les militants "antiracistes". © Samuel Boivin / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Déboulonner les statues de personnages “controversés”, c’est le nouveau hobby de bobos qui voient dans la défense des “racisés” un combat indépassable. Alors que tout n’est pas à décrier dans l’héritage colonial. L’analyse de Driss Ghali.


La dernière mode en date en France est de partir à l’assaut des statues des grands héros français. Colbert, Faidherbe et Gallieni, entre autres. On les accuse d’avoir tué des Africains et d’avoir à rendre des comptes pour cela à titre posthume. Ceux qui pratiquent ce nouveau sport n’ont pas conscience du ridicule de leur situation, ni du danger qu’il y a ouvrir la boîte de Pandore des blessures coloniales.

Tout d’abord, l’Afrique et les Africains n’ont rien demandé à personne. Ils n’ont pas exigé que la France face acte de contrition car ils ne veulent pas traiter avec des partenaires qui sont à genoux. Si on avait daigné leur demander leur avis (mais qui se soucie de l’opinion des Africains ?), ils auraient répondu que l’avenir est le seul horizon qui en vaille la peine. L’Afrique joue gros, elle doit exprimer son immense potentiel au moment même où sa population explose et que la Chine l’incite à se spécialiser dans les activités extractives. En d’autres termes, l’Afrique n’a pas de temps pour la repentance.

A lire aussi, Sébastien Thiboumery : Après les statues, les antiracistes cherchent à déboulonner les marques

Il y a colonisation et colonisation

Les Africains ont tourné la page de la colonisation dès les années 1960 en s’agrippant à la langue française comme un héritage inaliénable. Ils auraient pu défaire les frontières rectilignes et arbitraires tracées par les méchants colons, ils ne l’ont pas fait car il n’y avait peut-être pas mieux à faire pour épouser l’ultra-diversité ethnique et linguistique des populations. Cerise sur le gâteau : à peine la France partie que, par millions, Arabes et Africains ont pris le chemin de l’Hexagone pour s’y installer. Pourquoi personne ne s’est accroché aux basques des Ottomans lors de leur départ du monde arabe il y a exactement cent ans ? Il y a peut-être une raison : il y a colonialisme et colonialisme, même si le simple fait de coloniser est une idée absurde et un acte d’oppression.

Ensuite, pourquoi s’en prendre à Gallieni et ne pas faire le procès de ses soldats ? Tous ou presque étaient noirs (Sénégalais, Maliens) ou musulmans (Algérie notamment). La colonisation de Madagascar comme de l’Afrique entière est une autre histoire de la guerre du sud contre le sud. Réveiller ce souvenir ne serait pas rendre service à un continent en mal d’unité.

Les grandes figures de la colonisation française n’ont fait que servir la France, ils n’ont pas agi à compte propre. Gallieni n’est pas Gengis Khan. Il a reçu, plus d’une fois, ses ordres de gouvernements de gauche. Est-ce que Jules Ferry ou bien Georges Clémenceau ont décolonisé l’Afrique ? Non, ils ont donné les instructions nécessaires pour perpétuer l’oppression coloniale. Il serait bon que les bobos et militants racialistes à gauche de l’échiquier politique d’aujourd’hui s’en souviennent.

Or, ont-ils encore le temps de réfléchir ? Il y a de quoi en douter, eux qui sautent d’une hystérie à l’autre ou plutôt d’un hashtag à l’autre : #stayathome, #blacklivesmatter et maintenant #madagascar.

A lire aussi, Olivier Amiel: Autant en emporte le « Woke »

La génération qui a renoncé à ses libertés pour cause de corona, celle qui a fui Paris, non par peur des Panzer Divisions de 1940 mais parce qu’elle préfère se confiner au vert, cette génération moralement désarmée n’est pas vraiment en position de juger qui que ce soit. Je lui souhaite d’avoir ne serait-ce que le dixième du courage physique et de la prestance de ceux qu’elle fustige aujourd’hui.

Même à Madagascar, la colonisation a des aspects positifs

S’ils s’asseyaient pour lire un livre d’histoire entre deux crises de nerf, nos chers bobos pourraient peut-être se rendre compte de l’absurdité de ce qu’ils prêchent. Savent-ils que le Maghreb contemporain incarne une colonisation aboutie et sans appel : celle que les Arabes du Moyen-Orient ont infligée aux Berbères d’Afrique du Nord? Savent-ils aussi que tout ce qui brille au sud de l’Espagne porte les marques du projet colonial musulman ? Pendant plus de sept siècles, les conquérants islamiques ont tué, pillé et détruit autant qu’ils ont construit et civilisé. Un peu comme la colonisation française… Allons-nous taguer l’Alhambra de Grenade au nom du passé lourd passé colonial ? Ou bien faudra-t-il détruire l’Alcazar de Séville au motif de l’appropriation culturelle ? 

