Accueil Monde Dans le sud de la Hongrie, les populations s’organisent face à l’immigration clandestine

Dans le sud de la Hongrie, les populations s’organisent face à l’immigration clandestine

En partenariat avec la revue « Conflits »


Dans le sud de la Hongrie, les populations s’organisent face à l’immigration clandestine
Migrants à la frontière de la Hongrie. © Pierre-Yves Baillet

Les riverains de la frontière serbe se sentent pratiquement abandonnés par l’État central. Alors que le nombre de passages illégaux est en hausse depuis l’année dernière, les autorités hongroises n’allouent pas de moyens supplémentaires pour y faire face. Les habitants se plaignent d’avoir une police en sous-effectif et en manque d’équipements ainsi qu’un gouvernement qui refuse de dédommager les dégâts causés par les migrants tout en pointant du doigt les défaillances serbes. 


Dans le sud du pays, à la frontière serbe, les populations hongroises s’organisent pour lutter contre l’immigration clandestine. Plusieurs communes ont créé des associations locales de Gardes civils [Polgaror]. Ces auxiliaires viennent en soutien d’une police jugée, par des élus et la population, en sous-effectif et mal équipée. Composées de volontaires, ces unités se considèrent comme une force de sécurité communautaire et évoluent principalement dans les zones rurales et les petites communes. Leur mission est de patrouiller le long de la frontière près de leur localité, d’intercepter les migrants et de prévenir la police, seule habilité à les arrêter, à les interroger et à les transférer hors du pays, vers la Serbie. 

Le rôle des Polgaror

Les Polgaror ne sont pas des forces de police officielles et ne possèdent pas les mêmes droits, notamment dans l’utilisation de la force. Ils agissent sous la supervision et la coordination de la police et sont considérés comme des auxiliaires. En tant que bénévoles et issus d’associations locales, ces gardes civils ne reçoivent pas de salaire ou de soutien financier de l’État hongrois. Ils sont soutenus par des dons offerts par les mairies locales et les particuliers. À la fin de l’année 2022, le gouvernement a suspendu les opérations de l’armée hongroise sur la frontière serbe. Les forces armées ont été remplacées par une nouvelle unité de police spécialement créée pour lutter contre l’immigration clandestine, les « border hunters ». Leur principale mission consiste à détecter, appréhender et dissuader les passeurs et les migrants de franchir la frontière. 

À lire aussi : La relation entre la France et l’Italie reste dense et étroite

Selon le gouvernement, à la fin de l’année 2022, plus de mille cinq cents personnes avaient postulé pour rejoindre ce régiment. Aujourd’hui, son effectif s’élèverait à plusieurs milliers d’hommes et de femmes. Cependant, malgré la sympathie des populations locales envers les forces de police et la mobilisation de volontaires, les habitants considèrent qu’elles sont en sous-effectifs face aux dizaines de milliers de clandestins. Le chef de la police municipale de Szeged annonce avoir interpellé plus de 51 000 personnes depuis le début de l’année[1]. Des chiffres contestés par certains locaux, dont Tibor Papp, maraîcher près du village du Ruzsa : « Selon les agents en patrouille dont j’ai fait la connaissance, il s’agirait en réalité de trois ou quatre mille migrants qui passeraient chaque jour la frontière et la police en arrêterait en moyenne entre huit-cents et neuf-cents par jour. [2] » Au-delà des risques sécuritaires engendrés par la violente compétition que se livrent les différentes filières de passeurs, l’immigration clandestine bouleverse l’économie locale. 

Photo: PIERRE-YVES BAILLET

Une économie locale bouleversée

En effet, les passages d’un nombre important de migrants ont un impact non négligeable sur l’économie locale. Les cultures, vivrières ou arboricoles, sont piétinées par des migrants qui recherchent le chemin le plus direct pour rejoindre les passeurs qui doivent les emmener en Europe. Les personnes qui traversent illégalement la frontière trouvent leur nourriture et leur eau sur le chemin. Ils ramassent fruits et légumes dans les serres et les plantations, endommagent les systèmes d’irrigation pour pouvoir s’abreuver, surtout durant l’été en période de forte chaleur. 

Certains cultivateurs ont dû changer leur type de production pour protéger leur gagne-pain. Ils ont par exemple abandonné…

>>> Lire la fin du reportage sur le site de la revue Conflits<<<

[1] [2] Entretiens réalisés en juin 2023



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Maires EELV, les compagnons de l’aberration
Article suivant Universités américaines: la fin de la préférence raciale

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération