Parution de la correspondance entre le créateur de Nestor Burma et l’éditeur François Guérif.
Parfois, on oublie pourquoi on a aimé un auteur passionnément. Les années passent, on ne sait plus très bien ce qui a motivé un béguin de jeunesse, un emballement pour cette littérature dissidente qui catapulte les bons sentiments et les écrase sur le bitume délavé avec hargne. On s’embourgeoise, on lit désormais l’Ecclésiaste, on se pique de philosophie antique, on lorgne du côté des moralistes et on finit par passer à la télé dans une émission grand public. Demain, on signera, peut-être, sous la lumière blafarde d’une galerie marchande comme un ex-président en promotion perpétuelle.
L’amertume jouissive
Et puis, on tombe, par hasard, sur la correspondance entre Léo Malet et François Guérif, un amoncellement de lettres et dédicaces qui court entre 1972 et 1989, portant le titre aguicheur de Mon vieux Guérif, publié par La Grange Batelière, dans un beau volume qui s’adresse aux « collectionneurs avertis ». La bibliophilie m’ennuie quand elle sert à faire reluire l’égo et décorer les appartements sans charme des beaux quartiers. Mais là, j’ai retrouvé, intact et vipérin, mon Léo, toujours aussi instable et inguérissable, avec cette aigreur cristalline qui coule dans ses veines d’écrivain jamais installé, jamais content, jamais serein, en proie à une amertume jouissive. Malet (1909-1996) n’est pas un cajoleur du soir, un auteur pour pédagogues et humanistes en quête d’un message, c’est un surréaliste égaré dans les faubourgs du crime, un anar inconsolable de son cher foyer végétalien. Un anti-Maigret, plus qu’un anti-Simenon. Le véritable déchiqueteur de la littérature policière qui détourne le genre américain, détective à galurin et trench-coat pour l’assimiler au biotope parisien.
Avec lui, le polar français avait trouvé son instigateur féroce et désabusé. Le pont de Tolbiac, le Boul’mich’, ou le 120, rue de la Gare dépassaient leur topographie absurde pour une existence littéraire, donc immortelle. Dans ces échanges épistolaires entre Guérif, jeune éditeur et directeur de la revue Polar et le vieux matou Malet, il y a presque une étude de cas sur la difficulté de vivre de sa plume dans la deuxième moitié du XXème siècle. Avec Malet, on entre directement dans la plaie, on n’a pas la prétention de parler littérature, on en vient à l’essentiel : le bifteck ! On écrit pour payer le loyer et les factures d’un pavillon de banlieue. On se bat pour ses droits. On lutte avec son éditeur pour lui arracher un pourcentage ridicule. On espère une adaptation ciné. On fait du gringue aux acteurs célèbres avec l’espoir que ses livres de poche à deux sous rapportent, un jour, un peu de monnaie. Voilà la réalité quotidienne, misérable souvent, d’un auteur, dernier maillon d’une chaîne et malgré tout acteur principal d’un business qui le dépasse et qui le gobe « tout cru ».
Un mauvais coucheur qui ne tend pas la sébile
Au début de leurs relations, Malet lui donne du « Cher monsieur », puis du « Mon cher supporter » et passe rapido à « Mon cher Guérif » pour définitivement lui balancer du « Mon vieux Guérif ». Ceux qui ont lu Malet et apprécié son dilettantisme rageur mais aussi ses œuvres plus anciennes publiées sous une myriade de pseudonymes (Frank Harding, Léo Latimer, etc…) ne seront pas dépaysés. Le bonhomme est d’une nature instable. Pas de la race des animaux de salons et cercles emperlousés. Malet, c’est une contrée sauvage avec ses codes et ses manières, l’argot, la fureur, la belle Hélène, la poisse et cette délicieuse impression que la rédemption est une histoire pour nigauds. On est déniaisé en lisant Burma, puis inévitablement emporté par ce parfum « Vieux Paris ». Il y a un cousinage avec Villon et tous les damnés du stylo bille. Dans ce paquet de lettres jaunies, on apprend l’origine de Marc Covet : « Lorsqu’il m’a fallu choisir un nom pour le complice de Nestor Burma, j’ai pensé à un autre complice, celui de Lupin dans 813 : un nommé Marco. Alors… Marco… MarCo… vet. Moralité : Burma doit à Fu-Manchu et Marc Covet à Lupin ».
Malet est un mauvais coucheur qui ne tend pas la sébile, son caractère de cochon a quelque chose de merveilleusement frais dans une époque où la transparence est de mise. Il ne cache pas son admiration pour le vénérable Albert Simonin ou Alain Corneau (« c’est le seul réalisateur actuel qui traite avec sincérité le genre que nous aimons »), il cherche à se procurer l’adresse personnelle d’Eddy Mitchell, il s’amuse à envoyer des cartes de vœux pornographiques (montages mariant ses titres de livres et des photos cochonnes), il dit que les enfants l’ont toujours emmerdé et il évoque ses souvenirs de cinéma quand il fut introduit dans cette profession par Prévert. Cette liqueur de noirceur est à boire cul-sec !
Mon vieux Guérif – Lettres & dédicaces pour collectionneurs avertis de Léo Malet à François Guérif – La Grange Batelière.
Quand j’assiste à cette lutte stérile contre une pandémie qui sera inévitablement suivie par d’autres catastrophes sanitaires, je songe à ce proverbe tibétain : « Il est inutile de chercher à faire reculer le glacier. »
D’ailleurs personne ne peut prévoir ni où, ni quand les abîmes avaleront les hommes, ni où et quand ils les recracheront.
Quand on a compris cela, on est en phase avec Paul Léautaud qui notait dans son journal (je cite de mémoire) qu’un homme ou une femme qui vieillit seul dans un troisième étage, ça a quand même plus d’allure et de gueule qu’un vieillard entouré de ses petits enfants.
Pour moi qui végète seul au cinquième étage sans ascenseur, il ne me reste plus qu’à cultiver ma mélancolie, sentiment admirable et que je conseille à chacun. Avec précaution cependant : la seule jeune fille qui ait passé quelques nuits avec moi pendant le confinement sans aucune précaution est maintenant à l’hôpital psychiatrique.
Il convient de déguster le malheur d’être né, mais sans en abuser. Il est vrai que l’extrême jeunesse vous pousse à l’excès et qu’on en apprend plus sur l’existence à l’asile de fous ou en prison que sur les bancs de Sciences Po. Tout semble inessentiel et ornemental à côté, y compris ce que vous venez de lire. Conclusion de Camus : « Une seule chose est plus tragique que la souffrance et c’est la vie d’un homme heureux. »
Dante, en célébrant la femme comme moyen d’atteindre le divin, montre le caractère indispensable de la différenciation des sexes.
On sait combien une liberté sans bornes est source de désordres et tout autant combien les contraintes peuvent être fécondes. Ce principe à la fois esthétique et politique me donne l’occasion de m’exprimer sur l’actualité la plus amère, hélas, à partir d’un poème – un chef-d’œuvre universel dont je viens d’achever la traduction en français pour les éditions La Dogana de Genève : La Divine Comédie, de Dante Alighieri, homme politique et poète, penseur de la Cité et visiteur visionnaire de l’outre-tombe.
Je vais développer deux thèmes extraordinairement modernes que bien peu de gens semblent avoir perçus dans son œuvre, peut-être parce que, selon la leçon d’Edgar Poe (dans La lettre volée), les choses trop évidentes sont invisibles.
Quand Dante invente le mot transhumanisme
Le concept de « transhumanisme » nous paraît incroyablement contemporain. Il semble que le mot français soit né en 1957, et son développement socio-politique ne date que des années 80. Aucun dictionnaire à ma connaissance ne mentionne pourtant que le mot, « trasumanar » que je traduis par « transhumaner » apparaît pour la première fois dans l’histoire de l’Occident sous la plume de Dante, il y a donc sept cents ans, dans le premier chant du Paradis (v. 70) :
Dans les sphères éternelles, Béatrice Tenait fixés ses yeux, et moi en elle Je mis les miens (…). Et lors je me sentis devenir comme Devint Glaucos lorsqu’il goûta cette herbe Qui, en mer, le fit pair des autres dieux Transhumaner ne se pourrait traduire En mots mortels, mais suffise l’exemple À qui la grâce en garde l’expérience…
Fameux créateur de néologismes, Dante ne se prive pas ici d’innover d’une étonnante manière pour traduire un concept central du christianisme : la déification de l’homme sauvé. « Dieu s’est fait homme pour que l’homme se fasse Dieu », disait saint Irénée de Lyon. Cette dimension verticale de la mutation de notre espèce est évidemment aux antipodes des mutations et manipulations esthétiques, génétiques, voire robotiques, qui sont pour notre malheur en train de prendre valeur de normes.
Le « transhumanisme » non chrétien est non seulement un des signes particulièrement inquiétants du caprice infantile (« J’ai droit à tout ») qui marque les sociétés post-modernes, mais il est surtout − à l’opposé exact du concept dantesque − dans l’horizontalité matérielle, dans le prolongement maximal de la vie physique, dans la volonté d’extension ad infinitum de ce qui par essence est transitoire, soumis aux contingences, aux limites et à la mort. C’est une entreprise vraiment prométhéenne, une activation moderne de l’hubris (la démesure) qui, comme le savaient les Anciens, s’achève toujours par le châtiment. Que ce programme, qui finira de toute évidence dans l’eugénisme, réalise sous des aspects « progressistes » le rêve nazi est déjà significatif.
L’Enfer de La Divine Comédie, préfiguration du transhumanisme
Enfants programmés, enfants sans père, ou issus de plusieurs mères, enfants sans origine ou confrontés à l’absurde de deux pères dont l’un est une femme (cas rencontré en psychopathologie d’une femme ayant gardé son appareil reproductif tout en offrant l’apparence d’un solide gaillard barbu et… enceint de son compagnon !), adultes transgenres, citoyens pucés, vieillards liftés, prolongés jusqu’à la congélation, hybrides d’un nouveau genre, tout annonce une apocalypse anthropologique. Il suffira de descendre dans l’Enfer de Dante pour entrevoir les figures de ce monde futur…
En attendant, revenons au Paradis, à la « transhumanisation » du poète, et observons comment se réalise cette mutation : « Béatrice tenait fixés ses yeux, / et moi en elle (…) / je mis les miens (…). Et lors je me sentis (…) transhumaner… » Oui, chose admirable qui n’entache en rien la pureté doctrinale du christianisme de Dante, le véhicule de la transhumanisation, et de la transmutation de l’homme en Dieu, c’est-à-dire en l’Amour, passe ici par les yeux d’une femme ! – Nous ne saurons jamais faire la part exacte entre l’expérience autobiographique et la représentation littéraire de l’amour qu’éprouva Dante pour la jeune Béatrice, si vite condamnée à passer dans l’outre-monde.
Mais ce dont nous pouvons être sûr, c’est que cette expérience amoureuse fut fondamentale dans la maturation humaine et poétique de Dante et que, dans la Comédie, le poète porte à son point d’incandescence un processus issu, à ce qu’il semble, de la mystique musulmane[tooltips content= »A travers l’expérience amoureuse du Cheikh Ibn ‘Arabî pour la jeune Persanne Nezhâm. On verra là-dessus les travaux de l’abbé Asin Palacios dans La Escatologia musulmana en la « Divina Comedia », ainsi que L’Imagination créatrice dans le soufisme d’Ibn ‘Arabî d’Henry Corbin. »](1)[/tooltips] et de l’amour courtois des troubadours.
Transhumanisme chrétien contre néoféminisme
Ce qui nous importe, c’est que – à l’extrême opposé du néo-féminisme haineux d’aujourd’hui − Dante adopte et magnifie l’idéalisation de la femme qu’avait esquissée ses prédécesseurs pour en faire non seulement un signe[tooltips content= »« Dieu est beau et il aime la beauté », dit un hadith cher à au soufisme. »](2)[/tooltips], mais un conducteur vers la Divinité. C’est le véritable manifeste d’un féminisme transcendantal.
Le guide initial de Dante dans son voyage à travers l’Enfer et le Purgatoire n’était autre que Virgile, image idéale du Père, mais c’est Béatrice qui va remplacer au Paradis le poète latin pour initier l’apprenti florentin à la Vision de Dieu. Or, cette mise en perspective du masculin et du féminin, requiert non seulement la distinction des sexes, mais la supériorité mystique de la femme sur l’homme !
On aura beau jeu de rétorquer que cette idéalisation n’est que le masque d’une domination: la «soumission» féminine, réelle ou prétendue, des cultures méditerranéennes n’est souvent que le revers de la supériorité symbolique de la femme. On ne sous-estimera certes pas la violence que subissent si souvent les femmes, mais cette violence masculine est justement le témoin paradoxal de la peur panique de l’homme face à l’abîme du féminin.
Pas de monde humain sans différence sexuelle
« La différence des sexes est précieuse. Elle est inaliénable. Elle est une frontière qui fend et ouvre le monde en deux depuis le premier souffle de l’humanité historique. Elle est la marque ineffaçable de la condition humaine » écrit justement Eugénie Bastié dans Adieu Mademoiselle. Dante, nous enseignait déjà qu’un autre rapport est possible, qui place la différence féminine au cœur de l’expérience amoureuse et spirituelle. On pourrait en voir une préfiguration dans la découverte que font les saintes femmes, et non les apôtres, du Tombeau vide du Christ et donc de sa résurrection.
Pas de monde humain sans sexuation, pas de vraie naissance sans conjonction amoureuse entre homme et femme, pas d’accès au ciel sans mères, amantes ou sœurs. C’est cela qu’on tente aujourd’hui de radier du réel.
Qu’il s’agisse de la linguistique, de la médecine ou de la démocratie parlementaire, rien ne résiste plus aux délires revendicateurs des minorités progressistes, soutenues par leurs « alliés » blancs. Jeremy Stubbs choisit pour vous les meilleurs contes de la folie « woke »
Nous pouvons parler aujourd’hui d’une Route de la folie, comme il y avait autrefois une Route de la soie. Au lieu de nous fournir en épices et étoffes précieuses, cette nouvelle voie royale nous apporte des folies progressistes, non pas de l’Asie, mais des Amériques. Au lieu de nous nourrir et de nous élever, les biens en question nous appauvrissent, nous rabaissent et nous empoisonnent.
Casse-tête chinois
Aux États-Unis cette semaine, on a beaucoup parlé de l’histoire du professeur de communication de l’école de management de l’Université de Californie du Sud, dénoncé pour avoir prononcé devant ses élèves un mot chinois qui sonne vaguement comme le « N-word ». Le 20 août, sur l’incontournable application Zoom, Greg Patton donne un cours sur la rhétorique dans lequel il parle de l’exploitation dramatique des pauses, ce qui l’amène à parler des explétifs, ces mots qu’on utilise pour meubler, pendant qu’on réfléchit à ce qu’on va dire – en français, « eh bien », « bon », « d’accord. » Les Chinois, explique Patton, répètent leur mot pour « ce », à savoir « nei ge », et le professeur donne l’exemple : « néga néga néga. »
Le lendemain, les autorités universitaires reçoivent une lettre anonyme, mais qui prétend parler au nom de chaque Afro-Américain de la promotion, assénant que Patton a « offensé tous les étudiants noirs de la classe. » Une semaine plus tard, l’École annonce qu’un autre professeur remplacera Patton pour ce cours et propose un accompagnement psychologique à tous ceux qui en ont besoin suite à cet épisode traumatique. Patton lui-même écrit une lettre d’excuses, expliquant qu’il avait essayé de donner plus d’exemples internationaux afin se montrer plus inclusif et ouvert à la diversité. Cela lui apprendra. Justement, sur les médias sociaux, des Chinois aux États-Unis et jusqu’en Chine ont protesté contre le fait que la réprimande faite à Patton constitue une dépréciation implicite de leur langue. Non sans raison. Dans ce chaos de revendications, on distingue bien la vraie erreur de Greg Patton, celle qui consiste à naître blanc. C’est sans appel.
