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[Vidéo] La semaine de Causeur

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La semaine de Causeur revient sur les cinq articles les plus consultés sur le site Causeur.fr durant la semaine écoulée. Notre Directeur adjoint de la rédaction Jeremy Stubbs commente et analyse.


Cette semaine :

#1 Deux idéologies accablent Mila

#2 Rassemblement national: Zéro + Zéro = Zéro

#3 Les cours de rééducation sexuelle de Giulia Foïs

#4 Laïcité : sortis par la porte, les “collabos” rentrent par la fenêtre

#5 Pécresse contre les Khmers

Mon père et l’exploit du gardien suisse

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Le vaurien lausannois a regardé la qualification des Suisses contre la France


Il m’arrive, le plus souvent la nuit, d’appeler mon père – jamais ma mère. Il ne me répond pas. Le voudrait-il qu’il ne le pourrait pas. Et puis, il estimait que chacun devait affronter ses heures de désarroi et qu’il n’y avait pas de remèdes à la maladie humaine. Nul ne vous tendrait la main et lui moins que quiconque : n’y a-t-il jamais eu d’autre horizon que la souffrance et la solitude ? 

J’y songeais en lisant les poèmes admirablement traduits de l’italien par Renato Weber de Pietro De Marchi : Le papier d’orange. Je devais ce livre à Ivan Farron qui l’avait préfacé et me l’avait remis en songeant que la victoire miraculeuse de la Suisse sur la France, victoire qui lui avait arraché des larmes (à moi aussi, je l’avoue) me ferait d’autant plus apprécier les poèmes de Pietro De Marchi sur le football.

Je me souviens de mon père prenant des trains de nuit pour assister aux matches du Lausanne – Sports contre les Young – Boys. La vieillesse est un voyageur de nuit. J’imagine le bonheur qu’il aurait ressenti en voyant la modeste équipe suisse affronter l’arrogance des Français et l’emporter. On peut mourir pour moins que ça ! Mais mon père était déjà incinéré au cimetière de Montoie depuis près d’un demi-siècle. La dernière victoire qui lui avait arraché des larmes était celle de la Suisse contre l’Allemagne en 1938 au Parc des Princes. Il est vrai que l’enjeu dépassait alors tout ce qui était imaginable : la guerre l’emportait sur le jeu.

A lire aussi, Jean Messiha: Football: l’idéologie diversitaire à l’offensive en Équipe de France

Pas d’apitoiement : chaque vieillard que je vois quand le temps se teinte d’octobre, semble me dire : « J’ai été ton père autrefois ». Et pour conclure avec Pietro de Marchi ce poème : 

«  Aimant les paradoxes, il avait écrit 
qu’au fond tout le monde 
mourait au bon moment.
Il eut une longue vie et finalement, 
épuisé, comme la Sybille, 
il voulait simplement pouvoir mourir
de mort naturelle 
sans prolongations 
Inutiles. »

Mais il aurait raté le tir au but de M’ Bappé et l’exploit du gardien suisse Yann Sommer. Peut-être eût-il alors concédé que la vie ne comporte pas que des désagréments.

Juré, craché, on ne parlera plus de “blanchité alimentaire” à Science-Po!

Les théories racialistes, très en vogue à gauche, embarrassent Science Po. Une bien mauvaise soupe !


La « blanchité » a encore frappé ! Il semblerait d’ailleurs qu’elle ne sache plus faire que ça… Et comme la liste des reproches n’était pas assez exhaustive encore ; on en a remis une bonne louche avec la « blanchité alimentaire ». Tout un programme !

Pollution américaine

Concept (s’il en est) défendu par une chercheuse du CNRS, Mathilde Cohen, qui a expliqué, dans le cadre d’un colloque organisé par Sciences Po Paris, que – attention – « les habitudes alimentaires sont façonnées par les normes des classes moyennes supérieures blanches » contribuant ainsi à « renforcer la blanchité comme identité raciale dominante ». Inutile de préciser que ladite chercheuse est également maître de conférences dans une université américaine, parce que ça ne s’invente pas.

À l’appui de deux proto arguments, elle affirme donc que le poisson le vendredi à la cantine, c’est mal ; et que le droit contribuerait à faire de nos habitudes alimentaires à la française un « régime alimentaire privilégié et juridiquement protégé ». Excusez-vous d’être les héritiers d’une patrie qui a fait de la gastronomie un art à part entière, et que, par ailleurs, tout le monde nous envie ! Mais c’est sans doute justement là le problème.

Les vraies questions sociales sur l’alimentation délaissées

L’obstination de vouloir voir des discriminations raciales partout leur fait oublier qu’il y a un problème plus urgent à régler. C’est que les enfants de classes populaires ont encore aujourd’hui quatre fois plus de risque d’être obèses que les enfants de classes supérieures. Et s’il y a 8% d’obèses chez les cadres, il y en a 17% chez les ouvriers. Alors le problème n’est pas tant celui du « manger français » ou non, mais dans le fait de rendre accessible à tous le « bien manger », qu’il soit français, chinois ou marocain.

À lire aussi: Nathalie Heinich dézingue nos sociologues en peau de lapin

Malgré les remous qu’ont provoqué les polémiques sur les cantines scolaires, on aurait plutôt envie de considérer que, pour certains gamins, c’est plutôt une chance de pouvoir échapper, une fois par jour, au Nutriscore E. Mais c’est là un sujet qui demeure malheureusement tellement actuel qu’il en est devenu passé de mode.

Profusion de théories indigestes

C’est encore autre chose qui doit nous faire dresser les poils. L’Institut d’Études Politiques de Paris a, en effet, tenu à préciser que les propos malheureux qui ont été tenus par Mathilde Cohen n’engageaient en rien l’École elle-même. Comprendre : les propos ne peuvent ternir l’image de l’École. Sauf que, jamais à l’abri d’aucune forme d’opportunisme, les mêmes boniments n’ont pas pour autant été fermement condamnés par l’IEP. Sans doute est-ce pour l’ex-prestigieuse École une manière de briller encore… Auquel cas la tristesse doit s’ajouter à la révolte.

Ce qui est sans doute plus triste encore, c’est l’état de déréliction totale dans lequel se trouve la Recherche en sciences humaines aujourd’hui dans nos universités. Rechercher, c’est avant tout vouloir mettre le doigt sur des vérités, ce qui implique d’emblée la neutralité. Or la recherche n’en finit plus aujourd’hui de faire les yeux doux à l’idéologie dont tout le monde sait que, par définition, elle est toujours approximative et s’arrange plus que moins avec l’exactitude. Mais qu’importe, il s’agit de donner du biscuit à ses néo-thaumaturges qui feignent de croire (mais, doux Jésus, peut-être le croient-ils vraiment) qu’il suffit de faire de beaux discours déconstructeurs pour encore construire quelque chose. Et parce qu’il faut quand même rendre le machin digeste, c’est avec une bonne dose d’ornements conceptuels complètement fallacieux et une pincée de néologismes.

À lire aussi: Tout doit-il forcément être pluri, multi ou poly quelque chose?

Rendormez-vous, les woke !

Il y a là un dévoiement complet du sens même de démocratie, où le rapport de forces n’en finit plus de se substituer aux débats, et la provocation de tenir lieu d’opinion. Ironie du sort : c’est en voulant rendre la justice à tous les « persécutés » que les woke ne font rien autrement que de perpétuer la dichotomie insoluble du « nous » et du « eux ». Mais c’est encore une manière de se repentir que de se tirer une balle dans le pied. Sûrement flatteur aussi de se chercher partout des problèmes à régler. 
Je ne sais pas pour vous, mais moi, face à tant d’inepties, je me retrouve souvent désarmée et finis par souscrire définitivement à la sentence de Philippe Bouvard : « la démocratie, c’est la moitié des cons plus un ». Et si c’est ça être « éveillé », je préfère encore dormir.

Irène Drésel, l’électro bienvenue

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L’Élysée aime la musique électronique d’Irène Drésel? Écoutons son dernier disque pour savoir de quoi il retourne.


Emmanuel Macron n’en a plus pour longtemps. Un an. Et il le sait. Il n’est ici à l’Élysée qu’un locataire qui devra laisser les clés au suivant. Pour le maître des horloges, le temps est compté. Oh ! il va sans doute remporter un second sésame. C’est une éventualité. Mais peut-être pas. Et c’est sans doute pour cette dernière raison – sans le savoir, sans le vouloir – qu’il a invité à la Fête de la Musique 2021 Irène Drésel. Cette jeune artiste appartient au monde clos de la Tech. Rien à voir avec la start-up nation de sinistre mémoire. On parle ici de la musique techno. Où résonnent ces mots, dans leur froide nudité. Underground. Clubbing. After. Rave. Free Party. Résidence. Y règne bien souvent une âpreté que la culture de la drogue, des soirées moites n’efface pas. Mais Macron n’en a cure. L’électro, c’est la musique qui abolit le temps et le discernement. Le président a convié l’une de ses jeunes ambassadrices afin de repousser le moment où il devra quitter les lieux. 

Marceline Desbordes-Valmore des platines

« Kinky Dogma » : dogme de la perversité, est le nom du deuxième album de la très belle – ainsi apparaît-elle sur la pochette – Irène Drésel. Nantie d’un tel patronyme, on croirait découvrir une poétesse du XIXe siècle. Une sorte de Marceline Desbordes-Valmore des platines. Avec ses habits de scène et son décorum hyper créatif, on pousserait le vice jusqu’à la comparer à un modèle de Mucha. Des figures puisées dans un passé lointain, inhabituelles au regard du genre musical, mais qui tentent de traduire une démarche singulière. Cela tombe bien, « Kinky Dogma » n’est pas n’importe quel album d’électro. Ce disque propose – poliment comme sur le morceau d’introduction, “Bienvenue” – une musique droite, inflexible mais organique, tintinnabulante. On se croirait sur l’Olympe. Mais une Olympe qui plongerait ses flancs dans le royaume d’Hadès. Les visiteurs audacieux y glisseront du paradis (souvent) vers l’enfer (parfois). Belle métaphore, au passage, du mandat en cours. 

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La techno accessible aux non-initiés

« Kinky Dogma », c’est l’album électro parfait pour les apprentis boomers amoureux de pop, les vieux rockeurs sur le retour. Accessible, dit-on. Il appelle quelques références qui plairont aux ancêtres. D’abord le titre, « Kinky Dogma ». Un clin d’œil inconscient aux Kinks qui avaient justement décliné l’expression kinky (coquin, bizarre) à dessein ; souvenez-vous du frère de Ray, Dave Davis, arborant de superbes cuissardes rouges, des décennies avant Lalanne. Musicalement, on pense aux BO de John Carpenter, dont il était l’unique maître d’œuvre, mais aussi aux pionniers français de la musique synthétique, des laborantins fous comme Besombes et Rizet. Et allez, Jean-Michel Jarre, pour ceux qui ne savent pas ! 

