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Mesdemoiselles, à vous de jouer !

Il y a quelques jours, la presse –notamment écrite et radiophonique- faisait écho d’une décision du Conseil d’Etat validant la suppression de la civilité « mademoiselle » sur les formulaires et documents administratifs. Nous avions, il y a un an, interpellé ici François Fillon qui avait signé la circulaire. Cette dernière avait commencé à produire des effets sur le terrain. Par exemple, sur les diplômes 2012 du Brevet des collèges –qu’on passe généralement à 14 ou 15 ans- ne comportaient plus, pour les lauréates, la civilité « mademoiselle » mais « madame ».

C’est un militant UMP diplômé de droit public, Alexandre-Guillaume Tollinchi, qui a paradoxalement attaqué la circulaire émise par l’ex-Premier ministre. À la tête d’un collectif nommé « Libérez les mademoiselles », il a formé un recours pour excès de pouvoir au Conseil d’Etat, lequel s’est donc prononcé le 26 décembre dernier, rejetant la requête. Tollinchi admet sur son blog que le juge administratif lui a donné tort sur la forme. En revanche, il explique que « la presse se trompe totalement dans son analyse : le Conseil d’Etat n’a pas supprimé Mademoiselle puisqu’il a estimé que la circulaire n’avait aucun effet normatif ! », ce qui implique, pour ce juriste pointilleux, que cette dernière ne saurait s’imposer aux personnes privées. De ce constat, il déduit que «  toute administrée pourra imposer, au besoin en saisissant le Tribunal administratif, le rétablissement de la civilité Mademoiselle pour elle-même. » Et Tollinchi de se mettre gratuitement à la disposition de toutes les demoiselles de France et de Navarre désireuses d’en appeler ainsi au juge administratif !

Pour notre part, nous ne pouvons que saluer le combat de ce jeune militant plein de ressources. Quelqu’un qui se fait un devoir de mettre des bâtons dans les roues d’Osez le féminisme et de Roselyne Bachelot ne peut, décidément, pas être mauvais.

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Patrons à l’honneur

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jacques tardi legion honneur

Dans l’habituelle promotion de la légion d’honneur du 1er janvier, on aura surtout retenu le nom de Jacques Tardi pour une raison bien simple, c’est qu’il l’a refusée.

Aurélie Filippetti a certainement cru faire plaisir à un des dessinateurs français les plus connus, créateur d’Adèle Blanc-Sec, héroïne féministe de la Belle-Epoque. Après tout, notre ministre de la culture, fille d’un sidérurgiste lorrain sur lequel jadis, elle avait écrit un beau roman, Les derniers jours de la classe ouvrière (Stock) et qui a battu aux dernières législatives le candidat de droite dans la circonscription historique des Wendel, doit être encore persuadée, malgré Florange, qu’elle siège dans un gouvernement de gauche. Mais Jacques Tardi, viscéralement pacifiste et libertaire, s’est aussi beaucoup penché sur le carnage de la guerre de 14 ou encore, avec  Jean Vautrin comme scénariste, sur l’histoire de la Commune dans Le Cri du Peuple. Et Aurélie Filippetti a sans doute sous-estimé ce qu’un artiste comme lui peut vraiment penser de notre monde tel qu’il ne va pas.

Tardi met fin en même temps à la légende consistant à dire qu’il faudrait directement demander la légion d’honneur pour avoir une chance de l’obtenir. Non, en fait, des excellences haut placées peuvent simplement vouloir vous faire plaisir, en jouant sur la fierté qu’il y aurait à recevoir ce plus célèbre des hochets de la vanité, créé par Napoléon 1er. Vous faire plaisir, ou plus subtilement, vous rendre reconnaissants car on sait bien depuis La Rochefoucauld que les consciences les plus pures se laissent parfois dévorer par l’amour-propre.

Avec Tardi, pour le coup, c’est raté : « Je n’ai cessé de brocarder les institutions. Le jour où l’on reconnaîtra les prisonniers de guerre, les fusillés pour l’exemple, ce sera peut-être autre chose ». Tardi est d’ailleurs toujours marié avec Dominique Grange, ancienne chanteur yéyé devenue dans les années 60, l’égérie du mouvement mao et auteure en 69 de ce qui fut l’hymne de la Gauche Prolétarienne, le groupe qui fut le plus violemment engagé dans les années de poudre du gauchisme. D’ailleurs, les paroles de Dominique Grange ne laissaient aucune ambiguïté  et on pense que ce doit pas être le morceau préféré du Medef pas plus que de la ministre Fleur Pellerin qui, d’après ses récentes déclarations, est non seulement chargée de l’économie numérique mais aussi de l’éradication de la lutte des classes dans les PME : « Vous comptez vos profits, on compte nos mutilés/Regardez nous vieillir au rythme des cadences/Patrons regardez nous, c’est la guerre qui commence/ Nous sommes les nouveaux partisans/ Francs-tireurs de la guerre de classe/ Le camp de peuple est notre camp/ Nous sommes les nouveaux partisans »

En revanche, cette même promotion devrait rassurer, voire consoler le monde des affaires et le patronat, si sensible ces temps-ci à la chasse aux riches. Parmi les heureux récipiendaires, on compte ainsi le président de Casino, Jean-Charles Naouri, dont la filiale logistique Eaysidis était en grève à Noël pour les conditions de travail et l’augmentation des salaires. On retrouve aussi le célèbre Pascal Lamy, directeur général de l’OMC et un des principaux théoriciens de l’Europe austéritaire mais qui pourrait bien, à la fin prochaine de son mandat, succéder à Jérôme Cahuzac,  actuel ministre de budget, un peu ennuyé par les rumeurs sur son éventuel compte en Suisse.

On citera également, mais la liste n’est pas close, l’ancien PDG de Renault Louis Schweitzer, qui a laissé il y a quelques années un beau souvenir chez les ouvriers belges en fermant du jour au lendemain Vilvoorde, un important site de production pour des raisons de pure rentabilité financière. Quant aux plus anciens d’entre nous, ils seront heureux de savoir qu’Yvon Gattaz,  patron des patrons à l’époque où le Medef s’appelait encore le CNPF, a été élevé  à la dignité de Grand-Croix.

C’est tout de même étonnant, quand on y songe, qu’aucun d’entre eux, comme Tardi, n’ait refusé d’être décoré par ce gouvernement bolchévique qui déteste tellement les riches et les chasse jusqu’en Russie poutinienne, là où ils peuvent choisir la liberté, de l’autre côté du Mur de la dictature fiscale. En même temps, si on additionne le nombre de licenciements dont tout ce petit monde est responsable directement ou indirectement, c’est peut-être cela le critère décisif pour obtenir le fameux petit ruban rouge.

Ce que semblerait confirmer un autre refus, moins médiatique, qui date de l’été 2012 celui de la chercheuse Annie Thébaud-Mony, spécialiste des cancers professionnels, qui avait écrit à Cécile Duflot pour dénoncer l’«indifférence» qui touche la santé au travail et l’impunité des «crimes industriels». Du coup, on pourrait peut-être suggérer à Tardi, qui vient de publier un album sur son père prisonnier lors de la seconde guerre mondiale, de se rapprocher d’Annie Thébaud-Mony. Ça ferait une belle BD en perspective. Avec plein de taches rouges.

Depardieu aime la France, à sa manière…

depardieu russie belgique

J’appartiens à une espèce en voie de disparition : celle des gens qui se lèvent le matin contents de s’être, un jour de plus, réveillé français. On objectera que, n’ayant pas de point de comparaison, je pourrais également éprouver cette béatitude matinale en tant qu’eskimo, moldave ou patagon. Pas tout à fait, car il s’en fallut d’une génération que je ne partage le destin du peuple allemand et de deux que j’usasse mes fonds de culottes dans un heder du quartier de Kazimierz à Cracovie. Des événements, sur lesquels je ne m’étendrai pas, ont incité celui qui allait devenir mon géniteur à quitter Berlin pour des cieux apparemment plus cléments. La légende familiale indique que le choix d’une terre d’exil fut déterminé par l’admiration portée par mon père, alors âgé de 17 ans, à un poème de Heinrich Heine racontant le retour en France de deux grognards de la Grande Armée après leur libération de captivité en Russie : “Nach Frankreich zogen zwei Grenadier/ Die waren in Russland gefangen…”[1. Deux grenadiers, s’en allaient vers la France/ À l’issue de leur captivité en Russie…].

Le fait d’avoir choisi ce poème lors d’un concours de déclamation au lycée suffisait à vous cataloguer, à Berlin en 1933, comme une espèce subversive cumulant indignité raciale et francophilie antipatriotique. Va donc pour la France, sur les traces de Heine, qui y passa la dernière partie de sa vie… Il va sans dire que la réalité fut loin d’être à la hauteur du mythe, et que le sort réservé aux «  sans-papiers » fuyant le nazisme n’était guère différent de celui, aujourd’hui, des aspirants au bonheur français venus d’outre-Méditerranée…

Mais il en fallait plus à ces derniers pour que s’installe le désamour d’une France, ce pays admirable où l’injustice faite à un petit officier juif avait soulevé une moitié de la nation contre l’autre, selon le mot du père d’Emmanuel Lévinas. Les comparaisons avec le sort de membres de sa famille ayant effectué d’autres choix – Grande Bretagne, Etats-Unis, Brésil – confortaient mon père dans la certitude qu’il avait fait le meilleur. Non pour la situation matérielle, qui pouvait être plus favorable dans des pays épargnés des ravages de la guerre, mais par la capacité de la société française à intégrer les nouveaux arrivants, pour autant qu’ils adhèrent à ses valeurs communes et respectent ses usages. C’était une époque où les Français s’efforçaient de panser la blessure narcissique qui leur avait été infligée par «  l’étrange défaite » de juin 1940 et la trahison collaborationniste d’une grande partie de leurs élites. Tout le monde ou presque, faisait du Renan, celui du plébiscite quotidien faveur de la Nation, comme Monsieur Jourdain faisait de la prose.

