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Karabakh: après la guerre, la paix?

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Après six semaines de combats, un accord de cessez-le-feu a été signé le 9 novembre entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. L’analyse de Gil Mihaely


Contrairement aux précédents arrêts des combats, tout porte à croire que la guerre est finie cette fois-ci. La raison est simple : l’armée azerbaïdjanaise l’a remporté sur le champ de bataille. Au moment de la signature, la chute de la capitale de la région séparatiste et donc l’écroulement de la république auto proclamée du Haut Karabakh, n’était qu’une question des jours. Après avoir consulté les responsables militaires de son pays, Nikol Pachinian, le premier ministre arménien, n’avait plus le choix. Il a décidé de s’accrocher à la perche tendue par Vladimir Poutine, le parrain de l’accord, et sauver une partie du Haut Karabakh et sa capitale. Cette signature peut lui couter sa carrière politique voire sa vie. Elle couterait à Karabakh non seulement l’essentiel de son territoire mais aussi le contrôle de la principale route – Goris-Lachin-Stepenkart/Xankandi – la liant à l’Arménie. Autrement dit, désormais Bakou tient solidement l’enclave séparatiste à la gorge. Quelle que soit l’issue des négociations entre les deux belligérants, la République autoproclamée du haut Karabakh est condamnée à une mort politique, économique et sociale lente. Elle aura perdu plus des deux tiers de sa population pendant la guerre et il est difficile d’imaginer que les quelques dizaines de milliers d’Arméniens restés sur place pourraient avoir un quelconque avenir collectif dans ces conditions. Déjà avant la guerre il était très difficile d’empêcher les jeunes de partir. Qu’est ce qui les retiendra sur place dans les années à venir ?

Pachinian a provoqué son adversaire et irrité son allié russe

Nikol Pachinian s’est donc montré courageux et lucide en prenant une décision aussi horriblement douloureuse qu’inévitable : reconnaître la réalité des rapports de forces, arrêter les frais et essayer de sauver ce qui peut encore être sauvé. Malheureusement, Pachinian s’est rarement montré perspicace pendant ses trente mois au pouvoir. Il a mal évalué sa marge de manœuvre face à Moscou. Il a sous-évalué l’armée azerbaïdjanaise et l’élite politique de son adversaire. Il n’a pas compris que la supériorité militaire arménienne de 1994 n’existait plus. Ainsi il n’a pas réalisé qu’une chose seulement empêchait l’Azerbaïdjan de reprendre par la force le Haut Karabakh et les sept régions qui l’entourent : un feu rouge de Poutine. Pachinian pensait que, comme en avril 2016, Moscou allait imposer un arrêt des combats au bout de quelques jours, qu’il avait une police d’assurance vie russe toujours en cours de validité. Pire, il n’a eu de cesse d’irriter celui-là même qui était supposé le défendre. Et pour ne rien arranger, il a poussé les Azerbaïdjanais à bout, notamment avec sa déclaration « le Karabakh est l’Arménie » : qui peut espérer entamer une négociation si l’objet même de la négociation n’est pas négociable ?        

Digérer une défaite est probablement l’une des épreuves les plus difficiles dans la vie d’une nation. Ironie de l’histoire, l’Azerbaïdjan en est le parfait exemple. En 1994, récemment élu, le deuxième président de l’Azerbaïdjan Haydar Aliyev a dû faire face à la défaite militaire, à la perte de 20% du territoire national et à l’arrivée d’un million de personnes déplacées. Sa réponse a été le développement du potentiel économique et humain de son pays. Cependant, dans le cas de l’Arménie on peut craindre non seulement une instabilité intérieure mais aussi des réactions venant des éléments non contrôlés par Erevan.  Car il faut savoir qu’il existe au moins trois Arménies : celle d’Erevan, celle de Haut Karabakh et celle des diasporas, notamment en France et aux États-Unis. Or, si Erevan pourrait devenir un interlocuteur et un partenaire pour un accord définitif avec Bakou, les Arméniens du Karabakh et certains cercles de la diaspora risquent de s’engager dans un combat désespéré et peut-être même, comme jadis les Palestiniens, du terrorisme. Le passé récent démontre que ce scenario n’est pas fantaisiste. 

Le rôle des Français

Géopolitiquement, au-delà des deux belligérants, cette guerre a une grande gagnante – la Russie – et une grande perdante – la France. La Russie a habilement laissé l’Azerbaïdjan résoudre pour elle le problème Pachinian tout en renforçant sa position à Erevan (plus que jamais dépendant d’elle) et à Bakou, reconnaissant pour le feu vert et plus que jamais conscient des rapports de forces dans la région. Quant à la France, elle a choisi d’abandonner son rôle d’arbitre neutre que lui conférait la co-présidence du feu groupe de Minsk et de tourner le dos à ses propres principes. Dans ce conflit, l’Arménie est la puissance occupante selon la loi internationale et l’ONU, deux institutions pourtant chères à nos diplomates qui ne jurent que par le multilatéralisme… Ce que nous avons lu et entendu chez nous ces dernières semaines sur ce « pays musulman qui massacre des chrétiens » est tout simplement hallucinant ! La triste réalité est que nous avons dilapidé en quelques semaines un important capital de sympathie et de bonne volonté. Au pays où Joe Dassin est une star, où la capitale s’enorgueillit d’un quartier inspiré de l’architecture haussmannienne, d’une école et d’une université françaises, il faudra attendre longtemps avant d’entendre un chauffeur chanter à midi ou à minuit, il y a tout ce que vous voulez aux Champs-Élysées en reconnaissant l’origine de son passager… 

Cependant, justement parce qu’un grand nombre de ses citoyens sont d’origine arménienne, la France pourrait jouer un rôle dans les mois et années à venir: ramener tout le monde à la raison. Car si les armes se sont tues, ce n’est pas encore la paix stable et durable. Soutenir une paix fondée sur la justice et appuyée sur le développement humain et économique du Sud Caucase est le souhait de Bakou et l’intérêt d’Erevan. Cela devrait être la mission de la France.