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Le plus important est de retenir que la musique d’Irène Drésel, pour hypnotique et instrumentale qu’elle soit, n’est jamais plombante, morne ou industrieuse. Elle possède – parfois – quelque chose de chatoyant, comme si la console se transformait en pépiements d’oiseau. Elle sait aussi ménager son auditeur, passant de morceaux courts et flamboyants à des titres plus longs, aux inflexions dramatiques. Le dernier, dépassant les neuf minutes, a été judicieusement placé à la fin du disque. Aussi êtes-vous autorisés à l’ignorer, d’autant qu’il s’intitule “Stupre”. Pour le reste, on vous recommandera le cristallin “Vestale”, où la musicienne semble jouer sur des verres en cristal, le tubesque et kaléidoscopique “Pinky”, “Loup solitaire”, qui débute comme une annonce à Orly pour rapidement migrer vers une musique des steppes à la Tolstoï, aventureuse et romanesque, l’assez joli “Celake” et le très François de Roubaix “Club Saint Paul”. 

Le reste n’est en rien anecdotique. Il faut de toute façon accepter de s’abandonner dans cette musique d’une heure et huit minutes. Bien évidemment, précisons que l’écoute de ce disque ne vous fera pas oublier, voire renier les musiques dites populaires, le rock classique ou la chanson à texte. Pas plus qu’elle ne vous transformera en teufeur zadiste. Elle vous ouvrira une porte. À vous de l’entrebâiller et d’y glisser un pied ou de la pousser et d’y entrer pleinement comme dans un nouveau monde, mais pas celui de notre futur ancien président.

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Principes républicains: plutôt un voile qu’une crèche?

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Mercredi, les députés et le gouvernement se sont écharpés au sujet d’une assesseure de bureau de vote voilée et des drapeaux étrangers brandis dans les mairies lors des cérémonies de mariage.


Certains n’y voient qu’une tempête dans un verre d’eau. D’autres savent l’importance des symboles et refusent de rester passifs quand un étendard ennemi est planté au cœur de nos institutions.

Mercredi, les députés et le gouvernement se sont écharpés au sujet d’une assesseure de bureau de vote voilée, et des drapeaux étrangers de plus en plus souvent brandis dans nos mairies lors de certains mariages. Je ne reviendrai pas sur la signification du voile islamique, l’ayant déjà analysée en détail dans un article récent, je veux me concentrer sur ce que révèlent les réactions de nos élus.

Le voile est adhésion à une idéologie hostile

D’abord, faire du hijab une question de laïcité est un non-sens. Le vrai problème du voile n’est pas qu’il soit religieux, mais qu’il est l’exhibition d’une adhésion militante à une idéologie sexiste, sectaire, et radicalement hostile à notre civilisation.

A ceux qui prétendraient que je généralise à outrance, que j’accuse toutes les femmes voilées d’être sexistes, sectaires et ennemies, je rappelle que la signification d’un symbole ne dépend pas des intentions de la personne qui le porte. Il est (heureusement) interdit de se promener dans la rue en arborant une croix gammée, et personne ne se demande si celui qui voudrait en porter une est un immonde néo-nazi, ou un hindou pour qui il s’agit seulement d’une svastika. Je ne spécule donc pas sur les convictions intimes de telle ou telle femme voilée, je constate la signification générale du voile, « atteinte à la dignité humaine dans sa composante féminine » pour citer Ghaleb Bencheikh.

A lire aussi, Ghaleb Bencheikh: « Il faut en finir avec les balivernes débitées par des imams incultes »

Pensez aux affiches électorales : si j’ai un t-shirt « votez Machin », il est probable que je ne partage pas la totalité des convictions de Machin, que je n’approuve pas la totalité de son programme. Il n’empêche : je contribue à affirmer ses idées, à le porter au pouvoir, et donc à mettre en œuvre son projet politique dans son entièreté, y compris les points que je désapprouve. De même, il est fort possible qu’une femme voilée n’approuve pas la totalité des prescriptions du Coran, elle porte néanmoins l’étendard d’un projet de société dans lequel les femmes n’ont pas les même droits civiques que les hommes, qui refuse la liberté de conscience en criminalisant l’apostasie (ce qui est le cas dans la quasi-totalité des pays musulmans, et fait l’unanimité des quatre madhhabs sunnites), et exhibe son refus radical de la civilisation européenne et de la culture française.

Entrisme et conquête

Mais ce n’est pas un problème religieux : que des assesseurs de bureaux de vote portent donc la croix, la kippa, une robe de moine bouddhiste ou le symbole du Tao, qu’importe ! Et si vous me dites que le bouddhisme n’appartient pas non plus à notre civilisation, je répondrai qu’il y a deux différences majeures : les élèves de Shakyamuni n’ont pas pour projet d’instaurer une théocratie totalitaire, et leurs valeurs fondamentales sont parfaitement compatibles avec celles de l’Europe (je parle bien ici des valeurs profondes de l’Europe, pas des modes superficielles du consumérisme matérialiste et du « progressisme » relativiste). S’ouvrir aux disciples de Bouddha, Lao Tseu ou Confucius, ou aux fidèles d’Amaterasu, n’est donc absolument pas la même chose que de s’ouvrir aux séides d’Al Ghazâlî.

Il est tout aussi absurde de parler de « séparatisme », et c’est un élément très intéressant de la situation. Une femme voilée qui tient un bureau de vote n’est pas à l’écart du fonctionnement des institutions, elle s’y insère tout en manifestant le rejet de leurs sous-bassements philosophiques et culturels. Ce n’est pas du séparatisme mais de l’entrisme, un signe d’islamisation de la société dans son ensemble. Le gouvernement en est encore à craindre la constitution d’enclaves, alors que nos ennemis en sont déjà au stade suivant : la conquête.

Une énième affaire ?

Et c’est bien ainsi qu’il faut relier cette énième « affaire du voile » au débat sur les drapeaux étrangers lors des mariages. Une mairie est le cœur de notre vie civique, le lieu de la démocratie au plus proche des citoyens. Y arborer un drapeau étranger, souvent d’un pays ouvertement hostile à la France (Algérie, Turquie….) n’est pas un signe de séparatisme mais d’impérialisme, dont la symbolique est limpide : exhiber fièrement son étendard dans un territoire que l’on est en train de conquérir. C’est encore plus flagrant avec les insupportables cortèges de ces mariages dits « communautaires », en fait systématiquement musulmans : avec des voitures les plus tape-à-l’œil possible, en faisant un maximum de bruit, bloquer la circulation pour s’emparer de l’espace public en faisant bien sentir aux autres leur impuissance, et y défiler en brandissant les drapeaux de pays étrangers auxquels on s’identifie contre la France – car vous n’y verrez jamais le drapeau français, que l’on ne vienne pas nous sortir une fable sur la richesse de la double nationalité.

A lire aussi, du même auteur: Deux idéologies accablent Mila

Notons enfin l’hypocrisie du gouvernement, si révélatrice de la vraie nature du macronisme. Ah, qu’elle était émouvante, Marlène Schiappa, avec sa belle histoire d’une maman qui met ses enfants au lit sans se douter que son admirable dévouement à la République lui vaut d’être attaquée par l’hydre fasciste à cause de l’innocent symbole de sa foi paisible et tolérante. Fumisterie !

Islamo-écologisme

Mme Rachida Kabbouri est peut-être une maman dévouée, je l’ignore et je m’en moque, elle est aussi une élue (EELV, sans surprise) et ne peut donc ignorer la signification politique du voile, la manière dont en le portant elle contribue à le banaliser – je rappelle que c’est le projet islamiste : banaliser l’islam pour le normaliser, puis l’exalter et l’imposer comme norme – ni le fait qu’en le portant ainsi elle crache au visage des milliers de femmes qui se battent pour le droit de l’enlever. D’ailleurs : existe-t-il un seul autre symbole au monde dont des dictatures imposent le port à la moitié de la population sous peine de prison ? Non. Sinistre unicité de l’islam, une fois de plus.

Rachia Kabbouri, conseillère municipale à Vitry-sur-Seine portant le voile islamique. D.R.

Soulignons l’incohérence des propos de Mme Kabbouri, qui affirme que son voile n’est qu’« un bout de tissu sur ma tête » mais se refuse à l’enlever pour remplir au mieux son rôle de citoyenne et d’élue. Si ce n’est qu’un bout de tissu, elle peut l’enlever. Si elle ne peut pas l’enlever, c’est que c’est tout autre chose qu’un bout de tissu. Que l’on n’évoque pas ici la « pudeur » : ce serait cautionner le discours résolument islamiste qui traite « d’impudiques » les femmes non voilées. Et que dire d’Eric Dupond-Moretti ? A une députée qui parle de drapeaux étrangers brandis dans des mairies, il répond danses folkloriques et manifestations de joie. Mais « en même temps », comment attendre de l’honnêteté intellectuelle de la part d’Acquitator, un homme qui s’est dit fier de défendre Abdelkader Merah, un Garde des Sceaux applaudi par les détenus et hué par les policiers ?

Refus revendiqué de l’assimilation

Alors de quoi s’agit-il ? Certainement pas de laïcité ni de séparatisme, mais de la différence absolument cruciale entre l’intégration et l’assimilation. Oui, une assesseure voilée est intégrée, d’autant plus qu’elle est aussi une élue, et il n’est donc pas surprenant que les partisans de l’intégration la défendent aux côtés des alliés et idiots utiles des islamistes. Mais elle n’est pas assimilée, elle est au contraire l’expression du refus radical de l’assimilation. Et c’est ça, le sujet.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Crèche à Béziers: comme sur des roulettes

L’intégration n’est que le respect des lois – y compris de manière temporaire le temps de parvenir à les modifier à son profit. L’assimilation est l’adhésion sincère à un art de vivre, une culture, une civilisation. Sans nier ses racines, mais en décidant de s’enraciner résolument là où l’on a choisi de vivre. L’assimilation, c’est ce dont parle Marc Bloch quand il écrit au sujet de la France « j’ai bu aux sources de sa culture, j’ai fait mien son passé » et qu’il ajoute qu’il fut « nourri de son héritage spirituel et de son histoire ». L’intégration est la voie royale vers le multiculturalisme, le communautarisme, et donc la destruction de la souveraineté populaire citoyenne au profit de nouvelles féodalités. L’assimilation est la ligne de crête exigeante permettant de préserver notre culture et le droit à l’autodétermination du peuple français sans sombrer dans le racisme. L’intégration est vouée à l’échec : l’islam ne se contentera jamais de moins que de la conquête totale et de l’islamisation, il l’a suffisamment prouvé depuis 14 siècles. L’assimilation imposera une très grande fermeté, de l’État et de toute la société, mais nous laisse une chance.