Il ne faut pas avoir peur d’aborder de front le bilan de la colonisation française, même à Madagascar. À l’évidence, les troupes coloniales (blanches, noires et arabes comme on l’a vu auparavant) ont massacré. Elles ont aussi amené la paix intérieure à des populations qui avaient rarement connu le goût simple d’un voyage paisible d’un point A à un point B. Madagascar était un univers à part avec des degrés de civilisations très éloignés entre le plateau central et les marges de l’ouest et du sud. Les peuples malgaches (car il n’y avait pas de peuple malgache unifié) ne vivaient pas en paix.

A lire aussi, Andreas Bikfalvi : Aux origines de la politique des identités… et ses conséquences

La concorde intérieure instaurée par la force, s’en est suivie un immense réveil de l’île qui, pour la première fois et les yeux ébahis, a vu comment l’action ordonnée de l’homme peut rompre la malédiction de la misère et des maladies. La colonisation a été un viol certes mais aussi un électrochoc salutaire pour que des peuples aliénés de la modernité s’en emparent une bonne fois pour toutes.  

Parole de Marocain

Il s’est passé la même chose au Maroc où un disciple de Gallieni, un certain Lyautey a pris en main un pays qui était en voie de se dissoudre dans les sables arides du séparatisme et du sous-développement. En un peu plus de dix ans, Lyautey a donné au Maroc une colonne vertébrale urbaine, légale et administrative qui est encore la sienne aujourd’hui en 2020. Tout au Maroc porte encore la marque sublime de grand marocain qu’a été Lyautey, un protecteur de l’Islam et des traditions féodales. Telle est la vérité et il faut l’admettre car on ne peut pas effacer l’œuvre de Lyautey au Maroc même en dynamitant tous les monuments qui portent sa marque. Lyautey est passé dans le sang marocain comme celui qui nous a rendu l’estime de nous-mêmes. Grâce à lui, nous avons compris que nous sommes un peuple pauvre certes, mais capable de mobiliser sa diversité ethnique et religieuse pour fleurir le désert et fabriquer des avions. Ce n’est pas mal quand même.

Tout cela n’intéresse pas les « déboulonneurs »… Ils n’ont que faire des anciens colonisés. Ils s’amusent comme des gosses de riches qui s’ennuient au point d’aller poser une boule puante dans un temple. Le monde leur doit tout car ils sont blasés. 

S’agenouiller comme ils font alors que personne ne leur demande représente la quintessence du snobisme. L’ultime frontière du luxe. Leur message subliminal à la Terre entière est : « personne au monde ne s’excusera plus que nous, personne n’ira aussi loin dans la destruction de son histoire nationale, personne n’osera associer son sang à celui des génocidaires, nous les Français bien-pensants en sommes capables, admirez-nous pour cela mais n’essayez-pas de nous imiter car nous sommes parfaitement indépassables. »

La bonne nouvelle est que les gosses de riches se lassent vite de leurs jouets faits sur-mesure.

Mon père, le Maroc et moi: Une chronique contemporaine

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BHL, réac asymptomatique

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Bernard Henri-Lévy © ISA HARSIN/SIPA Numéro de reportage: 00927658_000012

Le philosophe Bernard-Henri Lévy publie Ce virus qui rend fou, un essai qui critique notre attitude face au coronavirus


Bernard-Henri Lévy est-il en train de mal tourner ? Samedi dernier, pour démontrer qu’il se rit du coronavirus et de nos excès précautionneux, on l’a vu ostensiblement serrer les mains chez Laurent Ruquier. Un coup d’éclat télévisuel digne du plus vil populiste ? On ne pense pas que le philosophe ait rejoint le camp des réacs, mais ces derniers, tout étonnés d’avoir raison avec BHL, ont pu trouver des arguments réjouissants sous sa plume dans Ce virus qui rend fou (Grasset). 

Sur moins de cent pages, le penseur peste contre la période que nous venons de vivre, et s’en prend au confinement.

Un coup d’édition réjouissant

Il dégaine ainsi le premier. La plupart de ses petits camarades n’ont pas terminé de revoir leur copies, copies où l’on imagine que le monde d’après sera esquissé sans grande humilité.