L’association L214 financée par le lobby de la viande artificielle

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Si l’association L214 publie la répartition de ses ressources via son site internet, les militants radicaux de la cause animale restent cependant bien silencieux sur les objectifs cachés de ses donateurs, et notamment ceux de l’Open Philanthropy Project. 


Lors de la « guerre de la langouste » dans les années 1960 entre la France et le Brésil, le général de Gaulle y voyait le bras long des Américains et déclarait : « Cette guerre de la langouste, c’est encore une histoire d’Américains ». Bis repetita avec la viande cellulaire ?

L’association de défense des animaux L214 est accusée d’être financée par des entreprises travaillant à la création de viande cellulaire. Le sujet n’est pas nouveau, mais une fois n’est pas coutume, France Inter s’est penchée sur cette affaire. Pourtant habituée à multiplier les articles dithyrambiques sur les vaches sacrées de l’époque et à relayer la propagande de l’association, France Inter a, semble-t-il, dérogé aux règles de la bien-pensance.

À lire aussi, Martin Pimentel: Plus de tigres à Fort Boyard, Félindra bientôt au chômage

Ce matin, dans L’enquête de Secrets d’info (chronique diffusée le vendredi 13/11 à 7h15), Maxime Fayolle a pointé du doigt le financement de l’association en rappelant que « plus de 90% proviennent des adhérents via les dons, les cotisations ou encore la boutique en ligne de l’ONG », avant d’ajouter : « 8% de ce budget viennent d’un gros fonds d’une fondation américaine, l’Open Philanthropy Project, qui lui a signé un chèque d’un peu plus d’un million d’euros en 2017 ». À travers ce financement, cette fondation américaine, créée notamment par Dustin Moskovitz, cofondateur de Facebook et généreux donateur de la campagne présidentielle d’Hillary Clinton en 2016, chercherait à déstabiliser notre agriculture et nos éleveurs pour mieux s’emparer du marché de l’alimentation de demain, à savoir celui de la viande artificielle à partir de cellules-souches. Un marché largement financé par les géants technologiques américains et soutenu par la NASA.

À lire aussi, Christian Harbulot : Derrière la défense des animaux, le marché de la viande artificielle

L214, dont les révélations sur la cruauté de certains abattoirs trouvent grâce aux yeux d’Alain Finkielkraut, peut légitimement être considérée comme la marionnette des géants américains. L’enfer est pavé de bonnes intentions…

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« Ceux de 14 », un monument littéraire


Maurice Genevoix est entré au Panthéon. Et avec lui, tous «Ceux de 14». Il faut lire ou relire cette œuvre magistrale.


Par ciel clair, on entend vibrer, en haut du Panthéon, les couleurs du drapeau français. Sur le fronton du Panthéon : « Aux grands hommes la patrie reconnaissante ». C’est dans ce haut lieu de la mémoire qu’est entré, ce 11 novembre 2020, au pas lent de la garde républicaine, un sous-lieutenant de 24 ans, normalien brillant, parti le 2 août 1914, de Châlons-sur Marne, à la tête du 106 ème régiment d’infanterie, blessé à la Tranchée de Calonne, invalide de guerre, écrivain et Académicien : Maurice Genevoix. Et, avec lui sont entrés « tous ceux de 14 ». Ainsi s’achève le cycle du centenaire de la Grande Guerre qu’Emmanuel Macron a voulu clore « d’une manière digne et marquante » par l’entrée, au Panthéon, d’un « écrivain français, à l’âme française. » On connaissait l’écrivain de la Loire et de la nature, d’Alice et les garçons, de Raboliot et du Chat Rrou. Dans cette nuit transfigurée, on découvre un écrivain d’une ampleur inouïe. Ceux de 14, c’est cinq récits de guerre (dont Sous Verdun et les Eparges) écrits entre 1916 et 1923, retravaillés en 1949. Ce récit épique, écrit d’une écriture minutieuse et lumineuse, à partir de notes prises sur le vif rend compte de la violence inouïe de la guerre sur le front de la Meuse, de la fraternité des hommes, de la tendresse humaine. Grâce à ce livre, on connaît, sur le vif, la vie des tranchées, on entend « miauler les obus » (Apollinaire) mais l’on sent aussi la fraîcheur d’un matin sous le pas des soldats, la chaleur d’un lit dans un village, on sent l’odeur de la terre sous la neige,  on voit éclore les premiers crocus, et ces grands ciels où giclent les obus, ces têtes qui éclaboussent de leur sang les étoiles. C’est un livre énorme, sidérant, foisonnant d’événements, de personnages, impossible à lâcher, une fois ouvert, où le temps se contracte et se dilate au gré des événements. « Ce que nous avons vécu, aucun homme n’aurait pu le vivre. Pourtant, nous l’avons vécu » écrit Genevoix. Et encore : « Il faut qu’on sache, on ignore la vérité brutale. » « Tout dire, et qu’on n’en parle plus » écrira Céline, dans un autre registre, à la fin de Voyage au bout de la nuit, que Genevoix avait lu de très près.