L’enjeu, c’est notre civilisation et tout ce qu’elle porte d’universel. Et rien ne l’illustre mieux que l’attitude en apparence paradoxale, mais en réalité parfaitement cohérente, de tous ceux – en particulier à gauche – qui ne voient aucun inconvénient à ce qu’on brandisse des drapeaux étrangers dans une mairie ni à ce qu’une assesseure de vote y soit voilée, mais poussent des cris d’orfraie à la seule idée qu’on puisse y installer une crèche de Noël. Ceux-là ne défendent ni la laïcité ni la République, que l’on peut difficilement croire menacées par des santons de Provence : ceux-là, comme les islamistes, utilisent la lettre de la loi pour en saper l’esprit, rejettent tout ce qui a fait de notre pays autre chose qu’un territoire sans âme, et s’opposent à la France.

Assimilation : en finir avec ce tabou français

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Ne laissons pas les sondages choisir notre candidat!

Pétition adressée à Christian Jacob, président des Républicains


Monsieur le président,

Si l’abstention massive incite à l’humilité, nous nous réjouissons tous de la réélection des présidents sortants de notre famille politique aux dernières régionales. La déroute de La République En Marche et le désaveu du Rassemblement National ne font que renforcer notre credo : la droite n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle assume ses valeurs, sans compromission ni alliances contre-nature. Les élections présidentielles arrivent à grand pas et il est désormais urgent de définir le processus qui désignera notre candidat en 2022.

C’est un secret de polichinelle, vous souhaitez enterrer les primaires alors même qu’elles sont inscrites dans les statuts des Républicains. Pour ce faire, votre dernière proposition est de désigner notre candidat par l’intermédiaire de deux sondages à l’automne prochain. Pour nous, cadres, élus, militants et sympathisants, cette méthode de sélection est indigne, trop tardive et pas à la hauteur des enjeux.

Le président des LR Christian Jacob donne une conférence de presse après une réunion sur les régionales et les départementales, Paris, 21 juin 2021 © Jacques Witt/SIPA, Numéro de reportage : 01024809_000026

Cette méthode des sondages n’est pas à la hauteur des enjeux car les sondages se trompent toujours, comme nous le rappellent ces élections. Les sondages se sont trompés avec Balladur en 1994, avec Jospin en 2002, avec Juppé et Sarkozy pour les primaires de 2016. Ils se tromperont avec encore plus de certitude s’ils sont appliqués, comme vous le proposez, à un « corps électoral de droite » impossible à définir, de l’aveu même de Martial Foucault, directeur du CEVIPOF, institut dont l’un des membres est pressenti pour superviser ces sondages.

Cette méthode des sondages est indigne car c’est la porte ouverte à toutes les tractations de couloir et à tous les bidouillages d’un autre temps dont nous ne voulons plus. Elle est indigne aussi car elle maintiendra à l’écart les militants et les adhérents de notre parti, engagés sur le terrain depuis des années, et qui veulent choisir eux-mêmes leur candidat.

Cette méthode est évidemment trop tardive, car en octobre il sera impossible d’organiser des primaires, et vous le savez très bien. Attendre octobre, c’est enterrer les primaires.

Mais nous ne sommes pas dupes. Votre méthode favoriserait un candidat en l’occurrence Xavier Bertrand qui, selon nous, n’a aucune légitimité particulière et qui de surcroît défend une ligne politique proche de celle d’Emmanuel Macron dont nous ne voulons pas, comme la majorité des sympathisants de droite.

Nous, élus, militants et sympathisants attachés aux valeurs de droite – autorité, sécurité, identité, transmission, famille, souveraineté, liberté, responsabilité, travail, mérite – ne voulons pas qu’un candidat nous soit imposé en s’abritant derrière des sondages opaques et non légitimes.

Nous vous demandons donc d’abandonner vos sondages et de donner la parole aux militants, aux adhérents et aux sympathisants de droite pour choisir notre candidat.

L’horizon vient de s’éclaircir pour notre famille politique. Nous devons saisir cette chance aujourd’hui pour réussir demain l’alternance dont notre pays a tant besoin et pour qu’en 2022, après Emmanuel Macron, nous ayons une vraie Droite pour la France.


Cette lettre ouverte, disponible sur le site www.droitepourlafrance.fr/non-aux-sondages, lancée le mercredi 30 juin, a déjà réuni plus de 2000 signatures en 24 heures. 

Cause toujours!

Dans Crépuscule de la liberté d’expression, l’entrepreneur et philanthrope russe Vitaly Malkin constate que le « droit de tout dire » s’est mué en « droit de s’indigner de tout ». Ajoutez à cela la fin de la confrontation des idées et vous obtenez, dans le monde occidental d’aujourd’hui, l’atmosphère de l’URSS d’hier.


Selon Vitaly Malkin, la liberté d’expression est un droit pour lequel on a combattu, et qui n’est en rien naturel. Cette vérité que nous avons eu tendance à oublier, les attentats de Charlie Hebdo nous l’ont brutalement rappelée. Il s’agit donc d’une conquête, d’un acquis arraché à l’histoire. Ainsi, écrit l’auteur, « la liberté d’expression n’est pas une œuvre de charité d’une âme bienfaitrice, mais avant tout le produit d’une histoire, d’une philosophie propre à une culture ; en somme d’une interprétation. » La liberté d’expression semble être devenue, pour le citoyen occidental, un universel abstrait où le « droit de tout dire » s’est peu à peu mué en « droit de s’indigner contre tout ». Si Malkin est si sensible à l’affaiblissement de la liberté d’expression, c’est parce que l’atmosphère actuelle de l’Europe occidentale lui rappelle, par certains aspects, celle de l’Union soviétique de son enfance. Il s’était par ailleurs déjà exprimé dans nos colonnes à ce sujet. Sous nos latitudes, c’est aujourd’hui le cléricalisme sans transcendance des « social justice warriors » qui donne le la d’une idéologie ne souffrant aucune contradiction ni contradicteur.

À lire aussi, du même auteur : Une considération actuelle : David Doucet, La Haine en ligne

N’est-il pas révolu le temps où la libre communication des opinions permettait encore de faire société ?

La liberté d’expression telle que nous la connaissons porterait donc en elle les germes de ses propres contradictions. La confrontation libre des opinions, telle que nous la souhaitons en démocratie, se serait perdue dans le solipsisme égotique d’un citoyen qui se veut l’index de toute vérité. Ainsi, écrit Malkin : « Le débat est à la fois empreint d’une binarité radicale, tout en étant irrigué d’un relativisme absurde ayant succombé aux sirènes du “tout se vaut”. »

À lire aussi, Vitaly Malkin : Politiquement correct made in URSS

Enfin, et c’est sans doute la réelle singularité de cette réflexion, l’auteur remarque que, alors même qu’elle est dans toutes les bouches, la liberté d’expression n’est plus une valeur aussi œcuménique qu’elle pourrait paraître. Si l’esprit « Charlie » avait marqué les esprits en 2015, du moins en France, la récente sortie du Premier ministre canadien Justin Trudeau, estimant, à propos des caricatures de Mahomet, que la liberté d’expression n’était pas sans limites, nous rappelle cette réalité : la liberté d’expression n’est plus inviolable. « N’est-il pas révolu le temps où la libre communication des opinions permettait encore de faire société ? » interroge Vitaly Malkin. La question fait presque office de réponse. On ne saurait s’en satisfaire. Cependant, il existe une piste pour la reconquérir, cette liberté, et elle s’appelle la « nuance ». Reste à savoir s’il est encore possible d’avoir un débat nuancé, voire rationnel. C’est en tout cas l’espérance ouverte par cet ouvrage.

Après avoir fait l’apologie du terrorisme, il est… dispensé d’arts plastiques

Même après avoir fait l’apologie du terrorisme, un jeune n’a pas été exclu de son établissement


« Les frères Kouachi avaient raison », ou encore « on n’a pas le droit de montrer des visages ». Ce ne sont pas les propos d’un islamiste aguerri, mais ceux d’un collégien toulousain.

Un « incident » a eu lieu dans un collège toulousain. C’est une histoire de soumission ordinaire, pourrait-on dire. Elle a été relatée le weekend dernier par un tweet de Fatiha Agag-Boudjahlat – professeur et militante laïque – puis reprise par La Dépêche. Mais là n’est pas le pire, le pire est dans la réaction – ou plutôt, l’absence totale de réaction de l’institution scolaire. Bien naïfs ceux qui pensent éviter l’islamisme en jouant la politique de l’autruche.

La scène se déroule en septembre 2020, quelques semaines avant l’assassinat de Samuel Paty lors d’un cours d’arts plastiques dans une classe de 3ème du collège Bellevue à Toulouse. L’enseignante montre des photos de statues grecques. Une contestation émane d’un élève âgé de 16 ans, un petit-fils d’imam qui a dû sécher les cours sur la laïcité : « on n’a pas le droit de montrer des visages », lance-t-il. Sa prof lui répond que ces prescriptions religieuses n’ont rien à faire en classe. Quelques jours plus tard, il va voir sa prof et lui tient – nous dit pudiquement La Dépêche – des propos relevant de l’apologie du terrorisme. Il lui affirme : « Les frères Kouachi, les assassins de Charlie Hebdo ont eu raison ».

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Elle prévient alors le chef d’établissement. Celui-ci signale l’incident au rectorat lequel déclare « avoir apporté une vigilance particulière à l’incident ». En effet, le rectorat a dépêché les référents « valeurs de la République » et « radicalisation » au collège. Les islamistes doivent trembler… Tout de même, il y a eu des réunions, le procureur est saisi et l’élève entendu. Tout ça pour un non-lieu prononcé le 7 janvier. 

Pas de vagues donc ?

On ne va pas embastiller des adolescents qui profèrent des énormités, même pro djihadisme. Mais ce n’est pas une raison pour ne rien faire. Or, il n’y a aucune conséquence à l’attitude de ce collégien. Le conseil de discipline prononce une exclusion… avec sursis. Et selon Fatiha Agag-Boudjahlat, l’élève est dispensé de cours d’arts plastiques. On dit qu’il en est privé, mais en fait il en est dispensé. Et comme il risque aussi d’être choqué par les cours de littérature et d’histoire, autant lui donner le bac tout de suite. Il est vrai que cela ne fera pas une grande différence avec les autres. Mais passons.

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Pendant ce temps – et c’était à prévoir -, c’est l’enseignante qui veut (ou doit) partir. Visiblement, le soutien de sa hiérarchie et de ses collègues a été plutôt mou comme c’est souvent le cas. L’institution fait le dos rond. C’est « le droit de celui qui parle le plus fort », l’autre nom de la soumission, qui s’impose. Et le plus grave c’est que tout ça est assez banal et que ça risque de le devenir de plus en plus tant que des professeurs et des directeurs craindront plus d’attirer l’attention que la radicalisation.

« À force de ne pas faire de vague, nous serons submergés par la marée islamiste » conclut notre directrice de la rédaction Élisabeth Lévy dans sa chronique sur Sud Radio.

