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Examen d’entrée en 6e : cessons d’être primaires

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La proposition de Jean-François Copé d’instaurer un examen d’entrée en sixième a suscité le tir de barrage que l’on pouvait attendre : idée passéiste, réactionnaire, régressive et j’en passe. Toutes les belles âmes de la gauche enseignante, les sociologues qui nous expliquent à longueur de temps qu’il faut cesser de discriminer les élèves défavorisés en leur imposant les grandes œuvres de la littérature, ceux qui nous jurent sans rire que le niveau monte, ceux qui ont cru malin de proclamer qu’il fallait placer l’enfant au centre du système, ont rivalisé dans l’indignation. Une « gesticulation politique », une manière de « flatter une partie de l’opinion extrêmement conservatrice », a estimé l’inénarrable François Dubet. Quant au PS, il a trouvé l’origine du désastre : le « sous-investissement chronique dont souffre l’école primaire ». Comme chacun sait, si l’école va mal, ce ne saurait être qu’en raison du manque de moyens. On est curieux de savoir où la gauche trouvera ces mythiques moyens si elle revient au pouvoir.

Un examen, quelle horreur ! Et pourquoi pas des notes et des classements tant qu’on y est. Alors que la droite et la gauche sont incapables d’envisager de sélectionner les étudiants à l’entrée de l’université, on ne va pas torturer à coups d’examen des gamins de dix ans. Autrement dit, il serait très étonnant que l’idée de Copé ait la moindre conséquence concrète. Ce serait traumatisant, discriminant et pour tout dire stigmatisant.

Je ne sais pas si l’examen d’entrée en sixième est la solution du problème. Mais cette levée de boucliers est consternante. Que nous disent les indignés ? Puisque nous n’avons pas de solution, ou pas de solution simple, il ne saurait y avoir de problème. Le réel pense mal ? Ignorons-le.

Il est vrai qu’on préfèrerait oublier certaines réalités. Observer qu’un nombre croissant d’élèves entre au collège sans savoir lire et écrire – et donc, a toutes les chances d’en sortir au même niveau -, c’est admettre que nous sommes impuissants à rendre effective « l’éducation pour tous », dont nous sommes, et à juste raison, si fiers.
Sauf à se résigner à la catastrophe, il faut bien que l’on se résigne à désigner clairement le mal. La démocratisation de l’enseignement a échoué, notamment parce que toute autorité a été proscrite comme réactionnaire et aussi parce que, sur certains territoires, la proportion d’élèves étrangers rend impossible l’acquisition du français par tous.

Il n’est pas question de se résigner mais de cesser de nier les évidences. À quoi cela sert-il de laisser des élèves suivre quatre années voire plus de scolarité pendant lesquels ils n’apprendront rien et empêcheront les autres d’apprendre ? A se rassurer ? À faire plaisir aux parents ? C’est ainsi qu’on a décrété qu’il fallait amener 80 % d’une classe d’âge au bac – Jean-Pierre Chevènement, inventeur du slogan, a été mieux inspiré. La vérité, c’est qu’on a amené le bac au niveau de 80 % des élèves et le résultat, c’est que le bac ne sert plus à rien. À l’arrivée, sous couvert d’égalité on a encore accru les inégalités puisque, bien sûr, les enfants des milieux aisés comptent peu d’illettrés dans leur classe. Mais peut-être faudrait-il, par souci démocratique, faire en sorte qu’ils apprennent un peu moins à lire ?

Il ne s’agit pas de laisser qui que ce soit sur le bord de la route. Mais accepter que des enfants poursuivent leur scolarité quand ils n’en sont pas capables, c’est se payer leur tête et en fin de compte les mépriser. Si on accepte que nous sommes désormais incapables d’apprendre à tous les enfants à lire, écrire et compter, autant fermer la boutique. Cette question qui engage notre avenir bien plus profondément que l’âge de la retraite devrait obséder nos gouvernants et ceux qui aspirent à l’être. En tout cas, cessons de croire que, tel le petit bonhomme de Sempé face à l’océan, on fera reculer les réalités déplaisantes en faisant comme si elles n’existaient pas.

Je pense donc je twitte

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Martine Aubry

« Sexion d’Assaut doit annuler un concert. » Ernst Röhm est un gros dégonflé.

« Une gréviste de la faim aux urgences. » Elle ferait mieux d’aller au resto.

« Les Pays-Bas vont interdire la burqa. » De toute façon, ça leur allait pas.

Tony Curtis : amicalement mort.

« Un septuagénaire incarcéré pour viol. » Vertige du Viagra.

C’était pas la niche qu’il fallait raboter, mais le chien qu’il fallait piquer.

Je sais pas vous, mais moi, la fellation, ça me provoque une grosse inflation.

« Bayrou réunit un “shadow cabinet”. » Le plus dur a été de remettre la main sur le fantôme de Lecanuet.

« François Bayrou se dote d’un “shadow cabinet”. » S’il retrouve ses Lego, il se dote de l’arme nucléaire !

« Le Pen : Sarkozy a “perdu la main”. » Sarkozy : Le Pen a « perdu un oeil ».

« Portugal : saisie de 2 tonnes de haschisch. » Ils ont arrêté de fumer la morue ?

« Villepinte : une femme retrouvée morte. » Sale affaire pour Dominique de Villepinte.[access capability= »lire_inedits »]

« Strasbourg : 7 700 à 22 000 manifestants. » Je croyais que le riesling faisait voir double. Bah, non !

« Retraites : l’Élysée “pitoyable” (Aubry). » Elle veut y prendre sa retraite, mais elle critique la taule !

« Allemagne : arrestation d’un nouvel espion. » Un espion roumain venu espionner l’Allemagne en famille. Le 20 000e en six mois !

« Trois morts dans une mine en Ukraine. » L’Ukraine, ça n’a jamais valu le Chili.

L’affaire Delarue ne mérite pas une ligne.

« Morano félicite le nageur amputé. » Belle poignée de mains !

« Un marin décédé trouvé dans un requin. » Décédé ? Mais comment ça ?

« Exposer des cadavres reste illégal. » En fabriquer aussi.

L’Élysée décerne la Légion d’honneur à Viviane Reding. Rectification : pas la Légion, mais le doigt.

« Le fondateur de LO est mort il y a un an. » Il cherchait un pic à glace dans le congélo quand il est tombé dedans.

« Premiers mariages gays en prison à Mexico. » Miracle de la savonnette !

« Voile : une sénatrice raille Ferrari. » C’est meilleur marché que d’en rayer une.

« Tour Eiffel : aucun objet suspect trouvé. » Sauf des boulons. Partout. Mais on les a retirés.

Fête de L’Huma : les communistes visent les 12 % à la présidentielle. Pardon, les 12° au cubi.

« Le PCF déclare la “guerre” à Sarkozy. » Eh, les cocos, le pacte germano-soviétique n’a pas encore été rompu !

« Limoges : un prof de sport passé à tabac. » Un sportif, ça ne devrait pas fumer.

« 55 fausses déclarations de paternité. » Qui se dévoue pour déterrer Yves Montand ?

« Villepin : “Le gouvernement doit écouter les Français.” » C’est l’histoire d’un autiste qui veut donner des leçons à des malentendants.

Camus. Non seulement il n’entrera pas au Panthéon, mais en plus il est viré de chez Johnny.

« Le cannabis, un antidouleur ? » Z’y va ! On n’est pas des dealers, on est pharmaciens ![/access]

Affaire Guerlain, je suis au parfum

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Le parfumeur Jean-Paul Guerlain n'est plus en odeur de sainteté.

Non seulement, je ne suis pas raciste, mais si j’ai blessé quelqu’un en disant du mal des racistes, je lui présente mes excuses.

J’ajoute que je ne suis même pas antisémite, alors que personnellement ma mère et ma femme sont juives. Mon père aussi était juif, soit dit en passant.

Je ne dis jamais de mal d’aucun peuple en général, et je serre volontiers la main d’un Polonais, d’un Allemand, d’un Ukrainien, d’un Lithuanien, et même d’un Roumain, pourvu seulement qu’il n’y ait pas de traces de sang juif séché sur cette main.

Je ne suis pas du tout islamophobe, si ce mot veut dire qu’on éprouve à l’égard des musulmans la même répulsion phobique que les nazis envers les Juifs. J’aime assez les musulmans aimables pour ne pas les confondre avec la version totalitaire et terroriste de l’islam, l’islamisme conquérant.

J’ai très rarement eu l’occasion de dire « J’ai travaillé comme un nègre », mais cela m’est arrivé, je l’avoue. Il m’est arrivé par association libre de me demander dans la foulée de la métaphore si cette expression toute faite était tout à fait juste. Je l’avoue. Pour autant, je ne suis pas du tout partisan de rétablir l’esclavage, ni même les travaux forcés.

Je précise que je ne m’appelle pas Guerlain, mais que ça ne me dérangerait vraiment pas, à condition que cet aveu ne me fasse pas passer pour un antisémite déguisé : « Pourquoi dit-il Guerlain et pas Helena Rubinstein ? »

D’ailleurs, si toute personne qui a dit une fois dans sa vie « j’ai travaillé comme un nègre » est raciste, il faut avoir été paresseux sans relâche pour ne pas être raciste. Je m’excuse tout de suite pour le mot paresseux, qui est raciste, car l’animal qui porte ce nom passe tout de même 20 % de son temps à s’accoupler, et 80 % seulement à dormir. Que celui qui fait mieux que ces 20 % lui jette la première pierre. Attention, je ne voudrais pas qu’on isole un bout de cette phrase pour me faire dire que j’incite à jeter des pierres sur un animal en train de s’accoupler. Ni moi ni Jésus ne prônons le jet de pierres pour un motif lié à la sexualité. Mais en disant que je ne prône pas le lancer de pierres sur la femme adultère ou sur l’animal accouplé, je n’ai pas condamné l’Intifada, car je sais qu’un authentique antiraciste se doit de soutenir tous les actes de violence contre les Juifs d’Israël. Il n’est pas raciste de vouloir la destruction de l’État des Juifs, bien au contraire.

