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La Bruyère et Emmanuel Macron

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Nous pouvons lire en Emmanuel Macron comme dans un livre ouvert – notamment grâce à l’œuvre laissée par le moraliste Jean de La Bruyère, écrite 300 ans plus tôt.


Pour bien connaître Emmanuel Macron, il faut absolument lire les auteurs du Grand Siècle. Personne n’a oublié la remarque du malicieux Jean d’Ormesson à celui qui venait de se mettre En Marche ! : « Vous savez à qui vous me faites penser quelquefois ? Vous savez, la chauve-souris de La Fontaine, la chauve-souris qui dit : « je suis oiseau : voyez mes ailes. Je suis souris : voyez mes pattes ». Vous avez des pattes et vous avez des ailes, et, est-ce que c’est conciliable ? Est-ce que votre position n’est pas quand même très difficile à tenir à la longue ? » Si la pipistrelle du fabuliste donne à voir notre présidentiel arlequin, à parcourir Les Caractères de La Bruyère, on en apprend aussi beaucoup sur Emmanuel Macron.

En 1688 paraît l’un des textes les plus fascinants du XVIIe siècle : Les Caractères. Dans la forme courte et fulgurante de la maxime ou dans les fragments, un peu plus longs, des réflexions et des portraits, La Bruyère pointe les « ridicules » des hommes de son époque tout en brossant un portrait intemporel de l’homme. En lisant l’œuvre du moraliste, on n’est par conséquent nullement étonné de songer souvent à Emmanuel Macron : « Oiseau paré de divers plumages qui ne sont pas à lui. » ; « Homme qui est de mise un quart d’heure de suite (…) »  (Les Caractères, Du mérite personnel, 40).

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La Bruyère dit qu’on confond l’éloquence avec : « La facilité que quelques-uns ont de parler seuls et longtemps, jointe à l’emportement du geste, à l’éclat de la voix, et à la force des poumons » et que les pédants « ne la distinguent pas de l’entassement des figures, de l’usage des grands mots, et de la rondeur des périodes. » (Les Caractères, Des ouvrages de l’esprit, 55) Impossible, alors, de ne pas se représenter Emmanuel Macron commémorant à tout-va, la lyre en bandoulière, envoûté par son propre verbe. S’il quitte la chasuble du célébrant, il se déguise en cambiste et le voilà au Salon de l’Agriculture : il sert aux paysans, qu’il s’agit d’entortiller, un autre de ses numéros déjà bien rodé grâce au Grand débat national : « La séance d’empapaoutage en bras de chemise », pour reprendre les mots d’Arthur de Watrigant.

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Emmanuel Macron au Salon de l’Agriculture ; c’est « le ministre ou le plénipotentiaire » des Caractères: « Un caméléon », « un Protée. » Il est « vif et grand parleur, pour faire parler les autres, pour empêcher qu’on ne lui parle (…) pour dire plusieurs choses indifférentes qui se modifient ou se détruisent les unes les autres. »  « Il sait parler en termes clairs et formels ; il sait encore mieux parler ambigument, d’une manière enveloppée, user de tours ou de mots équivoques (…) » Habile : « Tantôt il réunit quelques-uns qui étaient contraires les uns aux autres, et tantôt il divise quelques autres qui étaient unis. »  Il donne de la voix : « Si quelquefois il est lésé dans quelques chefs qui ont enfin été réglés, il crie haut ; si c’est le contraire, il crie plus haut (…) Il ne se lasse point, il fatigue les autres, et les pousse jusqu’au découragement. » (Les Caractères, Du Souverain ou de la république, 12).

Quant aux palinodies et autres volte-face du président, La Bruyère nous en donne aussi la clé : « Un homme inégal n’est pas un seul homme, ce sont plusieurs : il se multiplie autant de fois qu’il a de nouveaux goûts et de manières différentes ; il est à chaque moment ce qu’il n’était point, et il va être bientôt ce qu’il n’a jamais été ; il se succède à lui-même. Ne demandez pas de quelle complexion il est, mais quelles sont ses complexions ; ni de quelle humeur, mais combien il a de sortes d’humeurs. » (Les Caractères, De l’homme, 6).

« Il y a des êtres qui durent peu, parce qu’ils sont composés de choses très différentes et qui se nuisent réciproquement. » (Les Caractères, Des esprits forts, 40).

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Macron s’en va-t-en guerre, mironton mironton mirontaine

En proposant d’envoyer des troupes françaises soutenir les Ukrainiens sur le front, Emmanuel Macron a choqué ses partenaires internationaux, peu portés à l’engagement direct face à Poutine ; et il a fait ricaner les Français, qui ont bien vu que ces rodomontades, prétend notre chroniqueur, n’étaient qu’à usage intérieur, face à un RN supposé être «le parti de l’ennemi» .


La chanson remonte au XVIIIe siècle, quand John Churchill, premier duc de Marlborough, conduisait les troupes anglaises contre la France dans la Guerre de Succession d’Espagne. Allusion à la bataille de Malplaquet, que Marlborough remporta techniquement (et où il fut blessé, à cette époque les généraux étaient en tête de leurs troupes, pas planqués dans le bunker de l’Élysée) mais qu’il perdit militairement, ayant eu trois fois plus de morts que le Maréchal de Villars : et l’invasion projetée de la France s’arrêta là.
C’est, on s’en souvient, la mésaventure qui arriva à Pyrrhus, lorsque ce roi d’Epire attaqua la république romaine au IIIe siècle av. JC. Rabelais s’en inspira, pour inventer Picrochole, ce roi adversaire de Gargantua, qui se vantait de toutes les conquêtes qu’il n’avait pas encore faites.

Fanfaronnades

À ces conquérants de l’inutile s’ajoutent les « miles gloriosus » qui, à l’image du héros de la comédie homonyme de Plaute, en rajoutent sur leurs succès imaginaires. Voir le Capitan de la Commedia dell’arte, ou Matamore dans L’Illusion comique de Corneille. Sans oublier Rodomont, roi maure de grande prétention dans les épopées de Bollardo ou de l’Arioste, au milieu du XVIe siècle. Il a légué à la langue française le mot rodomontade, qu’il faudrait peut-être dépoussiérer pour l’appliquer à notre souverain bien-aimé.
Les vrais guerriers racontent rarement leurs exploits : ils savent que toute guerre est une abomination.

Mais ça, Macron l’ignore.
Ma tante unique et préférée (86 ans) me faisait remarquer hier qu’il reste bien peu de témoins de la Seconde Guerre mondiale. Ou même de la Guerre d’Algérie, ce qui permet aux indigènes de la République et au gouvernement algérien de proférer d’énormes mensonges sur les exactions de l’armée française, en oubliant les attentats sur les civils et les 250 000 harkis massacrés par les résistants de la onzième heure du FLN : voir sur le sujet Harkis, crime d’Etat (2002), de mon regretté ami Boussad Azni auquel j’avais un peu prêté ma plume. Vous y lirez les exploits des fellaghas contre des populations désarmées (c’est plus facile que contre des troupes entraînées, hein), exterminées dans des conditions dantesques.

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Mais bon, tout le monde sait que si l’Algérie est enlisée dans ses contradictions depuis l’indépendance et fait vivre sa population dans la misère pendant que les militaires s’enrichissent, c’est la faute de ces salauds de Français.
Non, plus personne pour se rappeler ce qu’est un bombardement, ce que sont des massacres. Ou simplement ce qu’est une économie de guerre. Les baby-boomers, tant décriés par les p’tits jeunes qui pleurent quand ils se cassent un ongle ou sont en panne de portable, sont les derniers à avoir eu le plaisir douteux de voir leurs pères partir à la guerre, embarquant sur des bateaux où l’on venait juste de hisser, dans des filets, des centaines de cercueils prévisionnels — choses vues par moi, à cinq ans, sur la gare maritime de Marseille.

Les autres dirigeants occidentaux ne sont pas pressés d’envoyer des jeunes gens au casse-pipe. Biden même, qui pourtant entretient en Ukraine une douzaine de bases de la CIA — et non, la guerre froide ne s’est pas achevée en 1989 ! — a promis qu’aucun de ses boys n’irait sur le terrain. Sénile, mais pas fou.

L’Ukraine et nos agriculteurs

Entendons-nous. Poutine n’est pas un garçon bien sympathique. Mais les dirigeants ukrainiens, qui se bouffent le foie entre eux en regrettant le nazisme, ne le sont guère plus. Nous avons cru bon d’infliger à la Russie des sanctions dont nous sommes les premières victimes (on applaudit très fort). Nous alimentons l’armée ukrainienne en matériels guerriers sans même regarder ce qu’en font les militaires, soupçonnés à diverses reprises de les revendre çà et là via leurs mafias locales. Nous arrosons le gouvernement ukrainien de liquidités, sans contrôler leur usage, alors que nous avons imposé aux Grecs une « troïka » pour gérer leurs dépenses à leur place pendant des années : est-il bien sûr que les milliards déversés sur l’Ukraine sont consacrés à l’effort de guerre ? Et quelle contrepartie en aura l’Europe, qui verse à fonds perdus — alors que les Américains se servent largement dans les ressources agricoles ukrainiennes…

Quand il n’enfourche pas son cheval à bascule, Macron comble le puits sans fond des finances ukrainiennes avec les maigres ressources de la France, au moment même où Bruno Le Maire, qui cherche par tous les moyens à limiter la dette du pays, rogne sur les crédits alloués à divers ministères : finies, les promesses d’augmentation des enseignants ! De toute façon, ces imbéciles ont largement voté Macron, ils n’avaient qu’à lire son programme. Evaporées, les augmentations des retraites les plus basses. Quant aux subventions promises aux agriculteurs — alors même que les Américains, chantres du libéralisme, soutiennent ardemment leurs exportations…
Et ces manants ont remarqué que si l’Ukraine entre dans l’UE, ils sont finis, agricolement parlant. Morts.
Mince alors, même les ploucs savent compter ?

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Virginie Despentes au Théâtre du Nord, la rébellion confortable

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Sa pièce programmée le mois prochain et intitulée « Woke » se jouera à guichets fermés.


Décidément, les Lillois férus de théâtre déconstructiviste et sociétal sont gâtés. Depuis que David Bobée, co-fondateur de l’association “Décoloniser les arts”, dirige le Théâtre national du Nord, ils ont pu jouir de spectacles plus affriolants les uns que les autres. Entre autres réjouissances : un Dom Juan déconstruit et « démythifié », une lecture de textes de et par Eddy Louis, un « choc esthétique dessinant un féminisme révolutionnaire » avec Virginie Despentes et Béatrice Dalle. Martine Aubry, maire de Lille, attendait beaucoup de David Bobée et de son « répertoire très ambitieux sur les enjeux sociétaux ». Gageons qu’elle n’a pas été déçue. Et que ce début d’année répond entièrement à ses vœux.

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Les subversives drag queens à toutes les sauces

Car, au Théâtre du Nord, 2024 débute en fanfare. Un samedi par mois, les parents et leurs enfants à partir de cinq ans sont conviés à venir écouter des Contes à paillettes dans lesquels « des sorcières rusées, des princesses aventurières, des grenouilles poilues et des princes pas si charmants questionnent le monde ».Les lectures de ces contes sont assurées par les drag queens du Collectif Paillettes. « Iel était une fois… des créatures à poil et à vapeur dans un monde tout en couleurs », annonce-t-on sur le site internet du théâtre. Petit cours de français à l’usage des crétins inclusifs : au contraire de ce que semblent croire ces derniers, le « il » de « il était une fois » est comme le « il » de « il pleut » : il ne fait référence à aucune personne de sexe masculin mais introduit ce qu’on appelle une proposition impersonnelle. Mais allez expliquer ça à Tata Foxie, un des drag queens composant la « joyeuse bande qui questionne notre époque » mais ignore sa grammaire. Tata Foxie s’était déjà fait remarquer lors d’une soirée organisée par Mediapart au cours de laquelle iel s’était plaint de l’hostilité des « gens de droite et d’extrême droite » à son encontre. Présent à ses côtés, le rappeur Médine l’avait alors soutenu en convoquant l’idée d’un combat intersectionnel d’un genre nouveau : « Ils comprennent qu’une convergence politique est en train de se mettre en place. » Peut-être Médine, par solidarité avec la cause LGBT, emmènera-t-il un jour prochain sa progéniture à un de ces spectacles où Tata Foxie et ses camarades dénoncent le méchant patriarcat et la masculinité toxique en lisant aux enfants Un tigre en tutu. Mais, je ne sais pas pourquoi, j’ai quand même un doute.

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Du 13 au 17 février, les Lillois ont pu entendre « l’amoureux des mots » JoeyStarr. Ce dernier a lu sur la scène de leur théâtre « les grands écrits de la pensée antiraciste », des textes d’Aimé Césaire, de Malcolm X et… d’Assa Traoré. À l’issue du spectacle, l’amoureux des mots s’est livré au journal La Croix : « Mes deux parents sont Martiniquais, toute cette histoire, toute cette culture, me porte à mort. C’est une continuité, je fais partie du tissu social de tout ce qu’on a livré ce soir. » De son côté, le metteur en scène David Bobée, inquiet, s’est interrogé : « Aujourd’hui, le racisme est à l’œuvre. Alors, comment on se comporte ? C’est une vraie question surtout avec la menace d’une arrivée du RN aux plus hautes sphères du pouvoir. » Aux dires des quelques critiques plus sensibles à l’art scénique qu’à la propagande, la prestation du rappeur a été nullissime, et la mise en scène de Bobée, affligeante. Pourtant, la salle n’a pas désempli et il est prévu que JoeyStarr aille brailler dans de nombreux théâtres et autres centres culturels à travers la France.

Hommes déconstruits, racisés et femmes à barbe

Pendant ce temps, du 12 au 16 mars, la première pièce de théâtre de Virginie Despentes sera jouée au Théâtre du Nord. Elle s’intitule… Woke. En plus de Mme Despentes, le déconstructeur en chef de l’hétéro-patriarco-colonialisme, l’inénarrable Paul B. Preciado, fera partie des comédiens. La présentation officielle, écrite en simili-français, donne vraiment envie… de rire : « Ils et elles ont décidé de créer sur scène leurs doubles fictionnels, en répétitions et en processus d’écriture de personnage, qui peu à peu prendront leur autonomie. Quatre écrivain.es autour d’une table, c’est un immense bordel mental et une source infinie de tensions et d’alliances. Leurs personnages sont fous amoureux, un peu paumées (sic), précaires, lesbiennes, trans, racisées (sic), disco techno punk vaudou, prolixes, hésitants, en colère et se posent cette question : que serait, aujourd’hui, la révolution dont iels rêvent ? » Il n’est pas difficile d’imaginer le profil du public friand de ce genre de « théâtre » conforme à l’idéologie wokiste – là où il y a une université accueillant des professeurs et des étudiants en sociologie, en études de genre ou en études postcoloniales, une antenne de Sciences Po et une École de journalisme, là se trouvent les principales brigades de la culture woke. Ajoutez-y un ou deux bataillons de petits-bourgeois socialo-macroniens rebellocrates toujours à l’affût d’un moyen de flatter les totalitarismes culturels du moment, et il arrive ce qu’il devait arriver : le spectacle de Despentes, à peine ouvert à la réservation, affiche déjà complet.