Soumission

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Cette chronique a initialement été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez le regard libre d’Élisabeth Lévy du lundi au vendredi à 8h15 dans la matinale sur Sud Radio

Les opposants à la loi bioéthique sont de gros hypocrites!

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S’opposer à la marchandisation des corps dans une société de marché n’est pas franchement logique…


Je vois que la loi bioéthique, définitivement adoptée par le parlement, soulève inquiétudes et indignations parmi de nombreux contributeurs et lecteurs de Causeur. Je comprends ces inquiétudes même si je ne les partage pas toutes ou pas de la même façon. En préalable, il semble que ces inquiétudes ne soient pas celles des Français dans leur très grande majorité. Un récent sondage de l’IFOP indiquait encore que 67% étaient favorables à la PMA ouverte aux femmes seules et au couple de lesbiennes. 

Une société en avance sur la loi

On peut dire qu’ils ne comprennent pas les enjeux, les Français, mais ça commencerait à faire beaucoup de choses qu’ils ne comprendraient pas, comme la nécessité urgente de travailler jusqu’à 64 ans ou plus. Ou alors, on peut dire que comme souvent, la société est en avance sur la loi et que la loi ne fait que sanctionner un état de fait, ce qui arrivera un jour ou l’autre, n’en déplaise à Darmanin, pour le cannabis. En fait, les Français, et c’est aisément compréhensible, demandent d’abord à leurs hommes politiques des lois qui les protègent ou qui ne les gênent pas dans leur vie quotidienne. Leur dire qu’on va travailler plus longtemps, ça ne leur plait pas du tout mais leur dire que deux femmes qui s’aiment vont devenir mères, ils n’y voient pas d’inconvénient.

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Leurs préoccupations, c’est l’emploi, la situation sociale, la sécurité. La PMA nouvelle mouture, indiquait un autre sondage publié par le Figaro, venait en dernier. Pour une fois, l’intelligence de Macron a été de comprendre qu’il était inutile d’instrumentaliser cette nouvelle loi pour en faire le drapeau des progressistes agité comme un chiffon rouge devant la partie « vendéenne » de la droite. Elle est passée tranquillement, sans l’espèce de guerre civile à froid suscitée par Hollande, qui n’ayant plus rien de gauche dans son programme, a choisi un choc frontal entre Mariage pour tous et Manif pour tous alors qu’à la même époque, le gouvernement conservateur de Cameron faisait passer le mariage gay en une seule séance. 

Une infime minorité de la population

On mesure, huit ans après, la vanité de cet affrontement dans une société française qui a bien d’autres soucis que celui de voir deux hommes passer devant monsieur le maire et pouvoir créer une famille. Il a juste permis à Hollande de reculer l’inéluctable : quand on est élu sur une politique de gauche et qu’on fait une politique de droite, on sort rincé, même pas en mesure de se représenter. J’attends, au passage, par une ruse de la raison de voir si Macron-Brutus ne va pas connaître le sort de César Hollande. Quand on trouve le moyen de réunir 6% d’électeurs exprimés, même au second tour d’une élection intermédiaire, on peut se poser des questions.

Mais revenons à la loi bioéthique : pour aller vite, cette loi ne concerne qu’une infime minorité de la population et n’en indigne qu’une partie tout aussi infime. Il n’empêche qu’elle révèle des contradictions intéressantes chez ses partisans comme chez ses opposants.  

Une loi de soumission à l’économie de marché ?

Une disposition, par exemple, me semble révélatrice d’une vision bien étrange du progressisme : la possibilité pour une femme de faire congeler ses ovocytes pour ne pas se faire rattraper par son horloge biologique. Elle indique bien, cette disposition, la hiérarchie imposée par une économie libérale à la vie personnelle. Une femme, en général cadre sup, pourra bosser le cœur léger, sans craindre pour sa carrière « à cause d’une grossesse » et avoir un enfant passé quarante-cinq ans, une fois sa situation bien établie. 

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On ne cesse de me parler de rupture anthropologique majeure à chaque loi bioéthique, je ne sais pas si voir à l’avenir des mères de soixante ans venir chercher leur petit à la crèche est une rupture anthropologique, mais je crois que ce sera la première fois de l’histoire que des parents prendront le risque de fabriquer en conscience des orphelins. Voilà pour les partisans de cette loi qui voient une émancipation là où il n’y a qu’une soumission.

L’antienne de la « rupture anthropologique »

Mais chez les opposants, voilà que ressort, justement l’antienne de la « rupture anthropologique ». Pour le mariage entre hommes, c’était la disparition de la mère, pour le mariage entre femmes, ce sera la disparition du père. Oui, sans doute, encore que nombre d’études montrent que les enfants des couples homosexuels réattribuent d’eux-mêmes des rôles différents à chacun de leurs parents. Et puis surtout, encore une fois, la disparition du père est relative avec la levée de l’anonymat sur les donneurs. Si vraiment on veut tuer le père, ce sera toujours possible. Car évidemment le père est là pour être tué, on le sait depuis Sophocle et les Évangiles. Sans compter que la première PMA de l’Histoire, c’est tout de même l’Annonciation et qu’en l’occurrence, c’est cette absence du père qui a fait naître la civilisation judéo-chrétienne, celle-là même qui s’oppose à la marchandisation du monde et, donc, des corps.

C’est pour cela qu’il est difficile aujourd’hui, pour les opposants à cette loi, d’être audibles. Alors qu’ils ne s’opposent en rien à la marchandisation des biens essentiels comme l’eau ou l’air ni même à la marchandisation des corps quand des enfants se retrouvent au travail dans des usines du tiers-monde pour fabriquer leurs vêtements et leurs smartphones, il faudrait soudain s’arrêter à l’utérus qui, lui, devrait rester sous le contrôle de lois morales supérieures.

Modestie attristée

Peut-être faudrait-il, avec plus de modestie attristée, constater que ce que la science pourra faire, elle le fera un jour ou l’autre. La prochaine étape sera la GPA, dont la seule différence avec la prostitution, est que ce n’est pas la même partie de la femme qu’on loue et puis le clonage, bien sûr, qu’on doit déjà être en train d’essayer de mettre au point dans je ne sais quel laboratoire. 

Et que le meilleur moyen de s’y opposer ou d’en limiter les dégâts, ce ne sera pas la réprobation morale ou religieuse, mais un changement de société où sera clairement délimité ce qui est du périmètre du marché et ce qui ne l’est pas. Appelez ça le communisme ou l’écologisme si vous voulez vous faire peur, mais alors ce sera celui des Actes des Apôtres. En tout cas, je ne vois pas d’autres alternatives pour éviter Le Meilleur des Mondes.

Jean-Pierre Pernaut contre les « territoires »

L’ancien taulier du 13 heures de la Une est de retour dans les kiosques. Causeur s’est évadé dans Au Cœur des Régions, le magazine lancé par la star du JT. Une virée à la campagne!


Toujours un  temps d’avance…

Il y a ceux qui se plaignent et ceux qui agissent. Pernaut fait partie de la seconde catégorie. Depuis qu’il a fondé « SOS villages » il y a un quart de siècle, le pape du 13 heures, compagnon de déjeuner des dames de nos campagnes pendant 33 longues années, donne de la voix aux petites gens qu’on n’entend pas, à ceux sur qui on se penchera bien plus tard, trop tard, et qu’on nommera « la France périphérique ». « Immense fierté pour moi que SOS Villages. Des centaines de commerces ont été sauvés grâce à cela », nous confie-t-il dans Au Cœur des Régions, son magazine bimestriel qu’il vient de lancer. Posant en chemise blanche dans la nature, une pâquerette au bec – tel un Lucky Luke repenti après des années accro aux blondes -, l’ancien fumeur nous prévient dans son édito : « Notre pays est unique et brille dans le monde entier. Nous en sommes fiers et c’est ce que nous voulons montrer ».

Au programme, un instructif reportage sur la fracture numérique, des escapades dans quelques « villages à l’honneur », une virée dans le Périgord « au fil de l’eau » ou encore, une incursion chez « ceux qui sauvent la cathédrale de Strasbourg ». Car s’il a bien un point commun avec son « ami Stéphane Bern » le dandy réputé proche de son altesse Macron, c’est la sauvegarde de notre patrimoine. 300 maisons traditionnelles alsaciennes sont détruites chaque année, nous alerte Jean-Pierre Pernaut. Ce qui l’a conduit à investir son énergie dans une pétition en compagnie de Bern pour en sauver une. « Bravo ! » s’enthousiasme-t-il.

À lire aussi, du même auteur : Les saisons authentiques de Jean-Pierre Pernaut

Sus aux « territoires » !

Après avoir parlé pendant plus de 30 ans de « la province », voilà qu’une élite politico-médiatique parisienne nous rabâche le terme « territoires ». Les « territoires » et la « transition écologique », les « territoires » face aux déserts médicaux, les « territoires » frappés par l’abstention et cetera et cetera. Cela agace Jean-Pierre au plus haut point, et il ne s’en cache pas. « Je ne supporte plus que les politiques et certains journalistes utilisent à tout bout de champ le mot « territoire » pour parler des régions », peste-t-il dans sa rubrique « Mon œil ! », avant de nous rappeler que « chaque jour qui passe, un paysan se suicide ».

Qui dit région dit langues régionales, un « trésor national », lance-t-il carrément. De quoi unir irréductibles régionalistes et farouches jacobins sous le sceau de l’amour de notre beau pays ? L’avenir nous le dira. En attendant, ne manquez pas l’article d’Aymeric Guillaume, qui nous alerte sur les risques de conséquences néfastes à craindre si l’art de la chasse venait à disparaître, le panorama des « bonnes eaux de chez nous », la réhabilitation de la loutre – bestiole bien de chez nous injustement stigmatisée en raison de ses accointances avec le putois – ou encore, le billet sur « l’inexorable colonisation » du moustique tigre (!)

À lire aussi, Jérôme Leroy : Départ de Jean-Pierre Pernaut: les réacs, c’était mieux avant

Après avoir espéré que nous prendrons « beaucoup de plaisir à feuilleter » son magazine « pour oublier les mois terribles que nous venons de traverser avec la crise du Covid-19 », Pernaut nous « souhaite un très bel été ». Avec lui, profitons-en pour remettre nos régions à l’honneur!

[Vidéo] La semaine de Causeur

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La semaine de Causeur revient sur les cinq articles les plus consultés sur le site Causeur.fr durant la semaine écoulée. Notre Directeur adjoint de la rédaction Jeremy Stubbs commente et analyse.