La genèse du Virus qui rend fou est un coup de colère. Le confinement vient d’être décidé en France et Paris Match publie un reportage de l’écrivain, rentré du Bangladesh quelques jours plus tôt. Les critiques fusent alors sur le voyageur, accusé de donner le mauvais exemple avec ses tours du monde et de manquer de décence. Vexé, il écrit : « En quelques heures je compris ceci. Cette solidarité crépitante dont on était en train de nous bassiner, cette insurrection de fraternité sur fond de robinsonade et de “no conso”, ce côté “moins de biens plus de liens, il faut parler aux arbres, laisser entrer la lumière, s’écouter les uns les autres” était une duperie »

C’est ensuite un festival de reproches plutôt bien vus envers ceux qui ont pris une joie mauvaise à le voir empêché de reprendre un vol. Et tous les autres ravis du confinement. Internationaliste contraint de rester chez lui, il nous fait alors bien rire. De nous, en croquant nos petites lâchetés et notre pleutrerie. ET un peu de lui, comme toujours quand il abuse de la pose résistante.

Un virus, cela ne parle pas

Avec nos controverses médicales, BHL estime que nous avons invité la foire à la table du roi. Il fustige l’opinion qui a voulu voir la médecine au poste de commande. 

Il raille aussi l’indécence des militants écolos, qui ont pu accomplir un tour de force en nous contraignant à adopter leurs thèses. Ces gauchistes déclinistes sont parvenus à nous refourguer leur “vieille camelote accusatrice qui, cette fois, ne se refusera pas”. BHL remet les pendules à l’heure : le catéchisme virologique de tout ce petit monde n’est qu’une “niaiserie”. L’idée que Gaia nous a adressé un dernier avertissement avant la fin du monde est très partagée. Or, selon BHL, la pandémie est “un fléau qui n’a rien à voir avec la mondialisation libérale, l’épuisement des énergies fossiles et les concentrations atmosphériques de CO2”. De plus, un virus n’a rien à nous dire… Un virus, cela ne parle pas, n’en déplaise aux collapsologues qu’il vilipende.

A lire ensuite: Alain Finkielkraut: «Suis-je devenu légitimiste?»

Si les bons esprits s’inquiéteront du virage climato-sceptique (!) du penseur, lui s’inquiète plus sérieusement du tournant anthropologique observé sur la période. L’attitude de nombre de ses concitoyens l’a effrayé. Nous partageons ses inquiétudes.

Il faut résister au repli sur soi

Au delà des emmerdeurs de la distanciation sociale ou des pascaliens du dimanche, le consentement général à toutes les conditions imposées au nom de la lutte contre l’épidémie, y compris les plus absurdes, a en effet de quoi faire peur. 

S’appuyant sur son érudition philosophique, Lévy voit pointer un hygiénisme, qui pourrait à tout moment basculer vers l’eugénisme. Il redoute que l’exception ne devienne la nouvelle normalité, dans une époque où le repli sur soi et la méfiance de tous contre tous sont déjà bien installés. Qu’on se rassure cependant, BHL n’est pas devenu réac. La preuve : il réserve surtout ses flèches au peuple apeuré et aux extrêmes (notamment en Amérique), oubliant notre très libéral président ainsi que les fous du règlement qui l’entourent et qui gouvernent la France.

Ce virus qui rend fou, Grasset

Belloubet: circulaire, y’a rien à voir

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Nicole Belloubet en déplacement à Trappes, novembre 2019 © Sipa Numéro de reportage: 00930953_000025

Après avoir désempli les prisons, la Garde des Sceaux entend bien ne plus les remplir. Sa circulaire, qui subordonne les peines prononcées à la disponibilité des places, est examinée le 30 juin par le Conseil d’État. 


Nicole Belloubet adore parler de politique pénale. La sienne se résume à trois mots : vider les prisons. Il paraît que laisser les petits caïds de cités et autres terreurs de cage d’escalier emmerder les pauvres et agresser les flics, c’est de gauche.

Dès le début de l’épidémie, elle se répand en prévisions apocalyptiques sur les prisons en voie de devenir des super-clusters. Le feu couve, il faut éviter un désastre humanitaire. Le 25 mars, elle glisse dans la fournée d’ordonnances prises en vertu de l’état d’urgence sanitaire un texte qui ordonne la libération des détenus en fin de peine – sans l’intervention du moindre critère sanitaire. Peut-être pas de quoi crier au scandale, juste au paradoxe : au moment où on somme les Français de s’enfermer, on libère des prisonniers qui se trouvaient précisément en milieu confiné. 

Le plus consternant et/ou amusant, c’est qu’au même moment, la ministre décide la prolongation automatique de toutes les détentions préventives. Pas besoin d’être agrégé de droit pour savoir qu’il y a là une violation flagrante de la présomption d’innocence. Le 26 mai, la Cour de cassation met en pièces ce texte, et subordonne le maintien en détention provisoire à l’intervention rapide d’un juge, accélérant le flux de libérations, dont le nombre atteint 13650 fin mai. 