Peur bleue
Nous avons ici un parfait exemple de l’infinie vulnérabilité des institutions à la moindre pression des groupes minoritaires. Si de tels délires partent de l’Amérique à l’assaut de l’Europe, leur tête de pont est le Royaume-Uni. Il y a vingt ans, Londres était surnommé « Londonistan » car la ville accueillait de nombreux extrémistes musulmans. Aujourd’hui, on pourrait le rebaptiser « Wokistan. » Le mot « woke » désigne, bien entendu, cette nouvelle idéologie qui s’efforce d’agréger toutes les réclamations de toutes les minorités, avec l’objectif assumé de détruire le patriarcat. Aucune concession ne peut être faite, ni aux Blancs, ni aux hommes, ni aux hétéros qui sont coupables de tous les maux, ceux de l’histoire et ceux du monde actuel. Aujourd’hui, les institutions britanniques tombent, non l’une après l’autre, mais presque toutes en même temps, entre les mains des groupes quérulents qui, en marionnettistes chevronnés, manipulent les directeurs et les groupes de travail de ces organisations. Prenons l’exemple de l’enseignement de la médecine. Parmi les signes contribuant au diagnostic de certaines maladies, on trouve le changement de la couleur de la peau, par exemple celle des doigts qui peuvent devenir bleus. Ce fait est relevé dans les manuels de médecine. Mais ceux-ci ne parlent pas du fait que le bleu caractérise les patients blancs : dans le cas des Noirs, par exemple, les doigts seraient plutôt gris. Cette omission est-elle un symptôme du suprématisme blanc ? Un étudiant noir de l’Université de Londres, Malone Mukwende, a compilé une liste illustrée des signes épidermiques qui sont différentes chez les personnes de couleur. En tant que supplément nécessaire aux manuels existants, on ne peut que louer ce travail. Le problème réside dans la rhétorique délétère qui entoure ce type de projet. Saluant des initiatives similaires, le professeur Joseph Harland de l’Université de Bristol déclare, non que les programmes d’enseignement soient incomplets, mais qu’ils sont « racistes » et ont « besoin d’être décolonisés ». Harland est blanc. Il appartient à cette catégorie de Blancs qui, pour se racheter aux yeux des minorités, se complaisent à dénoncer publiquement le racisme des autres Blancs. Dans le jargon woke, un tel acteur s’appelle un « allié » et sa posture d’allié, dans un anglais barbare, « allyship ». Visiblement très à gauche et totalement woke, il a pondu sur Twitter un chef-d’œuvre de mauvaise foi, avec une syntaxe torturée, proclamant à qui veut l’entendre que : « en tant qu’homme blanc qui contribue à conduire les changements propulsés par l’engagement en faveur de la décolonisation de notre programme et en adoptant une approche antiraciste, j’espère pouvoir faire preuve des qualités d’un bon allié, mais je ne fais pas ça pour être louangé. Je ne le mérite pas. » En langage clair : « Je mérite des louanges. Ne soyez pas avares de compliments ! »
As a white man helping to lead changes that are driven by a commitment to decolonising our curriculum and taking an anti-racist approach I hope I can demonstrate good white allyship, but I am NOT sharing this for accolades. I don’t deserve it. This work shouldn’t need to be done.
On repère aisément de tels alliés – ou plutôt vendus. De la même façon que les autorités universitaires californiennes ont préféré capituler plutôt que de défendre Patton, les directeurs des musées et bibliothèques londoniens dénoncent leurs propres collections afin de se concilier les bonnes grâces des minorités. A la British Library, l’équivalent de la Bibliothèque nationale, la bibliothécaire en chef, Liz Jolly (blanche comme neige), affirme, dans une vidéo récente destinée aux salariés, que « le racisme est une création des Blancs. » Selon un groupe de travail créé par le personnel, le « daltonisme racial » (colour-blindness) – le refus de juger les personnes selon leur race – et la croyance en « une seule et unique famille humaine » constituent « une forme dissimulée de suprématie blanche. » En outre, le personnage de Mr Punch, l’équivalent du Guignol lyonnais, serait un symbole de la « violence coloniale », tandis que le bâtiment historique de la bibliothèque, dessinée par un architecte naval et présentant quelques fenêtres rondes qui ressemblent à des hublots, aurait l’apparence répréhensible d’un navire de guerre symbolisant l’impérialisme britannique. Sans parler d’une lettre contresignée par 200 salariés qui annonce qu’il y a « un état d’urgence raciale » à la bibliothèque et exige que les employés appartenant aux minorités ethniques aient un droit de regard sur toutes les suppressions de poste et certaines promotions touchant les membres de ces mêmes minorités. Dans la salle de lecture, l’espérance de vie des bustes de Mozart et de Mendelssohn serait en doute, car ils représenteraient une histoire de la musique excessivement blanche. Au Musée d’histoire naturelle, un audit interne a conclu que certains spécimens rapportés par Charles Darwin de son voyage historique aux Îles Galapagos pourraient se révéler problématiques car il s’agissait d’une expédition plus colonialiste que scientifique. Un document de réflexion par un des conservateurs soutient que tous les musées ont été créés afin de « légitimer une idéologie raciste. » Conclusion ? Il faut les « décoloniser. » Le directeur a proféré ces paroles aussi sinistres que lourds de sens : « Nous devons nous éduquer. » On se demande quelle forme une telle éducation peut bien revêtir.
Liz Jolly
Des Mères castratrices
Au mois d’août, la tranquillité relative de la saison des vacances a été troublée par l’histoire – relayée en France par nos confrères de Valeurs actuellesd’un laboratoire nucléaire travaillant pour le gouvernement américain. Un des salariés de ce laboratoire aurait été suspendu après avoir essayé de mener une véritable rébellion contre un programme de formation, non dépourvue de violence psychologique, destinée à libérer les employés blancs de leurs préjugés raciaux inconscients. Pour se faire une idée de la nature d’une telle formation, on n’a qu’à consulter une vidéo qui, quoique datant de 2017, a été partagée sur Twitter cette semaine. On y fait connaissance avec l’Américaine, Ashleigh Shackelford, qui se définit à la fois comme une « artiste multidisciplinaire » noire et « une métamorphe non-binaire ». D’apparence nettement féminine, de forme amplement maternelle, on la trouve dans une salle de formation en train d’informer son public que « tous les Blancs sont racistes » et que, plus surprenant quand même, « je crois que les Blancs sont nés pour ne pas être humains ». Le tableau blanc à côté d’elle exhibe son adresse PayPal pour permettre aux Blancs d’expier financièrement leur culpabilité. Car, à la fin, la question éthique se double toujours d’une question d’argent.
Si on suit la Route de la folie en traversant à nouveau l’Atlantique, on peut mieux apprécier toute la dimension pécuniaire. Car on a appris cette semaine que le Parlement de Londres, la « mère des parlements », aurait payé pas loin d’un million d’euros de l’argent du contribuable afin de former les députés à la vision historique et au langage woke.
Une société de consultants, Challenge Consultancy, a ainsi révélé aux élus que, par exemple, l’usage de mots comme « dame » (lady) ou « retraité » (pensioner) constitue une offense. La fondatrice de la société, l’air très sympathique, maternelle, joviale, utilise une grande marionnette bleue pour incarner les préjugés inconscients dans des saynètes « humoristiques. » Certains parlementaires ont osé se plaindre d’être infantilisés. Presque 40 000 fonctionnaires, des salariés de la BBC et les membres du jury des Oscars auraient subi une rééducation similaire.
Capture d’écran du site dailymail.co.uk
Tous des guignols
Enfin, cette semaine, le compte Twitter de l’ONU a posté un extrait d’un discours de son Secrétaire général, Antonio Guterres, selon lequel la crise du coronavirus a démontré que « des millénaires de patriarcat » ont créé « un monde et une culture dominés par les hommes et préjudiciables à tout le monde ».
The #COVID19 pandemic is demonstrating what we all know: millennia of patriarchy have resulted in a male-dominated world with a male-dominated culture which damages everyone – women, men, girls & boys.
La folie tend donc à devenir planétaire. Peut-être que nous ne sommes tous que des marionnettes futiles qui, comme le dit le poète persan, Omar Khayyam, sur le Théâtre du temps faisons trois petits tours avant de retomber dans la boîte du néant. A cet égard, je crois bien à l’existence d’une seule et unique famille humaine.
JD, l’homme belge surnommé « le troll aux mille pseudos » chez nos voisins du nord, et contre lequel des plaintes pour harcèlement sont déposées, livre sa propre version des faits à Aurore Van Opstal.
Myriam Leroy est une journaliste, écrivain et chroniqueuse belge. Elle est connue, entre autres, pour avoir participé à l’émission « La Nouvelle Édition » présentée par Ali Baddou sur Canal+ en 2013 où elle a réalisé une chronique sur Dieudonné qui lui a voulu un torrent d’insultes sur Internet.
En 2016, elle porte plainte pour harcèlement, pour la troisième fois, contre un homme qu’on présente, en Belgique, à présent, sous ses initiales : JD. Les deux premières plaintes ont été classées sans suite. Suite à cette dernière plainte, JD est renvoyé en correctionnelle.
En 2019, Leroy sort son deuxième roman aux éditions du Seuil, intitulé Les Yeux Rouges dans lequel elle raconte un harcèlement sur les réseaux sociaux par un dénommé « Denis ». Elle indique, en interview, s’être basée sur sa propre histoire et que Denis est le fruit d’un mélange de harceleurs à qui elle a eu affaire. Qu’elle est harcelée car elle est femme. Qu’il s’agit de misogynie.
Alors que l’ensemble de la presse belge semble d’ores et déjà avoir condamné JD, nous donnons la parole au présumé harceleur, surnommé « le troll aux mille pseudos » jusqu’ici jamais interrogé dans la presse belge et francophone. Rencontre.
Aurore Van Opstal. Vous êtes J.D., l’homme cité par les médias belges comme étant renvoyé au Tribunal correctionnel pour le harcèlement de la journaliste et écrivaine Myriam Leroy. Pouvez-vous brièvement vous présenter et nous expliquer comment vous avez commencé à interagir avec la plaignante ?
Je suis un père de famille de 42 ans vivant à Bruxelles. En parallèle d’une carrière en banque, j’ai souvent fait du journalisme en amateur. Je fais surtout de la critique musicale, mais pas que. De 2011 à 2015, j’ai tenu un blog culturel au ton incisif qui a eu un petit succès d’estime en Belgique. J’étais spécialisé dans les critiques cinglantes, avec une approche satirique et une liberté de ton à la Charlie Hebdo ou Hara-Kiri. J’abordais aussi volontiers des sujets polémiques. Madame Leroy, que j’avais déjà rencontrée, s’illustrait à l’époque dans une rubrique radio sur Pure FM dont le titre était Myriam Leroy n’aime pas. Comme le nom le laisse supposer, il s’agissait de critiques exclusivement négatives et parfois très cruelles : elle clashait quiconque n’avait pas l’heur de lui plaire. Elle a notamment tourné en dérision un jeune « sosie » belge de Justin Bieber qui, comme c’était prévisible, a ensuite été victime de nombreuses moqueries et commentaires méchants sur les réseaux sociaux. Elle se moquait aussi avec condescendance des candidates au concours Miss Belgique… Bref, des moqueries faciles ; je trouvais qu’elle enfonçait beaucoup de portes ouvertes. C’est dans ce contexte que j’ai souhaité prendre cette journaliste-sniper pour cible à mon tour dans une chronique de blog. A ma grande surprise, elle l’a très mal pris et a répondu via Facebook avec beaucoup d’agressivité, incitant au passage son public à s’en prendre à moi via réseaux sociaux. Ce à quoi j’ai à nouveau répondu. Ensuite, il y a eu une certaine surenchère… Mais cela a commencé comme ça : un « cyberclash » entre un blogueur indépendant et une journaliste établie qui pouvait critiquer tout le monde mais n’acceptait pas de l’être en retour. C’est en tout cas mon ressenti personnel.
Myriam Leroy a publié l’an dernier un roman, Les Yeux Rouges (Editions Le Seuil), qui met en scène son expérience de cyberharcèlement sous couvert de fiction. Dans quelle mesure vous êtes-vous reconnu dans le personnage de Denis, son sinistre bourreau ?
Pour moi, je ne suis pas ce Denis. Je ne me suis absolument pas reconnu dans ce personnage et les interactions que la narratrice du livre a avec lui ne sont en rien semblables à ce qu’il s’est passé dans la vraie vie. La rencontre, déjà. Myriam Leroy présente son harceleur comme un admirateur anonyme et extrêmement pressant qui l’aurait contactée par Facebook. Dans la réalité, j’ai rencontré Madame Leroy par hasard en 2011. C’était avant qu’elle soit connue médiatiquement. Elle était à l’époque animatrice météo sur une radio locale à l’audience limitée.
Aucun média belge n’a eu le courage de relativiser la gravité des charges qui pèsent contre moi: le grand-public est incité à penser qu’il s’agit de faits très graves. (…) Cette affaire prend tout simplement des proportions dramatiques et totalement disproportionnées!
Après notre rencontre, elle est devenue lectrice assidue de mon blog et m’a un jour écrit en privé qu’elle trouvait mon personnage de blogueur « fascinant« , elle me disait consulter mon site plus souvent que je l’actualisais (Aurore Van Opstal a pu prendre connaissance de copies de ces messages NDLR). Par la suite, lorsqu’elle est devenue connue grâce au succès de sa chronique radio impertinente, elle m’a demandé si je n’avais pas des idées de thèmes à y aborder… Nos conversations étaient cordiales.Plus tard, elle m’a proposé d’être le sujet d’un documentaire en télé pour la RTBF dans le cadre de l’émission Tout ça ne nous rendra pas le Congo, un équivalent de Strip-Tease en format long. J’étais réticent car plusieurs sujets de ce programme ont déclaré après coup avoir eu la sensation d’être ridiculisés par le montage, ils se sont sentis piégés, certains ont même assigné les producteurs de l’émission en justice. Madame Leroy souhaitait notamment me filmer dans l’intimité de mon domicile, avec ma famille, et sur mon lieu de travail. Je n’étais pas à l’aise avec ça, mon épouse non plus, alors j’ai refusé. Elle a insisté, elle disait que ce film serait une formidable vitrine pour mon blog. Il m’a semblé qu’elle voulait me manipuler et j’ai senti qu’elle prenait très mal mon refus définitif. La relation a commencé à devenir glaciale à partir de ce moment-là… Peu après, elle m’a traité de « facho » devant tous ses fans sur Facebook parce que je soutenais la candidature de Sarkozy durant la campagne présidentielle française, ce qui marqua une cassure définitive et le début des ennuis. C’est à ce moment que je lui ai consacré un premier article de blog en utilisant mon ton incisif habituel. Elle a répondu aux critiques avec mépris puis m’a fréquemment invectivé sur Twitter, où elle avait plusieurs dizaines de milliers d’abonnés, dont beaucoup s’en prenaient à moi également. Tout cela, évidemment, elle n’en parle pas dans son roman ni dans ses dépositions à la police.
Qu’est-ce que la justice belge vous reproche exactement aujourd’hui ?
Si je compte bien, les indices de harcèlement retenus par la Chambre du Conseil de Bruxelles reposent essentiellement sur neuf mentions dans des articles de blog, cinq tweets ou retweets et trois statuts Facebook publiés entre 2012 et 2014. Il y a d’autres pseudo-charges mais anecdotiques, comme le fait que je lui ai passé un coup de téléphone (un seul coup de téléphone !) en 2013. Je l’avais appelée car je comptais publier sur mon blog un article relatif au raid de commentaires très violents qu’elle subissait depuis qu’elle avait insulté Dieudonné dans une chronique en télé sur Canal+. Elle avait disparu des réseaux sociaux et la presse rapportait qu’elle était accompagnée d’un garde du corps lors de ses déplacements à Paris. Je souhaitais recueillir ses impressions, elle n’a pas accepté de réagir et je n’ai pas insisté. Aujourd’hui, cet unique coup de fil est considéré comme un « indice de harcèlement » par le Tribunal, pourtant je l’ai passé dans une démarche journalistique, ce qui n’est pas contesté. Idem concernant un mail parfaitement poli que je lui ai envoyé en 2017 après avoir appris qu’elle venait de déposer plainte contre moi. Elle m’accusait notamment d’être l’auteur d’une série d’injures anonymes postées sur les réseaux, ce dont j’ai été formellement innocenté après enquête. Considérer ce mail comme constitutif de harcèlement est surréaliste : s’il n’y avait pas eu de plainte assortie de fausses accusations, je n’aurais pas envoyé ce mail clamant ma surprise et mon innocence.
