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Accord israélo-émirati : le début d’une dynamique?

Un deal historique ?


Accord israélo-émirati : le début d’une dynamique?
Rencontre le 15 mai 2017 entre Donald Trump et Mohammed ben Zayed Al Nahyane , prince héritier et ministre de la défense d'Abou Dabi. (c) SIPA - AP Photo/Andrew Harnik - AP22326452_000001

 


La signature d’un accord bilatéral entre Israël et les Émirats Arabes Unis est un pas de plus vers la stabilisation de la région et la résolution de la question palestinienne.


Le 13 août 2020, les Émirats Arabes Unis deviennent le troisième pays arabe, après l’Égypte et la Jordanie, à signer un accord bilatéral avec Israël et reconnaître l’État hébreu après la décision israélienne de suspendre l’application de la souveraineté nationale sur la Judée Samarie.

Mieux encore que les traités de paix avec le royaume Hachémite et l’Égypte qui instauraient une paix froide, l’accord israélo-émirati aura des impacts diplomatiques, commerciaux, stratégiques et sécuritaires et permet de prouver à que l’éternelle opposition entre Israël et les pays arabes n’est précisément pas immuable.

Résoudre la question palestinienne  

Longtemps motivés bien plus par le principe du « triple non » de la résolution de Khartoum d’août 1967 – non à la paix avec Israël, non à la reconnaissance d’Israël, non à toute négociation avec Israël – que par un soutien sincère aux Palestiniens, les pays arabes ont peu à peu pris conscience que l’AP tout autant que les organisations terroristes (pro)-palestiniennes ne permettraient jamais, par leur intransigeance et leurs demandes irréalisables, de parvenir réellement à solution pacifiée.

Après 6 plans de paix tous refusés par les palestiniens (le plan Peel en 1937, le partage de la Palestine mandataire et la résolution 181 en 1948, les accords de Camp David en 1978, la proposition d’Ehud Barak en 2000, la proposition d’Ehud Olmert en 2008 et le plan Trump en 2020), il était évident que la paix n’était pas véritablement recherchée. La paix, le défi d’un État palestinien viable à bâtir aurait signifié tôt ou tard la fin des subsides versés par milliards d’euros directement à l’AP ou via l’UNRWA et celle du statut de réfugiés permanents et transgénérationnels depuis 1948. L’assistance perpétuelle peut vite devenir un confort auquel il est difficile de renoncer.

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Les ennemis d’Israël et, en réalité de la population palestinienne elle-même, ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. Preuve en est la condamnation à l’unisson par la Turquie et l’Iran d’une part, qui s’obstinent à soutenir et financer les groupes terroristes palestiniens dans une stratégie de perpétuelle confrontation avec Israël et par l’Autorité Palestinienne, le Hamas et le Djihad Islamique Palestinien d’autre part, qui maintiennent leur peuple dans la misère et une absence de futur au prix d’une corruption endémique, d’une éducation de la haine sans fin et du terrorisme. Or, ce qui est dénoncé comme une trahison du peuple palestinien par tous ceux qui ont fait de la haine d’Israël leur unique motivation est au contraire une formidable opportunité pour sortir les Palestiniens des abysses dans lesquelles ils sont plongés depuis 1948.

A ce titre, et dès l’annonce de l’accord, le ministre saoudien de la Culture et de l’Information, Adel al-Toraifi, a déclaré qu’il était temps pour les pays constituant le Conseil de coopération du Golfe (l’Arabie Saoudite, Oman, le Koweït, Bahreïn, les Émirats Arabes Unis et le Qatar) « de dépasser les discours dévastateurs d’un nationalisme arabe factice et des islamistes terroristes », et a appelé à « exhorter les Palestiniens à abandonner le terrorisme du Hamas et à construire un État moderne ». Le message est clair.

Une bonne nouvelle pour la région

Cet accord aura ainsi le mérite de mettre fin à l’hypocrisie des pays arabes qui posait la solidarité palestinienne comme l’alpha et l’oméga de leurs relations avec Israël rompant ainsi l’initiative de paix arabe de 2002 qui soumettait un accord avec Israël à la triple condition d’évacuer les territoires disputés, créer un État palestinien et permettre le retour des « réfugiés » palestiniens sur le sol israélien. Car en effet, Israël et les EAU entretenaient déjà des relations officieuses, notamment sur le terrain sanitaire dans la lutte contre la Covid 19 et, de façon plus pérenne, sur le terrain du renseignement et de la défense contre l’Iran – dont la politique hégémonique est une menace pour les pays de la région et qui ne se trouve qu’à une vingtaine de kilomètres des émirats, de l’autre côté du détroit d’Ormuz.

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Cet accord est une bonne nouvelle pour les deux pays et pour la région toute entière. Certes, les Emirats Arabes Unis ne sont pas le premier pays musulman avec lequel Israël entretient des relations officielles. La Turquie a ainsi longtemps été un allié objectif de l’État hébreu avant le virage islamiste d’Erdogan, et l’Azerbaïdjan est également, depuis 1992, un partenaire de choix d’Israël sur le plan énergétique et économique, illustration de « la diplomatie de la périphérie » visant à briser l’encerclement par des pays arabo-musulmans hostiles. Si les EAU sont aussi un pays du « deuxième cercle », la différence notable est que contrairement à la Turquie et à l’Azerbaïdjan, il s’agit d’un pays arabe proche de l’Arabie Saoudite. Les contacts avec Bahreïn et Oman, qui ont participé tout comme les EAU à l’élaboration du plan de paix américain de 2020, sont des signaux positifs pour de nouvelles relations normalisées avec ces pays et la création d’une dynamique qui viendrait cette fois désenclaver non seulement Israël de ses voisins hostiles mais également les Palestiniens eux-mêmes des groupes terroristes (Hamas, Hezbollah) et d’une Autorité Palestinienne corrompue et inefficace dont ils sont les victimes.



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