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Après l’échec du public, l’École privée sous contrat menacée à son tour

L’égalitarisme forcené sous-jacent à la volonté de « mixité sociale » de Pap Ndiaye risque fort de tirer nos fleurons scolaires vers le bas.


Le 13 avril, dans une interview, le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, a précisé sa vision de l’enseignement, et en particulier sa volonté d’imposer « la mixité scolaire » aux établissements privés

Aux fondements de l’intervention du ministre, le présupposé selon lequel « la France est scolairement ségréguée » avec, en ligne de mire, l’enseignement privé sous contrat. Cette assertion se fonde sur le fameux « indice de position sociale », un indice contestable pour beaucoup, mais qui fait office d’argument irréfutable pour les ultimes promoteurs de la lutte des classes, qui préfèrent cibler le privé plutôt que de remettre en question leurs méthodes au sein de l’école de la République. 

L’enseignement catholique n’a pas de leçons à recevoir

Passons sur le fait que, bien souvent, dans certaines régions ou certains quartiers, ce sont les établissements privés sous contrat « qui accueillent majoritairement les élèves dits « défavorisés » » comme le rappelle Lisa Kamen-Hirsig, enseignante et chroniqueuse au Figaro. De fait, ces établissements, et en particulier les établissements catholiques, n’ont aucune leçon de mixité à recevoir et effectuent déjà un travail remarquable d’accueil d’élèves en échec scolaire, d’enfants d’autres confessions et de personnes en situation de handicap. Pourtant, elles ne bénéficient pas des mêmes moyens que les écoles publiques, en particulier en ce qui concerne la cantine « qui coûte de six à huit euros par jour, quels que soient les revenus des parents » [1]. D’une manière générale, les parents payent entre 500 et 1 200 euros par an, de l’école au lycée, pour scolariser leurs enfants dans ces écoles. Mais qu’importe leurs efforts et leur coût, l’État souhaiterait imposer « des pourcentages » et des « objectifs chiffrés progressifs » pour forcer ces établissements à accueillir encore davantage de mixité sociale et scolaire !

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Quoi qu’il en soit, il est naïf de penser qu’en forçant cette mixité, les problèmes liés à la chute du niveau scolaire seront résolus. Cette chute, selon les propres dires de notre ministre Pap Ndiaye, concerne à la fois l’orthographe, la conjugaison, la grammaire, le français et les mathématiques [2]. Pourtant, le ministre semble moins préoccupé par cet effondrement global que par la persistance d’inégalités sociales entre les établissements. Or, l’un et l’autre sont liés : c’est souvent pour échapper à l’effondrement scolaire du public que les parents cherchent à placer leurs enfants dans le privé… avec la fameuse « concentration de populations favorisées dans l’enseignement privé sous contrat » que les politiques, militants de gauche et syndicats d’enseignement public dénoncent. Le fait de forcer encore davantage la mixité scolaire dans le privé n’aura pour d’autres conséquences que d’importer des problématiques propres au public dans ces établissements. C’est d’ailleurs ces tares que pointait du doigt Anne Coffinier, présidente de l’association Créer son école, lorsqu’elle écrivait que notre école publique « n’a plus rien d’égalitaire ni de national. C’est un creuset à ignorance qui condamne les plus pauvres à un avenir médiocre ». C’est également un vivier de plus en plus inquiétant pour des revendications islamistes de tout type (voile, halal, révisionnisme historique…). Souhaitons-nous vraiment importer ces problématiques dans nos écoles privées ? 

La sélection a du bon

Par ailleurs, il est étonnant de voir pointer du doigt les établissements privés ou publics qui conservent des critères de sélection, alors que l’excellence n’empêche en rien la mixité sociale. Ainsi, le lycée Louis-Le-Grand qui bénéficiait, contrairement à la grande majorité des autres établissements publics, d’une présélection exigeante, n’en avait pas moins presque 40% d’élèves originaires de banlieue, et entre 10 et 15% de boursiers [3]. En bref, l’excellence n’empêche pas l’égalité des chances. Mais l’égalitarisme forcené sous-jacent à la volonté de « mixité sociale » de Pap Ndiaye risque fort de tirer nos fleurons scolaires vers le bas : désormais, Louis-Le-Grand devra se résigner à voir son niveau baisser puisqu’une décision du rectorat de Paris impose au lycée le même système d’affectation que les autres écoles publiques et donc la fin de la sélection… encore une fois au nom de la « mixité sociale » ! Plutôt que de promouvoir la liberté des parents, contrainte par la sectorisation, Pap Ndiaye préfère la restreindre au sein des établissements qui ont de moins en moins de marge de manœuvre, de moins en moins d’autonomie, de plus en plus de contraintes. 

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Si ce biais idéologique qui promeut l’égalitarisme au détriment de la liberté dans nos écoles n’est pas nouveau, il est préoccupant de voir notre ministre, sous les ordres d’Emmanuel Macron, s’attaquer désormais au privé sous contrat. Que ce gouvernement s’attaque d’abord aux raisons qui font que les élèves ont un indice de position sociale faible (conditions matérielles, capital culturel, niveau d’étude des parents…), avant d’imposer aux derniers bastions d’excellence des quotas injustifiés. En fin de compte, ce ciblage en règle des établissements privés sous contrat masque l’échec de la politique sociale du gouvernement et l’effondrement de l’école de la République qui en découle. Cet échec du public est d’autant plus criant que les enfants de Pap Ndiaye sont eux-mêmes scolarisés à l’École alsacienne, un choix d’établissement « privé, élitiste » qu’il justifie de manière assez éloquente : « C’est le choix de parents d’enfants pour lesquels à un moment les conditions d’une scolarité sereine et heureuse n’étaient plus réunies » [4]


[1] https://www.lefigaro.fr/actualite-france/mixite-sociale-a-l-ecole-les-declarations-de-pap-ndiaye-sur-le-prive-font-reagir-20230414

[2] https://www.20minutes.fr/societe/4015954-20221222-pap-ndiaye-niveau-eleves-revele-lacunes-preoccupantes-inquiete-ministre-tribune

[3] https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/societe/a-henri-iv-et-louis-le-grand-cest-lexcellence-quon-assassine

[4] https://www.leparisien.fr/societe/pap-ndiaye-il-ny-a-pas-de-compromis-a-avoir-avec-le-rassemblement-national-cest-ma-boussole-politique-25-06-2022-OXO22IJ5ZBEKXAST4YVNB4CUFM.php?ts=1683196873052

Oui, ça coûte cher un couronnement!

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Et ce n’est pas un problème.


A l’heure actuelle, certains parlent haut et fort pour réclamer des réponses aux questions et objections suivantes : Pourquoi un couronnement ? N’est-ce pas trop archaïque ? Tout cela ne coûte-t-il pas trop cher ? N’est-ce pas obscène, même, d’étaler toutes ces richesses – robes, bijoux, joyaux, carrosses… – à un moment où l’inflation touche durement le budget des familles britanniques ?

Tâchons d’y répondre !

Archaïque? Certes, la couronne d’Angleterre est une institution qui a 12 siècles d’âge. Mais c’est une des institutions les plus anciennes du monde occidental. Plutôt qu’un anachronisme, elle représente la continuité. Et la continuité est devenue une qualité trop rare dans notre monde. Entre les dictateurs et les idéologues, il y a trop de gens qui veulent détruire tout ce qui est ancien pour ne laisser que leurs propres créations, afin de circonscrire notre horizon temporel et moral à leur monde carcéral – afin de nous couper de nos racines historiques et nous transformer en pâte à modeler cérébrale. Autant remplacer Notre-Dame par un supermarché où les pyramides par un complexe sportif !

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Ça coûte cher, un couronnement ? Sans doute et c’est l’État qui paie. Mais ces fastes royaux sont les fastes de l’État. Charles est le chef d’État du Royaume Uni, et la monarchie est le pilier de la Constitution britannique, laquelle est le fruit d’une longue évolution vers la démocratie. L’histoire, la continuité et l’importance suprême de la Constitution doivent s’exprimer avec grand style, voire avec majesté. Pourquoi le cérémonial de l’Union européenne est-il si pauvre ? Pourquoi inspire-t-il si peu ses citoyens ? Le coût pour l’État britannique du couronnement est largement compensé par la stimulation apportée à l’économie par l’évènement ; elle pourrait se chiffrer à plus de 1,1 milliard d’euros. Seul bémol, le jour férié spécial du lundi 8 mai (qui n’est pas normalement férié outre-Manche) va porter un coup à cette même économie, mais au moins on est quitte.

L’obscène richesse de la monarchie ? Il est vrai que toutes les activités accomplies au nom de l’Etat par le roi Charles, ainsi que par les autres membres de la famille royale qui travaillent pour l’Etat, sont financées par l’Etat. Mais d’où vient cet argent? Depuis le XVIIIè siècle, les domaines appartenant à la couronne sont gérés et exploités par le gouvernement. Normalement, seuls 15% des bénéfices sont attribués à la maison royale. En ce moment et jusqu’en 2027, c’est 25% afin de couvrir les réparations au Palais de Buckingham. Certains médias ont dénoncé la fortune personnelle du roi, estimée à entre 700 millions et 2 milliards d’euros.  Le roi et son dauphin, William, ont leurs propres domaines, notamment les duchés de Cornouailles et de Lancaster. Ce n’est guère étonnant si cette famille a accumulé des richesses au cours de 12 siècles. Et c’est quand même moins que les Bernard Arnault et les Jeff Bezos n’ont fait en quelques décennies. Pourquoi attaquer une fortune relativement modeste, acquise et maintenue lentement et pas les autres ? Il faut plutôt demander le secret d’une gestion aussi sûre, aussi résistante aux aléas du temps.

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Aujourd’hui, tout le monde veut être jeune, moderne, branché, tendance et faire le buzz.
Il vaut beaucoup mieux durer, vieillir dans la sagesse et devenir ancien.
Après tout, avec un peu de chance, devenir ancien, c’est notre destin à nous tous et – avec beaucoup de chance – celui du genre humain. 

Alain Cavalier croit à «L’Amitié»

Le dernier film du cinéaste rebelle est sur les écrans. Un documentaire atypique et joyeux.


« J’ai intensément partagé le travail cinématographique avec certains, jusqu’à une amitié toujours vive. Filmer aujourd’hui ce lien sentimental est un plaisir sans nostalgie. Nos vies croisées nous permettent cette simplicité rapide de ceux qui ne se racontent pas d’histoires, qui savent être devant ou derrière la caméra, dans un ensemble de dons et d’abandon au film. » Alain Cavalier.

C’est toujours un immense plaisir de voir et revoir les films de cet extraordinaire cinéaste. Et le dernier en date, L’Amitié, est une perle cinématographique, l’œuvre d’un homme libre, un résistant qui dans une époque où le cinéma français se perd dans la complaisance et un progressisme de mauvais aloi, aggravés par la sur-budgétisation amorale des films, continue de faire front et de nous montrer des films libres et beaux.