Tel un comique de répétition, J.D. attaquait régulièrement, sur son blog, le travail de Myriam Leroy de 2012 à 2014
Dans un précédent article sur cette affaire, il était dévoilé que l’adresse IP de la plaignante aurait été identifiée derrière le harcèlement d’une autre journaliste belge, Florence Hainaut…
La journaliste Florence Hainaut, connue des auditeurs de la RTBF, m’a accusé d’avoir animé en 2017 un compte Twitter parodique qui la tournait en dérision. Elle a déposé plainte et s’est constituée partie civile le même jour que son amie Myriam Leroy et via la même avocate. L’affaire a été prise au sérieux par le parquet et j’ai subi une perquisition de mon domicile au petit matin par la police judiciaire qui a saisi mon matériel informatique puis est même revenue plus tard le même jour sur mon lieu de travail. Il en a résulté que l’adresse IP identifiée derrière ce faux compte par les services de police n’était pas la mienne mais celle de la société dont Myriam Leroy est gérante. Elle s’est donc défendue en m’accusant d’avoir piraté son ordinateur… Comme c’est commode ! J’ai toutefois été innocenté de cette accusation totalement farfelue : l’analyse de mon ordinateur n’a pas permis de mettre à jour le moindre indice de culpabilité et le Computer Crime Unit (unité de la police judiciaire belge spécialisée dans la cybercriminalité) a rapidement dû conclure que je n’avais pas le profil d’un hacker capable d’une telle prouesse.
Myriam Leroy se serait donc amusée à tourmenter une amie et consœur journaliste avec un faux compte Twitter ?
C’est à elle qu’il faudrait poser cette question mais, sachant que je n’ai pas piraté son ordinateur, cela semble être une explication rationnelle.
Plaidez-vous coupable ou innocent ?
Innocent de harcèlement. Le harcèlement implique des contacts directs et répétés avec la personne concernée et ce qui m’est surtout reproché, c’est d’avoir mentionné négativement une personnalité médiatique de manière répétitive dans des écrits. En principe, selon le droit belge, cela devrait être considéré comme un délit de presse. On me reproche aussi le partage d’un montage photo certes un peu trash dans l’esprit d’Hara-Kiri [où l’on voyait Myriam Leroy qui tenait son livre en main et avait diverses substances sur le visage (sperme…) NDLR], qui faisait écho à la capsule vidéo postée par Dieudonné (toujours disponible en ligne) en réponse aux insultes de Leroy. Mais je n’étais pas l’auteur de ce photo-montage et il a été publié sur mon compte Facebook en mode privé, Madame Leroy, qui m’avait en sus bloqué, n’était pas censée y avoir accès. Elle ne l’a vu que suite à l’indiscrétion d’un de mes contacts Facebook. Voilà un exemple de ce que la justice belge considère comme un indice de harcèlement et de trouble à la tranquillité : le fait de publier dans un cadre privé un photo-montage caricaturant une personnalité publique qui n’était pas supposée en prendre connaissance. Je pense que Myriam Leroy ne supporte aucune critique et aimerait criminaliser tout propos négatif la concernant, où qu’il se trouve et quelle qu’en soit l’audience. Cette attitude a pu être observée aux détriments d’autres journalistes belges qu’elle a tenté d’intimider par voie judiciaire ou courriers d’avocat après qu’ils l’aient critiquée. Quand elle n’a pas tout simplement essayé de les faire virer des médias qui les employaient… Plusieurs personnes peuvent en attester.
Comment expliquer votre renvoi en correctionnelle sur cette base somme toute légère ?
Le procès et sa médiatisation servent de campagne de pub gratuite pour le livre. Le dossier est gonflé et m’accuse de toute une série de choses fausses ou anodines. On me reproche par exemple de m’être abonné en 2016 au compte Instagram de Myriam Leroy. Mais depuis quand suivre une personnalité médiatique sur Instagram est-il un délit ? De plus, je l’ai fait parce que l’on m’avait rapporté qu’elle me mentionnait dans ses publications (ce que je n’ai pas pu vérifier). Ensuite, il faut savoir que sa plainte avait initialement été classée sans suite par le parquet et a été réactivée parce qu’elle a joint au dossier une série de nouveaux commentaires graveleux dont elle m’a désigné comme étant probablement l’auteur. Or, l’enquête de police m’en a totalement innocenté et a même permis d’identifier d’autres individus comme coupables de ces invectives. Un message ordurier posté sur un forum a par exemple été validé depuis une boîte mail créée en 1999 au Québec, une région du monde où je n’ai jamais mis les pieds. Je pense que je paie le contexte actuel : le néo-féminisme, l’ère du hashtag MeToo, de BalanceTonPorc, l’affaire Weinstein, etc., et ce bien que ce dossier dont nous parlons soit sans aucun rapport avec des faits de harcèlement sexuel. Du fait de la médiatisation de mon affaire, je crois que la justice belge a peur d’envoyer le signal que le cyberharcèlement des femmes journalistes n’est pas pris au sérieux. Surtout vu qu’à l’exception notable de Sudpresse, aucun média belge n’a eu le courage de relativiser la gravité des charges qui pèsent contre moi : le grand-public est incité à penser qu’il s’agit de faits très graves. On veut faire un exemple et cela tombe sur moi. Pourtant, de vrais cas de harcèlement caractérisé ne sont même pas poursuivis. Des femmes se font suivre dans la rue, harceler téléphoniquement, elles reçoivent des messages obscènes, des menaces de viol – bref des faits beaucoup plus que graves que ce qui m’est reproché – et c’est à peine si la police belge accepte d’acter leurs plaintes.
L’AJP (Association belge des Journalistes de Presse) et la FEJ (Fédération Européenne du Journalisme) ont aussi appelé publiquement via des communiqués à votre renvoi en correctionnelle.
Une partie de la presse belge fait pression depuis deux ans sur les magistrats pour que je sois jugé et condamné. Cela me choque car, autant que je sache, les représentants de l’AJP et de la FEJ ne savent pas précisément ce qui m’est reproché, sinon par des « on dit ». Ils se basent sur le contenu du livre Les Yeux Rouges, pourtant présenté par son auteure comme une fiction (la FEJ a effectivement illustré un tweet appelant au renvoi en correctionnelle de JD par une photo de la couverture du livre). Ils réagissent sur base des seules allégations et poses victimaires de Myriam Leroy. Il faut savoir qu’elle a multiplié les interviews dans lesquelles elle se présente comme une martyre et victime de faits très graves. On amalgame aussi délibérément mes comportements à d’autres attaques dont elle a été victime, notamment par les fans de Dieudonné. Je suis également pris en grippe par une journaliste du jadis très influent magazine Le Vif/L’Express. J’ai déposé plainte au CDJ (Comité de Déontologie Journalistique) mais je ne me fais pas trop d’illusions quant à un éventuel jugement par ses pairs : la presse belge francophone est un petit milieu très politisé et régi par beaucoup de copinages. Les loups ne se mangent pas entre eux.
Le représentant de la FEJ présente un homme, pas encore condamné, comme cyberharceleur.
Comment vivez-vous le fait d’être présenté comme un harceleur de femmes, d’extrême-droite, catholique traditionaliste, « troll » du net ?
J’assume le côté « troll du net », le reste n’est que spéculations et fantasmes. C’est le travail de sape de la partie adverse et de ses soutiens dans la presse belge, le journal Le Vif/L’Express en particulier, qui m’a présenté comme un dangereux zigomar droitard pour donner une légitimité à la victimisation outrancière de Myriam Leroy dans les médias. La journaliste du Vif qui me persécute a cru utile de préciser que je portais des lunettes noires et un polo Fred Perry lors de notre rencontre, tentant par-là de me faire passer pour un skinhead, ce qui est insensé. Ceci alimente la campagne de victimisation dont Myriam Leroy a fait un véritable fonds de commerce dans le but évident de vendre son livre, qui a déjà rapporté beaucoup d’argent. Celui-ci va aussi être prochainement adapté au théâtre et j’ai appris que Madame Leroy et sa complice Florence Hainaut vont toucher une subvention de 44 000 EUR du ministère de la Culture pour tourner un documentaire sur le thème du cyberharcèlement. Il y sera encore certainement abondamment question de moi, et ce sans possibilité de réplique ou de droit de la défense vu qu’elles produisent le film elles-mêmes. La victimisation est apparemment un business lucratif…
Avez-vous été sanctionné professionnellement suite à cette affaire ?
Oui, j’ai perdu mon emploi dans la banque dans laquelle je travaillais depuis presque vingt-deux ans, et ce à la suite de plusieurs vagues de pressions sur mon employeur relatives à des propos tenus sur les réseaux sociaux et jugés non-politiquement corrects. On m’a notamment reproché des critiques des dérives du féminisme contemporain. Comme je l’ai dit plus haut, j’assume mon côté « troll du web » et cela a été utilisé contre moi pour m’atteindre dans ma subsistance économique et celle de ma famille. Et ce même si mon activité sur internet et mes opinions personnelles étaient sans aucun rapport avec mon travail. Il y a eu véritablement une atteinte à ma vie privée et à ma liberté d’expression. Myriam Leroy annonçait dans son livre Les Yeux Rouges qu’elle comptait faire perdre son emploi à son « harceleur ». Cela s’est passé exactement comme annoncé, mais c’est peut-être une coïncidence. Je n’ai à ce stade pas de preuves que Myriam Leroy ou ses proches soient derrière ces pressions répétées auprès de mon employeur.
Quelle est la prochaine étape de votre procès ?
Suite à la confirmation de mon renvoi en correctionnelle par la Chambre des Mises en Accusation (instance d’appel de la Chambre du Conseil), j’ai demandé à mes avocats d’introduire un pourvoi en Cassation concernant la compétence du Tribunal correctionnel. La qualification en délit de presse (passible en Belgique de la Cour d’Assise et résultant donc généralement sur une impunité de fait, cette instance ne se réunissant pas pour les faits mineurs) n’est pas retenue simplement parce que le dossier est gonflé par de fausses charges connexes qui ne tiennent absolument pas la route lorsque prises individuellement. Il est par exemple question d’une rencontre fortuite avec Leroy lors d’un concert en 2017 durant lequel je ne lui ai même pas parlé, c’est tout simplement aberrant… Cette procédure en Cassation risque de prendre encore de longs mois.
Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?
Très affecté depuis cette perte d’emploi survenue dans un contexte économique extrêmement difficile, juste avant que débute la crise du coronavirus. Si d’aventure je devais au final être en plus condamné, cela équivaudrait incontestablement à une double peine. Le contexte est encore plus tendu depuis que j’ai entendu Myriam Leroy déclarer dans le podcast féministe français La Poudre (sur Spotify) qu’au moment de rédiger la liste des sévices qu’elle rêvait d’infliger à son harceleur (le livre comprend plusieurs pages de tortures envisagées pour « Denis »), elle avait fantasmé sur « des meurtres d’enfants », passage qui a été censuré par les éditions Le Seuil. J’ai deux enfants, un garçon et une fille, nés de deux unions. Les mamans de mes enfants sont dégoûtées, en colère et inquiètes car, si on ne va pas jusqu’à penser qu’elle mettrait sa menace à exécution elle-même, ces propos aussi scandaleux que délirants pourraient donner des idées à ses admirateurs. Surtout depuis qu’une autre menace annoncée dans le livre (le licenciement du prétendu harceleur suite à des pressions auprès de son employeur) s’est concrétisée. Un fan déséquilibré de Myriam Leroy pourrait vouloir s’en prendre à mes enfants pour lui plaire, cela s’est déjà vu… Et ce d’autant plus que beaucoup de lecteurs ont pris son très lucratif roman pour argent comptant, ils me voient comme le sinistre personnage qu’elle y a dépeint. Des personnes de son entourage se sont évidemment arrangées pour que mon identité complète fuite sur les réseaux sociaux et je reçois depuis lors de nombreux messages d’insultes et d’intimidation. Ma femme a peur lorsque nous sortons en famille dans notre quartier. Cette affaire prend tout simplement des proportions dramatiques et totalement disproportionnées. Avant cela, il y a eu cette perquisition de mon domicile, déclenchée en grande partie par de fausses accusations dont j’ai été blanchi, puis tous ces articles de presse entièrement à charge… J’en viens à me poser cette question : qui harcèle qui dans ce dossier ?
L’accord diplomatique entre l’État hébreu et Abou Dhabi est historique. Il contre l’influence iranienne délétère au Moyen-Orient. Et même si les monarchies du Golfe délaissent la cause palestinienne, ce rapprochement Émirati-Israélien est plein de promesses pour tous les peuples de la région.
Dernière minute: Un mois après l’accord évoqué dans cet article, le président américain Donald Trump a annoncé hier soir que Bahreïn et Israël allaient également normaliser leurs relations.
Que nous évoque l’année 1918 ou encore 1919 ? La fin de Première Guerre mondiale sans doute. Puis le Traité de Versailles qui a scellé le sort des gagnants et des perdants de la Grande guerre, mais aussi, hélas, du monde entier pour les décennies suivantes. Pourtant, ces deux années ont aussi été celles de la pandémie ravageuse de la grippe espagnole qui a fait près de 50 millions de victimes.
Il est probable que l’année 2020 ne restera pas non plus dans les mémoires pour son cauchemar covidien, mais pour l’accord de paix qui se présente comme un tournant majeur dans l’évolution géopolitique du monde. Les accords de paix sont rares. Il suffit de regarder notre continent européen et ses fissures (citons l’Irlande du Nord, Chypre, l’Ukraine ou autre le Karabach comme exemples) pour se rappeler que restaurer une paix demeure difficile, politiquement et surtout humainement.
Un évènement exceptionnel
La nouvelle de la normalisation des relations entre Israël et les Émirats Arabes Unis a été globalement bien accueillie par les médias internationaux, mais sans qu’ils lui donnent la valeur d’un évènement exceptionnel. Nous déplorons notre incapacité à nous indigner comme il se doit contre les violences qui se produisent dans notre société, contre les actes de destruction de notre civilisation. Mais savons-nous encore nous émouvoir quand un évènement qui fait l’Histoire se produit ? Qui célèbre le courage, la volonté et le dépassement des dogmes qui si souvent font plonger l’humanité dans le désarroi ?
L’esprit de l’accord de paix conclu entre Jérusalem et Abou Dhabi est très différent des traités qu’Israël a signés au siècle dernier avec l’Égypte (en 1978) et la Jordanie (en 1994). Les traités de Camp-David et de Wadi Araba relevaient plus d’armistices permettant à deux pays frontaliers d’enterrer la hache des guerres contre l’État hébreu, lesquelles se sont enchainées depuis sa création en 1948.
Nouveau contexte arabe
42 ans après la poignée de main d’Anouar el-Sadate avec Menahem Begin, la donne a changé. Entre les printemps arabes, la percée de l’État Islamique et les ambitions nucléaires de l’Iran, la nouvelle génération des dirigeants du Golfe sait bien faire la différence entre les vraies menaces expansionnistes d’un régime chiite fanatique et la volonté d’un petit pays démocratique d’affirmer sa légitimité.
Le rapprochement Émirati-Israélien ressemble à un mariage de raison, dans lequel les mariés n’éprouvent pas des sentiments vertigineux, mais savent apprécier les points forts de chacun et l’utilité que l’un a pour l’autre. Le tout premier vol commercial Tel-Aviv – Abou Dhabi, effectué le 31 août dernier, a transporté à son bord aussi bien les diplomates israéliens et les experts en sécurité que les représentants des ministères du tourisme, de la santé, de la science ou encore de la finance. Le mariage de raison se donne les moyens pour durer.
Enfin, cet accord est historique parce qu’il déplace pour la première fois le centre de gravité des équilibres régionaux de l’Autorité Palestinienne vers l’intérêt général de tous les États qui vivent dans cette partie du monde. Une révolution copernicienne !
Sur le tarmac de l’aéroport d’Abou Dhabi, Jared Kushner, conseiller et gendre du président Trump, grand artisan du traité, a résumé le contexte actuel du gouvernement de Mahmoud Abbas : « Nous ne pouvons pas désirer la paix plus qu’eux. Quand ils seront prêts, la région entière sera ravie de les porter et aller de l’avant. Mais ils ne peuvent rester dans le passé ». Et en attendant l’émergence du leader palestinien qui saura profiter du capital sympathie planétaire pour la cause de ce peuple, il faut célébrer l’audace, la force et l’intelligence de Mohammed Ben Zayed, le prince héritier sans lequel l’accord de paix avec Israël ne se serait jamais réalisé.
Après le 11 septembre, la crise financière de 2008, la percée de l’État Islamique et ses barbaries aux quatre coins de la planète, après la mutation de notre société occidentale qui développe une drôle de phobie vis-à-vis de son propre passé et la pandémie actuelle, le 21me siècle nous offre sa première bonne nouvelle.
