Quand la dope manque en temps de confinement, on peut voir la vie en rose. Et la mort aussi.
Avec le confinement, j’ai arrêté de fumer. Les queues devant les tabacs de toxicos patients et résignés ont été plus dissuasives que toutes les campagnes et que tous les cancers. Cinquante mètres et cinquante personnes, c’est trop. Je suis beaucoup trop orgueilleux pour prendre ma place dans une file de plus de cinquante mecs pour n’importe quelle raison, et même pour n’importe quelle fille.
Quand la dope vient à manquer
Il y a une autre raison. Aujourd’hui dans ma France périphérique, les ronds-points se sont remplis de gendarmes et le marché du shit a connu des ratés dans la chaîne de distribution et des ruptures de stock. Les dealers étant confinés, seuls les prévoyants, les précautionneux, les avisés, les minables continuent de se droguer à l’abri de la pénurie. Seuls les maniaques qui bichonnent leur herbe dans leur petit jardin ou leur petite cave, avec les petites graigraines plantées, arrosées, éclairées, puis leurs petits planplans récoltés, séparés, taillés, fument encore mais attention, avec modération.
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Comme le marché international du masque, celui du cannabis, dans ma lointaine banlieue, au bord de la campagne et pas loin des cités, était tel qu’à part les petits épargnants et les grands dépendants, personne n’avait jamais craint qu’un jour la dope viendrait à manquer. Mais qui dit confinement disette, alors les fourmis tirent encore sur leurs joints quotidiens, et les cigales en manque dansent la java du sevrage.
Regards sur la mort
À l’inverse des masques, le manque, c’est bon pour la santé et pour la gracieuseté. Après deux jours d’une humeur difficile, surtout pour l’entourage, on perd son haleine, sa toux, son cynisme, ses sarcasmes et son aquoibonisme pour retrouver son souffle, son goût, son sourire, ses sentiments, ses émotions, son mojo, ses rêves et son humour. Voilà sans doute pourquoi je n’arrive pas à trouver ces temps si difficiles. Et mes co-confinés apprécient.
Mais la pénurie psychotropique