Un livre qui a déplu à Gide

La Muse épique, Calliope, est fille de Mémoire. Qui, plus que Maurice Genevoix, eut cette mémoire, et l’amour qu’elle suppose ? Surtout, ne rien oublier, des événements et des êtres. Ceux de 14, dans la force singulière et plurielle du pronom démonstratif qui les désigne, à nous, vivants, ce sont les Poilus tendrement aimés par le sous-lieutenant qui les arrache à l’oubli. C’est le soldat Sicot dont « les yeux éteints montrent la certitude et la peine de mourir. » C’est ce soldat qui, paralysé, sur le point de mourir, désigne, par un regard, à Genevoix, la mort qui le guette s’il ne se déplace pas. C’est aussi ce cheval blanc qui, « agonisant, soulève lentement la tête et nous regarde passer. »

A lire aussi, Daoud Boughezala: Jünger, héros d’un autre temps

André Gide n’aimait pas « les romans de guerre » : il ne vit pas le génie de Genevoix, trop style ancien combattant. « Orages d’acier » d’Ernst Jünger, en revanche, fut, pour l’auteur des Caves du Vatican, une révélation. Cest donc un lecteur franco-américain, au nom étrange, qui vit le génie de Maurice Genevoix : Jean Norton Cru. Norton Cru qui n’aimait pas les romans cocardiers et menteurs qui commençaient à faire florès, trouva en Genevoix la vérité des faits (lui-même avait participé à la guerre du côté français) ainsi qu’un art du récit singulier. Il vit que ce récit d’un jeune homme de 24 ans, était le monument de notre époque. Par un hasard du sort, Ernst Junger et Genevoix se trouvèrent face à face aux Eparges et furent blessés le même jour. Bernard Maris, le gendre de Genevoix, qui les réunira dans un récit, écrit : « Genevoix aime les hommes même s’il aime parfois la guerre, Jünger aime la guerre même s’il pleure parfois les hommes. »

Une entrée dans la vie d’une violence inouïe

Ce jour de commémoration du 11 novembre 2020, c’est au peintre allemand Anselme Kriefer et au musicien Pascal Dusapin qu’avait été confiée la confection de six grandes vitrines— pour accueillir des vestiges de cette guerre —ainsi que la tâche de « faire chanter les pierres dans un sentiment doux et affectueux pour honorer la mémoire de Ceux de 14 ». Dans la première partie de cette œuvre inspirée, des voix chantent des textes en latin, tirés de l’Ecclésiaste et de Virgile. Dans l’autre partie, sont énumérés les noms des milliers de morts pour la France lus par des comédiens. Musique qui fait écho à la litanie de pierre des monuments aux morts de nos villages. Idée originale, en tout cas, que de faire dialoguer, en ce lieu, l’Histoire et l’imaginaire contemporain.

La président Macron devant le cercueil de Maurice Genevoix au Panthéon, le 11 novembre 2020 © Ludovic Marin/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22512709_000040.
La président Macron devant le cercueil de Maurice Genevoix au Panthéon, le 11 novembre 2020 © Ludovic Marin/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22512709_000040.

Que notre mémoire ne soit pas oublieuse, une fois la nouveauté passée. Ce n’est pas tout de faire entrer, au Panthéon, l’auteur de Ceux de 14. Encore faut-il lire cette œuvre magistrale, rééditée chez Flammarion, en 2013, précédée d’une belle préface de l’écrivain Michel Bernard. Le même Michel Bernard  qui a écrit un beau livre « Pour Genevoix » rappelant, si besoin était, que Maurice Genevoix, qui laisse une œuvre romanesque immense, fut un amoureux de la littérature et de notre langue. Elu à l’Académie en 1946, dont il fut le secrétaire perpétuel, il servit la francophonie partout dans le monde.

Pour lui comme pour tous les écrivains — les plus grands, et qu’ils sont nombreux !— la grande guerre fut une entrée dans la vie d’une violence inouïe. Au soir de sa vie, pourtant, Maurice Genevoix qui avait côtoyé la mort de près, revisite son passé déchiré dans un livre magnifique : « La mort de près ». Miracle, là encore, de la mémoire. La « contracture à l’âme » causée par la mort de son ami Porchon, tué aux Eparges, à qui est dédié le chapitre « Sous Verdun » est devenue le regard apaisé de celui qui a vu la mort en face à laquelle est promis tout homme.

Amoureux de la Loire, Maurice Genevoix aimait aussi l’Espagne. Il mourut, le 8 septembre 1980, à Javéa, en lisant un Arsène Lupin.

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Olrik: quand la fiction retrouve le XXe siècle

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Passionné de bande dessinée et notamment de Blake et Mortimer, Hubert Védrine nous conduit, avec son fils Laurent, à la poursuite d’Olrik, le méchant insaisissable des aventures de Jacobs…


Et si Olrik avait réellement existé et entretenu une conversation épistolaire avec Jacobs, sa vie réelle se mêlant aux aventures des deux héros britanniques? Les auteurs Hubert et Laurent Védrine ont remonté les traces laissées par celui-ci pour proposer cette biographie qui est autant une traversée du XXe siècle qu’une découverte de la BD.

Tous les créateurs s’inspirent de faits et de personnages réels et la bande dessinée n’échappe pas à l’affaire. Hergé a des inspirations multiples pour Tintin, tout comme Goscinny et Uderzo avec Astérix. Mais chez le Belge Edgar Jacobs, le mystère demeurait quant aux sources d’inspiration du personnage du colonel Olrik, aventurier sans scrupule que l’on retrouve sans cesse en train de servir la cause des pires dictateurs. Du Secret de l’Espadon au Cri du Moloch, Olrik est partout, pourchassant Blake et Mortimer et échouant toujours dans ses tentatives de domination.

Rencontre entre Olrik et Jacobs

La thèse des deux auteurs est qu’Olrik a réellement existé. Il a rencontré Jacobs par hasard au théâtre royal de la Monnaie en janvier 1938. Les deux hommes ont un peu discuté et ne se sont guère revus par la suite. Mais Olrik n’a cessé d’envoyer des cartes postales à Jacobs : des photos des villes et des pays où il œuvrait, accompagnées d’un mot très bref. La dernière carte date de 1987 et fut envoyée de Roumanie. Olrik est né en Estonie, d’un père déjà âgé, le baron Cristof von Balk. Il a connu les aventures et les peines de l’Europe de l’Est : les guerres, les invasions, les découpages de frontières, les dictatures. C’est un aristocrate apatride qui conjugue les rêves des chevaliers teutoniques à la crapulerie des arsouilles.