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Ce public trié sur le volet se précipitera sûrement à un autre spectacle qui se déroulera du 10 au 13 avril. Le titre est prometteur : “Rien n’a jamais empêché l’histoire de bifurquer”. Anne Conti, metteuse en scène, comédienne et… ex-députée suppléante LFI, lira un texte de… Virginie Despentes écrit à l’occasion d’un séminaire organisé par… Paul B. Preciado au Centre Pompidou. Ce texte est « un appel à ce que l’histoire bifurque, libérée des carcans du capitalisme, du colonialisme, du patriarcat, du racisme et de l’homophobie ». Si vous voulez entendre à quoi ressemble une bouillie verbale, un charabia nombriliste se prenant pour de la poésie anarchiste, je vous invite à vous rendre sur YouTube et à tapoter sur votre clavier : Virginie Despentes Lecture Pompidou. Il faut avoir le cœur bien accroché pour écouter la totalité de cette ânerie pseudo-révolutionnaire scandée par une Virginie Despentes sur orbite. Allez, pour vous dissuader quand même de vous infliger ce supplice, je vous offre un extrait représentatif de ce « manifeste magistral et puissant » qui se veut également un « appel urgent au déploiement de la douceur » :

« Le patriarcat est une narration et elle a fait son temps. Terminé de passer nos vies à quatre pattes sous les tables de vos festins à grignoter vos restes et sucer vos bites à l’aveugle, gratuitement, aimablement, en remerciant abondamment à chaque éjaculation, à nous dire que ça vous fait tellement plaisir de nous voir heureux. […] Je sais et je sens qu’il n’existe pas de séparation nette entre moi et le ministre pointeur raciste, entre moi et l’idiote ménopausée qui vient parler de la douceur des hommes, entre moi et la meute des tarés agressifs qui s’insurgent de ce qu’on oublie un peu vite l’importance de la testicule (sic) dans l’art, entre moi et les harceleurs de merde exigeant le silence de celles qui évoquent notre histoire coloniale commune, entre moi et les sous-doués utiles du IIIe Reich. Je suis aussi leur agonie fétide puisque rien ne me sépare de la merde qui m’entoure. »

Virginie Despentes

Cette porno-scatologie de bazar est faite pour épater l’étudiant analphabète et l’ex-trotskyste embourgeoisé. Quant aux critiques craignant de passer pour d’affreux réacs s’ils ne cirent pas les pompes de Virginie la rebelle, ils cirent, que voulez-vous, ils cirent.

La patronne

À propos de cirage de pompes, on se souviendra du Masque et la Plume génuflexible qui rendit compte de Cher connard, le dernier livre de Virginie Despentes. Jérôme Garcin n’hésita pas à comparer ce “roman épistolaire” à celui de Pierre Choderlos de Laclos. Élisabeth Philippe, critique à L’Obs, décréta que « la patronne » avait « saisi les mutations, les transformations de la société avec une vigueur et une intelligence qu’on trouve très peu ailleurs ». Frédéric Beigbeder mit ses pas dans ceux de Garcin et trouva que c’était « une très bonne idée d’avoir voulu réécrire Les Liaisons dangereuses ». Nelly Kapriélan, des Inrocks, fut tellement « bluffée » par ce livre « brillantissime », qu’elle se mit à baragouiner : « Tout tient sur la langue et le propos d’une intelligence foudroyante. »

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Gómez Dávila affirmait qu’un « lecteur expérimenté hume dès le premier adjectif le livre faisandé ». Consciencieux, Éric Naulleau lut à sa sortie le livre en entier mais, avant d’en faire une réjouissante et sarcastique recension dans Marianne, tint à rappeler deux choses essentielles. Premièrement, le fait que « cette rebelle en carton qui coche toutes les cases de la notabilité – ancienne jurée du prix Femina, du prix Goncourt, romancière dont un livre fut adapté pour une série sur Canal +, réalisatrice de films calamiteux soutenus par le CNC dont elle devint membre, etc. – est en vérité une rentière qui mange sa soupe à toutes les meilleures tables ». Deuxièmement, le texte émétique que cette islamo-gauchiste écrivit, immédiatement après l’attentat qui décima la rédaction de Charlie, pour déclarer son « amour » aux frères Kouachi dont le geste avait été, selon elle, « héroïque ». Éric Naulleau écharpa le livre de Despentes en saluant « l’habileté qui consiste à malaxer tous les thèmes du moment pour en faire une bouillie textuelle de grande consommation ». Bouillie que va pouvoir continuer d’éructer au Théâtre du Nord cette artiste subversive sachant profiter sans modération des généreuses institutions culturelles financées par la collectivité. En effet, Mme Despentes possède aujourd’hui le statut privilégié d’artiste associée au Théâtre du Nord – ce dernier bénéficie chaque année de 4 millions d’euros de subventions publiques.

David Bobée peut prolonger ce statut durant tout le temps de son mandat. Ainsi, les performances wokes vont pouvoir continuer de s’accaparer la scène du théâtre lillois tandis que le véritable art théâtral y disparaîtra à tout jamais.

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Salon de l’Agriculture: Marine Le Pen récolte ce qu’elle a semé

En France, qui veut gagner les élections se lève tôt pour labourer la campagne ! Nous avons suivi Marine Le Pen dans les allées du Salon de l’Agriculture. Le vote agricole fait l’objet de toutes ses attentions. Son parti estime que l’Union européenne a sacrifié les paysans français. Localisme, critique des normes et du libre-échange ou défense du glyphosate: le RN récolte ce qu’il a semé depuis longtemps. Habile politicienne occupant le devant de la scène politique depuis 20 ans, la cheffe des députés RN parvient à éteindre la polémique naissante sur les «prix planchers».


Il est un peu moins de 9 heures du matin, mercredi 28 février, et une trentaine de journalistes patientent déjà à l’une des entrées du pavillon 4. Le froid matinal est sûrement très bon pour le corps, mais le député de la Gironde Grégoire de Fournas observe que « ce serait bien qu’elle n’arrive pas trop tard, tout de même… ». La cheffe de la principale force d’opposition, Marine Le Pen, va bientôt recevoir un accueil bienveillant au Salon International de l’Agriculture (24 février-3 mars), porte de Versailles. Une maîtrise qui contraste avec la visite houleuse d’Emmanuel Macron, samedi. On aurait parié sur la présence de la patronne des députés RN le lendemain, mais priorité a été donnée à Jordan Bardella, la tête de liste aux Européennes.

Des passagers clandestins signalés Porte de Versailles !

Nombre de ténors sont présents devant les portes pour l’accueillir : Louis Aliot (le maire de la plus grosse ville aux mains de la droite nationale, Perpignan, et compagnon de Marine Le Pen entre 2009 et 2019), Sébastien Chenu (député du Nord, vice-président de l’Assemblée), Jean-Philippe Tanguy (député de la Somme, ancien bras droit de Nicolas Dupont-Aignan), ou Hélène Laporte (Lot-et-Garonne), notamment, ont répondu à l’appel. Ils s’affichent souriants et décontractés. Quelques minutes plus tard, leur patronne, Marine Le Pen, arrive à son tour, tout sourire également. « Ça va très bien se passer, comme pour Jordan dimanche et lundi, nous assure Grégoire de Fournas, nous bénéficions d’un accueil qui n’a rien à voir avec celui réservé à Emmanuel Macron. Le contraste est saisissant ! » Après avoir embrassé ses grognards de toujours, ceux de qui elle ne se séparera jamais, le petit voyage au Salon International de l’Agriculture de Marine Le Pen peut enfin commencer. Thomas Ménagé, député du Loiret, me confie: « On porte les revendications des agriculteurs depuis bien avant la crise agricole, on dit depuis longtemps qu’ils sont seuls contre vents et marées. »

Arrivée de Marine Le Pen. D.R

À l’arrière du cortège, persifleur, Jean-Philippe Tanguy dresse un premier constat. « Ce n’est effectivement pas très difficile de voir qu’on est mieux accueilli que Monsieur Macron… » Il charge le Premier ministre, Gabriel Attal, dont les propos tenus à l’encontre du RN ont ulcéré un parti persuadé d’être en train de parachever sa dédiabolisation[1] : « ils se sont effondrés moralement et idéologiquement. » Quelques heures plus tôt, le Premier ministre reprochait encore au RN et à Marine Le Pen d’être des « passagers clandestins » de la crise agricole, sur RTL. « Ils n’ont plus que des insultes pour faire croire que l’on a tort. Plus personne n’est dupe de cette surenchère grossière. »

Bien que l’affluence ne soit pas à son paroxysme ce mercredi matin, Marine Le Pen attire évidemment rapidement de nombreux badauds autour d’elle. Un jeune Savoyard brave la meute de journalistes qui entoure la députée, et lui demande un premier selfie. « Ça fera plaisir à Gabriel ! », plaisante-t-elle…

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« Laissez avancer ceux que je ne vois jamais ! » ordonne-t-elle ensuite en se retournant, avant d’attraper Louis Aliot par le bras pour le placer à ses côtés. Mais, alors que le stand de la FNSEA n’est plus qu’à quelques mètres, l’heure n’est plus à la plaisanterie… Avant de la recevoir, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, explique qu’il voit tout le monde, et confie à Causeur : « Ce qu’on veut, c’est porter une ambition pour l’agriculture, entendre ce que les différents partis politiques ont à nous dire, et on veut éviter de le faire dans cette ambiance de chaos que tout le monde a vue samedi. Ce salon est avant tout un endroit d’échange et d’accueil ! » Pendant 25 minutes, la patronne du groupe RN à l’Assemblée discutera avec lui en privé. Une discussion « très cordiale », selon un membre du staff du parti ayant pris part à la réunion. À présent, direction le pavillon 2.

Une erreur de jeunesse ?

A l’extérieur, Marine Le Pen tient à clarifier devant la presse les déclarations de Jordan Bardella. La tête de liste aux européennes, 28 ans, qualifiait lundi au micro de France Bleu le dispositif des prix planchers de « trappe à pauvreté ». Le dauphin de Marine Le Pen, qui peut reprocher à Emmanuel Macron de « dire tout et le contraire de tout », met son parti un peu dans l’embarras, car la mesure est défendue par le parti depuis 2012… Marine, qui en a vu d’autres, rectifie le tir : « J’ai relu les déclarations de Jordan Bardella, c’est exactement ce que nous proposons. C’est-à-dire un prix qui soit garanti. Mais l’objectif de cette intervention de l’Etat, c’est qu’il intervienne comme une garantie. Il y aura une discussion entre les différentes filières et les industriels, et s’ils n’arrivent pas à se mettre d’accord, l’Etat, à ce moment-là, est arbitre. » Alors que des jeunes entonnent un « Marine présidente ! », un confrère demande quel est « son message » pour les agriculteurs en colère : « Soutien, soutien, soutien ! Un des grands combats que nous menons est contre le Pacte vert européen, qui est une injustice profonde pour nos agriculteurs. » La presse est priée de croire que l’incompréhension sur les prix planchers des matières premières agricoles est un incident à mettre au passé, et que ceux qui font mine de ne toujours pas comprendre ne sont pas très honnêtes. « Si on met en place des prix planchers en laissant les accords de libre-échange, en baissant la production agricole, en multipliant les normes environnementales qui renchérissent les prix, alors on crée un avantage pour les importations et un appauvrissement généralisé des agriculteurs ! » clarifie la députée d’Hénin Beaumont.

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Arrivée dans le pavillon 2, Marine Le Pen s’arrête au stand de la marque bio « Pomme Juliet » et rappelle l’importance des élections européennes à qui veut bien l’écouter. « La meilleure solution c’est que dans trois ans vous soyez la présidente, et pis c’est tout ! », lance un de ses interlocuteurs. « Commençons par aller voter aux élections européennes, portons un certain nombre de sujets, car beaucoup de choses viennent de l’Europe », lui rétorque-t-elle.

Un parcours sans embûches

Ensuite, dégustation de Riesling, alors qu’autour d’elle se débat une horde de caméras et de micros. « Il faut reconnaitre que Marine semble proche des agriculteurs », observe un passant. Une autre visiteuse semble moins emballée : « C’est Marine Le Pen ? Eh bien, on ne va pas s’arrêter alors… » Plus loin, malgré la majorité de sourires et de soutien manifestés dans les allées, l’invective « Fasciste ! » retentit à quelques reprises.

D.R

Enfin, à 11h, c’est le pavillon 1.  Dans la grande allée ou toutes sortes de races de vaches attendent le passage du cortège du RN, Sébastien Chenu et Joshua Hochart, sénateur du Nord, ont pris un peu d’avance. Ils écoutent trois exposants. L’un d’eux s’amuse : « Donc, nous les agriculteurs, on est catalogué Front national maintenant !? » Sourire des deux hommes politiques. Juste avant la traditionnelle visite de l’enclos de l’égérie 2024, Charles, 16 ans, étudiant en bac pro agricole, a eu le privilège d’échanger avec Marine Le Pen. « Je voulais dire à Madame Le Pen que c’est nous les acteurs de demain, et qu’il faut vraiment qu’elle nous aide. C’est un métier qui apporte beaucoup à la France, c’est toute notre culture. » Visiblement satisfait de son entretien, il nous dit qu’il l’a trouvée à l’écoute.


A noter, vers la fin de notre visite, nous avons aperçu le LR Laurent Wauquiez, et son cortège plus restreint, lequel est passé à une dizaine de mètres de celui de Marine Le Pen… À chaque jour suffit sa peine, nous parlerons des ambitions de cet autre « présidentiable » une autre fois !


[1] Lors d’une passe d’armes à l’Assemblée visant nommément Marine Le Pen mardi, le Premier ministre a estimé qu’il y avait « lieu de se demander si les troupes de Vladimir Poutine [n’étaient] pas déjà dans notre pays »


Raël, le prophète des extraterrestres: une religion PME devenue multinationale prospère

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Netflix consacre une mini-série documentaire en 4 épisodes à Raël et sa mouvance sectaire excentrique


Longtemps mystérieux et insaisissable, Claude Vorilhon n’aura eu de cesse de défrayer la chronique toute sa vie durant. Ce picaresque aigrefin incarne mieux que quiconque la figure archétypique du gourou new age des années 1960 et 1970, sous son nom de scène de Raël, le messager des Elohims. Une bien menée série documentaire en quatre épisodes intitulée Raël, le prophète des extraterrestres diffusée par Netflix nous donne l’occasion de retrouver ce singulier personnage perdu de vue.