Même entre nous, vous ne me ferez pas dire que dans l’affaire Guerlain, certains médias, y compris parmi les plus distingués, en exposant cet homme à la vindicte publique pour un mot coupé de son contexte, et donc de son sens, participent d’une sorte de chasse aux sorcières.

Je n’ai pas envie de faire l’objet d’une fatwa lancée d’un côté par les chasseurs, et de l’autre par les sorcières.

Stages ? Stop !

Une des choses à déplorer dans la mobilisation actuelle de la jeunesse, c’est l’absence totale de stratégie offensive, qui aurait pour ressort l’amélioration de l’accès à l’emploi des jeunes. D’après les enquêtes, la jeunesse française serait la plus pessimiste d’Europe. Avec la lutte pour le maintien de la retraite à 60 ans, elle rumine son pessimisme. Et c’est affligeant.

D’autres slogans pour la jeunesse ?

Au lieu d’assister à la défense des acquis sociaux, perçus comme inaliénables alors même qu’ils ne sont plus compatibles avec la réalité démographique de notre pays et la concurrence forcenée imposée par la mondialisation, au lieu de constater que c’est une fois de plus la peur de la précarisation plus que la volonté de changement qui anime la révolte de la jeunesse, j’aurais aimé voir une jeunesse mobilisée pour l’ouverture et la souplesse du marché de l’emploi qui, à l’heure actuelle, semble lui fermer ses portes, même aux plus diplômés d’entre elle.

J’aurais voulu lire sur les pancartes des manifestants des slogans comme « Abolissons les stages », « Embauchez-nous directement en CDI, vous ne le regretterez pas » ou encore « Mon CDI parce que je le vaux bien » plutôt que « Ma retraite à 60 ans ». Manifester pour en finir avec les stages aurait été, à mon sens, plus judicieux parce que cette revendication aurait fait sortir la politisation des jeunes du carcan impulsif et émotionnel, dans lequel le mouvement contestataire des lycéens et étudiants s’est enfermé, en lui offrant un contenu positif et proactif.

L’image de la jeunesse menaçante, infantile et pessimiste aurait alors été recouverte par le visage d’une jeunesse plus responsable, soucieuse de mener un combat dont la victoire est cruciale pour réenchanter le travail et redonner confiance dans l’avenir de notre société. Car, au-delà du symbolique, cette revendication pour interdire les stages, surtout lorsque les jeunes diplômés ont atteint un niveau d’étude et de formation suffisant, est bien légitime, tout simplement pour débloquer les embauches et redonner leurs justes valeurs aux diplômes et aux diplômés.

On pensait que les stages constituaient une solution pragmatique pour mieux articuler formation théorique et expérience pratique, pour mieux ajuster le monde universitaire au monde de l’entreprise. En réalité, les stages sont bien souvent une voie sans issue. Non considérés comme expérience professionnelle, ils sont invendables sur le marché de l’emploi.

Certes, l’idée des stages était bonne en théorie, mais en pratique elle est devenue nuisible. Son application va à l’encontre de l’objectif fixé. Au lieu d’insérer le jeune diplômé dans la vie active, le stage le marginalise. Curieux paradoxe, me direz-vous, mais c’est malheureusement bien souvent le cas.

Les étudiants accumulent les stages sans déboucher la plupart du temps sur un emploi stable et valorisant. Les entreprises en offrent à la pelle sans créer de véritable poste. Nombreuses sont celles qui fonctionnent en grande partie par le défilé permanent de stagiaires. Evidemment, c’est plus rentable que d’embaucher directement en CDI.
Certes, un étudiant qui n’a pas fini ses études et doit faire un stage pour valider son année, le stage lui offre ce qu’il attend, un aperçu, rémunéré au minimum 30 % du Smic, du monde du travail.

Les stages entretiennent un climat malsain

Mais la situation n’est plus la même lorsque le jeune diplômé, qui a déjà effectué plusieurs stages, se retrouve sur un marché du travail où seuls des stages lui sont proposés alors qu’il ne peut plus en faire, n’étant plus étudiant. Stagiaire à vie n’est pas franchement une solution pour devenir un jeune adulte actif, capable de construire sa vie professionnelle et privée. Au final, les stages entretiennent un climat malsain.

D’un côté, les jeunes diplômés éprouvent à la fois incompréhension face à la dévalorisation de leurs diplômes, qui ne constituent plus un facteur discriminant à l’embauche, et ressentiment face au déficit de reconnaissance de leur travail lors de leurs stages. De l’autre côté, il y a une certaine frilosité de la part des entreprises qui appréhendent d’embaucher un jeune diplômé avec le statut de cadre, puisqu’elles ne sont pas certaines de la rentabilité de sa formation et qu’elles refusent de payer des charges supplémentaires alors que le même travail peut être effectué par un stagiaire qui coûte beaucoup moins.

En cela, le système français fonctionne à l’opposé du système anglais. Les universités anglaises délivrent une formation intellectuelle qui permet à leurs étudiants de s’adapter. Les jeunes Anglais sont embauchés à des postes qui n’ont, bien souvent, rien à voir avec la nature de leurs diplômes et on ne leur demande pas d’être formés avant d’entrer dans l’entreprise. Ils le sont lorsqu’ils prennent leurs fonctions et apprennent leur métier sur le terrain en accédant rapidement à des responsabilités, tout simplement parce que le pacte passé entre les jeunes diplômés anglais et les entreprises est un pacte de confiance. C’est cet esprit qui manque cruellement en France.

L’absence de prise de risque

Tout le problème est là. Au-delà d’une politique de l’emploi trop contraignante pour les entreprises françaises, il y a surtout l’absence de prise de risque, la crainte de miser sur la perfectibilité, et donc le refus de faire confiance dans la capacité des compétences à s’épanouir dans le cadre de l’entreprise, en apportant un bénéfice qui rentabilisera nettement sur le long terme le coût déboursé à l’embauche.

Parier sur le potentiel et investir dans la pluralité et la compatibilité des qualités individuelles, voilà qui redonnerait de l’optimisme dans le monde du travail et stimulerait la volonté de donner le meilleur de soi-même.

Alors, à la question que posait Émile Zola à la fin de sa Lettre à la jeunesse « Où allez-vous jeunes gens, où allez-vous étudiants, qui battez les rues, manifestant, jetant au milieu de nos discordes, la bravoure et l’espoir de vos vingt ans ? », j’aurais aimé entendre notre jeunesse lui répondre : « Nous allons crier notre fougue pour du travail gratifiant. »

Les peluches, c’est dément !

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Il faut bien le reconnaître, même si c’est désolant, Eliot et Lola sont déjà las de la nouvelle console reçue en juin pour leurs – relatifs – bons résultats scolaires. Que faire ? Que trouver pour les distraire ? Quoi de nouveau, de surprenant, d’inattendu pour Noël qui approche dangereusement ? Et si, en plus, le jouet en question pouvait être dépourvu de câbles, de piles, de chargeurs… On peut rêver. Sauf qu’en vérité, ce jouet miraculeux existe, nous le devons au génie de l’Allemand Martin Kittsteiner qui a créé des peluches.

Quoi, des peluches ? Parfaitement, des peluches ! Pas des Bisounours ou des Télétubbies, mais des peluches qui soignent les névroses enfantines, et autrement mieux que votre vieil ours borgne. Car chaque peluche de cette nouvelle gamme tout à fait fascinante est atteinte d’une maladie mentale.

Un franc succès est à prévoir pour Dolly, le mouton schizophrène qui se prend pour un loup. Ça devrait plaire. Mais notre concepteur ne s’est pas arrêté là, ce serait trop facile. Si vous êtes pourvu d’une famille nombreuse, tentez également Dub, la tortue dépressive ou Lilo, l’hippopotame autiste. Et vous ferez bien des heureux autour de vous, car leur créateur, qui ne cache pas sa fierté, nous avertit : « Les enfants comme les adultes aiment leur vulnérabilité, et trouvent en elles quelque chose qui leur apporte du soulagement pour les aider à guérir. » Sans compter « que certains adultes y voient une forme de thérapie pour eux-mêmes ».

Reste plus qu’à obtenir un remboursement par la Sécu, et à nous les longues après-midi récréatives où le petit dernier apaisera les névroses de son doudou mieux qu’à l’asile psychiatrique, tandis que les grandes personnes pourront enfin prendre l’apéro. Ce qui fera également le plus grand bien à leurs névroses personnelles.

Keith qui fait flipper Disney ?

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D’après le site de potins hollywoodien Drudge Report, qu’on dit généralement bien informé, Keith Richards, qui devait jouer le papa de Johnny Depp dans Pirates des Caraïbes 4, la fontaine de jouvence n’apparaitra finalement pas dans le film. Pourtant, il avait déjà tourné ses scènes, et la qualité de son jeu d’acteur n’est absolument pas en cause (il avait déjà fait une apparition dans l’opus 3).

Ce qui a, semble-t-il, décidé le producteur – Disney en l’occurrence – à couper au montage le guitariste des Stones, ce sont les bonnes feuilles, publiées samedi par le Times de son autobiographie à paraître. Apparemment, on y parle nettement plus de drogues que de sexe et de rock n’roll.

On comprend qu’on se soit ému chez Mickey, de telles pratiques n’étant pas compatibles avec l’éthique de la maison. Cependant on ne peut que partager la perplexité de nombre de commentateurs US : y avait vraiment besoin d’attendre la publication de ce livre pour supputer que le plus grand guitariste vivant n‘était pas uniquement accro aux infusions verveine-menthe ?