A lire aussi, Basile de Koch: Thé et sympathie

L’enquête sur Olrik nous fait traverser le XXe siècle. Les auteurs retrouvent sa trace en pointillés. Il est à Hong Kong, trafiquant avec les mafias, puis agent à la solde des Soviétiques, et même agent double, travaillant aussi pour les Américains. On le retrouve ainsi à Cuba et en Floride puis en Californie, dans le milieu du cinéma, où il laisse une fille. Enfin, il termine sa course en Roumanie, auprès de Ceausescu, avant que sa trace ne se perde sans que l’on sache quand il décède. Il a tenté quelques coups en Suisse, en France et au Luxembourg, trainé avec la pègre, les mafias et les autocrates. C’est une espèce de samouraï qui aurait réussi en évitant de s’enfermer dans le cercle rouge.

De Basam Dandu à Ceausescu

Olrik a beau servir des causes peu défendables, il conserve des côtés attachants. Dans ses échecs, dans ses…

>>> Lire la fin de l’article sur le site de la revue Conflits <<<

Olrik, la biographie non autorisée

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« Ils ne passeront pas », disaient-ils…

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Il est urgent de revoir notre paradigme sécuritaire, alors qu’aucun service spécialisé ne peut vraiment faire face devant ce « terrorisme du couteau ». 


En 1940, l’armée française disposait de moyens assez comparables à ceux de l’Allemagne. En 1932, dans Le Fil de l’épée, le général de Gaulle avait couché par écrit une doctrine d’emploi des forces blindées. En janvier 1940, il préconisait de combiner l’emploi des chars et de l’aviation. Ces doctrines eussent été précieuses pour ce conflit. Elle le furent, mais pour les Allemands, qui les baptisèrent « blitzkrieg » ; car l’état-major français s’en était désintéressé : depuis 1918, il avait jugé plus utile de préparer une nouvelle guerre de 14 en édifiant la ligne Maginot.

C’est à peu près où en est l’État français aujourd’hui face à la menace terroriste. On a renforcé les services de renseignement intérieurs après janvier 2015, alors que l’islamisme de masse n’était plus surveillé depuis 2008, la seule recherche se faisant sur une base individuelle par le fameux « big data », le même qui prévoyait des centaines de milliers de morts de la Covid-19 en France au printemps dernier. Dans un cas comme dans l’autre, on en a vu le résultat.

Les forces d’intervention françaises sont avant tout des « professionnels »

On a acheté des cagoules et des rangers à la tonne pour équiper des forces d’intervention qui s’entraînent d’arrache-pied pour le jour où on aura besoin d’eux pour casser des portes sur ordre, ou faire tomber un nouvel immeuble à force de rafales et de tirs de 12,7mm. Encore faut-il que quelqu’un trouve ces portes et ces immeubles, et donne à ces braves gens – qui se sont récemment dotés d’un béret fantaisiste pour tenter de lier leur image aux troupes d’assaut spécialisées (ça doit faire hurler de rire les commandos Marine et le 1er RPIMA) – de quoi faire le trajet jusqu’à leur objectif. Quand on part de Bièvre, par exemple, il y a forcément des délais de route.

Les médias se complaisent à appeler tout ce beau monde des « policiers d’élite ». Il semble bien plus prudent de simplement les qualifier de « professionnels ». Ils ont une mission spécialisée qu’ils remplissent, selon l’expression consacrée, « à la pleine satisfaction de leur hiérarchie ». Et il existe d’autres professionnels, bien plus nombreux et bien moins considérés : gendarmes et policiers patrouillent au quotidien sur la voie publique pour protéger le peuple français, intervenant indifféremment sur un différend familial comme sur un vol à main armé, une cible sur la poitrine car porteurs d’un uniforme haï par les voyous comme par les antirépublicains, qu’ils soient de La France insoumise (LFI) ou de Daesh ; intervenant aussi, et ils sont souvent les premiers, sur les actes terroristes.

Un « terrorisme du couteau » largement imprévisible

Et c’est bien pour cela que tout comme il aurait dû le faire en 1940 en matière de doctrine militaire, il faudrait que l’État change d’urgence de paradigme sécuritaire face à la criminalité de droit commun comme pour contrer le nouveau terrorisme. En effet, le renseignement ne peut stratégiquement rien contre le terrorisme tel qu’il s’est régénéré depuis le premier attentat de Nice, lorsqu’un islamiste a fini par être abattu par des policiers non spécialisés, mais eux aussi professionnels, après avoir broyé une foule d’innocents avec le camion qu’il conduisait. Des policiers, dont certains ne dorment toujours pas, hantés par les images de ce carnage, mais qui tous les jours reprennent leur service, tel ce policier municipal niçois qui est intervenu sur le massacre de l’Église de Nice. Un policier pleure aussi, de rage, de chagrin, d’horreur. Puis il revient, lorsqu’il le peut encore.

À lire aussi, Nicolas Lévine : France: plutôt la dhimmitude que la guerre?

Devant ce terrorisme du couteau, ce terrorisme de la brute, aucun service spécialisé ne peut faire vraiment face. Il serait déloyal de le lui demander. Le renseignement fonctionne sur le temps long, et ses membres sont incapables d’interventions opérationnelles d’urgence. Quant aux unités d’intervention dépendant du RAID ou du GIGN, leurs délais de projection, sauf hasard heureux, en font des intervenants sur des situations déjà figées.

La riposte face au terrorisme du « coin de la rue »

Vu la masse de gens potentiellement dangereux, l’étendue du territoire et la nature primitive d’attaques qui ne demandent aucun réseau de soutien, les premiers défenseurs de la population ordinaire – qui, tous les jours, parcourt les rues de France et vaque à ses occupations – sont donc les policiers et les gendarmes en charge de la sécurité sur la voie publique. Rappelons-nous d’ailleurs que ce fut déjà le cas lors des attentats de Paris, au cours desquels les soldats de Vigipirate refusèrent de prêter leurs fusils d’assaut aux policiers primo-intervenants de la BAC, qui durent donner l’assaut avec de simples pistolets de service face à des armes automatiques. Si depuis on a doté d’armes longues une partie (seulement) de ces équipages, on a en revanche pas ou peu augmenté le nombre de policiers qui les composent.

