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La Hongrie exclue d’Erasmus : l’Europe qui fait chanter

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Après plusieurs mois de négociations infructueuses du gouvernement hongrois avec l’Union européenne, les universités hongroises s’apprêtent à perdre leurs droits Erasmus+ qui permettent de faciliter les mobilités et les partenariats entre universités européennes. Les motifs de cette décision restent difficilement explicables, renforçant l’image d’une Hongrie devenue la paria de l’UE. Tribune libre de Rodrigo Ballester, directeur du Centre d’Etudes européennes du Mathias Corvinus Collegium à Budapest.


À quoi sert l’Union Européenne ? Quand certains peinent à répondre à cette question qui en taraude plus d’un et manquent d’exemples concrets, ils finissent par dégainer du tac au tac un joker imparable : Erasmus. Bien-sûr, Erasmus est la seule initiative européenne qui mette tout le monde d’accord, bien plus que ces autres « Euro » et « Schengen », tout aussi connus mais, disons, moins consensuels – pour rester polis. Erasmus est cette magnifique idée qui sort des sentiers battus bureaucratiques, qui parle au-delà des cercles d’initiés. C’est l’Auberge espagnole de Cédric Klapisch, c’est un million de bébés multiculturels.

D’ailleurs, Erasmus, c’est tellement beau que c’est ouvert à tous. La Turquie, la Macédoine du Nord ou l’Islande en font pleinement partie et, grâce à son volet international Erasmus mundus, les étudiants de tous les pays du globe peuvent bénéficier de la générosité académique européenne, même les ressortissants de démocraties cinq étoiles comme l’Iran, le Qatar ou le Venezuela. Mais est-ce vraiment pour tout le monde ?

Pas si vite, car depuis peu, l’UE a eu l’heureuse idée de transformer Erasmus en arme d’extorsion massive. Une arme qu’elle pointe sans trop bouder son plaisir contre la tempe de son bouc émissaire préféré : la Hongrie du grand méchant Orbán et des non moins punissables Hongrois qui ont eu l’outrecuidance de le réélire une quatrième fois. En effet, à partir de septembre, il est plus que probable que deux tiers des universités hongroises, c’est à-dire 180 000 étudiants, soient exclues de ce programme européen censé incarner la concorde, l’inclusion et bien d’autres mantras aussi pérorés que dévoyés lorsque l’occasion se présente. 

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Pour quel motif, au juste ? Orbán a vraiment dû dépasser toutes les bornes pour faire sortir de ses gonds la paisible Bruxelles, non ? Que nenni, il s’agit d’une sanction pour rien ou plutôt « au cas où ». Une sorte de délit de faciès conservateur drapé dans les oripeaux d’une notion aussi fumeuse qu’utile : l’État de droit. Depuis 2018, suite à une réforme de l’enseignement supérieur, la majorité des universités hongroises sont désormais des fondations autonomes gérées (entre autres) par des conseils d’administration. Parmi leurs membres, il y avait un petit dix pour cent de politiciens clairement proches du gouvernement. Comme en Allemagne, Belgique, en Tchéquie ou en France me direz-vous, mais voilà, il semble qu’au nom de l’État de droit, certains soient moins égaux que d’autres…

Mais encore ? Bruxelles argumente doctement que la présence de ces onze politiciens est une entorse à l’État de droit (ah oui, pourquoi ?) qui pourrait (un jour, peut-être, qui sait ?), devenir une menace pour le budget européen (comment et pourquoi au juste ?). Oui, l’UE vient d’inventer, en direct, la notion de l’infraction imaginaire, du délit « au cas où », un peu comme si votre équipe de foot était exclue du championnat avant qu’il ne commence, « au cas où » l’un des joueurs ne commettait une faute ; rien de moins… au nom de l’État de droit.

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Ceci est d’autant plus croustillant que les onze politiciens concernés ont démissionné au mois de février en pensant ainsi satisfaire l’ogre bruxellois. Peine perdue, car la menace reste de mise, et les technocrates sortent de nouvelles conditions de leur besace au fur et à mesure que le gouvernement hongrois remplit les précédentes. Bruxelles semble jouer la montre jusqu’aux prochaines élections européennes en juin 2024 et ainsi refiler la patate chaude à la prochaine Commission. En attendant, des milliers d’étudiants hongrois seront discriminés et la réputation des universités hongroises sera davantage écornée pour rien. Le tout dans l’indifférence générale et un abject cynisme qui piétine allègrement le droit au nom de « l’État de droit » et qui prend en otage l’avenir de milliers d’étudiants au nom des « valeurs européennes ». L’UE transforme sous nos yeux le budget en arme politique sans que personne ne s’en offusque, en chantant et en faisant chanter. Après le cobaye hongrois, qui sera le prochain sur la liste ?

Après les vieux, les jeunes. Mais, jusqu’où s’arrêteront-ils ?

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Après les succès enregistrés dans les EHPAD : « Investissement unique. Revenus élevés. Garanties », les  investisseurs s’intéressent désormais à l’enseignement supérieur : « Marché perçu comme rentable voire porteur de perspectives florissantes ». Mais l’éducation peut-elle être un business comme un autre?


Galileo Global Éducation – pour des jeunes leaders mondiaux ?

Je vous en donne mon billet que peu de parents (ou même d’étudiants) du cours Florent, de l’école d’art Penninghen, de l’école de design Strate, du Conservatoire Libre du Cinéma Français, de l’Atelier de Sèvres, de l’Atelier Chardon Savard, de l’ESG, ou même de l’école de journalisme et de communication IICP (devenue Narratiiv) se doutent que leur destin dépend pour 37% de la fille de Mamy Shampooing, via Téthys Invest, et pour 37 %  des papys et mamys canadien-ne-s, via leur fonds de pension. Ces renommés établissements d’enseignement supérieur (actuellement vingt-cinq en France) appartiennent en effet tous à Galileo Global Education (61 écoles sur 106 campus dans 18 pays).

Once upon a time

Galileo Global Education émane d’un fonds d’investissement américain : Providence Equity Partners. En 2011, ce dernier commence à acheter, ici et là et un peu partout, des établissements d’enseignement supérieur de référence, comme en France l’Atelier de Sèvres, en Allemagne l’université privée Macromedia, au Mexique l’IEU, principal réseau d’enseignement supérieur privé ou encore l’Instituto Marangoni, une école de mode internationale.

En 2016, sur sa lancée, ce fonds met 250 millions sur la table pour acheter Studialis, « plate-forme française d’éducation supérieure », qui de son côté avait acquis, elle aussi, pas mal de « grands noms » comme PSB (Paris Business School), l’ESG (École Supérieure de Gestion), l’IESA, école supérieure d’art …

En 2018, par le biais de sa filiale, Téthys Invest, la famille Bettencourt-Meyers devient actionnaire de référence avec 25% des parts, Providence Equity Partners restant cependant majoritaire. Mais, pas pour longtemps. En 2020, le fonds américain met en vente le groupe pour un montant estimé à 2,5 milliards d’euros. KKR et BlackRock sont sur le coup mais ne font pas affaire. Le nouvel actionnariat est composé de Téthys Invest, qui passe de 25% à 37%,  à parité avec CPPIB, l’office d’investissement du régime de pensions canadien, de Montagu Private Equity pour 17% et de Bpifrance (notre banque publique d’investissement)  pour 9%.

En 2020, Regent’s University  of London rejoint le groupe. En 2021, c’est au tour de l’IPET, une école de kinésithérapie située au Mexique, et de Health Events, organisme français de formation continue à destination des professionnels de santé. Toujours en 2021, est créé et non acheté, petite nouveauté, un institut de formation d’aides-soignants avec « un enseignement 2.0 en majorité à distance ».

En 2022, AKAD University, école de commerce de Stuttgart, rejoint le mouvement, ainsi que  TAI, école d’art espagnole. La même année, le groupe entre au capital d’EM Lyon Business School à hauteur de 40% du capital. Opération financière, bien loin du modèle old school des étudiants de Sup de Co qui, en début d’année, faisaient traditionnellement de la réclame, dans leur entourage industriel, pour récolter de la taxe d’apprentissage pour « aider » leur école.

Echapper à Parcoursup à « tout » prix

Tous ces établissements, qui ne mettent plus en avant les témoignages des anciens élèves mais les stories des alumni, ont en commun de sélectionner à leur guise, c’est-à-dire avec « simplicité »,  « réactivité »,« agilité », « souplesse », « personnalisation », et surtout de n’être pas « bon marché ». Leur préoccupation essentielle : « placer l’humain au cœur des processus de recrutement » via des entretiens qui « permettent de mieux connaître les candidats, d’évaluer leurs motivations, leurs compétences et leur adéquation avec la philosophie de l’école » et aussi … de mesurer  la solvabilité du candidat et de ses géniteurs.  

Le coût de l’année varie entre 6 500 € et 24 000 €. Pour une année de droit et d’intelligence juridique à l’ELIJE, à Paris, Lyon, Toulouse ou Montpellier (oui, oui le droit ne s’apprend plus seulement à l’université), il faut compter entre 6 500 € et 9 000 €. En revanche chez Marangoni, entre les frais d’inscription et la scolarité, l’addition s’élève à  23 400 €, et encore pour huit mois (de début octobre à fin mai).

Dieu merci des bourses existent ; les plus courageux peuvent aussi se trouver des petits contrats via les réseaux des écoles et les juniors entreprises. Studi, l’offre en-ligne de Galileo  propose aussi « 150 formations – 100 % en ligne », dont certaines « 100 % financées pour les demandeurs d’emploi ».

Sinon, pour le pékin moyen : « Ce que l’avenir promet, la Poste l’apporte ». Cette dernière a en effet des « partenariats » avec ces écoles et propose des prêts personnalisés pouvant aller jusqu’à 50 000 €. Pour 10 000 € : 48 mensualités de 208,76 €. TAEG fixe de 0,10 %. Pour 50 000 €, faites le calcul. Une babiole bien sûr si, à la sortie, comme prévu, vous êtes embauché par la banque Rothschild.

Ni études de genre, ni sociologie éveillée

Pour le moment, (il ne faut jamais jurer de rien), Galileo n’a pas jeté son dévolu sur des formations à la théorie du genre et autres frivolités. On reste classique. Ce qui explique peut-être qu’en 2022-2023, si le nombre d’étudiants dans le supérieur a globalement diminué de 1,5 % , il a effectivement diminué de 3,1 % dans le public mais parallèlement augmenté de 3,3 % dans le privé ; et ce « marché » représente désormais 26,1% des effectifs du supérieur.

Pour les complotistes, qui verraient malice dans tous ces « mouvements de fonds », lire Les imposteurs, excellent thriller de John Grisham, paru en 2017. Ils ne seront pas rassurés.

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François Chaplin: un pianiste qui dialogue

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Causeur vous propose de visionner cet entretien, enregistré dans le studio de Fréquence Protestante (100.7 FM Paris).


Dans « Bilger les soumet à la question », j’ai eu le grand bonheur de pouvoir m’entretenir avec le très grand pianiste François Chaplin, excellant en particulier dans Chopin, Fauré et Debussy. Depuis longtemps, je rêvais de dialoguer avec un interprète reconnu et invité
partout. Il m’a offert le plaisir rare, par ses réponses fines, sensibles et intelligentes, de me permettre de mieux comprendre les secrets de la musique, comment on l’étudie, comment on s’exerce, dans quelles dispositions on se trouve face à un public qui attend le meilleur de vous. J’ai été frappé par le fait qu’un artiste de cette trempe est en quelque sorte imprégné par les œuvres qu’il joue et le génie qui les a inspirées et composées. C’est sans doute grâce à cela qu’il n’est pas un interprète de très haut niveau – et François Chaplin l’est indiscutablement – qui n’enrichisse pas celui qui l’écoute, par le piano ou la pensée et la parole. Quand on rencontre un maître dans une discipline, dans un art, on a toujours peur : et s’il nous décevait ?
François Chaplin m’a enthousiasmé.

A lire aussi: L’opéra, un art trop « élitiste » pour Le Monde

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EELV non, l’écologie oui

L’écologie est une affaire trop sérieuse pour l’abandonner à des idéologues comme Sandrine Rousseau ou Marine Tondelier. Jean-Marc Governatori, Coprésident d’Écologie au centre et élu écologiste niçois, développe une écologie raisonnable, rationnelle, respectueuse des valeurs de la République (dont l’état de droit), compatible avec le capitalisme et conciliable avec les besoins de l’industrie française. Tribune libre.


Les 2500 scientifiques du GIEC expliquent que la situation est grave. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres affirme que les deux sujets brûlants sont, d’une part, la survie de l’espèce humaine et, d’autre part, l’habitabilité de la planète. Dans cet inquiétant tableau, je rajouterai qu’il y a des problèmes tout autant angoissants : la raréfaction des matières premières, qui immanquablement fera augmenter les prix et, par conséquent, impactera le pouvoir d’achat des entreprises et des ménages. Il y a aussi la chute de la biodiversité, l’acidification des océans, la réduction de la fertilité des terres… Bref, il y a du pain sur la planche, bio de préférence.

L ‘écologie de gauche est un fléau

C’est pourquoi l’écologie de gauche en France, qui est devenue, avec la Nupes, l’écologie de l’extrême gauche, comme les éco-violences, sont à bannir. Pourquoi ?

Dans un cadre où il faut que chacun ait envie de s’impliquer, il faut susciter le maximum d’adhésion. Cela est incompatible avec les déclarations de Sandrine Rousseau :

« La valeur travail, pardon, mais c’est quand même une valeur de droite ». 

« Je vis avec un homme déconstruit et je suis super heureuse ».

« L’écologie c’est pas des hommes blancs à vélo dans les villes ».

Avec cette égérie de EELV, naître homme est une faute !