Le 11 août dernier, une information cruciale est tombée sur les téléscripteurs: en Gironde, des restaurateurs ont offert à chaque consommateur de moules une pince en plastique, en forme de moule, pour manger… leurs moules.
Aussitôt, « la toile s’est enflammée ». Une photographie de l’objet, publiée sur la page Facebook de « Mr Mondialisation », a été relayée plus de 26 000 fois en trois jours. « Les » internautes écœurés se sont interrogés quant à l’utilité d’un tel objet, et dans la foulée ont proposé (ordonné) de boycotter ces restaurants écocidaires.
20 minutes, « Sain et Naturel » (agréé par Ouest France, excusez du peu)… ont relayé l’indignation. 20 minutes a « sollicité le groupe qui gère le restaurant et les trois autres enseignes identiques ». Celui-ci n’a pas donné suite mais « plusieurs sources » ont confirmé que (sacrilège écologique) cette pince a bien été offerte aux clients du restaurant. Ce n’était hélas pas une fake news.
Sauf que, les fausses moules incriminées, outil de communication proposé par CCAG, aux conchyliculteurs et aux restaurateurs qui en ces temps moroses en ont bien besoin, sont biodégradables, recyclables, compostables, désintégrables et tout et tout… Elles répondent à la très exigeante norme EN 12342, norme naturelplast européenne des plastiques. En plus, l’encre à l’eau, utilisée pour les personnaliser et rappeler au consommateur l’identité du donateur, est sans métaux lourds, et agréée contact alimentaire. Alors, vraiment ! à quoi ça sert que Claude Cagnon (l’inventeur morbihannais de ce gadget), il se décarcasse ?
La bonne nouvelle, c’est que toute cette écume n’a eu aucun effet sur la fréquentation des restaurants de moules offrant la moule bonus réutilisable à la maison, ni sur les commandes de CCAG. Cliquer, cliquer il n’en restera pas grand-chose !
La grande partie des consommateurs sait bien que dans les régimes où les restaurateurs n’ont plus le droit d’offrir une moule en plastique à leurs clients, il n’y a pas non plus beaucoup de moules dans les assiettes.
Revenons aux choses sérieuses. Histoire d’être tranquille, j’ai immédiatement filé acheter deux paires de méduses. Parce que, dans le cadre de son opération #balancetonproduit, ce Mr Mondialisation « publie chaque jour une aberration plastique » et il serait bien capable d’avoir ces sandales dans son collimateur. Et, je dois avouer que, aberration ou pas, je ne tiens pas à m’écorcher les pieds quand je vais à la pêche aux moules, mollusques et autres décapodes.
Le mouvement envisage des élections en novembre prochain pour asseoir sa légitimité.
Périodiquement l’on reparle de la tenue d’élections en Cisjordanie ou à Gaza. C’est l’antienne qui revient régulièrement au devant de l’actualité. Mais les conditions ne sont jamais réunies pour concrétiser le projet. Ismaïl Haniyeh, chef du Hamas [tooltips content= »Mouvement islamiste palestinien constitué d’une branche politique et d’une branche armée, principalement actif à Gaza »](1)[/tooltips], avait pourtant déclaré le 28 octobre 2019 que le Hamas était prêt à participer aux élections palestiniennes et à respecter les résultats à condition qu’elles se passent dans la transparence et en respectant les règles démocratiques. Mais le Hamas, qui est las d’attendre, veut prouver aujourd’hui sa légitimité par rapport au Fatah[tooltips content= »Le Fatah est le mouvement fondé par Yasser Arafat »](2)[/tooltips], en revenant au devant des électeurs. La dernière élection présidentielle palestinienne date du 9 janvier 2005 tandis que le parlement palestinien a été renouvelé le 25 janvier 2006 avec le résultat que l’on sait. C’est dire si les élus manquent de légitimité.
Élections limitées aux législatives
En tout état de cause, Yahia Sinwar, autre leader du Hamas, est disposé à organiser des élections à Gaza. Le président de la commission des élections, Hisham Kahil, a confirmé que le Hamas avait accepté de tenir les élections législatives en premier. Selon une déclaration du porte-parole du Hamas, Hazem Qassem : «le système électoral qui sera mis en œuvre lors des prochaines élections, de même que son mécanisme et sa programmation dans le temps, reposent sur le consensus national, la meilleure garantie pour des élections libres et transparentes. Quant à la participation du Hamas aux élections, qu’elle se fasse en solo ou avec un allié, elle sera discutée en temps voulu, comme sera discutée la participation des dirigeants du Hamas aux listes électorales. Mais ce qui est certain est notre participation forte et positive aussi bien aux élections législatives que présidentielles».
Encore faut-il, et ce n’est pas acquis, qu’un décret présidentiel en précise la date. Abdel Sattar Qassem, professeur de sciences politiques estime que «le problème avec le Hamas est qu’il manque de flexibilité politique et a des difficultés à établir des relations avec des gens qui se trouvent en dehors de son cercle organisationnel et idéologique. Le Hamas ne fait confiance qu’aux siens et ne fait que très rarement appel aux intellectuels. Il préfère le système des districts électoraux et ses options en matière d’alliance électorale sont limitées au djihad islamique». Certes le Hamas invite peu d’universitaires, de technocrates et d’hommes d’affaires dans ses listes alors qu’il a besoin de s’ouvrir en dehors de ses cercles habituels. Cette volonté de recourir à des élections législatives s’explique donc par les nombreux échecs du Hamas dus à son manque d’expérience dans travail gouvernemental.
On reparle donc d’élections législatives alors que le 26 septembre 2019, depuis la tribune des Nations unies, Mahmoud Abbas avait fait impression en promettant des élections en Cisjordanie, à Gaza et même à Jérusalem-Est. Bien sûr cette promesse n’a jamais été tenue. Le président de l’Autorité avait juste besoin d’entretenir une illusion pour rallumer une légitimité perdue et pour justifier son maintien au pouvoir.
Autoritarisme et corruption
La société palestinienne est lassée de l’autoritarisme et de la corruption de ses dirigeants vieillis et souhaite l’émergence d’une nouvelle génération de responsables politiques. Saëb Erekat, secrétaire général de l’OLP[tooltips content= »L’Organisation de libération de la Palestine est une organisation palestinienne politique et paramilitaire »](3)[/tooltips], qui occupe des responsabilités depuis de nombreuses années, est mal placé pour prétendre que «le changement est désormais son leitmotiv». Pour mettre un terme au déni de démocratie dont souffrent les Palestiniens, les élections sont indispensables pour renouer un lien de confiance avec l’Autorité. Pour Hanan Ashrawi (la Troisième voie) : «La démocratie n’est pas une option mais désormais une nécessité. Les élections doivent se tenir. Après tout, le seul levier dont les Palestiniens doivent s’emparer est la rénovation de leur situation politique intérieure».
Mais pour confirmer sa légitimité à Gaza et même en Cisjordanie, le Hamas veut organiser des élections en novembre 2020 pour se choisir un nouveau chef ou maintenir l’actuel leader en place. Trois prétendants vont être en lice. Yahya Sinwar, Ismaïl Haniyeh et le revenant Khaled Mechaal. Chacun d’eux est soutenu par un pays arabe différent. Sinwar bénéficie du soutien de l’Égypte. Khaled Mechaal, ancien chef du Hamas jusqu’en 2017, est l’homme de la Turquie et du Qatar qui financent le Hamas. Ismaïl Haniyeh, actuel président du bureau politique du Hamas, est l’homme de la Turquie et de l’Iran. Un candidat pourrait créer la surprise en la personne de Saleh El-Arouri, adjoint de Haniyeh. Malgré ce semblant de démocratie, le Conseil de la Choura du Hamas est seul maitre pour organiser dans le secret les élections et pour désigner les candidats.
Besoin d’un nouveau leader
A Gaza, on compte sur le leader élu qui dirigera le Hamas vers une nouvelle stratégie à la lumière des nouveaux développements au Moyen-Orient. Sous la poussée de l’Égypte, certains dirigeants de Gaza sont favorables à un accord avec Israël qui mettra fin aux représailles, qui leur permettra de recevoir une aide continue du Qatar, qui autorisera l’entrée de 10 000 travailleurs en Israël, qui étendra la zone de pêche au large de Gaza et qui développera les zones industrielles à la limite des deux pays. Cette stratégie de collaboration est critiquée par l’Autorité palestinienne qui reste très attachée au statu quo.
Une invitation à tolérer les fictions de « Valeurs actuelles »
En 1765, Voltaire écrit un savoureux pamphlet De l’horrible danger de la lecture. Depuis son « Grand palais de la stupidité », le grand muphti, Joussouf Chéribi écrit, du fond de l’Empire ottoman, un édit, destiné à un pays appelé « Frankrom », visant à interdire l’imprimerie. Ce texte nous parvient avec une fraîcheur inégalée à travers les siècles comme une satire, toujours vivace, de l’obscurantisme et de la censure. Dans cette fiction, la condamnation de l’imprimerie s’impose car « communiquer les pensées tend à dissiper l’ignorance qui est la gardienne et la sauvegarde des Etats bien policés. » Après le procès fait par un collectif d’Outre-Mer à l’historien Pétré-Grenouilleau en 2006, un cran (sans jeu de mots) est franchi, aujourd’hui, avec la menace qui pèse sur Geoffroy Lejeune. Quelle maladresse politique pour la députée française, Danièle Obono, que de s’exempter du droit de faire partie d’une fiction ! Doit-elle être écartée donc discriminée ?
Finies les tonalités, les nuances
Madame Obono parle de l’insulte faite à ses aïeux à travers elle. Rafraîchissons-lui la mémoire de certains de ses ancêtres plus proches. En 1948, a paru, sous la plume de celui qui fut à la fois poète et président de la République du Sénégal, Léopold Senghor, Une anthologie de la poésie nègre parrainée par le professeur Charles-André Julien et Sartre. Manifeste de la négritude, cette anthologie commémore la révolution de 1848 abolissant l’esclavage et instituant l’instruction laïque et obligatoire dans les pays ultra marins (ex colonies). Entrèrent, le 20 mai 2019, en même temps, au Panthéon, Victor Schoëlcher et le résistant guyanais, Félix Eboué. Bien sûr que le concept de négritude et de créolité créé entre les deux guerres, donne, encore, matière à réflexion voire est source de divisions. Mais en aucun cas, les thèses indigénistes ne devraient être source de violence. Il devrait en être de même pour le passé et la langue : accepter le passé sans attiser de rancœur stérile puisqu’il n’y a plus de « colonies ». Ces écrivains dont je parle sont-ils les ancêtres de Danièle Obono ? Ou les récuse-t-elle ? Senghor a été ce qu’il est grâce à « la Grande Ecole ».
L’affaire Obono révèle surtout la manière dont on lit, écoute, reçoit les informations. La plupart des journalistes ont pris parti sans avoir lu le texte mais après avoir vu seulement les images, comme disent les enfants. C’est consternant. « Les politiques français ne lisent plus, ils twittent » dit justement Didier Desrimais dans un article de Causeur. Nous voulons renchérir ici sur les dangers qui menacent la vie de la pensée : l’image et la vitesse, le cumul d’informations qui tuent la réflexion, l’information et non plus l’analyse. On clashe, on tacle. On minute le temps de lecture d’un article. Une maison d’édition vient même de publier les tweets du Pape. L’émotion remplace l’intelligence. On fait des emojis et des emoticons. Ou des cœurs. Abolie la distinction de l’humour qui caresse et de l’ironie qui blesse. Finies les tonalités, les nuances.
L’ère du premier degré
Surtout, le détour par la littérature n’est plus senti comme nécessaire : tout doit être de l’ordre de l’informatif et du premier degré. La syntaxe doit être élémentaire. Dans le livre XV de l’Esprit des Lois, Montesquieu, utilisant le masque (décidément) d’un esclavagiste, propose une argumentation faussée pour dénoncer l’esclavage. Exemple type de l’ironie que donne le professeur pour initier ses élèves à l’efficacité de l’argumentation. Le 9 août 2019, un youtubeur connu accuse Montesquieu de « pratiquer (sic) la « négrophobie ». L’affaire est relayée un temps pas Libé pais retirée. Dans l’Education Nationale, les professeurs ne font plus étudier le texte de Montesquieu. Or, c’est par le biais de la fiction que les auteurs de Valeurs Actuelles ont voulu faire prendre conscience du discours faussé que certains imposent de la traite négrière.
Imaginons, pour finir, le pamphlet de Voltaire publié aujourd’hui à Valeurs Actuelles. Beaucoup de lecteurs n’auraient peut-être rien compris au texte. Une idée pour le feuilleton estival prochain de Valeurs Actuelles : transporter Voltaire, Diderot, Montesquieu à notre époque. Un parler cash, informatif, rendrait-il les époques, l’atmosphère, les personnages et les sujets ? En attendant, le sort fait à Geoffroy Lejeune aurait dû susciter une levée de boucliers.
Plus que le critique, le comédien, le musicien et le danseur, c’est l’ouvreuse qui passe sa vie dans les salles de spectacle. Laissons donc sa petite lampe éclairer notre lanterne !
Condition n° 1 pour diriger une ville verte : avoir lu Cyrulnik. Résilience, tout est résilience. Le dico dit : « Qualité de quelqu’un qui ne se décourage pas, ne se laisse pas abattre.» Et ne pas se laisser abattre, les Verts ont ça dans le tronc.
À Lyon, le nouveau maire a nommé un ingénieur antiréchauffement « adjoint à la politique de résilience et rapport développement durable ». À Strasbourg, la deuxième adjointe « sera en charge de la ville résiliente ». Bordeaux s’est trouvé un « adjoint en charge de l’urbanisme résilient ». Tous ces fins psychologues le jurent en chœur : on va vous le guérir, votre monde traumatisé par la bagnole et l’espèce humaine. Détachez vos ceintures, ça va résilier.
L’écolo nouveau évidemment ne s’arrête pas là. Il s’indigne du malbâti, s’inquiète de la « santé environnementale », verdit les gares, dessine des pistes (re)cyclables. Prône l’humour municipal : à Strasbourg un adjoint « en charge de l’accueil des populations, et des services funéraires » ; à Marseille un adjoint à l’« emploi et tourisme durable ». Et, comme tout le monde, se pique de culture.
Vous savez l’histoire. Au temps jadis, le Parti socialiste n’ayant aucune « politique culturelle » particulière (hors les pyramides du pharaon Mitterrand dont le socialisme n’a jamais été prouvé), la gauche s’en remettait au Parti communiste qui, lui, en avait une de politique culturelle, théorisée par son adhérent star, le metteur en scène Antoine Vitez : « élitisme pour tous ». Matisse pour tous, Molière pour tous, Mozart pour tous. Mais à peine couronné, le pharaon Mitterrand écrase le PCF, le mur de Berlin achève la bête, le socialisme se convertit au sociétalisme, le rouge au vert et réciproquement. L’élitisme pour tous tombe dans le coma.
Passent les jours et passent les semaines. L’écolo descend, l’écolo monte, gagne des villes et annonce la couleur : pas vert prairie, vert tank. Guerre aux vieux rêves ! Plus question de peuple élite, il veut du participatif, du déconstruit. Pour un élu communiste d’avant 89, Beethoven était un trésor populaire confisqué par les riches. Pour un élu vert, Beethoven est un vieux mâle blanc, méprisable vestige du passé colonial. Poubelle.
En 2014, la mairie de Rennes propulse aux affaires culturelles un ancien bassiste rock-reggae qui « travaille sur une meilleure gestion publique de la fête ». Au même instant le nouveau maire de Grenoble coupe les vivres à son orchestre, met deux théâtres sur la paille et assèche la MC2, maison de la culture modèle depuis Malraux. Le théâtreux Joël Pommerat, qui n’a pas trop le cœur à droite, dénonce la chute « libérale et populiste » des Verts fumée, marionnettes de Disney sans le savoir.
Six ans plus tard, deuxième vague. Le maire de Bordeaux confie ses arts à un paysagiste associatif qui prétend « désinstitutionnaliser » la culture et auditer l’Opéra. Le maire de Marseille trouve que « les décors de l’Opéra coûtent très cher pour un nombre réduit de représentations ». Collombienne passée mélanchonnoise, l’adjointe lyonnaise à la Culture aime tellement son nouveau job que, fin août, quand vous cliquiez le signet Culture sur le site de la mairie, apparaissait un panneau « 404 – PAGE NON TROUVÉE – Ooops – Cette page n’existe pas ». Festif de chez festif. Qu’est-ce qu’on va être heureuses dans la ville nouvelle, nous autres les ouvreuses !
