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Deux belles gueules, une histoire picarde


Dans Deux jeunesses françaises, Hervé Algalarrondo retrace les enfances picardes d’Emmanuel Macron et d’Édouard Louis. L’histoire de deux ruptures avec les origines, de deux espoirs de monde nouveau. Et de deux culs-de-sac?


À la fin de Deux jeunesses françaises, Hervé Algalarrondo se définit comme « indéfectiblement social-démocrate » et confie avoir voté Macron en 2017, mais le regretter désormais, déçu par celui qu’il voyait réconcilier la France, et qui s’est conduit au bout du compte en « pompier pyromane », notamment depuis les Gilets jaunes, un Macron qui a fini par « morceler » le pays comme jamais. L’auteur serait donc sans doute surpris que l’on qualifie son livre de… barrésien.

Expliquons-nous : dans Deux jeunesses françaises, il suit les destins parallèles d’Édouard Louis, la star littéraire de l’extrême gauche intersectionnelle, et d’Emmanuel Macron, la star des start-up, adepte d’un ni gauche ni droite qui s’est terminé en ni gauche ni gauche. Quoi de commun entre ces deux hommes que quinze ans séparent, Édouard Louis naissant au début des années 1990 et Macron étant un enfant des Trente Glorieuses finissantes ?

Les deux hommes sont construits sur la transgression avec les codes propres à leur milieu

Je vous le donne en mille : un terroir et ce terroir, c’est la Picardie qui est le troisième personnage du récit documenté que nous donne Algalarrondo, lui-même Picard d’origine. Ce qui unit, pour l’auteur, l’actuel président et un de ses ennemis les plus acharnés, c’est cette région qui a toujours existé dans l’Histoire, dont la langue aurait très bien pu, au Moyen Âge, se substituer au français pour devenir la langue nationale. Mais c’est aussi une région dont la forte identité s’est dissoute administrativement, coincée entre Paris et le Nord-Pas-de-Calais avant de finir noyée dans les Hauts-de-France. Une région que les Rastignac en herbe ont toujours voulu fuir, plus qu’aucune autre, car elle n’offre, dans son mélange de terres agricoles et d’industries en déclin, que la beauté de ses rivages entre baie de Somme et baie d’Authie en passant par les falaises d’Ault et la mélancolie des innombrables cimetières militaires de la Somme.

Pour le reste, tout oppose Macron et Édouard Louis, depuis la petite enfance. Mais ce hasard géographique, pour Algalarrondo, permet de mettre habilement en perspective ce qu’en d’autres temps on appelait des destins de classe. Macron naît dans la bonne bourgeoisie amiénoise, fréquente l’enseignement privé dès la sixième, vit dans un monde protégé d’avenues calmes et patriciennes, celles du quartier d’Henriville, tandis qu’Édouard Louis, qui s’appelle encore Eddy Bellegueule, vit dans un village du Vimeu, enfant d’un milieu populaire. On pourrait, pour Deux jeunesses françaises, imaginer ainsi le célèbre générique d’Amicalement vôtre, à cette différence qu’Édouard Louis et Emmanuel Macron, contrairement à Dany Wilde et Lord Brett Sinclair, ne seront jamais amis, bien au contraire.

Pour les deux hommes, il s’agit d’abord d’échapper à des déterminismes différents, mais puissants. À Macron, la maison pleine de livres, la grand-mère institutrice qui a pour son petit-fils la certitude d’un destin hors pair et joue dans sa formation un rôle essentiel. À Édouard Louis, un entourage qui regarde comme un vilain petit canard ce garçon efféminé qui préfère le théâtre (comme Macron) au foot et baigne dans une famille qui écoute la télé 24 h/24 h pour oublier les fins de mois difficiles. Même si Algalarrondo montre, témoignages à l’appui, à quel point dans En finir avec Eddy Bellegueule, il a noirci le tableau et blessé sa propre famille, ses enseignants ou ses amis – encore un point commun avec Macron, plus surprenant, un même mépris pour les classes populaires.

Les deux hommes vont d’ailleurs se construire sur la transgression avec les codes propres à leur milieu. Cette transgression s’appellera Brigitte Trogneux pour Macron et Didier Eribon pour Édouard Louis. Louis, peu de temps avant ses 19 ans, rencontre Eribon alors qu’il est un moment maître-assistant à Amiens. Quand la famille Macron hâte l’exfiltration vers Paris du fils amoureux de sa professeure de théâtre plus âgée pour éviter le scandale, Édouard Louis trouve enfin en Eribon un mentor qui a connu un destin similaire au sien, l’homo en rupture avec son milieu d’origine, et qui va lui servir de guide, ce qui va aboutir très vite au trio vedette Édouard Louis-Lagasnerie-Eribon qui fait régner désormais un magistère féroce dans les milieux de la gauche radicale.

Tout l’intérêt de ces Deux jeunesses françaises est dans la manière dont Algalarrondo montre que le déracinement, autre thème barrésien, est un reniement nécessaire pour ces deux hommes qui incarnent aujourd’hui une assez peu sympathique modernité où le désir d’accomplir un destin ne se conjugue pas au désir d’émanciper les autres. C’est que, chacun à sa manière, les deux Picards veulent tracer les contours d’un nouvel ordre politique et moral, sans doute bien plus impitoyable que l’ancien.

Hervé Algalarrondo, Deux jeunesses françaises, Grasset, 2021.

Irak: trente ans plus tard


Le voyage du Pape François en Irak demeurera comme l’un des grands événements de cette année.


Le récent voyage du pape François en Irak a remis sur le devant de la scène ce pays et sa situation. Il y a vingt ans déjà, en 2001, les États-Unis dénonçaient l’Irak de Saddam Hussein comme faisant partie de « l’axe du mal » qui devait être annihilé. Humiliés par les attentats de septembre, les États-Unis se cherchaient un adversaire à combattre et à vaincre. Depuis l’intervention de 1991, il y a trente ans cette année, l’Irak était dans le collimateur de Washington. En 2001, Saddam Hussein sauva sa tête, les troupes américaines partant vers l’Afghanistan, où elles connurent l’amertume de l’enlisement.

Vingt ans plus tard, la situation à Kaboul et dans le reste du pays n’est guère meilleure que celle qu’elle était alors. Pour Saddam Hussein et son régime, le répit ne fut que de courte durée. En 2003, après avoir tenté de convaincre que l’Irak disposait d’armes de destructions massives, les États-Unis bombardaient le pays et tentaient de faire un regime change qui est très loin d’avoir porté ses promesses. L’Irak détruit s’enlisa dans le chaos, et avec lui le reste du Moyen-Orient. Puis ce furent les printemps arabes de 2011, il y a dix ans, l’émergence de l’État islamique, composé en partie de cadres sunnites de l’armée de Saddam Hussein, et l’expansion du djihad vers le nord de l’Afrique, puis le Sahel et dorénavant le golfe de Guinée et l’Afrique de l’Ouest.

Un nouveau monde, ancré dans l’ancien monde

Trente ans après la guerre du Golfe, l’histoire a à la fois beaucoup avancé et en même temps stagné. Avancé, car le Moyen-Orient n’est plus tout à fait le même. La question palestinienne est moins prégnante. Les accords d’Abraham entre les Émirats arabes unis et Israël ont réglé une partie des problèmes et, surtout, les générations ont changé. Le facteur temps est essentiel en géopolitique, et hélas pas assez pris en compte. Une génération, c’est environ 25 ans. Depuis 1991, c’est près de deux générations qui sont passées, ce qui est à la fois peu et considérable. Les dignitaires irakiens qui ont 40 ans aujourd’hui avaient dix ans à l’époque de la première guerre du Golfe, c’est-à-dire une éternité pour eux et presque un autre monde. Beaucoup de choses ont changé depuis cette année qui vit la disparition de l’URSS, l’hégémonie des États-Unis, leur hyperpuissance et même leur seule puissance. Nous sommes revenus désormais à un monde multipolaire, la Chine compte alors qu’elle pesait peu, et le réveil des cultures et des civilisations est manifeste, que ce soit avec le redressement de l’islamisme ou de l’indigénisme. Depuis la guerre du Golfe de 1991, c’est un autre monde qui a émergé et de nouvelles relations internationales qui le structurent ; mais un nouveau monde marqué par des permanences : celles des cultures, des religions, des peuples et de la défense des territoires.

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Un homme en blanc dans les sables d’Abraham

Le voyage du Pape François en Irak demeurera comme l’un des grands événements de cette année. Il est le seul chef d’État à pouvoir effectuer une telle visite en Irak. Non pas seulement se rendre à Bagdad, dans les quartiers sécurisés et protégés, ou dans quelques bases militaires, comme le font les présidents américains, mais dans les villes et les quartiers irakiens, là où habite la population et là où elle subit les attaques et les espoirs de la reconstruction. En se rendant à Mossoul et à Ur, le Pape a marqué l’importance de l’histoire, qui se manifeste dans des lieux et des symboles, comme cette rencontre à Ur avec les représentants de toutes les religions qui reconnaissent Abraham comme père. Une rencontre qui a démontré que la fraternité humaine est possible, comme le dialogue et l’entente, même si très souvent c’est la guerre qui demeure et qui fait les bruits des relations humaines. Si, fondamentalement, rien ne changera pour l’Irak, cette visite a permis de montrer aux Irakiens d’une part et au monde d’autre part que le pays n’était pas uniquement celui de l’État islamique et des attentats, mais qu’il pouvait aussi recevoir un dignitaire étranger et l’accueillir sans dommage et sans attaque. Pour l’image que les Irakiens ont d’eux-mêmes et pour celle qu’ils donnent au reste du monde, c’est un élément essentiel de leur dignité collective.

Un pays en miettes, mais en reconstruction

18 ans après la seconde guerre du Golfe, la reconstruction de l’Irak demeure un enjeu majeur. Bien qu’officiellement vaincu depuis décembre 2017, l’État islamique continue d’agir, en tenant quelques zones grises où il entretient réseaux et influences. L’Irak est en proie aux rivalités de ses voisins, notamment la Turquie et l’Iran, qui interviennent dans les affaires intérieures du pays pour mieux placer leurs pions et tenir leur avantage. Le pays est tenu par les milices, que celles-ci soient d’obédience iranienne ou turque. Elles sont dans l’État et elles sont l’État, tout à la fois ennemies de la cohésion nationale et de la pacification et éléments de la tenue de l’État comme rares structures encore reconnues. Attaquer les milices, c’est donc attaquer l’État lui-même. Leur présence est officialisée par le fait qu’un budget particulier leur soit alloué tous les ans, budget voté par l’Assemblée nationale. La corruption est endémique en Irak, les ressources de l’État faisant rêver bon nombre de fonctionnaires et de bureaucrates ayant accès à ses largesses. Elle tire son origine de l’embargo décrété par l’ONU après 1991. Sous couvert de lutter contre Saddam Hussein, les États-Unis avaient fait adopter un embargo très strict qui a brisé le développement économique du pays et fait accroître la pauvreté. La rareté des ressources engendrée par l’embargo a encouragé la corruption, qui a connu à partir de ces années-là une envolée majeure. Ce système n’a fait que croître avec la guerre de 2003 et le renversement de Saddam Hussein.

La revanche des chiites

Les chiites représentent environ 55% de la population irakienne, mais ils n’ont jamais tenu les rênes du pouvoir, celui-ci étant entre les mains des sunnites. Les Américains ayant imposé la tenue d’élections libres, c’est le groupe majoritaire qui l’a emporté, à savoir les chiites, qui ont pris pour la première fois les rênes de l’Irak, renvoyant les sunnites dans l’opposition. Les minorités, et parmi elles les chrétiens, ne pèsent plus grand-chose, alors que le ministre des Affaires étrangères et vice-premier ministre de Saddam Hussein, Tarek Aziz, était de confession chrétienne. L’Irak panarabiste et baasiste, plurielle dans ses religions et ses peuples a vécu. Désormais, le pays est divisé en clans et en milices, qui affiliées à l’Iran, qui affiliées à la Turquie, et semble perpétuellement menacé de désintégration. Les projets de séparation de l’Irak en plusieurs territoires, selon des critères ethniques et religieux, n’ont pas encore été abandonnés, même si cela posera plus de problèmes encore à une région particulièrement instable.

La rencontre avec le grand ayatollah

À Nadjaf, la capitale irakienne des chiites, le Pape François a rencontré le grand ayatollah Ali Al-Sistani, 90 ans, guide spirituel respecté et figure politique majeure de l’Irak post Saddam Hussein. S’il est l’une des personnes les plus influentes de la scène politique irakienne, il ne s’exprime jamais en public, mais par ses représentants, qui sont les imams du vendredi de Karbala, et il n’apparaît que très rarement à la télévision ou en public. Cette rencontre est donc un grand événement pour lui et pour l’Irak, car celle-ci fut en partie publique, avec retransmission télévisée de certaines images. Son fils, Mohammad Reza Sistani, 59 ans, avait une relation très étroite avec Qassem Soleimani, ancien commandant de la force du Quds, assassiné le 3 janvier 2020 à Bagdad.

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Bien que chiite, Sistani s’oppose à la théorie du Velayat-e-Faqih, qui est la théorie dominante du régime iranien et qui suppose que les religieux ont la prédominance sur le politique. En dépit de cette opposition sur cette question du droit musulman, il ne s’est jamais opposé ouvertement au régime de Téhéran. Il a déjà rencontré le président iranien Rohani, mais n’a pas rencontré Raïssi, l’actuel chef du pouvoir judiciaire, l’un des candidats iraniens à la succession de Khamenei, qui s’est rendu en Irak en février. En 2014, Sistani a largement contribué à faire progresser l’influence de l’Iran en Irak. Après l’attaque de l’EI et l’occupation d’un tiers du territoire du nord et de l’ouest de l’Irak par Daech, il a émis une fatwa exigeant le djihad pour le peuple chiite irakien. Sur la base de cette fatwa, la Force Quds d’Iran, et plus précisément Qassem Soleimani, a mis en place les forces de mobilisation populaire en Irak, tout comme le Basij affilié aux Gardiens de la Révolution d’Iran. La Force Quds d’Iran a rendu ces forces de plus en plus dépendantes d’elles au cours des sept dernières années. C’est cette force qui tire actuellement des missiles sur les bases militaires américaines en Irak et dans la zone verte au nom du régime iranien. Et c’est cette force qui a réprimé les manifestants irakiens qui veulent se libérer du joug du régime iranien.