Premièrement il faut cesser de sectariser l’écologie et de dire, comme le fait la secrétaire nationale Marien Tondelier, que l’écologie appartient à la gauche ou qu’il faut éliminer les milliardaires ! L’écologie appartient à tout le monde : les riches, les pauvres, les classes moyennes, les Noirs, les Blancs, les croyants et les athées…

L’écologie intelligente au pouvoir

Quand on connaît l’impact du politique sur la vie de chacun d’entre nous, on comprend aisément qu’il est vital que l’écologie prenne le pouvoir. J’ai démontré dans mes ouvrages qu’au même titre que le libéralisme, le socialisme ou le communisme, l’écologie est un projet de société complet. C’est un courant de pensée qui a deux pieds particuliers : le respect et la responsabilité. Respect des engagements, respect des différences, respect des minorités, respect de l’animal, respect du végétal. Responsabilité, parce qu’il faut avoir le courage de dire que chacun de nous est coresponsable de ce qui se passe, dans sa façon d’éduquer ses enfants, ou ne pas les éduquer d’ailleurs, dans sa façon de consommer, dans sa façon de travailler. Et bien sûr dans sa façon de voter.

Respecter notre république : la mort de Nahel, est-ce une question écologique ?

Lorsque la NUPES, EELV et LFI condamnent la police chaque fois qu’un drame arrive, c’est souvent oublier le fait générateur. Le cas de Nahel est intéressant. Bien sûr, sa mort est évidemment disproportionnée par rapport aux fautes qu’il a commises, mais la réaction de ces politiques, de dire tout de suite que c’est la faute à la police et de déresponsabiliser totalement ce délinquant routier, c’est produire de futurs Nahel.

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En effet, ce jeune individu, qui n’est ni un enfant ni un ange, malgré une première sanction éducative lorsqu’il a fait un premier refus d’obtempérer, non seulement il recommence à conduire sans permis et, par conséquent, à être un danger pour les autres, mais en plus, au lieu de choisir une voiture discrète, il choisit une Mercedes, donc puissante, jaune ; il roule sur une allée de bus, à haute allure et s’engage une course-poursuite de 22 minutes avec des motards de la police nationale.

Les vidéos de la municipalité montrent que cette course-poursuite a représenté un danger pour les cyclistes et les passants et il est évident que le stress du policier était à son comble quand, enfin, il a pu intercepter Nahel. Les images semblent montrer que le policier est fautif mais seul le tribunal pourra se prononcer.

L’écologie est rentable

Concernant la facette environnementale de l’écologie, j’ai démontré aussi dans mes ouvrages que l’environnement est lié à la santé. C’est facile à comprendre. C’est lié au plein-emploi, et c’est bien sûr lié aussi à l’implication des citoyens.

Nous avons vu les enjeux en début de texte et oui, il faut non seulement impliquer les citoyens, mais aussi impliquer les entreprises.

Et là encore, la NUPES et EELV condamnent les entreprises bien gérées lorsqu’elles font de gros bénéfices. C’est une catastrophe de leur point de vue. Ces dangereux écologistes ignorent la participation et l’intéressement liés à ces bénéfices, qui vont profiter à chacun des employés de l’entreprise concernée.

On peut tout à fait être une entreprise profitable et une entreprise verte. C’est pourquoi une action écologique réussie va très bien de pair avec l’économie de marché et va très bien de pair avec le profit, car cela motivera les entreprises.

C’est non seulement bon pour leur image, et évidemment elles en ont conscience, mais il est clair que les dirigeants de ces entreprises se rendent compte du rôle qu’ils ont à jouer, de l’impact qu’a l’activité humaine sur, par exemple, l’approvisionnement en matières premières. Par conséquent, si la puissance publique fait le job, les entreprises feront leur part, fortes de leurs employés et leurs clients . Le télétravail, la promotion des transports propres, le covoiturage, l’économie de produits… vont dans le sens de la profitabilité de l’entreprise.

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Quant à notre fameuse transition écologique, il faut évidemment la faire à prélèvements obligatoires constants. Non seulement notre pays est déjà sur le podium mondial pour la masse des impôts et taxes qu’il prélève, mais les entreprises ont aussi besoin de stabilité fiscale. Les diminuer, ce n’est pas possible, vu la situation de nos finances, mais les accroître, c’est hors de question.

L’écologie, c’est aussi la santé

On peut trouver un joli vivier de finances dans l’éducation à la santé. Pas de transition écologique sans politique de santé : les différents ministres de la Santé et nos députés réfléchissent toujours sur le prix optimal du médicament, sur ce qui est remboursable et ce qui ne l’est pas, sur le nombre de médecins et leur répartition « pour éviter des déserts médicaux », sur le financement de l’hôpital public, sur le revenu des médecins… Bref, ils veulent plus de soignants. Ils se trompent : il faut moins de malades. Une politique de santé c’est une information massive et permanente pour tous les âges sur la qualité et la quantité du bol alimentaire, sur le 0 cigarette et le 0 drogue, le minimum d’alcool, une activité physique quotidienne, une activité intellectuelle quotidienne, une activité sociale régulière, un sommeil paisible, une vie avec moins de stress, des séjours dans des lieux où il y a plus d’arbres que de voitures et, évidemment, une société avec moins de pollution. Voilà une politique de santé bien plus efficace qu’une politique de la maladie qui coûte près de 300 milliards d’euros par an.

Faire la transition écologique sans détruire l’industrie française

Éviter les contraintes malfaisantes sera de bon aloi : le cas de la voiture électrique est intéressant. Face à la problématique de l’utilisation d’énergies fossiles dans les transports, des politiques – dont EELV – décident qu’on ne fabriquera plus de véhicules thermiques dès 2035. Or, c’est la Chine et la Corée qui produisent 80 % des batteries dans le monde. On a programmé l’extinction d’une activité et l’arrivée d’une nouvelle au moment où elle est quasiment monopolisée par la Chine ! Et les administrations publiques subventionnent le passage au véhicule électrique. On programme donc une situation d’effondrement de notre industrie, d’augmentation massive des importations, en utilisant de l’argent public !

Il est beaucoup plus raisonnable écologiquement et économiquement de rendre nos moteurs thermiques compatibles aux agro-carburants (quelques centaines d’euros par moteur).

Les solutions viendront des transports collectifs, du covoiturage, du vélo, des agro-carburants de troisième génération (produits depuis des algues et déchets verts) et de la réduction drastique du poids des voitures et de leur électronique.

Bref, l’écologie est la solution, EELV est le problème.

Jean-Marc Governatori est Coprésident d’Écologie au centre et élu écologiste à Nice.

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Assimilation, retour de bâton

La France n’a jamais assimilé les populations indigènes de ses colonies. Quand elle a voulu les « intégrer », il était trop tard. Et l’invention du « vivre-ensemble » a été un acte de capitulation. Aujourd’hui, si nos casseurs sont assimilés à une identité, c’est à celle de leur diaspora.


Assimiler ou pas ? Transformer les Nord-Africains et les Subsahariens en citoyens français, soumis aux lois et aux coutumes françaises, ou bien préserver leur identité ? Franciser ou bien respecter les différences ? Ces questions se sont posées à la France il y a cent vingt ans, du temps de la colonisation. Et à l’époque elles ont reçu une réponse claire et sans appel : non à l’assimilation. Mais, quarante ans d’immigration irraisonnée ont remis sur la table une question que nos aïeux croyaient avoir réglée définitivement. Tel est le sort des nations qui refusent d’écouter les leçons de l’histoire.

Quand la France est partie à l’assaut de l’Afrique, du monde arabe et de l’Indochine, elle n’avait aucune idée de ce qui l’attendait sur place. Elle ne savait pas non plus ce qu’elle allait faire de ses futures colonies : comment les gouverner, avec quelles élites (locales ou importées depuis la métropole), avec quel objectif de développement, pendant combien de temps ? La colonisation française est une idée tordue aux hypothèses hasardeuses et aux méthodes bricolées. Largués sans réelles instructions ni doctrines, les militaires et les civils qui ont conquis les colonies ont dû inventer un « plan » pour gérer l’immense empire que la France a englouti entre 1880 et 1900 : soit une dizaine de millions de kilomètres carrés et une cinquantaine de millions d’habitants.

Trois visions se sont affrontées, par journaux et lobbies interposés. La première appelait à la préservation des civilisations « découvertes » par la France. Des grandes âmes comme Napoléon III en Algérie, Lyautey au Maroc ou Auguste Pavie en Indochine ont appelé au respect des différences. Ces illustres figures admiraient sincèrement les civilisations indigènes et ne voyaient pas pourquoi il aurait fallu les assimiler, c’est-à-dire les effacer pour en faire des clones de la civilisation française. La seconde tendance a essayé d’assimiler les indigènes, notamment en les convertissant au catholicisme, voire au protestantisme. Après tout, qu’est-ce que l’assimilation sinon une conversion à un nouveau récit des origines (Jésus et Marie au lieu de Mahomet ou Bouddha) ? Une des grandes figures de ce mouvement fut le cardinal de Lavigerie, archevêque d’Alger dans la deuxième moitié du xixe siècle. Il voulait convertir les Algériens au catholicisme. Enfin, parmi les colons, s’est très vite développé le souhait de se séparer des indigènes en les « enfermant » dans leur « retard » et en prenant le soin de ne surtout pas en faire les égaux des Français. La motivation coule de source : « À nous les terres, à nous les postes dans l’administration, hors de question de partager le gâteau avec les peuples que l’on vient de soumettre. » À court de financements et d’effectifs, l’administration coloniale s’est alignée sur le lobby des colons.

l’échec de l’assimilation, de l’intégration et du vivre-ensemble est une excellente nouvelle pour le secteur du BTP. Ronds-points à refaire, médiathèques à reconstruire, etc.

Les choses auraient pu changer au lendemain de la Première Guerre mondiale. La participation de milliers d’indigènes aux combats aux côtés de la France, leur héroïsme et abnégation ont fait bouger quelques lignes. Des élites locales osent dès 1918 exiger une égalité des chances avec les colons, matérialisée par l’accès au système éducatif et aux opportunités d’emploi dans l’administration. Refus de l’administration qui se limite, ici et là, à créer des brèches dans le système d’« apartheid ». Ainsi, au Vietnam, on ouvre l’accès aux lycées aux enfants de la bourgeoisie indigène. À Dakar, on fonde une école de médecine destinée aux Noirs. Mais le mot d’ordre demeure la séparation. Au Maroc, par exemple, les élèves musulmans ne peuvent pas accéder au système éducatif français, ils sont confinés à la préparation du certificat d’études musulmanes, une sorte de brevet au rabais. En Algérie, la Troisième République envoie de l’argent pour scolariser les musulmans, les conseils municipaux aux mains des pieds-noirs ne l’utilisent pas ou ne le reversent qu’en partie à la construction de salles de classe.

Avec les anciennes colonies, un lien resté permanent

Après la Seconde Guerre mondiale, on change de braquet. Saisie par une sorte de culpabilité mêlée à la reconnaissance pour le sacrifice des soldats coloniaux, la France met le paquet sur le social : écoles, universités, hôpitaux, eau potable, etc. Mais l’argent manque et très vite plusieurs mouvements indépendantistes essaient de dissuader les indigènes d’envoyer leurs enfants à l’école française. En Algérie, certains milieux pieds-noirs innovent et forgent la notion de vivre-ensemble, un concept vendu aux Algériens musulmans comme la panacée de la colonisation. L’idée est d’instaurer l’égalité en droits et en devoirs entre les différentes communautés, selon une approche graduelle. Ainsi, l’OAS et de nombreux officiers français promettent aux musulmans de devenir à terme des Français aussi légitimes que les Bretons ou les Alsaciens. De Gaulle a dit non, les Français aussi par référendum, et le FLN a enfoncé le clou.

La colonisation terminée, l’immigration a pris le relais. Le lien avec les colonies, surtout celles du Maghreb, n’a pas été rompu. Et dès les années 1970, la hausse des flux a reposé la question de l’assimilation. Sauf que cette fois, la République s’est mise en tête qu’elle pouvait fabriquer des Français à partir de Marocains ou d’Algériens en une génération, voire deux grâce à l’école et au travail. Les émeutes dans les banlieues, survenues dès la fin des années 1970, ont semé le doute sur la validité de ce théorème. L’on s’est rabattu alors sur l’intégration, moins ambitieuse mais surtout plus difficile à définir, car si assimiler veut dire franciser, intégrer va de la simple participation à la vie économique jusqu’à l’acculturation.

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Mais, de faits divers sanglants en « intifadas » à base de mortiers d’artifice, on a fini par se replier sur la notion de vivre-ensemble, inventée par les partisans de l’Algérie française… Le vivre-ensemble est, dans la bouche de nos dirigeants, une capitulation de plus : il s’agit de supplier les immigrés de bien vouloir tolérer les Français de souche. Et l’État et ses bras armés dans la presse subventionnée, les ONG et la communauté artistique se chargent de tenir le Français de souche en laisse : « pas d’amalgame », « pas de stigmatisation », « halte à l’extrême droite ».

Malheureusement pour ce système, les égouts débordent de temps en temps, comme à Nanterre récemment. Des milliers de jeunes ont crié à qui voulait bien les entendre leur rejet total de la France et du vivre-ensemble. Ces casseurs « identitaires » ont au moins le mérite de la sincérité : ils crient, ils taguent, ils crachent leur haine de la France. Ils sont assimilés à une diaspora qui subvient à leurs besoins identitaires.

Message reçu 0/5 par nos élites autistes et incompétentes. Elles préféreront sans doute miser sur une énième remise à jour de la politique de la ville. Cela dit, l’échec de l’assimilation, de l’intégration et du vivre-ensemble est une excellente nouvelle pour le secteur du BTP.  Ronds-points à refaire, médiathèques à reconstruire, etc. Les actions de Bouygues et de Vinci ont probablement plus la cote que les portraits de Marianne !