Faire face à Facebook

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Photo : Spencer E Holtaway

Il faut bien qu’il m’arrive d’être en désaccord avec David Desgouilles. Ça finirait par jaser, sinon, et ce serait gênant pour nous deux. Déjà, pour un gaulliste et un communiste, nous partageons ensemble beaucoup trop de choses pour que ce soit honnête : une passion ombrageuse pour la souveraineté nationale, un certain goût pour la France des Jours Heureux comme s’intitulait le programme du Conseil National de la Résistance et puis aussi pour le foot, le droit du sol, la nécessité d’un état interventionniste et fort dans le grand bordel de la mondialisation néolibérale. Celle, opérée par un capitalisme financiarisé, qui n’hésite plus, via quelques gouvernements qui servent de simples courroies de transmissions, à planifier la paupérisation, voire la clochardisation des classes moyennes et populaires dans toute l’Europe Occidentale. Comme lui, je pense d’ailleurs que la France peut avoir raison contre le monde entier, que ce soit au moment de Valmy ou pour les retraites, le fromage au lait cru ou la reprise des essais nucléaires en 1995.

Facebook contre le mouvement social

On a des discrétions de jeunes filles sur la question mais, au fond, notre rêve serait de retrouver Nicolas Dupont Aignan et Jean-Luc Mélenchon dans le même gouvernement de Salut Public pour s’attaquer enfin à l’essentiel : la restauration de l’indépendance nationale, la décommunautarisation des problèmes sociaux et l’assimilation d’une immigration nécessaire et contrôlée par plus de démocratie économique.

Mais nous savons aussi pour aimer la politique et le militantisme que nos familles respectives ont chacune leurs vielles pesanteurs et que nous sommes un peu des « maverick », comme disent joliment les Américains, au sein de notre propre camp dans lesquels les tropismes historiques et sociologiques, les préoccupations électoralistes et les alliances stratégiques nous renvoient vers des choses qui ne sont pas forcément ce que nous aimons : un certain sécuritarisme chez ses amis, un certain bisounoursisme chez les miens. C’est d’ailleurs une chance historique pour le camp d’en face, celui des néoconservateurs européistes, atlantistes et serial killers des Etats-providence depuis trente ans, que cette division qui fait qu’à la fin, au deuxième tour, nous allons sans trop d’enthousiasme déposer dans l’urne, l’un un bulletin pour le candidat dit de droite et l’autre un bulletin pour le candidat dit de gauche.
Donc, je ne suis pas d’accord au moins sur une chose avec David, c’est Facebook. C’est plus grave que cela en a l’air. J’ai longtemps commis l’erreur de croire que le support était innocent, que la technologie était neutre. C’était mon côté Grec ancien : dans la mythologie, les dieux ne sont ni bons, ni méchants et les héros ne sont ni des saints ni des démons. Dionysos, c’est le vin et la vie mais c’est aussi celui qui rend fou comme le soleil d’Apollon est celui de la raison aussi bien que de la fureur. Le couteau peut poignarder ou couper le pain.

Facebook n’est pas un couteau à pain

Seulement Facebook n’est pas un dieu grec ni un couteau à pain, Facebook est « intrinsèquement pervers » comme l’avait dit en son temps un certain pape à propos du communisme. Pour aller vite, il participe de ce que Debord et les situationnistes appelaient la Séparation et qui est une des caractéristiques les plus évidentes de notre modernité. Nous ne sommes plus jamais ensemble dans le réel, nous vivons dans nos quartiers respectifs, nous regardons des chaines de télés différentes, quand nous lisons encore, nous lisons des journaux et des livres différents.

Cela s’insinue dans les plus petits détails, jusque dans les fast-foods qui semblent faire un Yalta communautariste sur la junk-food avec McDo pour les Blancs et Quick pour les Musulmans. Plus rien ne fédère, tout sépare, désunit, éloigne. Facebook est le lieu du spectacle de la séparation effective, au sens debordien du terme, « l’inversion concrète de la vie, le mouvement autonome du non-vivant », mais son habileté est de se donner pour le contraire.

À une époque où le mot « réforme » est devenu synonyme de régression sociale (Benoist Apparu de l’UMP, dans un instant d’égarement, a lâché le morceau), il n’est donc pas étonnant que Facebook se définisse comme réseau social là où il ne crée que de l’affinitaire superficiel et, précisément, désocialisant. On ne se voit jamais grâce à Facebook ou si on tente le coup du réel, ça donne ce réel grotesque, déformé, ce réel irréel que furent les apéros géants, retournés d’ailleurs au néant médiatique tant le facebookien basique, ce que n’est pas David puisqu’il veut maitriser la Bête, est devenu un handicapé de l’altruisme, un angoissé du visage, l’anti Lévinas par excellence qui refuse l’expérience fondatrice du regard. Facebook, c’est la burqa des tribus geeks mais une burqa pour les deux sexes.

Ce dont je voudrais convaincre mon camarade David Desgouilles, en fait, c’est que Facebook lui a donné l’illusion, non pas de la rencontre, mais celle d’être un outil indispensable pour faire des rencontres, prendre des contacts. Il a pourtant, David, assez de mémoire pour se souvenir de ce temps où nous n’avions pas besoin de béquilles électroniques pour savoir qu’à l’autre bout du pays tel militant pouvait nous prêter un couchage de fortune le temps d’une réunion électorale. On peut même se demander si le système, le type de société fragmentée par la consommation narcissique, que nous combattons tous les deux n’a pas intérêt à avoir Facebook comme arme anxiolytique. Pendant que je consulte mon mur sur écran, je ne pense pas à abattre ceux qui nous enferment dans l’impossibilité, à nouveau, d’un grand récit collectif et d’un roman national.

Et puis je lui ferais remarquer avec regret, mais amitié que malgré nos mails, nos blogs et son Facebook, nous n’avons toujours pas trouvé le moyen de nous serrer la main et boire un canon ou d’assister à un Sochaux-Lille dans l’IRL (in real life) comme disent les nouveaux camés du virtuel.

C’est bon d’être aimé par des cons !

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Président de la Région Languedoc-Roussilon, Georges Frêche s'est éteint dimanche à l'âge de 72 ans.

Dans une dernière entourloupe, Georges Frêche aura réussi, en passant dimanche ad patres[1. La multiplication, dans cet éloge funèbre, des citations latines, au risque de passer pour un cuistre, se veut un hommage à un homme qui maniait avec élégance la langue de Cicéron.] à pourrir la campagne de promo du bouquin d’Hélène Mandroux, maire de Montpellier, qui venait tout juste de commencer. Dans cet ouvrage modestement intitulé Maire Courage, celle dont Georges Frêche fut le Pygmalion tente de lui tailler de ses petites mains un costard pour un hiver dont il n’aura plus le loisir d’endurer les frimas. « De mortuis, aut bonum, aut nihil », « des morts on ne dit rien sinon du bien » (et non pas « de mortibus » comme ce cancre normalien d’Alexandre Adler l’a sorti l’autre jour, sur France Culture, en plus !), et celle que Frêche traita naguère de « conne » doit, comme tout le monde se livrer volens, nolens à une laudatio post mortem du défunt.

François Hollande, péremptoire, répète sur toutes les ondes que la mémoire collective retiendra le Frêche bâtisseur et oubliera le Frêche des petites phrases, vite étiquetées « dérapages racistes » après décontextualisation dans les rédactions parisiennes et dans les couloirs de la rue de Solferino.

Pas si sûr. Le style néo-classique de Bofill du quartier Antigone à Montpellier risque de mal vieillir, alors que certaines des petites phrases qui ont valu à Frêche l’opprobre des prétendues élites parisiennes ont quelque chance de résister à la critique rongeuse des souris. Et de se révéler avec le temps beaucoup plus que des petites phrases, comme celle-ci : « Les cons sont majoritaires, et moi j’ai toujours été élu par une majorité de cons et ça continue parce que je sais comment les « engraner ». J’engrane les cons avec ma bonne tête, je raconte des histoires de cul, ça a un succès de fou. Ils disent : « Merde, il est marrant, c’est un intellectuel mais il est comme nous. » Quand les gens disent : « Il est comme nous », c’est gagné, ils votent pour vous… Ils sont cons et, en plus, ils sont bien dans leur connerie. Pourquoi les changer ? […] Mais les cons sont souvent sympathiques, moi je suis bien avec les cons, je joue à la belote, je joue aux boules. Je suis bien avec les cons parce que je les aime. »

À la première lecture, ces propos peuvent passer pour le comble du cynisme d’un démagogue méprisant ceux qu’il parvient à « engraner » (se mettre dans la poche) comme un bonimenteur de foire. À ceci près que ces paroles ont été prononcées coram populo (en public) et non dans un petit cercle de politiciens dégoisant entre initiés sur ce peuple dont il est malheureusement nécessaire de solliciter les suffrages. De plus le mot « con » mérite d’être replacé dans le contexte dialectal méditerranéen qui lui confère une polysémie où seuls l’intonation et le langage corporel accompagnant son emploi permettent de faire la distinction entre le « con » équivalent de crétin et le « con » affectueux accueillant l’arrivée d’un copain.

La détestation de François Mitterrand

Pendant un demi-siècle, les bourgeois lyonnais ont élu un autre intellectuel, Edouard Herriot, pour qu’il ne change rien à la ville rhodanienne, ce qui lui permit de mener tranquillement une carrière politique nationale sous la IIIe et la IVe République.

Pour Georges Frêche, ce fut exactement l’inverse : les « cons » de Montpellier, puis du Languedoc-Roussillon lui accordèrent massivement leurs suffrages pour qu’il fasse bouger une ville, puis une région qui semblaient vouées au déclin et à la décadence. Il écrasa les rivales potentielles Nîmes et Béziers, fit mieux que Ferdinand Lop en prolongeant sa ville jusqu’à la mer par le biais de la communauté d’agglomération. Mais il ne fut jamais ministre en raison de la détestation que lui vouait François Mitterrand.