Alain Cavalier filme depuis le début des années 60, il a réalisé au début de sa carrière de cinéaste des superbes films produits de manière classique, Le Combat dans l’ile (1962), avec Jean-Louis Trintignant, L’Insoumis (1964) avec Alain Delon, La Chamade (1968) avec Catherine Deneuve et Michel Piccoli… puis Thérèse (1986), chef-d’œuvre montrant avec une grande simplicité la force d’âme de la petite Sainte de Lisieux, qui obtint un grand succès critique et populaire. Mal à son aise dans le milieu cinématographique français, il décide de tourner avec une caméra légère et des moyens financiers modestes des films indépendants et libres: Libera me (1993), La Rencontre (1996), Le Filmeur (2004), Irène (2009), Pater (2011), Le Caravage (2015), Être vivant et le savoir (2019)…

Un film joyeux et méticuleux

Dans L’Amitié, Alain Cavalier filme ses amis, Boris Bergman, parolier (de France Gall, Juliette Gréco et Alain Bashung), Maurice Bernart, producteur de cinéma qui a produit son long-métrage Thérèse et le coursier Thierry Labelle qui fut acteur dans Libera me. Il s’invite et nous invite chez ses amis, trois personnes de milieu et de caractère très différents, il nous fait rencontrer leurs femmes, filme leurs échanges, partage des repas simples et appétissants avec eux, filme leurs cadres de vie et les objets qui les entourent. Il sait capter avec la belle énergie et la méticulosité joyeuse et enfantine qui l’animent, la grâce et la fragilité des visages, l’importance et la beauté des choses, des mots, du verbe, de la musicalité de la langue aux tonalités diverses de ces êtres qui sont tous dans un rapport de grande confiance, de tendresse, d’attention et d’échanges avec lui.

Douceur

Dans ce film les gens chantent, fument, mangent, boivent du bon vin, parlent de musique, de cinéma, de littérature, de la vie facile ou difficile, cabossée parfois mais toujours digne, la vie des gens debout. Alain Cavalier filme le temps qui passe, un monde qui disparait, il nous offre une trace ferme et solide de ce monde, de ces êtres humains pleins de chaleur et d’humanité. Il montre avec une grande douceur et un sens rigoureux de l’écoute cet émerveillement de la vie qui nous donne la force de vivre et d’aimer. L’amitié est grande et l’amour est proche. Avec discrétion et tact, le cinéaste demande à chacun de ces trois couples comment ils se sont rencontrés. Chaque rencontre est forte et originale ; et célèbre la grandeur de l’amour qui dure et persiste…

L’Amitié est ainsi un très grand film humain et politique qui nous touche au plus profond de notre âme.

L’Amitié un film d’Alain Cavalier France – 2h04, sortie sur les écrans de cinéma mercredi 26 avril 2023

A chacun son bibi

Passés de mode, les chapeaux ? Que nenni ! Le couvre-chef revient sur les têtes et par la grande porte : celle d’un atelier qui fait revivre, grâce à des artisans passionnés, un savoir-faire séculaire. Visite à la maison Courtois


Alors que nous bouclons ces pages, la Grande-Bretagne vit au rythme des préparatifs du Couronnement du roi Charles III, qui aura lieu le 6 mai. Après soixante-dix ans de règne d’Elizabeth II, qui a érigé le couvre-chef en emblème royal, il est à parier que, ce jour-là, les dames de la cour et du peuple rivaliseront d’élégance.

En France, s’il semble que les chapeaux appartiennent au passé, Marguerite Courtois a fondé la maison Courtois en 2015 avec la ferme intention de redorer leur réputation !

Marguerite Courtois © Hannah Assouline

Cette jeune femme est étonnante. Elle est encore étudiante à l’Essec lorsqu’elle crée la maison Courtois, au retour d’un séjour en Normandie. Là-bas, elle est entrée par hasard dans une chapellerie et a rencontré Frédéric, un ancien chapelier de la Maison Michel. Il lui a raconté sa passion du métier et lui a fait découvrir le savoir-faire d’un artisanat en train de disparaître. C’est ainsi que Marguerite s’est lancée, avec l’aide de Frédéric, dans l’art de la chapellerie. Et c’est un succès. Elle ouvre d’abord deux boutiques à Paris, l’une rue de Babylone (7e) et l’autre rue de Sévigné (4e), puis la haute couture fait appel à son atelier ; et dans la foulée elle reçoit les honneurs de la presse féminine.

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L’atelier de la maison Courtois est situé rue du Faubourg-Poissonnière, dans le 10e. Y pénétrer, c’est faire un voyage dans le temps, entrer dans une bulle à l’atmosphère paisible et rassurante. On peut y admirer toutes sortes de chapeaux, pour femmes et pour hommes, chapeaux cloches et panamas à l’allure délicieusement rétro. Marguerite me mène à l’étage, en haut d’un étroit escalier. C’est le lieu où Brigitte (meilleur ouvrier de France) et ses stagiaires confectionnent et ornent les créations de la maison grâce à de vieilles Singer, insurpassables machines.

Quand je demande à Marguerite de m’expliquer l’art de la confection du chapeau, elle m’expose d’abord la différence entre chapelier et modiste. Le chapelier met en forme le chapeau, à l’aide de formes en bois ; la modiste l’orne : elle y coud des rubans, des plumes ou des fleurs. La modiste est une artiste. Il n’en reste d’ailleurs que très peu à Paris, peut-être une dizaine, alors qu’autrefois il y en avait à tous les coins de rue.

Chapeau, le retour

D’après Marguerite, le chapeau revient en force depuis quelques années et il a sa saison préférée : celle des mariages, où mères et belles-mères des mariés se précipitent à la boutique pour se faire confectionner le plus beau bibi sur-mesure, et n’hésitent pas à y mettre le prix, jusqu’à 600 euros, voire davantage pour les plus élaborés.

Les hommes ne sont pas en reste, les casquettes sont très recherchées, en tweed pour l’hiver, afin de se donner une allure british, et en coton pour l’été. Les plus élégants de ces messieurs n’hésitent pas à arborer le panama.

Si Marguerite Courtois tient beaucoup à ressusciter ce savoir-faire, c’est aussi parce qu’elle se voit comme une passeuse. Et pour transmettre cet art, elle emploie de nombreux jeunes stagiaires, souvent en alternance, ce qui leur permet d’allier la théorie, dispensée dans des écoles de mode, et la pratique, au sein de son atelier.

Si ce lieu semble hors du temps, Marguerite est une femme de son époque : l’écologie lui tient à cœur et les matériaux qu’elle emploie sont made in France, hors de question de faire venir par avion des tissus fabriqués en Asie. « Cela n’aurait pas de sens », dit-elle.

© Hannah Assouline

Je m’approche timidement des ouvrières, toujours concentrées sur leurs ouvrages. Brigitte, la chef, me raconte être arrivée dans le métier presque par hasard. Ce n’est qu’après avoir été recommandée à une modiste qu’elle a découvert le monde de la chapellerie et le plaisir de la confection. Son mari était fourreur (le quartier du Faubourg-Poissonnière a été l’un des hauts lieux de cet artisanat, hélas en perdition) et possédait la boutique juste à côté. Elle a fabriqué des toques en fourrure pendant des années, jusqu’au décès de son époux. Elle a ensuite été embauchée par Marguerite et me confie n’avoir, depuis, jamais autant travaillé de sa vie.

À ma question « Comment faites-vous lorsque vous avez affaire à des clients qui n’ont pas une “tête à chapeaux” ? », elle me répond que cela n’existe pas, que chaque tête à son chapeau, comme « à chaque pot son couvercle ». Soyez donc rassurés si vous pensez que le chapeau ne vous sied pas, Brigitte aura la solution !

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Si les couvre-chefs amorcent un retour timide, c’est qu’ils ont quasiment disparu aux environs des années soixante. Brigitte a une théorie : la mode de la choucroute, ces chignons impressionnants, n’a plus permis aux femmes d’enfiler le moindre chapeau. Mais on les a vus revenir une décennie plus tard : on se souvient des larges capelines que portait notre BB nationale sur la plage de la Madrague, et de celle, mythique, qui ornait le visage enfantin de Maria Schneider dans Le Dernier Tango à Paris, avec cette fleur violette…

Quelques jours après la visite de l’atelier, je poursuis l’aventure au pays merveilleux des chapeaux en poussant la porte de l’une des boutiques de la maison Courtois, celle de la rue de Babylone, dans le 7e arrondissement, un antre de l’élégance parisienne. Tout est lumineux, dans les tons grèges, et une bande musicale diffuse un air de rock’n’roll : je suis accueillie au son de SpaceOddity de David Bowie, ce qui n’est pas pour me déplaire. Au mur, quelques chapeaux d’inspiration haute couture, en particulier, un modèle qui rappelle ceux de Dior des années cinquante et son fameux Newlook. Ici, tout n’est qu’ordre, luxe, calme et volupté. En apparence, car les vendeuses sont si occupées que je ne peux, pour le moment, m’entretenir avec elles. Je m’assois donc sur une jolie chaise tapissée, et j’observe. Les clientes sont en majorité des dames qui viennent se chapeauter pour le mariage de leur fille ou de leur fils. 

Point d’excentricités. Le chapeau qui a le plus de succès est une toque à la Jackie O. J’aborde une dame blonde, tout ce qu’il y a de plus BCBG, qui m’affirme que, pour elle, la maison Courtois est la boutique de confection la plus chic de Paris, et que pour rien au monde elle n’irait se fournir ailleurs. Elle marie son fils et, pour l’événement, a choisi la fameuse toque à la Jackie O., dans des tons beiges et rosés. Nous faisons un brin de causette et elle tente de m’embrigader dans l’une de ses actions caritatives, je fais mine d’accepter avec enthousiasme. Je déambule ensuite dans le fond de la boutique où sont exposées les casquettes pour hommes. J’engage la conversation avec un couple originaire de Malibu. Faisons fi des préjugés ! En effet, dans ce genre d’endroit, j’imaginais plutôt des Britanniques ou des Américains venus des très chics Hamptons. Monsieur est en quête d’une discrète casquette de golf, sa femme lui reprochant d’avoir oublié la sienne chez eux, en Californie. 

© Hannah Assouline

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Une jeune fille, américaine également, essaie des chapeaux de paille, sous l’œil attendri de son boyfriend. Dans ce monde de la chapellerie de luxe, il n’est pas rare d’entrer sur un coup de tête (si j’ose dire) et d’en sortir avec un chapeau hors de prix. J’arrive enfin à attraper au vol l’une des deux vendeuses, appelées ici « conseillères ». Elle m’explique que sa fonction consiste à vendre bien sûr, mais surtout à conseiller, à guider ces dames, que ce soit pour une petite folie ou pour une cérémonie bien sage. Les essayages pour les pièces sur-mesure peuvent prendre des heures, jusqu’à neuf, s’il s’agit d’une mariée ou de sa mère ! Il faut en effet, que les coloris s’accordent parfaitement à la tenue et que la forme du chapeau s’adapte à celle du visage… Les deux vendeuses/conseillères/personnalshoppers, ne chôment pas et répondent à mes questions tout en virevoltant d’une cliente à l’autre, prêtes à exaucer leurs moindres désirs.

Si aujourd’hui les chapeaux ne courent plus les rues, ils sont encore bien présents dans notre culture commune, grâce au cinéma notamment, et à ces films qui nous ont fait rêver : les capelines spectaculaires de Catherine et Françoise dans Les Demoiselles de Rochefort, la voilette si sexy de Romy dans Le Vieux Fusil, le chapeau de Zorro… et le fameux chapeau de Zozo que chante Maurice Chevalier, celui qui est orné d’« une plume de paon et d’un amour de perroquet ». Il n’est pas en vente à la maison Courtois, mais sur commande, tout est possible…

Épicure, ou la vie sage et bonne

Des fragments du grand philosophe antique inédits en français viennent d’être traduits par Gérard Pfister, chez Arfuyen.


Épatant, ce volume de fragments inédits d’Épicure choisis et traduits du grec et du latin par Gérard Pfister, poète, spécialiste du dadaïsme et de la mystique rhénane, fondateur des éditions Arfuyen !