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Tonio Kröger: la profession de foi de Thomas Mann

Si pour certains auteurs, le désœuvrement constitue une forme de révolte contre le culte de l’utile dans la société ou une façon de se libérer de l’anxiété d’exister, pour Thomas Mann, c’est une véritable ascèse que le poète doit suivre afin de se transformer en un artiste authentique.


Les romans de Thomas Mann sont très marqués par le thème du désœuvrement. En fait, il y a chez lui toute une évolution, qui va globalement des prémisses, Tonio Kröger, en 1903, jusqu’au Docteur Faustus, en 1947, en passant évidemment par La Mort à Venise, en 1912, et le très célèbre huis clos de La Montagne magique, en 1924. À chaque fois, l’action se situe comme hors du temps, et le plus possible à l’abri des contingences. Les personnages principaux y sont toujours singuliers, différents des autres êtres humains. En règle générale, nous avons affaire à des artistes qui se complaisent dans une solitude fatale. À travers eux tous, Thomas Mann pose la question de la place de l’artiste dans la société. Qu’est-ce qui justifie, en quelque sorte, cette marginalité presque revendiquée, qui est aussi un pari sur l’existence ?

Un roman très autobiographique

Tonio Kröger est probablement le roman le plus autobiographique de Thomas Mann. Il commence à Lübeck, sa ville natale au bord de la mer Baltique. « L’école était finie », nous annonce Mann. Le jeune Tonio Kröger, élève médiocre et inadapté, attend son camarade de classe Hans, dont il est amoureux, pour faire une promenade. Hans est le contraire de Tonio, au moral et au physique. Alors que Hans est aimé de tous, Tonio apparaît comme replié sur lui-même, toujours triste et, nous dit Thomas Mann, « négligent, indocile, préoccupé de choses auxquelles personne ne pense ». C’est que Tonio veut devenir poète. Il a du reste déjà commencé à écrire dans un cahier.

A lire aussi: Albert Cossery, ou l’art de passer à côté de ses responsabilités

Le roman s’attache à de brèves périodes de la vie de Tonio Kröger. Nous le voyons, alors qu’il grandit et devient un homme, rester fidèle à son premier idéal. Il ne déviera pas de sa vocation, même lorsqu’il tombera amoureux de la blonde Ingeborg, parfaite antithèse de son désœuvrement. Tonio Kröger recherche l’éveil et Thomas Mann passe de longues pages à expliciter cette quête spirituelle. Il écrit ainsi, au moment d’un épisode de la vie de Tonio qui est un tournant : « Il se livra tout entier à la puissance qui lui apparaissait comme la plus élevée sur terre, au service de laquelle il se sentait appelé, qui lui promettait la grandeur et la réputation : la puissance de l’esprit et du verbe qui règne en souriant sur la vie inconsciente et muette ». Car Tonio Kröger est plus qu’un roman, c’est une profession de foi.

L’anti-travail du poète

Thomas Mann insiste beaucoup, dans Tonio Kröger, sur le type de travail auquel se livre son héros poète. Il s’agit plutôt, à vrai dire, d’un anti-travail, si l’on veut, qui se différencie par essence de l’activité professionnelle de la plupart des gens travaillant pour survivre. Il y a des phrases qui ne trompent pas : « Il ne travaillait pas comme quelqu’un qui travaille pour vivre, mais comme quelqu’un qui ne veut rien faire d’autre que travailler ». Formule éminemment paradoxale, qui fait bien comprendre la nature du labeur poétique, et donc, aussi, artistique. Plus loin, il précise : « La littérature n’est pas un métier, mais une malédiction, sachez-le ». Avec elle, selon Thomas Mann, on quitte la sphère de la normalité, et on entre dans une sorte de désœuvrement asocial. Le romancier décrit admirablement cette crise que traverse Tonio Kröger, jusqu’à ce « dégoût de la connaissance » qui le fait s’identifier au personnage d’Hamlet. Ce faisant, Mann annonce un peu l’avant-garde surréaliste, qui naîtra bientôt en France.

Aller vers la sagesse

La fin du roman narre une sorte de réconciliation de Tonio Kröger avec sa propre destinée. Il part voyager vers le Nord, au Danemark. C’est là qu’il trouvera un début de sérénité. Avant qu’il ne parte, son amie Lisaveta Ivanovna lui avait déclaré qu’au fond il n’était qu’« un bourgeois fourvoyé sur une fausse route ». Un « bourgeois », donc ; le texte allemand dit : « ein verrirter Bürger ». Au Danemark, il fera les comptes. Ce sera le temps du bilan positif, braqué vers l’avenir, dans la contemplation de ce Nord froid et austère qui l’a toujours fasciné, plus que le Sud peut-être. « Je plonge mes regards, dit-il, dans un monde à naître, un monde à l’état d’ébauche… »

Après avoir fait le vide, il faut reconstruire quelque chose, aller vers la sagesse et, peut-être, vers l’amour des autres. C’est ce que laisse entendre les dernières pages de Tonio Kröger, qui se termine sur une allusion à saint Paul. Conclusion ouverte, mais la partie n’est pas gagnée.

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Blondes sans filtre

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Quand les jolies blondes donnaient aux comédies populaires françaises cette inimitable touche d’érotisme… Olivia Dutron, Élisa Servier et Catherine Alric furent nos « Marianne » de l’été…


Nous n’avons pas attendu l’arrivée de « Barbie » pour découvrir les vertus émancipatrices de la blonde faussement ingénue sur le divertissement populaire. La comédie française fut leur terrain d’expression favori durant les années 1970/1980. Nous les attendions fébrilement. Nous les chérissions. Leur seule présence était un coup de sirocco, une vague de chaleur qui faisait céder toutes les pudibonderies sans pour autant outrager les mères de famille installées devant leur poste de télé. Elles apportaient à un film parfois poussif à l’humour troupier, une touche de distinction poétique et d’érotisme partageur, celui des copains. Car, en France, on peut se montrer seins nus sur une plage varoise sans pervertir la bonne morale, tout en conservant sa dignité et en s’amusant de son physique avantageux. Ne croyez pas que ces blondes étaient moquées, au contraire, nous louions leur sens du ridicule et de l’exagération, elles acceptaient la nudité et le second degré.

Elles prenaient le risque de se déconsidérer aux yeux des réalisateurs imbéciles, trop barbants et imbus d’eux-mêmes, incapables de voir dans leur jeu délié une forme de grâce et d’abandon. Ces actrices-là avaient le courage de ne pas sombrer dans le faux et l’évanescent ce qui leur aurait certainement ouvert les portes d’un cinéma plus « sérieux » et « distingué ». Il en faut de la force psychologique pour résister aux sirènes du plombant et du larmoyant. L’appel du triste a fait tant de ravages dans les cours d’art dramatique. Ces blondes-là étaient des résistantes à leur manière, elles s’amusaient de leur plastique harmonieuse et parfois, comme un clin d’œil à leur public, elles laissaient filtrer une émotion que bien peu de tragédiennes étaient en mesure d’atteindre. Elles incarnaient ce qui fut longtemps notre marque de fabrique à l’étranger, notre esprit décorseté mâtiné d’un romantisme balnéaire, notre fierté nationale en somme. Ce paradoxe français que tant de nations nous enviaient jadis, qui faisait rimer marivaudage et libertinage, est aujourd’hui attaqué, méprisé, sali par un vent d’aigreur venu d’Amérique. Les blondes de ce cinéma léger et primesautier, à la limite du burlesque, ne posaient pas en victimes du système. Elles ne quémandaient pas l’aumône du public, elles ne cherchaient pas à décrocher une critique pour leur citoyenneté exacerbée. Elles acceptaient leur rôle ! Elles réussissaient même à montrer l’étendue de leur talent, notamment leur vis comica, avec comme seule tenue, un maillot de bain étique ou une cotonnade moulante.

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En ce temps-là, le tee-shirt mouillé accompagnait nos vacances. Pourquoi leur souvenir est-il resté si marquant ? Parce que leur beauté, leur diction, leur détachement, leur immense liberté sonnent comme un requiem dans une époque dogmatique qui ne sait plus rire de rien, qui prend tout au tragique et au compassionnel, qui ne s’offre même plus un espace de détente joyeuse. Alors, quand l’été arrive à son zénith, on pense à elles, on les encense. Elles s’appellent Olivia, Élisa ou Catherine. On se permet de les appeler par leur prénom, non par excès de familiarité, mais par tendresse. Elles ont modelé notre image de la française piquante et marrante, à la peau soyeuse et à la répartie fracassante, elles viennent de très loin, déjà Molière les avait croquées dans son théâtre.

Je me souviens d’une blonde douce et rieuse vue chez Max Pécas, alternant entre la frisure et la queue de cheval, en bikini ou en blouse blanche entrouverte, s’aventurant sur scène dans la farce boulevardière aux côtés de Jean Lefebvre ou de Michel Roux, et toujours perché dans les aigus. Très haut. Olivia Dutron est un mirage de la Côte d’Azur, une poupée aux yeux clairs, pétillante et affranchie, qui vient rompre la monotonie des vacances en famille. Une image d’Epinal qui serre le cœur quand il faudra retourner à l’école, en septembre. Dans les tons plus rocailleux, cette fois-ci chez Pascal Thomas, loin de Méditerranée, à l’intérieur des terres, dans la Drôme, je me souviens d’Élisa Servier et de sa moue insolente. Et puis, j’ai cette vision qui ne me quitte plus, celle de Catherine Alric, chez Philippe de Broca, pédalant sur un mini-vélo, en jupette de tennis blanche et capeline assortie, dans une résidence huppée, avec cette classe et cette décontraction que les César devraient honorer. Olivia, Élisa et Catherine me manquent, je les ai aimées à vingt ans. Je rêve de les voir encore tourner.

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L’opéra, un art trop « élitiste » pour Le Monde

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Selon des articles publiés dans le journal dit « de référence », l’opéra serait devenu un art réservé aux vieux, tout à fait déconnecté de la réalité du monde actuel. C’est une énième tentative d’enterrer la plus sublime manifestation de l’art lyrique. Ceux qui propagent cette idée ne comprennent pas que c’est l’éducation qui ne prépare pas les citoyens à l’appréciation de l’opéra, et aucune mise en scène contemporaine aussi branchée qu’absurde ne rémédiera à ce problème.


L’opéra, ce joyau de la culture occidentale, riche d’un patrimoine musical de plus de quatre siècles, n’a plus la cote. Trop élitiste, trop coûteux, trop vieux, trop réac, trop polluant, pas assez « diversifié », il accumule toutes les tares de ce vieux monde que certains aimeraient voir disparaître, comme Jacques Attali qui souhaitait qu’on ne reconstruise pas la flèche de Notre-Dame car elle représentait un passé révolu.

Le fait est que, comme beaucoup de secteurs, l’opéra subit de plein fouet la hausse des coûts énergétiques. Le 5 juillet, Le Monde publiait en outre une enquête évoquant le fait que les collectivités locales s’en dégageaient lentement mais sûrement. Il devient alors de bon ton d’annoncer — non sans une certaine joie mauvaise — sa fin prochaine. C’était encore le cas dans Le Monde le 8 juillet (« Le roi des arts en échec », chronique de Michel Guerrin). Après avoir constaté la « marginalisation accélérée de l’opéra et de la musique classique en raison du vieillissement du public », l’auteur se hasarde à donner un certain nombre de ces conseils à la mode que l’on entendait déjà il y a vingt ans et que les salles s’acharnent par ailleurs déjà à suivre.

L’opéra coûterait « trop cher », ne cesse-t-on de répéter. Il est vrai que c’est, en France, un art très subventionné. La question de la nécessité de l’augmentation du sponsoring et du mécénat dans ce domaine se pose. Mais personne ne semble s’inquiéter du coût du très subventionné spectacle de Rebecca Chaillon, « Carte noire nommée désir » à Avignon, vous savez, celui qui enfilait des bébés blancs sur une perche…

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Mais pour l’art lyrique, les collectivités publiques se font tirer l’oreille. Cet art n’intéresse pas les élus locaux, l’opéra n’est plus, comme autrefois, la vitrine culturelle de la ville. Et ses spectateurs ne sont plus de bons clients électoraux. Il est d’ailleurs de bon ton de les mépriser. Trop réacs, trop vieux, (peut-être « trop blancs » aussi ?), bref trop « cons » comme le disait déjà il y a vingt ans feu Gérard Mortier qui crachait volontiers au visage du public qui « s’extasie (bêtement) devant les ors de Garnier, ou les opéras de Puccini ».

Ceci dit, il est évident qu’il suffit d’aller dans une salle (surtout en province), pour constater que les têtes blanches sont bien nombreuses, ce qui ne manque pas d’inquiéter pour l’avenir.

Et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer de « faire venir les jeunes ». La rengaine est ancienne. Nous l’entendions déjà à l’époque de la construction de cet Opéra Bastille qui se voulait « moderne et populaire » (cf mon essai, La naissance de l’Opéra Bastille: Histoire de la construction d’un opéra qui se voulait moderne et populaire (1981-1990), Le Voyageur lyrique, 2016).

L’article du Monde conseille d’« offrir un programme stimulant pour un public élargi ». Mais c’est (malheureusement) déjà ce que les salles s’efforcent de faire ! Il semble d’ailleurs que ce soit la condition requise pour l’obtention de subventions. Elles n’ont de cesse de chercher à moderniser leur image, à grands renforts de wokisme ou de programmation de « musiques du monde », le tout enveloppé d’un beau blabla inclusif et « progressiste »… La partie purement lyrique étant réduite à peau de chagrin, certaines salles n’auront bientôt plus d’opéra que le nom.

