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Euthanasie : Laissez-nous vivre !


Euthanasie : Laissez-nous vivre !

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L’argument généralement brandi par les défenseurs du suicide assisté, déguisé sous le doux nom d’euthanasie, se situe du côté de l’individu, dont le choix serait libre. Tellement libre d’ailleurs qu’il demande à la société de l’aider à le réaliser. Gil Mihaely prend, lui, l’autre parti qui n’est pas plus recommandable à notre sens : il crée un genre de droit de la société opposable aux malades onéreux, arguant du fait que « la personne concernée par l’euthanasie est assez facilement identifiable ». Des deux côtés, on crée une confusion sur les fins respectives de l’individu et la société, comme s’ils avaient chacun des droits inaliénables sur l’autre.

Pour faire pleurer dans les chaumières, Gi Mihaely argue d’un drame récent qui qualifierait l’état médical général de la France : cette femme qui, obligée d’accoucher dans sa voiture parce que la maternité se trouvait trop éloignée de chez elle, en perdit son enfant. Tragédie, certes. Mais l’auteur en infère que cette « surmortalité causée par la fermeture de certaines maternités en régions nous offre un parfait exemple des conséquences des choix opérés par notre politique de santé publique. » La surmortalité ? Parlons-en. Pour la mortalité infantile, la France se classe au 5ème rang mondial, ce qui n’est pas piteux, et le taux n’a fait que décroître, même sur les vingt dernières années. C’est donc une blague que d’accuser les vieux, les malades condamnés ou les polyhandicapés de survivre aux dépens d’une belle jeunesse sacrifiée à leur avidité.

D’ailleurs, qui nous dit que ce fameux enfant mort à la naissance parce que sa mère n’a pu atteindre la maternité avant d’accoucher n’était pas trisomique, hydrocéphale ou myopathe ? De quel régime relevait-il alors ? De celui de la vie à tout prix ou de la mort sans prix ? L’année 2013 s’ouvre sur ces mesures douces à l’oreille des modernes : l’IVG sera désormais remboursé à 100% et la contraception gratuite pour les jeunes filles de 15 à 18 ans (alors que les mâles devront, eux, continuer de payer de leur poche les capotes, mais bref). Voilà un bon exemple de la tyrannie opérée par l’individu sur la société tout entière. Car en soi, la société n’est pas comptable des choix opérés par les fameux « individus-à-qui-leur-corps-appartient ». Ce serait pourtant le lieu de faire de substantielles économies que l’on destinerait au soin palliatif des malades terminaux qui ne sont victimes, eux, que de la nature cruelle, celle qui fait vieillir, qui prodigue des handicaps, des maladies mortelles et autres douleurs injustes.

« On ne saura jamais qui aurait pu être opéré si l’argent consacré à la prolongation d’une vie avait été investi dans d’autres services », nous dit le directeur de publication de Causeur. Je me demanderais plutôt, dans les circonstances actuelles, qui nous pourrions soulager ou sauver avec l’argent consacré à stopper l’existence de futurs individus qui n’avaient rien demandé.

Mais dans tous les cas, il n’existe pas, du moins sous le régime de notre civilisation, de légitime défense de la société contre les individus, qu’elle serait en droit de faire mourir plus vite pour apurer ses comptes sociaux.

Aujourd’hui, le « suicide assisté » suisse concerne 300 cas annuels. On arriverait proportionnellement à 2500 cas en France. La belle affaire : voilà qui assurément redresserait les compte publics. D’autant que nul ne peut prévoir les économies qui seront faites, puisqu’il est impossible d’évaluer la longueur de la maladie avant que l’on passe à l’acte létal.

« À quoi renonce-t-on ? », demande Gil Mihaely. Seulement à l’inhumanité et à l’égoïsme. Ce n’est pas grand-chose, mais sans vouloir faire le malin, je suis de ceux qui trouvent que cela vaut bien tous les trous de la branche maladie de la Sécurité sociale.

*Photo : La Doble A Producers.



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est journaliste et essayiste.

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