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L’imam tunisien, le drapeau national et Satan

Que quelqu’un offre un Doliprane à ce pauvre Mahjoub Mahjoubi ! Et un dictionnaire, car un lapsus, ce n'est pas ce qu'il prétend...


L’imam tunisien, le drapeau national et Satan
Mahjoub Mahjoubi. DR.

Il avait oublié les valeurs de la République sur le chemin de sa mosquée… Un prêche aussi grotesque que haineux de l’imam Mahjoub Mahjoubi, à la mosquée At-Tawba de Bagnols-sur-Cèze (30), pourrait bien lui valoir son billet retour pour la Tunisie ! Mais sera-t-il vraiment expulsé ? De toute façon, notre journaliste Céline Pina craint que M. Mahjoubi, installé depuis des décennies en France, ne soit que l’arbre qui cache la forêt islamiste.


L’imam de Bagnols-sur-Cèze n’est pas le pingouin qui glisse le plus loin sur la banquise. En effet, l’homme est menacé d’expulsion pour avoir dit explicitement ce que la plupart des imams islamistes prêchent sous le manteau : la volonté de conquête territoriale, la haine de la France et le refus de faire primer la loi française sur la culture d’origine et surtout sur le dogme islamique. Le positionnement est d’autant plus stupide qu’il y a bien plus subtil en magasin pour installer dans l’espace public des signes liés à l’islam et répandre les éléments de langage de l’islam politique.

Dérapage près du tapis de prière

La plupart des imams islamistes le savent. Ils pratiquent le double langage et jouent sur le retournement des valeurs : mettre en avant la liberté, pour imposer un signe dégradant qui refuse l’égalité aux femmes, comme le voile ; s’emparer de la laïcité pour la dévoyer en société protectrice des religions ; bâillonner la liberté d’expression et imposer la condamnation du blasphème au nom du respect de l’islam… Mais cela demande un minimum d’intelligence et de connaissance, or cet imam salafiste ne vit pas en France au XXIème siècle mais dans son rêve de conquête millénaire. En effet, ce qui lui est reproché est un dérapage lors d’un prêche où il évoque l’arrivée du Mahdi. Messie qui, selon l’islam, consacrera l’avènement des Musulmans à la fin des temps. « Il va s’autoproclamer et là, tous les gouverneurs dans toutes les gouvernances vont chuter. On n’aura plus tous ces drapeaux tricolores qui nous gangrènent, qui nous font mal à la tête, qui n’ont aucune valeur auprès d’Allah. La seule valeur qu’ils ont, c’est une valeur satanique. »

On ne serait plus à une OQTF près !

Le préfet du Gard a choisi de réagir avec promptitude et le ministre de l’Intérieur l’a conforté dans sa décision. L’imam a ainsi été signalé au procureur de la République et le retrait de son titre de séjour a été demandé afin qu’il puisse être expulsé du territoire. Jusqu’ici il y a plutôt de quoi être satisfait du déroulement de l’affaire. Et pourtant, tant que l’imam n’a pas quitté notre territoire, gardons-nous de nous réjouir : on a vu à quel point notre droit rendait compliqué toute expulsion. De surcroit, même lorsque les obstacles sont levés, les pays d’origine ne se bousculent pas pour récupérer de l’islamiste décomplexé dont ils connaissent la capacité de nuisance.

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Mah j’ai rien dit…

Mais ce qui est surtout remarquable ici, c’est le bal des faux-culs que, comme d’habitude, ce type d’affaire enclenche. Commençons par la grande comédie de la persécution et de la victimisation à laquelle se livre Mahjoub Mahjoubi, l’imam salafiste. Appelé à se justifier sur RMC, il plaide le lapsus. C’est vraiment prendre ses interlocuteurs pour des imbéciles tant ses propos s’inscrivent dans une vision du monde et des références parfaitement logiques pour un islamiste. S’il y a lapsus, c’est plutôt parce qu’il révèle ce qui est censé rester sous les radars ; une pensée conquérante qui se travestit en geignement victimaire. Mais dans son cadre de pensée, son prêche est cohérent et correspond aux représentations religieuses répandues. Ses fidèles d’ailleurs le savent bien.