C’est aux rencontres de Pétrarque, événement snobissime du Festival Radio France Montpellier, organisé par France Culture en partenariat Le Monde, que je dois d’avoir eu l’honneur et l’avantage, il y a une quinzaine d’années, de partager plusieurs fois le pain et le vin avec Georges Frêche, empereur des cons, en compagnie de quelques-uns des « intelligents » les plus en vue du moment. S’il n’avait pas été là, je crois que je me serais ennuyé à mourir. Reste à trouver l’épitaphe convenable pour inviter le passant à se souvenir d’un homme politique hors du commun, et qui mena sa carrière en suivant la fameuse devise « A bove ante, ab asino retro, a stulto undique caveto » (prends garde au bœuf par devant, à l’âne par derrière, à l’imbécile par tous les côtés) ?

Islam et République, oui au choc des valeurs

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La Kaaba à la mosquée Al-Masjid al-Haram de La Mecque
La Kaaba à la mosquée Al-Masjid al-Haram de La Mecque.

Des centaines d’étudiants s’étaient rassemblés, ce soir d’avril 1989, sur le campus pour célébrer la « Journée de solidarité avec la Palestine ». Dans le Maroc universitaire, la cause palestinienne façonnait notre conscience politique.

Mais, autour de l’estrade, nous n’étions pas que des étudiants ; des hommes armés de couteaux s’étaient infiltrés avec la farouche volonté d’en découdre avec ceux qu’ils nommaient des « infidèles » parce qu’ils se revendiquaient du marxisme-léninisme. Alors qu’un étudiant s’était autorisé à jouer avec des mots empruntés aux versets coraniques, il fut interrompu et menacé par des individus qui, transcendés par une pseudo-volonté divine, n’en étaient plus.

De ces cris assourdissants et de cette foule en mouvement, une image m’est restée en mémoire, celle d’un visage vêtu d’une longue barbe, accomplissant un mouvement brusque, du bas vers le haut, à destination du bas de mon ventre, avec son couteau fermement tenu. Et pour donner tout son sens à son geste, il l’accompagnait de cette formule spécifique aux rituels religieux de l’islam : « Au nom de Dieu clément et miséricordieux ! »[access capability= »lire_inedits »]

Ce qui me hante, ce n’est pas son agression, ni ce au nom de quoi il la perpétrait, mais son regard venu d’ailleurs, singulier et indescriptible.

Nous étions coupables, mais de quoi au juste ?

Pourquoi des hommes issus d’horizons sociologiques différents s’étaient-ils donné rendez-vous pour accomplir des actes aussi ignobles au nom d’une religion ? Nous étions coupables à leurs yeux, mais coupables de quoi au juste ?

À l’époque, les universités marocaines constituaient un espace de prise de conscience politique et d’exercice de la liberté de conscience. Les islamistes du courant « Justice et spiritualité », créé par  Abdessalam Yassine en 1973, étaient écartés de l’unique syndicat étudiant. Ils n’allaient le rejoindre officiellement qu’en 1995, avec la ferme intention de le contrôler et de faire payer leur athéisme aux « gauchistes ». Je n’avais pas de conscience politique, pas d’affiliation syndicale. J’étais juste un être qui aspirait à cette ivresse que procurent la liberté de penser et la découverte des pensées philosophiques et politiques.

Au matin, j’avais une gueule de bois terrible.

Les affrontements entre les deux camps se sont poursuivis durant des semaines. Le campus est devenu un champ de bataille. Des  » barbus » ont organisé des tribunaux populaires. Des étudiants ont été assassinés.

Vingt ans plus tard, j’ai parfois l’impression que l’histoire se répète dans le pays qui est devenu le mien : la France. Bien sûr, ce n’est pas la même chose. Et pourtant : est-il si différent de tabasser un musulman français qui n’observe pas le ramadan et d’agresser un étudiant marocain qui ne croit pas en Dieu ? 

L’intégration, c’est l’apprentissage de la pensée critique

En général, l’intégration est exclusivement pensée en termes économiques et sociaux, comme s’il suffisait d’avoir accès à l’emploi, au logement, à la santé, pour que le processus fonctionne. À en juger par ma trajectoire personnelle, la dimension la plus importante et la plus difficile à mettre en œuvre individuellement, c’est l’apprentissage d’une certaine pensée critique qui s’oppose au régime de l’évidence. De ce point de vue, l’émigration est une chance, puisqu’elle soumet nos codes sociaux et nos schémas mentaux à l’épreuve du brassage culturel. Face à cette épreuve, on peut choisir le repli identitaire et le communautarisme ou, au contraire, accepter d’être déconcerté et d’interroger ses certitudes.

L’université française m’a donné des connaissances et un savoir-faire, mais plus encore ce savoir critique qui permet de poser des questions plus que d’obtenir des réponses. C’est ainsi que j’ai appris à interroger les valeurs qui donnent sens à une vie en société et que, dans cette belle République tant décriée, j’ai trouvé la liberté − liberté de conscience, liberté de croire et de ne pas croire, liberté de s’interroger, de douter, et même parfois d’avoir des certitudes.

Or cette liberté est aujourd’hui menacée. Ceux qui nous l’ont volée dans nos pays d’origine prétendent maintenant nous prendre en otage dans nos belles sociétés d’accueil.

Animés par un esprit enfantin, contemplant nos doutes et nos incertitudes, nous passions des soirées à parler de « nous » et de « vous » et, en affirmant nos différences, nous progressions dans l’acceptation de l’autre. Déjà, nous participions à cette mosaïque républicaine. En fin de soirée, nous réfutions ensemble cette opposition stérile entre « nous » et « vous ». Nous étions nés ici, ou nous y avions grandi et appris, nous pouvions inventer une nouvelle façon de dire « nous », sans distinction d’origine ni d’héritage culturel.

Il ne s’agit pas de liberté religieuse mais de liberté tout court. De nos libertés

Qu’est devenu cet esprit enfantin ? Alors que les parents ont cessé de croire au mythe du retour, les enfants se revendiquent aujourd’hui de valeurs venues d’ailleurs, un ailleurs qu’ils connaissent à peine. Après avoir perdu le combat de l’intégration sociale et économique, et ce, malgré trente ans de « politique de la ville », nous sommes en phase de perdre celui des libertés.

Des courants religieux affirment leur emprise sur nos quartiers, offrent aux jeunes des grilles de lecture, initient et cristallisent des oppositions de valeurs, de modes de vie, d’identités et ouvrent autant d’espaces d’affrontements au nom d’un différentialisme sacralisé. Ils entendent régner sur les corps autant que sur les âmes, en emprisonnant les rapports entre hommes et femmes, et ceci dès l’enfance puisqu’ils veulent priver les plus petits de la mixité à la piscine. Ils refusent que des femmes soient suivies par des gynécologues hommes. Et, de la crèche à l’école en passant par les centres de loisirs, ils s’attaquent à toutes les sphères éducatives.

Nous avons voulu croire qu’il s’agissait de liberté religieuse alors que ce qui est en question est un mode de vie, une conception des rapports sociaux qu’ils propulseront un jour dans le champ politique. C’est pour cela que les femmes sont pour eux un enjeu stratégique : s’ils veulent les dominer, c’est pour qu’elles assurent la transmission aux générations futures de valeurs familiales venues d’ailleurs, leurs valeurs fanatiques et religieuses. C’est pour cela que la cause des féministes est la nôtre.

Nous devons aller au combat, reprendre ces quartiers aux extrémistes qui diffusent des représentations et des valeurs qui sont tout sauf républicaines. Occupons l’espace public. Parlons de laïcité, d’égalité entre hommes et femmes, d’égalité des chances.

Oui, je suis pour un affrontement républicain que nous mènerons, non pas par à-coups médiatiques, non pas au hasard d’une loi, mais en brandissant nos valeurs. Je suis prêt à y participer parce qu’après la gueule de bois de l’intégrisme, j’ai connu en France l’ivresse de la liberté. Je ne me laisserai pas priver de cette ivresse. [/access]

A la poursuite d’octobre rouge

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Qu’est-ce qui pèse 7 800 tonnes, mesure cent mètres, dispose d’un moteur à propulsion nucléaire qui lui permet de ne pas avoir besoin d’être ravitaillé en énergie, peut lancer des torpilles Spearfish et des missiles conventionnels Tomahawk sur des cibles situées à 2 000 kilomètres ? Un sous-marin ? Gagné !

Mais ce n’est pas un banal sous-marin ex-soviétique en pleine déglingue, c’est le très récent HMS Astute qui a été baptisé en 2007 et est seulement entré en service au mois d’août dernier. Pourtant, lui aussi vient de s’échouer assez lamentablement sur des rochers au large de l’île de Skye, en Ecosse. On s’interroge sur les causes de ce fiasco maritime. On parle d’un gouvernail qui aurait raclé le fond. Personne pour l’instant n’a envisagé que le pilote en immersion ait pu faire une fausse manœuvre après avoir entendu à la radio le contenu du plan drastique d’austérité de David Cameron, qui n’épargne pas non plus la Défense dont le budget va être amputé de 8 % à l’horizon 2014-2015.

À moins que sa maladresse n’ait été due à l’information qui suivait immédiatement et annonçait qu’il y avait encore un peuple en Europe qui résistait au rouleau compresseur de la régression sociale, comme dirait lui-même, sans qu’on le force, Benoist Apparu, le secrétaire d’Etat UMP au Logement.