242 fragments

Traducteur du turc, de l’allemand et de l’italien, Gérard Pfister maîtrise aussi les langues classiques, qu’il rend dans un français d’une subtile fermeté. Comment ne pas rester pantois devant pareil travail de transmission tout de passion et de rigueur ? Comment ne pas être ému par le fait qu’il ait dédié son livre à Marcel Conche, authentique philosophe et incomparable connaisseur d’Héraclite, de Lucrèce et de Montaigne ? Inédits en français, ces Epicurea avaient été collationnés au XIXème siècle par un philologue allemand, Usener. Son lointain disciple, le Néerlando-alsacien Pfister, en propose une anthologie, 242 fragments tirés d’auteurs grecs ou latins, païens ou chrétiens, qui synthétisent la pensée du philosophe du Jardin, Épicure (341-270 AC), dont le mot d’ordre pourrait être summum bonum voluptas, laquelle voluptas consiste à nihil dolere.

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La souffrance, le trouble, l’instabilité, voilà le mal ! Et les faux besoins, et la vie malsaine, et tout ce qui enchaîne l’homme et le rabaisse, par exemple les désirs absurdes, les opinions reçues: « Celui qui suit la nature et non les vaines opinions est auto-suffisant en tout. Au regard de ce qui suffit à la nature, toute possession est richesse ; au regard des appétits sans limites, même la plus grande richesse est pauvreté ».

Dompter nos espérances

À rebours du dieu jaloux (et donc faible) qui punit les enfants pour les crimes des parents, celui d’Épicure est bienheureux car immortel, incorruptible – rien ne l’atteint, pas même nos sacrifices et nos supplications, rien ne l’affaiblit ni ne l’altère. Ni bonté ni colère ne troublent son cœur de cristal. Quant à l’univers, loin d’être créé à partir de rien par quelque invisible magicien, il est le tout infini, incréé et incorruptible: « Il n’y a pas de naissance des choses qui n’étaient pas, ni de destruction de choses qui sont ; mais la conjonction de certaines choses qui sont avec d’autres s’appelle « naissance », et leur séparation s’appelle « mort ». »

Epicure nous exhorte à dompter nos faims et nos espérances, à réduire les besoins au pain et à l’eau – c’est dire si cette « joyeuse pauvreté », cette sereine frugalité sont loin du cliché du pourceau vautré dans la fange. Lisons ces Epicurea, leçons d’austère rectitude, guides pour la vie sage et bonne !

Épicure, Ainsi parlait Épicure (Arfuyen, trad. Gérard Pfister, édition bilingue, 192 pages)

Ainsi parlait Épicure: Dits et maximes de vie extraits des "Epicurea" d'Hermann Usener

Price: 14,00 €

13 used & new available from 9,90 €

La peste rouge

Causeur consacre son dossier du mois de mai à l’extrême gauche, aux antifas et aux blacks blocs…


Manuel Bompard a des délicatesses. Il n’aime pas qu’on qualifie La France insoumise d’extrême gauche. C’est marrant, ces gens voient de l’extrême droite partout et réclament les excommunications et bannissements afférents, mais si on leur dit extrême gauche, ils défaillent. Puisqu’ils sont si sourcilleux sur les définitions, disons que les Insoumis incarnent l’extrême gauchisme d’atmosphère qui étend son emprise, notamment chez les jeunes décervelés.

Flics lives matter

Le niveau baisse. Par rapport à ses ancêtres des années 1970, la nébuleuse extrême gauchiste d’aujourd’hui fait pâle figure doctrinale, communiant dans un gloubi-boulga sur le méchant capitalisme, les méchants riches, les méchants hommes et les méchants Blancs qui font du mal à la gentille planète, brouet assaisonné de haine de la police. Le fond de sauce, c’est une tolérance plus ou moins assumée à la violence. Verbale et comportementale chez les Insoumis, teintée de complaisance avec les casseurs, cette violence est bien réelle chez les black blocks, antifas et autres groupuscules d’écolos-dingos, qui ont un seul programme: saccager et casser du flic. Pour faire la révolution, c’est un peu court. Pour semer la pagaille, c’est suffisant. L’extrême gauche, c’est le parti du bordel.

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Que 3000 types (nombre avancé par les services de renseignement), aussi bien entraînés soient-ils, parviennent si souvent à tenir l’État en échec, cela intrigue et enrage. Mais le plus inquiétant, c’est l’indulgence dont ils bénéficient dans une partie non négligeable de l’opinion et des médias, qui partagent leur haine des forces de l’ordre[1] et préfèrent passer leurs méfaits sous silence. Les lecteurs du Monde et de Libération n’auront donc pas vu les images saisissantes du bâtiment E de l’université de Caen ravagé par le passage d’une horde barbare d’occupants contre la réforme des retraites (la bonne blague), qui doivent penser que la crasse sauvera le monde. Croyez-vous que ces vandales aient été interpellés, sommés de réparer les dégâts ? Que nenni. Dans les facs de Grenoble, Bordeaux, Lille, Strasbourg, les représentants de cette gauche zadisante intimident, menacent, écartent leurs contradicteurs. La Nupes ne pipe mot contre ces incessants attentats contre la liberté, préférant gloser sur la (fantomatique) menace d’ultra-droite.

Le numéro 112 est en vente actuellement.

Idéologie minoritaire mais… dominante

Pour autant, il n’est pas certain que les thuriféraires de cette idéologie à la fois minoritaire et dominante représentent une menace sérieuse, dès lors qu’en effrayant les braves gens, ils apparaissent largement comme les idiots inutiles du pouvoir. Quant aux notables de LFI, dont la grande cause politique est le maintien des « avantages acquis », on les voit mal prendre le Palais d’Hiver, même si l’appel à la rue démange régulièrement leur lider maximo. On ne fait pas la révolution pour maintenir le statu quo.

>> Retrouvez le sommaire du numéro de mai 2023 ici <<


[1] Une pétition pour la dissolution des BRAV-M déposée à l’Assemblée nationale a recueilli plus de 260 000 signatures. Elle a été classée sans suite par la commission des lois.

Une inversion accusatoire à la mode

Le wokisme? Encore un fantasme de l’extrême droite…


La pensée réactionnaire tient-elle le haut du pavé actuellement ? C’est à cette question que le journaliste Thomas Legrand a consacré pas moins de trois épisodes de son émission « En quête de politique ».

Dans le dernier épisode, après avoir rappelé que les réactionnaires d’aujourd’hui exprimaient une détestation de l’époque présente plus que le désir de rétablir l’Ordre ancien (malgré l’inquiétant « tropisme chouan » du récent film Vaincre ou mourir), il s’est appliqué à minimiser le phénomène. Selon lui, l’inquiétant wokisme, qui ulcère actuellement nos réacs, serait complètement anecdotique, voire une invention opportuniste. « Les réactionnaires ont déjà réussi ça : réduire l’antiracisme et les tentatives de promouvoir une société plus inclusive (pour reprendre la vulgate progressiste) à sa caricature. Philippe Muray est mort avant que n’apparaisse ce phénomène, il en aurait fait sûrement de terribles pages. » Il enchaîne : « Ce ne sont pas les chars russes à l’est de l’Europe, ce n’est pas le réchauffement de la planète, ce n’est pas l’inflation et les menaces sur le modèle social, ce ne sont pas non plus les questions sur l’intelligence artificielle ou le transhumanisme qui constituent les dangers les plus immédiats pour les réactionnaires ! Ce sont les trottinettes ou l’écriture inclusive que quasiment personne n’utilise… » 

Mais bien sûr ! Des militants se rendent dans les écoles ou les bibliothèques municipales pour promouvoir le changement de sexe auprès des plus jeunes, pendant que la défense acharnée d’une société « inclusive » facilite une islamisation ahurissante des périphéries de nombre de nos villes, mais Éric Zemmour aurait grand tort de toujours la ramener ! Legrand terminait sa série d’émissions sur une note d’espoir. Le danger réac ne serait finalement pas si menaçant, ReacnRoll, l’aventure d’Élisabeth Lévy dans l’univers impitoyable des webtélés, s’étant soldée par un échec commercial… Depuis, la patronne a été aperçue dans les coulisses des télés demandant des conseils sur le matériel à tous les techniciens… Rêve-t-elle de donner tort à Legrand ?

Mayotte, islamisme, extrême gauche: la France d’Emmanuel Macron sur une poudrière

La France disloquée, terreau d’une possible guerre civile?


La guerre civile : la perspective s’installe dans les esprits, face à la nation disloquée et à la généralisation de la violence. A Mayotte, 101 ème département français, c’est la députée Estelle Youssouffa qui prévient : « On va basculer dans la guerre civile si le travail n’est pas fait ». Mardi, dans La parole aux Français sur CNews, Jean-Christophe Couvy, secrétaire national unité SGP-Police, a mis en garde contre les casseurs « rompus à la guerre civile », qui se sont acharnés contre les forces de l’ordre (406 blessés) en marge des défilés du 1 er mai.

A lire aussi, du même auteur: «Cent jours d’apaisement»: c’est mal parti

Dans un prochain appel à « sauver la France », d’anciens militaires conduits par Jean-Pierre Fabre-Bernadac vont réitérer leurs craintes exprimées il y a deux ans dans la « Lettre des généraux ». Ils y écrivaient : « Si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société (…) et demain la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant ». Cette fois, les signataires, rassemblés par l’association Place d’Armes, accusent Macron de « nous entrainer aveuglement vers la guerre civile ». Estimant « la patrie en danger », ils appellent à une Marche de la Fierté Française le 13 mai à Paris. Ils écrivent (1) : « Nous devons montrer que le pavé parisien n’est pas réservé à ceux qui méprisent la nation. Aussi « Place d’Armes » défilera avec ses drapeaux, sa musique et ses anciens militaires, portant fièrement leurs décorations, suivis par le maximum de citoyens de toutes origines et confessions ».

A lire aussi: Crise de l’école: «Des solutions existent mais elles butent sur l’idéologie!»

La France, après six ans de macronisme, est une poudrière. Le chef de l’État plaide l’apaisement comme les enragés de 1793 appelaient à la concorde. Un pays multi-fracturé s’étale aux yeux de tous. Ce n’est pas seulement un affrontement de classes qui s’observe, dans le mépris de la caste pour « ceux qui ne sont rien ». Pour avoir théorisé l’opposition entre progressistes et populistes, Macron a envenimé le ressentiment de la France modeste. Il a aggravé la rupture entre les déracinés et les enracinés, la France des métropoles et la France périphérique, les déconstructeurs de l’identité nationale et les héritiers d’une continuité historique. Des riches s’opposent aux pauvres, des actifs aux retraités, des citadins aux ruraux, des jeunes aux vieux, des femmes aux hommes, des Noirs aux Blancs. Les tenants de la société ouverte crachent sur les patriotes. L’importation en France du wokisme nord-américain et de l’islamisme saoudien rajoute les ferments de la discorde généralisée. Dans ce contexte, la guérilla urbaine s’est banalisée dans les cités d’immigration. Les morts par balles de se comptent plus à Marseille. L’islam politique, pour sa part, poursuit sa lente infiltration de la société, sous la protection d’une extrême gauche qui rêve d’abattre « la mauvaise république » (Jean-Luc Mélenchon, lundi) en attisant la haine des flics. Tout ceci ne fait certes pas encore une guerre civile. Mais Macron persiste, diaboliquement, à diviser les Français. Jusqu’où ?

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(1) Dans Face à Rioufol de ce dimanche 7 mai (à 20 heures sur CNews, canal 16), je recevrai sur ce sujet l’ex-capitaine de gendarmerie Jean-Pierre Fabre-Bernadac et le général Emmanuel de Richoufftz.

Amnésie féministe

Quand les néo-féministes font l’impasse sur le passif de leur idole…


Dans l’espoir – vain sans doute – de ne pas mourir idiot, je me suis plongé dans la lecture de l’ouvrage Le Féminisme pour les Nul.les (écriture inclusive de rigueur, bien entendu). Je dois dire qu’on trouve dans ces pages maintes choses pleines d’intérêt. Cela est indéniable. Mais il y a aussi ce qui ne s’y trouve pas.