Des présumés innocents gardés en rétention, des coupables libérés

Conséquence, pour la première fois, de mémoire de statistiques en tout cas, le nombre des détenus (59.000) est inférieur à celui des places (61.000), ce qui ramène le taux d’occupation de nos prisons à 96%. Pour Belloubet, cette diminution s’explique majoritairement par la réduction de l’activité pénale, elle-même liée à la baisse de la délinquance. Sauf que la réduction de l’activité pénale n’a rien à voir avec la baisse de la délinquance et tout à voir avec les ordres absurdes donnés par Belloubet à son administration et son incapacité subséquente à mettre celle-ci en ordre de marche. 

Résumons : on a assigné les Français à résidence, maintenu des présumés innocents en détention et libéré des coupables. En somme l’État se montre tatillon, soupçonneux et punitif avec les citoyens sans histoires, quand il est tolérant, compréhensif voire compassionnel avec les délinquants. 

Mine de rien, ce texte, pris en application du volet pénal de la loi du 23 mars 2019, renverse complètement la logique de l’action pénale, peu ou prou priée de s’adapter à la disponibilité des places en prison. En somme c’est comme à l’hôtel. «Ah non, monsieur, désolés, nous n’avons rien pour vous. Vous êtes libre!»

Après tout, dira-t-on, que des voyous sortent maintenant ou dans six mois, cela ne fait pas grande différence, sauf peut-être pour leurs futures victimes mais bon, on ne fait pas l’omelette du progrès sans casser quelques œufs. 

Nicole Belloubet ne s’arrête pas en si bon chemin. Maintenant qu’elle a, sinon vidé, au moins désempli les prisons, elle va tout faire pour qu’on ne les remplisse pas, largement encouragée sur cette voie par la gauche magistrate, Syndicat de la magistrature en tête. 

La circulaire du 20 mai

Le 20 mai, la chancellerie diffuse donc une nouvelle circulaire, co-signée par la directrice des Affaires criminelles et des grâces et par le directeur de l’Administration pénitentiaire. Mine de rien, ce texte, pris en application du volet pénal de la loi du 23 mars 2019, renverse complètement la logique de l’action pénale, peu ou prou priée de s’adapter à la disponibilité des places en prison. En somme c’est comme à l’hôtel. « Ah non, monsieur, désolés, nous n’avons rien pour vous. Vous êtes libre. »

La prison de La Talaudiere (Saint Etienne) dans le département de la Loire, photographiée en 2019 © KONRAD K./SIPA Numéro de reportage: 00933744_000026
La prison de La Talaudiere (Saint Etienne) dans le département de la Loire, photographiée en 2019 © KONRAD K./SIPA Numéro de reportage: 00933744_000026

Anticipant une reprise de l’activité juridictionnelle, la circulaire affirme que celle-ci devra se conjuguer « avec une politique volontariste de régulation carcérale » – réguler signifiant ici diminuer. L’objectif, « mettre fin aux courtes peines au profit de sanctions alternatives », est expressément inscrit dans la loi. La circulaire rappelle les règles nouvelles « qui prohibent les peines d’emprisonnement inférieures ou égales à 1 mois et imposent l’aménagement de celles inférieures ou égales à 6 mois ». Les peines de moins de six mois (et une bonne partie de celles comprises entre six mois et un an) seront exécutées en dehors des prisons (rendant le suivi des détenus par une administration épuisée particulièrement hasardeux). 

Elle enjoint donc aux parquetiers de requérir en conséquence : « Il convient de poursuivre l’effort de limitation de prononcé des mandats de dépôt, de privilégier dans les réquisitions les alternatives à l’incarcération et les aménagements de peine d’emprisonnement ab initio. » Sans surprise, les Juges d’application des peines et les services de probation sont priés de suivre, y compris pour les peines prononcées avant l’adoption de la loi, qui se trouve donc sollicitée à titre rétroactif. 

Nicole Belloubet avait déjà montré sa conception très personnelle de la séparation des pouvoirs en demandant audience à Assa Traoré, partie civile dans une affaire en cours. Laquelle, non contente de l’envoyer paître, lui avait administré une leçon de droit. 

Avec sa circulaire, elle s’assoit sur ce principe constitutionnel fondamental. Si celle-ci est d’abord destinée (« pour attribution ») aux procureurs et aux services pénitentiaires, qui agissent au nom de l’État, elle est aussi adressée « pour information » aux présidents des tribunaux.

Les juges priés de “réguler”

Il est vrai que, dans le cadre de la fameuse politique pénale, la Chancellerie peut adresser des instructions générales aux procureurs et avocats généraux. Cependant, l’article 64 de la Constitution garantit leur indépendance, au même titre que celle des magistrats du siège. Dans la salle d’audience, leur parole est libre : la ministre n’a pas à leur dicter leurs réquisitions. 