Pour Le Monde, l’opéra devrait être « plus en phase avec la société actuelle ». Que peut-on faire de plus que de mettre du « krump » sur Les Indes Galantes, réaliser une vidéo d’Otello dans une banlieue (avec ajout de basses) ou faire passer une échographie à la Marguerite de Faust ?

« L’opéra doit devenir un lieu de vie afin de « banaliser » une musique qui intimide » ajoute l’article… Qu’est-ce qu’un lieu de vie ? Une cuisine ? Ils accumulent déjà, les « portes ouvertes », les visites des coulisses, etc. Sans oublier le metteur en scène à la mode, Warlikowski, qui met un point d’honneur à montrer « la permanence de l’intimité au sein du drame », à grand renfort de bidets et autres urinoirs.

La grande mode est également aux « opéras participatifs » et à l’intégration du public au « processus créatif ». Croit-on vraiment que l’on va donner envie aux gens d’aller à l’opéra car ils auront eu la possibilité de pousser la chansonnette depuis la salle ou d’apporter leurs bouteilles plastiques pour la réalisation d’un décor écologique ?

Ce que l’opéra subit de plein choc, c’est surtout la grande déculturation. Et toutes les « portes ouvertes » ne pourront rien y faire.

L’opéra est un art de prestige, un art « élitiste ». Ce gros mot ne veut pas dire qu’il est uniquement « destiné aux riches », mais qu’il demande pour être apprécié un minimum d’attention, de concentration, de niveau culturel, en plus d’une certaine sensibilité.

Cette musique « intimide » aussi car invisibilisée; absente des principaux médias, elle est devenue totalement étrangère à l’univers culturel des nouvelles générations. Où sont les opéras pour enfants que Menotti composait pour la télévision américaine ? Où sont les concerts pédagogiques de Bernstein ? Les programmes de la BBC ? Et surtout, où est l’école française ?

Les salles auront beau multiplier les projets à destination des écoles, les enseignants, fruits eux-mêmes de la grande déculturation et sous influence bourdieusienne, ne suivent pas.

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L’école, autrefois garante de l’égalité, a volontairement baissé les bras, d’autant plus que, fléchissant sous les coups du relativisme, la musique savante y a totalement perdu le prestige qui autrefois l’auréolait.

Le seul moyen de redonner à la jeunesse le goût de l’opéra et de la musique classique serait pourtant une véritable éducation musicale dans tous les établissements scolaires. Il faut leur apprendre le langage musical, comme on leur apprend à lire, mais aussi réhabiliter à leur oreille la richesse d’un chant lyrique qui les dérange. Bref, il faudrait choisir de leur offrir ce qu’ils ne connaissent pas, et non ce qu’ils entendent à longueur de journée. Le goût se forme par ce que l’on donne à voir et à entendre.

Une dernière chose encore, essentielle en ce qui concerne l’opéra actuel : puisqu’il s’agit de baisser les coûts de production, pourquoi ne pas commencer par cesser de financer des metteurs en scène aussi incompétents qu’égocentriques ?

Quoi de plus contraire à cette volonté « d’ouverture » que ce Regietheater qui déverse ses inepties sur nos malheureuses scènes lyriques depuis trop longtemps et qui n’intéresse que quelques spécialistes blasés en quête de nouvelles « propositions ». Tandis que beaucoup de mélomanes se réfugient dans les versions concert ou dans leurs canapés, les néophytes eux, sortent souvent dégoutés et ne reviennent jamais.

Le pire étant que cette prétendue « modernité » (qui ne l’est plus guère d’ailleurs), serait, dit-on, non pas destinée aux vieux ringards récalcitrants, mais aux jeunes… Ces mêmes jeunes qui ont plébiscité Avatar ou le Seigneur des Anneaux ? Ils ont peut-être plus besoin de rêver que de voir Lady Macbeth subir un examen gynécologique ou Salomé se faire violer en série… Et accessoirement, ils ont aussi besoin de comprendre ce qui se passe sur scène… L’opéra est un art riche, complexe, qui doit émerveiller et peut faire vivre de grandes et belles émotions à condition qu’on donne envie d’aller vers lui… ce n’est pas à lui de se rabaisser vers une société, qui elle, n’a rien de bien séduisant.

Références :

Othello de Abd Al Malik sur la « 3e scène » de l’Opéra de Paris.

Macbeth de Verdi, Festival de Salzbourg, K. Warlikowski. Salomé à l’Opéra de Paris, mise en scène Lydia Steier.

Les Folies Gruss à Béziers : Travail, Famille, Patrie – et alors ?

Notre chroniqueur fut jadis un homme de cheval, et tout ce qui tient à l’art équestre ne lui est jamais indifférent. En vacances dans l’Hérault, il a passé une soirée avec la troupe d’Alexis Gruss, sixième génération d’un spectacle mêlant arts du cirque et maîtrise de la « plus noble conquête de l’homme ». Il en est visiblement revenu émerveillé.


Avant que les écolos, les antispécistes et autres défenseurs des rats parisiens et des moustiques argentins ne l’emportent et fassent interdire à jamais les zoos et les cirques, venez en foule et en famille voir ce que les Gruss — présents sur scène jusqu’à la sixième génération d’artistes à cheval — proposent à trois kilomètres de Béziers. Et vous en reviendrez enchantés.

Enchantés et surpris. Que dans la France de 2023, qui est devenue ce que nous savons, la valeur Travail soit à ce point exaltée mérite notre total soutien.
Le Travail, et la Grâce. J’ai eu des chevaux moi-même, je sais combien cet animal est rétif, craintif et fantasque. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Glenn Ford, qui fait la leçon à Jack Lemon dans un monologue fameux de Cowboy, en 1958. Et je ne peux qu’admirer ce que les Gruss en obtiennent.

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Pas par la force, comme dans la Haute école espagnole. Tous les dimanches matin, gratuitement, la famille Gruss vous invite à venir voir le travail de répétition qui amène ces bêtes parfois monstrueuses à obéir à des hommes qu’elles pourraient pulvériser d’un coup de sabot. Et tous les soirs, à partir de 19 heures, le spectacle se met en place, avant de commencer vraiment à 21h30, quand la nuit permet à la lumière de l’illuminer de ses fastes.

C’est la deuxième année que j’assiste à ce spectacle, qui se renouvelle chaque année. Et cette fois encore, Alexis Gruss (79 ans aux fraises) et ses enfants ont renouvelé leur spectacle : l’excellence réelle ne s’endort jamais sur ses lauriers.

D.R

Il y a les numéros que vous attendez de tout cirque qui se respecte : force, souplesse et goût du risque maîtrisé. Les démonstrations équines que vous imaginez, avec des chevaux andalous ou arabes qui vous chiqueraient si vous les laissiez faire. Les contrastes obligés entre la grâce exquise d’une écuyère osant la poste hongroise (eh non, crétins, ce n’est pas une position du kamasutra !) et des bourrins de 800 kilos pièce.

Ajoutons, pour être tout à fait exact, que les fils Gruss, Charles et Alexandre, exhibent un physique de belles brutes brunes comme Sandrine Rousseau en rêve peut-être, sans le dire. Il flotte dans tout le spectacle une rumeur de barbecue, de virilité décomplexée et de démonstrations de force et de souplesse qui indique que les Gruss ne sont pas encore tombés dans le véganisme béat.

Mais le plus beau était à finir, sous le ciel impitoyablement étoilé.

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Le chanteur qui accompagne de ses rengaines les divers moments du spectacle a entonné le « Chant des Partisans ». Puis la chanteuse, Candice Parise, a repris la chanson qu’elle avait entonnée sur la Place de la Concorde le 14 juillet 2022, « France », pendant qu’Alexis Gruss et ses fils arrivaient, habillés d’un uniforme strict — et le patriarche resta droit comme un i sur sa formidable bestiole. Ils se livrèrent alors à un exercice complexe en agitant des drapeaux bleu-blanc-rouge sur lesquels était imprimée une croix de Lorraine. Si. Il n’y a que sur les terres de Robert Ménard que l’on a droit à ce genre de surprise.
Et le public a marché sans réticence, et s’est levé comme un seul homme pour saluer le vieux cavalier et ses convictions.

Il reste des lambeaux de France, çà et là. Et Les Folies Gruss (réservation ouverte jusqu’à la fin août) en apportent la démonstration chaque soir. C’est l’esprit de la Résistance, encore et toujours.

Quant à ceux qui seraient tentés de se moquer du Travail, de la Famille et de la Patrie — non, ce n’est pas seulement un slogan pétainiste ! — ou qui plaindraient ces énormes bestioles soumises à un labeur tout en dentelles, qu’ils aillent se faire empapaouter dans la banlieue de leur choix.

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Lettre à Barbara

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Eloge de celle dont les chansons, loin d’être moroses, célèbrent les amours et les désamours; bref, la vie.


« Ne pas parler de poésie en écrasant des fleurs sauvages, pour voir jouer le transparence au fond d’une cour aux murs gris où l’aube n’a jamais sa chance ».

Je vais donc essayer, Madame Barbara, de parler de vous sans écraser des fleurs sauvages. Il est si difficile de m’adresser à vous, vous m’intimidez de là où vous êtes : « Au jardin du bon Dieu, ça n’a pas d’importance qu’on s’y couche amoureux ou tombé pour la France » chantiez-vous dans « A mourir pour mourir ».

Je me souviens bien du jour de votre mort, le 24 novembre 1997 ; à l’âge de 67 ans, vous n’aviez finalement pas été happée par l’âge tendre. Et moi, je me suis dit, en ce jour de novembre où il pleuvait des cordes, que votre absence allait me laisser un grand vide, mais comme vous étiez une sorte de prêtresse pour moi, il fallait que je reste digne : « Vous disiez, pas une larme, le jour où je n’y serai plus » (« Rémusat »).

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Pas une larme donc, mais j’ai essayé, à mon infime niveau, de perpétuer votre mémoire, telle une vestale, d’entretenir votre flamme.  En chantant « Une petite cantate » à ma petite fille, pour l’endormir. Et surtout, j’ai pour vous cette magnifique anecdote : j’avais fait découvrir « Göttingen », à un ami allemand, originaire de cette ville ; cela l’avait beaucoup ému et il avait fait écouter la chanson à ses amis. Quelque temps plus tard, je leur rendis visite, et sur le mur de leur cuisine, était écrit en gros : « Madame Barbara, les enfants de Göttingen vous remercient ».

« Je vous prie de faire silence », comme vous le chantiez dans « Perlimpinpin ».

Le pardon. Vous êtes une femme qui a pardonné, certainement pour vivre plus sereinement. Aux allemands, bien sûr, car vous étiez juive, dans ce chef-d’œuvre cité plus haut qu’est Göttingen, mais aussi dans « Mon enfance », de manière plus subtile, car, comme le titre l’indique, c’est avant tout une chanson sur l’enfance, sensuelle et déchirante, « car parmi tous les souvenirs ceux de l’enfance sont les pires, ceux de l’enfance nous déchirent ». Mais en creux, nous devinons que ce coin de campagne que vous décrivez, vous aviez dû vous y cacher pour échapper aux Allemands, et que malgré le chaos, vous y aviez été heureuse : « La guerre nous avait jetés là, et nous y avions été heureux je crois, au temps béni de notre enfance ».

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L’enfance, ce thème récurrent dans votre œuvre, qui nous fait comprendre que ce fut un grand chagrin pour vous de n’avoir pas donné la vie.

Enfin, vous avez réussi à mettre des mots sur le traumatisme originel, celui que vous a fait subir votre père. « Nantes », vous avez mis sept ans à l’écrire.  Cependant, point de ressentiment, ni de haine, mais une déclaration d’amour à ce père qui aurait pu vous détruire : « Depuis qu’il s’en était allé, longtemps je l’avais espéré, ce vagabond, ce disparu, voilà qu’il m’était revenu ».

Les hommes, vous auriez pu les détester. Mais non, bien au contraire, vous aviez confié à Denise Glaser (votre sosie) que c’était eux qui avaient permis à Monique Cerf de devenir Barbara. Vous les avez même croqués les mecs, car vous étiez liberté incarnée.

Vos chansons d’amour ne sont jamais larmoyantes, vous avez toujours le dessus, même dans « Quand reviendras-tu », tant pis s’il ne revient pas, car « vous n’êtes pas de celles qui meurent de chagrin, vous n’avez pas la vertu des femmes de marins ».

Les amours mortes ne sont pas pour vous ; même s’il faut cacher sa peine, il faut partir au plus beau, avant que l’amour ne meure, avant qu’il ne devienne un fardeau.

Vous ne cachez non plus pas votre goût pour les jeunes garçons, tout en étant toujours tragiquement lucide : « A peine sont-elles nées qu’elles sont déjà condamnées, les amours de la désespérance ».

Enfin, à tous ceux qui prétendent que les chansons de Barbara sont déprimantes, voire sinistres, je voudrais leur dire qu’ils se trompent, car elle a chanté la sensualité et l’émerveillement de la nature, la joie d’aimer et même de désaimer. La vie en somme. Dans toute sa beauté, ses drames, et sa complexité. 

Et moi, tout bêtement, je voudrais vous dire merci, Madame Barbara : merci d’avoir existé, de m’avoir accompagnée dans mon mal de vivre, et surtout, de m’avoir appris que la joie de vivre revient toujours.

La Hongrie exclue d’Erasmus : l’Europe qui fait chanter

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Statue d'Erasme à Gouda, Pays Bas, 15/05/2015 Stuart Forster/REX Shut/SIPA rex40387549_000020

Après plusieurs mois de négociations infructueuses du gouvernement hongrois avec l’Union européenne, les universités hongroises s’apprêtent à perdre leurs droits Erasmus+ qui permettent de faciliter les mobilités et les partenariats entre universités européennes. Les motifs de cette décision restent difficilement explicables, renforçant l’image d’une Hongrie devenue la paria de l’UE. Tribune libre de Rodrigo Ballester, directeur du Centre d’Etudes européennes du Mathias Corvinus Collegium à Budapest.