« J’arrive mes amis, j’ai quitté Causeur, j’arrive Skippy »

Dans les années 1980 et 1990, la France ne parlait que de ça : les sectes. Face sombre du mouvement hippie, les cultes et communautés se sont multipliées lors de l’après-Guerre, accompagnant la libération sexuelle et la remise en question des religions traditionnelles. Proposant la plupart du temps des spiritualités inspirées des gnoses occidentales, des religions du monde indien, ou encore des différents ésotéro-occultismes du XIXème siècle, faisant la part belle à des concepts tels que la réincarnation, le spiritisme, ou le développement de la pleine conscience, ces religions communautaires parfois dirigées par des chefs charismatiques communément nommés gourous ont aussi alimenté la colonne des faits divers avec de nombreux drames. Parmi les plus marquants, citons notamment l’attaque du métro de Tokyo au gaz sarin par la secte Aum Shinrikyo, les meurtres de la famille Manson, les suicides collectifs de l’Ordre du Temple Solaire, le massacre des Davidiens à Wako, ou bien sûr la fin tragique du Temple du Peuple du pasteur Jim Jones dans l’Etat du Guyana. Et encore ne sont-ce là que les exemples les plus célèbres, de nombreuses sectes étant passées sous les radars des actualités mondialisées. Quoique sulfureux, le mouvement raëlien n’a lui jamais été sanglant.

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Qu’elles deviennent des religions installées comme l’église de Scientologie ou se bornent à un cercle étroit, à l’image du cas des reclus de Monflanquin, prosélytes comme les Témoins de Jéhovah ou endogamiques comme La Famille, secte parisienne qui prospère depuis près de deux siècles, les sectes partagent des traits communs. Leurs adeptes sont sous emprise, elles cultivent l’obsidionalité spirituelle et elles se basent sur des enseignements initiatiques. Elles sont donc ésotériques, au contraire des grandes religions qui sont le plus souvent révélées et exotériques. La spécificité du cas Raël tient pourtant dans son mélange bien senti de grands permanents religieux et de quelques traits innovants. Ayant commencé dans le monde du spectacle en clone plutôt talentueux de Jacques Brel puis en coureur automobile patron de presse, Claude Vorilhon a vu non pas la Vierge mais les petits hommes verts entre deux volcans d’Auvergne.

E.T. parle français, coup de bol !

Le 13 décembre 1973, un jeune homme aperçoit un extra-terrestre dans sa soucoupe volante, près du Puy de la Vache, et entreprend une discussion. Car l’envoyé des cieux parlait notre langue – quelle chance -. Ce dernier lui annonce alors qu’il est désormais missionné comme prophète des Elohims, charge à lui de révéler la nature occulte des religions et l’identité de nos créateurs à l’humanité entière. Revêtu de noir à la manière de Christian Vander de Magma, très en vogue à l’époque, Claude Vorillon rencontrait son destin. Et quel destin ! Le Livre qui dit la vérité qu’il a publié s’est bien vendu et le mouvement raëlien compte maintenant quelques centaines de milliers d’adeptes subvenant aux besoins du grand gourou, qui a même eu droit aux honneurs littéraires en inspirant à Michel Houellebecq son roman La Possibilité d’une île.


Versant d’importants montants annuels au mouvement, les adhérents sont dédommagés en participant à d’intenses séances de « méditations sensuelles » d’ordre cosmique. Quant à Raël, il est constamment entouré d’accortes jeunes femmes dûment sélectionnées par ses soins, une troupe « d’anges » qui devront aussi satisfaire les Elohims une fois ces derniers arrivés sur Terre. Quand ? Nous ne le savons pas, et c’est là tout le génie de Raël, gourou manipulant l’humour comme les faits avec un à-propos assez renversant. L’eschatologie raëlienne s’inspire ainsi de l’eschatologie juive. Les Raëliens doivent donc achever la construction d’une ambassade géante afin que les Elohims daignent venir nous sauver. Ça ne vous rappelle rien ? Mais si voyons, le Temple ! Ce  qui est pratique pour Claude Vorilhon, c’est que cet horizon peut être sans cesse décalé et qu’il faut constamment le financer en espèces sonnantes et trébuchantes ! Notre grand prophète ne connait donc pas de difficultés matérielles depuis 1973.

Il est né, le divin enfant

Seul gourou français à avoir connu le succès mondial, Raël est désormais présent en Afrique, en Amérique du Nord ou encore au Japon où il vit désormais avec quelques geishas, depuis son récent divorce d’une femme fort belle et bien plus jeune que lui. Pas inquiété par la police, il a dû tout de même quitter le Canada et les Etats-Unis, non sans s’être fait remarquer après avoir été interrogé au Congrès des Etats-Unis, excusez du peu, pour  avoir annoncé avec fracas la naissance du premier bébé cloné de l’histoire de l’humanité. Joueur, Claude Vorillon et ses associés n’ont jamais montré l’enfant, préférant faire croire au monde qu’ils avaient brisé le tabou des tabous par refus notamment de la morale de l’Eglise catholique. Peut-être traumatisé par un passé d’enfant de chœur, Raël affiche une haine assez tenace du Vatican dès qu’il le peut. Son égo doit prendre ombrage de l’aura papale…

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Montrant des adeptes toujours fidèles et des renégats, le documentaire de Netflix vaut la peine d’être regardé pour qui s’intéresse aux phénomènes sectaires. Endurant, le mouvement raëlien tient sûrement par des ambitions plus modestes que celles affichées par certains de ses concurrents. Il offre aussi une anthropologie attirante pour des adeptes en quête de sens, tout en les ramenant bien sur terre.

Ainsi la première initiation consiste à ausculter son anus par l’entremise d’une glace posée aux pieds du nouvel adepte. Une façon d’interdire toute transcendance et de rappeler aux suivants du maître qu’ils ne sont au fond que des trous du cul.

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Macron: la parole présidentielle ne vaut pas beaucoup mieux que la «taqîya» des musulmans!

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Macron, en adoration de lui-même, est un matamore, estime notre chroniqueur.


Le double langage n’est pas seulement une pratique islamique. Emmanuel Macron l’utilise sans vergogne, notamment quand il s’adresse aux paysans en colère. L’imam de Bagnols-sur-Cèze (30), Mahjoub Mahjoubi, expulsé sur le champ vers la Tunisie pour ses propos anti-France, assure par son avocat, en référé liberté, avoir été mal compris de Gérald Darmanin. La taqîya autorise ces mensonges. Ils dissimulent en l’occurrence la volonté d’instaurer le califat dans un monde islamisé. C’est pourquoi la parole des représentants musulmans s’est décrédibilisée. Mais celle du chef de l’Etat ne vaut pas mieux. Son « en même temps » est le prétexte aux abus de confiance et aux non-dits. Son rapport tumultueux avec le monde agricole en ébullition illustre son insincérité. Le « changement culturel », qu’il a promis samedi au Salon de l’agriculture pour tenter de faire baisser la tension, est un leurre. Alors que les paysans réclament la fin d’un système technocratique globalisé, mondialisé, financiarisé, déshumanisé, Macron persiste à vouloir imposer ce modèle déraciné et supposé performant. « S’il n’y a pas d’Europe il n’y a pas d’agriculture », a-t-il décrété en s’arc-boutant à son utopie européiste et immigrationniste qui a classé l’agriculture parmi les « secteurs en tension » ouverts aux légalisations de clandestins. Ceux des agriculteurs qui contestent cette marche forcée vers une liquidation des fermes familiales, une industrialisation aseptisée et un recours toujours plus important aux molécules sont étiquetés d’extrême droite. Derrière la colère rurale, c’est plus généralement le choix d’une société ouverte et défrancisée qui est contesté.

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Déploiement extraordinaire de forces de l’ordre au Salon de l’agriculture

Macron a cru faire peuple, samedi, en laissant passer quelques jurons, en bras de chemise, devant des agriculteurs plus urbains. Mais sa prétention à leur donner des leçons sur leur métier a laissé voir son mépris pour cette France enracinée qu’il ne comprend pas. La faute de l’Elysée, qui a cru bon dans un premier temps d’inviter les Soulèvements de la terre (qualifiés d’écoterroristes par Darmanin) à venir débattre avec les paysans, a révélé la perméabilité de l’écologisme jusqu’au sommet du pouvoir. Certes, Macron a pu se flatter, in fine, d’avoir tenu treize heures en dépit du chaos créé par sa présence. Il est loisible de lui reconnaître un courage. Reste que cette performance n’a été rendue possible que par un déploiement exceptionnel de forces de l’ordre et par la sécurisation musclée de sa déambulation. La vanité et la gloriole demeurent les ressorts intimes de cette personnalité égotique. Elle ne sait s’affirmer que dans des rapports conflictuels. Macron, accroché à son projet mondialiste, attise la colère paysanne en l’associant grossièrement au RN. Il aggrave parallèlement le risque d’une Troisième Guerre mondiale en organisant en urgence, ce lundi à l’Elysée, une « conférence de soutien » à l’Ukraine.

Salon de l’Agriculture, Paris, 24 février 2024 © Stéphane Lemouton-POOL/SIPA

Mais ces procédés sournois, qui visent à aggraver les désordres pour détourner les regards sur les vrais enjeux civilisationnels, sont ceux d’un pouvoir à bout du souffle. Macron est condamné à mentir pour survivre.

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Emmanuel Macron tourne-t-il rond ? Observer le président de la République jeter ses bidons d’essence sur le conflit entre l’Ukraine et la Russie alerte sur sa personnalité narcissique. Son comportement égotique montre une obsession à se construire, y compris dans l’improvisation impulsive, un destin à la mesure de sa volonté de puissance. Or la vision enamourée qu’il a de lui-même n’impressionne personne d’autre.

Résistance factice

Un refus unanime des pays européens[1], mais aussi des États-Unis et de l’OTAN, a accueilli sa suggestion, lundi soir à l’issue de sa conférence de soutien à l’Ukraine organisée à l’Elysée (27 pays représentés), de ne pas « exclure » l’envoi de troupes au sol en Ukraine pour battre la Russie. Cet appel irraisonné à la guerre totale contre Vladimir Poutine a révélé l’enfermement du chef de l’État dans son monde manichéen. Il opposerait son « parti central » à une peste brune fantasmée. Celle-ci serait représentée par le RN exclu de « l’arc républicain » et accusé mardi par Gabriel Attal d’être la 5e colonne russe. Difficile de ne pas déceler, dans ces propos si caricaturaux, une paranoïa et une incapacité à évaluer les réalités.

L’assimilation stupide de Poutine à Hitler permet aux va-t-en-guerre en charentaises de s’exhiber dans leur résistance verbeuse et factice. Mais ces jeux de rôle ajoutent à l’immaturité dangereuse du pouvoir. Macron est en passe de violer l’article 20 du pacte de l’ONU relatif aux droits civils et politiques de 1966, qui stipule : « Toute propagande en faveur de la guerre est interdite par la loi ».

Confusion des esprits

Une fois de plus, la confusion des esprits fait des ravages au plus haut sommet de l’État. La stratégie « escalatoire » (anglicisme prisé par la macronie) en Ukraine est proportionnelle à l’incapacité de Macron à renouer le contact avec la France ordinaire, représentée symboliquement par une colère paysanne extrême-droitisée par la propagande.

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Plus gravement, l’hystérie antirusse permet d’occulter l’offensive de l’islam radical au cœur de la société française. Hier, Gérald Darmanin, entendu au Sénat devant la commission des lois à propos des ingérences étrangères, a estimé que la Russie était « le principal ennemi de la France » dans la « guerre informationnelle ». Le soir même, l’émir du Qatar, cheik Tamin bin Hamad Al-Thani, a été reçu en grandes pompes à l’Élysée. Macron a notamment salué le combat commun du Qatar et de la France « contre le terrorisme et contre son financement ». Or ce cynisme est une lâcheté. Le Qatar héberge l’état-major politique du Hamas et a financé ce mouvement islamiste responsable du pogrom du 7 octobre en Israël. De surcroît, l’émirat est le généreux donateur des Frères musulmans qui sont, eux, les authentiques menaces pour les démocraties et pour la France en particulier.

La Russie despotique de Poutine n’est certes pas un modèle défendable, et ses alliances sont repoussantes. Mais c’est l’islam suprémaciste qui est l’ennemi à combattre en priorité. Macron, exalté par sa psyché, n’est qu’un matamore.

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[1] https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/28/guerre-en-ukraine-emmanuel-macron-provoque-un-tolle-mais-persiste-sur-l-envoi-eventuel-de-militaires-occidentaux_6218963_3210.html

Le propalestinisme éclatant des César 2024

La réalisatrice tunisienne du documentaire récompensé La vie d’Olfa, Kaouther Ben Hania, a notamment prononcé un appel au cessez-le-feu entre Isräel et le Hamas aussi vibrant que bancal.


Je ne regarde plus la cérémonie des César depuis longtemps. Avant c’était la fête du cinéma, du rêve, de l’esthétique. Aujourd’hui, la grand’messe du septième art est devenue essentiellement une tribune pour artistes en mal de politique bienpensante, dont les slogans quels qu’ils soient seront acclamés par un public conquis d’avance.

Artistes ou clowns?

De cet heureux passé au sombre présent demeure un fil rouge: l’illusion. Auparavant elle était au service de l’art, de l’évasion. Aujourd’hui, c’est l’art comme artifice qui s’est soumis à une forme d’illusion, un mensonge. Celui que veut nous imposer une minorité régnante et bruyante. Cette cérémonie, avec les révélations de Judith Godrèche, devait porter l’éclairage sur le phénomène de la violence faite aux femmes. Quel valeureux artiste en a profité pour dénoncer les viols collectifs du 7 octobre en Israël ? Aucun.

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Je ne vise pas ici Agnès Jaoui pour son silence: endeuillée du 7 octobre et visiblement extrêmement émue, elle s’est suffisamment exprimée et impliquée, et sa pudeur n’a d’égale que sa grâce et son intelligence. Un comédien, Arieh Worthalter (« meilleur acteur » pour Le procès Goldman NDLR), a tenté de ne blesser personne en appelant à la fin de la guerre et au retour des otages. Dans son plaidoyer pour un monde de bisounours, il a juste oublié que sans opération de l’armée israélienne contre le Hamas, les otages ne reviendraient jamais. Mais ça n’est pas très glamour de rappeler la vérité.

La femme qui a vendu sa peau et son âme à l’indignation sélective

De son côté, la réalisatrice de L’homme qui a vendu sa peau, la Tunisienne Kaouther Ben Hania, visiblement beaucoup plus énervée, a dénoncé : « Il faut que le massacre cesse » à Gaza. « C’est tellement horrible et personne ne peut dire qu’il ne savait pas. C’est le premier massacre en live-screen, en direct sur nos téléphones ». Un instant, je me suis dit qu’elle parlait du massacre du 7 octobre où les familles des victimes ont assisté, épouvantées et impuissantes, en direct sur les réseaux sociaux, au massacre, aux mutilations, au viol des leurs, des bébés aux rescapés de la Shoah, le tout filmé par leurs fiers bourreaux.