Parution de la correspondance entre le créateur de Nestor Burma et l’éditeur François Guérif.
Parfois, on oublie pourquoi on a aimé un auteur passionnément. Les années passent, on ne sait plus très bien ce qui a motivé un béguin de jeunesse, un emballement pour cette littérature dissidente qui catapulte les bons sentiments et les écrase sur le bitume délavé avec hargne. On s’embourgeoise, on lit désormais l’Ecclésiaste, on se pique de philosophie antique, on lorgne du côté des moralistes et on finit par passer à la télé dans une émission grand public. Demain, on signera, peut-être, sous la lumière blafarde d’une galerie marchande comme un ex-président en promotion perpétuelle.
L’amertume jouissive
Et puis, on tombe, par hasard, sur la correspondance entre Léo Malet et François Guérif, un amoncellement de lettres et dédicaces qui court entre 1972 et 1989, portant le titre aguicheur de Mon vieux Guérif, publié par La Grange Batelière, dans un beau volume qui s’adresse aux « collectionneurs avertis ». La bibliophilie m’ennuie quand elle sert à faire reluire l’égo et décorer les appartements sans charme des beaux quartiers. Mais là, j’ai retrouvé, intact et vipérin, mon Léo, toujours aussi instable et inguérissable, avec cette aigreur cristalline qui coule dans ses veines d’écrivain jamais installé, jamais content, jamais serein, en proie à une amertume jouissive. Malet (1909-1996) n’est pas un cajoleur du soir, un auteur pour pédagogues et humanistes en quête d’un message, c’est un surréaliste égaré dans les faubourgs du crime, un anar inconsolable de son cher foyer végétalien. Un anti-Maigret, plus qu’un anti-Simenon. Le véritable déchiqueteur de la littérature policière qui détourne le genre américain, détective à galurin et trench-coat pour l’assimiler au biotope parisien.
Avec lui, le polar français avait trouvé son instigateur féroce et désabusé. Le pont de Tolbiac, le Boul’mich’, ou le 120, rue de la Gare dépassaient leur topographie absurde pour une existence littéraire, donc immortelle. Dans ces échanges épistolaires entre Guérif, jeune éditeur et directeur de la revue Polar et le vieux matou Malet, il y a presque une étude de cas sur la difficulté de vivre de sa plume dans la deuxième moitié du XXème siècle. Avec Malet, on entre directement dans la plaie, on n’a pas la prétention de parler littérature, on en vient à l’essentiel : le bifteck ! On écrit pour payer le loyer et les factures d’un pavillon de banlieue. On se bat pour ses droits. On lutte avec son éditeur pour lui arracher un pourcentage ridicule. On espère une adaptation ciné. On fait du gringue aux acteurs célèbres avec l’espoir que ses livres de poche à deux sous rapportent, un jour, un peu de monnaie. Voilà la réalité quotidienne, misérable souvent, d’un auteur, dernier maillon d’une chaîne et malgré tout acteur principal d’un business qui le dépasse et qui le gobe « tout cru ».
Un mauvais coucheur qui ne tend pas la sébile
Au début de leurs relations, Malet lui donne du « Cher monsieur », puis du « Mon cher supporter » et passe rapido à « Mon cher Guérif » pour définitivement lui balancer du « Mon vieux Guérif ». Ceux qui ont lu Malet et apprécié son dilettantisme rageur mais aussi ses œuvres plus anciennes publiées sous une myriade de pseudonymes (Frank Harding, Léo Latimer, etc…) ne seront pas dépaysés. Le bonhomme est d’une nature instable. Pas de la race des animaux de salons et cercles emperlousés. Malet, c’est une contrée sauvage avec ses codes et ses manières, l’argot, la fureur, la belle Hélène, la poisse et cette délicieuse impression que la rédemption est une histoire pour nigauds. On est déniaisé en lisant Burma, puis inévitablement emporté par ce parfum « Vieux Paris ». Il y a un cousinage avec Villon et tous les damnés du stylo bille. Dans ce paquet de lettres jaunies, on apprend l’origine de Marc Covet : « Lorsqu’il m’a fallu choisir un nom pour le complice de Nestor Burma, j’ai pensé à un autre complice, celui de Lupin dans 813 : un nommé Marco. Alors… Marco… MarCo… vet. Moralité : Burma doit à Fu-Manchu et Marc Covet à Lupin ».
Malet est un mauvais coucheur qui ne tend pas la sébile, son caractère de cochon a quelque chose de merveilleusement frais dans une époque où la transparence est de mise. Il ne cache pas son admiration pour le vénérable Albert Simonin ou Alain Corneau (« c’est le seul réalisateur actuel qui traite avec sincérité le genre que nous aimons »), il cherche à se procurer l’adresse personnelle d’Eddy Mitchell, il s’amuse à envoyer des cartes de vœux pornographiques (montages mariant ses titres de livres et des photos cochonnes), il dit que les enfants l’ont toujours emmerdé et il évoque ses souvenirs de cinéma quand il fut introduit dans cette profession par Prévert. Cette liqueur de noirceur est à boire cul-sec !
Mon vieux Guérif – Lettres & dédicaces pour collectionneurs avertis de Léo Malet à François Guérif – La Grange Batelière.
Quand j’assiste à cette lutte stérile contre une pandémie qui sera inévitablement suivie par d’autres catastrophes sanitaires, je songe à ce proverbe tibétain : « Il est inutile de chercher à faire reculer le glacier. »
D’ailleurs personne ne peut prévoir ni où, ni quand les abîmes avaleront les hommes, ni où et quand ils les recracheront.
Quand on a compris cela, on est en phase avec Paul Léautaud qui notait dans son journal (je cite de mémoire) qu’un homme ou une femme qui vieillit seul dans un troisième étage, ça a quand même plus d’allure et de gueule qu’un vieillard entouré de ses petits enfants.
Pour moi qui végète seul au cinquième étage sans ascenseur, il ne me reste plus qu’à cultiver ma mélancolie, sentiment admirable et que je conseille à chacun. Avec précaution cependant : la seule jeune fille qui ait passé quelques nuits avec moi pendant le confinement sans aucune précaution est maintenant à l’hôpital psychiatrique.
Il convient de déguster le malheur d’être né, mais sans en abuser. Il est vrai que l’extrême jeunesse vous pousse à l’excès et qu’on en apprend plus sur l’existence à l’asile de fous ou en prison que sur les bancs de Sciences Po. Tout semble inessentiel et ornemental à côté, y compris ce que vous venez de lire. Conclusion de Camus : « Une seule chose est plus tragique que la souffrance et c’est la vie d’un homme heureux. »
Dante, en célébrant la femme comme moyen d’atteindre le divin, montre le caractère indispensable de la différenciation des sexes.
On sait combien une liberté sans bornes est source de désordres et tout autant combien les contraintes peuvent être fécondes. Ce principe à la fois esthétique et politique me donne l’occasion de m’exprimer sur l’actualité la plus amère, hélas, à partir d’un poème – un chef-d’œuvre universel dont je viens d’achever la traduction en français pour les éditions La Dogana de Genève : La Divine Comédie, de Dante Alighieri, homme politique et poète, penseur de la Cité et visiteur visionnaire de l’outre-tombe.
Je vais développer deux thèmes extraordinairement modernes que bien peu de gens semblent avoir perçus dans son œuvre, peut-être parce que, selon la leçon d’Edgar Poe (dans La lettre volée), les choses trop évidentes sont invisibles.
Quand Dante invente le mot transhumanisme
Le concept de « transhumanisme » nous paraît incroyablement contemporain. Il semble que le mot français soit né en 1957, et son développement socio-politique ne date que des années 80. Aucun dictionnaire à ma connaissance ne mentionne pourtant que le mot, « trasumanar » que je traduis par « transhumaner » apparaît pour la première fois dans l’histoire de l’Occident sous la plume de Dante, il y a donc sept cents ans, dans le premier chant du Paradis (v. 70) :
Dans les sphères éternelles, Béatrice Tenait fixés ses yeux, et moi en elle Je mis les miens (…). Et lors je me sentis devenir comme Devint Glaucos lorsqu’il goûta cette herbe Qui, en mer, le fit pair des autres dieux Transhumaner ne se pourrait traduire En mots mortels, mais suffise l’exemple À qui la grâce en garde l’expérience…
Fameux créateur de néologismes, Dante ne se prive pas ici d’innover d’une étonnante manière pour traduire un concept central du christianisme : la déification de l’homme sauvé. « Dieu s’est fait homme pour que l’homme se fasse Dieu », disait saint Irénée de Lyon. Cette dimension verticale de la mutation de notre espèce est évidemment aux antipodes des mutations et manipulations esthétiques, génétiques, voire robotiques, qui sont pour notre malheur en train de prendre valeur de normes.
Le « transhumanisme » non chrétien est non seulement un des signes particulièrement inquiétants du caprice infantile (« J’ai droit à tout ») qui marque les sociétés post-modernes, mais il est surtout − à l’opposé exact du concept dantesque − dans l’horizontalité matérielle, dans le prolongement maximal de la vie physique, dans la volonté d’extension ad infinitum de ce qui par essence est transitoire, soumis aux contingences, aux limites et à la mort. C’est une entreprise vraiment prométhéenne, une activation moderne de l’hubris (la démesure) qui, comme le savaient les Anciens, s’achève toujours par le châtiment. Que ce programme, qui finira de toute évidence dans l’eugénisme, réalise sous des aspects « progressistes » le rêve nazi est déjà significatif.
L’Enfer de La Divine Comédie, préfiguration du transhumanisme
Enfants programmés, enfants sans père, ou issus de plusieurs mères, enfants sans origine ou confrontés à l’absurde de deux pères dont l’un est une femme (cas rencontré en psychopathologie d’une femme ayant gardé son appareil reproductif tout en offrant l’apparence d’un solide gaillard barbu et… enceint de son compagnon !), adultes transgenres, citoyens pucés, vieillards liftés, prolongés jusqu’à la congélation, hybrides d’un nouveau genre, tout annonce une apocalypse anthropologique. Il suffira de descendre dans l’Enfer de Dante pour entrevoir les figures de ce monde futur…
En attendant, revenons au Paradis, à la « transhumanisation » du poète, et observons comment se réalise cette mutation : « Béatrice tenait fixés ses yeux, / et moi en elle (…) / je mis les miens (…). Et lors je me sentis (…) transhumaner… » Oui, chose admirable qui n’entache en rien la pureté doctrinale du christianisme de Dante, le véhicule de la transhumanisation, et de la transmutation de l’homme en Dieu, c’est-à-dire en l’Amour, passe ici par les yeux d’une femme ! – Nous ne saurons jamais faire la part exacte entre l’expérience autobiographique et la représentation littéraire de l’amour qu’éprouva Dante pour la jeune Béatrice, si vite condamnée à passer dans l’outre-monde.
Mais ce dont nous pouvons être sûr, c’est que cette expérience amoureuse fut fondamentale dans la maturation humaine et poétique de Dante et que, dans la Comédie, le poète porte à son point d’incandescence un processus issu, à ce qu’il semble, de la mystique musulmane[tooltips content= »A travers l’expérience amoureuse du Cheikh Ibn ‘Arabî pour la jeune Persanne Nezhâm. On verra là-dessus les travaux de l’abbé Asin Palacios dans La Escatologia musulmana en la « Divina Comedia », ainsi que L’Imagination créatrice dans le soufisme d’Ibn ‘Arabî d’Henry Corbin. »](1)[/tooltips] et de l’amour courtois des troubadours.
Transhumanisme chrétien contre néoféminisme
Ce qui nous importe, c’est que – à l’extrême opposé du néo-féminisme haineux d’aujourd’hui − Dante adopte et magnifie l’idéalisation de la femme qu’avait esquissée ses prédécesseurs pour en faire non seulement un signe[tooltips content= »« Dieu est beau et il aime la beauté », dit un hadith cher à au soufisme. »](2)[/tooltips], mais un conducteur vers la Divinité. C’est le véritable manifeste d’un féminisme transcendantal.
Le guide initial de Dante dans son voyage à travers l’Enfer et le Purgatoire n’était autre que Virgile, image idéale du Père, mais c’est Béatrice qui va remplacer au Paradis le poète latin pour initier l’apprenti florentin à la Vision de Dieu. Or, cette mise en perspective du masculin et du féminin, requiert non seulement la distinction des sexes, mais la supériorité mystique de la femme sur l’homme !
On aura beau jeu de rétorquer que cette idéalisation n’est que le masque d’une domination: la «soumission» féminine, réelle ou prétendue, des cultures méditerranéennes n’est souvent que le revers de la supériorité symbolique de la femme. On ne sous-estimera certes pas la violence que subissent si souvent les femmes, mais cette violence masculine est justement le témoin paradoxal de la peur panique de l’homme face à l’abîme du féminin.
Pas de monde humain sans différence sexuelle
« La différence des sexes est précieuse. Elle est inaliénable. Elle est une frontière qui fend et ouvre le monde en deux depuis le premier souffle de l’humanité historique. Elle est la marque ineffaçable de la condition humaine » écrit justement Eugénie Bastié dans Adieu Mademoiselle. Dante, nous enseignait déjà qu’un autre rapport est possible, qui place la différence féminine au cœur de l’expérience amoureuse et spirituelle. On pourrait en voir une préfiguration dans la découverte que font les saintes femmes, et non les apôtres, du Tombeau vide du Christ et donc de sa résurrection.
Pas de monde humain sans sexuation, pas de vraie naissance sans conjonction amoureuse entre homme et femme, pas d’accès au ciel sans mères, amantes ou sœurs. C’est cela qu’on tente aujourd’hui de radier du réel.
Qu’il s’agisse de la linguistique, de la médecine ou de la démocratie parlementaire, rien ne résiste plus aux délires revendicateurs des minorités progressistes, soutenues par leurs « alliés » blancs. Jeremy Stubbs choisit pour vous les meilleurs contes de la folie « woke »
Nous pouvons parler aujourd’hui d’une Route de la folie, comme il y avait autrefois une Route de la soie. Au lieu de nous fournir en épices et étoffes précieuses, cette nouvelle voie royale nous apporte des folies progressistes, non pas de l’Asie, mais des Amériques. Au lieu de nous nourrir et de nous élever, les biens en question nous appauvrissent, nous rabaissent et nous empoisonnent.
Casse-tête chinois
Aux États-Unis cette semaine, on a beaucoup parlé de l’histoire du professeur de communication de l’école de management de l’Université de Californie du Sud, dénoncé pour avoir prononcé devant ses élèves un mot chinois qui sonne vaguement comme le « N-word ». Le 20 août, sur l’incontournable application Zoom, Greg Patton donne un cours sur la rhétorique dans lequel il parle de l’exploitation dramatique des pauses, ce qui l’amène à parler des explétifs, ces mots qu’on utilise pour meubler, pendant qu’on réfléchit à ce qu’on va dire – en français, « eh bien », « bon », « d’accord. » Les Chinois, explique Patton, répètent leur mot pour « ce », à savoir « nei ge », et le professeur donne l’exemple : « néga néga néga. »
Le lendemain, les autorités universitaires reçoivent une lettre anonyme, mais qui prétend parler au nom de chaque Afro-Américain de la promotion, assénant que Patton a « offensé tous les étudiants noirs de la classe. » Une semaine plus tard, l’École annonce qu’un autre professeur remplacera Patton pour ce cours et propose un accompagnement psychologique à tous ceux qui en ont besoin suite à cet épisode traumatique. Patton lui-même écrit une lettre d’excuses, expliquant qu’il avait essayé de donner plus d’exemples internationaux afin se montrer plus inclusif et ouvert à la diversité. Cela lui apprendra. Justement, sur les médias sociaux, des Chinois aux États-Unis et jusqu’en Chine ont protesté contre le fait que la réprimande faite à Patton constitue une dépréciation implicite de leur langue. Non sans raison. Dans ce chaos de revendications, on distingue bien la vraie erreur de Greg Patton, celle qui consiste à naître blanc. C’est sans appel.