Et voilà qu’en prime, la ministre s’autorise sans la moindre vergogne à dire aux juges du siège comment ils doivent juger: d’après la circulaire, les juridictions de jugement devront avoir « une plus large visibilité sur les conditions de mise en œuvre de leurs décisions ». Traduction : avant de prononcer une peine d’emprisonnement, les juges devront s’assurer qu’il y a de la place en prison. 

C’est toute la machine pénale et pénitentiaire qui est invitée à se mobiliser en vue d’un seul objectif, qui n’est pas de découvrir la vérité, protéger la société, punir les coupables, ou quelque autre faribole de cette eau. Non, il faut « réguler » la population carcérale en décourageant les entrées et en encourageant les sorties. 

Certes, ce ne sont pas les criminels endurcis mais les petits délinquants, souvent multirécidivistes, qui en bénéficieront. Justement ceux qui pourrissent la vie de leurs quartiers. Compte tenu de la répugnance que montraient déjà de nombreux juges à infliger de la prison ferme, on ne peut pas dire qu’ils redoutaient les foudres de notre justice. Désormais, ils pourront se rendre au tribunal en toute quiétude. 

Le plus étonnant, c’est que cette circulaire soit passée comme une lettre à la poste, sans susciter la moindre polémique en dehors des milieux juridiques – et ce malgré plusieurs articles dans Le Figaro et Le Point

Béatrice Brugère appelle le Conseil d’État à l’aide

Heureusement, on peut compter sur Béatrice Brugère, fougueuse et pimpante magistrate, qui a réussi à briser le duopole syndical en faisant de FO-magistrats (unité magistrat FO) la troisième organisation représentative de la corporation. Celle-ci intente donc un recours en excès de pouvoir devant le Conseil d’État, contre ce texte qui, entre autres méfaits, érige « la capacité hôtelière des centres pénitentiaires comme nouveau critère original de détermination et d’exécution de la peine », selon les conclusions de ses avocats. 

Béatrice Brugère, la secrétaire générale du syndicat Unité Magistrats et ancienne juge antiterroriste © Hannah Assouline
Béatrice Brugère, la secrétaire générale du syndicat Unité Magistrats, ancienne juge antiterroriste
© Hannah Assouline

On ne sait pas, évidemment, si la circulaire Belloubet connaîtra le même sort que la loi Avia, éparpillée façon puzzle par le Conseil constitutionnel. Mais le Conseil d’État prend visiblement l’affaire au sérieux. Lors de son audience de tri au cours de laquelle un bon tiers des affaires sont purement et simplement écartées, la haute juridiction administrative a décidé que le recours contre la circulaire Belloubet serait examiné le 30 juin. 

On saura donc bientôt si madame Belloubet a juridiquement tort. Mais on n’a pas besoin du Conseil d’État pour savoir qu’elle est politiquement nuisible. Le président de la République doit en tirer les conséquences.

Une publicité trop incorrecte pour JC Decaux

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Montage Causeur


Nos amis de la revue l’Incorrect ont vu leur « une » censurée!


Les Parisiens sortent à peine de chez eux. En cette fin de pandémie, masqués, parfois gantés, tâtonnant dans des rues encombrées par des terrasses sauvages, ils sont encore peu nombreux à s’aventurer jusqu’à un kiosque à journaux. Dommage pour eux. Outre l’excellent magazine Causeur consacré aux ravages du tourisme de masse, la revue amie l’Incorrect y est également présente, avec son numéro de juin et son dossier sur le thème « sulfureux » bien connu de l’immigration.

JC Decaux cloue le bec au canard droitard

En couverture, un avion, et ce titre pour faire rire les droitards : « Remigration. Sauvez des vies, rentrez chez vous ! ». À l’intérieur, le magazine se demande si la remigration de populations immigrées vers leur pays d’origine est souhaitable.

Le slogan de la revue est “Faites-le taire !” Il semble que Mediakiosk, filiale de JC Decaux, l’ait pris au pied de la lettre. Le fondateur de l’Incorrect, Jacques de Guillebon, nous explique sa mésaventure : « Nous nous sommes dit qu’étant donné qu’il y avait très peu d’affichage à la sortie du confinement, c’était le bon moment de faire la publicité pour cette couverture que nous aimons bien. C’est aussi notre modeste effort en faveur des kiosques qui sont en difficulté ! Cela représente quelques milliers d’euros. Nous devions apparaitre sur 160 kiosques pendant quatre jours. C’est une petite opération ».

Mais quand Guillebon et sa bande se réjouissent de voir leur travail enfin affiché sur les kiosques, rien. « On s’est aperçu du problème jeudi dernier, le jour même où les affiches devaient être déployées. Ne voyant pas nos affiches, nous avons contacté notre régleur, Pagure Presse, pour savoir ce qui se passait ».