C’est sans doute son irritation qui l’a fait mentir également, car aucun soldat israélien ne tue volontairement des civils. Tuer volontairement et massivement des êtres vivants, c’est la définition du “massacre”. Elle a apparemment fait ses études de réalisatrice à la prestigieuse Fémis et à l’université Sorbonne-Nouvelle. Elle aurait dû y apprendre que les mots ont un sens, une valeur et que les exprimer peut avoir des conséquences parfois dramatiques, dont l’auteur est responsable. Apparemment elle a dû sécher les cours de linguistique. On ne répétera jamais assez que les terroristes du Hamas se terrent comme des rats dans les tunnels construits avec l’argent européen laissant leur population comme bouclier humain et s’entourant des 130 otages dont Kfir, un an, et Ariel, quatre ans. Ironie de l’histoire, dans La vie d’Olfa (« meilleur film documentaire » NDLR) elle dénonce la radicalisation, celle-là même qui a fait agir les terroristes islamistes du Hamas. Quel paradoxe!

Un peu d’Histoire

Si j’avais l’esprit pervers, je lui rappellerais qu’après avoir été expulsés de Judée, lors de l’Exode il y a deux mille ans, nombre d’hébreux de la tribu de Yehouda, dont sans doute certains de mes ancêtres, se sont retrouvés au Maghreb et notamment en Tunisie sans passer par la case Inquisition espagnole. Et ce n’est que cinq siècles plus tard, que les ancêtres de Kaouther Ben Hania s’y sont probablement installés ! Cela ne les aura pas empêchés d’affubler aux miens le statut inférieur de dhimmis jusqu’au protectorat francais, à la fin duquel l’immense majorité des juifs a dû s’exiler, la vie pour eux devenant impossible dans leur pays natal. Si l’on peut constater que le gouvernement tunisien nous a expulsés de fait, nous l’en remercions car malgré la nostalgie d’un monde pluricentenaire qui disparaît, nos familles ont rejoint la France, Israël et les États-Unis, quittant une société archaïque pour s’intégrer dans des pays modernes et libéraux. Nous n’avons jamais revendiqué de droits sur cette terre sur laquelle nous étions établis avant les occupants actuels.

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Des élites dans la stratosphère

Si les VIP du cinéma français ont une idée bien arrêtée sur notre droit à nous défendre contre les barbares du Hamas, ils n’ont jamais eu aucun mot pour les centaines de milliers de morts ouïghours, congolais ou syriens. Cela dit, ils sont de plus en plus en décalage avec un peuple qui se rend compte de leur posture trompeuse. Les Brésiliens nous en ont fait une manifestation flagrante à leur mesure : démesurée et joyeuse. Après les propos insoutenables de “Lula” sur la guerre à Gaza, ce ne sont pas moins de 500 mille citoyens qui sont descendus dans les rues de Sao Polo pour défendre et apporter leur soutien à Israël. Quelle déception pour le président – repris de justice – pensant fédérer les siens. Il a réussi à les unir contre lui. Dans le monde arabe, on ne compte plus les voix qui s’élèvent pour condamner le pouvoir du Hamas et l’emprise du Hezbollah qui n’ont apporté que terreur et dénuement dans les territoires qu’ils contrôlent.

Illusion perdue

Des illusions ont déjà plusieurs fois causé “la perte” du peuple d’Israël. Par exemple, dans la parasha[1] cette semaine, Ki tissa, le sat’an craignant le don de la Torah aux enfants d’Israël, crée une illusion leur faisant croire que Moïse ne reviendra pas du mont Sinaï. Dès lors, déboussolés par la perte apparente de leur leader et la non réception de la Torah, ils décident de construire le veau d’or. De cette histoire on doit retenir que seule la Vérité a une valeur constructrice et doit guider nos pas fidèles à la morale universelle qu’Israël, lumière des nations leur a apporté.


[1] Portion de la Torah qu’on lit hebdomadairement

Sécession migratoire

Aux États-Unis, le problème migratoire va-t-il provoquer une nouvelle guerre de sécession? 


Aux États-Unis, le spectre de la guerre de Sécession hante les esprits. Un mouvement antifédéral commence à prendre de l’ampleur, particulièrement au Texas où Greg Abbott, le gouverneur républicain depuis 2015, a engagé un bras de fer avec Washington. Le cœur du problème est l’immigration clandestine, en progression constante au Texas, avec parfois 10 000 d’entrées illégales par jour. Abbott, qui accuse le pouvoir fédéral de ne pas protéger les citoyens américains contre les « ennemis extérieurs » que sont les migrants, parle de « défendre la souveraineté du Texas » et prétend que la Constitution lui permet de repousser une invasion. Il a déjà fait de la présence de clandestins sur le sol texan un délit, alors qu’une telle décision relève exclusivement de l’autorité fédérale. Le long du Rio Grande, le fleuve qui marque la frontière entre les États-Unis et le Mexique, il installe des barbelés et des barrages de bouées pour empêcher les passages de migrants, au nez et à la barbe des autorités fédérales. Enfin, il affrète des autobus, et à l’occasion un avion, pour acheminer des clandestins à Chicago, Pittsburgh, New York, et sur la très chic île atlantique de Martha’s Vineyard.

Greg Abbott, gouverneur du Texas. D.R

Ainsi il provoque les États libéraux qui légifèrent à leur tour contre les compagnies de transport de clandestins. En revanche, l’Arizona et la Floride commencent à imiter Abbott. La vieille fracture géographique se redessine entre Nord et Sud. Saisie d’urgence, la Cour suprême fédérale a statué le 22 janvier que les agents fédéraux avaient le droit de démanteler barbelés et bouées. Il s’agit d’éviter le pire : un conflit entre les forces fédérales (Border Patrol et Immigration and Customs Enforcement) d’un côté, et les forces texanes locales (Texas National Guard et les Texas Rangers) de l’autre. Au Texas, où le mouvement indépendantiste est très fort, des appels à sécession se multiplient, même chez les élus. Le retour de la Confédération sudiste est-il imminent ?

Rocket to Russia

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Enfin, le monde libre déterre la hache de guerre de ce côté-ci de la planète. Enfin, les pacifistes à l’ouest ont compris le langage de Trump et de Poutine, et se sont mis à le parler. Enfin, notre chef semble avoir découvert qu’il a ce qu’il faut là où il faut pour engager le bras de fer qui oppose la vieille Europe à la brute du Kremlin.

Si tu veux la paix…

On a changé de ton, on ne passera plus des heures au téléphone avec Moscou pour essayer de faire entendre raison à Don Corléonovitch. À présent on tape du poing sur la table et le son produit est doux à mes oreilles. Finies les lignes rouges annoncées et les limites indépassables. Oubliées la « no flight zone », l’interdit des frappes en profondeurs, la timidité du non-belligérant, la prudence de celui qui refile des armes et qui ne s’en sert pas, la délicatesse teintée de trouille du gars qui ne veut surtout pas humilier l’ennemi, bref tout ce qu’on pourrait traduire dans la langue de l’héritier de Staline par : démonstrations de faiblesse. Désormais, on retrouve l’accent de Joe Biden quand il cause aux Ayatollahs et les prévient d’un seul mot lourd de menaces : Don’t.

En haut lieu, on a retrouvé la mémoire de l’adage antique « si vis pacem para bellum ». On a compris qu’on n’entre pas dans un rapport de force en annonçant ce qu’on ne fera surtout pas mais en laissant planer le doute sur ce qu’on fera peut-être. Résignés hier à voir l’Ukraine condamnée à négocier en position de faiblesse, à perdre les territoires conquis ou à disparaitre derrière un rideau de fer, comme hier Budapest, Prague ou Gdansk ; on retrouve aujourd’hui le sens du combat et l’esprit de résistance.

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Qu’est ce qui fait qu’au sommet de l’Etat, on change de discours ? Est-ce l’armée rouge qui avance, les hackers qui attaquent, l’opposant qu’on tue ou bien qu’on fait mourir, le FSB qui assassine sur le sol européen, les propagandistes pro-russes qui troublent nos élections ? Ou est-ce la menace de l’oncle Sam de ne plus voler à notre secours plusieurs fois par siècle comme au vingtième et son incitation à nous débrouiller au vingt et unième pour voler de nos propres ailes, à mach 2 et en rafale ? Est-ce l’agressivité de Poutine ou le coup de bluff de Trump ? Les deux mon général.

La chance historique de faire grandir l’Europe, ce nain politique, semble avoir été saisie et en sortant de ce conseil de guerre européen réuni lundi soir à Paris, en regardant vers l’est, on ne dit plus « jamais », on dit « peut-être ». On ne craint plus que Poutine perde et se fâche, on annonce qu’il ne gagnera pas et qu’il devra s’assoir sur ses velléités impériales. On se met en ordre de bataille, on s’unit, on fait savoir à l’ennemi qui croyait nous tenir avec son gaz et qui nous tétanisait avec son arsenal nucléaire qu’il est tombé sur un os, que les caves de l’occident décadent et féminisé se rebiffent. Jamais les mots « union européenne » n’auront sonné avec autant de panache. Jamais l’institution bureaucratique n’aura aussi bien rempli son rôle : défendre la civilisation européenne. Partout on resserre les rangs. Après la Finlande, la Suède entre dans l’OTAN. Contre le règne de la force, la civilisation du droit fait bloc, fait front et entend donner à Poutine la même leçon qu’au dictateur irakien : on ne change pas les frontières avec des chars.

Enthousiasme pas unanimement partagé

Sur le front on se bat à un obus contre dix ou douze. Les Ukrainiens nous disent qu’à un obus contre trois, ils repousseront les envahisseurs. Il n’y en avait plus et voilà qu’on en retrouve. L’Europe envisage d’en acheter en Turquie, en Afrique du Sud, en Corée du sud. Les Tchèques annoncent qu’avec un milliard, ils peuvent en fournir par centaines de millier. La seule qualité de l’armée rouge, c’est sa quantité. 140 millions de Russes contre 40 millions d’Ukrainiens qui ont choisi la liberté et qui ne demandent que des armes. La nouvelle donne et la livraison d’armes en quantité pourrait rétablir l’équilibre des forces. L’arrivée des avions de chasse aussi.

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Évidemment, les faiblesses inhérentes aux démocraties, les parlements à convaincre, les peuples à entrainer vont retarder l’heure de la victoire contre Popov 1er. On ne fera pas comme le regretté George Bush, obligé de mentir à son peuple pour aller casser la gueule à Saddam Hussein, parce qu’il parait que ce n’est pas beau de mentir, alors on va voir le braillomètre s’affoler. On en voit l’aiguille qui oscille de gauche à droite. Quelques heures à peine après le réveil viril de notre occident fatigué, les oppositions se sont déjà déshonorées. « Irresponsable » clament les uns. « Dangereux » braillent les autres. A gauche, on retrouve l’esprit du « plutôt rouge que mort ». A droite, on se croyait De Gaulle et on se découvre « Daladier ». Dans l’opinion, on ne va pas tarder à pleurnicher sur les conséquences d’un vrai soutien à l’Ukraine, sur les milliards engloutis qui vont manquer aux salaires des fonctionnaires ou au système de retraite, sur le prix du blé qui baisse et sur celui de la facture d’électricité qui augmente. On communiait hier autour de Manouchian entrant au Panthéon, on offrira demain le spectacle de Français applaudissant les signataires des accords de Munich.

J’ai envie de passer des coups de fil pour partager avec mes semblables la bonne nouvelle du retour de l’honneur et de l’espoir. Je me retiens. Comme souvent je crains que l’on modère mon enthousiasme ou plus simplement qu’on ne le partage pas. Je vais plutôt écouter un bon disque. J’attrape un Ramones pas au hasard. Pour l’occasion, je glisse dans ma platine le troisième album des rockers new yorkais : Rocket to Russia.

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Barbey d’Aurevilly au théâtre? Pourquoi pas!

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Une adaptation des Diaboliques qui ne démérite pas. Une distribution qui vaut le détour. Que demander de plus?


Il y a plusieurs raisons d’aller voir l’adaptation des Diaboliques, par Christophe Barbier, au Théâtre de Poche-Montparnasse.

D’abord, ce petit théâtre est une famille et il est toujours – « parfois » ? D’accord – « parfois » agréable de rendre visite à la famille. Les Tesson et leurs collatéraux (l’équipe qui fait marcher la boutique) sont toujours dans les parages, et c’est un plaisir – chaleur, sourire, attention sont au rendez-vous.
La deuxième raison, c’est Barbey d’Aurevilly (1808-1889), bien sûr – je n’insiste pas : j’en ai parlé il y a trois jours sur le site de Causeur.
La troisième raison, c’est que l’adaptation, par quelqu’un qui aime et connaît Barbey – Christophe Barbier – tient la route. Elle n’est pas extravagante, elle est honnête, et fidèle à l’esprit de Barbey. Pas de trahison, pas d’œuvre mise au service d’un ego : une adaptation, donc. Une bonne adaptation.

De gauche à droite, Gabriel Le Doze, Reynold de Guenyveau, Magali Lange et Krystoff Fluder. Spectacle « Les Diaboliques », Théâtre de Poche © Sébastien Toubon

Le dispositif scénique du metteur en scène Nicolas Briançon (qui a souvent de bonnes idées et du nez) est astucieux – et les décors (Bastien Forestier) et costumes (Michel Dussarat), au diapason. Explication.
Lorsqu’il publie Les Diaboliques en 1874, Barbey, qui y travaille depuis 1850, s’expose – et le sait. Le recueil de six nouvelles est en effet saisi, et Barbey, poursuivi pour « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs, et complicité ». Il échappe de peu au procès. Le recueil est réédité en 1882, avec une nouvelle préface – dans une indifférence assez désolante : huit ans, et tout a changé. Passons.
L’idée de Briançon : donner la parole aux comédiens et à la comédienne qui, habilement, sans peser, alternent représentation d’une des nouvelles adaptée (il y en a quatre sur six : Le Bonheur dans le crime, Le Rideau cramoisi, La Vengeance d’une femme, À un dîner d’athées) et défense postulée de Barbey aux critiques qui lui ont été faites. Critiques que les comédiens et la comédienne démonétisent gré à gré, avant d’enchaîner avec la nouvelle suivante.
Procédé fidèle à celui de Barbey, d’emboîtement des histoires les unes dans les autres (« comme des poupées gigognes » ou « Ricochets de conversation » – titre initial des Diaboliques) : un narrateur raconte une histoire dans laquelle un personnage raconte une histoire qui lui est arrivée, etc.

Citons les comédiens – Gabriel Le Doze, Krystoff Fluder et Reynold de Gueniveau – irréprochables chacun dans son style, et complémentaires : une fine équipe. Quant à celle qui fut, dix ans, danseuse professionnelle – Magali… Lange : comme son nom l’indique. Régal.


Théâtre de Poche-Montparnasse – du mardi au samedi 21H – Dimanche 17H. 75 bld du Montparnasse 75006. Tél. 0145445021. Durée : 1H25.

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La Bruyère et Emmanuel Macron

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Emmanuel Macron en visite au futur village olympique de Paris, le 29 février 2024. © Anton Karliner/SIPA

Nous pouvons lire en Emmanuel Macron comme dans un livre ouvert – notamment grâce à l’œuvre laissée par le moraliste Jean de La Bruyère, écrite 300 ans plus tôt.