Ses représentants ont parfois pris position en faveur des jeunes manifestants chiites et parfois en faveur du gouvernement. De nombreux manifestants chiites le respectent toujours, mais à de nombreuses reprises, les jeunes chiites se sont mis en colère contre lui et ont condamné son silence, sans qu’il soit néanmoins attaqué ouvertement. Sistani demeure une grande force morale et politique fort utile dans un pays qui est soumis à la désintégration et qui demeure sans base politique stable.

Désormais dirigé par des chiites, la question est donc de savoir si l’Irak va s’aligner sur Téhéran et former un axe chiite dans ce Moyen-Orient majoritairement sunnite. Ou si au contraire c’est la nation qui va l’emporter sur la tribu et la religion, c’est-à-dire le fait de se sentir Irakien avant de revendiquer une appartenance au chiisme, au sunnisme ou à un peuple particulier. Ce qui se passera en Irak au cours des années qui viennent est à regarder de près, tant le pays servira une fois de plus de laboratoire pour ce Moyen-Orient en perpétuel changement.

Source: Institut des libertés

Un volapük désintégré


L’écriture inclusive est illégale. C’est un nouveau combat à livrer pour la francophonie, en plus de la résistance à l’anglais.


Nous sommes en guerre politique, culturelle et linguistique. L’ennemi, on le connaît: un courant de déconstruction, né en France dans les années 70, renforcé aux Etats-Unis depuis une vingtaine d’années, auquel se joint un Canada multiculturel fluid gender, sans oublier la contribution des institutions européennes. En témoigne, à elle seule, l’écriture inclusive, qui fait rage actuellement, championne d’exclusion, au nom d’un égalitarisme révolutionnaire.

La langue doit rester la même pour tous

Née du latin, la langue française s’est développée avec l’écrit. Son acte de naissance est « le Serment de Strasbourg » (842). Quant à « l’Ordonnance de Villers-Côtterets » (1539), elle est toujours en vigueur, et fait de la langue française « claire et intelligible » la langue de l’administration, émancipée du latin et des langues régionales, ce qui ne signifie pas qu’on supprime l’étymologie latine ni n’empêche de parler basque et breton. Une langue n’est donc pas un lieu de combat idéologique où s’affrontent des bandes rivales. De ces dates, en revanche, gravées dans l’histoire de France, découlent des vérités non discutables: l’orthographe française n’est pas phonétique mais étymologique, et la Nouvelle Orthographe, venue du Canada, n’est aucunement régalienne, mais une tolérance. Être « auteur » quel que soit votre sexe, voilà l’égalité. Deuxièmement, le genre grammatical n’est pas le sexe ; le masculin n’exclut pas le féminin mais il a une valeur extensive.

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Troisièmement, la suppression du circonflexe signe une ignorance linguistique fâcheuse. Il « parait », c’est le verbe « parer » à l’imparfait. En revanche, dans « il paraît », du verbe paraître, le s, rendu muet (on dit « amuï ») sous forme de circonflexe, se retrouve au pluriel: nous paraissons. Même chose pour le verbe naître. Ces circonflexes ont le mérite d’apprendre les familles de mots[tooltips content= »Dans le verbe naître, le s du verbe latin (nascere) est marqué par un circonflexe: il naît. On dit qu’il est amuï: rendu muet. Mais son «mutisme» cesse au pluriel et le s réapparaît: nous naissons, nous connaissons. On voit donc bien que le circonflexe n’est pas superflu. Même chose dans un mot, cette fois: le mot fenêtre vient du latin «fenestra»: le s tombe et se marque par le circonflexe… mais on le retrouve dans le verbe défénestrer. Fête, c’est pareil: le mot vient de «festa», latin: le s s’amuït, se fait circonflexe et se retrouve dans le verbe festoyer, et ainsi de suite. Cette étymologie aide à apprendre les familles de mots. Or, la Nouvelle Orthographe supprime les circonflexes, tout comme les ordinateurs les suppriment, du coup on ne fait plus attention à eux alors que le circonflexe, au subjonctif imparfait, par exemple, ne sera jamais supprimé… et tout à l’avenant. Ce n’est pas difficile d’apprendre aux élèves l’orthographe. Il y a des difficultés, et après ? Dans toutes les langues, les verbes présentent des difficultés. Le hongrois et le turc, c’est bien autre chose que le français ! »](1)[/tooltips]. Enfin, la lettre e n’est aucunement un suffixe féminin comme en témoignent les mots ministre et journaliste. Et votre médecin, si elle est une femme, n’est pas votre « médecine. » Et que dire du féminin « écrivaine » à la finale… parlante ! C’est l’article qui fixe le genre grammatical. Ajouter un e au masculin « à condition qu’il soit muet », dit l’Académie, est une plaisanterie pour ne pas dire une discrimination.

Inégalitaire, car illisible à ceux qui lisent en braille, inabordable pour les étrangers, impossible à prononcer, l’écriture inclusive est illégale. L’article 2 de la Constitution dit que « La langue française est la langue de la République ». La même pour tous, du haut de l’échelle sociale en bas, la langue française est donc garante de l’unité de la France. Puisqu’Edouard Philippe, rappelant l’Ordonnance de Villers- Côtterets n’a pas été entendu, en 2018, il est temps que le pouvoir politique, à la demande du député de l’Indre à l’Assemblée[tooltips content= »François Jolivet NDLR »](2)[/tooltips], rappelle l’illégalité de la pratique de l’inclusive. À moins de faire la révolution, une loi doit être appliquée.

L’écriture inclusive et l’Anglais ne passeront pas!

Le combat pour la langue française va de pair avec celui de la francophonie. Le Haut Conseil international de la Langue française et de la francophonie, (HCILF), sous la houlette vigoureuse d’Albert Salon, ancien ambassadeur de la France, vient de lancer une campagne médiatique et politique afin que le président de la République s’oppose à l’imposition illégale et illégitime — post Brexit !— de l’anglais comme langue commune, à la Commission et au Parlement européens.

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Certes, business is business mais faudrait-il oublier que, si la langue française a eu pour vocation d’être la langue diplomatique, c’était pour des raisons pérennes: clarté dans l’expression des idées, précision du vocabulaire et concision de la pensée, langue de culture qui a forgé l’Europe ? Comme Aragon le dit dans « La leçon de Ribeirac » à la fin de Les Yeux d’Elsa, l’heure est venue d’entrer en résistance. Si notre langue est, par vocation, ouverte à l’autre, elle n’est pas la langue archipélique du Tout Monde. Le français se meurt au Québec. Le chinois s’installe en Afrique. La langue française n’est pas un volapük désintégré.

La guerre au français

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Tant qu’il y aura des DVD


Les salles de cinéma seraient-elles définitivement des maisons closes? Les clients, y compris le « furtif du samedi soir », sont priés de rester chez eux et d’y consommer DVD et Blu-Ray. Heureusement le cinéma a de beaux restes…


En noir

Pièges, de Robert Siodmak

Blu-ray édité par Gaumont

Le défunt Roger Boussinot était souvent inspiré. Pourtant, dans sa précieuse Encyclopédie du cinéma, il passe à côté ou presque de Robert Siodmak, réalisateur germano-américain né en 1900 à Dresde (Allemagne) et mort en 1973 à Ascona (Suisse). Il ne fait ainsi que mentionner certains de ses neuf films français tournés entre 1935 et 1939, alors même que deux d’entre eux, au moins, sont d’absolues réussites. Mollenard d’abord, avec le génial Harry Baur dans le rôle d’un ancien capitaine au long cours tyrannisé par son épouse, l’impeccable Gabrielle Dorziat. Avec Pièges, le film suivant, Siodmak se montre encore plus inspiré. Sur un scénario de Jacques Companéez et Ernest Neuville (pseudonyme français de l’Allemand Ernest Neubach), inspiré d’une affaire criminelle très récente, le cinéaste signe l’un des polars français les plus remarquables de ces années d’avant-guerre. Le fait divers en question, c’est l’affaire Weidmann, du nom d’un ex-détenu allemand guillotiné en juin 1939 pour le meurtre crapuleux de sept personnes. Certaines d’entre elles ont été contactées par petites annonces et le film généralise ce modus operandi faisant du tueur un serial killer de jolies jeunes filles. Ainsi résumé, le film de Siodmak ne pourrait bien être qu’un énième suspense fondé sur l’arrestation d’un innocent et la découverte du vrai coupable grâce à l’entêtement de la fiancée du premier. Or, Pièges s’avère d’un intérêt bien supérieur. D’abord par l’extrême qualité de son réjouissant casting : outre Maurice Chevalier, dont c’est peut-être l’unique rôle digne de ce nom au cinéma, on y croise Pierre Renoir, Eric von Stroheim, Jacques Varennes et Jean Témerson, sans oublier une véritable découverte féminine : Marie Déa. Tous servent à merveille un propos qui repose en permanence sur l’ambiguïté, la dualité et les ruptures de ton. C’est en cela que le recours à Maurice Chevalier, star absolue à l’époque, y compris aux États-Unis, est d’une grande intelligence. Dans le rôle d’un patron de boîte de nuit, le chanteur-acteur assure le show, comme il se doit, allant même jusqu’à interpréter deux titres sautillants au cours du film : il est tout à la fois charmant, charmeur, léger et pétillant. Mais, polar oblige, il est également accusé à tort. Avec un même personnage, on passe donc de Lubitsch à Fritz Lang, sans que les registres successivement léger et grave en pâtissent le moins du monde. Prouesse scénaristique et cinématographique d’autant plus remarquable que tous les personnages de Pièges partagent cette ambivalence, à l’instar d’un photographe pervers et inquiétant qui se révélera être un flic menant son enquête ou d’un couturier, admirablement incarné par von Stroheim, que l’on croit dangereux et qui s’avère pathétique. Même le personnage principal féminin n’échappe pas à ce jeu de masques et de faux-semblants, elle qui enchaîne les fonctions et les déguisements sans jamais désarmer. Enfin, Siodmak reconstitue avec beaucoup de finesse des milieux sociaux très différents, se promenant avec aisance parmi eux, comme le faisait notamment Julien Duvivier dans Un carnet de bal, deux ans auparavant.

©Gaumont
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Sorti le 16 décembre 1939, le film connut un immense succès immédiat, mais en l’absence de son réalisateur parti quatre mois plus tôt s’exiler aux États-Unis, après avoir fui l’Allemagne l’année de l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Depuis longtemps en proie à des attaques xénophobes et antisémites au sein même du cinéma français, Robert Siodmak ne fait qu’anticiper alors la décision des autorités nazies qui interdisent purement et simplement le film dès le début de l’Occupation. L’Action française se chargeant elle de stigmatiser l’ambiance délétère qui régnerait dans le film, ainsi que « l’odieuse présence du Juif von Stroheim ». Siodmak emporte avec lui une copie du film qui sort amputé d’une douzaine de minutes en raison du caractère trop sexuel de certaines scènes… Pièges fera même l’objet d’un remake assez fidèle, réalisé par Douglas Sirk en 1947 avec Lucille Ball, George Sanders et Boris Karloff dans les rôles principaux.

En vitesse

L’Homme pressé, d’Édouard Molinaro

Coffret Blu-ray et DVD édité par Studiocanal

C’est un film de droite qui détonne donc particulièrement dans le paysage du cinéma français des années 1970. Adapté assez fidèlement du roman de Paul Morand par un artisan honnête mais sans relief, Édouard Molinaro, le film repose tout entier sur les épaules tout aussi de droite de son producteur et acteur principal, Alain Delon. Comme le démontre avec brio Frédéric Taddéï dans un remarquable entretien qui constitue le bonus de ce coffret, tout film avec Delon est d’abord et avant tout un film sur Delon. Cet Homme pressé en est l’illustration parfaite : c’est l’histoire d’un parvenu qui, tel un loup solitaire, existe contre la société qui l’entoure, préférant les valeurs individuelles aux valeurs collectives. Un Eastwood à la française si l’on préfère.

A lire aussi, Thomas Morales: Le nouvel an avec Delon

Le reste du film n’est pas à la hauteur de ce propos décapant, mais peu importe. On le revoit pour Delon, pour cette façon d’incarner toujours le même personnage (ici, pour une fois, ni un flic ni un voyou, soit dit en passant), d’être sans cesse au centre de l’écran, séducteur et séduisant jusqu’au bout.

En gothique

La Maison aux sept pignons, de Joe May

Coffret Blu-ray édité par Rimini

Très belle édition avec livret et bonus pour ce film trop méconnu et réalisé en 1940, adaptation réussie d’un classique du roman gothique américain écrit par Nathaniel Hawthorne en 1851. Soit la rivalité entre deux frères dont l’un fait, à tort, condamner l’autre pour le meurtre de leur père, sur fond de demeure familiale maudite depuis des générations. Ce pourrait être grotesque, mais la présence au casting de George Sanders et Vincent Price, entre autres, fait tout passer. Beauté du noir et blanc, ambiances nocturnes avec pluie et tempête, description d’une vie provinciale médiocre : le film multiplie ainsi des atouts indéniables. Il prend même une dimension politique en abordant le commerce des esclaves, objet de transactions illicites et autres malversations. Le parfait film de genre qui déborde fort heureusement du cadre imposé et mérite largement d’être découvert ou redécouvert.

© Rimini
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Hermès, le maître des arts secrets


Un essai de Rémi Soulié sur le plus mystérieux des dieux de la mythologie.