On a tort, aujourd’hui, de ne voir en Gérard Depardieu que la version show bizz de l’ultra riche soucieux de placer sa cassette hors de portée des doigts crochus des gnomes de Bercy. Les vrais déserteurs de la solidarité nationale sont des gens discrets, qui quittent le territoire sur la pointe des pieds. Le natif de Châteauroux, issu d’une famille que l’on classerait aujourd’hui à la limite du quart-monde, aime la France à sa manière et estime avoir suffisamment œuvré au rayonnement international de sa culture, y compris celle des grands classiques, pour qu’on lui manifeste un minimum de respect, y compris fiscalement. Il s’est vexé, peut-être un peu vite, qu’un premier ministre qualifie de « minable » sa décision de s’installer dans une petite commune du Hainaut wallon. Comme il n’est pas homme à faire les choses à demi, lorsque la polémique au sujet de son expatriation se déchaîne, il en remet une couche : il se jette dans les bras de Vladimir Poutine, coupant ainsi toute possibilité de retour dans ce Saint-Germain-des Prés où il avait élu domicile, assez confortablement, semble-t-il. Depardieu était insuffisamment « politiquement correct » (selon les critères de son voisinage immédiat), pour qu’on lui rendît les hommages qui lui étaient dus.

Comme il n’a pas la rouerie du Gainsbourg pour faire passer son alcoolisme, ses grossièretés de beauf pour une forme raffinée de dandysme, et ses folies financières pour des performances artistiques, il transgresse à sa façon. La France le traite mal ? Il cherche à l’humilier en brandissant, hilare, le passeport russe que le nouveau tsar lui a remis en mains propres. Tant de haine devrait nous faire réfléchir : et si Gégé n’était qu’un symptôme ? En ne l’aimant pas assez, cette France n’aurait-elle pas oublié de s’aimer elle-même ? De reconnaître en lui une incarnation de notre génie national  englobant Rabelais et Marguerite Duras ? Son exil serait alors une forme moderne de retrait dans le désert des anachorètes expiant dans une contrée inhospitalière – en l’occurrence la Mordovie – les péchés de ses semblables. Et pour paraphraser Heine, il pourra dire chaque matin : «  Quand je pense à la France dans la nuit, alors mon sommeil s’enfuit… »

*Photo : Euronews.

Crash à Air France

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On allait voir ce qu’on allait voir : ce lundi Air France présentait sa nouvelle grille tarifaire, censée damer le pion aux vilains opérateurs low-cost.

Baptisée « Economy » avec un « y » qui, à lui seul, valide le caractère moderne et compétitif du concept, cette nouvelle tarification n’a a priori rien d’intrinsèquement révolutionnaire puisqu’elle ne concerne qu’un million de places pour des voyages à compter du 6 février prochain et ce sur seulement 58 destinations au départ d’Orly, Marseille, Nice, Toulouse et Londres, toutes en court et moyen courrier. Si vous rêviez d’assister à prix cassé à l’investiture d’Obama ou au Carnaval de Rio, faudra chercher ailleurs, les amis.

Parler de « promotion » et non de « révolution » aurait donc été plus raisonnable. Ça n’a pas été le choix de la company (ben oui quoi, moi aussi j’ai le droit d’avoir l’air moderne et compétitif) ni des très nombreux médias qui ont bêtement paraphrasé les déclarations triomphales du PDG Alexandre de Juniac en lieu et place de se demander si cette « révolution » était autre chose qu’un mille et unième coup de pub d’une direction d’entreprise aussi dénuée d’imagination que celle qui l’a précédée.

Résultat ? Attirés par la bonne affaire du siècle, les chalands se sont rués par dizaines de milliers hier sur le site de la compagnie, lequel a fort logiquement explosé en plein vol. Qui a vécu par la com, etc, etc…

Les godelureaux des lettres

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nicolas rey bedos

On se passe le mot dans les rédactions : à l’heure où Bernard Pivot twitte, Nicolas Bedos et Nicolas Rey, eux, ne seraient pas sérieux. Le genre à affoler les étudiantes, passer des soirées frivoles, célébrer les amours dilettantes et le temps des copains. Ne pas en parler, donc, dans les colonnes sévèrement tenues par les « professionnels de la profession » littéraire.

Pour exciter encore plus les jaloux, Bedos et Rey s’affichent sur les plateaux télé, chroniqueur ou invité vedette, parfois même sur grand écran. Ils pourraient d’ailleurs sortir des Godelureaux, un Chabrol millésime 61, où des gandins troussent leur vie avec légèreté et provocation.

Aggravant leur cas, ils écrivent aussi dans les journaux des papiers superficiels, forcément superficiels.

Ainsi, Nicolas Rey en a longtemps profité pour signer de beaux portraits d’actrices de Brisseau ou de traductrices de Dorothy Parker. Nicolas Bedos, lui, tient dans Marianne son Journal d’un mythomane où il castagne Copé, suit Jean Dujardin à Hollywood, envoie des fleurs à Anne Sinclair et Laure Sainclair, l’actrice porno. Dernièrement, il a salué L’Amour est déclaré, le « formidable roman de la gueule de bois » de Nicolas Rey : « Françoise Sagan n’est donc pas morte, puisque Nicolas Rey revit. »[access capability= »lire_inedits »]

Bedos a raison : L’Amour est déclaré est un joli texte à l’imparfait, feuilles arrachées au temps. Rey, après avoir énuméré ses défaites de l’alcool dans Un léger passage à vide, nous raconte sa vie de patachon grisonnant et fragile. Une Maud sensuelle, fille d’un acteur célèbre, apparaît. Un psychanalyste et un agent déjanté sont de la partie. Michel Platini et John McEnroe aussi. Un père parle à son fils. Ça hésite entre la passion et la retenue, trouvant son parfait déséquilibre.

Bedos a raison, encore, quand il vante, d’une parenthèse, les mérites du premier volume de son propre Journal, paru en 2011 : « Lis-le, ça peut changer ta vie. » Dans Marianne, d’ailleurs, Bedos est désormais le seul à avoir raison, c’est-à-dire à avoir du style. Une Année particulière, deuxième tome de son Journal, en apporte la preuve, par-delà les figures imposées de l’actualité et quelques facilités. D’une zébrure de plume, Bedos offense une blonde diaphane et blessée : « Euthanasie ta mère et termine ton bouquin. » Il saisit, sur le vif et par la grâce de dialogues au couteau, les affres d’une campagne présidentielle. Il défend Patrick Besson, coupable d’avoir mis l’accent sur Eva Joly. Il peut surtout suivre les méandres de sa ligne de cœur, l’appeler « Pom », et offrir des phrases qui, quelle que soit la saison, touchent pleine cible mélancolique : « Je me balade, seul, dans cette maison bondée de fantômes de mes amours ratées […] Je revois chacune d’entre elles, à quelques années d’intervalle, débarquant début juillet par la même baie vitrée, sur la même terrasse, une valise d’enthousiasme à la main. Demain, elles me poursuivront sans doute jusque sur la plage (E. qui dit  » fuck » au soleil sous son large chapeau de paille, C. qui se calcine à coups de monoï et Pom, seins nus dans l’eau glacée). J’aurais beau nager, nager vers le large, elles m’accompagneront. Au fond, je suis resté fidèle à toutes les femmes que j’ai trompées. »

C’est le problème avec les têtes à claques : ils écrivent mieux qu’un Goncourt de l’année ou qu’une recalée du prix Décembre. Nouveau mot à faire passer : littérature pas morte, talent non plus, les godelureaux Bedos et Rey cisèlent la langue française.[/access]

Nicolas Bedos, Une Année particulière, 312 p., 19,50 euros, Robert Laffont, 2012.

Nicolas Rey, L’Amour est déclaré, 183 p., 17,50 euros, Au Diable Vauvert, 2012

*Photo : C à vous.

Facs anglaises : pas assez de blancs sur les bancs ?

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Amis de la discrimination positive, attachez vos ceintures, ou plutôt servez-vous en pour préserver la chasteté de vos yeux et vos oreilles : l’histoire qui suit est a déconseiller fortement aux bonnes âmes sensibles

En fait d’histoire, c’est tout bêtement d’une interview qu’il s’agit. Celle donnée par David Willetts le ministre britannique de la Science et des Universités à nos confrères de The Independent.

Pour être un militant aguerri du Parti conservateur, Willets n’en est pas moins aussi à gauche que Peillon, voire plus que lui : sa priorité n’est pas la énième réforme des rythmes scolaires, mais l’insupportable discrimination dont sont victimes certaines minorités ethniques, de plus en plus sous-représentées dans les facultés de Sa Majesté.

En conséquence de quoi, statistiques à la main, il a posément déclaré à The Independent qu’il allait falloir d’urgence faire quelque chose pour que les jeunes garçons blancs issus des classes populaires ne soient plus exclus de fait des études supérieures, où il sont massivement sous-représentés vis-à-vis des jeunes filles pauvres, mais surtout vis-à-vis des étudiants issus des minorités ethniques « reconnues ».