Peur bleue
Nous avons ici un parfait exemple de l’infinie vulnérabilité des institutions à la moindre pression des groupes minoritaires. Si de tels délires partent de l’Amérique à l’assaut de l’Europe, leur tête de pont est le Royaume-Uni. Il y a vingt ans, Londres était surnommé « Londonistan » car la ville accueillait de nombreux extrémistes musulmans. Aujourd’hui, on pourrait le rebaptiser « Wokistan. » Le mot « woke » désigne, bien entendu, cette nouvelle idéologie qui s’efforce d’agréger toutes les réclamations de toutes les minorités, avec l’objectif assumé de détruire le patriarcat. Aucune concession ne peut être faite, ni aux Blancs, ni aux hommes, ni aux hétéros qui sont coupables de tous les maux, ceux de l’histoire et ceux du monde actuel. Aujourd’hui, les institutions britanniques tombent, non l’une après l’autre, mais presque toutes en même temps, entre les mains des groupes quérulents qui, en marionnettistes chevronnés, manipulent les directeurs et les groupes de travail de ces organisations. Prenons l’exemple de l’enseignement de la médecine. Parmi les signes contribuant au diagnostic de certaines maladies, on trouve le changement de la couleur de la peau, par exemple celle des doigts qui peuvent devenir bleus. Ce fait est relevé dans les manuels de médecine. Mais ceux-ci ne parlent pas du fait que le bleu caractérise les patients blancs : dans le cas des Noirs, par exemple, les doigts seraient plutôt gris. Cette omission est-elle un symptôme du suprématisme blanc ? Un étudiant noir de l’Université de Londres, Malone Mukwende, a compilé une liste illustrée des signes épidermiques qui sont différentes chez les personnes de couleur. En tant que supplément nécessaire aux manuels existants, on ne peut que louer ce travail. Le problème réside dans la rhétorique délétère qui entoure ce type de projet. Saluant des initiatives similaires, le professeur Joseph Harland de l’Université de Bristol déclare, non que les programmes d’enseignement soient incomplets, mais qu’ils sont « racistes » et ont « besoin d’être décolonisés ». Harland est blanc. Il appartient à cette catégorie de Blancs qui, pour se racheter aux yeux des minorités, se complaisent à dénoncer publiquement le racisme des autres Blancs. Dans le jargon woke, un tel acteur s’appelle un « allié » et sa posture d’allié, dans un anglais barbare, « allyship ». Visiblement très à gauche et totalement woke, il a pondu sur Twitter un chef-d’œuvre de mauvaise foi, avec une syntaxe torturée, proclamant à qui veut l’entendre que : « en tant qu’homme blanc qui contribue à conduire les changements propulsés par l’engagement en faveur de la décolonisation de notre programme et en adoptant une approche antiraciste, j’espère pouvoir faire preuve des qualités d’un bon allié, mais je ne fais pas ça pour être louangé. Je ne le mérite pas. » En langage clair : « Je mérite des louanges. Ne soyez pas avares de compliments ! »
As a white man helping to lead changes that are driven by a commitment to decolonising our curriculum and taking an anti-racist approach I hope I can demonstrate good white allyship, but I am NOT sharing this for accolades. I don’t deserve it. This work shouldn’t need to be done.
On repère aisément de tels alliés – ou plutôt vendus. De la même façon que les autorités universitaires californiennes ont préféré capituler plutôt que de défendre Patton, les directeurs des musées et bibliothèques londoniens dénoncent leurs propres collections afin de se concilier les bonnes grâces des minorités. A la British Library, l’équivalent de la Bibliothèque nationale, la bibliothécaire en chef, Liz Jolly (blanche comme neige), affirme, dans une vidéo récente destinée aux salariés, que « le racisme est une création des Blancs. » Selon un groupe de travail créé par le personnel, le « daltonisme racial » (colour-blindness) – le refus de juger les personnes selon leur race – et la croyance en « une seule et unique famille humaine » constituent « une forme dissimulée de suprématie blanche. » En outre, le personnage de Mr Punch, l’équivalent du Guignol lyonnais, serait un symbole de la « violence coloniale », tandis que le bâtiment historique de la bibliothèque, dessinée par un architecte naval et présentant quelques fenêtres rondes qui ressemblent à des hublots, aurait l’apparence répréhensible d’un navire de guerre symbolisant l’impérialisme britannique. Sans parler d’une lettre contresignée par 200 salariés qui annonce qu’il y a « un état d’urgence raciale » à la bibliothèque et exige que les employés appartenant aux minorités ethniques aient un droit de regard sur toutes les suppressions de poste et certaines promotions touchant les membres de ces mêmes minorités. Dans la salle de lecture, l’espérance de vie des bustes de Mozart et de Mendelssohn serait en doute, car ils représenteraient une histoire de la musique excessivement blanche. Au Musée d’histoire naturelle, un audit interne a conclu que certains spécimens rapportés par Charles Darwin de son voyage historique aux Îles Galapagos pourraient se révéler problématiques car il s’agissait d’une expédition plus colonialiste que scientifique. Un document de réflexion par un des conservateurs soutient que tous les musées ont été créés afin de « légitimer une idéologie raciste. » Conclusion ? Il faut les « décoloniser. » Le directeur a proféré ces paroles aussi sinistres que lourds de sens : « Nous devons nous éduquer. » On se demande quelle forme une telle éducation peut bien revêtir.
Liz Jolly
Des Mères castratrices
Au mois d’août, la tranquillité relative de la saison des vacances a été troublée par l’histoire – relayée en France par nos confrères de Valeurs actuellesd’un laboratoire nucléaire travaillant pour le gouvernement américain. Un des salariés de ce laboratoire aurait été suspendu après avoir essayé de mener une véritable rébellion contre un programme de formation, non dépourvue de violence psychologique, destinée à libérer les employés blancs de leurs préjugés raciaux inconscients. Pour se faire une idée de la nature d’une telle formation, on n’a qu’à consulter une vidéo qui, quoique datant de 2017, a été partagée sur Twitter cette semaine. On y fait connaissance avec l’Américaine, Ashleigh Shackelford, qui se définit à la fois comme une « artiste multidisciplinaire » noire et « une métamorphe non-binaire ». D’apparence nettement féminine, de forme amplement maternelle, on la trouve dans une salle de formation en train d’informer son public que « tous les Blancs sont racistes » et que, plus surprenant quand même, « je crois que les Blancs sont nés pour ne pas être humains ». Le tableau blanc à côté d’elle exhibe son adresse PayPal pour permettre aux Blancs d’expier financièrement leur culpabilité. Car, à la fin, la question éthique se double toujours d’une question d’argent.
Si on suit la Route de la folie en traversant à nouveau l’Atlantique, on peut mieux apprécier toute la dimension pécuniaire. Car on a appris cette semaine que le Parlement de Londres, la « mère des parlements », aurait payé pas loin d’un million d’euros de l’argent du contribuable afin de former les députés à la vision historique et au langage woke.
Une société de consultants, Challenge Consultancy, a ainsi révélé aux élus que, par exemple, l’usage de mots comme « dame » (lady) ou « retraité » (pensioner) constitue une offense. La fondatrice de la société, l’air très sympathique, maternelle, joviale, utilise une grande marionnette bleue pour incarner les préjugés inconscients dans des saynètes « humoristiques. » Certains parlementaires ont osé se plaindre d’être infantilisés. Presque 40 000 fonctionnaires, des salariés de la BBC et les membres du jury des Oscars auraient subi une rééducation similaire.
Capture d’écran du site dailymail.co.uk
Tous des guignols
Enfin, cette semaine, le compte Twitter de l’ONU a posté un extrait d’un discours de son Secrétaire général, Antonio Guterres, selon lequel la crise du coronavirus a démontré que « des millénaires de patriarcat » ont créé « un monde et une culture dominés par les hommes et préjudiciables à tout le monde ».
The #COVID19 pandemic is demonstrating what we all know: millennia of patriarchy have resulted in a male-dominated world with a male-dominated culture which damages everyone – women, men, girls & boys.
La folie tend donc à devenir planétaire. Peut-être que nous ne sommes tous que des marionnettes futiles qui, comme le dit le poète persan, Omar Khayyam, sur le Théâtre du temps faisons trois petits tours avant de retomber dans la boîte du néant. A cet égard, je crois bien à l’existence d’une seule et unique famille humaine.
JD, l’homme belge surnommé « le troll aux mille pseudos » chez nos voisins du nord, et contre lequel des plaintes pour harcèlement sont déposées, livre sa propre version des faits à Aurore Van Opstal.
Myriam Leroy est une journaliste, écrivain et chroniqueuse belge. Elle est connue, entre autres, pour avoir participé à l’émission « La Nouvelle Édition » présentée par Ali Baddou sur Canal+ en 2013 où elle a réalisé une chronique sur Dieudonné qui lui a voulu un torrent d’insultes sur Internet.
En 2016, elle porte plainte pour harcèlement, pour la troisième fois, contre un homme qu’on présente, en Belgique, à présent, sous ses initiales : JD. Les deux premières plaintes ont été classées sans suite. Suite à cette dernière plainte, JD est renvoyé en correctionnelle.
En 2019, Leroy sort son deuxième roman aux éditions du Seuil, intitulé Les Yeux Rouges dans lequel elle raconte un harcèlement sur les réseaux sociaux par un dénommé « Denis ». Elle indique, en interview, s’être basée sur sa propre histoire et que Denis est le fruit d’un mélange de harceleurs à qui elle a eu affaire. Qu’elle est harcelée car elle est femme. Qu’il s’agit de misogynie.
Alors que l’ensemble de la presse belge semble d’ores et déjà avoir condamné JD, nous donnons la parole au présumé harceleur, surnommé « le troll aux mille pseudos » jusqu’ici jamais interrogé dans la presse belge et francophone. Rencontre.
Aurore Van Opstal. Vous êtes J.D., l’homme cité par les médias belges comme étant renvoyé au Tribunal correctionnel pour le harcèlement de la journaliste et écrivaine Myriam Leroy. Pouvez-vous brièvement vous présenter et nous expliquer comment vous avez commencé à interagir avec la plaignante ?
Je suis un père de famille de 42 ans vivant à Bruxelles. En parallèle d’une carrière en banque, j’ai souvent fait du journalisme en amateur. Je fais surtout de la critique musicale, mais pas que. De 2011 à 2015, j’ai tenu un blog culturel au ton incisif qui a eu un petit succès d’estime en Belgique. J’étais spécialisé dans les critiques cinglantes, avec une approche satirique et une liberté de ton à la Charlie Hebdo ou Hara-Kiri. J’abordais aussi volontiers des sujets polémiques. Madame Leroy, que j’avais déjà rencontrée, s’illustrait à l’époque dans une rubrique radio sur Pure FM dont le titre était Myriam Leroy n’aime pas. Comme le nom le laisse supposer, il s’agissait de critiques exclusivement négatives et parfois très cruelles : elle clashait quiconque n’avait pas l’heur de lui plaire. Elle a notamment tourné en dérision un jeune « sosie » belge de Justin Bieber qui, comme c’était prévisible, a ensuite été victime de nombreuses moqueries et commentaires méchants sur les réseaux sociaux. Elle se moquait aussi avec condescendance des candidates au concours Miss Belgique… Bref, des moqueries faciles ; je trouvais qu’elle enfonçait beaucoup de portes ouvertes. C’est dans ce contexte que j’ai souhaité prendre cette journaliste-sniper pour cible à mon tour dans une chronique de blog. A ma grande surprise, elle l’a très mal pris et a répondu via Facebook avec beaucoup d’agressivité, incitant au passage son public à s’en prendre à moi via réseaux sociaux. Ce à quoi j’ai à nouveau répondu. Ensuite, il y a eu une certaine surenchère… Mais cela a commencé comme ça : un « cyberclash » entre un blogueur indépendant et une journaliste établie qui pouvait critiquer tout le monde mais n’acceptait pas de l’être en retour. C’est en tout cas mon ressenti personnel.
Myriam Leroy a publié l’an dernier un roman, Les Yeux Rouges (Editions Le Seuil), qui met en scène son expérience de cyberharcèlement sous couvert de fiction. Dans quelle mesure vous êtes-vous reconnu dans le personnage de Denis, son sinistre bourreau ?
Pour moi, je ne suis pas ce Denis. Je ne me suis absolument pas reconnu dans ce personnage et les interactions que la narratrice du livre a avec lui ne sont en rien semblables à ce qu’il s’est passé dans la vraie vie. La rencontre, déjà. Myriam Leroy présente son harceleur comme un admirateur anonyme et extrêmement pressant qui l’aurait contactée par Facebook. Dans la réalité, j’ai rencontré Madame Leroy par hasard en 2011. C’était avant qu’elle soit connue médiatiquement. Elle était à l’époque animatrice météo sur une radio locale à l’audience limitée.
Aucun média belge n’a eu le courage de relativiser la gravité des charges qui pèsent contre moi: le grand-public est incité à penser qu’il s’agit de faits très graves. (…) Cette affaire prend tout simplement des proportions dramatiques et totalement disproportionnées!
Après notre rencontre, elle est devenue lectrice assidue de mon blog et m’a un jour écrit en privé qu’elle trouvait mon personnage de blogueur « fascinant« , elle me disait consulter mon site plus souvent que je l’actualisais (Aurore Van Opstal a pu prendre connaissance de copies de ces messages NDLR). Par la suite, lorsqu’elle est devenue connue grâce au succès de sa chronique radio impertinente, elle m’a demandé si je n’avais pas des idées de thèmes à y aborder… Nos conversations étaient cordiales.Plus tard, elle m’a proposé d’être le sujet d’un documentaire en télé pour la RTBF dans le cadre de l’émission Tout ça ne nous rendra pas le Congo, un équivalent de Strip-Tease en format long. J’étais réticent car plusieurs sujets de ce programme ont déclaré après coup avoir eu la sensation d’être ridiculisés par le montage, ils se sont sentis piégés, certains ont même assigné les producteurs de l’émission en justice. Madame Leroy souhaitait notamment me filmer dans l’intimité de mon domicile, avec ma famille, et sur mon lieu de travail. Je n’étais pas à l’aise avec ça, mon épouse non plus, alors j’ai refusé. Elle a insisté, elle disait que ce film serait une formidable vitrine pour mon blog. Il m’a semblé qu’elle voulait me manipuler et j’ai senti qu’elle prenait très mal mon refus définitif. La relation a commencé à devenir glaciale à partir de ce moment-là… Peu après, elle m’a traité de « facho » devant tous ses fans sur Facebook parce que je soutenais la candidature de Sarkozy durant la campagne présidentielle française, ce qui marqua une cassure définitive et le début des ennuis. C’est à ce moment que je lui ai consacré un premier article de blog en utilisant mon ton incisif habituel. Elle a répondu aux critiques avec mépris puis m’a fréquemment invectivé sur Twitter, où elle avait plusieurs dizaines de milliers d’abonnés, dont beaucoup s’en prenaient à moi également. Tout cela, évidemment, elle n’en parle pas dans son roman ni dans ses dépositions à la police.
Qu’est-ce que la justice belge vous reproche exactement aujourd’hui ?
Si je compte bien, les indices de harcèlement retenus par la Chambre du Conseil de Bruxelles reposent essentiellement sur neuf mentions dans des articles de blog, cinq tweets ou retweets et trois statuts Facebook publiés entre 2012 et 2014. Il y a d’autres pseudo-charges mais anecdotiques, comme le fait que je lui ai passé un coup de téléphone (un seul coup de téléphone !) en 2013. Je l’avais appelée car je comptais publier sur mon blog un article relatif au raid de commentaires très violents qu’elle subissait depuis qu’elle avait insulté Dieudonné dans une chronique en télé sur Canal+. Elle avait disparu des réseaux sociaux et la presse rapportait qu’elle était accompagnée d’un garde du corps lors de ses déplacements à Paris. Je souhaitais recueillir ses impressions, elle n’a pas accepté de réagir et je n’ai pas insisté. Aujourd’hui, cet unique coup de fil est considéré comme un « indice de harcèlement » par le Tribunal, pourtant je l’ai passé dans une démarche journalistique, ce qui n’est pas contesté. Idem concernant un mail parfaitement poli que je lui ai envoyé en 2017 après avoir appris qu’elle venait de déposer plainte contre moi. Elle m’accusait notamment d’être l’auteur d’une série d’injures anonymes postées sur les réseaux, ce dont j’ai été formellement innocenté après enquête. Considérer ce mail comme constitutif de harcèlement est surréaliste : s’il n’y avait pas eu de plainte assortie de fausses accusations, je n’aurais pas envoyé ce mail clamant ma surprise et mon innocence.