Comme on peut s’y attendre, les auteurs.rice.s (eh oui, rebelote !) consacrent un assez long développement à la cultissime Simone de Beauvoir et à son maître livre, Le deuxième sexe. On ne pouvait faire moins (je recours à l’indéfini « on » pour vous épargner le ridicule des inclusifs en vogue). Mais – ô surprise ! – pas un mot sur la « collaboration » (le mot m’a échappé) de l’auteur à Radio Vichy, la radio de Pétain, qu’elle rejoint pourtant en 1943. Elle y produit et anime des programmes culturels ou de divertissement. Certes ce ne sont pas des émissions politiques ou de propagande à proprement parler, mais celui qui enrobe de miel la pilule de poison est-il moins coupable que l’empoisonneur lui-même?

A lire aussi : Le wokisme est un fascisme

1943, disions-nous. Il n’est plus possible alors de feindre ignorer la vraie nature du régime. Pour n’en donner qu’un aperçu, rappelons qu’en septembre de cette même année, Pierre Laval, le chef du gouvernement, demande instamment et très officiellement – document signé à l’appui- l’aide de l’Allemagne en vue d’instaurer enfin en France un régime nazi pur et dur ! 1943, c’est aussi l’année où d’autres, au flair davantage sensible à l’odeur de roussi, s’empressent de mettre entre le Maréchal et eux la plus grande distance possible. Un François Mitterrand, un Maurice Couve de Murville, par exemple (tous deux décorés de la Francisque). Quant à Simone de Beauvoir, elle devra attendre la Libération pour se refaire une virginité idéologique. Pour ces égarés de bon rang, adhérer au Parti Communiste est alors le chemin le plus sûr et le plus rapide vers l’absolution plénière. Le PC, fait office de savonnette à vilains, dirions-nous. Beauvoir et Sartre se précipitent et on ne parlera plus de rien, sauf à très bas bruit, et encore…

Certes, a-t-on probablement le droit de considérer qu’être passé par la case Vichy à un certain moment de sa vie dans une période aussi trouble n’est qu’une déplorable erreur, un péché somme toute véniel, mais a-t-on le droit, pour autant, quand on se veut féministe, d’oublier que, partout en France, à la Libération et dans les mois qui ont suivi, des femmes ont été tondues, des femmes ont été pendues pour beaucoup moins que cela ?

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Marlène Schiappa: «Ça fait bientôt six ans qu’on dit que je ne passerai pas le printemps!»

Elle va là où les autres ministres ne vont pas. Du plateau de Cyril Hanouna à la couverture de Playboy en passant par les universités d’été des Insoumis ou un débat organisé par Valeurs actuelles, la secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et de la Vie associative assume pleinement sa liberté, quitte à déplaire à ses collègues, à choquer les puritains et à heurter les néoféministes. Pour la première fois, elle s’explique aussi sur le fonds Marianne.


>> Suite de la première partie <<

Causeur. Dans Playboy, vous expliquez avoir pris beaucoup de plaisir à écrire des livres, à produire des documentaires pour Canal +. Certains vous prêtent l’ambition de quitter la vie politique pour opérer un virage à la Roselyne Bachelot…

Marlène Schiappa. Pour paraphraser Dalida, ça fait bientôt six ans qu’on dit que je ne passerai pas le printemps. Je suis la seule femme avec la Première ministre à être dans tous les gouvernements depuis 2017 – à l’exception de Borne I. C’est mon deuxième quinquennat, mon troisième ministère. Et depuis six ans, pas un mois ne s’est passé sans qu’un média prédise ma perte : Schiappa arrête la politique, Schiappa va se faire virer, Schiappa sur la sellette, Schiappa dans la tourmente. Je n’ai pas fait l’ENA ni Sciences-Po, j’ai grandi dans une cité. Je me suis engagée dans la vie associative et municipale. Alors oui, bien sûr qu’il y a une vie après la politique, je n’aspire pas à être ministre toute ma vie.

Si vous aimez l’ascétisme, vous aurez une place de chroniqueur à Causeur.

J’en prends note.

Vous êtes aussi, par votre expérience familiale, experte de l’extrême gauche, mais peut-être récusez-vous ce terme.

C’est mon père qui ne l’aime pas. J’ai baigné dans ce courant politique durant mon enfance et mon adolescence. J’ai fait d’autres choix. Je suis très macroniste, par conviction, pour son discours sur l’émancipation, sur le fait de dire que nul n’est inemployable, aide-toi, le Ciel t’aidera. C’est vraiment un discours qui me parle.

Photo: Hannah Assouline

Comment voyez-vous la bienveillance dont l’extrême gauche bénéficie dans l’opinion, dans les médias, y compris quand elle est violente ?

Depuis que je suis ministre, je dénonce la compromission d’une partie des mouvements d’extrême gauche avec le communautarisme. Aujourd’hui on me critique pour avoir financé des associatifs laïques, mais contrairement à d’autres, moi je n’ai jamais donné un euro au CCIF ni à aucune organisation compromise avec la radicalisation ou le communautarisme. Je l’ai payé par des menaces de mort permanentes. Aujourd’hui, Gérald Darmanin a le courage de dissoudre certaines structures d’extrême gauche. Nous avançons.

Une de vos collègues, Bérangère Couillard s’est indignée parce que sur RTL quelqu’un a demandé à Marine Le Pen des nouvelles de son père. Qu’en pensez-vous ?

J’ai déjà défendu Marine Le Pen et Sarah Knafo contre des attaques que je trouvais misogynes sur leur physique ou leur supposée incompétence. Je combats Marine Le Pen idéologiquement, mais cela n’interdit pas la civilité.

Parlons du fonds Marianne créé après l’assassinat de Samuel Paty. À vous écouter, vous vous êtes contentée d’aider au financement d’associations laïques et circulez, y a rien à voir.

Il y a beaucoup de mensonges, la calomnie prend l’ascenseur et la vérité prend l’escalier. Mais j’observe que ceux qui ont eu accès à l’ensemble du dossier se refusent à faire un lien entre les éventuels dysfonctionnements et moi. Mon avocate étudie toutes les plaintes que nous pourrons déposer pour diffamation. De quoi m’a-t-on accusée ? D’abord, de copinage, en particulier avec Mohamed Sifaoui à qui j’aurais donné de l’argent pour qu’il puisse se verser un salaire. Monsieur Sifaoui a lui-même reconnu dans les médias qu’on se connaissait à peine. Je n’ai aucune proximité d’aucune sorte avec aucun des lauréats du fonds Marianne. Tout le monde le reconnaît aujourd’hui. Ensuite, j’aurais financé une association pour qu’elle mène campagne contre Anne Hidalgo dans ses vidéos. Non seulement je n’ai jamais passé aucune commande politique d’aucune sorte mais en plus, dans ses vidéos, cette association critique un peu Anne Hidalgo, mais surtout Olivier Véran, Emmanuel Macron et votre servante !

A lire aussi, Ivan Rioufol: «Casserolades»: le pouvoir contraint à la politique du non contact

Tout de même, il semble que deux des associations bénéficiaires, dont celle de M. Sifaoui, n’aient pas grand-chose voir avec l’objet du fonds Marianne. On doit pouvoir questionner les choix du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), qui gérait ces fonds.

D’accord, mais certains laissent entendre que j’aurais détourné de l’argent. Pour moi qui viens d’un milieu populaire, cette accusation est infamante…

Elle est infamante pour tout le monde…

Oui. Être calomnié est insupportable. Pour Playboy, je sais ce que j’ai fait et j’assume. Mais je ne veux pas être comptable de ce que je n’ai pas fait.

Revenons à cette affaire de financement.

Je précise que ce fonds, c’est une ligne budgétaire du ministre de l’Intérieur et non une cagnotte, comme je l’ai entendu. Après l’assassinat de Samuel Paty, que je n’oublierai jamais, nous réinterrogeons les outils de lutte contre les discours de séparatistes mortifères. C’est dans ce cadre que je lance l’appel à projets, parce que je veux que les subventions accordées soient inattaquables et qu’on puisse expliquer sur quelle base on a choisi tel projet et non tel autre. Mon cabinet a demandé au CIPDR de faire des propositions, de ventiler les sommes et de contrôler leur utilisation à échéances très régulières. Tant que j’étais au ministère, j’ai demandé des contrôles. J’ai chargé le CIPDR d’un suivi, le premier a eu lieu à six mois en décembre, le suivant aurait dû intervenir en juin, avant la clôture des projets pour discuter leur éventuel renouvellement. Savez-vous où j’étais ?

Non.

Plus au gouvernement ! Je vivais ma vie, il ne m’appartenait donc certainement plus d’appeler l’ancien CIPDR.

Pensez-vous qu’il y a eu des erreurs, voire des fautes ?

Ce n’est pas à moi de répondre, mais à la justice et à l’inspection.

En tout cas, pour le gouvernement, ce n’est pas vraiment le moment de se payer une affaire…

C’est exactement pour ça qu’elle est montée en épingle. Cette affaire sort maintenant. Et toute la sphère complotiste et islamiste s’en sert pour régler ses comptes. Je suis celle qui a dissous l’Observatoire de la laïcité, créé le Comité interministériel laïcité avec Jean Castex, imposé le contrat d’engagement républicain pour qu’on ne finance plus les organisations islamistes. Cette affaire du fonds Marianne, c’est du pain bénit pour tous ceux qui sont contre ma ligne sur la laïcité.

Vous ne pouvez pas accuser nos amis de Marianne de mener un combat contre la laïcité.

Je ne parle pas du tout de Marianne qui pose des questions légitimes sur l’utilisation des fonds par une des associations en divulguant des documents que je n’ai jamais eus en ma possession.

Aux États-Unis, confirmez-vous qu’on vous a empêchée de parler à CNN ?

Non, on ne m’en a pas empêchée. J’avais une invitation pour participer à une émission sur CNN, j’en ai parlé à Matignon, comme je le fais toujours. Mais c’était le lendemain de l’allocution du président de la République et à Matignon, on préférait que tout le monde soit concentré sur cet événement. J’honorerai certainement cette invitation en juin.

Donc rien à voir avec Playboy ni avec le fonds Marianne ?

Non, pas du tout.

Vous aimez rire, vous aimez séduire, vous n’êtes pas sectaire et vous vous moquez du qu’en-dira-t-on. Vous devez être le cauchemar de vos collègues du gouvernement, non ?

Je ne sais pas. Si on regarde le travail de fond, je n’ai jamais eu une loi qui n’a pas été votée, un accord politique qui n’a pas été tenu. J’ai toujours répondu présente. À chaque fois qu’il a fallu défendre le collectif ou le président, j’ai été au front. D’ailleurs je n’ai pas l’impression que mes deux anciens Premiers ministres se plaignent de moi. Édouard Philippe a salué mon sens politique dans son livre et Jean Castex dit qu’il regrette qu’on ne travaille plus ensemble. C’est peut-être ça qui agace certains d’ailleurs. J’ai peut-être l’air volcanique, mais en réalité, je travaille.

Après l’échec du public, l’École privée sous contrat menacée à son tour

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Le ministre de l'Education nationale Pap Ndiaye, Paris, 12 avril 2023 © Clement Tissot/SIPA

L’égalitarisme forcené sous-jacent à la volonté de « mixité sociale » de Pap Ndiaye risque fort de tirer nos fleurons scolaires vers le bas.