Une patrouille de Police lors de la célébration de la messe de la Toussaint, autour de la Basilique Notre-Dame de l'Assomption à Nice, le 1er novembre 2020. ©SYSPEO/SIPA Numéro de reportage : 00988958_000044
Une patrouille de Police lors de la célébration de la messe de la Toussaint, autour de la Basilique Notre-Dame de l’Assomption à Nice, le 1er novembre 2020. ©SYSPEO/SIPA Numéro de reportage : 00988958_000044

Or, ce sont bien eux qui, lors de la plupart des attentats, ont été primo-intervenants, quand ce n’était pas une patrouille de police municipale comme dans l’église de Nice (le RAID n’a fait que venir se greffer à la fin pour avoir son nom sur la photo, et justifier, si l’on peut dire, son existence…). Quand dehors, on porte un uniforme, qu’on a le sens du service et qu’on est requis en urgence, on marche vers le danger, et parfois vers la mort. Il est du devoir de l’État de veiller à ce que ce genre de combat soit gagné aussi souvent que possible. Mais même cet engagement a ses limites. Comme on vient de le voir, le terrorisme du coin de la rue est un phénomène auquel on ne pourra riposter, la plupart du temps, qu’en temps réel, par des unités de voie publique. Mais même eux ont des délais d’intervention qui, sauf lorsque par chance une patrouille est à proximité, ne permettront jamais de limiter les tueries aux premiers instants de leurs commissions.

Chaque seconde, une nouvelle victime peut tomber sous un simple couteau, jusqu’à ce que l’auteur soit abattu. Dans les grandes villes, la concentration urbaine est telle que quelle que soit la rapidité d’intervention de la Police, les victimes s’enchaîneront. En zone rurale, les personnes les plus éloignées des brigades territoriales de Gendarmerie seront assassinées sans espoir de secours.

Un changement de paradigme sécuritaire nécessaire

Le paradigme sécuritaire doit changer. Il faut repenser l’armement défensif de la population, en imaginant un contingent de supplétifs formés, comme cela se fait en Israël, où les vigiles devant les écoles sont armés pour se préparer aux plus atroces attaques terroristes possibles, en particulier celles visant des enfants. Tout policier ou gendarme à la retraite doit pouvoir conserver son arme sous conditions d’entraînement (ou mieux, utiliser une arme régulièrement autorisée pour le tir sportif, ce qui coûterait moins cher à l’État). Tout militaire d’active (d’unités de combat et validé par leur hiérarchie) doit pouvoir être armé hors cantonnement. Cela ferait déjà des dizaines de milliers de personnes supplémentaires, servant ou ayant servi le pays, entraînées, et disposant des connaissances juridiques nécessaires sur la légitime défense, qui pourraient assurer la défense immédiate contre les actions individuelles engageant juste un armement primitif, qui promettent d’être les plus terrorisantes pour la population dans les années qui viennent.

À lire aussi, Alain Finkielkraut: Samuel Paty, le dévoilement et le déni

Et au-delà, il faut se rappeler que l’armement du peuple français fut une conquête de la révolution qui s’est perpétuée jusqu’à l’entre-deux-guerres, non seulement par la chasse, mais aussi par la nécessité de défense de la population isolée : tout paysan avait, jusque dans les années 30, un pistolet chargé dans sa table de nuit, acheté chez Manufrance, pour se protéger des « chauffeurs ».

Certes, on peut hésiter devant les risques à armer la population. Je ne le préconise d’ailleurs pas forcément. Mais les « oui mais » doivent changer de camp : le premier « oui mais » à prendre en compte est celui-ci « oui mais on ne peut pas laisser mourir des innocents sans rien faire, sachant que les mesures actuelles ne suffisent pas. »

Ne poussons pas le Peuple à décider, un jour, de se défendre lui-même. La tache sur l’Histoire du pays serait sanglante.

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Confinement : Ministères, Cabinets ou chiottes, même résultat

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Les cabinets ministériels sont composés d’une caste complètement déconnectée de la réalité. Comme les toilettes, ils s’apparentent à un lieu clos et secret pour le grand public.


Plusieurs mots désignent ce lieu d’aisance où nous allons soulager nos humeurs physiques ou mentales, lire un magazine, tresser des cordes pour la marine. Les toilettes sont le terme le plus courant. Le vulgaire dira chiottes, le familier suggérera le petit coin. Le cabinet fait aussi partie de cet attirail. Il est drôle d’imaginer que le directeur de cabinet d’un ministère ou de l’Elysée est aussi un directeur des chiottes. Pourquoi utiliser ce terme ? Il suggère l’isolement, le lieu clos, le secret, la retraite. Il convient superbement à ce burlesque carnaval de décisions que nous subissons tous depuis la crise Covid dans une absurdité sans fond, stupide, décalée, irréelle. Des cabinets ou des chiottes, il ne sort décidément que le même matériau dans les tuyaux.

À lire aussi, Jean-Paul Brighelli : Pour une réponse gaullienne aux maux de la France

Dans un processus immuable, tout commence par un orage de communication avec force déclarations. Puis on essaie de mettre les textes en accord avec des mots prononcés à la hâte. Alors entrent en jeu ces cabinets ministériels. Quelques jeunes gens bien instruits confondent instruction et intelligence. Ils s’enivrent à la pratique du pouvoir absolu. Ils vont rédiger dans la nuit des textes abscons qui s’imposeront demain aux Français. La nuit, on est tranquille, pas de maires, de parlementaires ou d’experts pour nous expliquer la réalité du terrain. L’extase de la puissance souveraine les saisit. Ils vont imposer des mesures à tous les Français. Ils savent tout.