Pour bien connaître Emmanuel Macron, il faut absolument lire les auteurs du Grand Siècle. Personne n’a oublié la remarque du malicieux Jean d’Ormesson à celui qui venait de se mettre En Marche ! : « Vous savez à qui vous me faites penser quelquefois ? Vous savez, la chauve-souris de La Fontaine, la chauve-souris qui dit : « je suis oiseau : voyez mes ailes. Je suis souris : voyez mes pattes ». Vous avez des pattes et vous avez des ailes, et, est-ce que c’est conciliable ? Est-ce que votre position n’est pas quand même très difficile à tenir à la longue ? » Si la pipistrelle du fabuliste donne à voir notre présidentiel arlequin, à parcourir Les Caractères de La Bruyère, on en apprend aussi beaucoup sur Emmanuel Macron.

En 1688 paraît l’un des textes les plus fascinants du XVIIe siècle : Les Caractères. Dans la forme courte et fulgurante de la maxime ou dans les fragments, un peu plus longs, des réflexions et des portraits, La Bruyère pointe les « ridicules » des hommes de son époque tout en brossant un portrait intemporel de l’homme. En lisant l’œuvre du moraliste, on n’est par conséquent nullement étonné de songer souvent à Emmanuel Macron : « Oiseau paré de divers plumages qui ne sont pas à lui. » ; « Homme qui est de mise un quart d’heure de suite (…) »  (Les Caractères, Du mérite personnel, 40).

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La Bruyère dit qu’on confond l’éloquence avec : « La facilité que quelques-uns ont de parler seuls et longtemps, jointe à l’emportement du geste, à l’éclat de la voix, et à la force des poumons » et que les pédants « ne la distinguent pas de l’entassement des figures, de l’usage des grands mots, et de la rondeur des périodes. » (Les Caractères, Des ouvrages de l’esprit, 55) Impossible, alors, de ne pas se représenter Emmanuel Macron commémorant à tout-va, la lyre en bandoulière, envoûté par son propre verbe. S’il quitte la chasuble du célébrant, il se déguise en cambiste et le voilà au Salon de l’Agriculture : il sert aux paysans, qu’il s’agit d’entortiller, un autre de ses numéros déjà bien rodé grâce au Grand débat national : « La séance d’empapaoutage en bras de chemise », pour reprendre les mots d’Arthur de Watrigant.

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Emmanuel Macron au Salon de l’Agriculture ; c’est « le ministre ou le plénipotentiaire » des Caractères: « Un caméléon », « un Protée. » Il est « vif et grand parleur, pour faire parler les autres, pour empêcher qu’on ne lui parle (…) pour dire plusieurs choses indifférentes qui se modifient ou se détruisent les unes les autres. »  « Il sait parler en termes clairs et formels ; il sait encore mieux parler ambigument, d’une manière enveloppée, user de tours ou de mots équivoques (…) » Habile : « Tantôt il réunit quelques-uns qui étaient contraires les uns aux autres, et tantôt il divise quelques autres qui étaient unis. »  Il donne de la voix : « Si quelquefois il est lésé dans quelques chefs qui ont enfin été réglés, il crie haut ; si c’est le contraire, il crie plus haut (…) Il ne se lasse point, il fatigue les autres, et les pousse jusqu’au découragement. » (Les Caractères, Du Souverain ou de la république, 12).

Quant aux palinodies et autres volte-face du président, La Bruyère nous en donne aussi la clé : « Un homme inégal n’est pas un seul homme, ce sont plusieurs : il se multiplie autant de fois qu’il a de nouveaux goûts et de manières différentes ; il est à chaque moment ce qu’il n’était point, et il va être bientôt ce qu’il n’a jamais été ; il se succède à lui-même. Ne demandez pas de quelle complexion il est, mais quelles sont ses complexions ; ni de quelle humeur, mais combien il a de sortes d’humeurs. » (Les Caractères, De l’homme, 6).

« Il y a des êtres qui durent peu, parce qu’ils sont composés de choses très différentes et qui se nuisent réciproquement. » (Les Caractères, Des esprits forts, 40).

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Macron s’en va-t-en guerre, mironton mironton mirontaine

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John Churchill (1er duc de Marlborough) par Michael Dahl. DR.

En proposant d’envoyer des troupes françaises soutenir les Ukrainiens sur le front, Emmanuel Macron a choqué ses partenaires internationaux, peu portés à l’engagement direct face à Poutine ; et il a fait ricaner les Français, qui ont bien vu que ces rodomontades, prétend notre chroniqueur, n’étaient qu’à usage intérieur, face à un RN supposé être «le parti de l’ennemi» .


La chanson remonte au XVIIIe siècle, quand John Churchill, premier duc de Marlborough, conduisait les troupes anglaises contre la France dans la Guerre de Succession d’Espagne. Allusion à la bataille de Malplaquet, que Marlborough remporta techniquement (et où il fut blessé, à cette époque les généraux étaient en tête de leurs troupes, pas planqués dans le bunker de l’Élysée) mais qu’il perdit militairement, ayant eu trois fois plus de morts que le Maréchal de Villars : et l’invasion projetée de la France s’arrêta là.
C’est, on s’en souvient, la mésaventure qui arriva à Pyrrhus, lorsque ce roi d’Epire attaqua la république romaine au IIIe siècle av. JC. Rabelais s’en inspira, pour inventer Picrochole, ce roi adversaire de Gargantua, qui se vantait de toutes les conquêtes qu’il n’avait pas encore faites.

Fanfaronnades

À ces conquérants de l’inutile s’ajoutent les « miles gloriosus » qui, à l’image du héros de la comédie homonyme de Plaute, en rajoutent sur leurs succès imaginaires. Voir le Capitan de la Commedia dell’arte, ou Matamore dans L’Illusion comique de Corneille. Sans oublier Rodomont, roi maure de grande prétention dans les épopées de Bollardo ou de l’Arioste, au milieu du XVIe siècle. Il a légué à la langue française le mot rodomontade, qu’il faudrait peut-être dépoussiérer pour l’appliquer à notre souverain bien-aimé.
Les vrais guerriers racontent rarement leurs exploits : ils savent que toute guerre est une abomination.

Mais ça, Macron l’ignore.
Ma tante unique et préférée (86 ans) me faisait remarquer hier qu’il reste bien peu de témoins de la Seconde Guerre mondiale. Ou même de la Guerre d’Algérie, ce qui permet aux indigènes de la République et au gouvernement algérien de proférer d’énormes mensonges sur les exactions de l’armée française, en oubliant les attentats sur les civils et les 250 000 harkis massacrés par les résistants de la onzième heure du FLN : voir sur le sujet Harkis, crime d’Etat (2002), de mon regretté ami Boussad Azni auquel j’avais un peu prêté ma plume. Vous y lirez les exploits des fellaghas contre des populations désarmées (c’est plus facile que contre des troupes entraînées, hein), exterminées dans des conditions dantesques.

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Mais bon, tout le monde sait que si l’Algérie est enlisée dans ses contradictions depuis l’indépendance et fait vivre sa population dans la misère pendant que les militaires s’enrichissent, c’est la faute de ces salauds de Français.
Non, plus personne pour se rappeler ce qu’est un bombardement, ce que sont des massacres. Ou simplement ce qu’est une économie de guerre. Les baby-boomers, tant décriés par les p’tits jeunes qui pleurent quand ils se cassent un ongle ou sont en panne de portable, sont les derniers à avoir eu le plaisir douteux de voir leurs pères partir à la guerre, embarquant sur des bateaux où l’on venait juste de hisser, dans des filets, des centaines de cercueils prévisionnels — choses vues par moi, à cinq ans, sur la gare maritime de Marseille.

Les autres dirigeants occidentaux ne sont pas pressés d’envoyer des jeunes gens au casse-pipe. Biden même, qui pourtant entretient en Ukraine une douzaine de bases de la CIA — et non, la guerre froide ne s’est pas achevée en 1989 ! — a promis qu’aucun de ses boys n’irait sur le terrain. Sénile, mais pas fou.

L’Ukraine et nos agriculteurs

Entendons-nous. Poutine n’est pas un garçon bien sympathique. Mais les dirigeants ukrainiens, qui se bouffent le foie entre eux en regrettant le nazisme, ne le sont guère plus. Nous avons cru bon d’infliger à la Russie des sanctions dont nous sommes les premières victimes (on applaudit très fort). Nous alimentons l’armée ukrainienne en matériels guerriers sans même regarder ce qu’en font les militaires, soupçonnés à diverses reprises de les revendre çà et là via leurs mafias locales. Nous arrosons le gouvernement ukrainien de liquidités, sans contrôler leur usage, alors que nous avons imposé aux Grecs une « troïka » pour gérer leurs dépenses à leur place pendant des années : est-il bien sûr que les milliards déversés sur l’Ukraine sont consacrés à l’effort de guerre ? Et quelle contrepartie en aura l’Europe, qui verse à fonds perdus — alors que les Américains se servent largement dans les ressources agricoles ukrainiennes…

Quand il n’enfourche pas son cheval à bascule, Macron comble le puits sans fond des finances ukrainiennes avec les maigres ressources de la France, au moment même où Bruno Le Maire, qui cherche par tous les moyens à limiter la dette du pays, rogne sur les crédits alloués à divers ministères : finies, les promesses d’augmentation des enseignants ! De toute façon, ces imbéciles ont largement voté Macron, ils n’avaient qu’à lire son programme. Evaporées, les augmentations des retraites les plus basses. Quant aux subventions promises aux agriculteurs — alors même que les Américains, chantres du libéralisme, soutiennent ardemment leurs exportations…
Et ces manants ont remarqué que si l’Ukraine entre dans l’UE, ils sont finis, agricolement parlant. Morts.
Mince alors, même les ploucs savent compter ?

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Virginie Despentes au Théâtre du Nord, la rébellion confortable

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Sa pièce programmée le mois prochain et intitulée « Woke » se jouera à guichets fermés.


Décidément, les Lillois férus de théâtre déconstructiviste et sociétal sont gâtés. Depuis que David Bobée, co-fondateur de l’association “Décoloniser les arts”, dirige le Théâtre national du Nord, ils ont pu jouir de spectacles plus affriolants les uns que les autres. Entre autres réjouissances : un Dom Juan déconstruit et « démythifié », une lecture de textes de et par Eddy Louis, un « choc esthétique dessinant un féminisme révolutionnaire » avec Virginie Despentes et Béatrice Dalle. Martine Aubry, maire de Lille, attendait beaucoup de David Bobée et de son « répertoire très ambitieux sur les enjeux sociétaux ». Gageons qu’elle n’a pas été déçue. Et que ce début d’année répond entièrement à ses vœux.

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Les subversives drag queens à toutes les sauces

Car, au Théâtre du Nord, 2024 débute en fanfare. Un samedi par mois, les parents et leurs enfants à partir de cinq ans sont conviés à venir écouter des Contes à paillettes dans lesquels « des sorcières rusées, des princesses aventurières, des grenouilles poilues et des princes pas si charmants questionnent le monde ».Les lectures de ces contes sont assurées par les drag queens du Collectif Paillettes. « Iel était une fois… des créatures à poil et à vapeur dans un monde tout en couleurs », annonce-t-on sur le site internet du théâtre. Petit cours de français à l’usage des crétins inclusifs : au contraire de ce que semblent croire ces derniers, le « il » de « il était une fois » est comme le « il » de « il pleut » : il ne fait référence à aucune personne de sexe masculin mais introduit ce qu’on appelle une proposition impersonnelle. Mais allez expliquer ça à Tata Foxie, un des drag queens composant la « joyeuse bande qui questionne notre époque » mais ignore sa grammaire. Tata Foxie s’était déjà fait remarquer lors d’une soirée organisée par Mediapart au cours de laquelle iel s’était plaint de l’hostilité des « gens de droite et d’extrême droite » à son encontre. Présent à ses côtés, le rappeur Médine l’avait alors soutenu en convoquant l’idée d’un combat intersectionnel d’un genre nouveau : « Ils comprennent qu’une convergence politique est en train de se mettre en place. » Peut-être Médine, par solidarité avec la cause LGBT, emmènera-t-il un jour prochain sa progéniture à un de ces spectacles où Tata Foxie et ses camarades dénoncent le méchant patriarcat et la masculinité toxique en lisant aux enfants Un tigre en tutu. Mais, je ne sais pas pourquoi, j’ai quand même un doute.

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Du 13 au 17 février, les Lillois ont pu entendre « l’amoureux des mots » JoeyStarr. Ce dernier a lu sur la scène de leur théâtre « les grands écrits de la pensée antiraciste », des textes d’Aimé Césaire, de Malcolm X et… d’Assa Traoré. À l’issue du spectacle, l’amoureux des mots s’est livré au journal La Croix : « Mes deux parents sont Martiniquais, toute cette histoire, toute cette culture, me porte à mort. C’est une continuité, je fais partie du tissu social de tout ce qu’on a livré ce soir. » De son côté, le metteur en scène David Bobée, inquiet, s’est interrogé : « Aujourd’hui, le racisme est à l’œuvre. Alors, comment on se comporte ? C’est une vraie question surtout avec la menace d’une arrivée du RN aux plus hautes sphères du pouvoir. » Aux dires des quelques critiques plus sensibles à l’art scénique qu’à la propagande, la prestation du rappeur a été nullissime, et la mise en scène de Bobée, affligeante. Pourtant, la salle n’a pas désempli et il est prévu que JoeyStarr aille brailler dans de nombreux théâtres et autres centres culturels à travers la France.

Hommes déconstruits, racisés et femmes à barbe

Pendant ce temps, du 12 au 16 mars, la première pièce de théâtre de Virginie Despentes sera jouée au Théâtre du Nord. Elle s’intitule… Woke. En plus de Mme Despentes, le déconstructeur en chef de l’hétéro-patriarco-colonialisme, l’inénarrable Paul B. Preciado, fera partie des comédiens. La présentation officielle, écrite en simili-français, donne vraiment envie… de rire : « Ils et elles ont décidé de créer sur scène leurs doubles fictionnels, en répétitions et en processus d’écriture de personnage, qui peu à peu prendront leur autonomie. Quatre écrivain.es autour d’une table, c’est un immense bordel mental et une source infinie de tensions et d’alliances. Leurs personnages sont fous amoureux, un peu paumées (sic), précaires, lesbiennes, trans, racisées (sic), disco techno punk vaudou, prolixes, hésitants, en colère et se posent cette question : que serait, aujourd’hui, la révolution dont iels rêvent ? » Il n’est pas difficile d’imaginer le profil du public friand de ce genre de « théâtre » conforme à l’idéologie wokiste – là où il y a une université accueillant des professeurs et des étudiants en sociologie, en études de genre ou en études postcoloniales, une antenne de Sciences Po et une École de journalisme, là se trouvent les principales brigades de la culture woke. Ajoutez-y un ou deux bataillons de petits-bourgeois socialo-macroniens rebellocrates toujours à l’affût d’un moyen de flatter les totalitarismes culturels du moment, et il arrive ce qu’il devait arriver : le spectacle de Despentes, à peine ouvert à la réservation, affiche déjà complet.