Le 13 avril, dans une interview, le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, a précisé sa vision de l’enseignement, et en particulier sa volonté d’imposer « la mixité scolaire » aux établissements privés

Aux fondements de l’intervention du ministre, le présupposé selon lequel « la France est scolairement ségréguée » avec, en ligne de mire, l’enseignement privé sous contrat. Cette assertion se fonde sur le fameux « indice de position sociale », un indice contestable pour beaucoup, mais qui fait office d’argument irréfutable pour les ultimes promoteurs de la lutte des classes, qui préfèrent cibler le privé plutôt que de remettre en question leurs méthodes au sein de l’école de la République. 

L’enseignement catholique n’a pas de leçons à recevoir

Passons sur le fait que, bien souvent, dans certaines régions ou certains quartiers, ce sont les établissements privés sous contrat « qui accueillent majoritairement les élèves dits « défavorisés » » comme le rappelle Lisa Kamen-Hirsig, enseignante et chroniqueuse au Figaro. De fait, ces établissements, et en particulier les établissements catholiques, n’ont aucune leçon de mixité à recevoir et effectuent déjà un travail remarquable d’accueil d’élèves en échec scolaire, d’enfants d’autres confessions et de personnes en situation de handicap. Pourtant, elles ne bénéficient pas des mêmes moyens que les écoles publiques, en particulier en ce qui concerne la cantine « qui coûte de six à huit euros par jour, quels que soient les revenus des parents » [1]. D’une manière générale, les parents payent entre 500 et 1 200 euros par an, de l’école au lycée, pour scolariser leurs enfants dans ces écoles. Mais qu’importe leurs efforts et leur coût, l’État souhaiterait imposer « des pourcentages » et des « objectifs chiffrés progressifs » pour forcer ces établissements à accueillir encore davantage de mixité sociale et scolaire !

A lire aussi, Eve Vaguerlant: Crise de l’école: «Des solutions existent mais elles butent sur l’idéologie!»

Quoi qu’il en soit, il est naïf de penser qu’en forçant cette mixité, les problèmes liés à la chute du niveau scolaire seront résolus. Cette chute, selon les propres dires de notre ministre Pap Ndiaye, concerne à la fois l’orthographe, la conjugaison, la grammaire, le français et les mathématiques [2]. Pourtant, le ministre semble moins préoccupé par cet effondrement global que par la persistance d’inégalités sociales entre les établissements. Or, l’un et l’autre sont liés : c’est souvent pour échapper à l’effondrement scolaire du public que les parents cherchent à placer leurs enfants dans le privé… avec la fameuse « concentration de populations favorisées dans l’enseignement privé sous contrat » que les politiques, militants de gauche et syndicats d’enseignement public dénoncent. Le fait de forcer encore davantage la mixité scolaire dans le privé n’aura pour d’autres conséquences que d’importer des problématiques propres au public dans ces établissements. C’est d’ailleurs ces tares que pointait du doigt Anne Coffinier, présidente de l’association Créer son école, lorsqu’elle écrivait que notre école publique « n’a plus rien d’égalitaire ni de national. C’est un creuset à ignorance qui condamne les plus pauvres à un avenir médiocre ». C’est également un vivier de plus en plus inquiétant pour des revendications islamistes de tout type (voile, halal, révisionnisme historique…). Souhaitons-nous vraiment importer ces problématiques dans nos écoles privées ? 

La sélection a du bon

Par ailleurs, il est étonnant de voir pointer du doigt les établissements privés ou publics qui conservent des critères de sélection, alors que l’excellence n’empêche en rien la mixité sociale. Ainsi, le lycée Louis-Le-Grand qui bénéficiait, contrairement à la grande majorité des autres établissements publics, d’une présélection exigeante, n’en avait pas moins presque 40% d’élèves originaires de banlieue, et entre 10 et 15% de boursiers [3]. En bref, l’excellence n’empêche pas l’égalité des chances. Mais l’égalitarisme forcené sous-jacent à la volonté de « mixité sociale » de Pap Ndiaye risque fort de tirer nos fleurons scolaires vers le bas : désormais, Louis-Le-Grand devra se résigner à voir son niveau baisser puisqu’une décision du rectorat de Paris impose au lycée le même système d’affectation que les autres écoles publiques et donc la fin de la sélection… encore une fois au nom de la « mixité sociale » ! Plutôt que de promouvoir la liberté des parents, contrainte par la sectorisation, Pap Ndiaye préfère la restreindre au sein des établissements qui ont de moins en moins de marge de manœuvre, de moins en moins d’autonomie, de plus en plus de contraintes. 

A lire ensuite, Jean-Paul Brighelli: Uniforme à l’école? Osons un référendum!

Si ce biais idéologique qui promeut l’égalitarisme au détriment de la liberté dans nos écoles n’est pas nouveau, il est préoccupant de voir notre ministre, sous les ordres d’Emmanuel Macron, s’attaquer désormais au privé sous contrat. Que ce gouvernement s’attaque d’abord aux raisons qui font que les élèves ont un indice de position sociale faible (conditions matérielles, capital culturel, niveau d’étude des parents…), avant d’imposer aux derniers bastions d’excellence des quotas injustifiés. En fin de compte, ce ciblage en règle des établissements privés sous contrat masque l’échec de la politique sociale du gouvernement et l’effondrement de l’école de la République qui en découle. Cet échec du public est d’autant plus criant que les enfants de Pap Ndiaye sont eux-mêmes scolarisés à l’École alsacienne, un choix d’établissement « privé, élitiste » qu’il justifie de manière assez éloquente : « C’est le choix de parents d’enfants pour lesquels à un moment les conditions d’une scolarité sereine et heureuse n’étaient plus réunies » [4]


[1] https://www.lefigaro.fr/actualite-france/mixite-sociale-a-l-ecole-les-declarations-de-pap-ndiaye-sur-le-prive-font-reagir-20230414

[2] https://www.20minutes.fr/societe/4015954-20221222-pap-ndiaye-niveau-eleves-revele-lacunes-preoccupantes-inquiete-ministre-tribune

[3] https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/societe/a-henri-iv-et-louis-le-grand-cest-lexcellence-quon-assassine

[4] https://www.leparisien.fr/societe/pap-ndiaye-il-ny-a-pas-de-compromis-a-avoir-avec-le-rassemblement-national-cest-ma-boussole-politique-25-06-2022-OXO22IJ5ZBEKXAST4YVNB4CUFM.php?ts=1683196873052

Oui, ça coûte cher un couronnement!

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Le roi salue la foule à Londres, hier © Toby Melville/AP/SIPA

Et ce n’est pas un problème.


A l’heure actuelle, certains parlent haut et fort pour réclamer des réponses aux questions et objections suivantes : Pourquoi un couronnement ? N’est-ce pas trop archaïque ? Tout cela ne coûte-t-il pas trop cher ? N’est-ce pas obscène, même, d’étaler toutes ces richesses – robes, bijoux, joyaux, carrosses… – à un moment où l’inflation touche durement le budget des familles britanniques ?

Tâchons d’y répondre !

Archaïque? Certes, la couronne d’Angleterre est une institution qui a 12 siècles d’âge. Mais c’est une des institutions les plus anciennes du monde occidental. Plutôt qu’un anachronisme, elle représente la continuité. Et la continuité est devenue une qualité trop rare dans notre monde. Entre les dictateurs et les idéologues, il y a trop de gens qui veulent détruire tout ce qui est ancien pour ne laisser que leurs propres créations, afin de circonscrire notre horizon temporel et moral à leur monde carcéral – afin de nous couper de nos racines historiques et nous transformer en pâte à modeler cérébrale. Autant remplacer Notre-Dame par un supermarché où les pyramides par un complexe sportif !

A lire aussi: Le couronnement de Charles III passionne-t-il vraiment les Britanniques?

Ça coûte cher, un couronnement ? Sans doute et c’est l’État qui paie. Mais ces fastes royaux sont les fastes de l’État. Charles est le chef d’État du Royaume Uni, et la monarchie est le pilier de la Constitution britannique, laquelle est le fruit d’une longue évolution vers la démocratie. L’histoire, la continuité et l’importance suprême de la Constitution doivent s’exprimer avec grand style, voire avec majesté. Pourquoi le cérémonial de l’Union européenne est-il si pauvre ? Pourquoi inspire-t-il si peu ses citoyens ? Le coût pour l’État britannique du couronnement est largement compensé par la stimulation apportée à l’économie par l’évènement ; elle pourrait se chiffrer à plus de 1,1 milliard d’euros. Seul bémol, le jour férié spécial du lundi 8 mai (qui n’est pas normalement férié outre-Manche) va porter un coup à cette même économie, mais au moins on est quitte.

L’obscène richesse de la monarchie ? Il est vrai que toutes les activités accomplies au nom de l’Etat par le roi Charles, ainsi que par les autres membres de la famille royale qui travaillent pour l’Etat, sont financées par l’Etat. Mais d’où vient cet argent? Depuis le XVIIIè siècle, les domaines appartenant à la couronne sont gérés et exploités par le gouvernement. Normalement, seuls 15% des bénéfices sont attribués à la maison royale. En ce moment et jusqu’en 2027, c’est 25% afin de couvrir les réparations au Palais de Buckingham. Certains médias ont dénoncé la fortune personnelle du roi, estimée à entre 700 millions et 2 milliards d’euros.  Le roi et son dauphin, William, ont leurs propres domaines, notamment les duchés de Cornouailles et de Lancaster. Ce n’est guère étonnant si cette famille a accumulé des richesses au cours de 12 siècles. Et c’est quand même moins que les Bernard Arnault et les Jeff Bezos n’ont fait en quelques décennies. Pourquoi attaquer une fortune relativement modeste, acquise et maintenue lentement et pas les autres ? Il faut plutôt demander le secret d’une gestion aussi sûre, aussi résistante aux aléas du temps.

A ne pas manquer: Causeur #112: «Schiappa la chipie» Après Playboy, elle répond aux puritains

Aujourd’hui, tout le monde veut être jeune, moderne, branché, tendance et faire le buzz.
Il vaut beaucoup mieux durer, vieillir dans la sagesse et devenir ancien.
Après tout, avec un peu de chance, devenir ancien, c’est notre destin à nous tous et – avec beaucoup de chance – celui du genre humain. 

Alain Cavalier croit à «L’Amitié»

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© Tamasa

Le dernier film du cinéaste rebelle est sur les écrans. Un documentaire atypique et joyeux.


« J’ai intensément partagé le travail cinématographique avec certains, jusqu’à une amitié toujours vive. Filmer aujourd’hui ce lien sentimental est un plaisir sans nostalgie. Nos vies croisées nous permettent cette simplicité rapide de ceux qui ne se racontent pas d’histoires, qui savent être devant ou derrière la caméra, dans un ensemble de dons et d’abandon au film. » Alain Cavalier.

C’est toujours un immense plaisir de voir et revoir les films de cet extraordinaire cinéaste. Et le dernier en date, L’Amitié, est une perle cinématographique, l’œuvre d’un homme libre, un résistant qui dans une époque où le cinéma français se perd dans la complaisance et un progressisme de mauvais aloi, aggravés par la sur-budgétisation amorale des films, continue de faire front et de nous montrer des films libres et beaux.