À quoi sert l’Union Européenne ? Quand certains peinent à répondre à cette question qui en taraude plus d’un et manquent d’exemples concrets, ils finissent par dégainer du tac au tac un joker imparable : Erasmus. Bien-sûr, Erasmus est la seule initiative européenne qui mette tout le monde d’accord, bien plus que ces autres « Euro » et « Schengen », tout aussi connus mais, disons, moins consensuels – pour rester polis. Erasmus est cette magnifique idée qui sort des sentiers battus bureaucratiques, qui parle au-delà des cercles d’initiés. C’est l’Auberge espagnole de Cédric Klapisch, c’est un million de bébés multiculturels.

D’ailleurs, Erasmus, c’est tellement beau que c’est ouvert à tous. La Turquie, la Macédoine du Nord ou l’Islande en font pleinement partie et, grâce à son volet international Erasmus mundus, les étudiants de tous les pays du globe peuvent bénéficier de la générosité académique européenne, même les ressortissants de démocraties cinq étoiles comme l’Iran, le Qatar ou le Venezuela. Mais est-ce vraiment pour tout le monde ?

Pas si vite, car depuis peu, l’UE a eu l’heureuse idée de transformer Erasmus en arme d’extorsion massive. Une arme qu’elle pointe sans trop bouder son plaisir contre la tempe de son bouc émissaire préféré : la Hongrie du grand méchant Orbán et des non moins punissables Hongrois qui ont eu l’outrecuidance de le réélire une quatrième fois. En effet, à partir de septembre, il est plus que probable que deux tiers des universités hongroises, c’est à-dire 180 000 étudiants, soient exclues de ce programme européen censé incarner la concorde, l’inclusion et bien d’autres mantras aussi pérorés que dévoyés lorsque l’occasion se présente. 

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Pour quel motif, au juste ? Orbán a vraiment dû dépasser toutes les bornes pour faire sortir de ses gonds la paisible Bruxelles, non ? Que nenni, il s’agit d’une sanction pour rien ou plutôt « au cas où ». Une sorte de délit de faciès conservateur drapé dans les oripeaux d’une notion aussi fumeuse qu’utile : l’État de droit. Depuis 2018, suite à une réforme de l’enseignement supérieur, la majorité des universités hongroises sont désormais des fondations autonomes gérées (entre autres) par des conseils d’administration. Parmi leurs membres, il y avait un petit dix pour cent de politiciens clairement proches du gouvernement. Comme en Allemagne, Belgique, en Tchéquie ou en France me direz-vous, mais voilà, il semble qu’au nom de l’État de droit, certains soient moins égaux que d’autres…

Mais encore ? Bruxelles argumente doctement que la présence de ces onze politiciens est une entorse à l’État de droit (ah oui, pourquoi ?) qui pourrait (un jour, peut-être, qui sait ?), devenir une menace pour le budget européen (comment et pourquoi au juste ?). Oui, l’UE vient d’inventer, en direct, la notion de l’infraction imaginaire, du délit « au cas où », un peu comme si votre équipe de foot était exclue du championnat avant qu’il ne commence, « au cas où » l’un des joueurs ne commettait une faute ; rien de moins… au nom de l’État de droit.

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Ceci est d’autant plus croustillant que les onze politiciens concernés ont démissionné au mois de février en pensant ainsi satisfaire l’ogre bruxellois. Peine perdue, car la menace reste de mise, et les technocrates sortent de nouvelles conditions de leur besace au fur et à mesure que le gouvernement hongrois remplit les précédentes. Bruxelles semble jouer la montre jusqu’aux prochaines élections européennes en juin 2024 et ainsi refiler la patate chaude à la prochaine Commission. En attendant, des milliers d’étudiants hongrois seront discriminés et la réputation des universités hongroises sera davantage écornée pour rien. Le tout dans l’indifférence générale et un abject cynisme qui piétine allègrement le droit au nom de « l’État de droit » et qui prend en otage l’avenir de milliers d’étudiants au nom des « valeurs européennes ». L’UE transforme sous nos yeux le budget en arme politique sans que personne ne s’en offusque, en chantant et en faisant chanter. Après le cobaye hongrois, qui sera le prochain sur la liste ?

Après les vieux, les jeunes. Mais, jusqu’où s’arrêteront-ils ?

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Illustration avec des billets de banque de differentes coupures 26 janvier 2023, Toulouse FRED SCHEIBER/SIPA 01100918_000010

Après les succès enregistrés dans les EHPAD : « Investissement unique. Revenus élevés. Garanties », les  investisseurs s’intéressent désormais à l’enseignement supérieur : « Marché perçu comme rentable voire porteur de perspectives florissantes ». Mais l’éducation peut-elle être un business comme un autre?


Galileo Global Éducation – pour des jeunes leaders mondiaux ?

Je vous en donne mon billet que peu de parents (ou même d’étudiants) du cours Florent, de l’école d’art Penninghen, de l’école de design Strate, du Conservatoire Libre du Cinéma Français, de l’Atelier de Sèvres, de l’Atelier Chardon Savard, de l’ESG, ou même de l’école de journalisme et de communication IICP (devenue Narratiiv) se doutent que leur destin dépend pour 37% de la fille de Mamy Shampooing, via Téthys Invest, et pour 37 %  des papys et mamys canadien-ne-s, via leur fonds de pension. Ces renommés établissements d’enseignement supérieur (actuellement vingt-cinq en France) appartiennent en effet tous à Galileo Global Education (61 écoles sur 106 campus dans 18 pays).

Once upon a time

Galileo Global Education émane d’un fonds d’investissement américain : Providence Equity Partners. En 2011, ce dernier commence à acheter, ici et là et un peu partout, des établissements d’enseignement supérieur de référence, comme en France l’Atelier de Sèvres, en Allemagne l’université privée Macromedia, au Mexique l’IEU, principal réseau d’enseignement supérieur privé ou encore l’Instituto Marangoni, une école de mode internationale.

En 2016, sur sa lancée, ce fonds met 250 millions sur la table pour acheter Studialis, « plate-forme française d’éducation supérieure », qui de son côté avait acquis, elle aussi, pas mal de « grands noms » comme PSB (Paris Business School), l’ESG (École Supérieure de Gestion), l’IESA, école supérieure d’art …

En 2018, par le biais de sa filiale, Téthys Invest, la famille Bettencourt-Meyers devient actionnaire de référence avec 25% des parts, Providence Equity Partners restant cependant majoritaire. Mais, pas pour longtemps. En 2020, le fonds américain met en vente le groupe pour un montant estimé à 2,5 milliards d’euros. KKR et BlackRock sont sur le coup mais ne font pas affaire. Le nouvel actionnariat est composé de Téthys Invest, qui passe de 25% à 37%,  à parité avec CPPIB, l’office d’investissement du régime de pensions canadien, de Montagu Private Equity pour 17% et de Bpifrance (notre banque publique d’investissement)  pour 9%.

En 2020, Regent’s University  of London rejoint le groupe. En 2021, c’est au tour de l’IPET, une école de kinésithérapie située au Mexique, et de Health Events, organisme français de formation continue à destination des professionnels de santé. Toujours en 2021, est créé et non acheté, petite nouveauté, un institut de formation d’aides-soignants avec « un enseignement 2.0 en majorité à distance ».

En 2022, AKAD University, école de commerce de Stuttgart, rejoint le mouvement, ainsi que  TAI, école d’art espagnole. La même année, le groupe entre au capital d’EM Lyon Business School à hauteur de 40% du capital. Opération financière, bien loin du modèle old school des étudiants de Sup de Co qui, en début d’année, faisaient traditionnellement de la réclame, dans leur entourage industriel, pour récolter de la taxe d’apprentissage pour « aider » leur école.

Echapper à Parcoursup à « tout » prix

Tous ces établissements, qui ne mettent plus en avant les témoignages des anciens élèves mais les stories des alumni, ont en commun de sélectionner à leur guise, c’est-à-dire avec « simplicité »,  « réactivité »,« agilité », « souplesse », « personnalisation », et surtout de n’être pas « bon marché ». Leur préoccupation essentielle : « placer l’humain au cœur des processus de recrutement » via des entretiens qui « permettent de mieux connaître les candidats, d’évaluer leurs motivations, leurs compétences et leur adéquation avec la philosophie de l’école » et aussi … de mesurer  la solvabilité du candidat et de ses géniteurs.  

Le coût de l’année varie entre 6 500 € et 24 000 €. Pour une année de droit et d’intelligence juridique à l’ELIJE, à Paris, Lyon, Toulouse ou Montpellier (oui, oui le droit ne s’apprend plus seulement à l’université), il faut compter entre 6 500 € et 9 000 €. En revanche chez Marangoni, entre les frais d’inscription et la scolarité, l’addition s’élève à  23 400 €, et encore pour huit mois (de début octobre à fin mai).

Dieu merci des bourses existent ; les plus courageux peuvent aussi se trouver des petits contrats via les réseaux des écoles et les juniors entreprises. Studi, l’offre en-ligne de Galileo  propose aussi « 150 formations – 100 % en ligne », dont certaines « 100 % financées pour les demandeurs d’emploi ».

Sinon, pour le pékin moyen : « Ce que l’avenir promet, la Poste l’apporte ». Cette dernière a en effet des « partenariats » avec ces écoles et propose des prêts personnalisés pouvant aller jusqu’à 50 000 €. Pour 10 000 € : 48 mensualités de 208,76 €. TAEG fixe de 0,10 %. Pour 50 000 €, faites le calcul. Une babiole bien sûr si, à la sortie, comme prévu, vous êtes embauché par la banque Rothschild.

Ni études de genre, ni sociologie éveillée

Pour le moment, (il ne faut jamais jurer de rien), Galileo n’a pas jeté son dévolu sur des formations à la théorie du genre et autres frivolités. On reste classique. Ce qui explique peut-être qu’en 2022-2023, si le nombre d’étudiants dans le supérieur a globalement diminué de 1,5 % , il a effectivement diminué de 3,1 % dans le public mais parallèlement augmenté de 3,3 % dans le privé ; et ce « marché » représente désormais 26,1% des effectifs du supérieur.

Pour les complotistes, qui verraient malice dans tous ces « mouvements de fonds », lire Les imposteurs, excellent thriller de John Grisham, paru en 2017. Ils ne seront pas rassurés.

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François Chaplin: un pianiste qui dialogue

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Capture d'écran YouTube D.R. https://www.youtube.com/watch?v=03UiYLi7akQ

Causeur vous propose de visionner cet entretien, enregistré dans le studio de Fréquence Protestante (100.7 FM Paris).


Dans « Bilger les soumet à la question », j’ai eu le grand bonheur de pouvoir m’entretenir avec le très grand pianiste François Chaplin, excellant en particulier dans Chopin, Fauré et Debussy. Depuis longtemps, je rêvais de dialoguer avec un interprète reconnu et invité
partout. Il m’a offert le plaisir rare, par ses réponses fines, sensibles et intelligentes, de me permettre de mieux comprendre les secrets de la musique, comment on l’étudie, comment on s’exerce, dans quelles dispositions on se trouve face à un public qui attend le meilleur de vous. J’ai été frappé par le fait qu’un artiste de cette trempe est en quelque sorte imprégné par les œuvres qu’il joue et le génie qui les a inspirées et composées. C’est sans doute grâce à cela qu’il n’est pas un interprète de très haut niveau – et François Chaplin l’est indiscutablement – qui n’enrichisse pas celui qui l’écoute, par le piano ou la pensée et la parole. Quand on rencontre un maître dans une discipline, dans un art, on a toujours peur : et s’il nous décevait ?
François Chaplin m’a enthousiasmé.

A lire aussi: L’opéra, un art trop « élitiste » pour Le Monde

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EELV non, l’écologie oui

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Jean-Marc Governatori, Place Massena, Nice 12/06/2020 SYSPEO/SIPA 00966972_000006

L’écologie est une affaire trop sérieuse pour l’abandonner à des idéologues comme Sandrine Rousseau ou Marine Tondelier. Jean-Marc Governatori, Coprésident d’Écologie au centre et élu écologiste niçois, développe une écologie raisonnable, rationnelle, respectueuse des valeurs de la République (dont l’état de droit), compatible avec le capitalisme et conciliable avec les besoins de l’industrie française. Tribune libre.


Les 2500 scientifiques du GIEC expliquent que la situation est grave. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres affirme que les deux sujets brûlants sont, d’une part, la survie de l’espèce humaine et, d’autre part, l’habitabilité de la planète. Dans cet inquiétant tableau, je rajouterai qu’il y a des problèmes tout autant angoissants : la raréfaction des matières premières, qui immanquablement fera augmenter les prix et, par conséquent, impactera le pouvoir d’achat des entreprises et des ménages. Il y a aussi la chute de la biodiversité, l’acidification des océans, la réduction de la fertilité des terres… Bref, il y a du pain sur la planche, bio de préférence.

L ‘écologie de gauche est un fléau

C’est pourquoi l’écologie de gauche en France, qui est devenue, avec la Nupes, l’écologie de l’extrême gauche, comme les éco-violences, sont à bannir. Pourquoi ?

Dans un cadre où il faut que chacun ait envie de s’impliquer, il faut susciter le maximum d’adhésion. Cela est incompatible avec les déclarations de Sandrine Rousseau :

« La valeur travail, pardon, mais c’est quand même une valeur de droite ». 

« Je vis avec un homme déconstruit et je suis super heureuse ».

« L’écologie c’est pas des hommes blancs à vélo dans les villes ».

Avec cette égérie de EELV, naître homme est une faute !