Examen d’entrée en 6e : cessons d’être primaires

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La proposition de Jean-François Copé d’instaurer un examen d’entrée en sixième a suscité le tir de barrage que l’on pouvait attendre : idée passéiste, réactionnaire, régressive et j’en passe. Toutes les belles âmes de la gauche enseignante, les sociologues qui nous expliquent à longueur de temps qu’il faut cesser de discriminer les élèves défavorisés en leur imposant les grandes œuvres de la littérature, ceux qui nous jurent sans rire que le niveau monte, ceux qui ont cru malin de proclamer qu’il fallait placer l’enfant au centre du système, ont rivalisé dans l’indignation. Une « gesticulation politique », une manière de « flatter une partie de l’opinion extrêmement conservatrice », a estimé l’inénarrable François Dubet. Quant au PS, il a trouvé l’origine du désastre : le « sous-investissement chronique dont souffre l’école primaire ». Comme chacun sait, si l’école va mal, ce ne saurait être qu’en raison du manque de moyens. On est curieux de savoir où la gauche trouvera ces mythiques moyens si elle revient au pouvoir.

Un examen, quelle horreur ! Et pourquoi pas des notes et des classements tant qu’on y est. Alors que la droite et la gauche sont incapables d’envisager de sélectionner les étudiants à l’entrée de l’université, on ne va pas torturer à coups d’examen des gamins de dix ans. Autrement dit, il serait très étonnant que l’idée de Copé ait la moindre conséquence concrète. Ce serait traumatisant, discriminant et pour tout dire stigmatisant.

Je ne sais pas si l’examen d’entrée en sixième est la solution du problème. Mais cette levée de boucliers est consternante. Que nous disent les indignés ? Puisque nous n’avons pas de solution, ou pas de solution simple, il ne saurait y avoir de problème. Le réel pense mal ? Ignorons-le.

Il est vrai qu’on préfèrerait oublier certaines réalités. Observer qu’un nombre croissant d’élèves entre au collège sans savoir lire et écrire – et donc, a toutes les chances d’en sortir au même niveau -, c’est admettre que nous sommes impuissants à rendre effective « l’éducation pour tous », dont nous sommes, et à juste raison, si fiers.
Sauf à se résigner à la catastrophe, il faut bien que l’on se résigne à désigner clairement le mal. La démocratisation de l’enseignement a échoué, notamment parce que toute autorité a été proscrite comme réactionnaire et aussi parce que, sur certains territoires, la proportion d’élèves étrangers rend impossible l’acquisition du français par tous.

Il n’est pas question de se résigner mais de cesser de nier les évidences. À quoi cela sert-il de laisser des élèves suivre quatre années voire plus de scolarité pendant lesquels ils n’apprendront rien et empêcheront les autres d’apprendre ? A se rassurer ? À faire plaisir aux parents ? C’est ainsi qu’on a décrété qu’il fallait amener 80 % d’une classe d’âge au bac – Jean-Pierre Chevènement, inventeur du slogan, a été mieux inspiré. La vérité, c’est qu’on a amené le bac au niveau de 80 % des élèves et le résultat, c’est que le bac ne sert plus à rien. À l’arrivée, sous couvert d’égalité on a encore accru les inégalités puisque, bien sûr, les enfants des milieux aisés comptent peu d’illettrés dans leur classe. Mais peut-être faudrait-il, par souci démocratique, faire en sorte qu’ils apprennent un peu moins à lire ?

Il ne s’agit pas de laisser qui que ce soit sur le bord de la route. Mais accepter que des enfants poursuivent leur scolarité quand ils n’en sont pas capables, c’est se payer leur tête et en fin de compte les mépriser. Si on accepte que nous sommes désormais incapables d’apprendre à tous les enfants à lire, écrire et compter, autant fermer la boutique. Cette question qui engage notre avenir bien plus profondément que l’âge de la retraite devrait obséder nos gouvernants et ceux qui aspirent à l’être. En tout cas, cessons de croire que, tel le petit bonhomme de Sempé face à l’océan, on fera reculer les réalités déplaisantes en faisant comme si elles n’existaient pas.

Je pense donc je twitte

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Martine Aubry

Martine Aubry

« Sexion d’Assaut doit annuler un concert. » Ernst Röhm est un gros dégonflé.

« Une gréviste de la faim aux urgences. » Elle ferait mieux d’aller au resto.

« Les Pays-Bas vont interdire la burqa. » De toute façon, ça leur allait pas.

Tony Curtis : amicalement mort.

« Un septuagénaire incarcéré pour viol. » Vertige du Viagra.

C’était pas la niche qu’il fallait raboter, mais le chien qu’il fallait piquer.

Je sais pas vous, mais moi, la fellation, ça me provoque une grosse inflation.

« Bayrou réunit un “shadow cabinet”. » Le plus dur a été de remettre la main sur le fantôme de Lecanuet.

« François Bayrou se dote d’un “shadow cabinet”. » S’il retrouve ses Lego, il se dote de l’arme nucléaire !

« Le Pen : Sarkozy a “perdu la main”. » Sarkozy : Le Pen a « perdu un oeil ».

« Portugal : saisie de 2 tonnes de haschisch. » Ils ont arrêté de fumer la morue ?

« Villepinte : une femme retrouvée morte. » Sale affaire pour Dominique de Villepinte.[access capability= »lire_inedits »]

« Strasbourg : 7 700 à 22 000 manifestants. » Je croyais que le riesling faisait voir double. Bah, non !

« Retraites : l’Élysée “pitoyable” (Aubry). » Elle veut y prendre sa retraite, mais elle critique la taule !

« Allemagne : arrestation d’un nouvel espion. » Un espion roumain venu espionner l’Allemagne en famille. Le 20 000e en six mois !

« Trois morts dans une mine en Ukraine. » L’Ukraine, ça n’a jamais valu le Chili.

L’affaire Delarue ne mérite pas une ligne.

« Morano félicite le nageur amputé. » Belle poignée de mains !

« Un marin décédé trouvé dans un requin. » Décédé ? Mais comment ça ?

« Exposer des cadavres reste illégal. » En fabriquer aussi.

L’Élysée décerne la Légion d’honneur à Viviane Reding. Rectification : pas la Légion, mais le doigt.

« Le fondateur de LO est mort il y a un an. » Il cherchait un pic à glace dans le congélo quand il est tombé dedans.

« Premiers mariages gays en prison à Mexico. » Miracle de la savonnette !

« Voile : une sénatrice raille Ferrari. » C’est meilleur marché que d’en rayer une.

« Tour Eiffel : aucun objet suspect trouvé. » Sauf des boulons. Partout. Mais on les a retirés.

Fête de L’Huma : les communistes visent les 12 % à la présidentielle. Pardon, les 12° au cubi.

« Le PCF déclare la “guerre” à Sarkozy. » Eh, les cocos, le pacte germano-soviétique n’a pas encore été rompu !

« Limoges : un prof de sport passé à tabac. » Un sportif, ça ne devrait pas fumer.

« 55 fausses déclarations de paternité. » Qui se dévoue pour déterrer Yves Montand ?

« Villepin : “Le gouvernement doit écouter les Français.” » C’est l’histoire d’un autiste qui veut donner des leçons à des malentendants.

Camus. Non seulement il n’entrera pas au Panthéon, mais en plus il est viré de chez Johnny.

« Le cannabis, un antidouleur ? » Z’y va ! On n’est pas des dealers, on est pharmaciens ![/access]

Affaire Guerlain, je suis au parfum

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Le parfumeur Jean-Paul Guerlain n'est plus en odeur de sainteté.
Le parfumeur Jean-Paul Guerlain n'est plus en odeur de sainteté.

Non seulement, je ne suis pas raciste, mais si j’ai blessé quelqu’un en disant du mal des racistes, je lui présente mes excuses.

J’ajoute que je ne suis même pas antisémite, alors que personnellement ma mère et ma femme sont juives. Mon père aussi était juif, soit dit en passant.

Je ne dis jamais de mal d’aucun peuple en général, et je serre volontiers la main d’un Polonais, d’un Allemand, d’un Ukrainien, d’un Lithuanien, et même d’un Roumain, pourvu seulement qu’il n’y ait pas de traces de sang juif séché sur cette main.

Je ne suis pas du tout islamophobe, si ce mot veut dire qu’on éprouve à l’égard des musulmans la même répulsion phobique que les nazis envers les Juifs. J’aime assez les musulmans aimables pour ne pas les confondre avec la version totalitaire et terroriste de l’islam, l’islamisme conquérant.

J’ai très rarement eu l’occasion de dire « J’ai travaillé comme un nègre », mais cela m’est arrivé, je l’avoue. Il m’est arrivé par association libre de me demander dans la foulée de la métaphore si cette expression toute faite était tout à fait juste. Je l’avoue. Pour autant, je ne suis pas du tout partisan de rétablir l’esclavage, ni même les travaux forcés.

Je précise que je ne m’appelle pas Guerlain, mais que ça ne me dérangerait vraiment pas, à condition que cet aveu ne me fasse pas passer pour un antisémite déguisé : « Pourquoi dit-il Guerlain et pas Helena Rubinstein ? »

D’ailleurs, si toute personne qui a dit une fois dans sa vie « j’ai travaillé comme un nègre » est raciste, il faut avoir été paresseux sans relâche pour ne pas être raciste. Je m’excuse tout de suite pour le mot paresseux, qui est raciste, car l’animal qui porte ce nom passe tout de même 20 % de son temps à s’accoupler, et 80 % seulement à dormir. Que celui qui fait mieux que ces 20 % lui jette la première pierre. Attention, je ne voudrais pas qu’on isole un bout de cette phrase pour me faire dire que j’incite à jeter des pierres sur un animal en train de s’accoupler. Ni moi ni Jésus ne prônons le jet de pierres pour un motif lié à la sexualité. Mais en disant que je ne prône pas le lancer de pierres sur la femme adultère ou sur l’animal accouplé, je n’ai pas condamné l’Intifada, car je sais qu’un authentique antiraciste se doit de soutenir tous les actes de violence contre les Juifs d’Israël. Il n’est pas raciste de vouloir la destruction de l’État des Juifs, bien au contraire.