Alain Cavalier filme depuis le début des années 60, il a réalisé au début de sa carrière de cinéaste des superbes films produits de manière classique, Le Combat dans l’ile (1962), avec Jean-Louis Trintignant, L’Insoumis (1964) avec Alain Delon, La Chamade (1968) avec Catherine Deneuve et Michel Piccoli… puis Thérèse (1986), chef-d’œuvre montrant avec une grande simplicité la force d’âme de la petite Sainte de Lisieux, qui obtint un grand succès critique et populaire. Mal à son aise dans le milieu cinématographique français, il décide de tourner avec une caméra légère et des moyens financiers modestes des films indépendants et libres: Libera me (1993), La Rencontre (1996), Le Filmeur (2004), Irène (2009), Pater (2011), Le Caravage (2015), Être vivant et le savoir (2019)…

Un film joyeux et méticuleux

Dans L’Amitié, Alain Cavalier filme ses amis, Boris Bergman, parolier (de France Gall, Juliette Gréco et Alain Bashung), Maurice Bernart, producteur de cinéma qui a produit son long-métrage Thérèse et le coursier Thierry Labelle qui fut acteur dans Libera me. Il s’invite et nous invite chez ses amis, trois personnes de milieu et de caractère très différents, il nous fait rencontrer leurs femmes, filme leurs échanges, partage des repas simples et appétissants avec eux, filme leurs cadres de vie et les objets qui les entourent. Il sait capter avec la belle énergie et la méticulosité joyeuse et enfantine qui l’animent, la grâce et la fragilité des visages, l’importance et la beauté des choses, des mots, du verbe, de la musicalité de la langue aux tonalités diverses de ces êtres qui sont tous dans un rapport de grande confiance, de tendresse, d’attention et d’échanges avec lui.

Douceur

Dans ce film les gens chantent, fument, mangent, boivent du bon vin, parlent de musique, de cinéma, de littérature, de la vie facile ou difficile, cabossée parfois mais toujours digne, la vie des gens debout. Alain Cavalier filme le temps qui passe, un monde qui disparait, il nous offre une trace ferme et solide de ce monde, de ces êtres humains pleins de chaleur et d’humanité. Il montre avec une grande douceur et un sens rigoureux de l’écoute cet émerveillement de la vie qui nous donne la force de vivre et d’aimer. L’amitié est grande et l’amour est proche. Avec discrétion et tact, le cinéaste demande à chacun de ces trois couples comment ils se sont rencontrés. Chaque rencontre est forte et originale ; et célèbre la grandeur de l’amour qui dure et persiste…

L’Amitié est ainsi un très grand film humain et politique qui nous touche au plus profond de notre âme.

L’Amitié un film d’Alain Cavalier France – 2h04, sortie sur les écrans de cinéma mercredi 26 avril 2023

A chacun son bibi

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La maison Courtois Paris © Hannah Assouline

Passés de mode, les chapeaux ? Que nenni ! Le couvre-chef revient sur les têtes et par la grande porte : celle d’un atelier qui fait revivre, grâce à des artisans passionnés, un savoir-faire séculaire. Visite à la maison Courtois


Alors que nous bouclons ces pages, la Grande-Bretagne vit au rythme des préparatifs du Couronnement du roi Charles III, qui aura lieu le 6 mai. Après soixante-dix ans de règne d’Elizabeth II, qui a érigé le couvre-chef en emblème royal, il est à parier que, ce jour-là, les dames de la cour et du peuple rivaliseront d’élégance.

En France, s’il semble que les chapeaux appartiennent au passé, Marguerite Courtois a fondé la maison Courtois en 2015 avec la ferme intention de redorer leur réputation !

Marguerite Courtois © Hannah Assouline

Cette jeune femme est étonnante. Elle est encore étudiante à l’Essec lorsqu’elle crée la maison Courtois, au retour d’un séjour en Normandie. Là-bas, elle est entrée par hasard dans une chapellerie et a rencontré Frédéric, un ancien chapelier de la Maison Michel. Il lui a raconté sa passion du métier et lui a fait découvrir le savoir-faire d’un artisanat en train de disparaître. C’est ainsi que Marguerite s’est lancée, avec l’aide de Frédéric, dans l’art de la chapellerie. Et c’est un succès. Elle ouvre d’abord deux boutiques à Paris, l’une rue de Babylone (7e) et l’autre rue de Sévigné (4e), puis la haute couture fait appel à son atelier ; et dans la foulée elle reçoit les honneurs de la presse féminine.

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L’atelier de la maison Courtois est situé rue du Faubourg-Poissonnière, dans le 10e. Y pénétrer, c’est faire un voyage dans le temps, entrer dans une bulle à l’atmosphère paisible et rassurante. On peut y admirer toutes sortes de chapeaux, pour femmes et pour hommes, chapeaux cloches et panamas à l’allure délicieusement rétro. Marguerite me mène à l’étage, en haut d’un étroit escalier. C’est le lieu où Brigitte (meilleur ouvrier de France) et ses stagiaires confectionnent et ornent les créations de la maison grâce à de vieilles Singer, insurpassables machines.

Quand je demande à Marguerite de m’expliquer l’art de la confection du chapeau, elle m’expose d’abord la différence entre chapelier et modiste. Le chapelier met en forme le chapeau, à l’aide de formes en bois ; la modiste l’orne : elle y coud des rubans, des plumes ou des fleurs. La modiste est une artiste. Il n’en reste d’ailleurs que très peu à Paris, peut-être une dizaine, alors qu’autrefois il y en avait à tous les coins de rue.

Chapeau, le retour

D’après Marguerite, le chapeau revient en force depuis quelques années et il a sa saison préférée : celle des mariages, où mères et belles-mères des mariés se précipitent à la boutique pour se faire confectionner le plus beau bibi sur-mesure, et n’hésitent pas à y mettre le prix, jusqu’à 600 euros, voire davantage pour les plus élaborés.

Les hommes ne sont pas en reste, les casquettes sont très recherchées, en tweed pour l’hiver, afin de se donner une allure british, et en coton pour l’été. Les plus élégants de ces messieurs n’hésitent pas à arborer le panama.

Si Marguerite Courtois tient beaucoup à ressusciter ce savoir-faire, c’est aussi parce qu’elle se voit comme une passeuse. Et pour transmettre cet art, elle emploie de nombreux jeunes stagiaires, souvent en alternance, ce qui leur permet d’allier la théorie, dispensée dans des écoles de mode, et la pratique, au sein de son atelier.

Si ce lieu semble hors du temps, Marguerite est une femme de son époque : l’écologie lui tient à cœur et les matériaux qu’elle emploie sont made in France, hors de question de faire venir par avion des tissus fabriqués en Asie. « Cela n’aurait pas de sens », dit-elle.

© Hannah Assouline

Je m’approche timidement des ouvrières, toujours concentrées sur leurs ouvrages. Brigitte, la chef, me raconte être arrivée dans le métier presque par hasard. Ce n’est qu’après avoir été recommandée à une modiste qu’elle a découvert le monde de la chapellerie et le plaisir de la confection. Son mari était fourreur (le quartier du Faubourg-Poissonnière a été l’un des hauts lieux de cet artisanat, hélas en perdition) et possédait la boutique juste à côté. Elle a fabriqué des toques en fourrure pendant des années, jusqu’au décès de son époux. Elle a ensuite été embauchée par Marguerite et me confie n’avoir, depuis, jamais autant travaillé de sa vie.

À ma question « Comment faites-vous lorsque vous avez affaire à des clients qui n’ont pas une “tête à chapeaux” ? », elle me répond que cela n’existe pas, que chaque tête à son chapeau, comme « à chaque pot son couvercle ». Soyez donc rassurés si vous pensez que le chapeau ne vous sied pas, Brigitte aura la solution !

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Si les couvre-chefs amorcent un retour timide, c’est qu’ils ont quasiment disparu aux environs des années soixante. Brigitte a une théorie : la mode de la choucroute, ces chignons impressionnants, n’a plus permis aux femmes d’enfiler le moindre chapeau. Mais on les a vus revenir une décennie plus tard : on se souvient des larges capelines que portait notre BB nationale sur la plage de la Madrague, et de celle, mythique, qui ornait le visage enfantin de Maria Schneider dans Le Dernier Tango à Paris, avec cette fleur violette…

Quelques jours après la visite de l’atelier, je poursuis l’aventure au pays merveilleux des chapeaux en poussant la porte de l’une des boutiques de la maison Courtois, celle de la rue de Babylone, dans le 7e arrondissement, un antre de l’élégance parisienne. Tout est lumineux, dans les tons grèges, et une bande musicale diffuse un air de rock’n’roll : je suis accueillie au son de SpaceOddity de David Bowie, ce qui n’est pas pour me déplaire. Au mur, quelques chapeaux d’inspiration haute couture, en particulier, un modèle qui rappelle ceux de Dior des années cinquante et son fameux Newlook. Ici, tout n’est qu’ordre, luxe, calme et volupté. En apparence, car les vendeuses sont si occupées que je ne peux, pour le moment, m’entretenir avec elles. Je m’assois donc sur une jolie chaise tapissée, et j’observe. Les clientes sont en majorité des dames qui viennent se chapeauter pour le mariage de leur fille ou de leur fils. 

Point d’excentricités. Le chapeau qui a le plus de succès est une toque à la Jackie O. J’aborde une dame blonde, tout ce qu’il y a de plus BCBG, qui m’affirme que, pour elle, la maison Courtois est la boutique de confection la plus chic de Paris, et que pour rien au monde elle n’irait se fournir ailleurs. Elle marie son fils et, pour l’événement, a choisi la fameuse toque à la Jackie O., dans des tons beiges et rosés. Nous faisons un brin de causette et elle tente de m’embrigader dans l’une de ses actions caritatives, je fais mine d’accepter avec enthousiasme. Je déambule ensuite dans le fond de la boutique où sont exposées les casquettes pour hommes. J’engage la conversation avec un couple originaire de Malibu. Faisons fi des préjugés ! En effet, dans ce genre d’endroit, j’imaginais plutôt des Britanniques ou des Américains venus des très chics Hamptons. Monsieur est en quête d’une discrète casquette de golf, sa femme lui reprochant d’avoir oublié la sienne chez eux, en Californie. 

© Hannah Assouline

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Une jeune fille, américaine également, essaie des chapeaux de paille, sous l’œil attendri de son boyfriend. Dans ce monde de la chapellerie de luxe, il n’est pas rare d’entrer sur un coup de tête (si j’ose dire) et d’en sortir avec un chapeau hors de prix. J’arrive enfin à attraper au vol l’une des deux vendeuses, appelées ici « conseillères ». Elle m’explique que sa fonction consiste à vendre bien sûr, mais surtout à conseiller, à guider ces dames, que ce soit pour une petite folie ou pour une cérémonie bien sage. Les essayages pour les pièces sur-mesure peuvent prendre des heures, jusqu’à neuf, s’il s’agit d’une mariée ou de sa mère ! Il faut en effet, que les coloris s’accordent parfaitement à la tenue et que la forme du chapeau s’adapte à celle du visage… Les deux vendeuses/conseillères/personnalshoppers, ne chôment pas et répondent à mes questions tout en virevoltant d’une cliente à l’autre, prêtes à exaucer leurs moindres désirs.

Si aujourd’hui les chapeaux ne courent plus les rues, ils sont encore bien présents dans notre culture commune, grâce au cinéma notamment, et à ces films qui nous ont fait rêver : les capelines spectaculaires de Catherine et Françoise dans Les Demoiselles de Rochefort, la voilette si sexy de Romy dans Le Vieux Fusil, le chapeau de Zorro… et le fameux chapeau de Zozo que chante Maurice Chevalier, celui qui est orné d’« une plume de paon et d’un amour de perroquet ». Il n’est pas en vente à la maison Courtois, mais sur commande, tout est possible…

Épicure, ou la vie sage et bonne

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D.R.

Des fragments du grand philosophe antique inédits en français viennent d’être traduits par Gérard Pfister, chez Arfuyen.


Épatant, ce volume de fragments inédits d’Épicure choisis et traduits du grec et du latin par Gérard Pfister, poète, spécialiste du dadaïsme et de la mystique rhénane, fondateur des éditions Arfuyen !