Premièrement il faut cesser de sectariser l’écologie et de dire, comme le fait la secrétaire nationale Marien Tondelier, que l’écologie appartient à la gauche ou qu’il faut éliminer les milliardaires ! L’écologie appartient à tout le monde : les riches, les pauvres, les classes moyennes, les Noirs, les Blancs, les croyants et les athées…

L’écologie intelligente au pouvoir

Quand on connaît l’impact du politique sur la vie de chacun d’entre nous, on comprend aisément qu’il est vital que l’écologie prenne le pouvoir. J’ai démontré dans mes ouvrages qu’au même titre que le libéralisme, le socialisme ou le communisme, l’écologie est un projet de société complet. C’est un courant de pensée qui a deux pieds particuliers : le respect et la responsabilité. Respect des engagements, respect des différences, respect des minorités, respect de l’animal, respect du végétal. Responsabilité, parce qu’il faut avoir le courage de dire que chacun de nous est coresponsable de ce qui se passe, dans sa façon d’éduquer ses enfants, ou ne pas les éduquer d’ailleurs, dans sa façon de consommer, dans sa façon de travailler. Et bien sûr dans sa façon de voter.

Respecter notre république : la mort de Nahel, est-ce une question écologique ?

Lorsque la NUPES, EELV et LFI condamnent la police chaque fois qu’un drame arrive, c’est souvent oublier le fait générateur. Le cas de Nahel est intéressant. Bien sûr, sa mort est évidemment disproportionnée par rapport aux fautes qu’il a commises, mais la réaction de ces politiques, de dire tout de suite que c’est la faute à la police et de déresponsabiliser totalement ce délinquant routier, c’est produire de futurs Nahel.

A lire aussi: Verts et pas mûrs

En effet, ce jeune individu, qui n’est ni un enfant ni un ange, malgré une première sanction éducative lorsqu’il a fait un premier refus d’obtempérer, non seulement il recommence à conduire sans permis et, par conséquent, à être un danger pour les autres, mais en plus, au lieu de choisir une voiture discrète, il choisit une Mercedes, donc puissante, jaune ; il roule sur une allée de bus, à haute allure et s’engage une course-poursuite de 22 minutes avec des motards de la police nationale.

Les vidéos de la municipalité montrent que cette course-poursuite a représenté un danger pour les cyclistes et les passants et il est évident que le stress du policier était à son comble quand, enfin, il a pu intercepter Nahel. Les images semblent montrer que le policier est fautif mais seul le tribunal pourra se prononcer.

L’écologie est rentable

Concernant la facette environnementale de l’écologie, j’ai démontré aussi dans mes ouvrages que l’environnement est lié à la santé. C’est facile à comprendre. C’est lié au plein-emploi, et c’est bien sûr lié aussi à l’implication des citoyens.

Nous avons vu les enjeux en début de texte et oui, il faut non seulement impliquer les citoyens, mais aussi impliquer les entreprises.

Et là encore, la NUPES et EELV condamnent les entreprises bien gérées lorsqu’elles font de gros bénéfices. C’est une catastrophe de leur point de vue. Ces dangereux écologistes ignorent la participation et l’intéressement liés à ces bénéfices, qui vont profiter à chacun des employés de l’entreprise concernée.

On peut tout à fait être une entreprise profitable et une entreprise verte. C’est pourquoi une action écologique réussie va très bien de pair avec l’économie de marché et va très bien de pair avec le profit, car cela motivera les entreprises.

C’est non seulement bon pour leur image, et évidemment elles en ont conscience, mais il est clair que les dirigeants de ces entreprises se rendent compte du rôle qu’ils ont à jouer, de l’impact qu’a l’activité humaine sur, par exemple, l’approvisionnement en matières premières. Par conséquent, si la puissance publique fait le job, les entreprises feront leur part, fortes de leurs employés et leurs clients . Le télétravail, la promotion des transports propres, le covoiturage, l’économie de produits… vont dans le sens de la profitabilité de l’entreprise.

A lire aussi: L’arnaque écolo

Quant à notre fameuse transition écologique, il faut évidemment la faire à prélèvements obligatoires constants. Non seulement notre pays est déjà sur le podium mondial pour la masse des impôts et taxes qu’il prélève, mais les entreprises ont aussi besoin de stabilité fiscale. Les diminuer, ce n’est pas possible, vu la situation de nos finances, mais les accroître, c’est hors de question.

L’écologie, c’est aussi la santé

On peut trouver un joli vivier de finances dans l’éducation à la santé. Pas de transition écologique sans politique de santé : les différents ministres de la Santé et nos députés réfléchissent toujours sur le prix optimal du médicament, sur ce qui est remboursable et ce qui ne l’est pas, sur le nombre de médecins et leur répartition « pour éviter des déserts médicaux », sur le financement de l’hôpital public, sur le revenu des médecins… Bref, ils veulent plus de soignants. Ils se trompent : il faut moins de malades. Une politique de santé c’est une information massive et permanente pour tous les âges sur la qualité et la quantité du bol alimentaire, sur le 0 cigarette et le 0 drogue, le minimum d’alcool, une activité physique quotidienne, une activité intellectuelle quotidienne, une activité sociale régulière, un sommeil paisible, une vie avec moins de stress, des séjours dans des lieux où il y a plus d’arbres que de voitures et, évidemment, une société avec moins de pollution. Voilà une politique de santé bien plus efficace qu’une politique de la maladie qui coûte près de 300 milliards d’euros par an.

Faire la transition écologique sans détruire l’industrie française

Éviter les contraintes malfaisantes sera de bon aloi : le cas de la voiture électrique est intéressant. Face à la problématique de l’utilisation d’énergies fossiles dans les transports, des politiques – dont EELV – décident qu’on ne fabriquera plus de véhicules thermiques dès 2035. Or, c’est la Chine et la Corée qui produisent 80 % des batteries dans le monde. On a programmé l’extinction d’une activité et l’arrivée d’une nouvelle au moment où elle est quasiment monopolisée par la Chine ! Et les administrations publiques subventionnent le passage au véhicule électrique. On programme donc une situation d’effondrement de notre industrie, d’augmentation massive des importations, en utilisant de l’argent public !

Il est beaucoup plus raisonnable écologiquement et économiquement de rendre nos moteurs thermiques compatibles aux agro-carburants (quelques centaines d’euros par moteur).

Les solutions viendront des transports collectifs, du covoiturage, du vélo, des agro-carburants de troisième génération (produits depuis des algues et déchets verts) et de la réduction drastique du poids des voitures et de leur électronique.

Bref, l’écologie est la solution, EELV est le problème.

Jean-Marc Governatori est Coprésident d’Écologie au centre et élu écologiste à Nice.

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Assimilation, retour de bâton

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La commune de Mécheria dans le nord-ouest algérien, années 1950. © Bridgeman.

La France n’a jamais assimilé les populations indigènes de ses colonies. Quand elle a voulu les « intégrer », il était trop tard. Et l’invention du « vivre-ensemble » a été un acte de capitulation. Aujourd’hui, si nos casseurs sont assimilés à une identité, c’est à celle de leur diaspora.


Assimiler ou pas ? Transformer les Nord-Africains et les Subsahariens en citoyens français, soumis aux lois et aux coutumes françaises, ou bien préserver leur identité ? Franciser ou bien respecter les différences ? Ces questions se sont posées à la France il y a cent vingt ans, du temps de la colonisation. Et à l’époque elles ont reçu une réponse claire et sans appel : non à l’assimilation. Mais, quarante ans d’immigration irraisonnée ont remis sur la table une question que nos aïeux croyaient avoir réglée définitivement. Tel est le sort des nations qui refusent d’écouter les leçons de l’histoire.

Quand la France est partie à l’assaut de l’Afrique, du monde arabe et de l’Indochine, elle n’avait aucune idée de ce qui l’attendait sur place. Elle ne savait pas non plus ce qu’elle allait faire de ses futures colonies : comment les gouverner, avec quelles élites (locales ou importées depuis la métropole), avec quel objectif de développement, pendant combien de temps ? La colonisation française est une idée tordue aux hypothèses hasardeuses et aux méthodes bricolées. Largués sans réelles instructions ni doctrines, les militaires et les civils qui ont conquis les colonies ont dû inventer un « plan » pour gérer l’immense empire que la France a englouti entre 1880 et 1900 : soit une dizaine de millions de kilomètres carrés et une cinquantaine de millions d’habitants.

Trois visions se sont affrontées, par journaux et lobbies interposés. La première appelait à la préservation des civilisations « découvertes » par la France. Des grandes âmes comme Napoléon III en Algérie, Lyautey au Maroc ou Auguste Pavie en Indochine ont appelé au respect des différences. Ces illustres figures admiraient sincèrement les civilisations indigènes et ne voyaient pas pourquoi il aurait fallu les assimiler, c’est-à-dire les effacer pour en faire des clones de la civilisation française. La seconde tendance a essayé d’assimiler les indigènes, notamment en les convertissant au catholicisme, voire au protestantisme. Après tout, qu’est-ce que l’assimilation sinon une conversion à un nouveau récit des origines (Jésus et Marie au lieu de Mahomet ou Bouddha) ? Une des grandes figures de ce mouvement fut le cardinal de Lavigerie, archevêque d’Alger dans la deuxième moitié du xixe siècle. Il voulait convertir les Algériens au catholicisme. Enfin, parmi les colons, s’est très vite développé le souhait de se séparer des indigènes en les « enfermant » dans leur « retard » et en prenant le soin de ne surtout pas en faire les égaux des Français. La motivation coule de source : « À nous les terres, à nous les postes dans l’administration, hors de question de partager le gâteau avec les peuples que l’on vient de soumettre. » À court de financements et d’effectifs, l’administration coloniale s’est alignée sur le lobby des colons.

l’échec de l’assimilation, de l’intégration et du vivre-ensemble est une excellente nouvelle pour le secteur du BTP. Ronds-points à refaire, médiathèques à reconstruire, etc.

Les choses auraient pu changer au lendemain de la Première Guerre mondiale. La participation de milliers d’indigènes aux combats aux côtés de la France, leur héroïsme et abnégation ont fait bouger quelques lignes. Des élites locales osent dès 1918 exiger une égalité des chances avec les colons, matérialisée par l’accès au système éducatif et aux opportunités d’emploi dans l’administration. Refus de l’administration qui se limite, ici et là, à créer des brèches dans le système d’« apartheid ». Ainsi, au Vietnam, on ouvre l’accès aux lycées aux enfants de la bourgeoisie indigène. À Dakar, on fonde une école de médecine destinée aux Noirs. Mais le mot d’ordre demeure la séparation. Au Maroc, par exemple, les élèves musulmans ne peuvent pas accéder au système éducatif français, ils sont confinés à la préparation du certificat d’études musulmanes, une sorte de brevet au rabais. En Algérie, la Troisième République envoie de l’argent pour scolariser les musulmans, les conseils municipaux aux mains des pieds-noirs ne l’utilisent pas ou ne le reversent qu’en partie à la construction de salles de classe.

Avec les anciennes colonies, un lien resté permanent

Après la Seconde Guerre mondiale, on change de braquet. Saisie par une sorte de culpabilité mêlée à la reconnaissance pour le sacrifice des soldats coloniaux, la France met le paquet sur le social : écoles, universités, hôpitaux, eau potable, etc. Mais l’argent manque et très vite plusieurs mouvements indépendantistes essaient de dissuader les indigènes d’envoyer leurs enfants à l’école française. En Algérie, certains milieux pieds-noirs innovent et forgent la notion de vivre-ensemble, un concept vendu aux Algériens musulmans comme la panacée de la colonisation. L’idée est d’instaurer l’égalité en droits et en devoirs entre les différentes communautés, selon une approche graduelle. Ainsi, l’OAS et de nombreux officiers français promettent aux musulmans de devenir à terme des Français aussi légitimes que les Bretons ou les Alsaciens. De Gaulle a dit non, les Français aussi par référendum, et le FLN a enfoncé le clou.

La colonisation terminée, l’immigration a pris le relais. Le lien avec les colonies, surtout celles du Maghreb, n’a pas été rompu. Et dès les années 1970, la hausse des flux a reposé la question de l’assimilation. Sauf que cette fois, la République s’est mise en tête qu’elle pouvait fabriquer des Français à partir de Marocains ou d’Algériens en une génération, voire deux grâce à l’école et au travail. Les émeutes dans les banlieues, survenues dès la fin des années 1970, ont semé le doute sur la validité de ce théorème. L’on s’est rabattu alors sur l’intégration, moins ambitieuse mais surtout plus difficile à définir, car si assimiler veut dire franciser, intégrer va de la simple participation à la vie économique jusqu’à l’acculturation.

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Mais, de faits divers sanglants en « intifadas » à base de mortiers d’artifice, on a fini par se replier sur la notion de vivre-ensemble, inventée par les partisans de l’Algérie française… Le vivre-ensemble est, dans la bouche de nos dirigeants, une capitulation de plus : il s’agit de supplier les immigrés de bien vouloir tolérer les Français de souche. Et l’État et ses bras armés dans la presse subventionnée, les ONG et la communauté artistique se chargent de tenir le Français de souche en laisse : « pas d’amalgame », « pas de stigmatisation », « halte à l’extrême droite ».

Malheureusement pour ce système, les égouts débordent de temps en temps, comme à Nanterre récemment. Des milliers de jeunes ont crié à qui voulait bien les entendre leur rejet total de la France et du vivre-ensemble. Ces casseurs « identitaires » ont au moins le mérite de la sincérité : ils crient, ils taguent, ils crachent leur haine de la France. Ils sont assimilés à une diaspora qui subvient à leurs besoins identitaires.

Message reçu 0/5 par nos élites autistes et incompétentes. Elles préféreront sans doute miser sur une énième remise à jour de la politique de la ville. Cela dit, l’échec de l’assimilation, de l’intégration et du vivre-ensemble est une excellente nouvelle pour le secteur du BTP.  Ronds-points à refaire, médiathèques à reconstruire, etc. Les actions de Bouygues et de Vinci ont probablement plus la cote que les portraits de Marianne !