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Ce public trié sur le volet se précipitera sûrement à un autre spectacle qui se déroulera du 10 au 13 avril. Le titre est prometteur : “Rien n’a jamais empêché l’histoire de bifurquer”. Anne Conti, metteuse en scène, comédienne et… ex-députée suppléante LFI, lira un texte de… Virginie Despentes écrit à l’occasion d’un séminaire organisé par… Paul B. Preciado au Centre Pompidou. Ce texte est « un appel à ce que l’histoire bifurque, libérée des carcans du capitalisme, du colonialisme, du patriarcat, du racisme et de l’homophobie ». Si vous voulez entendre à quoi ressemble une bouillie verbale, un charabia nombriliste se prenant pour de la poésie anarchiste, je vous invite à vous rendre sur YouTube et à tapoter sur votre clavier : Virginie Despentes Lecture Pompidou. Il faut avoir le cœur bien accroché pour écouter la totalité de cette ânerie pseudo-révolutionnaire scandée par une Virginie Despentes sur orbite. Allez, pour vous dissuader quand même de vous infliger ce supplice, je vous offre un extrait représentatif de ce « manifeste magistral et puissant » qui se veut également un « appel urgent au déploiement de la douceur » :

« Le patriarcat est une narration et elle a fait son temps. Terminé de passer nos vies à quatre pattes sous les tables de vos festins à grignoter vos restes et sucer vos bites à l’aveugle, gratuitement, aimablement, en remerciant abondamment à chaque éjaculation, à nous dire que ça vous fait tellement plaisir de nous voir heureux. […] Je sais et je sens qu’il n’existe pas de séparation nette entre moi et le ministre pointeur raciste, entre moi et l’idiote ménopausée qui vient parler de la douceur des hommes, entre moi et la meute des tarés agressifs qui s’insurgent de ce qu’on oublie un peu vite l’importance de la testicule (sic) dans l’art, entre moi et les harceleurs de merde exigeant le silence de celles qui évoquent notre histoire coloniale commune, entre moi et les sous-doués utiles du IIIe Reich. Je suis aussi leur agonie fétide puisque rien ne me sépare de la merde qui m’entoure. »

Virginie Despentes

Cette porno-scatologie de bazar est faite pour épater l’étudiant analphabète et l’ex-trotskyste embourgeoisé. Quant aux critiques craignant de passer pour d’affreux réacs s’ils ne cirent pas les pompes de Virginie la rebelle, ils cirent, que voulez-vous, ils cirent.

La patronne

À propos de cirage de pompes, on se souviendra du Masque et la Plume génuflexible qui rendit compte de Cher connard, le dernier livre de Virginie Despentes. Jérôme Garcin n’hésita pas à comparer ce “roman épistolaire” à celui de Pierre Choderlos de Laclos. Élisabeth Philippe, critique à L’Obs, décréta que « la patronne » avait « saisi les mutations, les transformations de la société avec une vigueur et une intelligence qu’on trouve très peu ailleurs ». Frédéric Beigbeder mit ses pas dans ceux de Garcin et trouva que c’était « une très bonne idée d’avoir voulu réécrire Les Liaisons dangereuses ». Nelly Kapriélan, des Inrocks, fut tellement « bluffée » par ce livre « brillantissime », qu’elle se mit à baragouiner : « Tout tient sur la langue et le propos d’une intelligence foudroyante. »

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Gómez Dávila affirmait qu’un « lecteur expérimenté hume dès le premier adjectif le livre faisandé ». Consciencieux, Éric Naulleau lut à sa sortie le livre en entier mais, avant d’en faire une réjouissante et sarcastique recension dans Marianne, tint à rappeler deux choses essentielles. Premièrement, le fait que « cette rebelle en carton qui coche toutes les cases de la notabilité – ancienne jurée du prix Femina, du prix Goncourt, romancière dont un livre fut adapté pour une série sur Canal +, réalisatrice de films calamiteux soutenus par le CNC dont elle devint membre, etc. – est en vérité une rentière qui mange sa soupe à toutes les meilleures tables ». Deuxièmement, le texte émétique que cette islamo-gauchiste écrivit, immédiatement après l’attentat qui décima la rédaction de Charlie, pour déclarer son « amour » aux frères Kouachi dont le geste avait été, selon elle, « héroïque ». Éric Naulleau écharpa le livre de Despentes en saluant « l’habileté qui consiste à malaxer tous les thèmes du moment pour en faire une bouillie textuelle de grande consommation ». Bouillie que va pouvoir continuer d’éructer au Théâtre du Nord cette artiste subversive sachant profiter sans modération des généreuses institutions culturelles financées par la collectivité. En effet, Mme Despentes possède aujourd’hui le statut privilégié d’artiste associée au Théâtre du Nord – ce dernier bénéficie chaque année de 4 millions d’euros de subventions publiques.

David Bobée peut prolonger ce statut durant tout le temps de son mandat. Ainsi, les performances wokes vont pouvoir continuer de s’accaparer la scène du théâtre lillois tandis que le véritable art théâtral y disparaîtra à tout jamais.

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Salon de l’Agriculture: Marine Le Pen récolte ce qu’elle a semé

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Marine Le Pen au Salon de l'Agriculture, mercredi 28 février 2024 ©Alain ROBERT/SIPA

En France, qui veut gagner les élections se lève tôt pour labourer la campagne ! Nous avons suivi Marine Le Pen dans les allées du Salon de l’Agriculture. Le vote agricole fait l’objet de toutes ses attentions. Son parti estime que l’Union européenne a sacrifié les paysans français. Localisme, critique des normes et du libre-échange ou défense du glyphosate: le RN récolte ce qu’il a semé depuis longtemps. Habile politicienne occupant le devant de la scène politique depuis 20 ans, la cheffe des députés RN parvient à éteindre la polémique naissante sur les «prix planchers».


Il est un peu moins de 9 heures du matin, mercredi 28 février, et une trentaine de journalistes patientent déjà à l’une des entrées du pavillon 4. Le froid matinal est sûrement très bon pour le corps, mais le député de la Gironde Grégoire de Fournas observe que « ce serait bien qu’elle n’arrive pas trop tard, tout de même… ». La cheffe de la principale force d’opposition, Marine Le Pen, va bientôt recevoir un accueil bienveillant au Salon International de l’Agriculture (24 février-3 mars), porte de Versailles. Une maîtrise qui contraste avec la visite houleuse d’Emmanuel Macron, samedi. On aurait parié sur la présence de la patronne des députés RN le lendemain, mais priorité a été donnée à Jordan Bardella, la tête de liste aux Européennes.

Des passagers clandestins signalés Porte de Versailles !

Nombre de ténors sont présents devant les portes pour l’accueillir : Louis Aliot (le maire de la plus grosse ville aux mains de la droite nationale, Perpignan, et compagnon de Marine Le Pen entre 2009 et 2019), Sébastien Chenu (député du Nord, vice-président de l’Assemblée), Jean-Philippe Tanguy (député de la Somme, ancien bras droit de Nicolas Dupont-Aignan), ou Hélène Laporte (Lot-et-Garonne), notamment, ont répondu à l’appel. Ils s’affichent souriants et décontractés. Quelques minutes plus tard, leur patronne, Marine Le Pen, arrive à son tour, tout sourire également. « Ça va très bien se passer, comme pour Jordan dimanche et lundi, nous assure Grégoire de Fournas, nous bénéficions d’un accueil qui n’a rien à voir avec celui réservé à Emmanuel Macron. Le contraste est saisissant ! » Après avoir embrassé ses grognards de toujours, ceux de qui elle ne se séparera jamais, le petit voyage au Salon International de l’Agriculture de Marine Le Pen peut enfin commencer. Thomas Ménagé, député du Loiret, me confie: « On porte les revendications des agriculteurs depuis bien avant la crise agricole, on dit depuis longtemps qu’ils sont seuls contre vents et marées. »

Arrivée de Marine Le Pen. D.R

À l’arrière du cortège, persifleur, Jean-Philippe Tanguy dresse un premier constat. « Ce n’est effectivement pas très difficile de voir qu’on est mieux accueilli que Monsieur Macron… » Il charge le Premier ministre, Gabriel Attal, dont les propos tenus à l’encontre du RN ont ulcéré un parti persuadé d’être en train de parachever sa dédiabolisation[1] : « ils se sont effondrés moralement et idéologiquement. » Quelques heures plus tôt, le Premier ministre reprochait encore au RN et à Marine Le Pen d’être des « passagers clandestins » de la crise agricole, sur RTL. « Ils n’ont plus que des insultes pour faire croire que l’on a tort. Plus personne n’est dupe de cette surenchère grossière. »

Bien que l’affluence ne soit pas à son paroxysme ce mercredi matin, Marine Le Pen attire évidemment rapidement de nombreux badauds autour d’elle. Un jeune Savoyard brave la meute de journalistes qui entoure la députée, et lui demande un premier selfie. « Ça fera plaisir à Gabriel ! », plaisante-t-elle…

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« Laissez avancer ceux que je ne vois jamais ! » ordonne-t-elle ensuite en se retournant, avant d’attraper Louis Aliot par le bras pour le placer à ses côtés. Mais, alors que le stand de la FNSEA n’est plus qu’à quelques mètres, l’heure n’est plus à la plaisanterie… Avant de la recevoir, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, explique qu’il voit tout le monde, et confie à Causeur : « Ce qu’on veut, c’est porter une ambition pour l’agriculture, entendre ce que les différents partis politiques ont à nous dire, et on veut éviter de le faire dans cette ambiance de chaos que tout le monde a vue samedi. Ce salon est avant tout un endroit d’échange et d’accueil ! » Pendant 25 minutes, la patronne du groupe RN à l’Assemblée discutera avec lui en privé. Une discussion « très cordiale », selon un membre du staff du parti ayant pris part à la réunion. À présent, direction le pavillon 2.

Une erreur de jeunesse ?

A l’extérieur, Marine Le Pen tient à clarifier devant la presse les déclarations de Jordan Bardella. La tête de liste aux européennes, 28 ans, qualifiait lundi au micro de France Bleu le dispositif des prix planchers de « trappe à pauvreté ». Le dauphin de Marine Le Pen, qui peut reprocher à Emmanuel Macron de « dire tout et le contraire de tout », met son parti un peu dans l’embarras, car la mesure est défendue par le parti depuis 2012… Marine, qui en a vu d’autres, rectifie le tir : « J’ai relu les déclarations de Jordan Bardella, c’est exactement ce que nous proposons. C’est-à-dire un prix qui soit garanti. Mais l’objectif de cette intervention de l’Etat, c’est qu’il intervienne comme une garantie. Il y aura une discussion entre les différentes filières et les industriels, et s’ils n’arrivent pas à se mettre d’accord, l’Etat, à ce moment-là, est arbitre. » Alors que des jeunes entonnent un « Marine présidente ! », un confrère demande quel est « son message » pour les agriculteurs en colère : « Soutien, soutien, soutien ! Un des grands combats que nous menons est contre le Pacte vert européen, qui est une injustice profonde pour nos agriculteurs. » La presse est priée de croire que l’incompréhension sur les prix planchers des matières premières agricoles est un incident à mettre au passé, et que ceux qui font mine de ne toujours pas comprendre ne sont pas très honnêtes. « Si on met en place des prix planchers en laissant les accords de libre-échange, en baissant la production agricole, en multipliant les normes environnementales qui renchérissent les prix, alors on crée un avantage pour les importations et un appauvrissement généralisé des agriculteurs ! » clarifie la députée d’Hénin Beaumont.

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Arrivée dans le pavillon 2, Marine Le Pen s’arrête au stand de la marque bio « Pomme Juliet » et rappelle l’importance des élections européennes à qui veut bien l’écouter. « La meilleure solution c’est que dans trois ans vous soyez la présidente, et pis c’est tout ! », lance un de ses interlocuteurs. « Commençons par aller voter aux élections européennes, portons un certain nombre de sujets, car beaucoup de choses viennent de l’Europe », lui rétorque-t-elle.

Un parcours sans embûches

Ensuite, dégustation de Riesling, alors qu’autour d’elle se débat une horde de caméras et de micros. « Il faut reconnaitre que Marine semble proche des agriculteurs », observe un passant. Une autre visiteuse semble moins emballée : « C’est Marine Le Pen ? Eh bien, on ne va pas s’arrêter alors… » Plus loin, malgré la majorité de sourires et de soutien manifestés dans les allées, l’invective « Fasciste ! » retentit à quelques reprises.

D.R

Enfin, à 11h, c’est le pavillon 1.  Dans la grande allée ou toutes sortes de races de vaches attendent le passage du cortège du RN, Sébastien Chenu et Joshua Hochart, sénateur du Nord, ont pris un peu d’avance. Ils écoutent trois exposants. L’un d’eux s’amuse : « Donc, nous les agriculteurs, on est catalogué Front national maintenant !? » Sourire des deux hommes politiques. Juste avant la traditionnelle visite de l’enclos de l’égérie 2024, Charles, 16 ans, étudiant en bac pro agricole, a eu le privilège d’échanger avec Marine Le Pen. « Je voulais dire à Madame Le Pen que c’est nous les acteurs de demain, et qu’il faut vraiment qu’elle nous aide. C’est un métier qui apporte beaucoup à la France, c’est toute notre culture. » Visiblement satisfait de son entretien, il nous dit qu’il l’a trouvée à l’écoute.


A noter, vers la fin de notre visite, nous avons aperçu le LR Laurent Wauquiez, et son cortège plus restreint, lequel est passé à une dizaine de mètres de celui de Marine Le Pen… À chaque jour suffit sa peine, nous parlerons des ambitions de cet autre « présidentiable » une autre fois !


[1] Lors d’une passe d’armes à l’Assemblée visant nommément Marine Le Pen mardi, le Premier ministre a estimé qu’il y avait « lieu de se demander si les troupes de Vladimir Poutine [n’étaient] pas déjà dans notre pays »


Raël, le prophète des extraterrestres: une religion PME devenue multinationale prospère

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© Netflix

Netflix consacre une mini-série documentaire en 4 épisodes à Raël et sa mouvance sectaire excentrique


Longtemps mystérieux et insaisissable, Claude Vorilhon n’aura eu de cesse de défrayer la chronique toute sa vie durant. Ce picaresque aigrefin incarne mieux que quiconque la figure archétypique du gourou new age des années 1960 et 1970, sous son nom de scène de Raël, le messager des Elohims. Une bien menée série documentaire en quatre épisodes intitulée Raël, le prophète des extraterrestres diffusée par Netflix nous donne l’occasion de retrouver ce singulier personnage perdu de vue.