Dans Racination, un essai d’une vertigineuse densité, publié par le regretté Pierre-Guillaume de Roux, Rémi Soulié convoquait Homère et Hölderlin, Heidegger et Mistral, tant d’autres poètes et voyants, tous singuliers, pour conjurer le grand naufrage et pour exalter « l’amitié originelle et émerveillée avec le monde, le dévoilement de l’universelle sympathie analogique ».

Le frère d’Apollon

Rémi Soulié, dont le patronyme évoque le soleil du Rouergue (pensons à Soulès, le vrai nom d’Abellio, l’un de ses maîtres), y exprimait une saine méfiance à l’égard de l’abstraction qui détache sans pour autant résoudre l’énigme du monde. Cette quête de sens, il la poursuit avec vaillance et ténacité, comme l’un de ces solitaires de jadis, à qui ce Cathare fait parfois songer. Il s’attaque aujourd’hui aux métamorphoses d’Hermès, le fils de Zeus et de Maïa (il rappelle que, en sanskrit, maïa signifie l’illusion), frère d’Apollon et père de Pan, à la fois dieu de l’Olympe et ami des mortels, héraut et messager, interprète de la volonté divine, guide et intercesseur.

Héritage européen depuis Homère

Hermès maîtrise les arts du secret; il est voleur dès le berceau, un tantinet coquin, parjure même, magicien et, comme le soulignait l’helléniste Walter Friedrich Otto, « maître de la bonne occasion ». Soulié rappelle que ce dieu des passages, capable d’ingéniosité et d’une troublante désinvolture, est présent dans tout l’héritage européen depuis Homère, et jusque dans la pensée mahométane sous le nom d’Idris. Connu aussi sous le nom romain de Mercure, Hermès trois fois très grand continue de fasciner, de l’Égypte (Thot !) à la France du Grand Siècle. Néoplatoniciens, adeptes discrets de l’Art royal, poètes romantiques (Blake !) et scientifiques des confins le saluent à leur manière comme leur guide secret. La sienne de manière, à Rémi Soulié, se révèle contre-moderne, révulsé qu’il est par ce qu’est devenu cet homme sans qualités, dur et aveugle, émotif et calculateur.

Un curieux essai à ajouter au Corpus hermeticum et qui paraît chez le même éditeur, dans la même collection que le précieux À propos des Dieux de Jean-François Gautier, un autre ami récemment disparu.

Rémi Soulié, Les Métamorphoses d’Hermès, La Nouvelle Librairie. Chez le même éditeur, Rémi Soulié postface une belle Anthologie Friedrich Nietzsche.

Anthologie Friedrich Nietzsche: L'Avenir des Européens

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A propos des dieux: L'esprit des polythéismes

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Politique vaccinale, peur des variants, crainte d’une ruine économique: le moral des Français pas près de remonter


« Tout est lié » …


« Tout est lié »… C’est cette phrase lourde de sens qui constituait en 2015 le cœur de l’encyclique Laudato Si[tooltips content= »http://www.vatican.va/content/dam/francesco/pdf/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si_fr.pdf »](1)[/tooltips], dans laquelle le pape François tentait d’expliquer à des contemporains sélectivement sourds et aveugles l’importance d’une écologie intégrale, selon laquelle l’intérêt porté à la nature – l’éthique écologique – se doit, pour avoir un sens et une cohérence, de s’accompagner d’un respect équivalent de l’humain – l’éthique anthropologique.

Par une analogie funeste, il se trouve que l’on pourrait totalement appliquer ce schéma conceptuel à l’explication de l’abominable déliquescence qui paralyse actuellement notre pays.

Une de l'hebdomadaire "Le Point" du 11 mars 2021
Une de l’hebdomadaire « Le Point » du 11 mars 2021

Notre déclin est-il inexorable?

La plupart des analystes actuels se plaignent en effet – et à juste titre – de la conduite déplorable des politiques sanitaires et économiques de notre pays. Les faits sont là : la France continue son inexorable dégringolade amorcée il y a quarante ans dans le classement mondial du PIB par habitant, passant dans cet intervalle du 5e au 29e rang mondial. On pourrait bien objecter que cette mesure centrée sur la seule richesse n’est pas forcément le meilleur indicateur pour évaluer le niveau de développement d’une nation, mais l’évolution du score de notre pays n’en reste pas moins éloquente. Par ailleurs le classement du « bonheur » établi par l’ONU[tooltips content= »World Happiness Report 2020″](2)[/tooltips] ne nous est pas plus favorable, puisqu’il ne nous plaçait lui aussi en 2020 qu’au 23e rang mondial, très loin derrière les pays scandinaves qui trustent les premières places depuis l’apparition de ce type de score. Concernant la gestion de la pandémie en cours, les résultats ne sont guère meilleurs. Avec près de 90 000 morts à ce jour, la France est en effet l’un des pays du monde les plus fortement touchés par la Covid-19, et les lenteurs actuelles du processus de vaccination ne laissent pas présager d’une rapide amélioration. Même en respectant l’objectif affiché d’un million d’injections mensuelles, si nous restons par ailleurs à un taux de contamination spontané comparable, il nous faudra plus de deux ans et demi pour parvenir à une immunité collective susceptible d’amener l’extinction de l’épidémie. Soit largement assez de temps pour finir de ruiner notre économie et/ou permettre l’émergence de nouveaux variants du SARS-Cov 2 plus agressifs et/ou résistants aux vaccins…

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Mais que se cache-t-il sous cette montagne d’échecs « externes » (politiques, économiques, sanitaires), si ce n’est justement une défaillance « interne » de nos dirigeants ? Faut-il se plaindre que la mise en œuvre de la vaccination soit déplorable cet hiver quand on pense que les responsables de sa gestion sont les mêmes (Olivier Véran et Jérôme Salomon) que ceux qui avaient échoué si lamentablement à anticiper et prendre en charge la « première vague » au printemps dernier ? Que l’on se souvienne de la gestion déplorable des stocks de masques, et que l’on médite le fait que seule la porte-parole – Madame N’Daye – a été remerciée après l’échec d’une politique qu’elle n’avait fait que communiquer sans l’avoir elle-même décidée… De même, faut-il s’étonner de nos échecs économiques quand on constate que la France, à quelques bémols près, n’a fait que suivre – en dépit de son naufrage patent – la même politique de relance et de redistribution sur fonds publics à base d’endettement croissant depuis plus de quarante ans, couvrant du prétexte savant d’une inspiration keynésienne ce qui n’est en fait le plus souvent que le lâche et coupable achat politicien d’une paix sociale à court terme ?

La confiance nous fait défaut

Pourtant, notre pays a – ou du moins avait – des capacités extraordinaires: des terres agricoles fertiles, un gigantesque espace océanique, une industrie technologiquement avancée et une population jusqu’à récemment parmi les plus éduquées de la planète. Que nous a-t-il manqué, en fait, pour que nous réussissions ? La confiance, principalement. Cette disposition essentielle des acteurs économiques et du peuple lui-même qui les rend tout à fait capables de consentir à des efforts et des sacrifices pour peu qu’ils soient persuadés du bien-fondé des politiques mises en œuvre, et convaincus de la conformité des résultats attendus avec l’intérêt général de la nation. Cette confiance qui avait permis par exemple le gigantesque exploit de la reconstruction d’après-guerre, et qui a hélas été ensuite constamment érodée depuis les années 1970-1980, aboutissant à faire aujourd’hui des Français un des peuples les plus acquis aux théories complotistes et aux thèses politiques extrémistes. Pourquoi ? Parce que le courage chez les élites a manqué, alors qu’il est le déterminant fondamental de la confiance populaire. Le courage d’assumer des erreurs ou des défaites pour corriger une politique ou quitter le pouvoir quand cela s’impose, même en dehors de toute échéance électorale. Le courage de dire au peuple la vérité, même quand celle-ci n’est pas glorieuse et qu’elle peut faire obstacle au tranquille déroulement d’un mandat. Le courage de s’en remettre à lui quand c’est indispensable pour obtenir un réel assentiment, plutôt que de vouloir éviter à tout prix une sanction populaire au risque de laisser germer l’insupportable soupçon de l’arbitraire. C’est cette éthique intime du politique qui a failli en France, longtemps auto-excusée par l’apparente innocuité de sa propre défaillance alors qu’elle entrainait pourtant peu à peu dans sa chute la gouvernance du pays, puis la nation tout entière…

« Tout est lié », disions-nous. Il nous appartient donc peut-être, si nous souhaitons encore nous redresser un jour, de relever en premier lieu le niveau de nos exigences envers ceux qui nous gouvernent, et, s’ils ne le méritent pas, de ne plus leur accorder à chaque échéance, par paresse ou par inconséquence, le bénéfice de votes qui se retourneront ensuite contre nous.

Questions pour une championne: cachez cette Marine Le Pen que Samuel Étienne ne saurait voir…

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Finalement, l’animateur veut bien la recevoir, mais par l’entrée de service


Samuel Étienne anime depuis des années Questions pour un Champion. Il doit sa notoriété au succès de cette émission. Comme c’est un cumulard il officie aussi sur Twitch, un truc qui cible les jeunes[tooltips content= »Twitch est une plate-forme collaborative américaine qui permet de regarder des vidéos, essentiellement de gens appréciant les jeux vidéo NDLR »](1)[/tooltips].

Pas de witch sur Twitch!

Là il reçoit tout le monde. C’est-à-dire n’importe qui : François Hollande, Jean Castex… Et pas Marine Le Pen. Pas de witch sur Twitch! Car, a dit Samuel Etienne, la présidente du Rassemblement national a un problème avec la République. La République, on le sait, est bonne fille.

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On peut faire avec elle ce qu’on veut. Et surtout lui faire dire ce qu’on veut. Ainsi la République a appris avec effroi que Marine Le Pen obtiendrait, selon les sondages, 48% des voix au second tour des présidentielles 2022.

Bouleversée et émue, elle tremble, vacille. Heureusement que Samuel Étienne est là pour l’aider à surmonter cette terrible épreuve. Donc pas de Marine Le Pen sur Twitch ? Pas si simple.

Un tollé

Face au tollé soulevé par son refus, Samuel Étienne s’est gratté la tête. Et surmontant ses délicates pudeurs, il a fait savoir qu’il était prêt à accueillir Marine Le Pen. Mais à ses conditions. Les voici.

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L’émission de Samuel Étienne a habituellement lieu à son domicile. Pas question que la présidente du Rassemblement national y mette les pieds. « Ici c’est chez moi, c’est mon foyer » a-t-il dit. Et dans son foyer douillet n’entre pas qui veut.

Imaginons Marine Le Pen au domicile de Samuel Étienne. Elle pourrait renverser un guéridon, casser la porcelaine et salir le plancher. C’est pourquoi si émission avec Marine Le Pen il y a, elle se fera ailleurs que chez Samuel Étienne.

À l’heure qu’il est nous ignorons la réponse de Marine Le Pen à l’invitation très condescendante et méprisante de l’animateur de France 3. La dignité voudrait qu’elle refuse…

Faisons un tour chez Gibert avant de nous dire adieu!


Avec la fermeture prochaine de quatre librairies Gibert Jeune de la place Saint-Michel, le quartier latin perd tout son suc.


Soyons lucides ! Ce n’est pas une nouvelle étonnante, plutôt la conséquence logique d’une déconstruction en marche. Ne faisons pas comme si le livre soutenait encore Saint-Germain-des-Prés et les écrivains guidaient les peuples opprimés. Il y a bien longtemps que le folklore d’Après-guerre a tiré son rideau de fer. Les zazous n’ont plus les moyens de vivre ici-bas, même les caves s’échangent à prix d’or. L’Odéon est occupé et les quais de Seine sont aujourd’hui surveillés. La liberté se vend à tempérament durant les crises sanitaires. Sartre s’affiche en magnets sur les frigos des étudiants et Simone sur les tee-shirts des mères de famille divorcées. Le deuxième sexe s’habille en « No Bra ». La bohème se recycle désormais dans les boutiques de luxe. Le prêt-à-porter a raflé les meilleurs emplacements de la rive gauche. Le quartier latin ne recueille plus comme autrefois les auteurs fauchés, les dissidents pourchassés et les lecteurs du soir.

thomas morales patachon mondialisation
Thomas Morales

Disparition du papier imprimé

Cioran et Cossery se sont exilés dans les bibliothèques du Morvan et du Berry. La campagne française est le dernier refuge des réfractaires. Elle traite les moralistes avec plus d’égard et moins de démagogie. La disparition du papier imprimé au cœur des villes est un processus qui ne date pas d’hier. Flambées immobilières, tourisme mortifère et marchandisation à outrance du trottoir ont « assaini » le pavé parisien. Les affairistes n’ont que faire du désespoir des petits ou gros bouquinistes. Ce coin de Paris devenu l’eldorado des fripiers ne supporte plus la vision des livres d’occasion. Les boîtes sont une verrue du passé qu’il faut brûler. J’ai passé ma jeunesse la tête enfouie dans les caisses (à l’air libre), de Saint-Michel jusqu’au quai de la Tournelle. Cette fermeture prochaine allonge la liste de nos doléances urbaines. Où allons-nous donc pouvoir errer dorénavant ? Vous nous enlevez progressivement nos derniers lieux de promenade, quasi-gratuits et nostalgiques, capharnaüm de notre mémoire. Les déclassés de notre espèce pouvaient encore y chercher un substrat d’humanité.