242 fragments

Traducteur du turc, de l’allemand et de l’italien, Gérard Pfister maîtrise aussi les langues classiques, qu’il rend dans un français d’une subtile fermeté. Comment ne pas rester pantois devant pareil travail de transmission tout de passion et de rigueur ? Comment ne pas être ému par le fait qu’il ait dédié son livre à Marcel Conche, authentique philosophe et incomparable connaisseur d’Héraclite, de Lucrèce et de Montaigne ? Inédits en français, ces Epicurea avaient été collationnés au XIXème siècle par un philologue allemand, Usener. Son lointain disciple, le Néerlando-alsacien Pfister, en propose une anthologie, 242 fragments tirés d’auteurs grecs ou latins, païens ou chrétiens, qui synthétisent la pensée du philosophe du Jardin, Épicure (341-270 AC), dont le mot d’ordre pourrait être summum bonum voluptas, laquelle voluptas consiste à nihil dolere.

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La souffrance, le trouble, l’instabilité, voilà le mal ! Et les faux besoins, et la vie malsaine, et tout ce qui enchaîne l’homme et le rabaisse, par exemple les désirs absurdes, les opinions reçues: « Celui qui suit la nature et non les vaines opinions est auto-suffisant en tout. Au regard de ce qui suffit à la nature, toute possession est richesse ; au regard des appétits sans limites, même la plus grande richesse est pauvreté ».

Dompter nos espérances

À rebours du dieu jaloux (et donc faible) qui punit les enfants pour les crimes des parents, celui d’Épicure est bienheureux car immortel, incorruptible – rien ne l’atteint, pas même nos sacrifices et nos supplications, rien ne l’affaiblit ni ne l’altère. Ni bonté ni colère ne troublent son cœur de cristal. Quant à l’univers, loin d’être créé à partir de rien par quelque invisible magicien, il est le tout infini, incréé et incorruptible: « Il n’y a pas de naissance des choses qui n’étaient pas, ni de destruction de choses qui sont ; mais la conjonction de certaines choses qui sont avec d’autres s’appelle « naissance », et leur séparation s’appelle « mort ». »

Epicure nous exhorte à dompter nos faims et nos espérances, à réduire les besoins au pain et à l’eau – c’est dire si cette « joyeuse pauvreté », cette sereine frugalité sont loin du cliché du pourceau vautré dans la fange. Lisons ces Epicurea, leçons d’austère rectitude, guides pour la vie sage et bonne !

Épicure, Ainsi parlait Épicure (Arfuyen, trad. Gérard Pfister, édition bilingue, 192 pages)

Ainsi parlait Épicure: Dits et maximes de vie extraits des "Epicurea" d'Hermann Usener

Price: 14,00 €

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La peste rouge

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Manifestation sauvage contre la réforme des retraites à Rennes, 15 avril 2023 © Justin Picaud/SIPA

Causeur consacre son dossier du mois de mai à l’extrême gauche, aux antifas et aux blacks blocs…


Manuel Bompard a des délicatesses. Il n’aime pas qu’on qualifie La France insoumise d’extrême gauche. C’est marrant, ces gens voient de l’extrême droite partout et réclament les excommunications et bannissements afférents, mais si on leur dit extrême gauche, ils défaillent. Puisqu’ils sont si sourcilleux sur les définitions, disons que les Insoumis incarnent l’extrême gauchisme d’atmosphère qui étend son emprise, notamment chez les jeunes décervelés.

Flics lives matter

Le niveau baisse. Par rapport à ses ancêtres des années 1970, la nébuleuse extrême gauchiste d’aujourd’hui fait pâle figure doctrinale, communiant dans un gloubi-boulga sur le méchant capitalisme, les méchants riches, les méchants hommes et les méchants Blancs qui font du mal à la gentille planète, brouet assaisonné de haine de la police. Le fond de sauce, c’est une tolérance plus ou moins assumée à la violence. Verbale et comportementale chez les Insoumis, teintée de complaisance avec les casseurs, cette violence est bien réelle chez les black blocks, antifas et autres groupuscules d’écolos-dingos, qui ont un seul programme: saccager et casser du flic. Pour faire la révolution, c’est un peu court. Pour semer la pagaille, c’est suffisant. L’extrême gauche, c’est le parti du bordel.

A lire aussi, Ivan Rioufol: Mayotte, islamisme, extrême gauche: la France d’Emmanuel Macron sur une poudrière

Que 3000 types (nombre avancé par les services de renseignement), aussi bien entraînés soient-ils, parviennent si souvent à tenir l’État en échec, cela intrigue et enrage. Mais le plus inquiétant, c’est l’indulgence dont ils bénéficient dans une partie non négligeable de l’opinion et des médias, qui partagent leur haine des forces de l’ordre[1] et préfèrent passer leurs méfaits sous silence. Les lecteurs du Monde et de Libération n’auront donc pas vu les images saisissantes du bâtiment E de l’université de Caen ravagé par le passage d’une horde barbare d’occupants contre la réforme des retraites (la bonne blague), qui doivent penser que la crasse sauvera le monde. Croyez-vous que ces vandales aient été interpellés, sommés de réparer les dégâts ? Que nenni. Dans les facs de Grenoble, Bordeaux, Lille, Strasbourg, les représentants de cette gauche zadisante intimident, menacent, écartent leurs contradicteurs. La Nupes ne pipe mot contre ces incessants attentats contre la liberté, préférant gloser sur la (fantomatique) menace d’ultra-droite.

Le numéro 112 est en vente actuellement.

Idéologie minoritaire mais… dominante

Pour autant, il n’est pas certain que les thuriféraires de cette idéologie à la fois minoritaire et dominante représentent une menace sérieuse, dès lors qu’en effrayant les braves gens, ils apparaissent largement comme les idiots inutiles du pouvoir. Quant aux notables de LFI, dont la grande cause politique est le maintien des « avantages acquis », on les voit mal prendre le Palais d’Hiver, même si l’appel à la rue démange régulièrement leur lider maximo. On ne fait pas la révolution pour maintenir le statu quo.

>> Retrouvez le sommaire du numéro de mai 2023 ici <<


[1] Une pétition pour la dissolution des BRAV-M déposée à l’Assemblée nationale a recueilli plus de 260 000 signatures. Elle a été classée sans suite par la commission des lois.

Une inversion accusatoire à la mode

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Thomas Legrand. © D.R.

Le wokisme? Encore un fantasme de l’extrême droite…


La pensée réactionnaire tient-elle le haut du pavé actuellement ? C’est à cette question que le journaliste Thomas Legrand a consacré pas moins de trois épisodes de son émission « En quête de politique ».

Dans le dernier épisode, après avoir rappelé que les réactionnaires d’aujourd’hui exprimaient une détestation de l’époque présente plus que le désir de rétablir l’Ordre ancien (malgré l’inquiétant « tropisme chouan » du récent film Vaincre ou mourir), il s’est appliqué à minimiser le phénomène. Selon lui, l’inquiétant wokisme, qui ulcère actuellement nos réacs, serait complètement anecdotique, voire une invention opportuniste. « Les réactionnaires ont déjà réussi ça : réduire l’antiracisme et les tentatives de promouvoir une société plus inclusive (pour reprendre la vulgate progressiste) à sa caricature. Philippe Muray est mort avant que n’apparaisse ce phénomène, il en aurait fait sûrement de terribles pages. » Il enchaîne : « Ce ne sont pas les chars russes à l’est de l’Europe, ce n’est pas le réchauffement de la planète, ce n’est pas l’inflation et les menaces sur le modèle social, ce ne sont pas non plus les questions sur l’intelligence artificielle ou le transhumanisme qui constituent les dangers les plus immédiats pour les réactionnaires ! Ce sont les trottinettes ou l’écriture inclusive que quasiment personne n’utilise… » 

Mais bien sûr ! Des militants se rendent dans les écoles ou les bibliothèques municipales pour promouvoir le changement de sexe auprès des plus jeunes, pendant que la défense acharnée d’une société « inclusive » facilite une islamisation ahurissante des périphéries de nombre de nos villes, mais Éric Zemmour aurait grand tort de toujours la ramener ! Legrand terminait sa série d’émissions sur une note d’espoir. Le danger réac ne serait finalement pas si menaçant, ReacnRoll, l’aventure d’Élisabeth Lévy dans l’univers impitoyable des webtélés, s’étant soldée par un échec commercial… Depuis, la patronne a été aperçue dans les coulisses des télés demandant des conseils sur le matériel à tous les techniciens… Rêve-t-elle de donner tort à Legrand ?

Mayotte, islamisme, extrême gauche: la France d’Emmanuel Macron sur une poudrière

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Mayotte, 24 avril 2023 © MATHYS/ZEPPELIN/SIPA

La France disloquée, terreau d’une possible guerre civile?


La guerre civile : la perspective s’installe dans les esprits, face à la nation disloquée et à la généralisation de la violence. A Mayotte, 101 ème département français, c’est la députée Estelle Youssouffa qui prévient : « On va basculer dans la guerre civile si le travail n’est pas fait ». Mardi, dans La parole aux Français sur CNews, Jean-Christophe Couvy, secrétaire national unité SGP-Police, a mis en garde contre les casseurs « rompus à la guerre civile », qui se sont acharnés contre les forces de l’ordre (406 blessés) en marge des défilés du 1 er mai.

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Dans un prochain appel à « sauver la France », d’anciens militaires conduits par Jean-Pierre Fabre-Bernadac vont réitérer leurs craintes exprimées il y a deux ans dans la « Lettre des généraux ». Ils y écrivaient : « Si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société (…) et demain la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant ». Cette fois, les signataires, rassemblés par l’association Place d’Armes, accusent Macron de « nous entrainer aveuglement vers la guerre civile ». Estimant « la patrie en danger », ils appellent à une Marche de la Fierté Française le 13 mai à Paris. Ils écrivent (1) : « Nous devons montrer que le pavé parisien n’est pas réservé à ceux qui méprisent la nation. Aussi « Place d’Armes » défilera avec ses drapeaux, sa musique et ses anciens militaires, portant fièrement leurs décorations, suivis par le maximum de citoyens de toutes origines et confessions ».

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La France, après six ans de macronisme, est une poudrière. Le chef de l’État plaide l’apaisement comme les enragés de 1793 appelaient à la concorde. Un pays multi-fracturé s’étale aux yeux de tous. Ce n’est pas seulement un affrontement de classes qui s’observe, dans le mépris de la caste pour « ceux qui ne sont rien ». Pour avoir théorisé l’opposition entre progressistes et populistes, Macron a envenimé le ressentiment de la France modeste. Il a aggravé la rupture entre les déracinés et les enracinés, la France des métropoles et la France périphérique, les déconstructeurs de l’identité nationale et les héritiers d’une continuité historique. Des riches s’opposent aux pauvres, des actifs aux retraités, des citadins aux ruraux, des jeunes aux vieux, des femmes aux hommes, des Noirs aux Blancs. Les tenants de la société ouverte crachent sur les patriotes. L’importation en France du wokisme nord-américain et de l’islamisme saoudien rajoute les ferments de la discorde généralisée. Dans ce contexte, la guérilla urbaine s’est banalisée dans les cités d’immigration. Les morts par balles de se comptent plus à Marseille. L’islam politique, pour sa part, poursuit sa lente infiltration de la société, sous la protection d’une extrême gauche qui rêve d’abattre « la mauvaise république » (Jean-Luc Mélenchon, lundi) en attisant la haine des flics. Tout ceci ne fait certes pas encore une guerre civile. Mais Macron persiste, diaboliquement, à diviser les Français. Jusqu’où ?

Journal d'un paria: Bloc-notes 2020-21

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(1) Dans Face à Rioufol de ce dimanche 7 mai (à 20 heures sur CNews, canal 16), je recevrai sur ce sujet l’ex-capitaine de gendarmerie Jean-Pierre Fabre-Bernadac et le général Emmanuel de Richoufftz.