Tel un comique de répétition, J.D. attaquait régulièrement, sur son blog, le travail de Myriam Leroy de 2012 à 2014
Dans un précédent article sur cette affaire, il était dévoilé que l’adresse IP de la plaignante aurait été identifiée derrière le harcèlement d’une autre journaliste belge, Florence Hainaut…
La journaliste Florence Hainaut, connue des auditeurs de la RTBF, m’a accusé d’avoir animé en 2017 un compte Twitter parodique qui la tournait en dérision. Elle a déposé plainte et s’est constituée partie civile le même jour que son amie Myriam Leroy et via la même avocate. L’affaire a été prise au sérieux par le parquet et j’ai subi une perquisition de mon domicile au petit matin par la police judiciaire qui a saisi mon matériel informatique puis est même revenue plus tard le même jour sur mon lieu de travail. Il en a résulté que l’adresse IP identifiée derrière ce faux compte par les services de police n’était pas la mienne mais celle de la société dont Myriam Leroy est gérante. Elle s’est donc défendue en m’accusant d’avoir piraté son ordinateur… Comme c’est commode ! J’ai toutefois été innocenté de cette accusation totalement farfelue : l’analyse de mon ordinateur n’a pas permis de mettre à jour le moindre indice de culpabilité et le Computer Crime Unit (unité de la police judiciaire belge spécialisée dans la cybercriminalité) a rapidement dû conclure que je n’avais pas le profil d’un hacker capable d’une telle prouesse.
Myriam Leroy se serait donc amusée à tourmenter une amie et consœur journaliste avec un faux compte Twitter ?
C’est à elle qu’il faudrait poser cette question mais, sachant que je n’ai pas piraté son ordinateur, cela semble être une explication rationnelle.
Plaidez-vous coupable ou innocent ?
Innocent de harcèlement. Le harcèlement implique des contacts directs et répétés avec la personne concernée et ce qui m’est surtout reproché, c’est d’avoir mentionné négativement une personnalité médiatique de manière répétitive dans des écrits. En principe, selon le droit belge, cela devrait être considéré comme un délit de presse. On me reproche aussi le partage d’un montage photo certes un peu trash dans l’esprit d’Hara-Kiri [où l’on voyait Myriam Leroy qui tenait son livre en main et avait diverses substances sur le visage (sperme…) NDLR], qui faisait écho à la capsule vidéo postée par Dieudonné (toujours disponible en ligne) en réponse aux insultes de Leroy. Mais je n’étais pas l’auteur de ce photo-montage et il a été publié sur mon compte Facebook en mode privé, Madame Leroy, qui m’avait en sus bloqué, n’était pas censée y avoir accès. Elle ne l’a vu que suite à l’indiscrétion d’un de mes contacts Facebook. Voilà un exemple de ce que la justice belge considère comme un indice de harcèlement et de trouble à la tranquillité : le fait de publier dans un cadre privé un photo-montage caricaturant une personnalité publique qui n’était pas supposée en prendre connaissance. Je pense que Myriam Leroy ne supporte aucune critique et aimerait criminaliser tout propos négatif la concernant, où qu’il se trouve et quelle qu’en soit l’audience. Cette attitude a pu être observée aux détriments d’autres journalistes belges qu’elle a tenté d’intimider par voie judiciaire ou courriers d’avocat après qu’ils l’aient critiquée. Quand elle n’a pas tout simplement essayé de les faire virer des médias qui les employaient… Plusieurs personnes peuvent en attester.
Comment expliquer votre renvoi en correctionnelle sur cette base somme toute légère ?
Le procès et sa médiatisation servent de campagne de pub gratuite pour le livre. Le dossier est gonflé et m’accuse de toute une série de choses fausses ou anodines. On me reproche par exemple de m’être abonné en 2016 au compte Instagram de Myriam Leroy. Mais depuis quand suivre une personnalité médiatique sur Instagram est-il un délit ? De plus, je l’ai fait parce que l’on m’avait rapporté qu’elle me mentionnait dans ses publications (ce que je n’ai pas pu vérifier). Ensuite, il faut savoir que sa plainte avait initialement été classée sans suite par le parquet et a été réactivée parce qu’elle a joint au dossier une série de nouveaux commentaires graveleux dont elle m’a désigné comme étant probablement l’auteur. Or, l’enquête de police m’en a totalement innocenté et a même permis d’identifier d’autres individus comme coupables de ces invectives. Un message ordurier posté sur un forum a par exemple été validé depuis une boîte mail créée en 1999 au Québec, une région du monde où je n’ai jamais mis les pieds. Je pense que je paie le contexte actuel : le néo-féminisme, l’ère du hashtag MeToo, de BalanceTonPorc, l’affaire Weinstein, etc., et ce bien que ce dossier dont nous parlons soit sans aucun rapport avec des faits de harcèlement sexuel. Du fait de la médiatisation de mon affaire, je crois que la justice belge a peur d’envoyer le signal que le cyberharcèlement des femmes journalistes n’est pas pris au sérieux. Surtout vu qu’à l’exception notable de Sudpresse, aucun média belge n’a eu le courage de relativiser la gravité des charges qui pèsent contre moi : le grand-public est incité à penser qu’il s’agit de faits très graves. On veut faire un exemple et cela tombe sur moi. Pourtant, de vrais cas de harcèlement caractérisé ne sont même pas poursuivis. Des femmes se font suivre dans la rue, harceler téléphoniquement, elles reçoivent des messages obscènes, des menaces de viol – bref des faits beaucoup plus que graves que ce qui m’est reproché – et c’est à peine si la police belge accepte d’acter leurs plaintes.
L’AJP (Association belge des Journalistes de Presse) et la FEJ (Fédération Européenne du Journalisme) ont aussi appelé publiquement via des communiqués à votre renvoi en correctionnelle.
Une partie de la presse belge fait pression depuis deux ans sur les magistrats pour que je sois jugé et condamné. Cela me choque car, autant que je sache, les représentants de l’AJP et de la FEJ ne savent pas précisément ce qui m’est reproché, sinon par des « on dit ». Ils se basent sur le contenu du livre Les Yeux Rouges, pourtant présenté par son auteure comme une fiction (la FEJ a effectivement illustré un tweet appelant au renvoi en correctionnelle de JD par une photo de la couverture du livre). Ils réagissent sur base des seules allégations et poses victimaires de Myriam Leroy. Il faut savoir qu’elle a multiplié les interviews dans lesquelles elle se présente comme une martyre et victime de faits très graves. On amalgame aussi délibérément mes comportements à d’autres attaques dont elle a été victime, notamment par les fans de Dieudonné. Je suis également pris en grippe par une journaliste du jadis très influent magazine Le Vif/L’Express. J’ai déposé plainte au CDJ (Comité de Déontologie Journalistique) mais je ne me fais pas trop d’illusions quant à un éventuel jugement par ses pairs : la presse belge francophone est un petit milieu très politisé et régi par beaucoup de copinages. Les loups ne se mangent pas entre eux.
Le représentant de la FEJ présente un homme, pas encore condamné, comme cyberharceleur.
Comment vivez-vous le fait d’être présenté comme un harceleur de femmes, d’extrême-droite, catholique traditionaliste, « troll » du net ?
J’assume le côté « troll du net », le reste n’est que spéculations et fantasmes. C’est le travail de sape de la partie adverse et de ses soutiens dans la presse belge, le journal Le Vif/L’Express en particulier, qui m’a présenté comme un dangereux zigomar droitard pour donner une légitimité à la victimisation outrancière de Myriam Leroy dans les médias. La journaliste du Vif qui me persécute a cru utile de préciser que je portais des lunettes noires et un polo Fred Perry lors de notre rencontre, tentant par-là de me faire passer pour un skinhead, ce qui est insensé. Ceci alimente la campagne de victimisation dont Myriam Leroy a fait un véritable fonds de commerce dans le but évident de vendre son livre, qui a déjà rapporté beaucoup d’argent. Celui-ci va aussi être prochainement adapté au théâtre et j’ai appris que Madame Leroy et sa complice Florence Hainaut vont toucher une subvention de 44 000 EUR du ministère de la Culture pour tourner un documentaire sur le thème du cyberharcèlement. Il y sera encore certainement abondamment question de moi, et ce sans possibilité de réplique ou de droit de la défense vu qu’elles produisent le film elles-mêmes. La victimisation est apparemment un business lucratif…
Avez-vous été sanctionné professionnellement suite à cette affaire ?
Oui, j’ai perdu mon emploi dans la banque dans laquelle je travaillais depuis presque vingt-deux ans, et ce à la suite de plusieurs vagues de pressions sur mon employeur relatives à des propos tenus sur les réseaux sociaux et jugés non-politiquement corrects. On m’a notamment reproché des critiques des dérives du féminisme contemporain. Comme je l’ai dit plus haut, j’assume mon côté « troll du web » et cela a été utilisé contre moi pour m’atteindre dans ma subsistance économique et celle de ma famille. Et ce même si mon activité sur internet et mes opinions personnelles étaient sans aucun rapport avec mon travail. Il y a eu véritablement une atteinte à ma vie privée et à ma liberté d’expression. Myriam Leroy annonçait dans son livre Les Yeux Rouges qu’elle comptait faire perdre son emploi à son « harceleur ». Cela s’est passé exactement comme annoncé, mais c’est peut-être une coïncidence. Je n’ai à ce stade pas de preuves que Myriam Leroy ou ses proches soient derrière ces pressions répétées auprès de mon employeur.
Quelle est la prochaine étape de votre procès ?
Suite à la confirmation de mon renvoi en correctionnelle par la Chambre des Mises en Accusation (instance d’appel de la Chambre du Conseil), j’ai demandé à mes avocats d’introduire un pourvoi en Cassation concernant la compétence du Tribunal correctionnel. La qualification en délit de presse (passible en Belgique de la Cour d’Assise et résultant donc généralement sur une impunité de fait, cette instance ne se réunissant pas pour les faits mineurs) n’est pas retenue simplement parce que le dossier est gonflé par de fausses charges connexes qui ne tiennent absolument pas la route lorsque prises individuellement. Il est par exemple question d’une rencontre fortuite avec Leroy lors d’un concert en 2017 durant lequel je ne lui ai même pas parlé, c’est tout simplement aberrant… Cette procédure en Cassation risque de prendre encore de longs mois.
Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?
Très affecté depuis cette perte d’emploi survenue dans un contexte économique extrêmement difficile, juste avant que débute la crise du coronavirus. Si d’aventure je devais au final être en plus condamné, cela équivaudrait incontestablement à une double peine. Le contexte est encore plus tendu depuis que j’ai entendu Myriam Leroy déclarer dans le podcast féministe français La Poudre (sur Spotify) qu’au moment de rédiger la liste des sévices qu’elle rêvait d’infliger à son harceleur (le livre comprend plusieurs pages de tortures envisagées pour « Denis »), elle avait fantasmé sur « des meurtres d’enfants », passage qui a été censuré par les éditions Le Seuil. J’ai deux enfants, un garçon et une fille, nés de deux unions. Les mamans de mes enfants sont dégoûtées, en colère et inquiètes car, si on ne va pas jusqu’à penser qu’elle mettrait sa menace à exécution elle-même, ces propos aussi scandaleux que délirants pourraient donner des idées à ses admirateurs. Surtout depuis qu’une autre menace annoncée dans le livre (le licenciement du prétendu harceleur suite à des pressions auprès de son employeur) s’est concrétisée. Un fan déséquilibré de Myriam Leroy pourrait vouloir s’en prendre à mes enfants pour lui plaire, cela s’est déjà vu… Et ce d’autant plus que beaucoup de lecteurs ont pris son très lucratif roman pour argent comptant, ils me voient comme le sinistre personnage qu’elle y a dépeint. Des personnes de son entourage se sont évidemment arrangées pour que mon identité complète fuite sur les réseaux sociaux et je reçois depuis lors de nombreux messages d’insultes et d’intimidation. Ma femme a peur lorsque nous sortons en famille dans notre quartier. Cette affaire prend tout simplement des proportions dramatiques et totalement disproportionnées. Avant cela, il y a eu cette perquisition de mon domicile, déclenchée en grande partie par de fausses accusations dont j’ai été blanchi, puis tous ces articles de presse entièrement à charge… J’en viens à me poser cette question : qui harcèle qui dans ce dossier ?
L’accord diplomatique entre l’État hébreu et Abou Dhabi est historique. Il contre l’influence iranienne délétère au Moyen-Orient. Et même si les monarchies du Golfe délaissent la cause palestinienne, ce rapprochement Émirati-Israélien est plein de promesses pour tous les peuples de la région.
Dernière minute: Un mois après l’accord évoqué dans cet article, le président américain Donald Trump a annoncé hier soir que Bahreïn et Israël allaient également normaliser leurs relations.
Que nous évoque l’année 1918 ou encore 1919 ? La fin de Première Guerre mondiale sans doute. Puis le Traité de Versailles qui a scellé le sort des gagnants et des perdants de la Grande guerre, mais aussi, hélas, du monde entier pour les décennies suivantes. Pourtant, ces deux années ont aussi été celles de la pandémie ravageuse de la grippe espagnole qui a fait près de 50 millions de victimes.
Il est probable que l’année 2020 ne restera pas non plus dans les mémoires pour son cauchemar covidien, mais pour l’accord de paix qui se présente comme un tournant majeur dans l’évolution géopolitique du monde. Les accords de paix sont rares. Il suffit de regarder notre continent européen et ses fissures (citons l’Irlande du Nord, Chypre, l’Ukraine ou autre le Karabach comme exemples) pour se rappeler que restaurer une paix demeure difficile, politiquement et surtout humainement.
Un évènement exceptionnel
La nouvelle de la normalisation des relations entre Israël et les Émirats Arabes Unis a été globalement bien accueillie par les médias internationaux, mais sans qu’ils lui donnent la valeur d’un évènement exceptionnel. Nous déplorons notre incapacité à nous indigner comme il se doit contre les violences qui se produisent dans notre société, contre les actes de destruction de notre civilisation. Mais savons-nous encore nous émouvoir quand un évènement qui fait l’Histoire se produit ? Qui célèbre le courage, la volonté et le dépassement des dogmes qui si souvent font plonger l’humanité dans le désarroi ?
L’esprit de l’accord de paix conclu entre Jérusalem et Abou Dhabi est très différent des traités qu’Israël a signés au siècle dernier avec l’Égypte (en 1978) et la Jordanie (en 1994). Les traités de Camp-David et de Wadi Araba relevaient plus d’armistices permettant à deux pays frontaliers d’enterrer la hache des guerres contre l’État hébreu, lesquelles se sont enchainées depuis sa création en 1948.
Nouveau contexte arabe
42 ans après la poignée de main d’Anouar el-Sadate avec Menahem Begin, la donne a changé. Entre les printemps arabes, la percée de l’État Islamique et les ambitions nucléaires de l’Iran, la nouvelle génération des dirigeants du Golfe sait bien faire la différence entre les vraies menaces expansionnistes d’un régime chiite fanatique et la volonté d’un petit pays démocratique d’affirmer sa légitimité.
Le rapprochement Émirati-Israélien ressemble à un mariage de raison, dans lequel les mariés n’éprouvent pas des sentiments vertigineux, mais savent apprécier les points forts de chacun et l’utilité que l’un a pour l’autre. Le tout premier vol commercial Tel-Aviv – Abou Dhabi, effectué le 31 août dernier, a transporté à son bord aussi bien les diplomates israéliens et les experts en sécurité que les représentants des ministères du tourisme, de la santé, de la science ou encore de la finance. Le mariage de raison se donne les moyens pour durer.
Enfin, cet accord est historique parce qu’il déplace pour la première fois le centre de gravité des équilibres régionaux de l’Autorité Palestinienne vers l’intérêt général de tous les États qui vivent dans cette partie du monde. Une révolution copernicienne !
Sur le tarmac de l’aéroport d’Abou Dhabi, Jared Kushner, conseiller et gendre du président Trump, grand artisan du traité, a résumé le contexte actuel du gouvernement de Mahmoud Abbas : « Nous ne pouvons pas désirer la paix plus qu’eux. Quand ils seront prêts, la région entière sera ravie de les porter et aller de l’avant. Mais ils ne peuvent rester dans le passé ». Et en attendant l’émergence du leader palestinien qui saura profiter du capital sympathie planétaire pour la cause de ce peuple, il faut célébrer l’audace, la force et l’intelligence de Mohammed Ben Zayed, le prince héritier sans lequel l’accord de paix avec Israël ne se serait jamais réalisé.
Après le 11 septembre, la crise financière de 2008, la percée de l’État Islamique et ses barbaries aux quatre coins de la planète, après la mutation de notre société occidentale qui développe une drôle de phobie vis-à-vis de son propre passé et la pandémie actuelle, le 21me siècle nous offre sa première bonne nouvelle.