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Cette sociabilité et mixité dont vous nous abreuvez les oreilles s’exprimaient dans ces magasins culturels bon marché. Après les zincs fermés, vous vous attaquez à ce qui constituait notre patrimoine vivant. Il était fragile, mal en point, désordonné mais incarnait la dignité des beaux arrondissements. Les restes d’un monde qui ne plient pas totalement sous la mitraille financière. Vous allez détruire nos souvenirs et nos escapades pour quoi en fait ? Des objets éphémères, babioles et vêtements fabriqués dans la misère des terres lointaines, expressions de notre propre déclin. Car pour les citadins désœuvrés, point de chemins de halage à l’horizon ou de falaises de craie ou de futaies à découvrir en famille le week-end, nos promenades nous emmenaient seulement dans les rayonnages de Gibert et leurs « rabicoins » comme l’on dit dans ma province rurale. Chaque excursion dans ces librairies nous apportait son lot de surprises à prix réduit. Hier encore, j’arpentais le vaisseau amiral Gibert Joseph du boulevard, ma gymnastique sportive et intellectuelle de la semaine qui n’est pas encore interdite. Chez Gibert, je l’ai déjà écrit dans Causeur, c’est le livre qui choisit son lecteur. On furète sans idées préconçues, sans schémas bien établis, tout le contraire de notre société du prêt-à-penser, du kit prêt-à-l’emploi. Depuis vingt-cinq ans, je n’ai jamais été déçu. J’ai toujours ramené de ces expéditions livresques, des drôleries qui permettent de repousser la mort. Le livre n’a pas d’autre objectif que reculer le temps et mettre à distance les cons.

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Pascal Sevran, Mario Soldati, Roger Martin du Gard…

Pour une poignée d’euros, je suis reparti, ce jour-là, le sac rempli de bizarreries. J’ai fait la razzia de tous les Pascal Sevran au format poche, son journal en plusieurs exemplaires et son Passé supplémentaire, Prix Nimier 1979. Me rappelant la formule du critique esthète Bernard Morlino dans Lire : « Sevran était écrivain avant d’être célèbre. Son style a l’éclat d’un pur-sang ». Après le rayon français, je me suis aventuré chez les « Italiens » et n’ai pu résister à un Mario Soldati qui manquait à ma collection, surtout pour la belle couverture illustrée du regretté Pierre Le-Tan. J’ai terminé mon errance dans la pièce réservée aux « vieux livres », emportant avec moi, la Correspondance Jacques Copeau et Roger Martin du Gard en deux tomes non massicotés couvrant la période 1913-1949. Entre nous, dans quel autre lieu à Paris, pouvons-nous effectuer un tel voyage ?

PPDA / Porcel: le déni, la colère et le sentiment amoureux


Dans le récit que Florence Porcel fait de son viol par PPDA, on pourrait presque voir du consentement. Elle s’en explique en évoquant un cocktail qui est la recette de toutes les relations sentimentales. La formule aurait peut-être inspiré une fable à La Fontaine.


C’est par la radio qu’un matin, à la table du petit déjeuner, j’ai appris que PPDA était accusé de viol. Je ne sais plus par quelle station, je change souvent, pour fuir les publicités sur les chaînes commerciales, et pour ne pas entendre Askolovitch essayer de nous apitoyer sur le sort des minorités musulmanes opprimées ou Charline Vanhoenacker brailler sur le service public. Je n’ai pas été plus surpris que ça. Je ne connaissais rien de ses manières, mais je me suis fait à la tendance de l’époque et je me suis dit, en pensant à la loi des séries : « Tiens, encore une vedette violeuse ! »

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J’ai tendu l’oreille pour ne louper aucun détail croustillant de cette nouvelle affaire, mais ce n’était pas une bonne idée. La main de PPDA dans la culotte de Porcel (c’est le nom de la plaignante) m’aurait sûrement excité en fin de soirée mais de bon matin, bof. Lorsque j’entendis parler de « fellation non protégée », je ne fus pas plus émoustillé que ça non plus et pour tout dire un peu surpris. « Non protégée » ? Il y a donc des gens qui pratiquent des fellations protégées ? Qui sucent du caoutchouc ? Berk ! Et quand ils se branlent, ils mettent un gant Mappa ?

Des sentiments amoureux créés artificiellement par « l’emprise »

Voici donc ce qui me traversait l’esprit tandis que je priais ma femme de me passer le beurre et que je haussais le ton pour que mon fils revienne finir son « Candy’Up » et son « Pick Up ! » ! Je venais déjà de le lui demander, mais comme j’avais dit « chocolat au lait » et « biscuit », il n’avait pas compris. Voilà où j’en étais donc, redoublant d’imagination pour voir un peu d’érotisme dans le drame que cette innocente vierge avait vécu avec Patrick Poivre « prédateur » d’Arvor lorsque je fus stoppé net dans mes fantasmes par une formule du journaliste qui résumait les sentiments de la fille dans son aventure, requalifiée en viol, avec la bête médiatique : « Un mélange de déni, de colère et de sentiment amoureux. »

J’en restai perplexe. Pour en savoir plus, je suis descendu chercher Le Parisien dans lequel j’ai trouvé ce récit de leur première rencontre (en 2004) selon la version de la jeune femme : « Tout à coup, il ferme la porte, lui propose un verre d’alcool avant de l’agresser sexuellement en l’embrassant puis en introduisant sa main dans sa culotte. Les faits se seraient déroulés rapidement, sans signe annonciateur. La jeune étudiante, tétanisée par la tournure de la situation, se met alors à exécuter mécaniquement ses demandes, comme se déshabiller… Florence Porcel affirme n’être pas parvenue à s’enfuir sous l’effet de la surprise et de la sidération, mais soutient que sa panique était parfaitement perceptible et qu’elle a émis des cris de douleur. »

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J’ai marqué le passage sur le journal pour le retrouver le soir et j’ai continué à chercher les trois mots qui excitaient ma curiosité : « le déni », « la colère » et « le sentiment amoureux ». J’ai fini par les trouver. « Elle décrit un mécanisme d’emprise psychologique, […] un système de déni né de l’admiration qu’elle avait pour l’homme célèbre, puissant et bien plus âgé, et son désir de percer dans le monde littéraire. L’aura de cet homme et son inexpérience sentimentale auraient même déclenché chez elle des sentiments amoureux qu’elle juge aujourd’hui créés artificiellement par cette emprise. Partagée entre la colère et la passion, elle admet avoir continué à lui écrire après l’agression présumée, y compris pour des échanges à caractère érotique. »

Un fait divers qui aurait inspiré La Fontaine

 Le déni, la colère et le sentiment amoureux. La formule était là, éparpillée dans le texte. Elle sonnait bien. Elle aurait sûrement inspiré une fable à La Fontaine. J’en inventai une et j’imaginai mon fils, debout dans le salon, se dandinant et se tenant les mains, déclamer avec sa voix de garçon de cinq ans : « Le Déni, la colère et le sentiment amoureux », de Jean de La Fontaine.

Une pauvre biquette, vingt et un ans passés,

Qu’Apollon et Vénus n’avaient pas visitée,

Adulait un vieil étalon :

Un cheval de retour, beau parleur, bien en vue,

Mais de lourde réputation.

Elle vient à lui, sans souci du qu’en-dira-t-on.

Il lui parle de sa croupe, elle croit qu’elle est aimée.

À ses côtés, de gloire elle est auréolée.

Il la prend sans détour, lui dit : « c’est ça l’amour. »

Le temps passe, les temps changent,

L’ingénue dessalée veut se faire dépoivrer,

Elle trouve une vieille recette :

La chèvre écrit sur tous les toits qu’elle a été violée.

À son procès la meute interroge l’accusé :

« Mais quand elle disait “oui”, que n’entendiez-vous “non” !

À l’abattoir ! Et aux enfers ! »

Le coureur déconfit fut changé en démon.

Mon fils ne nous a jamais récité La Fontaine. À l’école, en dernière année de maternelle, il a appris de quoi nous donner des leçons sur les gestes barrières, les accidents domestiques, le tri des déchets, le réchauffement de la planète et même les stéréotypes sexistes, mais il n’a rapporté ni corbeau, ni renard, ni cyclope, ni cheval ailé, ni Achille, ni Esther, ni Roland, ni Bayard, ni Sophie, ni Robinson, ni Bécassine, ni Fantômette, ni Delphine, ni Marinette. Sans les livres que sa mère lui lit, il penserait que nous sommes tombés de la dernière pluie et que nous avons de la chance de vivre à l’époque du récupérateur d’eau.

Mais mon imagination s’essouffla vite à essayer de suivre les pas du maître et les trois mots m’inspirèrent une autre idée. En repensant à ma vie sentimentalo-sexuelle, je ne trouvais aucune romance qui ne fût faite de déni, de colère et de sentiment amoureux. Les femmes dans ma vie ont toujours vécu le début de nos histoires dans le déni de toute réalité contrariante, puis ont connu la colère d’avoir été aveuglées par leurs sentiments amoureux. Et j’apprenais à la radio que ces trois berceaux de mes amours d’antan étaient devenus les nouveaux cadres d’un viol rétroactif. Je me réjouis alors de n’être pas célèbre et de n’avoir jamais vraiment fâché personne.

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Nation contre «islamo-gauchisme»: la crainte du développement d’une contre-société

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Une tribune du sociologue Tarik Yildiz, auteur notamment de De la fatigue d’être soi au prêt-à-croire. Lutter contre la délinquance pour combattre le radicalisme islamiste, Editions du Puits de Roulle, 2020.


Le 24 février dernier, un sondage[tooltips content= »Odoxa-Backbone Consulting pour France Info et Le Figaro« ](1)[/tooltips] révélait que près de sept Français sur 10 estiment qu’il existe un problème « d’islamo-gauchisme » en France. La définition retenue du concept controversé évoque une complaisance avec l’islamisme radical de personnalités ou de partis politiques de gauche, voire leur refus de prendre des positions fermes contre, par souci de ne pas « stigmatiser les musulmans ».

La nation doit réaffirmer une vision politique partagée pour dépasser les assignations identitaires

Si des réserves méthodologiques s’imposent à l’analyse de ces résultats, ils traduisent manifestement une crainte d’une partie non négligeable de notre société quant à l’influence de « l’islamisme radical ». Ce sondage illustre que les polémiques autour de ce débat ne sont pas de simples phénomènes médiatiques: certains courants idéologiques sont perçus comme menaçant l’intégrité et la cohésion du pays.

Le développement d’une contre-société

Au-delà du caractère imprécis de l’expression – souvent pointé du doigt par des individus usant eux-mêmes de concepts tout aussi imprécis durant de nombreuses années (« ultra-conservateurs, « néo réactionnaires », « souveraino-populistes »…)- l’exécutif est légitime à tenter de répondre aux peurs de ses citoyens. Les inquiétudes sont liées non seulement à la nature de l’idéologie, mais aussi à ce qu’elle suscite dans une partie de la population, qui perçoit le développement d’une contre-société. L’islamisme radical ne représente pas uniquement une manière de pratiquer la religion ou de concevoir le monde, il est le symbole de la puissance du dépassement de l’individualisme par un idéal plus large. Comme l’exprimait Karl Marx il y a près de deux siècles, « la religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu ». Avant d’indiquer que la religion est l’opium du peuple, Marx décrit la puissance d’une certaine forme du religieux, expérience collective qui a longtemps régressé dans les pays les plus développés où l’on observe une individualisation des croyances.

A lire aussi, Renée Fregosi: Les fronts de l’islamo-gauchisme

Les trajectoires d’individus qui se radicalisent sont significatives: cette forme de religion globalisante leur permet de rompre avec une société de la liberté individuelle. Elle constitue un prêt-à-croire répondant à l’ensemble des questions qu’un individu peut se poser, y compris les plus anecdotiques (est-il licite de consommer du fromage « Caprice des Dieux » étant donné le pluriel au mot Dieu ?) tout en fixant un horizon dépassant l’individualisme des sociétés de consommation.

La ministre Frédérique Vidal a eu le courage de parler de l'islamo-gauchisme qui gangrène l'université française. Elle est depuis la cible des attaques de la gauche radicale et d'une partie de la presse française © MAXIME BIHOREAU/SIPA Numéro de reportage: 00944089_000018
La ministre Frédérique Vidal a eu le courage de parler de l’islamo-gauchisme qui gangrène l’université française. Elle est depuis la cible des attaques de la gauche radicale et d’une partie de la presse française
© MAXIME BIHOREAU/SIPA Numéro de reportage: 00944089_000018

La nation pour dépasser les assignations identitaires

Certains courants politiques ont voulu voir, chez les musulmans, les nouveaux damnés de la terre. Ils ont eu l’heur d’observer, avec une forme de fascination, le sacrifice de soi des éléments les plus radicaux, allant jusqu’à le confondre avec l’héroïsme révolutionnaire sublimé par certains mouvements d’extrême-gauche. Et l’objet de cette attirance semble avoir toujours su se renouveler, depuis plus de 40 ans et l’enthousiasme fondateur suscité par l’exilé de Neauphle-le-Château[tooltips content= »L’ayatollah Khomeini se réfugie dans cette commune des Yvelines en 1978 NDLR »](2)[/tooltips].

Du droit à la différence, ils sont passés à l’exaltation de cette dernière, se sentant valorisés par cette posture si bien décrite par Jean-Paul Sartre dans Les Mots, lorsqu’il évoquait l’amour de son grand-père: « Il adorait en moi sa générosité ». Ils adorent, chez les musulmans, leur propre défense des opprimés supposés.

A lire aussi, Nicolas Lecaussin: L’islamo-gauchisme ou les liens de sang entre l’islamisme et le communisme

Cette assignation des musulmans à un rôle de victimes perpétuelles menace le socle de la vision politique de notre nation à laquelle une grande partie de la société est attachée comme démontré dans l’étude La France des valeurs (sous la direction de P. Bréchon, PUG, 2019).

Au-delà des débats autour du monde de la recherche auquel il convient de garantir une totale liberté, le rôle de l’exécutif pourrait être de réaffirmer la vision politique de la Nation partagée par un grand nombre de citoyens : combattre les idéologies imposant des identités et juger chacun par rapport à ses actes.

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Deux belles gueules, une histoire picarde

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Emmanuel Macron et Edouard Louis © Francois GRIVELET/Opale via Leemage – John Foley/Opale/Leemage.

Dans Deux jeunesses françaises, Hervé Algalarrondo retrace les enfances picardes d’Emmanuel Macron et d’Édouard Louis. L’histoire de deux ruptures avec les origines, de deux espoirs de monde nouveau. Et de deux culs-de-sac?