Alors bien sûr du Mrap à l’UEJF en passant par Charlie Hebdo on pourra crier en chœur « Richard Descoings, reviens, ils sont devenus fous ! » Mais rassurez vous, amis angélistes : ces politiciens de droite qui retournent contre la gauche ses propres billevesées, ça n’arrive qu’en Angleterre…

Assad-Nasrallah : les discours des vaincus

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L’un reste, l’autre partira. À moyenne échéance, les proches de Bachar Al-Assad savent son pouvoir, sinon son existence physique, condamné. Haut perché dans l’esprit du longiligne président syrien, le déni de réalité s’est matérialisé dans une allocution officielle prononcée dimanche dernier à la Maison des arts et de la culture de Damas[1. Egalement appelé « Dar Al-Assad », sur la place des Omeyyades.], devant un parterre choisi d’invités. Pendant près d’une heure, Bachar a égrené vérités douloureuses pour l’Occident (l’insurrection syrienne est de plus en plus gangrénée par des éléments salafistes soutenus par des parties étrangères),  et aveuglement coupable – l’opposition antibaathiste serait essentiellement terroriste – pour proposer un improbable plan de sortie de crise. En trois points, ce dernier consiste à arrêter la violence, autrement dit à mater définitivement la rébellion, ce qui relève du vœu pieux lorsque les deux tiers du pays échappent au contrôle de l’armée puis à entamer des négociations entre l’Etat et ce qu’il reste d’opposition légale avant la formation d’un gouvernement d’union nationale sous l’autorité de… Bachar Al-Assad. Avec un beau lapsus freudien au passage : « nous avons choisi la solution militaire … euh pardon je reviens au début »…

L’Armée Syrienne Libre, dont la dénomination à l’eau de rose ne doit pas nous tromper sur son alliance filandreuse avec le Front salafiste Al-Nosra, s’est évidemment empressée de rejeter une offre de dialogue qui ne lui était du reste pas adressée. Les régimes autoritaires cultivant naturellement une mentalité obsidionale qui les éloigne de toute remise en cause, la sincérité de Bachar n’est peut-être pas en cause. Malgré les avertissements des caciques du régime, anciens compagnons de route de feu Hafez Al-Assad, le vice-président sunnite Farouk Charaa et la conseillère présidentielle alaouite Boutheina Chaabane, le premier cercle du pouvoir n’a cessé de traiter ses opposants en ennemis héréditaires, quitte à militariser un conflit initialement politique. Avec pour seul résultat tangible l’afflux croissant de jihadistes venant grossir les rangs de la guérilla  pour perpétrer des exactions anti-alaouites, antichrétiennes ou anti-druzes en réponse aux massacres d’une armée syrienne forte de ces minorités religieuses. Les dernières minutes du discours d’Assad nous montrent un Ubu oriental sûr de son fait, embrassant la foule en liesse, tel un roi thaumaturge dont les sujets scandent inlassablement « Allah, Souria, Bachar ou bes » (« Dieu, la Syrie, Bachar, et c’est tout ») avant de jurer fidélité bras tendus et poings fermés  –« Par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifions à toi Bachar »  – en espérant que leur chef d’Etat bien aimé guérisse leurs écrouelles. Ces quelques images au surréalisme bouffon en disent long sur le dernier acte de la tragédie qui est en train de s’écrire à Damas.

Contre toutes les évidences, le raïs syrien défie l’inéluctable, alors même que son vice-président a récemment reconnu que la guerre civile était ingagnable. Quoiqu’il semble ébaubi par l’ivresse des despotes, Bachar place peut-être ses derniers espoirs dans l’aide militaire et logistique que lui apporte le Hezbollah; une information à prendre avec des pincettes rapporte même la présence de 5 000 combattants du Parti de Dieu sur le front damascène. Mercredi dernier, cheikh Hassan Nasrallah a d’ailleurs réitéré son soutien indéfectible au régime syrien vacillant. Dans un discours comme il en a le secret, depuis un lieu mystérieux où il peut déployer toute son éloquence à l’abri des drones israéliens, le leader du Hezbollah a expliqué que la participation de la milice chiite au  gouvernement libanais avait empêché l’ouverture d’une guerre entre Damas et Beyrouth. En visant implicitement son rival sunnite Saad Hariri, cheikh Hassan a violemment invectivé les semeurs de discorde intra-islamique affiliés à l’Occident, faisant de l’accueil illimité des réfugiés syriens un devoir humanitaire de l’Etat libanais, une position loin de faire l’unanimité au sein même des milieux prosyriens libanais.

Nasrallah insiste mordicus sur une nécessité : éviter la partition de la Syrie… qui existe déjà de facto. À quoi bon ressasser un laïus convenu, arc-bouté sur de grands principes, l’unité arabo-islamique face à Israël, lorsque le réel dément cette fiction ? À Jérusalem, Netanyahou vient d’annoncer l’érection d’une barrière de sécurité séparant les deux côtés du Golan, la région syrienne de Quneitra étant désormais aux mains d’éléments salafistes qui ne ménageront pas Israël comme l’armée syrienne quarante ans durant. Mais, en politique moyen-orientale, l’art oratoire consiste moins à tenir un langage de vérité qu’à poser des jalons pour l’avenir.

Lorsque le leader chiite se demande à voix haute « Dans quel sens s’inscrivent alors les explosions contre les églises dans plusieurs pays arabes et islamiques et les attentats contre les chrétiens dans leurs églises sous prétexte qu’il leur est interdit de fêter Noël et le Nouvel an ? (…) Ces fêtes font partie des rites longtemps respectés par l’islam, depuis la naissance de l’islam (…) Vous inventez une nouvelle religion, une nouvelle hérésie quand vous cherchez à imposer votre esprit par le biais des assassinats, des massacres et des explosions » en condamnant la vague salafiste qui déferle sur des pans entiers de la région, il se fait l’avocat éperdu d’un nationalisme arabe moribond. Les observateurs tenants de l’atavisme familial rappelleront que Hassan Nasrallah est le fils d’un militant du Parti Social-Nationaliste Syrien d’Antoun Saadeh.

Tout en sachant la partie perdue en Syrie, le Hezbollah parie sans doute sur l’avenir et entend consolider son alliance stratégique avec le Courant Patriotique Libre des chrétiens Michel Aoun et Gebran Bassil en vue des élections qui auront lieu à l’automne. D’ici là, nul ne peut prédire l’avancée du chaos syrien. Une chose est sûre : le jeu politique libanais devra compter avec le Hezbollah, qui a certes perdu des plumes dans l’affaire syrienne mais bénéficie d’une solide rente de situation à l’intérieur de la communauté chiite libanaise et vit du prestige acquis en 2000[2. Date du retrait israélien du Sud-Liban, perçu comme une victoire du Hezbollah.] et 2006[3. Guerre de juillet avec Israël, à l’issue de laquelle Tsahal échoua à démanteler l’arsenal du Parti de Dieu malgré trente-trois jours de bombardements.].  En 2013, le nationalisme arabe post-baathiste pourrait ainsi être incarné par un cheikh chiite enturbanné soumis à l’autorité spirituelle du guide suprême iranien Ali Khamenei. Qui l’eût cru ? Décidément, au Liban comme en Syrie, la politique n’est plus qu’un immense jeu de dupes…

 *Photo : Hawra.

Euthanasie : Laissez-nous vivre !

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L’argument généralement brandi par les défenseurs du suicide assisté, déguisé sous le doux nom d’euthanasie, se situe du côté de l’individu, dont le choix serait libre. Tellement libre d’ailleurs qu’il demande à la société de l’aider à le réaliser. Gil Mihaely prend, lui, l’autre parti qui n’est pas plus recommandable à notre sens : il crée un genre de droit de la société opposable aux malades onéreux, arguant du fait que « la personne concernée par l’euthanasie est assez facilement identifiable ». Des deux côtés, on crée une confusion sur les fins respectives de l’individu et la société, comme s’ils avaient chacun des droits inaliénables sur l’autre.

Pour faire pleurer dans les chaumières, Gi Mihaely argue d’un drame récent qui qualifierait l’état médical général de la France : cette femme qui, obligée d’accoucher dans sa voiture parce que la maternité se trouvait trop éloignée de chez elle, en perdit son enfant. Tragédie, certes. Mais l’auteur en infère que cette « surmortalité causée par la fermeture de certaines maternités en régions nous offre un parfait exemple des conséquences des choix opérés par notre politique de santé publique. » La surmortalité ? Parlons-en. Pour la mortalité infantile, la France se classe au 5ème rang mondial, ce qui n’est pas piteux, et le taux n’a fait que décroître, même sur les vingt dernières années. C’est donc une blague que d’accuser les vieux, les malades condamnés ou les polyhandicapés de survivre aux dépens d’une belle jeunesse sacrifiée à leur avidité.

D’ailleurs, qui nous dit que ce fameux enfant mort à la naissance parce que sa mère n’a pu atteindre la maternité avant d’accoucher n’était pas trisomique, hydrocéphale ou myopathe ? De quel régime relevait-il alors ? De celui de la vie à tout prix ou de la mort sans prix ? L’année 2013 s’ouvre sur ces mesures douces à l’oreille des modernes : l’IVG sera désormais remboursé à 100% et la contraception gratuite pour les jeunes filles de 15 à 18 ans (alors que les mâles devront, eux, continuer de payer de leur poche les capotes, mais bref). Voilà un bon exemple de la tyrannie opérée par l’individu sur la société tout entière. Car en soi, la société n’est pas comptable des choix opérés par les fameux « individus-à-qui-leur-corps-appartient ». Ce serait pourtant le lieu de faire de substantielles économies que l’on destinerait au soin palliatif des malades terminaux qui ne sont victimes, eux, que de la nature cruelle, celle qui fait vieillir, qui prodigue des handicaps, des maladies mortelles et autres douleurs injustes.