Cette semaine :

#1 Deux idéologies accablent Mila

#2 Rassemblement national: Zéro + Zéro = Zéro

#3 Les cours de rééducation sexuelle de Giulia Foïs

#4 Laïcité : sortis par la porte, les “collabos” rentrent par la fenêtre

#5 Pécresse contre les Khmers

Mon père et l’exploit du gardien suisse

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Le gardien de but de la Suisse Yann Sommer, à l'issue du match France-Suisse, Bucarest, 28 juin 2021 © Jean-Christophe Bott/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22581232_000001

Le vaurien lausannois a regardé la qualification des Suisses contre la France


Il m’arrive, le plus souvent la nuit, d’appeler mon père – jamais ma mère. Il ne me répond pas. Le voudrait-il qu’il ne le pourrait pas. Et puis, il estimait que chacun devait affronter ses heures de désarroi et qu’il n’y avait pas de remèdes à la maladie humaine. Nul ne vous tendrait la main et lui moins que quiconque : n’y a-t-il jamais eu d’autre horizon que la souffrance et la solitude ? 

J’y songeais en lisant les poèmes admirablement traduits de l’italien par Renato Weber de Pietro De Marchi : Le papier d’orange. Je devais ce livre à Ivan Farron qui l’avait préfacé et me l’avait remis en songeant que la victoire miraculeuse de la Suisse sur la France, victoire qui lui avait arraché des larmes (à moi aussi, je l’avoue) me ferait d’autant plus apprécier les poèmes de Pietro De Marchi sur le football.

Je me souviens de mon père prenant des trains de nuit pour assister aux matches du Lausanne – Sports contre les Young – Boys. La vieillesse est un voyageur de nuit. J’imagine le bonheur qu’il aurait ressenti en voyant la modeste équipe suisse affronter l’arrogance des Français et l’emporter. On peut mourir pour moins que ça ! Mais mon père était déjà incinéré au cimetière de Montoie depuis près d’un demi-siècle. La dernière victoire qui lui avait arraché des larmes était celle de la Suisse contre l’Allemagne en 1938 au Parc des Princes. Il est vrai que l’enjeu dépassait alors tout ce qui était imaginable : la guerre l’emportait sur le jeu.

A lire aussi, Jean Messiha: Football: l’idéologie diversitaire à l’offensive en Équipe de France

Pas d’apitoiement : chaque vieillard que je vois quand le temps se teinte d’octobre, semble me dire : « J’ai été ton père autrefois ». Et pour conclure avec Pietro de Marchi ce poème : 

«  Aimant les paradoxes, il avait écrit 
qu’au fond tout le monde 
mourait au bon moment.
Il eut une longue vie et finalement, 
épuisé, comme la Sybille, 
il voulait simplement pouvoir mourir
de mort naturelle 
sans prolongations 
Inutiles. »

Mais il aurait raté le tir au but de M’ Bappé et l’exploit du gardien suisse Yann Sommer. Peut-être eût-il alors concédé que la vie ne comporte pas que des désagréments.

Juré, craché, on ne parlera plus de “blanchité alimentaire” à Science-Po!

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Mathilde Cohen Photo: Capture d'écran YouTube

Les théories racialistes, très en vogue à gauche, embarrassent Science Po. Une bien mauvaise soupe !


La « blanchité » a encore frappé ! Il semblerait d’ailleurs qu’elle ne sache plus faire que ça… Et comme la liste des reproches n’était pas assez exhaustive encore ; on en a remis une bonne louche avec la « blanchité alimentaire ». Tout un programme !

Pollution américaine

Concept (s’il en est) défendu par une chercheuse du CNRS, Mathilde Cohen, qui a expliqué, dans le cadre d’un colloque organisé par Sciences Po Paris, que – attention – « les habitudes alimentaires sont façonnées par les normes des classes moyennes supérieures blanches » contribuant ainsi à « renforcer la blanchité comme identité raciale dominante ». Inutile de préciser que ladite chercheuse est également maître de conférences dans une université américaine, parce que ça ne s’invente pas.

À l’appui de deux proto arguments, elle affirme donc que le poisson le vendredi à la cantine, c’est mal ; et que le droit contribuerait à faire de nos habitudes alimentaires à la française un « régime alimentaire privilégié et juridiquement protégé ». Excusez-vous d’être les héritiers d’une patrie qui a fait de la gastronomie un art à part entière, et que, par ailleurs, tout le monde nous envie ! Mais c’est sans doute justement là le problème.

Les vraies questions sociales sur l’alimentation délaissées

L’obstination de vouloir voir des discriminations raciales partout leur fait oublier qu’il y a un problème plus urgent à régler. C’est que les enfants de classes populaires ont encore aujourd’hui quatre fois plus de risque d’être obèses que les enfants de classes supérieures. Et s’il y a 8% d’obèses chez les cadres, il y en a 17% chez les ouvriers. Alors le problème n’est pas tant celui du « manger français » ou non, mais dans le fait de rendre accessible à tous le « bien manger », qu’il soit français, chinois ou marocain.

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Malgré les remous qu’ont provoqué les polémiques sur les cantines scolaires, on aurait plutôt envie de considérer que, pour certains gamins, c’est plutôt une chance de pouvoir échapper, une fois par jour, au Nutriscore E. Mais c’est là un sujet qui demeure malheureusement tellement actuel qu’il en est devenu passé de mode.

Profusion de théories indigestes

C’est encore autre chose qui doit nous faire dresser les poils. L’Institut d’Études Politiques de Paris a, en effet, tenu à préciser que les propos malheureux qui ont été tenus par Mathilde Cohen n’engageaient en rien l’École elle-même. Comprendre : les propos ne peuvent ternir l’image de l’École. Sauf que, jamais à l’abri d’aucune forme d’opportunisme, les mêmes boniments n’ont pas pour autant été fermement condamnés par l’IEP. Sans doute est-ce pour l’ex-prestigieuse École une manière de briller encore… Auquel cas la tristesse doit s’ajouter à la révolte.

Ce qui est sans doute plus triste encore, c’est l’état de déréliction totale dans lequel se trouve la Recherche en sciences humaines aujourd’hui dans nos universités. Rechercher, c’est avant tout vouloir mettre le doigt sur des vérités, ce qui implique d’emblée la neutralité. Or la recherche n’en finit plus aujourd’hui de faire les yeux doux à l’idéologie dont tout le monde sait que, par définition, elle est toujours approximative et s’arrange plus que moins avec l’exactitude. Mais qu’importe, il s’agit de donner du biscuit à ses néo-thaumaturges qui feignent de croire (mais, doux Jésus, peut-être le croient-ils vraiment) qu’il suffit de faire de beaux discours déconstructeurs pour encore construire quelque chose. Et parce qu’il faut quand même rendre le machin digeste, c’est avec une bonne dose d’ornements conceptuels complètement fallacieux et une pincée de néologismes.

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Rendormez-vous, les woke !

Il y a là un dévoiement complet du sens même de démocratie, où le rapport de forces n’en finit plus de se substituer aux débats, et la provocation de tenir lieu d’opinion. Ironie du sort : c’est en voulant rendre la justice à tous les « persécutés » que les woke ne font rien autrement que de perpétuer la dichotomie insoluble du « nous » et du « eux ». Mais c’est encore une manière de se repentir que de se tirer une balle dans le pied. Sûrement flatteur aussi de se chercher partout des problèmes à régler. 
Je ne sais pas pour vous, mais moi, face à tant d’inepties, je me retrouve souvent désarmée et finis par souscrire définitivement à la sentence de Philippe Bouvard : « la démocratie, c’est la moitié des cons plus un ». Et si c’est ça être « éveillé », je préfère encore dormir.

Irène Drésel, l’électro bienvenue

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La compositrice de musique électronique Irène Drésel au Palais de l'Elysée, 21 juin 2021 © ELIOT BLONDET/POOL/SIPA Numéro de reportage : 01024907_000008

L’Élysée aime la musique électronique d’Irène Drésel? Écoutons son dernier disque pour savoir de quoi il retourne.


Emmanuel Macron n’en a plus pour longtemps. Un an. Et il le sait. Il n’est ici à l’Élysée qu’un locataire qui devra laisser les clés au suivant. Pour le maître des horloges, le temps est compté. Oh ! il va sans doute remporter un second sésame. C’est une éventualité. Mais peut-être pas. Et c’est sans doute pour cette dernière raison – sans le savoir, sans le vouloir – qu’il a invité à la Fête de la Musique 2021 Irène Drésel. Cette jeune artiste appartient au monde clos de la Tech. Rien à voir avec la start-up nation de sinistre mémoire. On parle ici de la musique techno. Où résonnent ces mots, dans leur froide nudité. Underground. Clubbing. After. Rave. Free Party. Résidence. Y règne bien souvent une âpreté que la culture de la drogue, des soirées moites n’efface pas. Mais Macron n’en a cure. L’électro, c’est la musique qui abolit le temps et le discernement. Le président a convié l’une de ses jeunes ambassadrices afin de repousser le moment où il devra quitter les lieux. 

Marceline Desbordes-Valmore des platines

« Kinky Dogma » : dogme de la perversité, est le nom du deuxième album de la très belle – ainsi apparaît-elle sur la pochette – Irène Drésel. Nantie d’un tel patronyme, on croirait découvrir une poétesse du XIXe siècle. Une sorte de Marceline Desbordes-Valmore des platines. Avec ses habits de scène et son décorum hyper créatif, on pousserait le vice jusqu’à la comparer à un modèle de Mucha. Des figures puisées dans un passé lointain, inhabituelles au regard du genre musical, mais qui tentent de traduire une démarche singulière. Cela tombe bien, « Kinky Dogma » n’est pas n’importe quel album d’électro. Ce disque propose – poliment comme sur le morceau d’introduction, “Bienvenue” – une musique droite, inflexible mais organique, tintinnabulante. On se croirait sur l’Olympe. Mais une Olympe qui plongerait ses flancs dans le royaume d’Hadès. Les visiteurs audacieux y glisseront du paradis (souvent) vers l’enfer (parfois). Belle métaphore, au passage, du mandat en cours. 

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La techno accessible aux non-initiés

« Kinky Dogma », c’est l’album électro parfait pour les apprentis boomers amoureux de pop, les vieux rockeurs sur le retour. Accessible, dit-on. Il appelle quelques références qui plairont aux ancêtres. D’abord le titre, « Kinky Dogma ». Un clin d’œil inconscient aux Kinks qui avaient justement décliné l’expression kinky (coquin, bizarre) à dessein ; souvenez-vous du frère de Ray, Dave Davis, arborant de superbes cuissardes rouges, des décennies avant Lalanne. Musicalement, on pense aux BO de John Carpenter, dont il était l’unique maître d’œuvre, mais aussi aux pionniers français de la musique synthétique, des laborantins fous comme Besombes et Rizet. Et allez, Jean-Michel Jarre, pour ceux qui ne savent pas ! 