À la fin de Deux jeunesses françaises, Hervé Algalarrondo se définit comme « indéfectiblement social-démocrate » et confie avoir voté Macron en 2017, mais le regretter désormais, déçu par celui qu’il voyait réconcilier la France, et qui s’est conduit au bout du compte en « pompier pyromane », notamment depuis les Gilets jaunes, un Macron qui a fini par « morceler » le pays comme jamais. L’auteur serait donc sans doute surpris que l’on qualifie son livre de… barrésien.

Expliquons-nous : dans Deux jeunesses françaises, il suit les destins parallèles d’Édouard Louis, la star littéraire de l’extrême gauche intersectionnelle, et d’Emmanuel Macron, la star des start-up, adepte d’un ni gauche ni droite qui s’est terminé en ni gauche ni gauche. Quoi de commun entre ces deux hommes que quinze ans séparent, Édouard Louis naissant au début des années 1990 et Macron étant un enfant des Trente Glorieuses finissantes ?

Les deux hommes sont construits sur la transgression avec les codes propres à leur milieu

Je vous le donne en mille : un terroir et ce terroir, c’est la Picardie qui est le troisième personnage du récit documenté que nous donne Algalarrondo, lui-même Picard d’origine. Ce qui unit, pour l’auteur, l’actuel président et un de ses ennemis les plus acharnés, c’est cette région qui a toujours existé dans l’Histoire, dont la langue aurait très bien pu, au Moyen Âge, se substituer au français pour devenir la langue nationale. Mais c’est aussi une région dont la forte identité s’est dissoute administrativement, coincée entre Paris et le Nord-Pas-de-Calais avant de finir noyée dans les Hauts-de-France. Une région que les Rastignac en herbe ont toujours voulu fuir, plus qu’aucune autre, car elle n’offre, dans son mélange de terres agricoles et d’industries en déclin, que la beauté de ses rivages entre baie de Somme et baie d’Authie en passant par les falaises d’Ault et la mélancolie des innombrables cimetières militaires de la Somme.

Pour le reste, tout oppose Macron et Édouard Louis, depuis la petite enfance. Mais ce hasard géographique, pour Algalarrondo, permet de mettre habilement en perspective ce qu’en d’autres temps on appelait des destins de classe. Macron naît dans la bonne bourgeoisie amiénoise, fréquente l’enseignement privé dès la sixième, vit dans un monde protégé d’avenues calmes et patriciennes, celles du quartier d’Henriville, tandis qu’Édouard Louis, qui s’appelle encore Eddy Bellegueule, vit dans un village du Vimeu, enfant d’un milieu populaire. On pourrait, pour Deux jeunesses françaises, imaginer ainsi le célèbre générique d’Amicalement vôtre, à cette différence qu’Édouard Louis et Emmanuel Macron, contrairement à Dany Wilde et Lord Brett Sinclair, ne seront jamais amis, bien au contraire.

Pour les deux hommes, il s’agit d’abord d’échapper à des déterminismes différents, mais puissants. À Macron, la maison pleine de livres, la grand-mère institutrice qui a pour son petit-fils la certitude d’un destin hors pair et joue dans sa formation un rôle essentiel. À Édouard Louis, un entourage qui regarde comme un vilain petit canard ce garçon efféminé qui préfère le théâtre (comme Macron) au foot et baigne dans une famille qui écoute la télé 24 h/24 h pour oublier les fins de mois difficiles. Même si Algalarrondo montre, témoignages à l’appui, à quel point dans En finir avec Eddy Bellegueule, il a noirci le tableau et blessé sa propre famille, ses enseignants ou ses amis – encore un point commun avec Macron, plus surprenant, un même mépris pour les classes populaires.

Les deux hommes vont d’ailleurs se construire sur la transgression avec les codes propres à leur milieu. Cette transgression s’appellera Brigitte Trogneux pour Macron et Didier Eribon pour Édouard Louis. Louis, peu de temps avant ses 19 ans, rencontre Eribon alors qu’il est un moment maître-assistant à Amiens. Quand la famille Macron hâte l’exfiltration vers Paris du fils amoureux de sa professeure de théâtre plus âgée pour éviter le scandale, Édouard Louis trouve enfin en Eribon un mentor qui a connu un destin similaire au sien, l’homo en rupture avec son milieu d’origine, et qui va lui servir de guide, ce qui va aboutir très vite au trio vedette Édouard Louis-Lagasnerie-Eribon qui fait régner désormais un magistère féroce dans les milieux de la gauche radicale.

Tout l’intérêt de ces Deux jeunesses françaises est dans la manière dont Algalarrondo montre que le déracinement, autre thème barrésien, est un reniement nécessaire pour ces deux hommes qui incarnent aujourd’hui une assez peu sympathique modernité où le désir d’accomplir un destin ne se conjugue pas au désir d’émanciper les autres. C’est que, chacun à sa manière, les deux Picards veulent tracer les contours d’un nouvel ordre politique et moral, sans doute bien plus impitoyable que l’ancien.

Hervé Algalarrondo, Deux jeunesses françaises, Grasset, 2021.

Irak: trente ans plus tard

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Mossoul, 7 mars 2021 © Andrew Medichini/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22546088_000040

Le voyage du Pape François en Irak demeurera comme l’un des grands événements de cette année.


Le récent voyage du pape François en Irak a remis sur le devant de la scène ce pays et sa situation. Il y a vingt ans déjà, en 2001, les États-Unis dénonçaient l’Irak de Saddam Hussein comme faisant partie de « l’axe du mal » qui devait être annihilé. Humiliés par les attentats de septembre, les États-Unis se cherchaient un adversaire à combattre et à vaincre. Depuis l’intervention de 1991, il y a trente ans cette année, l’Irak était dans le collimateur de Washington. En 2001, Saddam Hussein sauva sa tête, les troupes américaines partant vers l’Afghanistan, où elles connurent l’amertume de l’enlisement.

Vingt ans plus tard, la situation à Kaboul et dans le reste du pays n’est guère meilleure que celle qu’elle était alors. Pour Saddam Hussein et son régime, le répit ne fut que de courte durée. En 2003, après avoir tenté de convaincre que l’Irak disposait d’armes de destructions massives, les États-Unis bombardaient le pays et tentaient de faire un regime change qui est très loin d’avoir porté ses promesses. L’Irak détruit s’enlisa dans le chaos, et avec lui le reste du Moyen-Orient. Puis ce furent les printemps arabes de 2011, il y a dix ans, l’émergence de l’État islamique, composé en partie de cadres sunnites de l’armée de Saddam Hussein, et l’expansion du djihad vers le nord de l’Afrique, puis le Sahel et dorénavant le golfe de Guinée et l’Afrique de l’Ouest.

Un nouveau monde, ancré dans l’ancien monde

Trente ans après la guerre du Golfe, l’histoire a à la fois beaucoup avancé et en même temps stagné. Avancé, car le Moyen-Orient n’est plus tout à fait le même. La question palestinienne est moins prégnante. Les accords d’Abraham entre les Émirats arabes unis et Israël ont réglé une partie des problèmes et, surtout, les générations ont changé. Le facteur temps est essentiel en géopolitique, et hélas pas assez pris en compte. Une génération, c’est environ 25 ans. Depuis 1991, c’est près de deux générations qui sont passées, ce qui est à la fois peu et considérable. Les dignitaires irakiens qui ont 40 ans aujourd’hui avaient dix ans à l’époque de la première guerre du Golfe, c’est-à-dire une éternité pour eux et presque un autre monde. Beaucoup de choses ont changé depuis cette année qui vit la disparition de l’URSS, l’hégémonie des États-Unis, leur hyperpuissance et même leur seule puissance. Nous sommes revenus désormais à un monde multipolaire, la Chine compte alors qu’elle pesait peu, et le réveil des cultures et des civilisations est manifeste, que ce soit avec le redressement de l’islamisme ou de l’indigénisme. Depuis la guerre du Golfe de 1991, c’est un autre monde qui a émergé et de nouvelles relations internationales qui le structurent ; mais un nouveau monde marqué par des permanences : celles des cultures, des religions, des peuples et de la défense des territoires.

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Un homme en blanc dans les sables d’Abraham

Le voyage du Pape François en Irak demeurera comme l’un des grands événements de cette année. Il est le seul chef d’État à pouvoir effectuer une telle visite en Irak. Non pas seulement se rendre à Bagdad, dans les quartiers sécurisés et protégés, ou dans quelques bases militaires, comme le font les présidents américains, mais dans les villes et les quartiers irakiens, là où habite la population et là où elle subit les attaques et les espoirs de la reconstruction. En se rendant à Mossoul et à Ur, le Pape a marqué l’importance de l’histoire, qui se manifeste dans des lieux et des symboles, comme cette rencontre à Ur avec les représentants de toutes les religions qui reconnaissent Abraham comme père. Une rencontre qui a démontré que la fraternité humaine est possible, comme le dialogue et l’entente, même si très souvent c’est la guerre qui demeure et qui fait les bruits des relations humaines. Si, fondamentalement, rien ne changera pour l’Irak, cette visite a permis de montrer aux Irakiens d’une part et au monde d’autre part que le pays n’était pas uniquement celui de l’État islamique et des attentats, mais qu’il pouvait aussi recevoir un dignitaire étranger et l’accueillir sans dommage et sans attaque. Pour l’image que les Irakiens ont d’eux-mêmes et pour celle qu’ils donnent au reste du monde, c’est un élément essentiel de leur dignité collective.

Un pays en miettes, mais en reconstruction

18 ans après la seconde guerre du Golfe, la reconstruction de l’Irak demeure un enjeu majeur. Bien qu’officiellement vaincu depuis décembre 2017, l’État islamique continue d’agir, en tenant quelques zones grises où il entretient réseaux et influences. L’Irak est en proie aux rivalités de ses voisins, notamment la Turquie et l’Iran, qui interviennent dans les affaires intérieures du pays pour mieux placer leurs pions et tenir leur avantage. Le pays est tenu par les milices, que celles-ci soient d’obédience iranienne ou turque. Elles sont dans l’État et elles sont l’État, tout à la fois ennemies de la cohésion nationale et de la pacification et éléments de la tenue de l’État comme rares structures encore reconnues. Attaquer les milices, c’est donc attaquer l’État lui-même. Leur présence est officialisée par le fait qu’un budget particulier leur soit alloué tous les ans, budget voté par l’Assemblée nationale. La corruption est endémique en Irak, les ressources de l’État faisant rêver bon nombre de fonctionnaires et de bureaucrates ayant accès à ses largesses. Elle tire son origine de l’embargo décrété par l’ONU après 1991. Sous couvert de lutter contre Saddam Hussein, les États-Unis avaient fait adopter un embargo très strict qui a brisé le développement économique du pays et fait accroître la pauvreté. La rareté des ressources engendrée par l’embargo a encouragé la corruption, qui a connu à partir de ces années-là une envolée majeure. Ce système n’a fait que croître avec la guerre de 2003 et le renversement de Saddam Hussein.

La revanche des chiites

Les chiites représentent environ 55% de la population irakienne, mais ils n’ont jamais tenu les rênes du pouvoir, celui-ci étant entre les mains des sunnites. Les Américains ayant imposé la tenue d’élections libres, c’est le groupe majoritaire qui l’a emporté, à savoir les chiites, qui ont pris pour la première fois les rênes de l’Irak, renvoyant les sunnites dans l’opposition. Les minorités, et parmi elles les chrétiens, ne pèsent plus grand-chose, alors que le ministre des Affaires étrangères et vice-premier ministre de Saddam Hussein, Tarek Aziz, était de confession chrétienne. L’Irak panarabiste et baasiste, plurielle dans ses religions et ses peuples a vécu. Désormais, le pays est divisé en clans et en milices, qui affiliées à l’Iran, qui affiliées à la Turquie, et semble perpétuellement menacé de désintégration. Les projets de séparation de l’Irak en plusieurs territoires, selon des critères ethniques et religieux, n’ont pas encore été abandonnés, même si cela posera plus de problèmes encore à une région particulièrement instable.

La rencontre avec le grand ayatollah

À Nadjaf, la capitale irakienne des chiites, le Pape François a rencontré le grand ayatollah Ali Al-Sistani, 90 ans, guide spirituel respecté et figure politique majeure de l’Irak post Saddam Hussein. S’il est l’une des personnes les plus influentes de la scène politique irakienne, il ne s’exprime jamais en public, mais par ses représentants, qui sont les imams du vendredi de Karbala, et il n’apparaît que très rarement à la télévision ou en public. Cette rencontre est donc un grand événement pour lui et pour l’Irak, car celle-ci fut en partie publique, avec retransmission télévisée de certaines images. Son fils, Mohammad Reza Sistani, 59 ans, avait une relation très étroite avec Qassem Soleimani, ancien commandant de la force du Quds, assassiné le 3 janvier 2020 à Bagdad.

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Bien que chiite, Sistani s’oppose à la théorie du Velayat-e-Faqih, qui est la théorie dominante du régime iranien et qui suppose que les religieux ont la prédominance sur le politique. En dépit de cette opposition sur cette question du droit musulman, il ne s’est jamais opposé ouvertement au régime de Téhéran. Il a déjà rencontré le président iranien Rohani, mais n’a pas rencontré Raïssi, l’actuel chef du pouvoir judiciaire, l’un des candidats iraniens à la succession de Khamenei, qui s’est rendu en Irak en février. En 2014, Sistani a largement contribué à faire progresser l’influence de l’Iran en Irak. Après l’attaque de l’EI et l’occupation d’un tiers du territoire du nord et de l’ouest de l’Irak par Daech, il a émis une fatwa exigeant le djihad pour le peuple chiite irakien. Sur la base de cette fatwa, la Force Quds d’Iran, et plus précisément Qassem Soleimani, a mis en place les forces de mobilisation populaire en Irak, tout comme le Basij affilié aux Gardiens de la Révolution d’Iran. La Force Quds d’Iran a rendu ces forces de plus en plus dépendantes d’elles au cours des sept dernières années. C’est cette force qui tire actuellement des missiles sur les bases militaires américaines en Irak et dans la zone verte au nom du régime iranien. Et c’est cette force qui a réprimé les manifestants irakiens qui veulent se libérer du joug du régime iranien.