« On ne saura jamais qui aurait pu être opéré si l’argent consacré à la prolongation d’une vie avait été investi dans d’autres services », nous dit le directeur de publication de Causeur. Je me demanderais plutôt, dans les circonstances actuelles, qui nous pourrions soulager ou sauver avec l’argent consacré à stopper l’existence de futurs individus qui n’avaient rien demandé.

Mais dans tous les cas, il n’existe pas, du moins sous le régime de notre civilisation, de légitime défense de la société contre les individus, qu’elle serait en droit de faire mourir plus vite pour apurer ses comptes sociaux.

Aujourd’hui, le « suicide assisté » suisse concerne 300 cas annuels. On arriverait proportionnellement à 2500 cas en France. La belle affaire : voilà qui assurément redresserait les compte publics. D’autant que nul ne peut prévoir les économies qui seront faites, puisqu’il est impossible d’évaluer la longueur de la maladie avant que l’on passe à l’acte létal.

« À quoi renonce-t-on ? », demande Gil Mihaely. Seulement à l’inhumanité et à l’égoïsme. Ce n’est pas grand-chose, mais sans vouloir faire le malin, je suis de ceux qui trouvent que cela vaut bien tous les trous de la branche maladie de la Sécurité sociale.

*Photo : La Doble A Producers.

Droite/Gauche, c’est reparti !

droite paris chevenement

On n’en finira jamais avec le vieux couple droite/gauche. Longtemps je le crus, ou l’espérai dissous, l’impressionnante similitude des politiques qu’ont menées depuis presque quarante ans les gouvernements dits « de droite » et dits « de gauche », la succession de cohabitations somme toute pacifiques, enfin − bouquet final − l’installation de ce qu’il est convenu d’appeler le « système UMPS » − expression peut-être excessive mais fort pertinente pour pointer la connivence idéologique entre les états-majors des deux partis « de gouvernement » − confirmant, pour moi et quelques autres, l’idée qu’une opposition nouvelle entre mondialistes et antimondialistes se substituait à l’ancienne,  bouleversant la vieille structuration de l’échiquier politique. Semblable innovation se révélait de surcroît assez douce à mes oreilles gaullistes (« La France, ce n’est pas la gauche, la France, ce n’est pas la droite… ») caressant la nostalgie d’une grande politique qui réconcilierait les uns et les autres dans une même œuvre française. Hélas, au fil des années, j’ai peu à peu glissé de ce confortable fauteuil pour retrouver, en termes à peine renouvelés, la vieille opposition que j’avais cru dépassée.

Le premier doute naquit lorsque, élu député européen sur la liste dite « Pasqua-Villiers » de 1999, donc réputé « de droite », je n’en décidai pas moins de soutenir la candidature de Jean-Pierre Chevènement lors de l’élection présidentielle de 2002. Le piètre accueil que réserva à mes confrères droitiers la plus grande partie de l’entourage du « Che » en tous ses échelons (il n’est pas jusqu’à Régis Debray qui ne se pinça ostensiblement le nez), et la façon dont tourna la campagne de l’« Homme de la nation » revenu bien vite « à gauche » ( jusqu’à s’y abîmer), me convainquirent que celle-ci n’était pas prête à abandonner ses réflexes.[access capability= »lire_inedits »]

Je retrouvais Alain : « Celui qui prétend n’être ni de droite ni de gauche n’est certainement pas à gauche. » Et certes, il se voit plus couramment des hommes de droite faire appel à des hommes de l’« autre rive » que l’inverse (voir par exemple l’« ouverture » des gouvernements Sarkozy), comme on entend plus couramment les incantations au « grand rassemblement ni droite ni gauche » venir de la droite − c’est le cas  de Marine le Pen aujourd’hui, comme ce le fut  du fameux Général. De celui-ci, d’ailleurs, je m’avisais peu à peu qu’il fallait avoir le gaullisme bien hâtif pour ne pas voir qu’il fut, dès les premières années de Londres, entouré d’hommes de droite, et que tous les thèmes auxquels son nom reste attaché − défense de la souveraineté, autorité disciplinée de l’État, strict traditionalisme moral − en feraient aujourd’hui un homme de droite voire d’« extrême droite ».

Il y eut davantage encore : la vieille opposition, dont je croyais, comme tout le monde, qu’elle tirait son origine de la façon dont s’étaient distribués les députés sur les bancs des premières assemblées républicaines, se révéla bien plus ancienne. Une étude de l’architecte Louis Maitrier, « Gauche-Droite. La localisation urbaine et l’origine des partis politiques », montre que, de longue date (dès le XIVe siècle et l’émancipation de la Sorbonne), la rive gauche de Paris fut regardée comme le creuset des idées nouvelles (là étaient les universités, les écoles de philosophie, là s’installèrent bientôt les éditeurs, les galeristes), tandis que la rive droite fut assimilée en maint domaines  au classicisme, ainsi qu’aux valeurs marchandes. « Les catégories des opinions politiques « gauche et droite », écrit Maitrier, étaient homologues des goûts artistiques et culturels , et étaient donc l’expression d’une organisation plus fondamentale de la société » […]. Tout Parisien sait bien, sans faire d’enquête, que « Rive gauche » et « Rive droite » sont l’expression de styles de vie, de manières de penser, de sensibilités opposées.

Opposition ancienne et profonde, qui sépare les partisans de l’innovation, du progrès et de toute forme d’émancipation arrachée aux cadres contraignants de l’État royal à ceux de la tradition, du service de l’État, du primat national − Louvre, Tuileries, Élysée sont situés rive droite. N’est-ce pas cette opposition que cristallisa, à la toute fin du XVIIe siècle, la fameuse « querelle des Anciens et des Modernes », les premiers étant vite débordés à l’Académie française (elle, rive gauche) par les seconds, comme le classicisme le fut progressivement, dans la France entière, par les idées de progrès, de liberté individuelle et de cosmopolitisme ? On se demande si cette opposition bel et bien multiséculaire entre une gauche héritière des Lumières, triomphante et bientôt hégémonique, et une droite qui ne s’inscrit plus depuis lors que par « réaction » (devenue d’ailleurs son autre nom) ne donne pas ses mots, de nos jours encore, à ce vieux jeu droite-gauche qu’on dirait en somme permanent dans notre histoire.

S’expliquent ainsi bien des phénomènes − par exemple, la marginalisation du classique Chevènement enfermé dans les cadres d’une gauche méfiante envers les formes marquées de l’autorité de l’État, résolument cosmopolite, attachée à un internationalisme devenu mondialisme. Ou, bien, autre exemple, on comprend l’actuel éclatement d’une UMP dont la plupart des figures de proue sont intellectuellement converties  aux Lumières, mais dont la base reste en large partie littéralement réactionnaire − et  dont le premier essai de consultation lui fut fatal. Mais cela est une autre histoire, celle d’un siècle où, tandis que s’érodent les promesses du progrès et celles de la  mondialisation, la vieille opposition se fera sans doute plus nette, et peut-être plus violente.[/access]

*Photo : chevenement.

Francs-maçons : le nouvel os du Nouvel Obs

L’avantage du marronnier, c’est qu’il reverdit tous les ans. Et même en hiver, dans sa version journalistique, la trêve des confiseurs entraînant traditionnellement une grève de l’inspiration. Puisqu’il serait malséant de comparer les prix de l’immobilier tandis que de pauvres hères gèlent dans des tentes Quechua et que la saison n’est guère propice à la pêche aux néo-réacs, restent les francs-maçons dans la pauvre pioche de L’Obs. Le numéro de cette semaine scrute ainsi « Ces Francs-maçons qui nous gouvernent », ce qui donne lieu à un dossier central très fourni et fort instructif quant à l’appartenance philosophique, ésotérique ou carriériste (rayez la mention inutile suivant les cas) de nos gouvernants. On y apprend notamment que les présidents des deux chambres du Parlement sont des frères aguerris, de même qu’une demi-douzaine de ministres et de plus de 150 parlementaires.

Ces derniers, essentiellement à gauche mais aussi radicaux valoisiens, constituent une proie de choix pour toute réforme drapée du sceau des Lumières, de la République et de tout le fourbi progressiste, comme en témoigne la lettre compassée qu’a adressée Harlem Désir à l’ensemble des parlementaires pour les convaincre de se rallier au droit de vote des étrangers. Renaud Dély décrypte le lexique crypto-maçonnique de ladite missive, qui ressemble comme deux gouttes d’eau aux dépliants publicitaires nous vendant qui un yaourt bio, qui une crème anti-rides qui un poncho « équitable » en poil de bouc en invoquant les droits de l’homme abstrait.

Mais faisons justice à L’Obs : nulle émanation nauséabonde ne se dégage du dossier franc-mac, pourtant source de bien des fantasmes conspirationnistes, ses auteurs ayant même l’honnêteté de reconnaître la perte d’influence des loges – ce qui diminue d’autant l’intérêt du dossier ! Quoique confrères, soyons beaux joueurs : taxer Le Nouvels Obs de complotisme anti-maçonnique serait aussi mensonger et délirant que d’assimiler Alain Finkielkraut et Jean-Claude Michéa à un surgeon français du Ku Klux Klan

Mesdemoiselles, à vous de jouer !