Silence gêné chez Mediakiosk… On finit par découvrir que c’est bien la régie publicitaire qui a décidé de ne pas diffuser les affiches, étant donné le contexte des manifestations autour d’Adama Traoré.

Même pas prévenus!

« Nous avons un contrat, nous avons payé, et nous n’avons même pas été prévenus ! » s’indigne Jacques de Guillebon. Il ajoute : « Nous estimons que Mediakiosk n’a pas le droit de décider cela. Ce n’est pas la Préfecture de police qui a demandé que les affiches soient retirées par crainte de troubles, que je sache ! » Et s’il est vrai que le sujet est politiquement incorrect, la « une » du mensuel n’est pas un appel à la haine, et ne tombe en rien sous le coup de la loi.

A relire, du même auteur: Facebook, Causeur et moi…

Des titres proches de l’Incorrect comme Valeurs actuelles, Boulevard Voltaire (et désormais Causeur) parlent bien de cet épisode embêtant, mais l’équipe de l’Incorrect déplore que les grands médias ne se soient pas encore emparés de ce cas d’atteinte à la liberté de la presse. Une publicité similaire du même magazine sur l’Islam, en janvier 2019, avait bien été diffusée sur les kiosques sans incident. Ce serait le terme « remigration » qui pose problème à la régie publicitaire. « Nous allons attaquer Mediakiosk en justice, conclut Guillebon. En plus, cette thématique interdite est tout de même très fréquente dans les discussions de toute une partie de la droite. Personne ne l’avait prise à bras le corps, que je sache. On ne sait pas encore si nous allons en référé, ou si cela prendra plus de temps. » Une chose est sûre, comme l’opération de communication visait un numéro spécifique, elle est tuée dans l’œuf et le journal a déjà perdu un peu d’argent suite à une décision prise en toute opacité… À suivre.

Tous souverainistes, les uns contre les autres

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Michel Onfray © SYSPEO/SIPA Numéro de reportage: 00910107_000033

Alors que sort en kiosques la revue de Michel Onfray Front Populaire, réunissant les souverainistes, l’enseignant Jean-Paul Brighelli estime que ces derniers perdront les prochaines élections présidentielles, même s’ils sont majoritaires.


Les souverainistes, largement majoritaires dans le pays, perdront les prochaines présidentielles — et les législatives aussi, tant qu’à faire. C’est une évidence dont les plus lucides s’inquiètent, et que d’autres récusent, tout attachés qu’ils sont à s’entre-déchirer au lieu de mettre en commun leurs désirs et leurs capacités.

Oui — mais trop de capacités nuit. Trop d’intelligence individuelle tue la possibilité même d’un front collectif.

Démonstration.

Majoritaires dans le pays ? Bien sûr ! Additionnez ceux qui suspectent l’Europe d’être supra-nationale, et la mondialisation de ne pas être heureuse ; ceux qui pensent qu’à l’usage la Vème République a prostitué l’État à des intérêts mercantiles internationaux; ceux pour qui la Nation n’est pas seulement une station de métro et une fête le 14 juillet; ceux qui ont successivement soutenu Séguin ou Chevènement ; ceux qui placent leurs espoirs dans un mouvement d’extrême-droite, sans adhérer forcément à ses thèses et sans trop d’illusions sur le charisme de Marine Le Pen ; ceux qui militent à gauche pour ouvrir les yeux de leurs camarades éberlués — et célèbrent le centième anniversaire de la naissance de Georges Marchais, le communiste qui incitait à consommer français et savait que l’appel aux étrangers était un mauvais coup porté à nos prolétaires nationaux ; ceux qui sont indignés que l’on renverse les statues de nos grandes gloires nationales — par ignorance pure ; ceux qui savent que la dégradation de l’École de la République était une entreprise programmée d’effilochage du tissu culturel français, ou ceux qui trouvent que prostituer, pour des raisons électoralistes, nos convictions laïques à telle ou telle superstition est une défaite de la pensée — et j’en passe…

Tous ceux-là sont souverainistes à des degrés divers. Unis, ils sont une force formidable. Mais…

Mais le souverainisme souffre d’un trop-plein de belles intelligences, qui par nature se déchirent, voire se haïssent. C’est d’un excès de représentants crédibles que meurt en France la pensée républicaine, une et indivisible — contre toutes les compromissions, les calculs des gagne-petits de la démocratie, les ambitions des minables, toujours plus féroces que celles des grandes personnalités.