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Le plus important est de retenir que la musique d’Irène Drésel, pour hypnotique et instrumentale qu’elle soit, n’est jamais plombante, morne ou industrieuse. Elle possède – parfois – quelque chose de chatoyant, comme si la console se transformait en pépiements d’oiseau. Elle sait aussi ménager son auditeur, passant de morceaux courts et flamboyants à des titres plus longs, aux inflexions dramatiques. Le dernier, dépassant les neuf minutes, a été judicieusement placé à la fin du disque. Aussi êtes-vous autorisés à l’ignorer, d’autant qu’il s’intitule “Stupre”. Pour le reste, on vous recommandera le cristallin “Vestale”, où la musicienne semble jouer sur des verres en cristal, le tubesque et kaléidoscopique “Pinky”, “Loup solitaire”, qui débute comme une annonce à Orly pour rapidement migrer vers une musique des steppes à la Tolstoï, aventureuse et romanesque, l’assez joli “Celake” et le très François de Roubaix “Club Saint Paul”. 

Le reste n’est en rien anecdotique. Il faut de toute façon accepter de s’abandonner dans cette musique d’une heure et huit minutes. Bien évidemment, précisons que l’écoute de ce disque ne vous fera pas oublier, voire renier les musiques dites populaires, le rock classique ou la chanson à texte. Pas plus qu’elle ne vous transformera en teufeur zadiste. Elle vous ouvrira une porte. À vous de l’entrebâiller et d’y glisser un pied ou de la pousser et d’y entrer pleinement comme dans un nouveau monde, mais pas celui de notre futur ancien président.

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Principes républicains: plutôt un voile qu’une crèche?

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Jordan Bardella vote à Saint-Denis, 20 juin 2021 D.R.

Mercredi, les députés et le gouvernement se sont écharpés au sujet d’une assesseure de bureau de vote voilée et des drapeaux étrangers brandis dans les mairies lors des cérémonies de mariage.


Certains n’y voient qu’une tempête dans un verre d’eau. D’autres savent l’importance des symboles et refusent de rester passifs quand un étendard ennemi est planté au cœur de nos institutions.

Mercredi, les députés et le gouvernement se sont écharpés au sujet d’une assesseure de bureau de vote voilée, et des drapeaux étrangers de plus en plus souvent brandis dans nos mairies lors de certains mariages. Je ne reviendrai pas sur la signification du voile islamique, l’ayant déjà analysée en détail dans un article récent, je veux me concentrer sur ce que révèlent les réactions de nos élus.

Le voile est adhésion à une idéologie hostile

D’abord, faire du hijab une question de laïcité est un non-sens. Le vrai problème du voile n’est pas qu’il soit religieux, mais qu’il est l’exhibition d’une adhésion militante à une idéologie sexiste, sectaire, et radicalement hostile à notre civilisation.

A ceux qui prétendraient que je généralise à outrance, que j’accuse toutes les femmes voilées d’être sexistes, sectaires et ennemies, je rappelle que la signification d’un symbole ne dépend pas des intentions de la personne qui le porte. Il est (heureusement) interdit de se promener dans la rue en arborant une croix gammée, et personne ne se demande si celui qui voudrait en porter une est un immonde néo-nazi, ou un hindou pour qui il s’agit seulement d’une svastika. Je ne spécule donc pas sur les convictions intimes de telle ou telle femme voilée, je constate la signification générale du voile, « atteinte à la dignité humaine dans sa composante féminine » pour citer Ghaleb Bencheikh.

A lire aussi, Ghaleb Bencheikh: « Il faut en finir avec les balivernes débitées par des imams incultes »

Pensez aux affiches électorales : si j’ai un t-shirt « votez Machin », il est probable que je ne partage pas la totalité des convictions de Machin, que je n’approuve pas la totalité de son programme. Il n’empêche : je contribue à affirmer ses idées, à le porter au pouvoir, et donc à mettre en œuvre son projet politique dans son entièreté, y compris les points que je désapprouve. De même, il est fort possible qu’une femme voilée n’approuve pas la totalité des prescriptions du Coran, elle porte néanmoins l’étendard d’un projet de société dans lequel les femmes n’ont pas les même droits civiques que les hommes, qui refuse la liberté de conscience en criminalisant l’apostasie (ce qui est le cas dans la quasi-totalité des pays musulmans, et fait l’unanimité des quatre madhhabs sunnites), et exhibe son refus radical de la civilisation européenne et de la culture française.

Entrisme et conquête

Mais ce n’est pas un problème religieux : que des assesseurs de bureaux de vote portent donc la croix, la kippa, une robe de moine bouddhiste ou le symbole du Tao, qu’importe ! Et si vous me dites que le bouddhisme n’appartient pas non plus à notre civilisation, je répondrai qu’il y a deux différences majeures : les élèves de Shakyamuni n’ont pas pour projet d’instaurer une théocratie totalitaire, et leurs valeurs fondamentales sont parfaitement compatibles avec celles de l’Europe (je parle bien ici des valeurs profondes de l’Europe, pas des modes superficielles du consumérisme matérialiste et du « progressisme » relativiste). S’ouvrir aux disciples de Bouddha, Lao Tseu ou Confucius, ou aux fidèles d’Amaterasu, n’est donc absolument pas la même chose que de s’ouvrir aux séides d’Al Ghazâlî.

Il est tout aussi absurde de parler de « séparatisme », et c’est un élément très intéressant de la situation. Une femme voilée qui tient un bureau de vote n’est pas à l’écart du fonctionnement des institutions, elle s’y insère tout en manifestant le rejet de leurs sous-bassements philosophiques et culturels. Ce n’est pas du séparatisme mais de l’entrisme, un signe d’islamisation de la société dans son ensemble. Le gouvernement en est encore à craindre la constitution d’enclaves, alors que nos ennemis en sont déjà au stade suivant : la conquête.

Une énième affaire ?

Et c’est bien ainsi qu’il faut relier cette énième « affaire du voile » au débat sur les drapeaux étrangers lors des mariages. Une mairie est le cœur de notre vie civique, le lieu de la démocratie au plus proche des citoyens. Y arborer un drapeau étranger, souvent d’un pays ouvertement hostile à la France (Algérie, Turquie….) n’est pas un signe de séparatisme mais d’impérialisme, dont la symbolique est limpide : exhiber fièrement son étendard dans un territoire que l’on est en train de conquérir. C’est encore plus flagrant avec les insupportables cortèges de ces mariages dits « communautaires », en fait systématiquement musulmans : avec des voitures les plus tape-à-l’œil possible, en faisant un maximum de bruit, bloquer la circulation pour s’emparer de l’espace public en faisant bien sentir aux autres leur impuissance, et y défiler en brandissant les drapeaux de pays étrangers auxquels on s’identifie contre la France – car vous n’y verrez jamais le drapeau français, que l’on ne vienne pas nous sortir une fable sur la richesse de la double nationalité.

A lire aussi, du même auteur: Deux idéologies accablent Mila

Notons enfin l’hypocrisie du gouvernement, si révélatrice de la vraie nature du macronisme. Ah, qu’elle était émouvante, Marlène Schiappa, avec sa belle histoire d’une maman qui met ses enfants au lit sans se douter que son admirable dévouement à la République lui vaut d’être attaquée par l’hydre fasciste à cause de l’innocent symbole de sa foi paisible et tolérante. Fumisterie !

Islamo-écologisme

Mme Rachida Kabbouri est peut-être une maman dévouée, je l’ignore et je m’en moque, elle est aussi une élue (EELV, sans surprise) et ne peut donc ignorer la signification politique du voile, la manière dont en le portant elle contribue à le banaliser – je rappelle que c’est le projet islamiste : banaliser l’islam pour le normaliser, puis l’exalter et l’imposer comme norme – ni le fait qu’en le portant ainsi elle crache au visage des milliers de femmes qui se battent pour le droit de l’enlever. D’ailleurs : existe-t-il un seul autre symbole au monde dont des dictatures imposent le port à la moitié de la population sous peine de prison ? Non. Sinistre unicité de l’islam, une fois de plus.

Rachia Kabbouri, conseillère municipale à Vitry-sur-Seine portant le voile islamique. D.R.

Soulignons l’incohérence des propos de Mme Kabbouri, qui affirme que son voile n’est qu’« un bout de tissu sur ma tête » mais se refuse à l’enlever pour remplir au mieux son rôle de citoyenne et d’élue. Si ce n’est qu’un bout de tissu, elle peut l’enlever. Si elle ne peut pas l’enlever, c’est que c’est tout autre chose qu’un bout de tissu. Que l’on n’évoque pas ici la « pudeur » : ce serait cautionner le discours résolument islamiste qui traite « d’impudiques » les femmes non voilées. Et que dire d’Eric Dupond-Moretti ? A une députée qui parle de drapeaux étrangers brandis dans des mairies, il répond danses folkloriques et manifestations de joie. Mais « en même temps », comment attendre de l’honnêteté intellectuelle de la part d’Acquitator, un homme qui s’est dit fier de défendre Abdelkader Merah, un Garde des Sceaux applaudi par les détenus et hué par les policiers ?

Refus revendiqué de l’assimilation

Alors de quoi s’agit-il ? Certainement pas de laïcité ni de séparatisme, mais de la différence absolument cruciale entre l’intégration et l’assimilation. Oui, une assesseure voilée est intégrée, d’autant plus qu’elle est aussi une élue, et il n’est donc pas surprenant que les partisans de l’intégration la défendent aux côtés des alliés et idiots utiles des islamistes. Mais elle n’est pas assimilée, elle est au contraire l’expression du refus radical de l’assimilation. Et c’est ça, le sujet.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Crèche à Béziers: comme sur des roulettes

L’intégration n’est que le respect des lois – y compris de manière temporaire le temps de parvenir à les modifier à son profit. L’assimilation est l’adhésion sincère à un art de vivre, une culture, une civilisation. Sans nier ses racines, mais en décidant de s’enraciner résolument là où l’on a choisi de vivre. L’assimilation, c’est ce dont parle Marc Bloch quand il écrit au sujet de la France « j’ai bu aux sources de sa culture, j’ai fait mien son passé » et qu’il ajoute qu’il fut « nourri de son héritage spirituel et de son histoire ». L’intégration est la voie royale vers le multiculturalisme, le communautarisme, et donc la destruction de la souveraineté populaire citoyenne au profit de nouvelles féodalités. L’assimilation est la ligne de crête exigeante permettant de préserver notre culture et le droit à l’autodétermination du peuple français sans sombrer dans le racisme. L’intégration est vouée à l’échec : l’islam ne se contentera jamais de moins que de la conquête totale et de l’islamisation, il l’a suffisamment prouvé depuis 14 siècles. L’assimilation imposera une très grande fermeté, de l’État et de toute la société, mais nous laisse une chance.

L’enjeu, c’est notre civilisation et tout ce qu’elle porte d’universel. Et rien ne l’illustre mieux que l’attitude en apparence paradoxale, mais en réalité parfaitement cohérente, de tous ceux – en particulier à gauche – qui ne voient aucun inconvénient à ce qu’on brandisse des drapeaux étrangers dans une mairie ni à ce qu’une assesseure de vote y soit voilée, mais poussent des cris d’orfraie à la seule idée qu’on puisse y installer une crèche de Noël. Ceux-là ne défendent ni la laïcité ni la République, que l’on peut difficilement croire menacées par des santons de Provence : ceux-là, comme les islamistes, utilisent la lettre de la loi pour en saper l’esprit, rejettent tout ce qui a fait de notre pays autre chose qu’un territoire sans âme, et s’opposent à la France.