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Il y a quelques jours, la presse –notamment écrite et radiophonique- faisait écho d’une décision du Conseil d’Etat validant la suppression de la civilité « mademoiselle » sur les formulaires et documents administratifs. Nous avions, il y a un an, interpellé ici François Fillon qui avait signé la circulaire. Cette dernière avait commencé à produire des effets sur le terrain. Par exemple, sur les diplômes 2012 du Brevet des collèges –qu’on passe généralement à 14 ou 15 ans- ne comportaient plus, pour les lauréates, la civilité « mademoiselle » mais « madame ».

C’est un militant UMP diplômé de droit public, Alexandre-Guillaume Tollinchi, qui a paradoxalement attaqué la circulaire émise par l’ex-Premier ministre. À la tête d’un collectif nommé « Libérez les mademoiselles », il a formé un recours pour excès de pouvoir au Conseil d’Etat, lequel s’est donc prononcé le 26 décembre dernier, rejetant la requête. Tollinchi admet sur son blog que le juge administratif lui a donné tort sur la forme. En revanche, il explique que « la presse se trompe totalement dans son analyse : le Conseil d’Etat n’a pas supprimé Mademoiselle puisqu’il a estimé que la circulaire n’avait aucun effet normatif ! », ce qui implique, pour ce juriste pointilleux, que cette dernière ne saurait s’imposer aux personnes privées. De ce constat, il déduit que «  toute administrée pourra imposer, au besoin en saisissant le Tribunal administratif, le rétablissement de la civilité Mademoiselle pour elle-même. » Et Tollinchi de se mettre gratuitement à la disposition de toutes les demoiselles de France et de Navarre désireuses d’en appeler ainsi au juge administratif !

Pour notre part, nous ne pouvons que saluer le combat de ce jeune militant plein de ressources. Quelqu’un qui se fait un devoir de mettre des bâtons dans les roues d’Osez le féminisme et de Roselyne Bachelot ne peut, décidément, pas être mauvais.

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Patrons à l’honneur

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jacques tardi legion honneur

jacques tardi legion honneur

Dans l’habituelle promotion de la légion d’honneur du 1er janvier, on aura surtout retenu le nom de Jacques Tardi pour une raison bien simple, c’est qu’il l’a refusée.

Aurélie Filippetti a certainement cru faire plaisir à un des dessinateurs français les plus connus, créateur d’Adèle Blanc-Sec, héroïne féministe de la Belle-Epoque. Après tout, notre ministre de la culture, fille d’un sidérurgiste lorrain sur lequel jadis, elle avait écrit un beau roman, Les derniers jours de la classe ouvrière (Stock) et qui a battu aux dernières législatives le candidat de droite dans la circonscription historique des Wendel, doit être encore persuadée, malgré Florange, qu’elle siège dans un gouvernement de gauche. Mais Jacques Tardi, viscéralement pacifiste et libertaire, s’est aussi beaucoup penché sur le carnage de la guerre de 14 ou encore, avec  Jean Vautrin comme scénariste, sur l’histoire de la Commune dans Le Cri du Peuple. Et Aurélie Filippetti a sans doute sous-estimé ce qu’un artiste comme lui peut vraiment penser de notre monde tel qu’il ne va pas.

Tardi met fin en même temps à la légende consistant à dire qu’il faudrait directement demander la légion d’honneur pour avoir une chance de l’obtenir. Non, en fait, des excellences haut placées peuvent simplement vouloir vous faire plaisir, en jouant sur la fierté qu’il y aurait à recevoir ce plus célèbre des hochets de la vanité, créé par Napoléon 1er. Vous faire plaisir, ou plus subtilement, vous rendre reconnaissants car on sait bien depuis La Rochefoucauld que les consciences les plus pures se laissent parfois dévorer par l’amour-propre.

Avec Tardi, pour le coup, c’est raté : « Je n’ai cessé de brocarder les institutions. Le jour où l’on reconnaîtra les prisonniers de guerre, les fusillés pour l’exemple, ce sera peut-être autre chose ». Tardi est d’ailleurs toujours marié avec Dominique Grange, ancienne chanteur yéyé devenue dans les années 60, l’égérie du mouvement mao et auteure en 69 de ce qui fut l’hymne de la Gauche Prolétarienne, le groupe qui fut le plus violemment engagé dans les années de poudre du gauchisme. D’ailleurs, les paroles de Dominique Grange ne laissaient aucune ambiguïté  et on pense que ce doit pas être le morceau préféré du Medef pas plus que de la ministre Fleur Pellerin qui, d’après ses récentes déclarations, est non seulement chargée de l’économie numérique mais aussi de l’éradication de la lutte des classes dans les PME : « Vous comptez vos profits, on compte nos mutilés/Regardez nous vieillir au rythme des cadences/Patrons regardez nous, c’est la guerre qui commence/ Nous sommes les nouveaux partisans/ Francs-tireurs de la guerre de classe/ Le camp de peuple est notre camp/ Nous sommes les nouveaux partisans »

En revanche, cette même promotion devrait rassurer, voire consoler le monde des affaires et le patronat, si sensible ces temps-ci à la chasse aux riches. Parmi les heureux récipiendaires, on compte ainsi le président de Casino, Jean-Charles Naouri, dont la filiale logistique Eaysidis était en grève à Noël pour les conditions de travail et l’augmentation des salaires. On retrouve aussi le célèbre Pascal Lamy, directeur général de l’OMC et un des principaux théoriciens de l’Europe austéritaire mais qui pourrait bien, à la fin prochaine de son mandat, succéder à Jérôme Cahuzac,  actuel ministre de budget, un peu ennuyé par les rumeurs sur son éventuel compte en Suisse.

On citera également, mais la liste n’est pas close, l’ancien PDG de Renault Louis Schweitzer, qui a laissé il y a quelques années un beau souvenir chez les ouvriers belges en fermant du jour au lendemain Vilvoorde, un important site de production pour des raisons de pure rentabilité financière. Quant aux plus anciens d’entre nous, ils seront heureux de savoir qu’Yvon Gattaz,  patron des patrons à l’époque où le Medef s’appelait encore le CNPF, a été élevé  à la dignité de Grand-Croix.

C’est tout de même étonnant, quand on y songe, qu’aucun d’entre eux, comme Tardi, n’ait refusé d’être décoré par ce gouvernement bolchévique qui déteste tellement les riches et les chasse jusqu’en Russie poutinienne, là où ils peuvent choisir la liberté, de l’autre côté du Mur de la dictature fiscale. En même temps, si on additionne le nombre de licenciements dont tout ce petit monde est responsable directement ou indirectement, c’est peut-être cela le critère décisif pour obtenir le fameux petit ruban rouge.

Ce que semblerait confirmer un autre refus, moins médiatique, qui date de l’été 2012 celui de la chercheuse Annie Thébaud-Mony, spécialiste des cancers professionnels, qui avait écrit à Cécile Duflot pour dénoncer l’«indifférence» qui touche la santé au travail et l’impunité des «crimes industriels». Du coup, on pourrait peut-être suggérer à Tardi, qui vient de publier un album sur son père prisonnier lors de la seconde guerre mondiale, de se rapprocher d’Annie Thébaud-Mony. Ça ferait une belle BD en perspective. Avec plein de taches rouges.

Depardieu aime la France, à sa manière…

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depardieu russie belgique

depardieu russie belgique

J’appartiens à une espèce en voie de disparition : celle des gens qui se lèvent le matin contents de s’être, un jour de plus, réveillé français. On objectera que, n’ayant pas de point de comparaison, je pourrais également éprouver cette béatitude matinale en tant qu’eskimo, moldave ou patagon. Pas tout à fait, car il s’en fallut d’une génération que je ne partage le destin du peuple allemand et de deux que j’usasse mes fonds de culottes dans un heder du quartier de Kazimierz à Cracovie. Des événements, sur lesquels je ne m’étendrai pas, ont incité celui qui allait devenir mon géniteur à quitter Berlin pour des cieux apparemment plus cléments. La légende familiale indique que le choix d’une terre d’exil fut déterminé par l’admiration portée par mon père, alors âgé de 17 ans, à un poème de Heinrich Heine racontant le retour en France de deux grognards de la Grande Armée après leur libération de captivité en Russie : “Nach Frankreich zogen zwei Grenadier/ Die waren in Russland gefangen…”[1. Deux grenadiers, s’en allaient vers la France/ À l’issue de leur captivité en Russie…].

Le fait d’avoir choisi ce poème lors d’un concours de déclamation au lycée suffisait à vous cataloguer, à Berlin en 1933, comme une espèce subversive cumulant indignité raciale et francophilie antipatriotique. Va donc pour la France, sur les traces de Heine, qui y passa la dernière partie de sa vie… Il va sans dire que la réalité fut loin d’être à la hauteur du mythe, et que le sort réservé aux «  sans-papiers » fuyant le nazisme n’était guère différent de celui, aujourd’hui, des aspirants au bonheur français venus d’outre-Méditerranée…

Mais il en fallait plus à ces derniers pour que s’installe le désamour d’une France, ce pays admirable où l’injustice faite à un petit officier juif avait soulevé une moitié de la nation contre l’autre, selon le mot du père d’Emmanuel Lévinas. Les comparaisons avec le sort de membres de sa famille ayant effectué d’autres choix – Grande Bretagne, Etats-Unis, Brésil – confortaient mon père dans la certitude qu’il avait fait le meilleur. Non pour la situation matérielle, qui pouvait être plus favorable dans des pays épargnés des ravages de la guerre, mais par la capacité de la société française à intégrer les nouveaux arrivants, pour autant qu’ils adhèrent à ses valeurs communes et respectent ses usages. C’était une époque où les Français s’efforçaient de panser la blessure narcissique qui leur avait été infligée par «  l’étrange défaite » de juin 1940 et la trahison collaborationniste d’une grande partie de leurs élites. Tout le monde ou presque, faisait du Renan, celui du plébiscite quotidien faveur de la Nation, comme Monsieur Jourdain faisait de la prose.