Même entre nous, vous ne me ferez pas dire que dans l’affaire Guerlain, certains médias, y compris parmi les plus distingués, en exposant cet homme à la vindicte publique pour un mot coupé de son contexte, et donc de son sens, participent d’une sorte de chasse aux sorcières.

Je n’ai pas envie de faire l’objet d’une fatwa lancée d’un côté par les chasseurs, et de l’autre par les sorcières.

Stages ? Stop !

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Une des choses à déplorer dans la mobilisation actuelle de la jeunesse, c’est l’absence totale de stratégie offensive, qui aurait pour ressort l’amélioration de l’accès à l’emploi des jeunes. D’après les enquêtes, la jeunesse française serait la plus pessimiste d’Europe. Avec la lutte pour le maintien de la retraite à 60 ans, elle rumine son pessimisme. Et c’est affligeant.

D’autres slogans pour la jeunesse ?

Au lieu d’assister à la défense des acquis sociaux, perçus comme inaliénables alors même qu’ils ne sont plus compatibles avec la réalité démographique de notre pays et la concurrence forcenée imposée par la mondialisation, au lieu de constater que c’est une fois de plus la peur de la précarisation plus que la volonté de changement qui anime la révolte de la jeunesse, j’aurais aimé voir une jeunesse mobilisée pour l’ouverture et la souplesse du marché de l’emploi qui, à l’heure actuelle, semble lui fermer ses portes, même aux plus diplômés d’entre elle.

J’aurais voulu lire sur les pancartes des manifestants des slogans comme « Abolissons les stages », « Embauchez-nous directement en CDI, vous ne le regretterez pas » ou encore « Mon CDI parce que je le vaux bien » plutôt que « Ma retraite à 60 ans ». Manifester pour en finir avec les stages aurait été, à mon sens, plus judicieux parce que cette revendication aurait fait sortir la politisation des jeunes du carcan impulsif et émotionnel, dans lequel le mouvement contestataire des lycéens et étudiants s’est enfermé, en lui offrant un contenu positif et proactif.

L’image de la jeunesse menaçante, infantile et pessimiste aurait alors été recouverte par le visage d’une jeunesse plus responsable, soucieuse de mener un combat dont la victoire est cruciale pour réenchanter le travail et redonner confiance dans l’avenir de notre société. Car, au-delà du symbolique, cette revendication pour interdire les stages, surtout lorsque les jeunes diplômés ont atteint un niveau d’étude et de formation suffisant, est bien légitime, tout simplement pour débloquer les embauches et redonner leurs justes valeurs aux diplômes et aux diplômés.

On pensait que les stages constituaient une solution pragmatique pour mieux articuler formation théorique et expérience pratique, pour mieux ajuster le monde universitaire au monde de l’entreprise. En réalité, les stages sont bien souvent une voie sans issue. Non considérés comme expérience professionnelle, ils sont invendables sur le marché de l’emploi.

Certes, l’idée des stages était bonne en théorie, mais en pratique elle est devenue nuisible. Son application va à l’encontre de l’objectif fixé. Au lieu d’insérer le jeune diplômé dans la vie active, le stage le marginalise. Curieux paradoxe, me direz-vous, mais c’est malheureusement bien souvent le cas.

Les étudiants accumulent les stages sans déboucher la plupart du temps sur un emploi stable et valorisant. Les entreprises en offrent à la pelle sans créer de véritable poste. Nombreuses sont celles qui fonctionnent en grande partie par le défilé permanent de stagiaires. Evidemment, c’est plus rentable que d’embaucher directement en CDI.
Certes, un étudiant qui n’a pas fini ses études et doit faire un stage pour valider son année, le stage lui offre ce qu’il attend, un aperçu, rémunéré au minimum 30 % du Smic, du monde du travail.

Les stages entretiennent un climat malsain

Mais la situation n’est plus la même lorsque le jeune diplômé, qui a déjà effectué plusieurs stages, se retrouve sur un marché du travail où seuls des stages lui sont proposés alors qu’il ne peut plus en faire, n’étant plus étudiant. Stagiaire à vie n’est pas franchement une solution pour devenir un jeune adulte actif, capable de construire sa vie professionnelle et privée. Au final, les stages entretiennent un climat malsain.

D’un côté, les jeunes diplômés éprouvent à la fois incompréhension face à la dévalorisation de leurs diplômes, qui ne constituent plus un facteur discriminant à l’embauche, et ressentiment face au déficit de reconnaissance de leur travail lors de leurs stages. De l’autre côté, il y a une certaine frilosité de la part des entreprises qui appréhendent d’embaucher un jeune diplômé avec le statut de cadre, puisqu’elles ne sont pas certaines de la rentabilité de sa formation et qu’elles refusent de payer des charges supplémentaires alors que le même travail peut être effectué par un stagiaire qui coûte beaucoup moins.

En cela, le système français fonctionne à l’opposé du système anglais. Les universités anglaises délivrent une formation intellectuelle qui permet à leurs étudiants de s’adapter. Les jeunes Anglais sont embauchés à des postes qui n’ont, bien souvent, rien à voir avec la nature de leurs diplômes et on ne leur demande pas d’être formés avant d’entrer dans l’entreprise. Ils le sont lorsqu’ils prennent leurs fonctions et apprennent leur métier sur le terrain en accédant rapidement à des responsabilités, tout simplement parce que le pacte passé entre les jeunes diplômés anglais et les entreprises est un pacte de confiance. C’est cet esprit qui manque cruellement en France.

L’absence de prise de risque

Tout le problème est là. Au-delà d’une politique de l’emploi trop contraignante pour les entreprises françaises, il y a surtout l’absence de prise de risque, la crainte de miser sur la perfectibilité, et donc le refus de faire confiance dans la capacité des compétences à s’épanouir dans le cadre de l’entreprise, en apportant un bénéfice qui rentabilisera nettement sur le long terme le coût déboursé à l’embauche.

Parier sur le potentiel et investir dans la pluralité et la compatibilité des qualités individuelles, voilà qui redonnerait de l’optimisme dans le monde du travail et stimulerait la volonté de donner le meilleur de soi-même.

Alors, à la question que posait Émile Zola à la fin de sa Lettre à la jeunesse « Où allez-vous jeunes gens, où allez-vous étudiants, qui battez les rues, manifestant, jetant au milieu de nos discordes, la bravoure et l’espoir de vos vingt ans ? », j’aurais aimé entendre notre jeunesse lui répondre : « Nous allons crier notre fougue pour du travail gratifiant. »

Les peluches, c’est dément !

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Il faut bien le reconnaître, même si c’est désolant, Eliot et Lola sont déjà las de la nouvelle console reçue en juin pour leurs – relatifs – bons résultats scolaires. Que faire ? Que trouver pour les distraire ? Quoi de nouveau, de surprenant, d’inattendu pour Noël qui approche dangereusement ? Et si, en plus, le jouet en question pouvait être dépourvu de câbles, de piles, de chargeurs… On peut rêver. Sauf qu’en vérité, ce jouet miraculeux existe, nous le devons au génie de l’Allemand Martin Kittsteiner qui a créé des peluches.

Quoi, des peluches ? Parfaitement, des peluches ! Pas des Bisounours ou des Télétubbies, mais des peluches qui soignent les névroses enfantines, et autrement mieux que votre vieil ours borgne. Car chaque peluche de cette nouvelle gamme tout à fait fascinante est atteinte d’une maladie mentale.

Un franc succès est à prévoir pour Dolly, le mouton schizophrène qui se prend pour un loup. Ça devrait plaire. Mais notre concepteur ne s’est pas arrêté là, ce serait trop facile. Si vous êtes pourvu d’une famille nombreuse, tentez également Dub, la tortue dépressive ou Lilo, l’hippopotame autiste. Et vous ferez bien des heureux autour de vous, car leur créateur, qui ne cache pas sa fierté, nous avertit : « Les enfants comme les adultes aiment leur vulnérabilité, et trouvent en elles quelque chose qui leur apporte du soulagement pour les aider à guérir. » Sans compter « que certains adultes y voient une forme de thérapie pour eux-mêmes ».

Reste plus qu’à obtenir un remboursement par la Sécu, et à nous les longues après-midi récréatives où le petit dernier apaisera les névroses de son doudou mieux qu’à l’asile psychiatrique, tandis que les grandes personnes pourront enfin prendre l’apéro. Ce qui fera également le plus grand bien à leurs névroses personnelles.

Keith qui fait flipper Disney ?

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D’après le site de potins hollywoodien Drudge Report, qu’on dit généralement bien informé, Keith Richards, qui devait jouer le papa de Johnny Depp dans Pirates des Caraïbes 4, la fontaine de jouvence n’apparaitra finalement pas dans le film. Pourtant, il avait déjà tourné ses scènes, et la qualité de son jeu d’acteur n’est absolument pas en cause (il avait déjà fait une apparition dans l’opus 3).

Ce qui a, semble-t-il, décidé le producteur – Disney en l’occurrence – à couper au montage le guitariste des Stones, ce sont les bonnes feuilles, publiées samedi par le Times de son autobiographie à paraître. Apparemment, on y parle nettement plus de drogues que de sexe et de rock n’roll.

On comprend qu’on se soit ému chez Mickey, de telles pratiques n’étant pas compatibles avec l’éthique de la maison. Cependant on ne peut que partager la perplexité de nombre de commentateurs US : y avait vraiment besoin d’attendre la publication de ce livre pour supputer que le plus grand guitariste vivant n‘était pas uniquement accro aux infusions verveine-menthe ?