Un petit cercle déconnecté des Français

Comme ils sont pressés, ils vont définir à la hâte un scenario qui s’inspire de leur cercle familial, de leurs amis proches, de leurs relations, de leur vie quotidienne. Ils sortent tous du même moule. Et là commence le problème. Ce petit cercle ne vit pas du tout comme les Français et n’en a pas la plus petite notion. Il a découvert les gilets jaunes comme une jacquerie sous Louis XIV. Il lui est difficile d’imaginer la vie quotidienne d’un fleuriste, d’un hôpital, d’un agriculteur, d’un restaurateur, d’un boulanger, d’un routier et même d’un fonctionnaire de terrain. En fait, ces jeunes gens des cabinets ministériels ne savent rien, ni de la France qui travaille et produit, ni de celle qui souffre, ni de celle qui réfléchit et analyse. Ils n’ont jamais fait que de la théorie en chambre, puis en cabinet, suspendus dans une canopée qui ne voit jamais le sol, comme en Amazonie.

Ils sont là le temps de gesticuler suffisamment pour se faire remarquer et atterrir dans un poste confortable où ils commettront d’autres actes aussi absurdes envers leur personnel, leur public. Ceux qui seront lucides parmi eux quitteront rapidement cette folie, soit éliminés car trop dangereux, soit écœurés par cette triste vérité du pouvoir. Nos « élites » des cabinets ministériels ne procèdent plus de la compétence mais de la cooptation selon des circuits obscurs et consanguins.

La crise Covid contribue simplement à révéler à la lumière ce terrible mal français d’une technocratie devenue ridicule à force d’être absurde, clergé sans dieu, robots du pouvoir, déni quotidien de notre démocratie. La France est le dernier pays en Europe à déployer ces aéropages antiques en hôtel particulier, là où un ministre allemand utilise simplement trois personnes pour diriger son administration et en connaitre parfaitement les rouages au contact du public. Les fonctionnaires eux-mêmes seraient-ils de la caste des intouchables au point qu’un ministre ne les contacte que par son cabinet ?

« Il y a un peuple indigène en France et sa capacité d’accueil est dépassée, largement! »

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Le délégué pour les études et argumentaires du Rassemblement national, membre de son bureau national, quitte le parti. Il s’en explique et dévoile ses projets. Enfin, il apporte des précisions utiles sur ses positions dures sur l’immigration, l’islam ou l’identité nationale.


Causeur. Vous avez annoncé la semaine dernière partir du Rassemblement national. Pourquoi ?

Jean Messiha. Il y a des moments dans la vie où on se dit qu’il ne faut pas insister quand on travaille avec et pour des gens que vous gênez parce qu’ils s’attendaient à faire de vous un pondeur de notes et découvrent avec désagrément que vous n’êtes pas que cela. Il est vrai que j’ai acquis au fil des mois une réelle popularité dans les rangs de nos militants et sympathisants et une certaine audience dans les médias. Cela n’était pas prévu et cela a déplu. Par ailleurs j’ai pris des positions franches sur certaines thématiques comme l’Islam et l’identité européenne de la France métropolitaine. Cela n’a pas plu non plus mais ce sont mes convictions profondes.

Dans Valeurs actuelles, vous estimez que vos « compétences et engagement ne sont pas reconnus ». Européennes, Paris, Aisne pour les prochaines régionales, vous avez effectivement attendu des investitures en vain. Pourquoi cela vous était-il refusé, selon vous ?

Un mouvement politique est une organisation humaine avec ses hauts et ses bas, ses grandeurs et ses bassesses. Il y a des jeux d’influence avec des sympathies mais aussi des jalousies voire des haines.

Je suis arrivé au FN sans aucune expérience du monde politique. Mon parcours était principalement celui de la fonction publique qui n’est pas un monde parfait tant s’en faut mais où on fait passer dans une large mesure le travail et les qualités des gens avant d’autres considérations moins objectives. J’ai découvert ce qu’est la vie d’un parti et c’était vraiment intéressant. « Une grande leçon de vie » comme on dit mais ce que j’en ai retiré est bien plus important que les déceptions qui n’ont au fond aucune importance. Marine Le Pen a fait des choix  qui lui appartenaient pleinement. Vous connaissez la formule « gouverner c’est choisir ». La présidente du RN a fait des choix dont j’imagine qu’ils ont été mûrement réfléchi. Vous connaissez l’autre formule « se soumettre ou se démettre ». Je me suis démis. La vie continue et elle est même encore plus excitante et porteuse de promesses. Toutefois, en partant j’ai réitéré à Marine Le Pen mon amitié et ma reconnaissance pour ce qu’elle m’a apporté. Ce n’étaient pas des paroles de convenance, je les ai dites en sincérité.           

Vous dites que c’est Marine Le Pen qui a choisi de ne pas vous offrir les investitures que vous désiriez, que ces choix étaient mûrement réfléchis et que vous ne lui en voulez pas. Cependant, à commencer par le journal le Monde, beaucoup ont effectivement cru voir dans votre départ un mouvement d’aigreur. Mais ce n’est pas interdit d’avoir de l’ambition personnelle, non ?

J’avais déjà indiqué chez vos confrères de Valeurs actuelles que certains feraient circuler le bruit que mon départ reflétait des aigreurs. Si j’étais aigri je ferais ce que d’autres ont fait avant moi, casser du sucre sur Marine Le Pen. Ce n’est pas ce que je fais car comme je l’ai aussi déjà dit j’ai de l’estime pour elle et je pense qu’elle a des qualités incontestables. 