On a tort, aujourd’hui, de ne voir en Gérard Depardieu que la version show bizz de l’ultra riche soucieux de placer sa cassette hors de portée des doigts crochus des gnomes de Bercy. Les vrais déserteurs de la solidarité nationale sont des gens discrets, qui quittent le territoire sur la pointe des pieds. Le natif de Châteauroux, issu d’une famille que l’on classerait aujourd’hui à la limite du quart-monde, aime la France à sa manière et estime avoir suffisamment œuvré au rayonnement international de sa culture, y compris celle des grands classiques, pour qu’on lui manifeste un minimum de respect, y compris fiscalement. Il s’est vexé, peut-être un peu vite, qu’un premier ministre qualifie de « minable » sa décision de s’installer dans une petite commune du Hainaut wallon. Comme il n’est pas homme à faire les choses à demi, lorsque la polémique au sujet de son expatriation se déchaîne, il en remet une couche : il se jette dans les bras de Vladimir Poutine, coupant ainsi toute possibilité de retour dans ce Saint-Germain-des Prés où il avait élu domicile, assez confortablement, semble-t-il. Depardieu était insuffisamment « politiquement correct » (selon les critères de son voisinage immédiat), pour qu’on lui rendît les hommages qui lui étaient dus.

Comme il n’a pas la rouerie du Gainsbourg pour faire passer son alcoolisme, ses grossièretés de beauf pour une forme raffinée de dandysme, et ses folies financières pour des performances artistiques, il transgresse à sa façon. La France le traite mal ? Il cherche à l’humilier en brandissant, hilare, le passeport russe que le nouveau tsar lui a remis en mains propres. Tant de haine devrait nous faire réfléchir : et si Gégé n’était qu’un symptôme ? En ne l’aimant pas assez, cette France n’aurait-elle pas oublié de s’aimer elle-même ? De reconnaître en lui une incarnation de notre génie national  englobant Rabelais et Marguerite Duras ? Son exil serait alors une forme moderne de retrait dans le désert des anachorètes expiant dans une contrée inhospitalière – en l’occurrence la Mordovie – les péchés de ses semblables. Et pour paraphraser Heine, il pourra dire chaque matin : «  Quand je pense à la France dans la nuit, alors mon sommeil s’enfuit… »

*Photo : Euronews.

Crash à Air France

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On allait voir ce qu’on allait voir : ce lundi Air France présentait sa nouvelle grille tarifaire, censée damer le pion aux vilains opérateurs low-cost.

Baptisée « Economy » avec un « y » qui, à lui seul, valide le caractère moderne et compétitif du concept, cette nouvelle tarification n’a a priori rien d’intrinsèquement révolutionnaire puisqu’elle ne concerne qu’un million de places pour des voyages à compter du 6 février prochain et ce sur seulement 58 destinations au départ d’Orly, Marseille, Nice, Toulouse et Londres, toutes en court et moyen courrier. Si vous rêviez d’assister à prix cassé à l’investiture d’Obama ou au Carnaval de Rio, faudra chercher ailleurs, les amis.

Parler de « promotion » et non de « révolution » aurait donc été plus raisonnable. Ça n’a pas été le choix de la company (ben oui quoi, moi aussi j’ai le droit d’avoir l’air moderne et compétitif) ni des très nombreux médias qui ont bêtement paraphrasé les déclarations triomphales du PDG Alexandre de Juniac en lieu et place de se demander si cette « révolution » était autre chose qu’un mille et unième coup de pub d’une direction d’entreprise aussi dénuée d’imagination que celle qui l’a précédée.

Résultat ? Attirés par la bonne affaire du siècle, les chalands se sont rués par dizaines de milliers hier sur le site de la compagnie, lequel a fort logiquement explosé en plein vol. Qui a vécu par la com, etc, etc…

Les godelureaux des lettres

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nicolas rey bedos

nicolas rey bedos

On se passe le mot dans les rédactions : à l’heure où Bernard Pivot twitte, Nicolas Bedos et Nicolas Rey, eux, ne seraient pas sérieux. Le genre à affoler les étudiantes, passer des soirées frivoles, célébrer les amours dilettantes et le temps des copains. Ne pas en parler, donc, dans les colonnes sévèrement tenues par les « professionnels de la profession » littéraire.

Pour exciter encore plus les jaloux, Bedos et Rey s’affichent sur les plateaux télé, chroniqueur ou invité vedette, parfois même sur grand écran. Ils pourraient d’ailleurs sortir des Godelureaux, un Chabrol millésime 61, où des gandins troussent leur vie avec légèreté et provocation.

Aggravant leur cas, ils écrivent aussi dans les journaux des papiers superficiels, forcément superficiels.

Ainsi, Nicolas Rey en a longtemps profité pour signer de beaux portraits d’actrices de Brisseau ou de traductrices de Dorothy Parker. Nicolas Bedos, lui, tient dans Marianne son Journal d’un mythomane où il castagne Copé, suit Jean Dujardin à Hollywood, envoie des fleurs à Anne Sinclair et Laure Sainclair, l’actrice porno. Dernièrement, il a salué L’Amour est déclaré, le « formidable roman de la gueule de bois » de Nicolas Rey : « Françoise Sagan n’est donc pas morte, puisque Nicolas Rey revit. »[access capability= »lire_inedits »]

Bedos a raison : L’Amour est déclaré est un joli texte à l’imparfait, feuilles arrachées au temps. Rey, après avoir énuméré ses défaites de l’alcool dans Un léger passage à vide, nous raconte sa vie de patachon grisonnant et fragile. Une Maud sensuelle, fille d’un acteur célèbre, apparaît. Un psychanalyste et un agent déjanté sont de la partie. Michel Platini et John McEnroe aussi. Un père parle à son fils. Ça hésite entre la passion et la retenue, trouvant son parfait déséquilibre.

Bedos a raison, encore, quand il vante, d’une parenthèse, les mérites du premier volume de son propre Journal, paru en 2011 : « Lis-le, ça peut changer ta vie. » Dans Marianne, d’ailleurs, Bedos est désormais le seul à avoir raison, c’est-à-dire à avoir du style. Une Année particulière, deuxième tome de son Journal, en apporte la preuve, par-delà les figures imposées de l’actualité et quelques facilités. D’une zébrure de plume, Bedos offense une blonde diaphane et blessée : « Euthanasie ta mère et termine ton bouquin. » Il saisit, sur le vif et par la grâce de dialogues au couteau, les affres d’une campagne présidentielle. Il défend Patrick Besson, coupable d’avoir mis l’accent sur Eva Joly. Il peut surtout suivre les méandres de sa ligne de cœur, l’appeler « Pom », et offrir des phrases qui, quelle que soit la saison, touchent pleine cible mélancolique : « Je me balade, seul, dans cette maison bondée de fantômes de mes amours ratées […] Je revois chacune d’entre elles, à quelques années d’intervalle, débarquant début juillet par la même baie vitrée, sur la même terrasse, une valise d’enthousiasme à la main. Demain, elles me poursuivront sans doute jusque sur la plage (E. qui dit  » fuck » au soleil sous son large chapeau de paille, C. qui se calcine à coups de monoï et Pom, seins nus dans l’eau glacée). J’aurais beau nager, nager vers le large, elles m’accompagneront. Au fond, je suis resté fidèle à toutes les femmes que j’ai trompées. »

C’est le problème avec les têtes à claques : ils écrivent mieux qu’un Goncourt de l’année ou qu’une recalée du prix Décembre. Nouveau mot à faire passer : littérature pas morte, talent non plus, les godelureaux Bedos et Rey cisèlent la langue française.[/access]

Nicolas Bedos, Une Année particulière, 312 p., 19,50 euros, Robert Laffont, 2012.

Nicolas Rey, L’Amour est déclaré, 183 p., 17,50 euros, Au Diable Vauvert, 2012

*Photo : C à vous.

Facs anglaises : pas assez de blancs sur les bancs ?

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Amis de la discrimination positive, attachez vos ceintures, ou plutôt servez-vous en pour préserver la chasteté de vos yeux et vos oreilles : l’histoire qui suit est a déconseiller fortement aux bonnes âmes sensibles

En fait d’histoire, c’est tout bêtement d’une interview qu’il s’agit. Celle donnée par David Willetts le ministre britannique de la Science et des Universités à nos confrères de The Independent.

Pour être un militant aguerri du Parti conservateur, Willets n’en est pas moins aussi à gauche que Peillon, voire plus que lui : sa priorité n’est pas la énième réforme des rythmes scolaires, mais l’insupportable discrimination dont sont victimes certaines minorités ethniques, de plus en plus sous-représentées dans les facultés de Sa Majesté.

En conséquence de quoi, statistiques à la main, il a posément déclaré à The Independent qu’il allait falloir d’urgence faire quelque chose pour que les jeunes garçons blancs issus des classes populaires ne soient plus exclus de fait des études supérieures, où il sont massivement sous-représentés vis-à-vis des jeunes filles pauvres, mais surtout vis-à-vis des étudiants issus des minorités ethniques « reconnues ».