Faire face à Facebook

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Photo : Spencer E Holtaway

Il faut bien qu’il m’arrive d’être en désaccord avec David Desgouilles. Ça finirait par jaser, sinon, et ce serait gênant pour nous deux. Déjà, pour un gaulliste et un communiste, nous partageons ensemble beaucoup trop de choses pour que ce soit honnête : une passion ombrageuse pour la souveraineté nationale, un certain goût pour la France des Jours Heureux comme s’intitulait le programme du Conseil National de la Résistance et puis aussi pour le foot, le droit du sol, la nécessité d’un état interventionniste et fort dans le grand bordel de la mondialisation néolibérale. Celle, opérée par un capitalisme financiarisé, qui n’hésite plus, via quelques gouvernements qui servent de simples courroies de transmissions, à planifier la paupérisation, voire la clochardisation des classes moyennes et populaires dans toute l’Europe Occidentale. Comme lui, je pense d’ailleurs que la France peut avoir raison contre le monde entier, que ce soit au moment de Valmy ou pour les retraites, le fromage au lait cru ou la reprise des essais nucléaires en 1995.

Facebook contre le mouvement social

On a des discrétions de jeunes filles sur la question mais, au fond, notre rêve serait de retrouver Nicolas Dupont Aignan et Jean-Luc Mélenchon dans le même gouvernement de Salut Public pour s’attaquer enfin à l’essentiel : la restauration de l’indépendance nationale, la décommunautarisation des problèmes sociaux et l’assimilation d’une immigration nécessaire et contrôlée par plus de démocratie économique.

Mais nous savons aussi pour aimer la politique et le militantisme que nos familles respectives ont chacune leurs vielles pesanteurs et que nous sommes un peu des « maverick », comme disent joliment les Américains, au sein de notre propre camp dans lesquels les tropismes historiques et sociologiques, les préoccupations électoralistes et les alliances stratégiques nous renvoient vers des choses qui ne sont pas forcément ce que nous aimons : un certain sécuritarisme chez ses amis, un certain bisounoursisme chez les miens. C’est d’ailleurs une chance historique pour le camp d’en face, celui des néoconservateurs européistes, atlantistes et serial killers des Etats-providence depuis trente ans, que cette division qui fait qu’à la fin, au deuxième tour, nous allons sans trop d’enthousiasme déposer dans l’urne, l’un un bulletin pour le candidat dit de droite et l’autre un bulletin pour le candidat dit de gauche.
Donc, je ne suis pas d’accord au moins sur une chose avec David, c’est Facebook. C’est plus grave que cela en a l’air. J’ai longtemps commis l’erreur de croire que le support était innocent, que la technologie était neutre. C’était mon côté Grec ancien : dans la mythologie, les dieux ne sont ni bons, ni méchants et les héros ne sont ni des saints ni des démons. Dionysos, c’est le vin et la vie mais c’est aussi celui qui rend fou comme le soleil d’Apollon est celui de la raison aussi bien que de la fureur. Le couteau peut poignarder ou couper le pain.

Facebook n’est pas un couteau à pain

Seulement Facebook n’est pas un dieu grec ni un couteau à pain, Facebook est « intrinsèquement pervers » comme l’avait dit en son temps un certain pape à propos du communisme. Pour aller vite, il participe de ce que Debord et les situationnistes appelaient la Séparation et qui est une des caractéristiques les plus évidentes de notre modernité. Nous ne sommes plus jamais ensemble dans le réel, nous vivons dans nos quartiers respectifs, nous regardons des chaines de télés différentes, quand nous lisons encore, nous lisons des journaux et des livres différents.

Cela s’insinue dans les plus petits détails, jusque dans les fast-foods qui semblent faire un Yalta communautariste sur la junk-food avec McDo pour les Blancs et Quick pour les Musulmans. Plus rien ne fédère, tout sépare, désunit, éloigne. Facebook est le lieu du spectacle de la séparation effective, au sens debordien du terme, « l’inversion concrète de la vie, le mouvement autonome du non-vivant », mais son habileté est de se donner pour le contraire.

À une époque où le mot « réforme » est devenu synonyme de régression sociale (Benoist Apparu de l’UMP, dans un instant d’égarement, a lâché le morceau), il n’est donc pas étonnant que Facebook se définisse comme réseau social là où il ne crée que de l’affinitaire superficiel et, précisément, désocialisant. On ne se voit jamais grâce à Facebook ou si on tente le coup du réel, ça donne ce réel grotesque, déformé, ce réel irréel que furent les apéros géants, retournés d’ailleurs au néant médiatique tant le facebookien basique, ce que n’est pas David puisqu’il veut maitriser la Bête, est devenu un handicapé de l’altruisme, un angoissé du visage, l’anti Lévinas par excellence qui refuse l’expérience fondatrice du regard. Facebook, c’est la burqa des tribus geeks mais une burqa pour les deux sexes.

Ce dont je voudrais convaincre mon camarade David Desgouilles, en fait, c’est que Facebook lui a donné l’illusion, non pas de la rencontre, mais celle d’être un outil indispensable pour faire des rencontres, prendre des contacts. Il a pourtant, David, assez de mémoire pour se souvenir de ce temps où nous n’avions pas besoin de béquilles électroniques pour savoir qu’à l’autre bout du pays tel militant pouvait nous prêter un couchage de fortune le temps d’une réunion électorale. On peut même se demander si le système, le type de société fragmentée par la consommation narcissique, que nous combattons tous les deux n’a pas intérêt à avoir Facebook comme arme anxiolytique. Pendant que je consulte mon mur sur écran, je ne pense pas à abattre ceux qui nous enferment dans l’impossibilité, à nouveau, d’un grand récit collectif et d’un roman national.

Et puis je lui ferais remarquer avec regret, mais amitié que malgré nos mails, nos blogs et son Facebook, nous n’avons toujours pas trouvé le moyen de nous serrer la main et boire un canon ou d’assister à un Sochaux-Lille dans l’IRL (in real life) comme disent les nouveaux camés du virtuel.

C’est bon d’être aimé par des cons !

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Président de la Région Languedoc-Roussilon, Georges Frêche s'est éteint dimanche à l'âge de 72 ans.
Président de la Région Languedoc-Roussilon, Georges Frêche s'est éteint dimanche à l'âge de 72 ans.

Dans une dernière entourloupe, Georges Frêche aura réussi, en passant dimanche ad patres[1. La multiplication, dans cet éloge funèbre, des citations latines, au risque de passer pour un cuistre, se veut un hommage à un homme qui maniait avec élégance la langue de Cicéron.] à pourrir la campagne de promo du bouquin d’Hélène Mandroux, maire de Montpellier, qui venait tout juste de commencer. Dans cet ouvrage modestement intitulé Maire Courage, celle dont Georges Frêche fut le Pygmalion tente de lui tailler de ses petites mains un costard pour un hiver dont il n’aura plus le loisir d’endurer les frimas. « De mortuis, aut bonum, aut nihil », « des morts on ne dit rien sinon du bien » (et non pas « de mortibus » comme ce cancre normalien d’Alexandre Adler l’a sorti l’autre jour, sur France Culture, en plus !), et celle que Frêche traita naguère de « conne » doit, comme tout le monde se livrer volens, nolens à une laudatio post mortem du défunt.

François Hollande, péremptoire, répète sur toutes les ondes que la mémoire collective retiendra le Frêche bâtisseur et oubliera le Frêche des petites phrases, vite étiquetées « dérapages racistes » après décontextualisation dans les rédactions parisiennes et dans les couloirs de la rue de Solferino.

Pas si sûr. Le style néo-classique de Bofill du quartier Antigone à Montpellier risque de mal vieillir, alors que certaines des petites phrases qui ont valu à Frêche l’opprobre des prétendues élites parisiennes ont quelque chance de résister à la critique rongeuse des souris. Et de se révéler avec le temps beaucoup plus que des petites phrases, comme celle-ci : « Les cons sont majoritaires, et moi j’ai toujours été élu par une majorité de cons et ça continue parce que je sais comment les « engraner ». J’engrane les cons avec ma bonne tête, je raconte des histoires de cul, ça a un succès de fou. Ils disent : « Merde, il est marrant, c’est un intellectuel mais il est comme nous. » Quand les gens disent : « Il est comme nous », c’est gagné, ils votent pour vous… Ils sont cons et, en plus, ils sont bien dans leur connerie. Pourquoi les changer ? […] Mais les cons sont souvent sympathiques, moi je suis bien avec les cons, je joue à la belote, je joue aux boules. Je suis bien avec les cons parce que je les aime. »

À la première lecture, ces propos peuvent passer pour le comble du cynisme d’un démagogue méprisant ceux qu’il parvient à « engraner » (se mettre dans la poche) comme un bonimenteur de foire. À ceci près que ces paroles ont été prononcées coram populo (en public) et non dans un petit cercle de politiciens dégoisant entre initiés sur ce peuple dont il est malheureusement nécessaire de solliciter les suffrages. De plus le mot « con » mérite d’être replacé dans le contexte dialectal méditerranéen qui lui confère une polysémie où seuls l’intonation et le langage corporel accompagnant son emploi permettent de faire la distinction entre le « con » équivalent de crétin et le « con » affectueux accueillant l’arrivée d’un copain.

La détestation de François Mitterrand

Pendant un demi-siècle, les bourgeois lyonnais ont élu un autre intellectuel, Edouard Herriot, pour qu’il ne change rien à la ville rhodanienne, ce qui lui permit de mener tranquillement une carrière politique nationale sous la IIIe et la IVe République.

Pour Georges Frêche, ce fut exactement l’inverse : les « cons » de Montpellier, puis du Languedoc-Roussillon lui accordèrent massivement leurs suffrages pour qu’il fasse bouger une ville, puis une région qui semblaient vouées au déclin et à la décadence. Il écrasa les rivales potentielles Nîmes et Béziers, fit mieux que Ferdinand Lop en prolongeant sa ville jusqu’à la mer par le biais de la communauté d’agglomération. Mais il ne fut jamais ministre en raison de la détestation que lui vouait François Mitterrand.