Dans les partis traditionnels, la médiocrité rassemble les petits esprits. Pour désigner Olivier Faure comme lider maximo, le Parti Socialiste ne doit pas avoir horreur du vide. Comme il n’en a pas eu peur en choisissant Lionel Jospin, l’homme qui refusait de parler au peuple parce que Terra nova le lui avait déconseillé, il y a vingt ans, ou Benoît Hamon il y a trois ans. Et pourquoi pas Vallaud-Belkacem, pendant qu’ils y étaient ? C’est à un point tel que Ségolène Royal entend se remettre sur les rangs. Quant à Mélenchon, l’homme qui trouve intelligent de défiler avec les Frères musulmans et pense que la police est constituée de racistes congénitaux, autant ne pas en parler. Il y en a qui ne devraient pas sortir de leur EHPAD.

À droite, le choix de Christian Jacob est une manœuvre d’appareil: on s’entend sur un homme qui ne fera de l’ombre à aucun des grands esprits qui attendent dans l’ombre, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, François Baroin… « Tous ces noms dont pas un ne mourra, que c’est beau ! » comme on dit dans Cyrano. Et cela permet de mettre un Julien Aubert sur la touche.

Le FN / RN et sa mouvance n’ont guère fait mieux. Marine Le Pen est une gentille fille, que sa nièce, cent fois plus talentueuse, mais plus clivante, ne veut pas contrarier: ça peut durer encore deux décennies, à se battre dans l’espoir d’un échec certain. Dupont-Aignan se met sur la pointe des pieds pour entrer dans l’ombre de De Gaulle : trop petit, mon ami! Et Philippe de Villiers, qui se sent pousser des ailes, s’apprête à décoller au-dessus du Puy-du-Fou. C’est passionnant.

Ailleurs, ils ont Poutine ou Xi Jinping, dont on peut penser ce que l’on veut, mais qui ne sont pas des demeurés, ni des demi-sels. Et qui rigolent. Même Erdogan rigole.

Un mal mondial a saisi l’Occident. Élire Trump (ou Joe Biden au prochain tour), c’est se faire hara-kiri. Nous sommes si dépourvus de grandes pointures que l’on finit par trouver un talent fou à Angela Merkel — qui a au moins compris avant tout le monde qu’elle survivrait en servant les intérêts de l’Allemagne, et pas ceux de Bruxelles. Si demain Macron a autant d’intelligence qu’on lui en prête, il virera sur l’aile et entrera en souverainisme comme d’autres jadis entrèrent en religion. Et les « Républicains » seront encore cocus.

Nous avons eu de vrais grands hommes dans l’orbe souverainiste. Séguin était un puissant esprit, Chevènement un grand politique. Tous deux venus trop tôt dans un monde ranci, qui a préféré privilégier la courte vue plutôt que les grands espaces. Sans doute avons-nous les petites pointures que nous méritons.

Ce qui frappe, par ailleurs, c’est l’absence d’intellectuels grand format dans les diverses fabriques d’opposition traditionnelle. De Gaulle jadis eut Malraux, Aron ou Mauriac. Le communisme eut Aragon et Picasso — entre autres. La Gauche eut Camus, Sartre, Beauvoir, et une myriade de penseurs de fort calibre (leurs erreurs même étaient de grandes erreurs). Aujourd’hui, Raphaël Glucksmann, Edouard Louis, Geoffroy de Lagasnerie, Virginie Despentes, Camelia Jordana, par ordre grandissant d’importance médiatique. Faut pas avoir honte.

Quant à Macron, il n’a personne. Le vide répond…

>>> Lire la fin de l’article sur Bonnet d’âne, le blog de Jean-Paul Brighelli <<<

Municipales: Marie-Christine Lemardeley, la candidate d’Hidalgo dans le 5e, refuse un débat sur France 3

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Christophe Alévêque, Anne Hidalgo et Marie-Christine Lemardeley en janvier dernier © ISA HARSIN/SIPA Numéro de reportage: 00941180_000018

Les petits arrangements de la gauche avec la vérité dans le 5e arrondissement


Avez-vous vu hier soir le débat entre Florence Berthout et Marie-Christine Lemardeley sur France 3 ? Non ? Normal, il n’a pas eu lieu. Annulé à la demande de la candidate d’Anne Hidalgo dans le 5e arrondissement de Paris qui a estimé que c’était un « guet-apens » ourdi par le maire sortant, à la tête de la Liste d’union de la droite et du centre. Accusée d’avoir menti en annonçant un rendez-vous télévisé qui n’aurait jamais été programmé, le maire du 5e, Florence Berthout, a dû produire les échanges de textos avec France Télé pour prouver que le mensonge provenait du camp adverse. Voilà pour l’ambiance, en cette dernière semaine de campagne à l’ombre des grands hommes du Panthéon ; et une belle leçon de démocratie donnée par l’Hôtel de Ville.