Alors bien sûr du Mrap à l’UEJF en passant par Charlie Hebdo on pourra crier en chœur « Richard Descoings, reviens, ils sont devenus fous ! » Mais rassurez vous, amis angélistes : ces politiciens de droite qui retournent contre la gauche ses propres billevesées, ça n’arrive qu’en Angleterre…

Assad-Nasrallah : les discours des vaincus

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nasrallah assad hezbollah

nasrallah assad hezbollah

L’un reste, l’autre partira. À moyenne échéance, les proches de Bachar Al-Assad savent son pouvoir, sinon son existence physique, condamné. Haut perché dans l’esprit du longiligne président syrien, le déni de réalité s’est matérialisé dans une allocution officielle prononcée dimanche dernier à la Maison des arts et de la culture de Damas[1. Egalement appelé « Dar Al-Assad », sur la place des Omeyyades.], devant un parterre choisi d’invités. Pendant près d’une heure, Bachar a égrené vérités douloureuses pour l’Occident (l’insurrection syrienne est de plus en plus gangrénée par des éléments salafistes soutenus par des parties étrangères),  et aveuglement coupable – l’opposition antibaathiste serait essentiellement terroriste – pour proposer un improbable plan de sortie de crise. En trois points, ce dernier consiste à arrêter la violence, autrement dit à mater définitivement la rébellion, ce qui relève du vœu pieux lorsque les deux tiers du pays échappent au contrôle de l’armée puis à entamer des négociations entre l’Etat et ce qu’il reste d’opposition légale avant la formation d’un gouvernement d’union nationale sous l’autorité de… Bachar Al-Assad. Avec un beau lapsus freudien au passage : « nous avons choisi la solution militaire … euh pardon je reviens au début »…

L’Armée Syrienne Libre, dont la dénomination à l’eau de rose ne doit pas nous tromper sur son alliance filandreuse avec le Front salafiste Al-Nosra, s’est évidemment empressée de rejeter une offre de dialogue qui ne lui était du reste pas adressée. Les régimes autoritaires cultivant naturellement une mentalité obsidionale qui les éloigne de toute remise en cause, la sincérité de Bachar n’est peut-être pas en cause. Malgré les avertissements des caciques du régime, anciens compagnons de route de feu Hafez Al-Assad, le vice-président sunnite Farouk Charaa et la conseillère présidentielle alaouite Boutheina Chaabane, le premier cercle du pouvoir n’a cessé de traiter ses opposants en ennemis héréditaires, quitte à militariser un conflit initialement politique. Avec pour seul résultat tangible l’afflux croissant de jihadistes venant grossir les rangs de la guérilla  pour perpétrer des exactions anti-alaouites, antichrétiennes ou anti-druzes en réponse aux massacres d’une armée syrienne forte de ces minorités religieuses. Les dernières minutes du discours d’Assad nous montrent un Ubu oriental sûr de son fait, embrassant la foule en liesse, tel un roi thaumaturge dont les sujets scandent inlassablement « Allah, Souria, Bachar ou bes » (« Dieu, la Syrie, Bachar, et c’est tout ») avant de jurer fidélité bras tendus et poings fermés  –« Par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifions à toi Bachar »  – en espérant que leur chef d’Etat bien aimé guérisse leurs écrouelles. Ces quelques images au surréalisme bouffon en disent long sur le dernier acte de la tragédie qui est en train de s’écrire à Damas.

Contre toutes les évidences, le raïs syrien défie l’inéluctable, alors même que son vice-président a récemment reconnu que la guerre civile était ingagnable. Quoiqu’il semble ébaubi par l’ivresse des despotes, Bachar place peut-être ses derniers espoirs dans l’aide militaire et logistique que lui apporte le Hezbollah; une information à prendre avec des pincettes rapporte même la présence de 5 000 combattants du Parti de Dieu sur le front damascène. Mercredi dernier, cheikh Hassan Nasrallah a d’ailleurs réitéré son soutien indéfectible au régime syrien vacillant. Dans un discours comme il en a le secret, depuis un lieu mystérieux où il peut déployer toute son éloquence à l’abri des drones israéliens, le leader du Hezbollah a expliqué que la participation de la milice chiite au  gouvernement libanais avait empêché l’ouverture d’une guerre entre Damas et Beyrouth. En visant implicitement son rival sunnite Saad Hariri, cheikh Hassan a violemment invectivé les semeurs de discorde intra-islamique affiliés à l’Occident, faisant de l’accueil illimité des réfugiés syriens un devoir humanitaire de l’Etat libanais, une position loin de faire l’unanimité au sein même des milieux prosyriens libanais.

Nasrallah insiste mordicus sur une nécessité : éviter la partition de la Syrie… qui existe déjà de facto. À quoi bon ressasser un laïus convenu, arc-bouté sur de grands principes, l’unité arabo-islamique face à Israël, lorsque le réel dément cette fiction ? À Jérusalem, Netanyahou vient d’annoncer l’érection d’une barrière de sécurité séparant les deux côtés du Golan, la région syrienne de Quneitra étant désormais aux mains d’éléments salafistes qui ne ménageront pas Israël comme l’armée syrienne quarante ans durant. Mais, en politique moyen-orientale, l’art oratoire consiste moins à tenir un langage de vérité qu’à poser des jalons pour l’avenir.

Lorsque le leader chiite se demande à voix haute « Dans quel sens s’inscrivent alors les explosions contre les églises dans plusieurs pays arabes et islamiques et les attentats contre les chrétiens dans leurs églises sous prétexte qu’il leur est interdit de fêter Noël et le Nouvel an ? (…) Ces fêtes font partie des rites longtemps respectés par l’islam, depuis la naissance de l’islam (…) Vous inventez une nouvelle religion, une nouvelle hérésie quand vous cherchez à imposer votre esprit par le biais des assassinats, des massacres et des explosions » en condamnant la vague salafiste qui déferle sur des pans entiers de la région, il se fait l’avocat éperdu d’un nationalisme arabe moribond. Les observateurs tenants de l’atavisme familial rappelleront que Hassan Nasrallah est le fils d’un militant du Parti Social-Nationaliste Syrien d’Antoun Saadeh.

Tout en sachant la partie perdue en Syrie, le Hezbollah parie sans doute sur l’avenir et entend consolider son alliance stratégique avec le Courant Patriotique Libre des chrétiens Michel Aoun et Gebran Bassil en vue des élections qui auront lieu à l’automne. D’ici là, nul ne peut prédire l’avancée du chaos syrien. Une chose est sûre : le jeu politique libanais devra compter avec le Hezbollah, qui a certes perdu des plumes dans l’affaire syrienne mais bénéficie d’une solide rente de situation à l’intérieur de la communauté chiite libanaise et vit du prestige acquis en 2000[2. Date du retrait israélien du Sud-Liban, perçu comme une victoire du Hezbollah.] et 2006[3. Guerre de juillet avec Israël, à l’issue de laquelle Tsahal échoua à démanteler l’arsenal du Parti de Dieu malgré trente-trois jours de bombardements.].  En 2013, le nationalisme arabe post-baathiste pourrait ainsi être incarné par un cheikh chiite enturbanné soumis à l’autorité spirituelle du guide suprême iranien Ali Khamenei. Qui l’eût cru ? Décidément, au Liban comme en Syrie, la politique n’est plus qu’un immense jeu de dupes…

 *Photo : Hawra.

Euthanasie : Laissez-nous vivre !

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euthanasie vie gil

euthanasie vie gil

L’argument généralement brandi par les défenseurs du suicide assisté, déguisé sous le doux nom d’euthanasie, se situe du côté de l’individu, dont le choix serait libre. Tellement libre d’ailleurs qu’il demande à la société de l’aider à le réaliser. Gil Mihaely prend, lui, l’autre parti qui n’est pas plus recommandable à notre sens : il crée un genre de droit de la société opposable aux malades onéreux, arguant du fait que « la personne concernée par l’euthanasie est assez facilement identifiable ». Des deux côtés, on crée une confusion sur les fins respectives de l’individu et la société, comme s’ils avaient chacun des droits inaliénables sur l’autre.

Pour faire pleurer dans les chaumières, Gi Mihaely argue d’un drame récent qui qualifierait l’état médical général de la France : cette femme qui, obligée d’accoucher dans sa voiture parce que la maternité se trouvait trop éloignée de chez elle, en perdit son enfant. Tragédie, certes. Mais l’auteur en infère que cette « surmortalité causée par la fermeture de certaines maternités en régions nous offre un parfait exemple des conséquences des choix opérés par notre politique de santé publique. » La surmortalité ? Parlons-en. Pour la mortalité infantile, la France se classe au 5ème rang mondial, ce qui n’est pas piteux, et le taux n’a fait que décroître, même sur les vingt dernières années. C’est donc une blague que d’accuser les vieux, les malades condamnés ou les polyhandicapés de survivre aux dépens d’une belle jeunesse sacrifiée à leur avidité.

D’ailleurs, qui nous dit que ce fameux enfant mort à la naissance parce que sa mère n’a pu atteindre la maternité avant d’accoucher n’était pas trisomique, hydrocéphale ou myopathe ? De quel régime relevait-il alors ? De celui de la vie à tout prix ou de la mort sans prix ? L’année 2013 s’ouvre sur ces mesures douces à l’oreille des modernes : l’IVG sera désormais remboursé à 100% et la contraception gratuite pour les jeunes filles de 15 à 18 ans (alors que les mâles devront, eux, continuer de payer de leur poche les capotes, mais bref). Voilà un bon exemple de la tyrannie opérée par l’individu sur la société tout entière. Car en soi, la société n’est pas comptable des choix opérés par les fameux « individus-à-qui-leur-corps-appartient ». Ce serait pourtant le lieu de faire de substantielles économies que l’on destinerait au soin palliatif des malades terminaux qui ne sont victimes, eux, que de la nature cruelle, celle qui fait vieillir, qui prodigue des handicaps, des maladies mortelles et autres douleurs injustes.