Amnésie féministe

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Simonne de Beauvoir le 06/12/1983 © Cironneau/AP/SIPA

Quand les néo-féministes font l’impasse sur le passif de leur idole…


Dans l’espoir – vain sans doute – de ne pas mourir idiot, je me suis plongé dans la lecture de l’ouvrage Le Féminisme pour les Nul.les (écriture inclusive de rigueur, bien entendu). Je dois dire qu’on trouve dans ces pages maintes choses pleines d’intérêt. Cela est indéniable. Mais il y a aussi ce qui ne s’y trouve pas.


Comme on peut s’y attendre, les auteurs.rice.s (eh oui, rebelote !) consacrent un assez long développement à la cultissime Simone de Beauvoir et à son maître livre, Le deuxième sexe. On ne pouvait faire moins (je recours à l’indéfini « on » pour vous épargner le ridicule des inclusifs en vogue). Mais – ô surprise ! – pas un mot sur la « collaboration » (le mot m’a échappé) de l’auteur à Radio Vichy, la radio de Pétain, qu’elle rejoint pourtant en 1943. Elle y produit et anime des programmes culturels ou de divertissement. Certes ce ne sont pas des émissions politiques ou de propagande à proprement parler, mais celui qui enrobe de miel la pilule de poison est-il moins coupable que l’empoisonneur lui-même?

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1943, disions-nous. Il n’est plus possible alors de feindre ignorer la vraie nature du régime. Pour n’en donner qu’un aperçu, rappelons qu’en septembre de cette même année, Pierre Laval, le chef du gouvernement, demande instamment et très officiellement – document signé à l’appui- l’aide de l’Allemagne en vue d’instaurer enfin en France un régime nazi pur et dur ! 1943, c’est aussi l’année où d’autres, au flair davantage sensible à l’odeur de roussi, s’empressent de mettre entre le Maréchal et eux la plus grande distance possible. Un François Mitterrand, un Maurice Couve de Murville, par exemple (tous deux décorés de la Francisque). Quant à Simone de Beauvoir, elle devra attendre la Libération pour se refaire une virginité idéologique. Pour ces égarés de bon rang, adhérer au Parti Communiste est alors le chemin le plus sûr et le plus rapide vers l’absolution plénière. Le PC, fait office de savonnette à vilains, dirions-nous. Beauvoir et Sartre se précipitent et on ne parlera plus de rien, sauf à très bas bruit, et encore…

Certes, a-t-on probablement le droit de considérer qu’être passé par la case Vichy à un certain moment de sa vie dans une période aussi trouble n’est qu’une déplorable erreur, un péché somme toute véniel, mais a-t-on le droit, pour autant, quand on se veut féministe, d’oublier que, partout en France, à la Libération et dans les mois qui ont suivi, des femmes ont été tondues, des femmes ont été pendues pour beaucoup moins que cela ?

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Marlène Schiappa: «Ça fait bientôt six ans qu’on dit que je ne passerai pas le printemps!»

Après "Playboy", Marlène Schiappa a pris la pause pour le numéro d'avril de Causeur. Elle y répond aux puritains et évoque pour la première fois l'affaire du fonds Marianne. © Photo: Hannah Assouline.

Elle va là où les autres ministres ne vont pas. Du plateau de Cyril Hanouna à la couverture de Playboy en passant par les universités d’été des Insoumis ou un débat organisé par Valeurs actuelles, la secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et de la Vie associative assume pleinement sa liberté, quitte à déplaire à ses collègues, à choquer les puritains et à heurter les néoféministes. Pour la première fois, elle s’explique aussi sur le fonds Marianne.


>> Suite de la première partie <<

Causeur. Dans Playboy, vous expliquez avoir pris beaucoup de plaisir à écrire des livres, à produire des documentaires pour Canal +. Certains vous prêtent l’ambition de quitter la vie politique pour opérer un virage à la Roselyne Bachelot…

Marlène Schiappa. Pour paraphraser Dalida, ça fait bientôt six ans qu’on dit que je ne passerai pas le printemps. Je suis la seule femme avec la Première ministre à être dans tous les gouvernements depuis 2017 – à l’exception de Borne I. C’est mon deuxième quinquennat, mon troisième ministère. Et depuis six ans, pas un mois ne s’est passé sans qu’un média prédise ma perte : Schiappa arrête la politique, Schiappa va se faire virer, Schiappa sur la sellette, Schiappa dans la tourmente. Je n’ai pas fait l’ENA ni Sciences-Po, j’ai grandi dans une cité. Je me suis engagée dans la vie associative et municipale. Alors oui, bien sûr qu’il y a une vie après la politique, je n’aspire pas à être ministre toute ma vie.

Si vous aimez l’ascétisme, vous aurez une place de chroniqueur à Causeur.

J’en prends note.

Vous êtes aussi, par votre expérience familiale, experte de l’extrême gauche, mais peut-être récusez-vous ce terme.

C’est mon père qui ne l’aime pas. J’ai baigné dans ce courant politique durant mon enfance et mon adolescence. J’ai fait d’autres choix. Je suis très macroniste, par conviction, pour son discours sur l’émancipation, sur le fait de dire que nul n’est inemployable, aide-toi, le Ciel t’aidera. C’est vraiment un discours qui me parle.

Photo: Hannah Assouline

Comment voyez-vous la bienveillance dont l’extrême gauche bénéficie dans l’opinion, dans les médias, y compris quand elle est violente ?

Depuis que je suis ministre, je dénonce la compromission d’une partie des mouvements d’extrême gauche avec le communautarisme. Aujourd’hui on me critique pour avoir financé des associatifs laïques, mais contrairement à d’autres, moi je n’ai jamais donné un euro au CCIF ni à aucune organisation compromise avec la radicalisation ou le communautarisme. Je l’ai payé par des menaces de mort permanentes. Aujourd’hui, Gérald Darmanin a le courage de dissoudre certaines structures d’extrême gauche. Nous avançons.

Une de vos collègues, Bérangère Couillard s’est indignée parce que sur RTL quelqu’un a demandé à Marine Le Pen des nouvelles de son père. Qu’en pensez-vous ?

J’ai déjà défendu Marine Le Pen et Sarah Knafo contre des attaques que je trouvais misogynes sur leur physique ou leur supposée incompétence. Je combats Marine Le Pen idéologiquement, mais cela n’interdit pas la civilité.

Parlons du fonds Marianne créé après l’assassinat de Samuel Paty. À vous écouter, vous vous êtes contentée d’aider au financement d’associations laïques et circulez, y a rien à voir.

Il y a beaucoup de mensonges, la calomnie prend l’ascenseur et la vérité prend l’escalier. Mais j’observe que ceux qui ont eu accès à l’ensemble du dossier se refusent à faire un lien entre les éventuels dysfonctionnements et moi. Mon avocate étudie toutes les plaintes que nous pourrons déposer pour diffamation. De quoi m’a-t-on accusée ? D’abord, de copinage, en particulier avec Mohamed Sifaoui à qui j’aurais donné de l’argent pour qu’il puisse se verser un salaire. Monsieur Sifaoui a lui-même reconnu dans les médias qu’on se connaissait à peine. Je n’ai aucune proximité d’aucune sorte avec aucun des lauréats du fonds Marianne. Tout le monde le reconnaît aujourd’hui. Ensuite, j’aurais financé une association pour qu’elle mène campagne contre Anne Hidalgo dans ses vidéos. Non seulement je n’ai jamais passé aucune commande politique d’aucune sorte mais en plus, dans ses vidéos, cette association critique un peu Anne Hidalgo, mais surtout Olivier Véran, Emmanuel Macron et votre servante !

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Tout de même, il semble que deux des associations bénéficiaires, dont celle de M. Sifaoui, n’aient pas grand-chose voir avec l’objet du fonds Marianne. On doit pouvoir questionner les choix du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), qui gérait ces fonds.

D’accord, mais certains laissent entendre que j’aurais détourné de l’argent. Pour moi qui viens d’un milieu populaire, cette accusation est infamante…

Elle est infamante pour tout le monde…

Oui. Être calomnié est insupportable. Pour Playboy, je sais ce que j’ai fait et j’assume. Mais je ne veux pas être comptable de ce que je n’ai pas fait.

Revenons à cette affaire de financement.

Je précise que ce fonds, c’est une ligne budgétaire du ministre de l’Intérieur et non une cagnotte, comme je l’ai entendu. Après l’assassinat de Samuel Paty, que je n’oublierai jamais, nous réinterrogeons les outils de lutte contre les discours de séparatistes mortifères. C’est dans ce cadre que je lance l’appel à projets, parce que je veux que les subventions accordées soient inattaquables et qu’on puisse expliquer sur quelle base on a choisi tel projet et non tel autre. Mon cabinet a demandé au CIPDR de faire des propositions, de ventiler les sommes et de contrôler leur utilisation à échéances très régulières. Tant que j’étais au ministère, j’ai demandé des contrôles. J’ai chargé le CIPDR d’un suivi, le premier a eu lieu à six mois en décembre, le suivant aurait dû intervenir en juin, avant la clôture des projets pour discuter leur éventuel renouvellement. Savez-vous où j’étais ?

Non.

Plus au gouvernement ! Je vivais ma vie, il ne m’appartenait donc certainement plus d’appeler l’ancien CIPDR.

Pensez-vous qu’il y a eu des erreurs, voire des fautes ?

Ce n’est pas à moi de répondre, mais à la justice et à l’inspection.

En tout cas, pour le gouvernement, ce n’est pas vraiment le moment de se payer une affaire…

C’est exactement pour ça qu’elle est montée en épingle. Cette affaire sort maintenant. Et toute la sphère complotiste et islamiste s’en sert pour régler ses comptes. Je suis celle qui a dissous l’Observatoire de la laïcité, créé le Comité interministériel laïcité avec Jean Castex, imposé le contrat d’engagement républicain pour qu’on ne finance plus les organisations islamistes. Cette affaire du fonds Marianne, c’est du pain bénit pour tous ceux qui sont contre ma ligne sur la laïcité.

Vous ne pouvez pas accuser nos amis de Marianne de mener un combat contre la laïcité.

Je ne parle pas du tout de Marianne qui pose des questions légitimes sur l’utilisation des fonds par une des associations en divulguant des documents que je n’ai jamais eus en ma possession.

Aux États-Unis, confirmez-vous qu’on vous a empêchée de parler à CNN ?

Non, on ne m’en a pas empêchée. J’avais une invitation pour participer à une émission sur CNN, j’en ai parlé à Matignon, comme je le fais toujours. Mais c’était le lendemain de l’allocution du président de la République et à Matignon, on préférait que tout le monde soit concentré sur cet événement. J’honorerai certainement cette invitation en juin.

Donc rien à voir avec Playboy ni avec le fonds Marianne ?

Non, pas du tout.

Vous aimez rire, vous aimez séduire, vous n’êtes pas sectaire et vous vous moquez du qu’en-dira-t-on. Vous devez être le cauchemar de vos collègues du gouvernement, non ?

Je ne sais pas. Si on regarde le travail de fond, je n’ai jamais eu une loi qui n’a pas été votée, un accord politique qui n’a pas été tenu. J’ai toujours répondu présente. À chaque fois qu’il a fallu défendre le collectif ou le président, j’ai été au front. D’ailleurs je n’ai pas l’impression que mes deux anciens Premiers ministres se plaignent de moi. Édouard Philippe a salué mon sens politique dans son livre et Jean Castex dit qu’il regrette qu’on ne travaille plus ensemble. C’est peut-être ça qui agace certains d’ailleurs. J’ai peut-être l’air volcanique, mais en réalité, je travaille.