Le pionnier fut Noël Mamère qui passa de la télé à la politique à la fin des années 80. Roselyne Bachelot fut un bon exemple de l’inverse. Mettons cela au débit ou au crédit des changements profonds que les réseaux sociaux et les talk show à l’américaine comme ceux de mon ami Cyril Hanouna ont apporté à notre société. On peut le regretter ou vivre avec, j’ai choisi la seconde solution

La vie serait bien triste sans ambition. On a tous nos ambitions elles vont des plus modestes aux plus hautes. Une sportive veut battre ses records, un patron veut faire croître sa boite, un employé veut voir son travail reconnu et progresser, une chercheuse veut trouver, etc. Un homme politique qui a des convictions veut les faire partager à ses concitoyens. Je suis dans cette démarche et je pense être mieux à même de le faire dans une structure nouvelle, mais ce n’est pas une initiative solitaire. J’ai une équipe qui s’étoffe jour après jour de gens de grande qualité.          

Il se murmure que l’on va vous voir davantage sur Cnews. Si oui, quels sont vos projets sur la chaine ? Faut-il ne pas être encarté dans un parti politique pour travailler sur Cnews ? Ne faut-il pas s’inquiéter des frontières qui s’estompent entre politique et commentateur, journalistes et divertisseurs ? Je ne pense pas forcément à vous, mais je pense à Raquel Garrido, Laurence Sailliet, Jean-Marie Bigard… Aurais-je tort d’y percevoir une sorte de décadence pour la noblesse du politique ?

La noblesse du politique est de parler avec son cœur autant qu’avec sa tête et où qu’on le fasse, dans une réunion publique, au cours d’un dîner avec des militants, sur un plateau de télé ou dans un studio radio. En la matière il y a beaucoup de particules mais pas toujours de vraie noblesse. Passons.

Nous sommes un pays qui adore les débats d’idées et quels que soient nos camps ils sont plutôt de qualité. Quand on a suivi la campagne présidentielle américaine on se rend compte à quel point nous avons en France et dans d’autres pays d’Europe une vie politique dont nous pouvons être raisonnablement fiers.     

Pour répondre à votre question, je suis très heureux d’être un invité régulier de CNews qui à la différence d’autres donne la parole à tout le monde sans parti pris. J’ai l’impression d’un panel très large d’intervenants qui va de la politique à la société civile. Le sujet des frontières entre les genres que vous soulevez est très intéressant. C’est l’honnêteté intellectuelle qui fait la différence. Les téléspectateurs et les auditeurs ont à mon avis acquis une grande maturité. Ils sont parfaitement capables d’apprécier la légitimité et la sincérité de ceux qu’ils regardent ou écoutent. Vous avez cité Laurence Saillet et Raquel Garrido. Leurs prises de position sont partisanes et claires. L’une représente la droite qui se revendique « républicaine » comme si le reste du spectre politique ne l’était pas, Raquel Garrido représente la gauche radicale et immigrationniste et ne s’en cache pas. Jean-Marie Bigard c’est autre chose. Il a voulu suivre brièvement l’exemple de Coluche. C’est un humoriste extrêmement truculent que des millions de Français adorent. Personne ne lui en veut pour cette palinodie.

Toutefois vous avez raison les choses sont devenues plus fluides qu’elles ne l’ont longtemps été. Le pionnier fut Noël Mamère qui passa de la télé à la politique à la fin des années 80. Roselyne Bachelot fut un bon exemple de l’inverse. Mettons cela au débit ou au crédit, comme vous voulez, des changements profonds que les réseaux sociaux et les talk show à l’américaine comme ceux de mon ami Cyril Hanouna ont apporté à notre société. On peut le regretter ou vivre avec, j’ai choisi la seconde solution car tant que l’on a quelque chose d’utile à apporter au débat public, il faut s’exprimer.

L’occupation de cet espace médiatique compte-t-il plus que le militantisme sur le terrain, de nos jours ?

Les deux. Je suis surpris de voir la complémentarité entre les médias et le « terrain ». Très régulièrement quand je suis interpellé dans l’espace public ou dans des réunions militantes, on me rappelle des émissions auxquelles j’ai participé, les propos que j’ai tenus, et cela crée une opportunité d’échanges nouveaux, personnels cette fois-ci.   

Je ne crois pas que le choix identitaire d’un nombre croissant de Français reflète une volonté de rechristianisation des valeurs…

Vous dites avoir pris des positions franches sur certaines thématiques. Pourquoi ne faites-vous pas la distinction convenue entre islam et islamisme ?

Est-ce que vous faites une distinction entre catholicisme et catholicisme intégriste, entre judaïsme et judaïsme ultra, entre hindouisme et hindouisme extremiste ? Non. Tout le monde y voit une question de degré, pas une religion à part. Pour l’Islam et l’islamisme on tente de nous faire croire que ce sont deux espaces de pensées séparés. D’ailleurs que fait-on dans les centres de déradicalisation? On ne tente pas de désislamiser, on tente de faire revenir des gens qui sont dans une lecture littérale et historique du Coran à une remise dans son contexte contemporain d’un texte révélé ou constitué selon les croyances il y a 14 siècles dans un monde nomade, rude, et guerrier. Je fais une différence entre islam et islam radical mais je me refuse à cette pudeur sémantique entre une religion et sa dérive extrémiste. Par contre il faut bien admettre que cette dérive extrémiste est bien plus répandue et plus violente dans l’Islam que dans les autres religions. Y a-t-il un terrorisme chrétien, juif, bouddhiste ou hindouiste à échelle mondiale ? À l’évidence, non. Et cela oblige sinon à conclure du moins à réfléchir.

Beaucoup de militants de votre camp politique attendent le retour de Marion Maréchal. Mais revenons à Marine Le Pen. Vous avez déclaré qu’elle est une femme sympathique, très humaine, qui a du caractère, des convictions et de la constance. Mais vous dites également que les Français attendent d’un présidentiable qu’il maitrise bien les questions économiques. Je retrouve dans cette affirmation une critique régulièrement faite à la patronne de la droite nationale. Avec son positionnement ni droite ni gauche, elle n’est pas parvenue à casser le « plafond de verre ». Une candidate de droite plus assumée, libérale économiquement, inflexible sur les valeurs chrétiennes / familiales ou l’identité de la France serait-elle de nature à emporter davantage l’adhésion de nos compatriotes ? 