Assimilation : en finir avec ce tabou français

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Ne laissons pas les sondages choisir notre candidat!

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Xavier Bertrand est candidat à la présidentielle de 2022 © ERIC DESSONS/JDD/SIPA Numéro de reportage : 00927731_000011

Pétition adressée à Christian Jacob, président des Républicains


Monsieur le président,

Si l’abstention massive incite à l’humilité, nous nous réjouissons tous de la réélection des présidents sortants de notre famille politique aux dernières régionales. La déroute de La République En Marche et le désaveu du Rassemblement National ne font que renforcer notre credo : la droite n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle assume ses valeurs, sans compromission ni alliances contre-nature. Les élections présidentielles arrivent à grand pas et il est désormais urgent de définir le processus qui désignera notre candidat en 2022.

C’est un secret de polichinelle, vous souhaitez enterrer les primaires alors même qu’elles sont inscrites dans les statuts des Républicains. Pour ce faire, votre dernière proposition est de désigner notre candidat par l’intermédiaire de deux sondages à l’automne prochain. Pour nous, cadres, élus, militants et sympathisants, cette méthode de sélection est indigne, trop tardive et pas à la hauteur des enjeux.

Le président des LR Christian Jacob donne une conférence de presse après une réunion sur les régionales et les départementales, Paris, 21 juin 2021 © Jacques Witt/SIPA, Numéro de reportage : 01024809_000026

Cette méthode des sondages n’est pas à la hauteur des enjeux car les sondages se trompent toujours, comme nous le rappellent ces élections. Les sondages se sont trompés avec Balladur en 1994, avec Jospin en 2002, avec Juppé et Sarkozy pour les primaires de 2016. Ils se tromperont avec encore plus de certitude s’ils sont appliqués, comme vous le proposez, à un « corps électoral de droite » impossible à définir, de l’aveu même de Martial Foucault, directeur du CEVIPOF, institut dont l’un des membres est pressenti pour superviser ces sondages.

Cette méthode des sondages est indigne car c’est la porte ouverte à toutes les tractations de couloir et à tous les bidouillages d’un autre temps dont nous ne voulons plus. Elle est indigne aussi car elle maintiendra à l’écart les militants et les adhérents de notre parti, engagés sur le terrain depuis des années, et qui veulent choisir eux-mêmes leur candidat.

Cette méthode est évidemment trop tardive, car en octobre il sera impossible d’organiser des primaires, et vous le savez très bien. Attendre octobre, c’est enterrer les primaires.

Mais nous ne sommes pas dupes. Votre méthode favoriserait un candidat en l’occurrence Xavier Bertrand qui, selon nous, n’a aucune légitimité particulière et qui de surcroît défend une ligne politique proche de celle d’Emmanuel Macron dont nous ne voulons pas, comme la majorité des sympathisants de droite.

Nous, élus, militants et sympathisants attachés aux valeurs de droite – autorité, sécurité, identité, transmission, famille, souveraineté, liberté, responsabilité, travail, mérite – ne voulons pas qu’un candidat nous soit imposé en s’abritant derrière des sondages opaques et non légitimes.

Nous vous demandons donc d’abandonner vos sondages et de donner la parole aux militants, aux adhérents et aux sympathisants de droite pour choisir notre candidat.

L’horizon vient de s’éclaircir pour notre famille politique. Nous devons saisir cette chance aujourd’hui pour réussir demain l’alternance dont notre pays a tant besoin et pour qu’en 2022, après Emmanuel Macron, nous ayons une vraie Droite pour la France.


Cette lettre ouverte, disponible sur le site www.droitepourlafrance.fr/non-aux-sondages, lancée le mercredi 30 juin, a déjà réuni plus de 2000 signatures en 24 heures. 

Cause toujours!

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Vitaly Malkin © D.R.

Dans Crépuscule de la liberté d’expression, l’entrepreneur et philanthrope russe Vitaly Malkin constate que le « droit de tout dire » s’est mué en « droit de s’indigner de tout ». Ajoutez à cela la fin de la confrontation des idées et vous obtenez, dans le monde occidental d’aujourd’hui, l’atmosphère de l’URSS d’hier.


Selon Vitaly Malkin, la liberté d’expression est un droit pour lequel on a combattu, et qui n’est en rien naturel. Cette vérité que nous avons eu tendance à oublier, les attentats de Charlie Hebdo nous l’ont brutalement rappelée. Il s’agit donc d’une conquête, d’un acquis arraché à l’histoire. Ainsi, écrit l’auteur, « la liberté d’expression n’est pas une œuvre de charité d’une âme bienfaitrice, mais avant tout le produit d’une histoire, d’une philosophie propre à une culture ; en somme d’une interprétation. » La liberté d’expression semble être devenue, pour le citoyen occidental, un universel abstrait où le « droit de tout dire » s’est peu à peu mué en « droit de s’indigner contre tout ». Si Malkin est si sensible à l’affaiblissement de la liberté d’expression, c’est parce que l’atmosphère actuelle de l’Europe occidentale lui rappelle, par certains aspects, celle de l’Union soviétique de son enfance. Il s’était par ailleurs déjà exprimé dans nos colonnes à ce sujet. Sous nos latitudes, c’est aujourd’hui le cléricalisme sans transcendance des « social justice warriors » qui donne le la d’une idéologie ne souffrant aucune contradiction ni contradicteur.

À lire aussi, du même auteur : Une considération actuelle : David Doucet, La Haine en ligne

N’est-il pas révolu le temps où la libre communication des opinions permettait encore de faire société ?

La liberté d’expression telle que nous la connaissons porterait donc en elle les germes de ses propres contradictions. La confrontation libre des opinions, telle que nous la souhaitons en démocratie, se serait perdue dans le solipsisme égotique d’un citoyen qui se veut l’index de toute vérité. Ainsi, écrit Malkin : « Le débat est à la fois empreint d’une binarité radicale, tout en étant irrigué d’un relativisme absurde ayant succombé aux sirènes du “tout se vaut”. »

À lire aussi, Vitaly Malkin : Politiquement correct made in URSS

Enfin, et c’est sans doute la réelle singularité de cette réflexion, l’auteur remarque que, alors même qu’elle est dans toutes les bouches, la liberté d’expression n’est plus une valeur aussi œcuménique qu’elle pourrait paraître. Si l’esprit « Charlie » avait marqué les esprits en 2015, du moins en France, la récente sortie du Premier ministre canadien Justin Trudeau, estimant, à propos des caricatures de Mahomet, que la liberté d’expression n’était pas sans limites, nous rappelle cette réalité : la liberté d’expression n’est plus inviolable. « N’est-il pas révolu le temps où la libre communication des opinions permettait encore de faire société ? » interroge Vitaly Malkin. La question fait presque office de réponse. On ne saurait s’en satisfaire. Cependant, il existe une piste pour la reconquérir, cette liberté, et elle s’appelle la « nuance ». Reste à savoir s’il est encore possible d’avoir un débat nuancé, voire rationnel. C’est en tout cas l’espérance ouverte par cet ouvrage.

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Après avoir fait l’apologie du terrorisme, il est… dispensé d’arts plastiques

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Une personne brandit une pancarte lors du rassemblement en hommage au professeur Samuel Paty décapité le 16 octobre pour avoir montré des caricature du journal satirique "Charlie Hebdo" à ses élèves. 18 octobre 2020, plce du Capitole, Toulouse © FRED SCHEIBERr/SIPA Numéro de reportage : 00986517_000015

Même après avoir fait l’apologie du terrorisme, un jeune n’a pas été exclu de son établissement


« Les frères Kouachi avaient raison », ou encore « on n’a pas le droit de montrer des visages ». Ce ne sont pas les propos d’un islamiste aguerri, mais ceux d’un collégien toulousain.

Un « incident » a eu lieu dans un collège toulousain. C’est une histoire de soumission ordinaire, pourrait-on dire. Elle a été relatée le weekend dernier par un tweet de Fatiha Agag-Boudjahlat – professeur et militante laïque – puis reprise par La Dépêche. Mais là n’est pas le pire, le pire est dans la réaction – ou plutôt, l’absence totale de réaction de l’institution scolaire. Bien naïfs ceux qui pensent éviter l’islamisme en jouant la politique de l’autruche.

La scène se déroule en septembre 2020, quelques semaines avant l’assassinat de Samuel Paty lors d’un cours d’arts plastiques dans une classe de 3ème du collège Bellevue à Toulouse. L’enseignante montre des photos de statues grecques. Une contestation émane d’un élève âgé de 16 ans, un petit-fils d’imam qui a dû sécher les cours sur la laïcité : « on n’a pas le droit de montrer des visages », lance-t-il. Sa prof lui répond que ces prescriptions religieuses n’ont rien à faire en classe. Quelques jours plus tard, il va voir sa prof et lui tient – nous dit pudiquement La Dépêche – des propos relevant de l’apologie du terrorisme. Il lui affirme : « Les frères Kouachi, les assassins de Charlie Hebdo ont eu raison ».

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Elle prévient alors le chef d’établissement. Celui-ci signale l’incident au rectorat lequel déclare « avoir apporté une vigilance particulière à l’incident ». En effet, le rectorat a dépêché les référents « valeurs de la République » et « radicalisation » au collège. Les islamistes doivent trembler… Tout de même, il y a eu des réunions, le procureur est saisi et l’élève entendu. Tout ça pour un non-lieu prononcé le 7 janvier. 

Pas de vagues donc ?

On ne va pas embastiller des adolescents qui profèrent des énormités, même pro djihadisme. Mais ce n’est pas une raison pour ne rien faire. Or, il n’y a aucune conséquence à l’attitude de ce collégien. Le conseil de discipline prononce une exclusion… avec sursis. Et selon Fatiha Agag-Boudjahlat, l’élève est dispensé de cours d’arts plastiques. On dit qu’il en est privé, mais en fait il en est dispensé. Et comme il risque aussi d’être choqué par les cours de littérature et d’histoire, autant lui donner le bac tout de suite. Il est vrai que cela ne fera pas une grande différence avec les autres. Mais passons.

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Pendant ce temps – et c’était à prévoir -, c’est l’enseignante qui veut (ou doit) partir. Visiblement, le soutien de sa hiérarchie et de ses collègues a été plutôt mou comme c’est souvent le cas. L’institution fait le dos rond. C’est « le droit de celui qui parle le plus fort », l’autre nom de la soumission, qui s’impose. Et le plus grave c’est que tout ça est assez banal et que ça risque de le devenir de plus en plus tant que des professeurs et des directeurs craindront plus d’attirer l’attention que la radicalisation.