Ce débat aurait pourtant eu quelque intérêt car les Parisiens semblent souvent ignorer que ce scrutin a une particularité : c’est une élection à trois tours. Les premier et deuxième sont ouverts au commun des mortels muni d’une carte d’électeur, et le troisième est réservé aux maires d’arrondissements fraichement (ré)élus. Ce sont eux qui élisent directement le maire de la capitale. Voulez-vous reconduire Hidalgo ? Votez pour un candidat de gauche ou écolo. Voulez-vous goûter à d’autres joies urbaines que celles du vélo et des pique-niques ?  Votez pour un candidat de l’opposition (il en reste encore quelques-uns).

Il faut dire que la candidate de la Ville aurait eu du mal à dézinguer le bilan de la mandature qui s’achève dans le 5e pour une simple raison : il est bon ! De l’aveu-même de certaines personnalités de gauche… L’ouverture d’un foyer d’hébergement pour les femmes à la rue, la protection dans le plan local d’urbanisme des commerces de proximité, une programmation culturelle florissante (Florence Berthout préside aussi le FRAC Ile-de France) comprenant notamment la préemption des locaux vacants pour les métiers du livre, de nouvelles lignes de bus, sans parler de la décision d’alimenter les cantines scolaires avec 75% de produits bio issus de la filière courte, permettant de valoriser directement une douzaine de paysans et de maraîchers. Si elle était élue, Mme Lemardeley rabaisserait cette proportion à 50% car Mme Hidalgo souhaite que tous les écoliers de la capitale mangent à la même enseigne : 50% bio-50% grande distribution. Cette centralisation de la caisse des écoles, jusqu’ici chasse-gardée de chaque maire d’arrondissement, n’est pas du goût des parents. 

Refuser de débattre du bilan du maire sortant, c’est comme refuser de noter Florence Berthout en contrôle continu, (alors que c’est sur cette base que les lycéens obtiendront leur bac cette année) ! Une curieuse vision des choses quand on sait que Marie-Christine Lemardeley est une « spécialiste » de l’éducation, adjointe au maire de Paris chargée de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la vie étudiante. Mais il y a peut-être une autre raison : accepter de débattre signifiait aussi pour elle de défendre le bilan d’Anne Hidalgo (saleté, pollution, embouteillages, absence de politique patrimoniale, achat au prix fort de logements dans les beaux quartiers – donc moins d’unités – à des fins sociales etc.)

Il est en tout cas un rendez-vous qu’elle ne pourra pas annuler, c’est celui avec les électeurs, ce dimanche 28 juin.

Un pangolin peut en cacher un autre

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© Johannes EISELE / AFP

D’où vient donc ce fichu SARS-CoV-2?


En épidémiologie comme en amour, mieux vaut être seul que mal accompagné. C’est ce que doivent se répéter les responsables de l’institut d’épidémiologie Marie-Bashir, de l’université de Sydney, après avoir publié une étude prétendant élucider le mécanisme de la transmission du Covid-19 de l’animal à l’être humain. L’étude, dirigée par le virologue australien Edward Holmes, s’intitule « Identifying SARS-CoV-2 related coronaviruses in Malayan pangolins ». Achevée en février, elle a été publiée dans le magazine Nature le 26 mars et s’appuie sur le séquençage génétique du virus pour comprendre les causes naturelles de l’épidémie.

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Seul problème, de taille, révélé dans un article du Daily Telegraph australien, le « séquençage du virus » dont l’étude australienne publie fièrement les résultats a été effectué dans un laboratoire militaire chinois, sous la conduite d’un certain professeur Wu-Chun Cao, qui est aussi colonel et membre du conseil d’administration de l’Institut de virologie de Wuhan, dont dépend le fameux laboratoire P4 sur lequel se focalise toute l’attention mondiale. La révélation a quelque peu remis en question le sérieux et l’indépendance de l’étude.

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Bien embêté, son commanditaire, le professeur Edward Holmes, s’est fendu d’un communiqué très officiel sur le site internet de l’université de Sydney, répétant qu’il n’y a « aucune preuve que le SARS-CoV-2, le virus à l’origine du Covid-19 chez les humains, provienne du laboratoire de Wuhan ». Certes. On comprend sa prudence. Il serait regrettable d’avoir voulu démontrer l’origine animale du virus, réclamé la fermeture des marchés couverts d’animaux et calomnié les pangolins pour s’apercevoir que le laboratoire chinois ayant produit les résultats sur lesquels s’appuie votre étude est le véritable point de départ de l’épidémie. On ne peut décidément faire confiance à personne. Après la distanciation sociale, les chercheurs australiens devront apprendre la distanciation scientifique.