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Tonio Kröger: la profession de foi de Thomas Mann

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DANEMARK : Iles Féroé - Tjornuvik ATLAS PHOTOGRAPHY/SIPA 00446983_000104

Si pour certains auteurs, le désœuvrement constitue une forme de révolte contre le culte de l’utile dans la société ou une façon de se libérer de l’anxiété d’exister, pour Thomas Mann, c’est une véritable ascèse que le poète doit suivre afin de se transformer en un artiste authentique.


Les romans de Thomas Mann sont très marqués par le thème du désœuvrement. En fait, il y a chez lui toute une évolution, qui va globalement des prémisses, Tonio Kröger, en 1903, jusqu’au Docteur Faustus, en 1947, en passant évidemment par La Mort à Venise, en 1912, et le très célèbre huis clos de La Montagne magique, en 1924. À chaque fois, l’action se situe comme hors du temps, et le plus possible à l’abri des contingences. Les personnages principaux y sont toujours singuliers, différents des autres êtres humains. En règle générale, nous avons affaire à des artistes qui se complaisent dans une solitude fatale. À travers eux tous, Thomas Mann pose la question de la place de l’artiste dans la société. Qu’est-ce qui justifie, en quelque sorte, cette marginalité presque revendiquée, qui est aussi un pari sur l’existence ?

Un roman très autobiographique

Tonio Kröger est probablement le roman le plus autobiographique de Thomas Mann. Il commence à Lübeck, sa ville natale au bord de la mer Baltique. « L’école était finie », nous annonce Mann. Le jeune Tonio Kröger, élève médiocre et inadapté, attend son camarade de classe Hans, dont il est amoureux, pour faire une promenade. Hans est le contraire de Tonio, au moral et au physique. Alors que Hans est aimé de tous, Tonio apparaît comme replié sur lui-même, toujours triste et, nous dit Thomas Mann, « négligent, indocile, préoccupé de choses auxquelles personne ne pense ». C’est que Tonio veut devenir poète. Il a du reste déjà commencé à écrire dans un cahier.

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Le roman s’attache à de brèves périodes de la vie de Tonio Kröger. Nous le voyons, alors qu’il grandit et devient un homme, rester fidèle à son premier idéal. Il ne déviera pas de sa vocation, même lorsqu’il tombera amoureux de la blonde Ingeborg, parfaite antithèse de son désœuvrement. Tonio Kröger recherche l’éveil et Thomas Mann passe de longues pages à expliciter cette quête spirituelle. Il écrit ainsi, au moment d’un épisode de la vie de Tonio qui est un tournant : « Il se livra tout entier à la puissance qui lui apparaissait comme la plus élevée sur terre, au service de laquelle il se sentait appelé, qui lui promettait la grandeur et la réputation : la puissance de l’esprit et du verbe qui règne en souriant sur la vie inconsciente et muette ». Car Tonio Kröger est plus qu’un roman, c’est une profession de foi.

L’anti-travail du poète

Thomas Mann insiste beaucoup, dans Tonio Kröger, sur le type de travail auquel se livre son héros poète. Il s’agit plutôt, à vrai dire, d’un anti-travail, si l’on veut, qui se différencie par essence de l’activité professionnelle de la plupart des gens travaillant pour survivre. Il y a des phrases qui ne trompent pas : « Il ne travaillait pas comme quelqu’un qui travaille pour vivre, mais comme quelqu’un qui ne veut rien faire d’autre que travailler ». Formule éminemment paradoxale, qui fait bien comprendre la nature du labeur poétique, et donc, aussi, artistique. Plus loin, il précise : « La littérature n’est pas un métier, mais une malédiction, sachez-le ». Avec elle, selon Thomas Mann, on quitte la sphère de la normalité, et on entre dans une sorte de désœuvrement asocial. Le romancier décrit admirablement cette crise que traverse Tonio Kröger, jusqu’à ce « dégoût de la connaissance » qui le fait s’identifier au personnage d’Hamlet. Ce faisant, Mann annonce un peu l’avant-garde surréaliste, qui naîtra bientôt en France.

Aller vers la sagesse

La fin du roman narre une sorte de réconciliation de Tonio Kröger avec sa propre destinée. Il part voyager vers le Nord, au Danemark. C’est là qu’il trouvera un début de sérénité. Avant qu’il ne parte, son amie Lisaveta Ivanovna lui avait déclaré qu’au fond il n’était qu’« un bourgeois fourvoyé sur une fausse route ». Un « bourgeois », donc ; le texte allemand dit : « ein verrirter Bürger ». Au Danemark, il fera les comptes. Ce sera le temps du bilan positif, braqué vers l’avenir, dans la contemplation de ce Nord froid et austère qui l’a toujours fasciné, plus que le Sud peut-être. « Je plonge mes regards, dit-il, dans un monde à naître, un monde à l’état d’ébauche… »

Après avoir fait le vide, il faut reconstruire quelque chose, aller vers la sagesse et, peut-être, vers l’amour des autres. C’est ce que laisse entendre les dernières pages de Tonio Kröger, qui se termine sur une allusion à saint Paul. Conclusion ouverte, mais la partie n’est pas gagnée.

Thomas Mann, Tonio Kröger (Le Livre de Poche, collection « Biblio »), 6,90€.

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Blondes sans filtre

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Elisa Servier 07/06/2011 JEANNEAU MICHEL/SIPA 00620444_000001

Quand les jolies blondes donnaient aux comédies populaires françaises cette inimitable touche d’érotisme… Olivia Dutron, Élisa Servier et Catherine Alric furent nos « Marianne » de l’été…


Nous n’avons pas attendu l’arrivée de « Barbie » pour découvrir les vertus émancipatrices de la blonde faussement ingénue sur le divertissement populaire. La comédie française fut leur terrain d’expression favori durant les années 1970/1980. Nous les attendions fébrilement. Nous les chérissions. Leur seule présence était un coup de sirocco, une vague de chaleur qui faisait céder toutes les pudibonderies sans pour autant outrager les mères de famille installées devant leur poste de télé. Elles apportaient à un film parfois poussif à l’humour troupier, une touche de distinction poétique et d’érotisme partageur, celui des copains. Car, en France, on peut se montrer seins nus sur une plage varoise sans pervertir la bonne morale, tout en conservant sa dignité et en s’amusant de son physique avantageux. Ne croyez pas que ces blondes étaient moquées, au contraire, nous louions leur sens du ridicule et de l’exagération, elles acceptaient la nudité et le second degré.

Elles prenaient le risque de se déconsidérer aux yeux des réalisateurs imbéciles, trop barbants et imbus d’eux-mêmes, incapables de voir dans leur jeu délié une forme de grâce et d’abandon. Ces actrices-là avaient le courage de ne pas sombrer dans le faux et l’évanescent ce qui leur aurait certainement ouvert les portes d’un cinéma plus « sérieux » et « distingué ». Il en faut de la force psychologique pour résister aux sirènes du plombant et du larmoyant. L’appel du triste a fait tant de ravages dans les cours d’art dramatique. Ces blondes-là étaient des résistantes à leur manière, elles s’amusaient de leur plastique harmonieuse et parfois, comme un clin d’œil à leur public, elles laissaient filtrer une émotion que bien peu de tragédiennes étaient en mesure d’atteindre. Elles incarnaient ce qui fut longtemps notre marque de fabrique à l’étranger, notre esprit décorseté mâtiné d’un romantisme balnéaire, notre fierté nationale en somme. Ce paradoxe français que tant de nations nous enviaient jadis, qui faisait rimer marivaudage et libertinage, est aujourd’hui attaqué, méprisé, sali par un vent d’aigreur venu d’Amérique. Les blondes de ce cinéma léger et primesautier, à la limite du burlesque, ne posaient pas en victimes du système. Elles ne quémandaient pas l’aumône du public, elles ne cherchaient pas à décrocher une critique pour leur citoyenneté exacerbée. Elles acceptaient leur rôle ! Elles réussissaient même à montrer l’étendue de leur talent, notamment leur vis comica, avec comme seule tenue, un maillot de bain étique ou une cotonnade moulante.

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En ce temps-là, le tee-shirt mouillé accompagnait nos vacances. Pourquoi leur souvenir est-il resté si marquant ? Parce que leur beauté, leur diction, leur détachement, leur immense liberté sonnent comme un requiem dans une époque dogmatique qui ne sait plus rire de rien, qui prend tout au tragique et au compassionnel, qui ne s’offre même plus un espace de détente joyeuse. Alors, quand l’été arrive à son zénith, on pense à elles, on les encense. Elles s’appellent Olivia, Élisa ou Catherine. On se permet de les appeler par leur prénom, non par excès de familiarité, mais par tendresse. Elles ont modelé notre image de la française piquante et marrante, à la peau soyeuse et à la répartie fracassante, elles viennent de très loin, déjà Molière les avait croquées dans son théâtre.

Je me souviens d’une blonde douce et rieuse vue chez Max Pécas, alternant entre la frisure et la queue de cheval, en bikini ou en blouse blanche entrouverte, s’aventurant sur scène dans la farce boulevardière aux côtés de Jean Lefebvre ou de Michel Roux, et toujours perché dans les aigus. Très haut. Olivia Dutron est un mirage de la Côte d’Azur, une poupée aux yeux clairs, pétillante et affranchie, qui vient rompre la monotonie des vacances en famille. Une image d’Epinal qui serre le cœur quand il faudra retourner à l’école, en septembre. Dans les tons plus rocailleux, cette fois-ci chez Pascal Thomas, loin de Méditerranée, à l’intérieur des terres, dans la Drôme, je me souviens d’Élisa Servier et de sa moue insolente. Et puis, j’ai cette vision qui ne me quitte plus, celle de Catherine Alric, chez Philippe de Broca, pédalant sur un mini-vélo, en jupette de tennis blanche et capeline assortie, dans une résidence huppée, avec cette classe et cette décontraction que les César devraient honorer. Olivia, Élisa et Catherine me manquent, je les ai aimées à vingt ans. Je rêve de les voir encore tourner.

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L’opéra, un art trop « élitiste » pour Le Monde

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La facade de l'Opera Garnier va être entierement nettoyée pour preparer les JO de 2024 16/03/2023 01106594_000006

Selon des articles publiés dans le journal dit « de référence », l’opéra serait devenu un art réservé aux vieux, tout à fait déconnecté de la réalité du monde actuel. C’est une énième tentative d’enterrer la plus sublime manifestation de l’art lyrique. Ceux qui propagent cette idée ne comprennent pas que c’est l’éducation qui ne prépare pas les citoyens à l’appréciation de l’opéra, et aucune mise en scène contemporaine aussi branchée qu’absurde ne rémédiera à ce problème.


L’opéra, ce joyau de la culture occidentale, riche d’un patrimoine musical de plus de quatre siècles, n’a plus la cote. Trop élitiste, trop coûteux, trop vieux, trop réac, trop polluant, pas assez « diversifié », il accumule toutes les tares de ce vieux monde que certains aimeraient voir disparaître, comme Jacques Attali qui souhaitait qu’on ne reconstruise pas la flèche de Notre-Dame car elle représentait un passé révolu.

Le fait est que, comme beaucoup de secteurs, l’opéra subit de plein fouet la hausse des coûts énergétiques. Le 5 juillet, Le Monde publiait en outre une enquête évoquant le fait que les collectivités locales s’en dégageaient lentement mais sûrement. Il devient alors de bon ton d’annoncer — non sans une certaine joie mauvaise — sa fin prochaine. C’était encore le cas dans Le Monde le 8 juillet (« Le roi des arts en échec », chronique de Michel Guerrin). Après avoir constaté la « marginalisation accélérée de l’opéra et de la musique classique en raison du vieillissement du public », l’auteur se hasarde à donner un certain nombre de ces conseils à la mode que l’on entendait déjà il y a vingt ans et que les salles s’acharnent par ailleurs déjà à suivre.

L’opéra coûterait « trop cher », ne cesse-t-on de répéter. Il est vrai que c’est, en France, un art très subventionné. La question de la nécessité de l’augmentation du sponsoring et du mécénat dans ce domaine se pose. Mais personne ne semble s’inquiéter du coût du très subventionné spectacle de Rebecca Chaillon, « Carte noire nommée désir » à Avignon, vous savez, celui qui enfilait des bébés blancs sur une perche…

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Mais pour l’art lyrique, les collectivités publiques se font tirer l’oreille. Cet art n’intéresse pas les élus locaux, l’opéra n’est plus, comme autrefois, la vitrine culturelle de la ville. Et ses spectateurs ne sont plus de bons clients électoraux. Il est d’ailleurs de bon ton de les mépriser. Trop réacs, trop vieux, (peut-être « trop blancs » aussi ?), bref trop « cons » comme le disait déjà il y a vingt ans feu Gérard Mortier qui crachait volontiers au visage du public qui « s’extasie (bêtement) devant les ors de Garnier, ou les opéras de Puccini ».

Ceci dit, il est évident qu’il suffit d’aller dans une salle (surtout en province), pour constater que les têtes blanches sont bien nombreuses, ce qui ne manque pas d’inquiéter pour l’avenir.

Et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer de « faire venir les jeunes ». La rengaine est ancienne. Nous l’entendions déjà à l’époque de la construction de cet Opéra Bastille qui se voulait « moderne et populaire » (cf mon essai, La naissance de l’Opéra Bastille: Histoire de la construction d’un opéra qui se voulait moderne et populaire (1981-1990), Le Voyageur lyrique, 2016).