« On ne saura jamais qui aurait pu être opéré si l’argent consacré à la prolongation d’une vie avait été investi dans d’autres services », nous dit le directeur de publication de Causeur. Je me demanderais plutôt, dans les circonstances actuelles, qui nous pourrions soulager ou sauver avec l’argent consacré à stopper l’existence de futurs individus qui n’avaient rien demandé.

Mais dans tous les cas, il n’existe pas, du moins sous le régime de notre civilisation, de légitime défense de la société contre les individus, qu’elle serait en droit de faire mourir plus vite pour apurer ses comptes sociaux.

Aujourd’hui, le « suicide assisté » suisse concerne 300 cas annuels. On arriverait proportionnellement à 2500 cas en France. La belle affaire : voilà qui assurément redresserait les compte publics. D’autant que nul ne peut prévoir les économies qui seront faites, puisqu’il est impossible d’évaluer la longueur de la maladie avant que l’on passe à l’acte létal.

« À quoi renonce-t-on ? », demande Gil Mihaely. Seulement à l’inhumanité et à l’égoïsme. Ce n’est pas grand-chose, mais sans vouloir faire le malin, je suis de ceux qui trouvent que cela vaut bien tous les trous de la branche maladie de la Sécurité sociale.

*Photo : La Doble A Producers.

Droite/Gauche, c’est reparti !

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droite paris chevenement

droite paris chevenement

On n’en finira jamais avec le vieux couple droite/gauche. Longtemps je le crus, ou l’espérai dissous, l’impressionnante similitude des politiques qu’ont menées depuis presque quarante ans les gouvernements dits « de droite » et dits « de gauche », la succession de cohabitations somme toute pacifiques, enfin − bouquet final − l’installation de ce qu’il est convenu d’appeler le « système UMPS » − expression peut-être excessive mais fort pertinente pour pointer la connivence idéologique entre les états-majors des deux partis « de gouvernement » − confirmant, pour moi et quelques autres, l’idée qu’une opposition nouvelle entre mondialistes et antimondialistes se substituait à l’ancienne,  bouleversant la vieille structuration de l’échiquier politique. Semblable innovation se révélait de surcroît assez douce à mes oreilles gaullistes (« La France, ce n’est pas la gauche, la France, ce n’est pas la droite… ») caressant la nostalgie d’une grande politique qui réconcilierait les uns et les autres dans une même œuvre française. Hélas, au fil des années, j’ai peu à peu glissé de ce confortable fauteuil pour retrouver, en termes à peine renouvelés, la vieille opposition que j’avais cru dépassée.

Le premier doute naquit lorsque, élu député européen sur la liste dite « Pasqua-Villiers » de 1999, donc réputé « de droite », je n’en décidai pas moins de soutenir la candidature de Jean-Pierre Chevènement lors de l’élection présidentielle de 2002. Le piètre accueil que réserva à mes confrères droitiers la plus grande partie de l’entourage du « Che » en tous ses échelons (il n’est pas jusqu’à Régis Debray qui ne se pinça ostensiblement le nez), et la façon dont tourna la campagne de l’« Homme de la nation » revenu bien vite « à gauche » ( jusqu’à s’y abîmer), me convainquirent que celle-ci n’était pas prête à abandonner ses réflexes.[access capability= »lire_inedits »]

Je retrouvais Alain : « Celui qui prétend n’être ni de droite ni de gauche n’est certainement pas à gauche. » Et certes, il se voit plus couramment des hommes de droite faire appel à des hommes de l’« autre rive » que l’inverse (voir par exemple l’« ouverture » des gouvernements Sarkozy), comme on entend plus couramment les incantations au « grand rassemblement ni droite ni gauche » venir de la droite − c’est le cas  de Marine le Pen aujourd’hui, comme ce le fut  du fameux Général. De celui-ci, d’ailleurs, je m’avisais peu à peu qu’il fallait avoir le gaullisme bien hâtif pour ne pas voir qu’il fut, dès les premières années de Londres, entouré d’hommes de droite, et que tous les thèmes auxquels son nom reste attaché − défense de la souveraineté, autorité disciplinée de l’État, strict traditionalisme moral − en feraient aujourd’hui un homme de droite voire d’« extrême droite ».

Il y eut davantage encore : la vieille opposition, dont je croyais, comme tout le monde, qu’elle tirait son origine de la façon dont s’étaient distribués les députés sur les bancs des premières assemblées républicaines, se révéla bien plus ancienne. Une étude de l’architecte Louis Maitrier, « Gauche-Droite. La localisation urbaine et l’origine des partis politiques », montre que, de longue date (dès le XIVe siècle et l’émancipation de la Sorbonne), la rive gauche de Paris fut regardée comme le creuset des idées nouvelles (là étaient les universités, les écoles de philosophie, là s’installèrent bientôt les éditeurs, les galeristes), tandis que la rive droite fut assimilée en maint domaines  au classicisme, ainsi qu’aux valeurs marchandes. « Les catégories des opinions politiques « gauche et droite », écrit Maitrier, étaient homologues des goûts artistiques et culturels , et étaient donc l’expression d’une organisation plus fondamentale de la société » […]. Tout Parisien sait bien, sans faire d’enquête, que « Rive gauche » et « Rive droite » sont l’expression de styles de vie, de manières de penser, de sensibilités opposées.

Opposition ancienne et profonde, qui sépare les partisans de l’innovation, du progrès et de toute forme d’émancipation arrachée aux cadres contraignants de l’État royal à ceux de la tradition, du service de l’État, du primat national − Louvre, Tuileries, Élysée sont situés rive droite. N’est-ce pas cette opposition que cristallisa, à la toute fin du XVIIe siècle, la fameuse « querelle des Anciens et des Modernes », les premiers étant vite débordés à l’Académie française (elle, rive gauche) par les seconds, comme le classicisme le fut progressivement, dans la France entière, par les idées de progrès, de liberté individuelle et de cosmopolitisme ? On se demande si cette opposition bel et bien multiséculaire entre une gauche héritière des Lumières, triomphante et bientôt hégémonique, et une droite qui ne s’inscrit plus depuis lors que par « réaction » (devenue d’ailleurs son autre nom) ne donne pas ses mots, de nos jours encore, à ce vieux jeu droite-gauche qu’on dirait en somme permanent dans notre histoire.

S’expliquent ainsi bien des phénomènes − par exemple, la marginalisation du classique Chevènement enfermé dans les cadres d’une gauche méfiante envers les formes marquées de l’autorité de l’État, résolument cosmopolite, attachée à un internationalisme devenu mondialisme. Ou, bien, autre exemple, on comprend l’actuel éclatement d’une UMP dont la plupart des figures de proue sont intellectuellement converties  aux Lumières, mais dont la base reste en large partie littéralement réactionnaire − et  dont le premier essai de consultation lui fut fatal. Mais cela est une autre histoire, celle d’un siècle où, tandis que s’érodent les promesses du progrès et celles de la  mondialisation, la vieille opposition se fera sans doute plus nette, et peut-être plus violente.[/access]

*Photo : chevenement.

Francs-maçons : le nouvel os du Nouvel Obs

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L’avantage du marronnier, c’est qu’il reverdit tous les ans. Et même en hiver, dans sa version journalistique, la trêve des confiseurs entraînant traditionnellement une grève de l’inspiration. Puisqu’il serait malséant de comparer les prix de l’immobilier tandis que de pauvres hères gèlent dans des tentes Quechua et que la saison n’est guère propice à la pêche aux néo-réacs, restent les francs-maçons dans la pauvre pioche de L’Obs. Le numéro de cette semaine scrute ainsi « Ces Francs-maçons qui nous gouvernent », ce qui donne lieu à un dossier central très fourni et fort instructif quant à l’appartenance philosophique, ésotérique ou carriériste (rayez la mention inutile suivant les cas) de nos gouvernants. On y apprend notamment que les présidents des deux chambres du Parlement sont des frères aguerris, de même qu’une demi-douzaine de ministres et de plus de 150 parlementaires.

Ces derniers, essentiellement à gauche mais aussi radicaux valoisiens, constituent une proie de choix pour toute réforme drapée du sceau des Lumières, de la République et de tout le fourbi progressiste, comme en témoigne la lettre compassée qu’a adressée Harlem Désir à l’ensemble des parlementaires pour les convaincre de se rallier au droit de vote des étrangers. Renaud Dély décrypte le lexique crypto-maçonnique de ladite missive, qui ressemble comme deux gouttes d’eau aux dépliants publicitaires nous vendant qui un yaourt bio, qui une crème anti-rides qui un poncho « équitable » en poil de bouc en invoquant les droits de l’homme abstrait.

Mais faisons justice à L’Obs : nulle émanation nauséabonde ne se dégage du dossier franc-mac, pourtant source de bien des fantasmes conspirationnistes, ses auteurs ayant même l’honnêteté de reconnaître la perte d’influence des loges – ce qui diminue d’autant l’intérêt du dossier ! Quoique confrères, soyons beaux joueurs : taxer Le Nouvels Obs de complotisme anti-maçonnique serait aussi mensonger et délirant que d’assimiler Alain Finkielkraut et Jean-Claude Michéa à un surgeon français du Ku Klux Klan