« J’arrive mes amis, j’ai quitté Causeur, j’arrive Skippy »

Dans les années 1980 et 1990, la France ne parlait que de ça : les sectes. Face sombre du mouvement hippie, les cultes et communautés se sont multipliées lors de l’après-Guerre, accompagnant la libération sexuelle et la remise en question des religions traditionnelles. Proposant la plupart du temps des spiritualités inspirées des gnoses occidentales, des religions du monde indien, ou encore des différents ésotéro-occultismes du XIXème siècle, faisant la part belle à des concepts tels que la réincarnation, le spiritisme, ou le développement de la pleine conscience, ces religions communautaires parfois dirigées par des chefs charismatiques communément nommés gourous ont aussi alimenté la colonne des faits divers avec de nombreux drames. Parmi les plus marquants, citons notamment l’attaque du métro de Tokyo au gaz sarin par la secte Aum Shinrikyo, les meurtres de la famille Manson, les suicides collectifs de l’Ordre du Temple Solaire, le massacre des Davidiens à Wako, ou bien sûr la fin tragique du Temple du Peuple du pasteur Jim Jones dans l’Etat du Guyana. Et encore ne sont-ce là que les exemples les plus célèbres, de nombreuses sectes étant passées sous les radars des actualités mondialisées. Quoique sulfureux, le mouvement raëlien n’a lui jamais été sanglant.

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Qu’elles deviennent des religions installées comme l’église de Scientologie ou se bornent à un cercle étroit, à l’image du cas des reclus de Monflanquin, prosélytes comme les Témoins de Jéhovah ou endogamiques comme La Famille, secte parisienne qui prospère depuis près de deux siècles, les sectes partagent des traits communs. Leurs adeptes sont sous emprise, elles cultivent l’obsidionalité spirituelle et elles se basent sur des enseignements initiatiques. Elles sont donc ésotériques, au contraire des grandes religions qui sont le plus souvent révélées et exotériques. La spécificité du cas Raël tient pourtant dans son mélange bien senti de grands permanents religieux et de quelques traits innovants. Ayant commencé dans le monde du spectacle en clone plutôt talentueux de Jacques Brel puis en coureur automobile patron de presse, Claude Vorilhon a vu non pas la Vierge mais les petits hommes verts entre deux volcans d’Auvergne.

E.T. parle français, coup de bol !

Le 13 décembre 1973, un jeune homme aperçoit un extra-terrestre dans sa soucoupe volante, près du Puy de la Vache, et entreprend une discussion. Car l’envoyé des cieux parlait notre langue – quelle chance -. Ce dernier lui annonce alors qu’il est désormais missionné comme prophète des Elohims, charge à lui de révéler la nature occulte des religions et l’identité de nos créateurs à l’humanité entière. Revêtu de noir à la manière de Christian Vander de Magma, très en vogue à l’époque, Claude Vorillon rencontrait son destin. Et quel destin ! Le Livre qui dit la vérité qu’il a publié s’est bien vendu et le mouvement raëlien compte maintenant quelques centaines de milliers d’adeptes subvenant aux besoins du grand gourou, qui a même eu droit aux honneurs littéraires en inspirant à Michel Houellebecq son roman La Possibilité d’une île.


Versant d’importants montants annuels au mouvement, les adhérents sont dédommagés en participant à d’intenses séances de « méditations sensuelles » d’ordre cosmique. Quant à Raël, il est constamment entouré d’accortes jeunes femmes dûment sélectionnées par ses soins, une troupe « d’anges » qui devront aussi satisfaire les Elohims une fois ces derniers arrivés sur Terre. Quand ? Nous ne le savons pas, et c’est là tout le génie de Raël, gourou manipulant l’humour comme les faits avec un à-propos assez renversant. L’eschatologie raëlienne s’inspire ainsi de l’eschatologie juive. Les Raëliens doivent donc achever la construction d’une ambassade géante afin que les Elohims daignent venir nous sauver. Ça ne vous rappelle rien ? Mais si voyons, le Temple ! Ce  qui est pratique pour Claude Vorilhon, c’est que cet horizon peut être sans cesse décalé et qu’il faut constamment le financer en espèces sonnantes et trébuchantes ! Notre grand prophète ne connait donc pas de difficultés matérielles depuis 1973.

Il est né, le divin enfant

Seul gourou français à avoir connu le succès mondial, Raël est désormais présent en Afrique, en Amérique du Nord ou encore au Japon où il vit désormais avec quelques geishas, depuis son récent divorce d’une femme fort belle et bien plus jeune que lui. Pas inquiété par la police, il a dû tout de même quitter le Canada et les Etats-Unis, non sans s’être fait remarquer après avoir été interrogé au Congrès des Etats-Unis, excusez du peu, pour  avoir annoncé avec fracas la naissance du premier bébé cloné de l’histoire de l’humanité. Joueur, Claude Vorillon et ses associés n’ont jamais montré l’enfant, préférant faire croire au monde qu’ils avaient brisé le tabou des tabous par refus notamment de la morale de l’Eglise catholique. Peut-être traumatisé par un passé d’enfant de chœur, Raël affiche une haine assez tenace du Vatican dès qu’il le peut. Son égo doit prendre ombrage de l’aura papale…

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Montrant des adeptes toujours fidèles et des renégats, le documentaire de Netflix vaut la peine d’être regardé pour qui s’intéresse aux phénomènes sectaires. Endurant, le mouvement raëlien tient sûrement par des ambitions plus modestes que celles affichées par certains de ses concurrents. Il offre aussi une anthropologie attirante pour des adeptes en quête de sens, tout en les ramenant bien sur terre.

Ainsi la première initiation consiste à ausculter son anus par l’entremise d’une glace posée aux pieds du nouvel adepte. Une façon d’interdire toute transcendance et de rappeler aux suivants du maître qu’ils ne sont au fond que des trous du cul.

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Macron: la parole présidentielle ne vaut pas beaucoup mieux que la «taqîya» des musulmans!

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Paris, 26 février 2024 © Jacques Witt/SIPA

Macron, en adoration de lui-même, est un matamore, estime notre chroniqueur.


Le double langage n’est pas seulement une pratique islamique. Emmanuel Macron l’utilise sans vergogne, notamment quand il s’adresse aux paysans en colère. L’imam de Bagnols-sur-Cèze (30), Mahjoub Mahjoubi, expulsé sur le champ vers la Tunisie pour ses propos anti-France, assure par son avocat, en référé liberté, avoir été mal compris de Gérald Darmanin. La taqîya autorise ces mensonges. Ils dissimulent en l’occurrence la volonté d’instaurer le califat dans un monde islamisé. C’est pourquoi la parole des représentants musulmans s’est décrédibilisée. Mais celle du chef de l’Etat ne vaut pas mieux. Son « en même temps » est le prétexte aux abus de confiance et aux non-dits. Son rapport tumultueux avec le monde agricole en ébullition illustre son insincérité. Le « changement culturel », qu’il a promis samedi au Salon de l’agriculture pour tenter de faire baisser la tension, est un leurre. Alors que les paysans réclament la fin d’un système technocratique globalisé, mondialisé, financiarisé, déshumanisé, Macron persiste à vouloir imposer ce modèle déraciné et supposé performant. « S’il n’y a pas d’Europe il n’y a pas d’agriculture », a-t-il décrété en s’arc-boutant à son utopie européiste et immigrationniste qui a classé l’agriculture parmi les « secteurs en tension » ouverts aux légalisations de clandestins. Ceux des agriculteurs qui contestent cette marche forcée vers une liquidation des fermes familiales, une industrialisation aseptisée et un recours toujours plus important aux molécules sont étiquetés d’extrême droite. Derrière la colère rurale, c’est plus généralement le choix d’une société ouverte et défrancisée qui est contesté.

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Déploiement extraordinaire de forces de l’ordre au Salon de l’agriculture

Macron a cru faire peuple, samedi, en laissant passer quelques jurons, en bras de chemise, devant des agriculteurs plus urbains. Mais sa prétention à leur donner des leçons sur leur métier a laissé voir son mépris pour cette France enracinée qu’il ne comprend pas. La faute de l’Elysée, qui a cru bon dans un premier temps d’inviter les Soulèvements de la terre (qualifiés d’écoterroristes par Darmanin) à venir débattre avec les paysans, a révélé la perméabilité de l’écologisme jusqu’au sommet du pouvoir. Certes, Macron a pu se flatter, in fine, d’avoir tenu treize heures en dépit du chaos créé par sa présence. Il est loisible de lui reconnaître un courage. Reste que cette performance n’a été rendue possible que par un déploiement exceptionnel de forces de l’ordre et par la sécurisation musclée de sa déambulation. La vanité et la gloriole demeurent les ressorts intimes de cette personnalité égotique. Elle ne sait s’affirmer que dans des rapports conflictuels. Macron, accroché à son projet mondialiste, attise la colère paysanne en l’associant grossièrement au RN. Il aggrave parallèlement le risque d’une Troisième Guerre mondiale en organisant en urgence, ce lundi à l’Elysée, une « conférence de soutien » à l’Ukraine.

Salon de l’Agriculture, Paris, 24 février 2024 © Stéphane Lemouton-POOL/SIPA

Mais ces procédés sournois, qui visent à aggraver les désordres pour détourner les regards sur les vrais enjeux civilisationnels, sont ceux d’un pouvoir à bout du souffle. Macron est condamné à mentir pour survivre.

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Emmanuel Macron tourne-t-il rond ? Observer le président de la République jeter ses bidons d’essence sur le conflit entre l’Ukraine et la Russie alerte sur sa personnalité narcissique. Son comportement égotique montre une obsession à se construire, y compris dans l’improvisation impulsive, un destin à la mesure de sa volonté de puissance. Or la vision enamourée qu’il a de lui-même n’impressionne personne d’autre.

Résistance factice

Un refus unanime des pays européens[1], mais aussi des États-Unis et de l’OTAN, a accueilli sa suggestion, lundi soir à l’issue de sa conférence de soutien à l’Ukraine organisée à l’Elysée (27 pays représentés), de ne pas « exclure » l’envoi de troupes au sol en Ukraine pour battre la Russie. Cet appel irraisonné à la guerre totale contre Vladimir Poutine a révélé l’enfermement du chef de l’État dans son monde manichéen. Il opposerait son « parti central » à une peste brune fantasmée. Celle-ci serait représentée par le RN exclu de « l’arc républicain » et accusé mardi par Gabriel Attal d’être la 5e colonne russe. Difficile de ne pas déceler, dans ces propos si caricaturaux, une paranoïa et une incapacité à évaluer les réalités.

L’assimilation stupide de Poutine à Hitler permet aux va-t-en-guerre en charentaises de s’exhiber dans leur résistance verbeuse et factice. Mais ces jeux de rôle ajoutent à l’immaturité dangereuse du pouvoir. Macron est en passe de violer l’article 20 du pacte de l’ONU relatif aux droits civils et politiques de 1966, qui stipule : « Toute propagande en faveur de la guerre est interdite par la loi ».

Confusion des esprits

Une fois de plus, la confusion des esprits fait des ravages au plus haut sommet de l’État. La stratégie « escalatoire » (anglicisme prisé par la macronie) en Ukraine est proportionnelle à l’incapacité de Macron à renouer le contact avec la France ordinaire, représentée symboliquement par une colère paysanne extrême-droitisée par la propagande.

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Plus gravement, l’hystérie antirusse permet d’occulter l’offensive de l’islam radical au cœur de la société française. Hier, Gérald Darmanin, entendu au Sénat devant la commission des lois à propos des ingérences étrangères, a estimé que la Russie était « le principal ennemi de la France » dans la « guerre informationnelle ». Le soir même, l’émir du Qatar, cheik Tamin bin Hamad Al-Thani, a été reçu en grandes pompes à l’Élysée. Macron a notamment salué le combat commun du Qatar et de la France « contre le terrorisme et contre son financement ». Or ce cynisme est une lâcheté. Le Qatar héberge l’état-major politique du Hamas et a financé ce mouvement islamiste responsable du pogrom du 7 octobre en Israël. De surcroît, l’émirat est le généreux donateur des Frères musulmans qui sont, eux, les authentiques menaces pour les démocraties et pour la France en particulier.

La Russie despotique de Poutine n’est certes pas un modèle défendable, et ses alliances sont repoussantes. Mais c’est l’islam suprémaciste qui est l’ennemi à combattre en priorité. Macron, exalté par sa psyché, n’est qu’un matamore.

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[1] https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/28/guerre-en-ukraine-emmanuel-macron-provoque-un-tolle-mais-persiste-sur-l-envoi-eventuel-de-militaires-occidentaux_6218963_3210.html

Le propalestinisme éclatant des César 2024

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La cinéaste tunisienne Kaouther Ben Hania, soirée des César, Paris, 23 dévrier 2023 © PARIENTE/SIPA

La réalisatrice tunisienne du documentaire récompensé La vie d’Olfa, Kaouther Ben Hania, a notamment prononcé un appel au cessez-le-feu entre Isräel et le Hamas aussi vibrant que bancal.


Je ne regarde plus la cérémonie des César depuis longtemps. Avant c’était la fête du cinéma, du rêve, de l’esthétique. Aujourd’hui, la grand’messe du septième art est devenue essentiellement une tribune pour artistes en mal de politique bienpensante, dont les slogans quels qu’ils soient seront acclamés par un public conquis d’avance.

Artistes ou clowns?

De cet heureux passé au sombre présent demeure un fil rouge: l’illusion. Auparavant elle était au service de l’art, de l’évasion. Aujourd’hui, c’est l’art comme artifice qui s’est soumis à une forme d’illusion, un mensonge. Celui que veut nous imposer une minorité régnante et bruyante. Cette cérémonie, avec les révélations de Judith Godrèche, devait porter l’éclairage sur le phénomène de la violence faite aux femmes. Quel valeureux artiste en a profité pour dénoncer les viols collectifs du 7 octobre en Israël ? Aucun.

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Je ne vise pas ici Agnès Jaoui pour son silence: endeuillée du 7 octobre et visiblement extrêmement émue, elle s’est suffisamment exprimée et impliquée, et sa pudeur n’a d’égale que sa grâce et son intelligence. Un comédien, Arieh Worthalter (« meilleur acteur » pour Le procès Goldman NDLR), a tenté de ne blesser personne en appelant à la fin de la guerre et au retour des otages. Dans son plaidoyer pour un monde de bisounours, il a juste oublié que sans opération de l’armée israélienne contre le Hamas, les otages ne reviendraient jamais. Mais ça n’est pas très glamour de rappeler la vérité.

La femme qui a vendu sa peau et son âme à l’indignation sélective

De son côté, la réalisatrice de L’homme qui a vendu sa peau, la Tunisienne Kaouther Ben Hania, visiblement beaucoup plus énervée, a dénoncé : « Il faut que le massacre cesse » à Gaza. « C’est tellement horrible et personne ne peut dire qu’il ne savait pas. C’est le premier massacre en live-screen, en direct sur nos téléphones ». Un instant, je me suis dit qu’elle parlait du massacre du 7 octobre où les familles des victimes ont assisté, épouvantées et impuissantes, en direct sur les réseaux sociaux, au massacre, aux mutilations, au viol des leurs, des bébés aux rescapés de la Shoah, le tout filmé par leurs fiers bourreaux.