Ses représentants ont parfois pris position en faveur des jeunes manifestants chiites et parfois en faveur du gouvernement. De nombreux manifestants chiites le respectent toujours, mais à de nombreuses reprises, les jeunes chiites se sont mis en colère contre lui et ont condamné son silence, sans qu’il soit néanmoins attaqué ouvertement. Sistani demeure une grande force morale et politique fort utile dans un pays qui est soumis à la désintégration et qui demeure sans base politique stable.

Désormais dirigé par des chiites, la question est donc de savoir si l’Irak va s’aligner sur Téhéran et former un axe chiite dans ce Moyen-Orient majoritairement sunnite. Ou si au contraire c’est la nation qui va l’emporter sur la tribu et la religion, c’est-à-dire le fait de se sentir Irakien avant de revendiquer une appartenance au chiisme, au sunnisme ou à un peuple particulier. Ce qui se passera en Irak au cours des années qui viennent est à regarder de près, tant le pays servira une fois de plus de laboratoire pour ce Moyen-Orient en perpétuel changement.

Source: Institut des libertés

Un volapük désintégré

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Tag en écriture inclusive, Paris 18° arrondissement. © Jeanne Menjoulet/Flickr

L’écriture inclusive est illégale. C’est un nouveau combat à livrer pour la francophonie, en plus de la résistance à l’anglais.


Nous sommes en guerre politique, culturelle et linguistique. L’ennemi, on le connaît: un courant de déconstruction, né en France dans les années 70, renforcé aux Etats-Unis depuis une vingtaine d’années, auquel se joint un Canada multiculturel fluid gender, sans oublier la contribution des institutions européennes. En témoigne, à elle seule, l’écriture inclusive, qui fait rage actuellement, championne d’exclusion, au nom d’un égalitarisme révolutionnaire.

La langue doit rester la même pour tous

Née du latin, la langue française s’est développée avec l’écrit. Son acte de naissance est « le Serment de Strasbourg » (842). Quant à « l’Ordonnance de Villers-Côtterets » (1539), elle est toujours en vigueur, et fait de la langue française « claire et intelligible » la langue de l’administration, émancipée du latin et des langues régionales, ce qui ne signifie pas qu’on supprime l’étymologie latine ni n’empêche de parler basque et breton. Une langue n’est donc pas un lieu de combat idéologique où s’affrontent des bandes rivales. De ces dates, en revanche, gravées dans l’histoire de France, découlent des vérités non discutables: l’orthographe française n’est pas phonétique mais étymologique, et la Nouvelle Orthographe, venue du Canada, n’est aucunement régalienne, mais une tolérance. Être « auteur » quel que soit votre sexe, voilà l’égalité. Deuxièmement, le genre grammatical n’est pas le sexe ; le masculin n’exclut pas le féminin mais il a une valeur extensive.

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Troisièmement, la suppression du circonflexe signe une ignorance linguistique fâcheuse. Il « parait », c’est le verbe « parer » à l’imparfait. En revanche, dans « il paraît », du verbe paraître, le s, rendu muet (on dit « amuï ») sous forme de circonflexe, se retrouve au pluriel: nous paraissons. Même chose pour le verbe naître. Ces circonflexes ont le mérite d’apprendre les familles de mots[tooltips content= »Dans le verbe naître, le s du verbe latin (nascere) est marqué par un circonflexe: il naît. On dit qu’il est amuï: rendu muet. Mais son «mutisme» cesse au pluriel et le s réapparaît: nous naissons, nous connaissons. On voit donc bien que le circonflexe n’est pas superflu. Même chose dans un mot, cette fois: le mot fenêtre vient du latin «fenestra»: le s tombe et se marque par le circonflexe… mais on le retrouve dans le verbe défénestrer. Fête, c’est pareil: le mot vient de «festa», latin: le s s’amuït, se fait circonflexe et se retrouve dans le verbe festoyer, et ainsi de suite. Cette étymologie aide à apprendre les familles de mots. Or, la Nouvelle Orthographe supprime les circonflexes, tout comme les ordinateurs les suppriment, du coup on ne fait plus attention à eux alors que le circonflexe, au subjonctif imparfait, par exemple, ne sera jamais supprimé… et tout à l’avenant. Ce n’est pas difficile d’apprendre aux élèves l’orthographe. Il y a des difficultés, et après ? Dans toutes les langues, les verbes présentent des difficultés. Le hongrois et le turc, c’est bien autre chose que le français ! »](1)[/tooltips]. Enfin, la lettre e n’est aucunement un suffixe féminin comme en témoignent les mots ministre et journaliste. Et votre médecin, si elle est une femme, n’est pas votre « médecine. » Et que dire du féminin « écrivaine » à la finale… parlante ! C’est l’article qui fixe le genre grammatical. Ajouter un e au masculin « à condition qu’il soit muet », dit l’Académie, est une plaisanterie pour ne pas dire une discrimination.

Inégalitaire, car illisible à ceux qui lisent en braille, inabordable pour les étrangers, impossible à prononcer, l’écriture inclusive est illégale. L’article 2 de la Constitution dit que « La langue française est la langue de la République ». La même pour tous, du haut de l’échelle sociale en bas, la langue française est donc garante de l’unité de la France. Puisqu’Edouard Philippe, rappelant l’Ordonnance de Villers- Côtterets n’a pas été entendu, en 2018, il est temps que le pouvoir politique, à la demande du député de l’Indre à l’Assemblée[tooltips content= »François Jolivet NDLR »](2)[/tooltips], rappelle l’illégalité de la pratique de l’inclusive. À moins de faire la révolution, une loi doit être appliquée.

L’écriture inclusive et l’Anglais ne passeront pas!

Le combat pour la langue française va de pair avec celui de la francophonie. Le Haut Conseil international de la Langue française et de la francophonie, (HCILF), sous la houlette vigoureuse d’Albert Salon, ancien ambassadeur de la France, vient de lancer une campagne médiatique et politique afin que le président de la République s’oppose à l’imposition illégale et illégitime — post Brexit !— de l’anglais comme langue commune, à la Commission et au Parlement européens.

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Certes, business is business mais faudrait-il oublier que, si la langue française a eu pour vocation d’être la langue diplomatique, c’était pour des raisons pérennes: clarté dans l’expression des idées, précision du vocabulaire et concision de la pensée, langue de culture qui a forgé l’Europe ? Comme Aragon le dit dans « La leçon de Ribeirac » à la fin de Les Yeux d’Elsa, l’heure est venue d’entrer en résistance. Si notre langue est, par vocation, ouverte à l’autre, elle n’est pas la langue archipélique du Tout Monde. Le français se meurt au Québec. Le chinois s’installe en Afrique. La langue française n’est pas un volapük désintégré.

La guerre au français

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Tant qu’il y aura des DVD

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Monica Guerritore et Alain Delon dans l'Homme pressé (1977). © Studiocanal

Les salles de cinéma seraient-elles définitivement des maisons closes? Les clients, y compris le « furtif du samedi soir », sont priés de rester chez eux et d’y consommer DVD et Blu-Ray. Heureusement le cinéma a de beaux restes…


En noir

Pièges, de Robert Siodmak

Blu-ray édité par Gaumont

Le défunt Roger Boussinot était souvent inspiré. Pourtant, dans sa précieuse Encyclopédie du cinéma, il passe à côté ou presque de Robert Siodmak, réalisateur germano-américain né en 1900 à Dresde (Allemagne) et mort en 1973 à Ascona (Suisse). Il ne fait ainsi que mentionner certains de ses neuf films français tournés entre 1935 et 1939, alors même que deux d’entre eux, au moins, sont d’absolues réussites. Mollenard d’abord, avec le génial Harry Baur dans le rôle d’un ancien capitaine au long cours tyrannisé par son épouse, l’impeccable Gabrielle Dorziat. Avec Pièges, le film suivant, Siodmak se montre encore plus inspiré. Sur un scénario de Jacques Companéez et Ernest Neuville (pseudonyme français de l’Allemand Ernest Neubach), inspiré d’une affaire criminelle très récente, le cinéaste signe l’un des polars français les plus remarquables de ces années d’avant-guerre. Le fait divers en question, c’est l’affaire Weidmann, du nom d’un ex-détenu allemand guillotiné en juin 1939 pour le meurtre crapuleux de sept personnes. Certaines d’entre elles ont été contactées par petites annonces et le film généralise ce modus operandi faisant du tueur un serial killer de jolies jeunes filles. Ainsi résumé, le film de Siodmak ne pourrait bien être qu’un énième suspense fondé sur l’arrestation d’un innocent et la découverte du vrai coupable grâce à l’entêtement de la fiancée du premier. Or, Pièges s’avère d’un intérêt bien supérieur. D’abord par l’extrême qualité de son réjouissant casting : outre Maurice Chevalier, dont c’est peut-être l’unique rôle digne de ce nom au cinéma, on y croise Pierre Renoir, Eric von Stroheim, Jacques Varennes et Jean Témerson, sans oublier une véritable découverte féminine : Marie Déa. Tous servent à merveille un propos qui repose en permanence sur l’ambiguïté, la dualité et les ruptures de ton. C’est en cela que le recours à Maurice Chevalier, star absolue à l’époque, y compris aux États-Unis, est d’une grande intelligence. Dans le rôle d’un patron de boîte de nuit, le chanteur-acteur assure le show, comme il se doit, allant même jusqu’à interpréter deux titres sautillants au cours du film : il est tout à la fois charmant, charmeur, léger et pétillant. Mais, polar oblige, il est également accusé à tort. Avec un même personnage, on passe donc de Lubitsch à Fritz Lang, sans que les registres successivement léger et grave en pâtissent le moins du monde. Prouesse scénaristique et cinématographique d’autant plus remarquable que tous les personnages de Pièges partagent cette ambivalence, à l’instar d’un photographe pervers et inquiétant qui se révélera être un flic menant son enquête ou d’un couturier, admirablement incarné par von Stroheim, que l’on croit dangereux et qui s’avère pathétique. Même le personnage principal féminin n’échappe pas à ce jeu de masques et de faux-semblants, elle qui enchaîne les fonctions et les déguisements sans jamais désarmer. Enfin, Siodmak reconstitue avec beaucoup de finesse des milieux sociaux très différents, se promenant avec aisance parmi eux, comme le faisait notamment Julien Duvivier dans Un carnet de bal, deux ans auparavant.

©Gaumont
©Gaumont

Sorti le 16 décembre 1939, le film connut un immense succès immédiat, mais en l’absence de son réalisateur parti quatre mois plus tôt s’exiler aux États-Unis, après avoir fui l’Allemagne l’année de l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Depuis longtemps en proie à des attaques xénophobes et antisémites au sein même du cinéma français, Robert Siodmak ne fait qu’anticiper alors la décision des autorités nazies qui interdisent purement et simplement le film dès le début de l’Occupation. L’Action française se chargeant elle de stigmatiser l’ambiance délétère qui régnerait dans le film, ainsi que « l’odieuse présence du Juif von Stroheim ». Siodmak emporte avec lui une copie du film qui sort amputé d’une douzaine de minutes en raison du caractère trop sexuel de certaines scènes… Pièges fera même l’objet d’un remake assez fidèle, réalisé par Douglas Sirk en 1947 avec Lucille Ball, George Sanders et Boris Karloff dans les rôles principaux.

En vitesse

L’Homme pressé, d’Édouard Molinaro

Coffret Blu-ray et DVD édité par Studiocanal

C’est un film de droite qui détonne donc particulièrement dans le paysage du cinéma français des années 1970. Adapté assez fidèlement du roman de Paul Morand par un artisan honnête mais sans relief, Édouard Molinaro, le film repose tout entier sur les épaules tout aussi de droite de son producteur et acteur principal, Alain Delon. Comme le démontre avec brio Frédéric Taddéï dans un remarquable entretien qui constitue le bonus de ce coffret, tout film avec Delon est d’abord et avant tout un film sur Delon. Cet Homme pressé en est l’illustration parfaite : c’est l’histoire d’un parvenu qui, tel un loup solitaire, existe contre la société qui l’entoure, préférant les valeurs individuelles aux valeurs collectives. Un Eastwood à la française si l’on préfère.

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Le reste du film n’est pas à la hauteur de ce propos décapant, mais peu importe. On le revoit pour Delon, pour cette façon d’incarner toujours le même personnage (ici, pour une fois, ni un flic ni un voyou, soit dit en passant), d’être sans cesse au centre de l’écran, séducteur et séduisant jusqu’au bout.

En gothique

La Maison aux sept pignons, de Joe May

Coffret Blu-ray édité par Rimini

Très belle édition avec livret et bonus pour ce film trop méconnu et réalisé en 1940, adaptation réussie d’un classique du roman gothique américain écrit par Nathaniel Hawthorne en 1851. Soit la rivalité entre deux frères dont l’un fait, à tort, condamner l’autre pour le meurtre de leur père, sur fond de demeure familiale maudite depuis des générations. Ce pourrait être grotesque, mais la présence au casting de George Sanders et Vincent Price, entre autres, fait tout passer. Beauté du noir et blanc, ambiances nocturnes avec pluie et tempête, description d’une vie provinciale médiocre : le film multiplie ainsi des atouts indéniables. Il prend même une dimension politique en abordant le commerce des esclaves, objet de transactions illicites et autres malversations. Le parfait film de genre qui déborde fort heureusement du cadre imposé et mérite largement d’être découvert ou redécouvert.

© Rimini
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Hermès, le maître des arts secrets

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Hermes Ludovisi, copie romaine conservée au Musée national romain à Rome. Wikipedia Commons

Un essai de Rémi Soulié sur le plus mystérieux des dieux de la mythologie.