Mais que dire de l’association de gestion de la Mosquée, ces « sages » et référents musulmans, censés être des garants auprès des pouvoirs publics ? Eh bien figurez-vous qu’en général, ils tombent des nues lorsqu’on leur « apprend » que leur imam est un islamiste. Bien entendu rien de cela n’est crédible. Non seulement il est impossible qu’ils ne soient pas au courant, mais en général il a même été recruté pour cela ! Il y a accord idéologique profond entre un imam et ses employeurs. L’enquête ne devrait donc pas s’arrêter à l’imam mais se pencher attentivement sur l’association de gestion et ceux qui la composent car le foyer islamiste est là. L’imam n’en est que le fruit.

Encore une affaire de bail emphytéotique !

Autres dénégations bien peu plausibles, celle du maire de Bagnols-sur-Cèze. Mais il faut dire que tout dans la construction de cette mosquée porte la marque du clientélisme. On est dans le cadre qui a été aménagé en son temps par le pouvoir socialiste pour pouvoir détourner l’interdiction de subventionnement d’un culte : le bail emphytéotique. Cela consiste à mettre à disposition d’une association musulmane, un terrain appartenant à la municipalité, lequel doit revenir théoriquement au bout d’un certain nombre d’années à la collectivité locale. C’est un moyen détourné de subventionner la construction de mosquées et un outil très utile pour obtenir des voix communautaires… Ici, par exemple, le loyer pour l’utilisation du terrain est de 1000 euros par an. Un avantage en nature conséquent. La pratique est devenue très commune et en général les liens tissés se perpétuent quel que soit le pouvoir qui s’installe en Mairie. C’est d’autant plus marqué quand une structure de gestion communautaire est radicalisée, car l’emprise sur ses membres et les fidèles est très forte. La capacité de mobilisation communautaire est donc plus importante et le rendu sur investissement communautaire plus élevé. La mosquée dont il est question a donc été construite grâce à l’aide active du Maire et à un apport décisif de la Ville (la signature du bail date de 2021).

L’estomac fragile de Jean-Yves Chapelet

Mais revenons à la politique locale. Jean-Yves Chapelet, le Maire se dit donc « estomaqué ». C’est un peu étonnant car une autre affaire avait précédemment remué le landerneau et concernait déjà la mosquée incriminée. Alors le coup du maire et des fidèles « sous le choc » est d’autant moins audible que la Préfecture précise que l’imam est suivi depuis quelques mois et qu’elle n’aurait pas qu’un seul prêche haineux à présenter au tribunal. Autre indice concordant, la nature de l’affaire précédente. Les lieux de prosélytisme islamiste ciblent souvent les enfants. Ils le font notamment par le biais de cours de soi-disant arabe, dispensés à la mosquée. La plupart du temps ce sont des cours de Coran et dans la version la plus obscurantiste qui soit. Et comme par hasard, avant le problème du prêche haineux, c’est une affaire de la sorte qui avait secoué l’association de gestion de la Mosquée. Le maire doit avoir une mémoire à éclipse. A moins qu’ayant déjà chuté de l’armoire lors de cette première affaire, il en ait perdu le souvenir.

Ce type d’affaire est appelé à se développer puisque nul ne se soucie du fait que les instituts de formation d’imams français sont aux mains des Frères Musulmans et que les imams recrutés dans les pays d’origine sont en général assez frustres, souvent rétrogrades et inadaptés à nos modes de vie quand ils ne sont pas islamistes. Mais surtout, tant que les associations de gestion ne seront pas mises en cause, que les dirigeants de celles-ci ne seront pas inquiétés et qu’il sera plus avantageux d’utiliser le clientélisme communautaire que de le combattre, rien ne changera. Cet imam sera peut-être expulsé, mais l’environnement qui a permis cette dérive, lui, n’est et ne sera probablement même pas combattu.

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Ancienne conseillère régionale PS d'Île de France et cofondatrice, avec Fatiha Boudjahlat, du mouvement citoyen Viv(r)e la République, Céline Pina est essayiste et chroniqueuse. Dernier essai: "Ces biens essentiels" (Bouquins, 2021)

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