C’est sans doute son irritation qui l’a fait mentir également, car aucun soldat israélien ne tue volontairement des civils. Tuer volontairement et massivement des êtres vivants, c’est la définition du “massacre”. Elle a apparemment fait ses études de réalisatrice à la prestigieuse Fémis et à l’université Sorbonne-Nouvelle. Elle aurait dû y apprendre que les mots ont un sens, une valeur et que les exprimer peut avoir des conséquences parfois dramatiques, dont l’auteur est responsable. Apparemment elle a dû sécher les cours de linguistique. On ne répétera jamais assez que les terroristes du Hamas se terrent comme des rats dans les tunnels construits avec l’argent européen laissant leur population comme bouclier humain et s’entourant des 130 otages dont Kfir, un an, et Ariel, quatre ans. Ironie de l’histoire, dans La vie d’Olfa (« meilleur film documentaire » NDLR) elle dénonce la radicalisation, celle-là même qui a fait agir les terroristes islamistes du Hamas. Quel paradoxe!

Un peu d’Histoire

Si j’avais l’esprit pervers, je lui rappellerais qu’après avoir été expulsés de Judée, lors de l’Exode il y a deux mille ans, nombre d’hébreux de la tribu de Yehouda, dont sans doute certains de mes ancêtres, se sont retrouvés au Maghreb et notamment en Tunisie sans passer par la case Inquisition espagnole. Et ce n’est que cinq siècles plus tard, que les ancêtres de Kaouther Ben Hania s’y sont probablement installés ! Cela ne les aura pas empêchés d’affubler aux miens le statut inférieur de dhimmis jusqu’au protectorat francais, à la fin duquel l’immense majorité des juifs a dû s’exiler, la vie pour eux devenant impossible dans leur pays natal. Si l’on peut constater que le gouvernement tunisien nous a expulsés de fait, nous l’en remercions car malgré la nostalgie d’un monde pluricentenaire qui disparaît, nos familles ont rejoint la France, Israël et les États-Unis, quittant une société archaïque pour s’intégrer dans des pays modernes et libéraux. Nous n’avons jamais revendiqué de droits sur cette terre sur laquelle nous étions établis avant les occupants actuels.

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Des élites dans la stratosphère

Si les VIP du cinéma français ont une idée bien arrêtée sur notre droit à nous défendre contre les barbares du Hamas, ils n’ont jamais eu aucun mot pour les centaines de milliers de morts ouïghours, congolais ou syriens. Cela dit, ils sont de plus en plus en décalage avec un peuple qui se rend compte de leur posture trompeuse. Les Brésiliens nous en ont fait une manifestation flagrante à leur mesure : démesurée et joyeuse. Après les propos insoutenables de “Lula” sur la guerre à Gaza, ce ne sont pas moins de 500 mille citoyens qui sont descendus dans les rues de Sao Polo pour défendre et apporter leur soutien à Israël. Quelle déception pour le président – repris de justice – pensant fédérer les siens. Il a réussi à les unir contre lui. Dans le monde arabe, on ne compte plus les voix qui s’élèvent pour condamner le pouvoir du Hamas et l’emprise du Hezbollah qui n’ont apporté que terreur et dénuement dans les territoires qu’ils contrôlent.

Illusion perdue

Des illusions ont déjà plusieurs fois causé “la perte” du peuple d’Israël. Par exemple, dans la parasha[1] cette semaine, Ki tissa, le sat’an craignant le don de la Torah aux enfants d’Israël, crée une illusion leur faisant croire que Moïse ne reviendra pas du mont Sinaï. Dès lors, déboussolés par la perte apparente de leur leader et la non réception de la Torah, ils décident de construire le veau d’or. De cette histoire on doit retenir que seule la Vérité a une valeur constructrice et doit guider nos pas fidèles à la morale universelle qu’Israël, lumière des nations leur a apporté.


[1] Portion de la Torah qu’on lit hebdomadairement

Sécession migratoire

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D.R

Aux États-Unis, le problème migratoire va-t-il provoquer une nouvelle guerre de sécession? 


Aux États-Unis, le spectre de la guerre de Sécession hante les esprits. Un mouvement antifédéral commence à prendre de l’ampleur, particulièrement au Texas où Greg Abbott, le gouverneur républicain depuis 2015, a engagé un bras de fer avec Washington. Le cœur du problème est l’immigration clandestine, en progression constante au Texas, avec parfois 10 000 d’entrées illégales par jour. Abbott, qui accuse le pouvoir fédéral de ne pas protéger les citoyens américains contre les « ennemis extérieurs » que sont les migrants, parle de « défendre la souveraineté du Texas » et prétend que la Constitution lui permet de repousser une invasion. Il a déjà fait de la présence de clandestins sur le sol texan un délit, alors qu’une telle décision relève exclusivement de l’autorité fédérale. Le long du Rio Grande, le fleuve qui marque la frontière entre les États-Unis et le Mexique, il installe des barbelés et des barrages de bouées pour empêcher les passages de migrants, au nez et à la barbe des autorités fédérales. Enfin, il affrète des autobus, et à l’occasion un avion, pour acheminer des clandestins à Chicago, Pittsburgh, New York, et sur la très chic île atlantique de Martha’s Vineyard.

Greg Abbott, gouverneur du Texas. D.R

Ainsi il provoque les États libéraux qui légifèrent à leur tour contre les compagnies de transport de clandestins. En revanche, l’Arizona et la Floride commencent à imiter Abbott. La vieille fracture géographique se redessine entre Nord et Sud. Saisie d’urgence, la Cour suprême fédérale a statué le 22 janvier que les agents fédéraux avaient le droit de démanteler barbelés et bouées. Il s’agit d’éviter le pire : un conflit entre les forces fédérales (Border Patrol et Immigration and Customs Enforcement) d’un côté, et les forces texanes locales (Texas National Guard et les Texas Rangers) de l’autre. Au Texas, où le mouvement indépendantiste est très fort, des appels à sécession se multiplient, même chez les élus. Le retour de la Confédération sudiste est-il imminent ?

Rocket to Russia

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Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin (ici photographié à Kazan le 22 février), a déclaré qu'en cas d'envoi de troupes occidentales en Ukraine, «dans ce cas, nous ne devrions pas parler de probabilité, mais d’inévitabilité» d'un conflit entre l'Alliance atlantique et la Russie © Kommersant/SIPA

Enfin, le monde libre déterre la hache de guerre de ce côté-ci de la planète. Enfin, les pacifistes à l’ouest ont compris le langage de Trump et de Poutine, et se sont mis à le parler. Enfin, notre chef semble avoir découvert qu’il a ce qu’il faut là où il faut pour engager le bras de fer qui oppose la vieille Europe à la brute du Kremlin.

Si tu veux la paix…

On a changé de ton, on ne passera plus des heures au téléphone avec Moscou pour essayer de faire entendre raison à Don Corléonovitch. À présent on tape du poing sur la table et le son produit est doux à mes oreilles. Finies les lignes rouges annoncées et les limites indépassables. Oubliées la « no flight zone », l’interdit des frappes en profondeurs, la timidité du non-belligérant, la prudence de celui qui refile des armes et qui ne s’en sert pas, la délicatesse teintée de trouille du gars qui ne veut surtout pas humilier l’ennemi, bref tout ce qu’on pourrait traduire dans la langue de l’héritier de Staline par : démonstrations de faiblesse. Désormais, on retrouve l’accent de Joe Biden quand il cause aux Ayatollahs et les prévient d’un seul mot lourd de menaces : Don’t.

En haut lieu, on a retrouvé la mémoire de l’adage antique « si vis pacem para bellum ». On a compris qu’on n’entre pas dans un rapport de force en annonçant ce qu’on ne fera surtout pas mais en laissant planer le doute sur ce qu’on fera peut-être. Résignés hier à voir l’Ukraine condamnée à négocier en position de faiblesse, à perdre les territoires conquis ou à disparaitre derrière un rideau de fer, comme hier Budapest, Prague ou Gdansk ; on retrouve aujourd’hui le sens du combat et l’esprit de résistance.

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Qu’est ce qui fait qu’au sommet de l’Etat, on change de discours ? Est-ce l’armée rouge qui avance, les hackers qui attaquent, l’opposant qu’on tue ou bien qu’on fait mourir, le FSB qui assassine sur le sol européen, les propagandistes pro-russes qui troublent nos élections ? Ou est-ce la menace de l’oncle Sam de ne plus voler à notre secours plusieurs fois par siècle comme au vingtième et son incitation à nous débrouiller au vingt et unième pour voler de nos propres ailes, à mach 2 et en rafale ? Est-ce l’agressivité de Poutine ou le coup de bluff de Trump ? Les deux mon général.

La chance historique de faire grandir l’Europe, ce nain politique, semble avoir été saisie et en sortant de ce conseil de guerre européen réuni lundi soir à Paris, en regardant vers l’est, on ne dit plus « jamais », on dit « peut-être ». On ne craint plus que Poutine perde et se fâche, on annonce qu’il ne gagnera pas et qu’il devra s’assoir sur ses velléités impériales. On se met en ordre de bataille, on s’unit, on fait savoir à l’ennemi qui croyait nous tenir avec son gaz et qui nous tétanisait avec son arsenal nucléaire qu’il est tombé sur un os, que les caves de l’occident décadent et féminisé se rebiffent. Jamais les mots « union européenne » n’auront sonné avec autant de panache. Jamais l’institution bureaucratique n’aura aussi bien rempli son rôle : défendre la civilisation européenne. Partout on resserre les rangs. Après la Finlande, la Suède entre dans l’OTAN. Contre le règne de la force, la civilisation du droit fait bloc, fait front et entend donner à Poutine la même leçon qu’au dictateur irakien : on ne change pas les frontières avec des chars.

Enthousiasme pas unanimement partagé

Sur le front on se bat à un obus contre dix ou douze. Les Ukrainiens nous disent qu’à un obus contre trois, ils repousseront les envahisseurs. Il n’y en avait plus et voilà qu’on en retrouve. L’Europe envisage d’en acheter en Turquie, en Afrique du Sud, en Corée du sud. Les Tchèques annoncent qu’avec un milliard, ils peuvent en fournir par centaines de millier. La seule qualité de l’armée rouge, c’est sa quantité. 140 millions de Russes contre 40 millions d’Ukrainiens qui ont choisi la liberté et qui ne demandent que des armes. La nouvelle donne et la livraison d’armes en quantité pourrait rétablir l’équilibre des forces. L’arrivée des avions de chasse aussi.

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Évidemment, les faiblesses inhérentes aux démocraties, les parlements à convaincre, les peuples à entrainer vont retarder l’heure de la victoire contre Popov 1er. On ne fera pas comme le regretté George Bush, obligé de mentir à son peuple pour aller casser la gueule à Saddam Hussein, parce qu’il parait que ce n’est pas beau de mentir, alors on va voir le braillomètre s’affoler. On en voit l’aiguille qui oscille de gauche à droite. Quelques heures à peine après le réveil viril de notre occident fatigué, les oppositions se sont déjà déshonorées. « Irresponsable » clament les uns. « Dangereux » braillent les autres. A gauche, on retrouve l’esprit du « plutôt rouge que mort ». A droite, on se croyait De Gaulle et on se découvre « Daladier ». Dans l’opinion, on ne va pas tarder à pleurnicher sur les conséquences d’un vrai soutien à l’Ukraine, sur les milliards engloutis qui vont manquer aux salaires des fonctionnaires ou au système de retraite, sur le prix du blé qui baisse et sur celui de la facture d’électricité qui augmente. On communiait hier autour de Manouchian entrant au Panthéon, on offrira demain le spectacle de Français applaudissant les signataires des accords de Munich.

J’ai envie de passer des coups de fil pour partager avec mes semblables la bonne nouvelle du retour de l’honneur et de l’espoir. Je me retiens. Comme souvent je crains que l’on modère mon enthousiasme ou plus simplement qu’on ne le partage pas. Je vais plutôt écouter un bon disque. J’attrape un Ramones pas au hasard. Pour l’occasion, je glisse dans ma platine le troisième album des rockers new yorkais : Rocket to Russia.

L'arnaque antiraciste expliquée à ma soeur

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Barbey d’Aurevilly au théâtre? Pourquoi pas!

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© Sébastien Toubon

Une adaptation des Diaboliques qui ne démérite pas. Une distribution qui vaut le détour. Que demander de plus?


Il y a plusieurs raisons d’aller voir l’adaptation des Diaboliques, par Christophe Barbier, au Théâtre de Poche-Montparnasse.

D’abord, ce petit théâtre est une famille et il est toujours – « parfois » ? D’accord – « parfois » agréable de rendre visite à la famille. Les Tesson et leurs collatéraux (l’équipe qui fait marcher la boutique) sont toujours dans les parages, et c’est un plaisir – chaleur, sourire, attention sont au rendez-vous.
La deuxième raison, c’est Barbey d’Aurevilly (1808-1889), bien sûr – je n’insiste pas : j’en ai parlé il y a trois jours sur le site de Causeur.
La troisième raison, c’est que l’adaptation, par quelqu’un qui aime et connaît Barbey – Christophe Barbier – tient la route. Elle n’est pas extravagante, elle est honnête, et fidèle à l’esprit de Barbey. Pas de trahison, pas d’œuvre mise au service d’un ego : une adaptation, donc. Une bonne adaptation.

De gauche à droite, Gabriel Le Doze, Reynold de Guenyveau, Magali Lange et Krystoff Fluder. Spectacle « Les Diaboliques », Théâtre de Poche © Sébastien Toubon

Le dispositif scénique du metteur en scène Nicolas Briançon (qui a souvent de bonnes idées et du nez) est astucieux – et les décors (Bastien Forestier) et costumes (Michel Dussarat), au diapason. Explication.
Lorsqu’il publie Les Diaboliques en 1874, Barbey, qui y travaille depuis 1850, s’expose – et le sait. Le recueil de six nouvelles est en effet saisi, et Barbey, poursuivi pour « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs, et complicité ». Il échappe de peu au procès. Le recueil est réédité en 1882, avec une nouvelle préface – dans une indifférence assez désolante : huit ans, et tout a changé. Passons.
L’idée de Briançon : donner la parole aux comédiens et à la comédienne qui, habilement, sans peser, alternent représentation d’une des nouvelles adaptée (il y en a quatre sur six : Le Bonheur dans le crime, Le Rideau cramoisi, La Vengeance d’une femme, À un dîner d’athées) et défense postulée de Barbey aux critiques qui lui ont été faites. Critiques que les comédiens et la comédienne démonétisent gré à gré, avant d’enchaîner avec la nouvelle suivante.
Procédé fidèle à celui de Barbey, d’emboîtement des histoires les unes dans les autres (« comme des poupées gigognes » ou « Ricochets de conversation » – titre initial des Diaboliques) : un narrateur raconte une histoire dans laquelle un personnage raconte une histoire qui lui est arrivée, etc.

Citons les comédiens – Gabriel Le Doze, Krystoff Fluder et Reynold de Gueniveau – irréprochables chacun dans son style, et complémentaires : une fine équipe. Quant à celle qui fut, dix ans, danseuse professionnelle – Magali… Lange : comme son nom l’indique. Régal.


Théâtre de Poche-Montparnasse – du mardi au samedi 21H – Dimanche 17H. 75 bld du Montparnasse 75006. Tél. 0145445021. Durée : 1H25.

Les Diaboliques

Price: 6,50 €

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