« À force de ne pas faire de vague, nous serons submergés par la marée islamiste » conclut notre directrice de la rédaction Élisabeth Lévy dans sa chronique sur Sud Radio.

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Cette chronique a initialement été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez le regard libre d’Élisabeth Lévy du lundi au vendredi à 8h15 dans la matinale sur Sud Radio

Les opposants à la loi bioéthique sont de gros hypocrites!

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La gay pride à Paris, 26 juin 2021 © ISA HARSIN/SIPA Numéro de reportage : 01025584_000004

S’opposer à la marchandisation des corps dans une société de marché n’est pas franchement logique…


Je vois que la loi bioéthique, définitivement adoptée par le parlement, soulève inquiétudes et indignations parmi de nombreux contributeurs et lecteurs de Causeur. Je comprends ces inquiétudes même si je ne les partage pas toutes ou pas de la même façon. En préalable, il semble que ces inquiétudes ne soient pas celles des Français dans leur très grande majorité. Un récent sondage de l’IFOP indiquait encore que 67% étaient favorables à la PMA ouverte aux femmes seules et au couple de lesbiennes. 

Une société en avance sur la loi

On peut dire qu’ils ne comprennent pas les enjeux, les Français, mais ça commencerait à faire beaucoup de choses qu’ils ne comprendraient pas, comme la nécessité urgente de travailler jusqu’à 64 ans ou plus. Ou alors, on peut dire que comme souvent, la société est en avance sur la loi et que la loi ne fait que sanctionner un état de fait, ce qui arrivera un jour ou l’autre, n’en déplaise à Darmanin, pour le cannabis. En fait, les Français, et c’est aisément compréhensible, demandent d’abord à leurs hommes politiques des lois qui les protègent ou qui ne les gênent pas dans leur vie quotidienne. Leur dire qu’on va travailler plus longtemps, ça ne leur plait pas du tout mais leur dire que deux femmes qui s’aiment vont devenir mères, ils n’y voient pas d’inconvénient.

A lire aussi, Agnès Thill: Dans la loi bioéthique, il n’y a pas que la PMA pour toutes!

Leurs préoccupations, c’est l’emploi, la situation sociale, la sécurité. La PMA nouvelle mouture, indiquait un autre sondage publié par le Figaro, venait en dernier. Pour une fois, l’intelligence de Macron a été de comprendre qu’il était inutile d’instrumentaliser cette nouvelle loi pour en faire le drapeau des progressistes agité comme un chiffon rouge devant la partie « vendéenne » de la droite. Elle est passée tranquillement, sans l’espèce de guerre civile à froid suscitée par Hollande, qui n’ayant plus rien de gauche dans son programme, a choisi un choc frontal entre Mariage pour tous et Manif pour tous alors qu’à la même époque, le gouvernement conservateur de Cameron faisait passer le mariage gay en une seule séance. 

Une infime minorité de la population

On mesure, huit ans après, la vanité de cet affrontement dans une société française qui a bien d’autres soucis que celui de voir deux hommes passer devant monsieur le maire et pouvoir créer une famille. Il a juste permis à Hollande de reculer l’inéluctable : quand on est élu sur une politique de gauche et qu’on fait une politique de droite, on sort rincé, même pas en mesure de se représenter. J’attends, au passage, par une ruse de la raison de voir si Macron-Brutus ne va pas connaître le sort de César Hollande. Quand on trouve le moyen de réunir 6% d’électeurs exprimés, même au second tour d’une élection intermédiaire, on peut se poser des questions.

Mais revenons à la loi bioéthique : pour aller vite, cette loi ne concerne qu’une infime minorité de la population et n’en indigne qu’une partie tout aussi infime. Il n’empêche qu’elle révèle des contradictions intéressantes chez ses partisans comme chez ses opposants.  

Une loi de soumission à l’économie de marché ?

Une disposition, par exemple, me semble révélatrice d’une vision bien étrange du progressisme : la possibilité pour une femme de faire congeler ses ovocytes pour ne pas se faire rattraper par son horloge biologique. Elle indique bien, cette disposition, la hiérarchie imposée par une économie libérale à la vie personnelle. Une femme, en général cadre sup, pourra bosser le cœur léger, sans craindre pour sa carrière « à cause d’une grossesse » et avoir un enfant passé quarante-cinq ans, une fois sa situation bien établie. 

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On ne cesse de me parler de rupture anthropologique majeure à chaque loi bioéthique, je ne sais pas si voir à l’avenir des mères de soixante ans venir chercher leur petit à la crèche est une rupture anthropologique, mais je crois que ce sera la première fois de l’histoire que des parents prendront le risque de fabriquer en conscience des orphelins. Voilà pour les partisans de cette loi qui voient une émancipation là où il n’y a qu’une soumission.

L’antienne de la « rupture anthropologique »

Mais chez les opposants, voilà que ressort, justement l’antienne de la « rupture anthropologique ». Pour le mariage entre hommes, c’était la disparition de la mère, pour le mariage entre femmes, ce sera la disparition du père. Oui, sans doute, encore que nombre d’études montrent que les enfants des couples homosexuels réattribuent d’eux-mêmes des rôles différents à chacun de leurs parents. Et puis surtout, encore une fois, la disparition du père est relative avec la levée de l’anonymat sur les donneurs. Si vraiment on veut tuer le père, ce sera toujours possible. Car évidemment le père est là pour être tué, on le sait depuis Sophocle et les Évangiles. Sans compter que la première PMA de l’Histoire, c’est tout de même l’Annonciation et qu’en l’occurrence, c’est cette absence du père qui a fait naître la civilisation judéo-chrétienne, celle-là même qui s’oppose à la marchandisation du monde et, donc, des corps.

C’est pour cela qu’il est difficile aujourd’hui, pour les opposants à cette loi, d’être audibles. Alors qu’ils ne s’opposent en rien à la marchandisation des biens essentiels comme l’eau ou l’air ni même à la marchandisation des corps quand des enfants se retrouvent au travail dans des usines du tiers-monde pour fabriquer leurs vêtements et leurs smartphones, il faudrait soudain s’arrêter à l’utérus qui, lui, devrait rester sous le contrôle de lois morales supérieures.

Modestie attristée

Peut-être faudrait-il, avec plus de modestie attristée, constater que ce que la science pourra faire, elle le fera un jour ou l’autre. La prochaine étape sera la GPA, dont la seule différence avec la prostitution, est que ce n’est pas la même partie de la femme qu’on loue et puis le clonage, bien sûr, qu’on doit déjà être en train d’essayer de mettre au point dans je ne sais quel laboratoire. 

Et que le meilleur moyen de s’y opposer ou d’en limiter les dégâts, ce ne sera pas la réprobation morale ou religieuse, mais un changement de société où sera clairement délimité ce qui est du périmètre du marché et ce qui ne l’est pas. Appelez ça le communisme ou l’écologisme si vous voulez vous faire peur, mais alors ce sera celui des Actes des Apôtres. En tout cas, je ne vois pas d’autres alternatives pour éviter Le Meilleur des Mondes.

Jean-Pierre Pernaut contre les « territoires »

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macron pernaut france peripherique
Emmanuel Macrpn et Jean-Pierre Pernaut, 12 avril 2008. Sipa. Numéro de reportage : 00854196_000011.

L’ancien taulier du 13 heures de la Une est de retour dans les kiosques. Causeur s’est évadé dans Au Cœur des Régions, le magazine lancé par la star du JT. Une virée à la campagne!


Toujours un  temps d’avance…

Il y a ceux qui se plaignent et ceux qui agissent. Pernaut fait partie de la seconde catégorie. Depuis qu’il a fondé « SOS villages » il y a un quart de siècle, le pape du 13 heures, compagnon de déjeuner des dames de nos campagnes pendant 33 longues années, donne de la voix aux petites gens qu’on n’entend pas, à ceux sur qui on se penchera bien plus tard, trop tard, et qu’on nommera « la France périphérique ». « Immense fierté pour moi que SOS Villages. Des centaines de commerces ont été sauvés grâce à cela », nous confie-t-il dans Au Cœur des Régions, son magazine bimestriel qu’il vient de lancer. Posant en chemise blanche dans la nature, une pâquerette au bec – tel un Lucky Luke repenti après des années accro aux blondes -, l’ancien fumeur nous prévient dans son édito : « Notre pays est unique et brille dans le monde entier. Nous en sommes fiers et c’est ce que nous voulons montrer ».

Au programme, un instructif reportage sur la fracture numérique, des escapades dans quelques « villages à l’honneur », une virée dans le Périgord « au fil de l’eau » ou encore, une incursion chez « ceux qui sauvent la cathédrale de Strasbourg ». Car s’il a bien un point commun avec son « ami Stéphane Bern » le dandy réputé proche de son altesse Macron, c’est la sauvegarde de notre patrimoine. 300 maisons traditionnelles alsaciennes sont détruites chaque année, nous alerte Jean-Pierre Pernaut. Ce qui l’a conduit à investir son énergie dans une pétition en compagnie de Bern pour en sauver une. « Bravo ! » s’enthousiasme-t-il.

À lire aussi, du même auteur : Les saisons authentiques de Jean-Pierre Pernaut

Sus aux « territoires » !

Après avoir parlé pendant plus de 30 ans de « la province », voilà qu’une élite politico-médiatique parisienne nous rabâche le terme « territoires ». Les « territoires » et la « transition écologique », les « territoires » face aux déserts médicaux, les « territoires » frappés par l’abstention et cetera et cetera. Cela agace Jean-Pierre au plus haut point, et il ne s’en cache pas. « Je ne supporte plus que les politiques et certains journalistes utilisent à tout bout de champ le mot « territoire » pour parler des régions », peste-t-il dans sa rubrique « Mon œil ! », avant de nous rappeler que « chaque jour qui passe, un paysan se suicide ».

Qui dit région dit langues régionales, un « trésor national », lance-t-il carrément. De quoi unir irréductibles régionalistes et farouches jacobins sous le sceau de l’amour de notre beau pays ? L’avenir nous le dira. En attendant, ne manquez pas l’article d’Aymeric Guillaume, qui nous alerte sur les risques de conséquences néfastes à craindre si l’art de la chasse venait à disparaître, le panorama des « bonnes eaux de chez nous », la réhabilitation de la loutre – bestiole bien de chez nous injustement stigmatisée en raison de ses accointances avec le putois – ou encore, le billet sur « l’inexorable colonisation » du moustique tigre (!)

À lire aussi, Jérôme Leroy : Départ de Jean-Pierre Pernaut: les réacs, c’était mieux avant

Après avoir espéré que nous prendrons « beaucoup de plaisir à feuilleter » son magazine « pour oublier les mois terribles que nous venons de traverser avec la crise du Covid-19 », Pernaut nous « souhaite un très bel été ». Avec lui, profitons-en pour remettre nos régions à l’honneur!