Dans Racination, un essai d’une vertigineuse densité, publié par le regretté Pierre-Guillaume de Roux, Rémi Soulié convoquait Homère et Hölderlin, Heidegger et Mistral, tant d’autres poètes et voyants, tous singuliers, pour conjurer le grand naufrage et pour exalter « l’amitié originelle et émerveillée avec le monde, le dévoilement de l’universelle sympathie analogique ».

Le frère d’Apollon

Rémi Soulié, dont le patronyme évoque le soleil du Rouergue (pensons à Soulès, le vrai nom d’Abellio, l’un de ses maîtres), y exprimait une saine méfiance à l’égard de l’abstraction qui détache sans pour autant résoudre l’énigme du monde. Cette quête de sens, il la poursuit avec vaillance et ténacité, comme l’un de ces solitaires de jadis, à qui ce Cathare fait parfois songer. Il s’attaque aujourd’hui aux métamorphoses d’Hermès, le fils de Zeus et de Maïa (il rappelle que, en sanskrit, maïa signifie l’illusion), frère d’Apollon et père de Pan, à la fois dieu de l’Olympe et ami des mortels, héraut et messager, interprète de la volonté divine, guide et intercesseur.

Héritage européen depuis Homère

Hermès maîtrise les arts du secret; il est voleur dès le berceau, un tantinet coquin, parjure même, magicien et, comme le soulignait l’helléniste Walter Friedrich Otto, « maître de la bonne occasion ». Soulié rappelle que ce dieu des passages, capable d’ingéniosité et d’une troublante désinvolture, est présent dans tout l’héritage européen depuis Homère, et jusque dans la pensée mahométane sous le nom d’Idris. Connu aussi sous le nom romain de Mercure, Hermès trois fois très grand continue de fasciner, de l’Égypte (Thot !) à la France du Grand Siècle. Néoplatoniciens, adeptes discrets de l’Art royal, poètes romantiques (Blake !) et scientifiques des confins le saluent à leur manière comme leur guide secret. La sienne de manière, à Rémi Soulié, se révèle contre-moderne, révulsé qu’il est par ce qu’est devenu cet homme sans qualités, dur et aveugle, émotif et calculateur.

Un curieux essai à ajouter au Corpus hermeticum et qui paraît chez le même éditeur, dans la même collection que le précieux À propos des Dieux de Jean-François Gautier, un autre ami récemment disparu.

Rémi Soulié, Les Métamorphoses d’Hermès, La Nouvelle Librairie. Chez le même éditeur, Rémi Soulié postface une belle Anthologie Friedrich Nietzsche.

Les Métamorphoses d'Hermès: Hermétisme et herméneutique

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Politique vaccinale, peur des variants, crainte d’une ruine économique: le moral des Français pas près de remonter

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Le ministre de l'économie Bruno Le Maire, novembre 2020 © Eric Dessons/JDD/SIPA Numéro de reportage: 00989906_000029

« Tout est lié » …


« Tout est lié »… C’est cette phrase lourde de sens qui constituait en 2015 le cœur de l’encyclique Laudato Si[tooltips content= »http://www.vatican.va/content/dam/francesco/pdf/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si_fr.pdf »](1)[/tooltips], dans laquelle le pape François tentait d’expliquer à des contemporains sélectivement sourds et aveugles l’importance d’une écologie intégrale, selon laquelle l’intérêt porté à la nature – l’éthique écologique – se doit, pour avoir un sens et une cohérence, de s’accompagner d’un respect équivalent de l’humain – l’éthique anthropologique.

Par une analogie funeste, il se trouve que l’on pourrait totalement appliquer ce schéma conceptuel à l’explication de l’abominable déliquescence qui paralyse actuellement notre pays.

Une de l'hebdomadaire "Le Point" du 11 mars 2021
Une de l’hebdomadaire « Le Point » du 11 mars 2021

Notre déclin est-il inexorable?

La plupart des analystes actuels se plaignent en effet – et à juste titre – de la conduite déplorable des politiques sanitaires et économiques de notre pays. Les faits sont là : la France continue son inexorable dégringolade amorcée il y a quarante ans dans le classement mondial du PIB par habitant, passant dans cet intervalle du 5e au 29e rang mondial. On pourrait bien objecter que cette mesure centrée sur la seule richesse n’est pas forcément le meilleur indicateur pour évaluer le niveau de développement d’une nation, mais l’évolution du score de notre pays n’en reste pas moins éloquente. Par ailleurs le classement du « bonheur » établi par l’ONU[tooltips content= »World Happiness Report 2020″](2)[/tooltips] ne nous est pas plus favorable, puisqu’il ne nous plaçait lui aussi en 2020 qu’au 23e rang mondial, très loin derrière les pays scandinaves qui trustent les premières places depuis l’apparition de ce type de score. Concernant la gestion de la pandémie en cours, les résultats ne sont guère meilleurs. Avec près de 90 000 morts à ce jour, la France est en effet l’un des pays du monde les plus fortement touchés par la Covid-19, et les lenteurs actuelles du processus de vaccination ne laissent pas présager d’une rapide amélioration. Même en respectant l’objectif affiché d’un million d’injections mensuelles, si nous restons par ailleurs à un taux de contamination spontané comparable, il nous faudra plus de deux ans et demi pour parvenir à une immunité collective susceptible d’amener l’extinction de l’épidémie. Soit largement assez de temps pour finir de ruiner notre économie et/ou permettre l’émergence de nouveaux variants du SARS-Cov 2 plus agressifs et/ou résistants aux vaccins…

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Mais que se cache-t-il sous cette montagne d’échecs « externes » (politiques, économiques, sanitaires), si ce n’est justement une défaillance « interne » de nos dirigeants ? Faut-il se plaindre que la mise en œuvre de la vaccination soit déplorable cet hiver quand on pense que les responsables de sa gestion sont les mêmes (Olivier Véran et Jérôme Salomon) que ceux qui avaient échoué si lamentablement à anticiper et prendre en charge la « première vague » au printemps dernier ? Que l’on se souvienne de la gestion déplorable des stocks de masques, et que l’on médite le fait que seule la porte-parole – Madame N’Daye – a été remerciée après l’échec d’une politique qu’elle n’avait fait que communiquer sans l’avoir elle-même décidée… De même, faut-il s’étonner de nos échecs économiques quand on constate que la France, à quelques bémols près, n’a fait que suivre – en dépit de son naufrage patent – la même politique de relance et de redistribution sur fonds publics à base d’endettement croissant depuis plus de quarante ans, couvrant du prétexte savant d’une inspiration keynésienne ce qui n’est en fait le plus souvent que le lâche et coupable achat politicien d’une paix sociale à court terme ?

La confiance nous fait défaut

Pourtant, notre pays a – ou du moins avait – des capacités extraordinaires: des terres agricoles fertiles, un gigantesque espace océanique, une industrie technologiquement avancée et une population jusqu’à récemment parmi les plus éduquées de la planète. Que nous a-t-il manqué, en fait, pour que nous réussissions ? La confiance, principalement. Cette disposition essentielle des acteurs économiques et du peuple lui-même qui les rend tout à fait capables de consentir à des efforts et des sacrifices pour peu qu’ils soient persuadés du bien-fondé des politiques mises en œuvre, et convaincus de la conformité des résultats attendus avec l’intérêt général de la nation. Cette confiance qui avait permis par exemple le gigantesque exploit de la reconstruction d’après-guerre, et qui a hélas été ensuite constamment érodée depuis les années 1970-1980, aboutissant à faire aujourd’hui des Français un des peuples les plus acquis aux théories complotistes et aux thèses politiques extrémistes. Pourquoi ? Parce que le courage chez les élites a manqué, alors qu’il est le déterminant fondamental de la confiance populaire. Le courage d’assumer des erreurs ou des défaites pour corriger une politique ou quitter le pouvoir quand cela s’impose, même en dehors de toute échéance électorale. Le courage de dire au peuple la vérité, même quand celle-ci n’est pas glorieuse et qu’elle peut faire obstacle au tranquille déroulement d’un mandat. Le courage de s’en remettre à lui quand c’est indispensable pour obtenir un réel assentiment, plutôt que de vouloir éviter à tout prix une sanction populaire au risque de laisser germer l’insupportable soupçon de l’arbitraire. C’est cette éthique intime du politique qui a failli en France, longtemps auto-excusée par l’apparente innocuité de sa propre défaillance alors qu’elle entrainait pourtant peu à peu dans sa chute la gouvernance du pays, puis la nation tout entière…

« Tout est lié », disions-nous. Il nous appartient donc peut-être, si nous souhaitons encore nous redresser un jour, de relever en premier lieu le niveau de nos exigences envers ceux qui nous gouvernent, et, s’ils ne le méritent pas, de ne plus leur accorder à chaque échéance, par paresse ou par inconséquence, le bénéfice de votes qui se retourneront ensuite contre nous.

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Questions pour une championne: cachez cette Marine Le Pen que Samuel Étienne ne saurait voir…

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L'homme de télévision Samuel Etienne © BALTEL/SIPA Numéro de reportage : 00858233_000012

Finalement, l’animateur veut bien la recevoir, mais par l’entrée de service


Samuel Étienne anime depuis des années Questions pour un Champion. Il doit sa notoriété au succès de cette émission. Comme c’est un cumulard il officie aussi sur Twitch, un truc qui cible les jeunes[tooltips content= »Twitch est une plate-forme collaborative américaine qui permet de regarder des vidéos, essentiellement de gens appréciant les jeux vidéo NDLR »](1)[/tooltips].

Pas de witch sur Twitch!

Là il reçoit tout le monde. C’est-à-dire n’importe qui : François Hollande, Jean Castex… Et pas Marine Le Pen. Pas de witch sur Twitch! Car, a dit Samuel Etienne, la présidente du Rassemblement national a un problème avec la République. La République, on le sait, est bonne fille.

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On peut faire avec elle ce qu’on veut. Et surtout lui faire dire ce qu’on veut. Ainsi la République a appris avec effroi que Marine Le Pen obtiendrait, selon les sondages, 48% des voix au second tour des présidentielles 2022.

Bouleversée et émue, elle tremble, vacille. Heureusement que Samuel Étienne est là pour l’aider à surmonter cette terrible épreuve. Donc pas de Marine Le Pen sur Twitch ? Pas si simple.

Un tollé

Face au tollé soulevé par son refus, Samuel Étienne s’est gratté la tête. Et surmontant ses délicates pudeurs, il a fait savoir qu’il était prêt à accueillir Marine Le Pen. Mais à ses conditions. Les voici.

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L’émission de Samuel Étienne a habituellement lieu à son domicile. Pas question que la présidente du Rassemblement national y mette les pieds. « Ici c’est chez moi, c’est mon foyer » a-t-il dit. Et dans son foyer douillet n’entre pas qui veut.

Imaginons Marine Le Pen au domicile de Samuel Étienne. Elle pourrait renverser un guéridon, casser la porcelaine et salir le plancher. C’est pourquoi si émission avec Marine Le Pen il y a, elle se fera ailleurs que chez Samuel Étienne.

À l’heure qu’il est nous ignorons la réponse de Marine Le Pen à l’invitation très condescendante et méprisante de l’animateur de France 3. La dignité voudrait qu’elle refuse…

Faisons un tour chez Gibert avant de nous dire adieu!

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Rue de la Huchette / Google Maps.

Avec la fermeture prochaine de quatre librairies Gibert Jeune de la place Saint-Michel, le quartier latin perd tout son suc.


Soyons lucides ! Ce n’est pas une nouvelle étonnante, plutôt la conséquence logique d’une déconstruction en marche. Ne faisons pas comme si le livre soutenait encore Saint-Germain-des-Prés et les écrivains guidaient les peuples opprimés. Il y a bien longtemps que le folklore d’Après-guerre a tiré son rideau de fer. Les zazous n’ont plus les moyens de vivre ici-bas, même les caves s’échangent à prix d’or. L’Odéon est occupé et les quais de Seine sont aujourd’hui surveillés. La liberté se vend à tempérament durant les crises sanitaires. Sartre s’affiche en magnets sur les frigos des étudiants et Simone sur les tee-shirts des mères de famille divorcées. Le deuxième sexe s’habille en « No Bra ». La bohème se recycle désormais dans les boutiques de luxe. Le prêt-à-porter a raflé les meilleurs emplacements de la rive gauche. Le quartier latin ne recueille plus comme autrefois les auteurs fauchés, les dissidents pourchassés et les lecteurs du soir.

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Thomas Morales

Disparition du papier imprimé

Cioran et Cossery se sont exilés dans les bibliothèques du Morvan et du Berry. La campagne française est le dernier refuge des réfractaires. Elle traite les moralistes avec plus d’égard et moins de démagogie. La disparition du papier imprimé au cœur des villes est un processus qui ne date pas d’hier. Flambées immobilières, tourisme mortifère et marchandisation à outrance du trottoir ont « assaini » le pavé parisien. Les affairistes n’ont que faire du désespoir des petits ou gros bouquinistes. Ce coin de Paris devenu l’eldorado des fripiers ne supporte plus la vision des livres d’occasion. Les boîtes sont une verrue du passé qu’il faut brûler. J’ai passé ma jeunesse la tête enfouie dans les caisses (à l’air libre), de Saint-Michel jusqu’au quai de la Tournelle. Cette fermeture prochaine allonge la liste de nos doléances urbaines. Où allons-nous donc pouvoir errer dorénavant ? Vous nous enlevez progressivement nos derniers lieux de promenade, quasi-gratuits et nostalgiques, capharnaüm de notre mémoire. Les déclassés de notre espèce pouvaient encore y chercher un substrat d’humanité.