C’est aux rencontres de Pétrarque, événement snobissime du Festival Radio France Montpellier, organisé par France Culture en partenariat Le Monde, que je dois d’avoir eu l’honneur et l’avantage, il y a une quinzaine d’années, de partager plusieurs fois le pain et le vin avec Georges Frêche, empereur des cons, en compagnie de quelques-uns des « intelligents » les plus en vue du moment. S’il n’avait pas été là, je crois que je me serais ennuyé à mourir. Reste à trouver l’épitaphe convenable pour inviter le passant à se souvenir d’un homme politique hors du commun, et qui mena sa carrière en suivant la fameuse devise « A bove ante, ab asino retro, a stulto undique caveto » (prends garde au bœuf par devant, à l’âne par derrière, à l’imbécile par tous les côtés) ?

Islam et République, oui au choc des valeurs

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La Kaaba à la mosquée Al-Masjid al-Haram de La Mecque
La Kaaba à la mosquée Al-Masjid al-Haram de La Mecque.
La Kaaba à la mosquée Al-Masjid al-Haram de La Mecque
La Kaaba à la mosquée Al-Masjid al-Haram de La Mecque.

Des centaines d’étudiants s’étaient rassemblés, ce soir d’avril 1989, sur le campus pour célébrer la « Journée de solidarité avec la Palestine ». Dans le Maroc universitaire, la cause palestinienne façonnait notre conscience politique.

Mais, autour de l’estrade, nous n’étions pas que des étudiants ; des hommes armés de couteaux s’étaient infiltrés avec la farouche volonté d’en découdre avec ceux qu’ils nommaient des « infidèles » parce qu’ils se revendiquaient du marxisme-léninisme. Alors qu’un étudiant s’était autorisé à jouer avec des mots empruntés aux versets coraniques, il fut interrompu et menacé par des individus qui, transcendés par une pseudo-volonté divine, n’en étaient plus.

De ces cris assourdissants et de cette foule en mouvement, une image m’est restée en mémoire, celle d’un visage vêtu d’une longue barbe, accomplissant un mouvement brusque, du bas vers le haut, à destination du bas de mon ventre, avec son couteau fermement tenu. Et pour donner tout son sens à son geste, il l’accompagnait de cette formule spécifique aux rituels religieux de l’islam : « Au nom de Dieu clément et miséricordieux ! »[access capability= »lire_inedits »]

Ce qui me hante, ce n’est pas son agression, ni ce au nom de quoi il la perpétrait, mais son regard venu d’ailleurs, singulier et indescriptible.

Nous étions coupables, mais de quoi au juste ?

Pourquoi des hommes issus d’horizons sociologiques différents s’étaient-ils donné rendez-vous pour accomplir des actes aussi ignobles au nom d’une religion ? Nous étions coupables à leurs yeux, mais coupables de quoi au juste ?

À l’époque, les universités marocaines constituaient un espace de prise de conscience politique et d’exercice de la liberté de conscience. Les islamistes du courant « Justice et spiritualité », créé par  Abdessalam Yassine en 1973, étaient écartés de l’unique syndicat étudiant. Ils n’allaient le rejoindre officiellement qu’en 1995, avec la ferme intention de le contrôler et de faire payer leur athéisme aux « gauchistes ». Je n’avais pas de conscience politique, pas d’affiliation syndicale. J’étais juste un être qui aspirait à cette ivresse que procurent la liberté de penser et la découverte des pensées philosophiques et politiques.

Au matin, j’avais une gueule de bois terrible.

Les affrontements entre les deux camps se sont poursuivis durant des semaines. Le campus est devenu un champ de bataille. Des  » barbus » ont organisé des tribunaux populaires. Des étudiants ont été assassinés.

Vingt ans plus tard, j’ai parfois l’impression que l’histoire se répète dans le pays qui est devenu le mien : la France. Bien sûr, ce n’est pas la même chose. Et pourtant : est-il si différent de tabasser un musulman français qui n’observe pas le ramadan et d’agresser un étudiant marocain qui ne croit pas en Dieu ? 

L’intégration, c’est l’apprentissage de la pensée critique

En général, l’intégration est exclusivement pensée en termes économiques et sociaux, comme s’il suffisait d’avoir accès à l’emploi, au logement, à la santé, pour que le processus fonctionne. À en juger par ma trajectoire personnelle, la dimension la plus importante et la plus difficile à mettre en œuvre individuellement, c’est l’apprentissage d’une certaine pensée critique qui s’oppose au régime de l’évidence. De ce point de vue, l’émigration est une chance, puisqu’elle soumet nos codes sociaux et nos schémas mentaux à l’épreuve du brassage culturel. Face à cette épreuve, on peut choisir le repli identitaire et le communautarisme ou, au contraire, accepter d’être déconcerté et d’interroger ses certitudes.

L’université française m’a donné des connaissances et un savoir-faire, mais plus encore ce savoir critique qui permet de poser des questions plus que d’obtenir des réponses. C’est ainsi que j’ai appris à interroger les valeurs qui donnent sens à une vie en société et que, dans cette belle République tant décriée, j’ai trouvé la liberté − liberté de conscience, liberté de croire et de ne pas croire, liberté de s’interroger, de douter, et même parfois d’avoir des certitudes.

Or cette liberté est aujourd’hui menacée. Ceux qui nous l’ont volée dans nos pays d’origine prétendent maintenant nous prendre en otage dans nos belles sociétés d’accueil.

Animés par un esprit enfantin, contemplant nos doutes et nos incertitudes, nous passions des soirées à parler de « nous » et de « vous » et, en affirmant nos différences, nous progressions dans l’acceptation de l’autre. Déjà, nous participions à cette mosaïque républicaine. En fin de soirée, nous réfutions ensemble cette opposition stérile entre « nous » et « vous ». Nous étions nés ici, ou nous y avions grandi et appris, nous pouvions inventer une nouvelle façon de dire « nous », sans distinction d’origine ni d’héritage culturel.

Il ne s’agit pas de liberté religieuse mais de liberté tout court. De nos libertés

Qu’est devenu cet esprit enfantin ? Alors que les parents ont cessé de croire au mythe du retour, les enfants se revendiquent aujourd’hui de valeurs venues d’ailleurs, un ailleurs qu’ils connaissent à peine. Après avoir perdu le combat de l’intégration sociale et économique, et ce, malgré trente ans de « politique de la ville », nous sommes en phase de perdre celui des libertés.

Des courants religieux affirment leur emprise sur nos quartiers, offrent aux jeunes des grilles de lecture, initient et cristallisent des oppositions de valeurs, de modes de vie, d’identités et ouvrent autant d’espaces d’affrontements au nom d’un différentialisme sacralisé. Ils entendent régner sur les corps autant que sur les âmes, en emprisonnant les rapports entre hommes et femmes, et ceci dès l’enfance puisqu’ils veulent priver les plus petits de la mixité à la piscine. Ils refusent que des femmes soient suivies par des gynécologues hommes. Et, de la crèche à l’école en passant par les centres de loisirs, ils s’attaquent à toutes les sphères éducatives.

Nous avons voulu croire qu’il s’agissait de liberté religieuse alors que ce qui est en question est un mode de vie, une conception des rapports sociaux qu’ils propulseront un jour dans le champ politique. C’est pour cela que les femmes sont pour eux un enjeu stratégique : s’ils veulent les dominer, c’est pour qu’elles assurent la transmission aux générations futures de valeurs familiales venues d’ailleurs, leurs valeurs fanatiques et religieuses. C’est pour cela que la cause des féministes est la nôtre.

Nous devons aller au combat, reprendre ces quartiers aux extrémistes qui diffusent des représentations et des valeurs qui sont tout sauf républicaines. Occupons l’espace public. Parlons de laïcité, d’égalité entre hommes et femmes, d’égalité des chances.

Oui, je suis pour un affrontement républicain que nous mènerons, non pas par à-coups médiatiques, non pas au hasard d’une loi, mais en brandissant nos valeurs. Je suis prêt à y participer parce qu’après la gueule de bois de l’intégrisme, j’ai connu en France l’ivresse de la liberté. Je ne me laisserai pas priver de cette ivresse. [/access]

A la poursuite d’octobre rouge

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Qu’est-ce qui pèse 7 800 tonnes, mesure cent mètres, dispose d’un moteur à propulsion nucléaire qui lui permet de ne pas avoir besoin d’être ravitaillé en énergie, peut lancer des torpilles Spearfish et des missiles conventionnels Tomahawk sur des cibles situées à 2 000 kilomètres ? Un sous-marin ? Gagné !

Mais ce n’est pas un banal sous-marin ex-soviétique en pleine déglingue, c’est le très récent HMS Astute qui a été baptisé en 2007 et est seulement entré en service au mois d’août dernier. Pourtant, lui aussi vient de s’échouer assez lamentablement sur des rochers au large de l’île de Skye, en Ecosse. On s’interroge sur les causes de ce fiasco maritime. On parle d’un gouvernail qui aurait raclé le fond. Personne pour l’instant n’a envisagé que le pilote en immersion ait pu faire une fausse manœuvre après avoir entendu à la radio le contenu du plan drastique d’austérité de David Cameron, qui n’épargne pas non plus la Défense dont le budget va être amputé de 8 % à l’horizon 2014-2015.

À moins que sa maladresse n’ait été due à l’information qui suivait immédiatement et annonçait qu’il y avait encore un peuple en Europe qui résistait au rouleau compresseur de la régression sociale, comme dirait lui-même, sans qu’on le force, Benoist Apparu, le secrétaire d’Etat UMP au Logement.