Le 11 août dernier, une information cruciale est tombée sur les téléscripteurs: en Gironde, des restaurateurs ont offert à chaque consommateur de moules une pince en plastique, en forme de moule, pour manger… leurs moules.
Aussitôt, « la toile s’est enflammée ». Une photographie de l’objet, publiée sur la page Facebook de « Mr Mondialisation », a été relayée plus de 26 000 fois en trois jours. « Les » internautes écœurés se sont interrogés quant à l’utilité d’un tel objet, et dans la foulée ont proposé (ordonné) de boycotter ces restaurants écocidaires.
20 minutes, « Sain et Naturel » (agréé par Ouest France, excusez du peu)… ont relayé l’indignation. 20 minutes a « sollicité le groupe qui gère le restaurant et les trois autres enseignes identiques ». Celui-ci n’a pas donné suite mais « plusieurs sources » ont confirmé que (sacrilège écologique) cette pince a bien été offerte aux clients du restaurant. Ce n’était hélas pas une fake news.
Sauf que, les fausses moules incriminées, outil de communication proposé par CCAG, aux conchyliculteurs et aux restaurateurs qui en ces temps moroses en ont bien besoin, sont biodégradables, recyclables, compostables, désintégrables et tout et tout… Elles répondent à la très exigeante norme EN 12342, norme naturelplast européenne des plastiques. En plus, l’encre à l’eau, utilisée pour les personnaliser et rappeler au consommateur l’identité du donateur, est sans métaux lourds, et agréée contact alimentaire. Alors, vraiment ! à quoi ça sert que Claude Cagnon (l’inventeur morbihannais de ce gadget), il se décarcasse ?
La bonne nouvelle, c’est que toute cette écume n’a eu aucun effet sur la fréquentation des restaurants de moules offrant la moule bonus réutilisable à la maison, ni sur les commandes de CCAG. Cliquer, cliquer il n’en restera pas grand-chose !
La grande partie des consommateurs sait bien que dans les régimes où les restaurateurs n’ont plus le droit d’offrir une moule en plastique à leurs clients, il n’y a pas non plus beaucoup de moules dans les assiettes.
Revenons aux choses sérieuses. Histoire d’être tranquille, j’ai immédiatement filé acheter deux paires de méduses. Parce que, dans le cadre de son opération #balancetonproduit, ce Mr Mondialisation « publie chaque jour une aberration plastique » et il serait bien capable d’avoir ces sandales dans son collimateur. Et, je dois avouer que, aberration ou pas, je ne tiens pas à m’écorcher les pieds quand je vais à la pêche aux moules, mollusques et autres décapodes.
Le mouvement envisage des élections en novembre prochain pour asseoir sa légitimité.
Périodiquement l’on reparle de la tenue d’élections en Cisjordanie ou à Gaza. C’est l’antienne qui revient régulièrement au devant de l’actualité. Mais les conditions ne sont jamais réunies pour concrétiser le projet. Ismaïl Haniyeh, chef du Hamas [tooltips content= »Mouvement islamiste palestinien constitué d’une branche politique et d’une branche armée, principalement actif à Gaza »](1)[/tooltips], avait pourtant déclaré le 28 octobre 2019 que le Hamas était prêt à participer aux élections palestiniennes et à respecter les résultats à condition qu’elles se passent dans la transparence et en respectant les règles démocratiques. Mais le Hamas, qui est las d’attendre, veut prouver aujourd’hui sa légitimité par rapport au Fatah[tooltips content= »Le Fatah est le mouvement fondé par Yasser Arafat »](2)[/tooltips], en revenant au devant des électeurs. La dernière élection présidentielle palestinienne date du 9 janvier 2005 tandis que le parlement palestinien a été renouvelé le 25 janvier 2006 avec le résultat que l’on sait. C’est dire si les élus manquent de légitimité.
Élections limitées aux législatives
En tout état de cause, Yahia Sinwar, autre leader du Hamas, est disposé à organiser des élections à Gaza. Le président de la commission des élections, Hisham Kahil, a confirmé que le Hamas avait accepté de tenir les élections législatives en premier. Selon une déclaration du porte-parole du Hamas, Hazem Qassem : «le système électoral qui sera mis en œuvre lors des prochaines élections, de même que son mécanisme et sa programmation dans le temps, reposent sur le consensus national, la meilleure garantie pour des élections libres et transparentes. Quant à la participation du Hamas aux élections, qu’elle se fasse en solo ou avec un allié, elle sera discutée en temps voulu, comme sera discutée la participation des dirigeants du Hamas aux listes électorales. Mais ce qui est certain est notre participation forte et positive aussi bien aux élections législatives que présidentielles».
Encore faut-il, et ce n’est pas acquis, qu’un décret présidentiel en précise la date. Abdel Sattar Qassem, professeur de sciences politiques estime que «le problème avec le Hamas est qu’il manque de flexibilité politique et a des difficultés à établir des relations avec des gens qui se trouvent en dehors de son cercle organisationnel et idéologique. Le Hamas ne fait confiance qu’aux siens et ne fait que très rarement appel aux intellectuels. Il préfère le système des districts électoraux et ses options en matière d’alliance électorale sont limitées au djihad islamique». Certes le Hamas invite peu d’universitaires, de technocrates et d’hommes d’affaires dans ses listes alors qu’il a besoin de s’ouvrir en dehors de ses cercles habituels. Cette volonté de recourir à des élections législatives s’explique donc par les nombreux échecs du Hamas dus à son manque d’expérience dans travail gouvernemental.
On reparle donc d’élections législatives alors que le 26 septembre 2019, depuis la tribune des Nations unies, Mahmoud Abbas avait fait impression en promettant des élections en Cisjordanie, à Gaza et même à Jérusalem-Est. Bien sûr cette promesse n’a jamais été tenue. Le président de l’Autorité avait juste besoin d’entretenir une illusion pour rallumer une légitimité perdue et pour justifier son maintien au pouvoir.
Autoritarisme et corruption
La société palestinienne est lassée de l’autoritarisme et de la corruption de ses dirigeants vieillis et souhaite l’émergence d’une nouvelle génération de responsables politiques. Saëb Erekat, secrétaire général de l’OLP[tooltips content= »L’Organisation de libération de la Palestine est une organisation palestinienne politique et paramilitaire »](3)[/tooltips], qui occupe des responsabilités depuis de nombreuses années, est mal placé pour prétendre que «le changement est désormais son leitmotiv». Pour mettre un terme au déni de démocratie dont souffrent les Palestiniens, les élections sont indispensables pour renouer un lien de confiance avec l’Autorité. Pour Hanan Ashrawi (la Troisième voie) : «La démocratie n’est pas une option mais désormais une nécessité. Les élections doivent se tenir. Après tout, le seul levier dont les Palestiniens doivent s’emparer est la rénovation de leur situation politique intérieure».
Mais pour confirmer sa légitimité à Gaza et même en Cisjordanie, le Hamas veut organiser des élections en novembre 2020 pour se choisir un nouveau chef ou maintenir l’actuel leader en place. Trois prétendants vont être en lice. Yahya Sinwar, Ismaïl Haniyeh et le revenant Khaled Mechaal. Chacun d’eux est soutenu par un pays arabe différent. Sinwar bénéficie du soutien de l’Égypte. Khaled Mechaal, ancien chef du Hamas jusqu’en 2017, est l’homme de la Turquie et du Qatar qui financent le Hamas. Ismaïl Haniyeh, actuel président du bureau politique du Hamas, est l’homme de la Turquie et de l’Iran. Un candidat pourrait créer la surprise en la personne de Saleh El-Arouri, adjoint de Haniyeh. Malgré ce semblant de démocratie, le Conseil de la Choura du Hamas est seul maitre pour organiser dans le secret les élections et pour désigner les candidats.
Besoin d’un nouveau leader
A Gaza, on compte sur le leader élu qui dirigera le Hamas vers une nouvelle stratégie à la lumière des nouveaux développements au Moyen-Orient. Sous la poussée de l’Égypte, certains dirigeants de Gaza sont favorables à un accord avec Israël qui mettra fin aux représailles, qui leur permettra de recevoir une aide continue du Qatar, qui autorisera l’entrée de 10 000 travailleurs en Israël, qui étendra la zone de pêche au large de Gaza et qui développera les zones industrielles à la limite des deux pays. Cette stratégie de collaboration est critiquée par l’Autorité palestinienne qui reste très attachée au statu quo.
Une invitation à tolérer les fictions de « Valeurs actuelles »
En 1765, Voltaire écrit un savoureux pamphlet De l’horrible danger de la lecture. Depuis son « Grand palais de la stupidité », le grand muphti, Joussouf Chéribi écrit, du fond de l’Empire ottoman, un édit, destiné à un pays appelé « Frankrom », visant à interdire l’imprimerie. Ce texte nous parvient avec une fraîcheur inégalée à travers les siècles comme une satire, toujours vivace, de l’obscurantisme et de la censure. Dans cette fiction, la condamnation de l’imprimerie s’impose car « communiquer les pensées tend à dissiper l’ignorance qui est la gardienne et la sauvegarde des Etats bien policés. » Après le procès fait par un collectif d’Outre-Mer à l’historien Pétré-Grenouilleau en 2006, un cran (sans jeu de mots) est franchi, aujourd’hui, avec la menace qui pèse sur Geoffroy Lejeune. Quelle maladresse politique pour la députée française, Danièle Obono, que de s’exempter du droit de faire partie d’une fiction ! Doit-elle être écartée donc discriminée ?
Finies les tonalités, les nuances
Madame Obono parle de l’insulte faite à ses aïeux à travers elle. Rafraîchissons-lui la mémoire de certains de ses ancêtres plus proches. En 1948, a paru, sous la plume de celui qui fut à la fois poète et président de la République du Sénégal, Léopold Senghor, Une anthologie de la poésie nègre parrainée par le professeur Charles-André Julien et Sartre. Manifeste de la négritude, cette anthologie commémore la révolution de 1848 abolissant l’esclavage et instituant l’instruction laïque et obligatoire dans les pays ultra marins (ex colonies). Entrèrent, le 20 mai 2019, en même temps, au Panthéon, Victor Schoëlcher et le résistant guyanais, Félix Eboué. Bien sûr que le concept de négritude et de créolité créé entre les deux guerres, donne, encore, matière à réflexion voire est source de divisions. Mais en aucun cas, les thèses indigénistes ne devraient être source de violence. Il devrait en être de même pour le passé et la langue : accepter le passé sans attiser de rancœur stérile puisqu’il n’y a plus de « colonies ». Ces écrivains dont je parle sont-ils les ancêtres de Danièle Obono ? Ou les récuse-t-elle ? Senghor a été ce qu’il est grâce à « la Grande Ecole ».
L’affaire Obono révèle surtout la manière dont on lit, écoute, reçoit les informations. La plupart des journalistes ont pris parti sans avoir lu le texte mais après avoir vu seulement les images, comme disent les enfants. C’est consternant. « Les politiques français ne lisent plus, ils twittent » dit justement Didier Desrimais dans un article de Causeur. Nous voulons renchérir ici sur les dangers qui menacent la vie de la pensée : l’image et la vitesse, le cumul d’informations qui tuent la réflexion, l’information et non plus l’analyse. On clashe, on tacle. On minute le temps de lecture d’un article. Une maison d’édition vient même de publier les tweets du Pape. L’émotion remplace l’intelligence. On fait des emojis et des emoticons. Ou des cœurs. Abolie la distinction de l’humour qui caresse et de l’ironie qui blesse. Finies les tonalités, les nuances.
L’ère du premier degré
Surtout, le détour par la littérature n’est plus senti comme nécessaire : tout doit être de l’ordre de l’informatif et du premier degré. La syntaxe doit être élémentaire. Dans le livre XV de l’Esprit des Lois, Montesquieu, utilisant le masque (décidément) d’un esclavagiste, propose une argumentation faussée pour dénoncer l’esclavage. Exemple type de l’ironie que donne le professeur pour initier ses élèves à l’efficacité de l’argumentation. Le 9 août 2019, un youtubeur connu accuse Montesquieu de « pratiquer (sic) la « négrophobie ». L’affaire est relayée un temps pas Libé pais retirée. Dans l’Education Nationale, les professeurs ne font plus étudier le texte de Montesquieu. Or, c’est par le biais de la fiction que les auteurs de Valeurs Actuelles ont voulu faire prendre conscience du discours faussé que certains imposent de la traite négrière.
Imaginons, pour finir, le pamphlet de Voltaire publié aujourd’hui à Valeurs Actuelles. Beaucoup de lecteurs n’auraient peut-être rien compris au texte. Une idée pour le feuilleton estival prochain de Valeurs Actuelles : transporter Voltaire, Diderot, Montesquieu à notre époque. Un parler cash, informatif, rendrait-il les époques, l’atmosphère, les personnages et les sujets ? En attendant, le sort fait à Geoffroy Lejeune aurait dû susciter une levée de boucliers.
Plus que le critique, le comédien, le musicien et le danseur, c’est l’ouvreuse qui passe sa vie dans les salles de spectacle. Laissons donc sa petite lampe éclairer notre lanterne !
Condition n° 1 pour diriger une ville verte : avoir lu Cyrulnik. Résilience, tout est résilience. Le dico dit : « Qualité de quelqu’un qui ne se décourage pas, ne se laisse pas abattre.» Et ne pas se laisser abattre, les Verts ont ça dans le tronc.
À Lyon, le nouveau maire a nommé un ingénieur antiréchauffement « adjoint à la politique de résilience et rapport développement durable ». À Strasbourg, la deuxième adjointe « sera en charge de la ville résiliente ». Bordeaux s’est trouvé un « adjoint en charge de l’urbanisme résilient ». Tous ces fins psychologues le jurent en chœur : on va vous le guérir, votre monde traumatisé par la bagnole et l’espèce humaine. Détachez vos ceintures, ça va résilier.
L’écolo nouveau évidemment ne s’arrête pas là. Il s’indigne du malbâti, s’inquiète de la « santé environnementale », verdit les gares, dessine des pistes (re)cyclables. Prône l’humour municipal : à Strasbourg un adjoint « en charge de l’accueil des populations, et des services funéraires » ; à Marseille un adjoint à l’« emploi et tourisme durable ». Et, comme tout le monde, se pique de culture.
Vous savez l’histoire. Au temps jadis, le Parti socialiste n’ayant aucune « politique culturelle » particulière (hors les pyramides du pharaon Mitterrand dont le socialisme n’a jamais été prouvé), la gauche s’en remettait au Parti communiste qui, lui, en avait une de politique culturelle, théorisée par son adhérent star, le metteur en scène Antoine Vitez : « élitisme pour tous ». Matisse pour tous, Molière pour tous, Mozart pour tous. Mais à peine couronné, le pharaon Mitterrand écrase le PCF, le mur de Berlin achève la bête, le socialisme se convertit au sociétalisme, le rouge au vert et réciproquement. L’élitisme pour tous tombe dans le coma.
Passent les jours et passent les semaines. L’écolo descend, l’écolo monte, gagne des villes et annonce la couleur : pas vert prairie, vert tank. Guerre aux vieux rêves ! Plus question de peuple élite, il veut du participatif, du déconstruit. Pour un élu communiste d’avant 89, Beethoven était un trésor populaire confisqué par les riches. Pour un élu vert, Beethoven est un vieux mâle blanc, méprisable vestige du passé colonial. Poubelle.
En 2014, la mairie de Rennes propulse aux affaires culturelles un ancien bassiste rock-reggae qui « travaille sur une meilleure gestion publique de la fête ». Au même instant le nouveau maire de Grenoble coupe les vivres à son orchestre, met deux théâtres sur la paille et assèche la MC2, maison de la culture modèle depuis Malraux. Le théâtreux Joël Pommerat, qui n’a pas trop le cœur à droite, dénonce la chute « libérale et populiste » des Verts fumée, marionnettes de Disney sans le savoir.
Six ans plus tard, deuxième vague. Le maire de Bordeaux confie ses arts à un paysagiste associatif qui prétend « désinstitutionnaliser » la culture et auditer l’Opéra. Le maire de Marseille trouve que « les décors de l’Opéra coûtent très cher pour un nombre réduit de représentations ». Collombienne passée mélanchonnoise, l’adjointe lyonnaise à la Culture aime tellement son nouveau job que, fin août, quand vous cliquiez le signet Culture sur le site de la mairie, apparaissait un panneau « 404 – PAGE NON TROUVÉE – Ooops – Cette page n’existe pas ». Festif de chez festif. Qu’est-ce qu’on va être heureuses dans la ville nouvelle, nous autres les ouvreuses !