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Cette sociabilité et mixité dont vous nous abreuvez les oreilles s’exprimaient dans ces magasins culturels bon marché. Après les zincs fermés, vous vous attaquez à ce qui constituait notre patrimoine vivant. Il était fragile, mal en point, désordonné mais incarnait la dignité des beaux arrondissements. Les restes d’un monde qui ne plient pas totalement sous la mitraille financière. Vous allez détruire nos souvenirs et nos escapades pour quoi en fait ? Des objets éphémères, babioles et vêtements fabriqués dans la misère des terres lointaines, expressions de notre propre déclin. Car pour les citadins désœuvrés, point de chemins de halage à l’horizon ou de falaises de craie ou de futaies à découvrir en famille le week-end, nos promenades nous emmenaient seulement dans les rayonnages de Gibert et leurs « rabicoins » comme l’on dit dans ma province rurale. Chaque excursion dans ces librairies nous apportait son lot de surprises à prix réduit. Hier encore, j’arpentais le vaisseau amiral Gibert Joseph du boulevard, ma gymnastique sportive et intellectuelle de la semaine qui n’est pas encore interdite. Chez Gibert, je l’ai déjà écrit dans Causeur, c’est le livre qui choisit son lecteur. On furète sans idées préconçues, sans schémas bien établis, tout le contraire de notre société du prêt-à-penser, du kit prêt-à-l’emploi. Depuis vingt-cinq ans, je n’ai jamais été déçu. J’ai toujours ramené de ces expéditions livresques, des drôleries qui permettent de repousser la mort. Le livre n’a pas d’autre objectif que reculer le temps et mettre à distance les cons.

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Pascal Sevran, Mario Soldati, Roger Martin du Gard…

Pour une poignée d’euros, je suis reparti, ce jour-là, le sac rempli de bizarreries. J’ai fait la razzia de tous les Pascal Sevran au format poche, son journal en plusieurs exemplaires et son Passé supplémentaire, Prix Nimier 1979. Me rappelant la formule du critique esthète Bernard Morlino dans Lire : « Sevran était écrivain avant d’être célèbre. Son style a l’éclat d’un pur-sang ». Après le rayon français, je me suis aventuré chez les « Italiens » et n’ai pu résister à un Mario Soldati qui manquait à ma collection, surtout pour la belle couverture illustrée du regretté Pierre Le-Tan. J’ai terminé mon errance dans la pièce réservée aux « vieux livres », emportant avec moi, la Correspondance Jacques Copeau et Roger Martin du Gard en deux tomes non massicotés couvrant la période 1913-1949. Entre nous, dans quel autre lieu à Paris, pouvons-nous effectuer un tel voyage ?

PPDA / Porcel: le déni, la colère et le sentiment amoureux

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Patrick Poivre d’Arvor, sur le plateau de son émission littéraire « Vol de nuit », diffusée sur TF1, en 2008. © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Dans le récit que Florence Porcel fait de son viol par PPDA, on pourrait presque voir du consentement. Elle s’en explique en évoquant un cocktail qui est la recette de toutes les relations sentimentales. La formule aurait peut-être inspiré une fable à La Fontaine.


C’est par la radio qu’un matin, à la table du petit déjeuner, j’ai appris que PPDA était accusé de viol. Je ne sais plus par quelle station, je change souvent, pour fuir les publicités sur les chaînes commerciales, et pour ne pas entendre Askolovitch essayer de nous apitoyer sur le sort des minorités musulmanes opprimées ou Charline Vanhoenacker brailler sur le service public. Je n’ai pas été plus surpris que ça. Je ne connaissais rien de ses manières, mais je me suis fait à la tendance de l’époque et je me suis dit, en pensant à la loi des séries : « Tiens, encore une vedette violeuse ! »

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J’ai tendu l’oreille pour ne louper aucun détail croustillant de cette nouvelle affaire, mais ce n’était pas une bonne idée. La main de PPDA dans la culotte de Porcel (c’est le nom de la plaignante) m’aurait sûrement excité en fin de soirée mais de bon matin, bof. Lorsque j’entendis parler de « fellation non protégée », je ne fus pas plus émoustillé que ça non plus et pour tout dire un peu surpris. « Non protégée » ? Il y a donc des gens qui pratiquent des fellations protégées ? Qui sucent du caoutchouc ? Berk ! Et quand ils se branlent, ils mettent un gant Mappa ?

Des sentiments amoureux créés artificiellement par « l’emprise »

Voici donc ce qui me traversait l’esprit tandis que je priais ma femme de me passer le beurre et que je haussais le ton pour que mon fils revienne finir son « Candy’Up » et son « Pick Up ! » ! Je venais déjà de le lui demander, mais comme j’avais dit « chocolat au lait » et « biscuit », il n’avait pas compris. Voilà où j’en étais donc, redoublant d’imagination pour voir un peu d’érotisme dans le drame que cette innocente vierge avait vécu avec Patrick Poivre « prédateur » d’Arvor lorsque je fus stoppé net dans mes fantasmes par une formule du journaliste qui résumait les sentiments de la fille dans son aventure, requalifiée en viol, avec la bête médiatique : « Un mélange de déni, de colère et de sentiment amoureux. »

J’en restai perplexe. Pour en savoir plus, je suis descendu chercher Le Parisien dans lequel j’ai trouvé ce récit de leur première rencontre (en 2004) selon la version de la jeune femme : « Tout à coup, il ferme la porte, lui propose un verre d’alcool avant de l’agresser sexuellement en l’embrassant puis en introduisant sa main dans sa culotte. Les faits se seraient déroulés rapidement, sans signe annonciateur. La jeune étudiante, tétanisée par la tournure de la situation, se met alors à exécuter mécaniquement ses demandes, comme se déshabiller… Florence Porcel affirme n’être pas parvenue à s’enfuir sous l’effet de la surprise et de la sidération, mais soutient que sa panique était parfaitement perceptible et qu’elle a émis des cris de douleur. »

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J’ai marqué le passage sur le journal pour le retrouver le soir et j’ai continué à chercher les trois mots qui excitaient ma curiosité : « le déni », « la colère » et « le sentiment amoureux ». J’ai fini par les trouver. « Elle décrit un mécanisme d’emprise psychologique, […] un système de déni né de l’admiration qu’elle avait pour l’homme célèbre, puissant et bien plus âgé, et son désir de percer dans le monde littéraire. L’aura de cet homme et son inexpérience sentimentale auraient même déclenché chez elle des sentiments amoureux qu’elle juge aujourd’hui créés artificiellement par cette emprise. Partagée entre la colère et la passion, elle admet avoir continué à lui écrire après l’agression présumée, y compris pour des échanges à caractère érotique. »

Un fait divers qui aurait inspiré La Fontaine

 Le déni, la colère et le sentiment amoureux. La formule était là, éparpillée dans le texte. Elle sonnait bien. Elle aurait sûrement inspiré une fable à La Fontaine. J’en inventai une et j’imaginai mon fils, debout dans le salon, se dandinant et se tenant les mains, déclamer avec sa voix de garçon de cinq ans : « Le Déni, la colère et le sentiment amoureux », de Jean de La Fontaine.

Une pauvre biquette, vingt et un ans passés,

Qu’Apollon et Vénus n’avaient pas visitée,

Adulait un vieil étalon :

Un cheval de retour, beau parleur, bien en vue,

Mais de lourde réputation.

Elle vient à lui, sans souci du qu’en-dira-t-on.

Il lui parle de sa croupe, elle croit qu’elle est aimée.

À ses côtés, de gloire elle est auréolée.

Il la prend sans détour, lui dit : « c’est ça l’amour. »

Le temps passe, les temps changent,

L’ingénue dessalée veut se faire dépoivrer,

Elle trouve une vieille recette :

La chèvre écrit sur tous les toits qu’elle a été violée.

À son procès la meute interroge l’accusé :

« Mais quand elle disait “oui”, que n’entendiez-vous “non” !

À l’abattoir ! Et aux enfers ! »

Le coureur déconfit fut changé en démon.

Mon fils ne nous a jamais récité La Fontaine. À l’école, en dernière année de maternelle, il a appris de quoi nous donner des leçons sur les gestes barrières, les accidents domestiques, le tri des déchets, le réchauffement de la planète et même les stéréotypes sexistes, mais il n’a rapporté ni corbeau, ni renard, ni cyclope, ni cheval ailé, ni Achille, ni Esther, ni Roland, ni Bayard, ni Sophie, ni Robinson, ni Bécassine, ni Fantômette, ni Delphine, ni Marinette. Sans les livres que sa mère lui lit, il penserait que nous sommes tombés de la dernière pluie et que nous avons de la chance de vivre à l’époque du récupérateur d’eau.

Mais mon imagination s’essouffla vite à essayer de suivre les pas du maître et les trois mots m’inspirèrent une autre idée. En repensant à ma vie sentimentalo-sexuelle, je ne trouvais aucune romance qui ne fût faite de déni, de colère et de sentiment amoureux. Les femmes dans ma vie ont toujours vécu le début de nos histoires dans le déni de toute réalité contrariante, puis ont connu la colère d’avoir été aveuglées par leurs sentiments amoureux. Et j’apprenais à la radio que ces trois berceaux de mes amours d’antan étaient devenus les nouveaux cadres d’un viol rétroactif. Je me réjouis alors de n’être pas célèbre et de n’avoir jamais vraiment fâché personne.

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Nation contre «islamo-gauchisme»: la crainte du développement d’une contre-société

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Le sociologue Tarik Yildiz © Photographe : Hannah Assouline

Une tribune du sociologue Tarik Yildiz, auteur notamment de De la fatigue d’être soi au prêt-à-croire. Lutter contre la délinquance pour combattre le radicalisme islamiste, Editions du Puits de Roulle, 2020.


Le 24 février dernier, un sondage[tooltips content= »Odoxa-Backbone Consulting pour France Info et Le Figaro« ](1)[/tooltips] révélait que près de sept Français sur 10 estiment qu’il existe un problème « d’islamo-gauchisme » en France. La définition retenue du concept controversé évoque une complaisance avec l’islamisme radical de personnalités ou de partis politiques de gauche, voire leur refus de prendre des positions fermes contre, par souci de ne pas « stigmatiser les musulmans ».

La nation doit réaffirmer une vision politique partagée pour dépasser les assignations identitaires

Si des réserves méthodologiques s’imposent à l’analyse de ces résultats, ils traduisent manifestement une crainte d’une partie non négligeable de notre société quant à l’influence de « l’islamisme radical ». Ce sondage illustre que les polémiques autour de ce débat ne sont pas de simples phénomènes médiatiques: certains courants idéologiques sont perçus comme menaçant l’intégrité et la cohésion du pays.

Le développement d’une contre-société

Au-delà du caractère imprécis de l’expression – souvent pointé du doigt par des individus usant eux-mêmes de concepts tout aussi imprécis durant de nombreuses années (« ultra-conservateurs, « néo réactionnaires », « souveraino-populistes »…)- l’exécutif est légitime à tenter de répondre aux peurs de ses citoyens. Les inquiétudes sont liées non seulement à la nature de l’idéologie, mais aussi à ce qu’elle suscite dans une partie de la population, qui perçoit le développement d’une contre-société. L’islamisme radical ne représente pas uniquement une manière de pratiquer la religion ou de concevoir le monde, il est le symbole de la puissance du dépassement de l’individualisme par un idéal plus large. Comme l’exprimait Karl Marx il y a près de deux siècles, « la religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu ». Avant d’indiquer que la religion est l’opium du peuple, Marx décrit la puissance d’une certaine forme du religieux, expérience collective qui a longtemps régressé dans les pays les plus développés où l’on observe une individualisation des croyances.

A lire aussi, Renée Fregosi: Les fronts de l’islamo-gauchisme

Les trajectoires d’individus qui se radicalisent sont significatives: cette forme de religion globalisante leur permet de rompre avec une société de la liberté individuelle. Elle constitue un prêt-à-croire répondant à l’ensemble des questions qu’un individu peut se poser, y compris les plus anecdotiques (est-il licite de consommer du fromage « Caprice des Dieux » étant donné le pluriel au mot Dieu ?) tout en fixant un horizon dépassant l’individualisme des sociétés de consommation.

La ministre Frédérique Vidal a eu le courage de parler de l'islamo-gauchisme qui gangrène l'université française. Elle est depuis la cible des attaques de la gauche radicale et d'une partie de la presse française © MAXIME BIHOREAU/SIPA Numéro de reportage: 00944089_000018
La ministre Frédérique Vidal a eu le courage de parler de l’islamo-gauchisme qui gangrène l’université française. Elle est depuis la cible des attaques de la gauche radicale et d’une partie de la presse française
© MAXIME BIHOREAU/SIPA Numéro de reportage: 00944089_000018

La nation pour dépasser les assignations identitaires

Certains courants politiques ont voulu voir, chez les musulmans, les nouveaux damnés de la terre. Ils ont eu l’heur d’observer, avec une forme de fascination, le sacrifice de soi des éléments les plus radicaux, allant jusqu’à le confondre avec l’héroïsme révolutionnaire sublimé par certains mouvements d’extrême-gauche. Et l’objet de cette attirance semble avoir toujours su se renouveler, depuis plus de 40 ans et l’enthousiasme fondateur suscité par l’exilé de Neauphle-le-Château[tooltips content= »L’ayatollah Khomeini se réfugie dans cette commune des Yvelines en 1978 NDLR »](2)[/tooltips].

Du droit à la différence, ils sont passés à l’exaltation de cette dernière, se sentant valorisés par cette posture si bien décrite par Jean-Paul Sartre dans Les Mots, lorsqu’il évoquait l’amour de son grand-père: « Il adorait en moi sa générosité ». Ils adorent, chez les musulmans, leur propre défense des opprimés supposés.

A lire aussi, Nicolas Lecaussin: L’islamo-gauchisme ou les liens de sang entre l’islamisme et le communisme

Cette assignation des musulmans à un rôle de victimes perpétuelles menace le socle de la vision politique de notre nation à laquelle une grande partie de la société est attachée comme démontré dans l’étude La France des valeurs (sous la direction de P. Bréchon, PUG, 2019).

Au-delà des débats autour du monde de la recherche auquel il convient de garantir une totale liberté, le rôle de l’exécutif pourrait être de réaffirmer la vision politique de la Nation partagée par un grand nombre de citoyens : combattre les idéologies imposant des identités et juger chacun par rapport à ses actes.

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