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300 Africains renvoyés de Mayotte vers la métropole

Folles rumeurs autour du démantèlement du stade de Cavani


300 Africains renvoyés de Mayotte vers la métropole
Mayotte, décembre 2023 © GREGOIRE MEROT/SIPA

La préfecture confirme que 308 personnes décollent en direction de Roissy Charles-de-Gaulle ce 26 février. 410 autres individus pourraient suivre.


L’île de Mayotte ne cesse de faire parler d’elle. En avril dernier, Gérald Darmanin lançait l’opération Wuambushu, visant à détruire les habitats informels où s’entassent les immigrés comoriens et à juguler la délinquance. Près d’un an plus tard, le dimanche 11 février, le ministre de l’Intérieur annonçait la suppression du droit du sol dans l’archipel, répondant à une revendication portée par l’ensemble des élus mahorais.

C’est pourtant une nouvelle affaire qui est en train de se jouer ce week-end. En effet, en catimini, le locataire de la Place Beauvau prépare le transfèrement de près de 300 migrants vers la métropole, au frais de l’Etat (la presse locale évoque une facture de près de 300 000 euros). L’information a d’abord été délivrée par le site d’information locale, Kwezi Télévision, jeudi[1], puis elle a été relayée par le député LR Mansour Kamardine lui-même, à la tribune de l’Assemblée natoniale, le 22 février[2]. Le député nous a d’abord confirmé qu’un avion de 300 passagers allait atterrir dès dimanche quelque part dans l’héxagone. Mais l’opération a pris 24 heures de retard, car l’évacuation du stade se révèle très laborieuse, et se poursuit d’ailleurs à l’heure où nous publions.

La difficile évacuation du stade de Cavani

Depuis un mois, les enfants ne sont plus scolarisés sur certaines parties de l’archipel. Les bus scolaires sont caillassés, et des bandes font régner la terreur en coupant les routes et en rançonnant les automobilistes, machette à la main. La population exaspérée a réagi en bloquant toute l’île avec des barrages pour protester, une fois encore, contre l’immigration illégale. Au moment où M. Darmanin rassurait tout son monde, début février, l’écrivain Yoanne Tillier nous a raconté le drame qui s’y joue : depuis l’automne dernier, le stade de Cavani, à Mamoudzou, a été envahi par des populations venues du continent africain. « Cela a commencé avec des migrants issus de la région des Grands lacs pour lesquels Mayotte est une porte d’entrée pour l’Europe depuis déjà un petit moment. Ça se poursuit maintenant avec la Corne de l’Afrique et des gens venus de la Somalie, du Soudan ». De temps en temps, les autorités procèdent à des démantèlements et à des expulsions, quand il existe des accords bilatéraux avec les pays des ressortissants concernés. Jeudi 21 février, 30 Malgaches ont ainsi été renvoyés dans leur île d’origine.

A lire aussi: Droit du sol, de quoi ou de qui la France est-elle le pays?

Mais le prochain avion, lui, sera donc pour… la métropole. Un avion doit en effet décoller de Mayotte pour l’Île-de-France, avec à son bord 300 réfugiés, fraîchement expulsés du stade. Pour le moment, nous ignorons si ces voyages gracieusement offerts par M. Darmanin seront opérés par la compagnie Air Austral ou par un autre avion affrété spécialement.

Le cauchemar de la fin des visas territorialisés

Derrière l’annonce du ministre de l’Intérieur sur le droit du sol, une autre mesure, passée presque inaperçue en métropole, risque d’avoir des effets désastreux. Il s’agit de la fin des visas territorialisés. Jusque-là, les déplacements autorisés aux étrangers qui obtenaient un visa se limitaient au seul archipel de Mayotte. Avec cette suppression, les ressortissants comoriens ou d’ailleurs vont pouvoir gagner la métropole ou la Réunion. L’objectif serait de déverser une partie de la pression migratoire exercée sur Mayotte vers la France continentale qu’on ne s’y prendrait pas autrement !

Cette mesure a été obtenue par le mouvement des Forces vives, groupe à la pointe sur les barrages anti-migrants sur l’île. Elle est loin d’être sans effet pervers, car l’île risque d’être perçue dans le continent africain comme une véritable porte d’entrée vers l’Europe, au risque d’en faire un Lampedusa de l’Océan Indien. En Afrique, tout se sait très vite quand il s’agit de filières migratoires. Et si les Africains réalisent que Mayotte est non seulement une porte d’accès pour la France, mais qu’en plus on leur paye un billet gratuit pour l’Eldorado, l’appel d’air sera encore plus énorme.


[1] https://www.linfokwezi.fr/non-les-migrants-africains-ne-viendront-pas-sinstaller-a-kangani/?fbclid=IwAR2mOsswvZBgYmkz7zOmi3NWKhYVBWI2ZWUzyezYqyktRkt5h_XFUaGn5dQ

[2] https://la1ere.francetvinfo.fr/mayotte/mansour-kamardine-l-arrivee-du-cholera-a-mayotte-entrainerait-la-defiance-irremediable-de-l-opinion-locale-1467126.html?fbclid=IwAR2PAdL4Bqyps0rwlGwdhCRWqrKwSnLR6pbgVF3V7bx8dFKeVMDcWRKfwTM



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