L’article du Monde conseille d’« offrir un programme stimulant pour un public élargi ». Mais c’est (malheureusement) déjà ce que les salles s’efforcent de faire ! Il semble d’ailleurs que ce soit la condition requise pour l’obtention de subventions. Elles n’ont de cesse de chercher à moderniser leur image, à grands renforts de wokisme ou de programmation de « musiques du monde », le tout enveloppé d’un beau blabla inclusif et « progressiste »… La partie purement lyrique étant réduite à peau de chagrin, certaines salles n’auront bientôt plus d’opéra que le nom.

Pour Le Monde, l’opéra devrait être « plus en phase avec la société actuelle ». Que peut-on faire de plus que de mettre du « krump » sur Les Indes Galantes, réaliser une vidéo d’Otello dans une banlieue (avec ajout de basses) ou faire passer une échographie à la Marguerite de Faust ?

« L’opéra doit devenir un lieu de vie afin de « banaliser » une musique qui intimide » ajoute l’article… Qu’est-ce qu’un lieu de vie ? Une cuisine ? Ils accumulent déjà, les « portes ouvertes », les visites des coulisses, etc. Sans oublier le metteur en scène à la mode, Warlikowski, qui met un point d’honneur à montrer « la permanence de l’intimité au sein du drame », à grand renfort de bidets et autres urinoirs.

La grande mode est également aux « opéras participatifs » et à l’intégration du public au « processus créatif ». Croit-on vraiment que l’on va donner envie aux gens d’aller à l’opéra car ils auront eu la possibilité de pousser la chansonnette depuis la salle ou d’apporter leurs bouteilles plastiques pour la réalisation d’un décor écologique ?

Ce que l’opéra subit de plein choc, c’est surtout la grande déculturation. Et toutes les « portes ouvertes » ne pourront rien y faire.

L’opéra est un art de prestige, un art « élitiste ». Ce gros mot ne veut pas dire qu’il est uniquement « destiné aux riches », mais qu’il demande pour être apprécié un minimum d’attention, de concentration, de niveau culturel, en plus d’une certaine sensibilité.

Cette musique « intimide » aussi car invisibilisée; absente des principaux médias, elle est devenue totalement étrangère à l’univers culturel des nouvelles générations. Où sont les opéras pour enfants que Menotti composait pour la télévision américaine ? Où sont les concerts pédagogiques de Bernstein ? Les programmes de la BBC ? Et surtout, où est l’école française ?

Les salles auront beau multiplier les projets à destination des écoles, les enseignants, fruits eux-mêmes de la grande déculturation et sous influence bourdieusienne, ne suivent pas.

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L’école, autrefois garante de l’égalité, a volontairement baissé les bras, d’autant plus que, fléchissant sous les coups du relativisme, la musique savante y a totalement perdu le prestige qui autrefois l’auréolait.

Le seul moyen de redonner à la jeunesse le goût de l’opéra et de la musique classique serait pourtant une véritable éducation musicale dans tous les établissements scolaires. Il faut leur apprendre le langage musical, comme on leur apprend à lire, mais aussi réhabiliter à leur oreille la richesse d’un chant lyrique qui les dérange. Bref, il faudrait choisir de leur offrir ce qu’ils ne connaissent pas, et non ce qu’ils entendent à longueur de journée. Le goût se forme par ce que l’on donne à voir et à entendre.

Une dernière chose encore, essentielle en ce qui concerne l’opéra actuel : puisqu’il s’agit de baisser les coûts de production, pourquoi ne pas commencer par cesser de financer des metteurs en scène aussi incompétents qu’égocentriques ?

Quoi de plus contraire à cette volonté « d’ouverture » que ce Regietheater qui déverse ses inepties sur nos malheureuses scènes lyriques depuis trop longtemps et qui n’intéresse que quelques spécialistes blasés en quête de nouvelles « propositions ». Tandis que beaucoup de mélomanes se réfugient dans les versions concert ou dans leurs canapés, les néophytes eux, sortent souvent dégoutés et ne reviennent jamais.

Le pire étant que cette prétendue « modernité » (qui ne l’est plus guère d’ailleurs), serait, dit-on, non pas destinée aux vieux ringards récalcitrants, mais aux jeunes… Ces mêmes jeunes qui ont plébiscité Avatar ou le Seigneur des Anneaux ? Ils ont peut-être plus besoin de rêver que de voir Lady Macbeth subir un examen gynécologique ou Salomé se faire violer en série… Et accessoirement, ils ont aussi besoin de comprendre ce qui se passe sur scène… L’opéra est un art riche, complexe, qui doit émerveiller et peut faire vivre de grandes et belles émotions à condition qu’on donne envie d’aller vers lui… ce n’est pas à lui de se rabaisser vers une société, qui elle, n’a rien de bien séduisant.

Références :

Othello de Abd Al Malik sur la « 3e scène » de l’Opéra de Paris.

Macbeth de Verdi, Festival de Salzbourg, K. Warlikowski. Salomé à l’Opéra de Paris, mise en scène Lydia Steier.

Les Folies Gruss à Béziers : Travail, Famille, Patrie – et alors ?

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D.R

Notre chroniqueur fut jadis un homme de cheval, et tout ce qui tient à l’art équestre ne lui est jamais indifférent. En vacances dans l’Hérault, il a passé une soirée avec la troupe d’Alexis Gruss, sixième génération d’un spectacle mêlant arts du cirque et maîtrise de la « plus noble conquête de l’homme ». Il en est visiblement revenu émerveillé.


Avant que les écolos, les antispécistes et autres défenseurs des rats parisiens et des moustiques argentins ne l’emportent et fassent interdire à jamais les zoos et les cirques, venez en foule et en famille voir ce que les Gruss — présents sur scène jusqu’à la sixième génération d’artistes à cheval — proposent à trois kilomètres de Béziers. Et vous en reviendrez enchantés.

Enchantés et surpris. Que dans la France de 2023, qui est devenue ce que nous savons, la valeur Travail soit à ce point exaltée mérite notre total soutien.
Le Travail, et la Grâce. J’ai eu des chevaux moi-même, je sais combien cet animal est rétif, craintif et fantasque. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Glenn Ford, qui fait la leçon à Jack Lemon dans un monologue fameux de Cowboy, en 1958. Et je ne peux qu’admirer ce que les Gruss en obtiennent.

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Pas par la force, comme dans la Haute école espagnole. Tous les dimanches matin, gratuitement, la famille Gruss vous invite à venir voir le travail de répétition qui amène ces bêtes parfois monstrueuses à obéir à des hommes qu’elles pourraient pulvériser d’un coup de sabot. Et tous les soirs, à partir de 19 heures, le spectacle se met en place, avant de commencer vraiment à 21h30, quand la nuit permet à la lumière de l’illuminer de ses fastes.

C’est la deuxième année que j’assiste à ce spectacle, qui se renouvelle chaque année. Et cette fois encore, Alexis Gruss (79 ans aux fraises) et ses enfants ont renouvelé leur spectacle : l’excellence réelle ne s’endort jamais sur ses lauriers.

D.R

Il y a les numéros que vous attendez de tout cirque qui se respecte : force, souplesse et goût du risque maîtrisé. Les démonstrations équines que vous imaginez, avec des chevaux andalous ou arabes qui vous chiqueraient si vous les laissiez faire. Les contrastes obligés entre la grâce exquise d’une écuyère osant la poste hongroise (eh non, crétins, ce n’est pas une position du kamasutra !) et des bourrins de 800 kilos pièce.

Ajoutons, pour être tout à fait exact, que les fils Gruss, Charles et Alexandre, exhibent un physique de belles brutes brunes comme Sandrine Rousseau en rêve peut-être, sans le dire. Il flotte dans tout le spectacle une rumeur de barbecue, de virilité décomplexée et de démonstrations de force et de souplesse qui indique que les Gruss ne sont pas encore tombés dans le véganisme béat.

Mais le plus beau était à finir, sous le ciel impitoyablement étoilé.

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Le chanteur qui accompagne de ses rengaines les divers moments du spectacle a entonné le « Chant des Partisans ». Puis la chanteuse, Candice Parise, a repris la chanson qu’elle avait entonnée sur la Place de la Concorde le 14 juillet 2022, « France », pendant qu’Alexis Gruss et ses fils arrivaient, habillés d’un uniforme strict — et le patriarche resta droit comme un i sur sa formidable bestiole. Ils se livrèrent alors à un exercice complexe en agitant des drapeaux bleu-blanc-rouge sur lesquels était imprimée une croix de Lorraine. Si. Il n’y a que sur les terres de Robert Ménard que l’on a droit à ce genre de surprise.
Et le public a marché sans réticence, et s’est levé comme un seul homme pour saluer le vieux cavalier et ses convictions.

Il reste des lambeaux de France, çà et là. Et Les Folies Gruss (réservation ouverte jusqu’à la fin août) en apportent la démonstration chaque soir. C’est l’esprit de la Résistance, encore et toujours.

Quant à ceux qui seraient tentés de se moquer du Travail, de la Famille et de la Patrie — non, ce n’est pas seulement un slogan pétainiste ! — ou qui plaindraient ces énormes bestioles soumises à un labeur tout en dentelles, qu’ils aillent se faire empapaouter dans la banlieue de leur choix.

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Lettre à Barbara

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La chanteuse Barbara chez elle, Paris, 1/1/1968 DALMAS/SIPA 00821116_000001

Eloge de celle dont les chansons, loin d’être moroses, célèbrent les amours et les désamours; bref, la vie.


« Ne pas parler de poésie en écrasant des fleurs sauvages, pour voir jouer le transparence au fond d’une cour aux murs gris où l’aube n’a jamais sa chance ».

Je vais donc essayer, Madame Barbara, de parler de vous sans écraser des fleurs sauvages. Il est si difficile de m’adresser à vous, vous m’intimidez de là où vous êtes : « Au jardin du bon Dieu, ça n’a pas d’importance qu’on s’y couche amoureux ou tombé pour la France » chantiez-vous dans « A mourir pour mourir ».

Je me souviens bien du jour de votre mort, le 24 novembre 1997 ; à l’âge de 67 ans, vous n’aviez finalement pas été happée par l’âge tendre. Et moi, je me suis dit, en ce jour de novembre où il pleuvait des cordes, que votre absence allait me laisser un grand vide, mais comme vous étiez une sorte de prêtresse pour moi, il fallait que je reste digne : « Vous disiez, pas une larme, le jour où je n’y serai plus » (« Rémusat »).

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Pas une larme donc, mais j’ai essayé, à mon infime niveau, de perpétuer votre mémoire, telle une vestale, d’entretenir votre flamme.  En chantant « Une petite cantate » à ma petite fille, pour l’endormir. Et surtout, j’ai pour vous cette magnifique anecdote : j’avais fait découvrir « Göttingen », à un ami allemand, originaire de cette ville ; cela l’avait beaucoup ému et il avait fait écouter la chanson à ses amis. Quelque temps plus tard, je leur rendis visite, et sur le mur de leur cuisine, était écrit en gros : « Madame Barbara, les enfants de Göttingen vous remercient ».

« Je vous prie de faire silence », comme vous le chantiez dans « Perlimpinpin ».

Le pardon. Vous êtes une femme qui a pardonné, certainement pour vivre plus sereinement. Aux allemands, bien sûr, car vous étiez juive, dans ce chef-d’œuvre cité plus haut qu’est Göttingen, mais aussi dans « Mon enfance », de manière plus subtile, car, comme le titre l’indique, c’est avant tout une chanson sur l’enfance, sensuelle et déchirante, « car parmi tous les souvenirs ceux de l’enfance sont les pires, ceux de l’enfance nous déchirent ». Mais en creux, nous devinons que ce coin de campagne que vous décrivez, vous aviez dû vous y cacher pour échapper aux Allemands, et que malgré le chaos, vous y aviez été heureuse : « La guerre nous avait jetés là, et nous y avions été heureux je crois, au temps béni de notre enfance ».

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L’enfance, ce thème récurrent dans votre œuvre, qui nous fait comprendre que ce fut un grand chagrin pour vous de n’avoir pas donné la vie.

Enfin, vous avez réussi à mettre des mots sur le traumatisme originel, celui que vous a fait subir votre père. « Nantes », vous avez mis sept ans à l’écrire.  Cependant, point de ressentiment, ni de haine, mais une déclaration d’amour à ce père qui aurait pu vous détruire : « Depuis qu’il s’en était allé, longtemps je l’avais espéré, ce vagabond, ce disparu, voilà qu’il m’était revenu ».

Les hommes, vous auriez pu les détester. Mais non, bien au contraire, vous aviez confié à Denise Glaser (votre sosie) que c’était eux qui avaient permis à Monique Cerf de devenir Barbara. Vous les avez même croqués les mecs, car vous étiez liberté incarnée.

Vos chansons d’amour ne sont jamais larmoyantes, vous avez toujours le dessus, même dans « Quand reviendras-tu », tant pis s’il ne revient pas, car « vous n’êtes pas de celles qui meurent de chagrin, vous n’avez pas la vertu des femmes de marins ».

Les amours mortes ne sont pas pour vous ; même s’il faut cacher sa peine, il faut partir au plus beau, avant que l’amour ne meure, avant qu’il ne devienne un fardeau.

Vous ne cachez non plus pas votre goût pour les jeunes garçons, tout en étant toujours tragiquement lucide : « A peine sont-elles nées qu’elles sont déjà condamnées, les amours de la désespérance ».

Enfin, à tous ceux qui prétendent que les chansons de Barbara sont déprimantes, voire sinistres, je voudrais leur dire qu’ils se trompent, car elle a chanté la sensualité et l’émerveillement de la nature, la joie d’aimer et même de désaimer. La vie en somme. Dans toute sa beauté, ses drames, et sa complexité. 

Et moi, tout bêtement, je voudrais vous dire merci, Madame Barbara : merci d’avoir existé, de m’avoir accompagnée dans mon mal de vivre, et surtout, de m’avoir appris que la joie de vivre revient toujours.

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