C’est une question complexe. 

Je ne crois pas qu’il y ait une appétence majoritaire pour une idéologie de droite. Il y a une aspiration au bon sens. Est-ce que réduire la fraude et les gaspillages qui minent la dépense publique et sociale est une idée de gauche, de droite ou tout simplement de bon sens? Est-ce qu’arrêter des immigrations dont les caractéristiques identitaires rendent leur assimilation à notre société difficile voire impossible relève d’une idéologie ou de la simple intelligence ? Est-ce que constater une parfaite corrélation entre l’inexorable montée du coût du travail par les charges, l’impossibilité de dévaluer après l’euro et notre désindustrialisation dramatique ressort d’un choix idéologique ou d’une réflexion rationnelle?

Est-ce que vouloir financer un modèle social protecteur auquel tout le monde tient par la croissance et la justice fiscale constitue une dangereuse utopie ou une aspiration légitime?    

Par ailleurs, je ne crois pas non plus que le choix identitaire d’un nombre croissant de Français reflète une volonté de rechristianisation des valeurs. Il y a un attachement à notre passé majoritairement chrétien et minoritairement juif, mais il n’y a pas d’appétence pour un retour à une forme d’ordre moral.

Je constate par exemple que le « mariage pour tous » est approuvé par une très franche majorité de nos concitoyens, que la PMA étendue aux couples lesbiens recueille également le soutien de 60% des Français, etc. Toutes ces évolutions sociétales que l’on peut apprécier ou regretter selon ses convictions sont des marqueurs identitaires de notre pays, un pays européen. C’est ce dernier qualificatif qui compte en fait. Ce que veut à mon avis une majorité de Français c’est que la France métropolitaine reste un pays européen et ne devienne pas un bazar multi-ethnique 1/3 « black », 1/3 « blanc » et 1/3 « beur » et un islam devenu première religion de France, auquel nous condamne à long terme les politiques migratoires actuelles. Il n’y a là aucun manque de respect pour ces peuples, mais chacun sa terre. Cela n’exclut ni l’amitié, ni la coopération, ni l’aide de « riches » à « pauvres » si elle va dans les bonnes mains, ni les échanges commerciaux, culturels, scientifiques, touristiques, etc. Mais cela exclut la colonisation de peuplement de la France européenne par le Maghreb, l’Afrique sub-saharienne et le Moyen-Orient. Pour les « progressistes », l’invasion est un progrès mais seulement quand elle frappe les peuples européens, ils dénoncent par contre les colonisations de peuplement qui touchent les terres des peuples indigènes en Amazonie, en Inde, en Indonésie, au Tibet, etc.  Eh bien il faut leur répondre très tranquillement qu’il y a un peuple indigène en France et que sa capacité d’accueil est dépassée, largement.

Le droit à l’IVG est irréversible, ce qui est contesté et à raison c’est sa banalisation totale et l’extension continue de la période d’exercice de ce droit jusqu’à l’âge ou un fœtus deviendrait presque un prématuré viable voulue par les féministes « progressistes”.

Stupéfiant! Le président et François Hollande ont échangé quelques mots…

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Je bats ma coulpe puisque par ce billet j’ajoute une pierre superfétatoire à cette comédie!


L’ancien Premier ministre Edouard Philippe a mis en garde contre le risque pénal qui empêcherait les politiques d’agir. Je ne crois pas qu’il ait raison mais ce sujet est trop sérieux pour être mêlé au badinage qui va suivre.

Badinage certes mais très révélateur de notre étrange conception de la démocratie, de cette République des petites phrases, dont nous raffolons et qui vise à donner à toute force à une indéniable normalité, un tour sulfureux, presque provocateur. Telle une information capitale.

Lors des cérémonies du 11-Novembre à l’Arc de Triomphe, Emmanuel Macron a salué François Hollande après Nicolas Sarkozy et un dialogue de très haut niveau entre les deux premiers a été relevé. Hollande questionne : « Ça va, pas trop dur en ce moment ? » et le président semble avoir répondu, s’il n’y a pas d’erreur : « C’est rien de le dire, merci d’être là, il faudrait qu’on en parle » (Le Point).

Il paraît que Nicolas Sarkozy en est resté interloqué. Il n’y a pas de quoi.

On s’est interrogé sur l’intention de François Hollande en lui prêtant d’emblée un dessein pervers, une jouissance sadique parce qu’il posait une question qui au fond était un pur constat. En effet, c’est « dur » en ce moment.

Il ne fait aucun doute que Hollande qui a été manipulé par Macron au point de ne rien percevoir des agissements ambitieux de quelqu’un qu’il avait pris sous son aile, fera tout ce qu’il pourra pour empêcher en 2022 la réélection de celui qui l’a trahi. Mais il n’en demeure pas moins que leurs échanges d’une extrême banalité, le 11-Novembre, relèvent d’une politesse républicaine et ce n’est pas parce que deux personnalités ne s’aiment pas, ou plus, que tout propos dérisoire émanant de l’une ou de l’autre doit devenir un événement.

Je suis effaré de voir que dans une France qui croule à tous points de vue, ces futilités anecdotiques prennent encore une telle place. Je bats ma coulpe puisque par ce billet j’ajoute une pierre superfétatoire à cette comédie.

Stupéfiant ! Le président et François Hollande ont échangé quelques mots…

Mais on est en France où rien n’est simple.

Le Mur des cons

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Les Français exigent des actes contre les islamistes qui les menacent sur leur sol


Quatre Français ordinaires écrivent à nos dirigeants


Nous sommes des Français ordinaires. Nous n’avons pas habituellement l’occasion d’être publiés dans les journaux à grande diffusion. Nous espérons cette fois-ci que nous le serons. L’assassinat de l’enseignant d’histoire, M. Samuel Paty, nous oblige en effet à porter notre voix de simples parents d’enfants scolarisés dans le système français en France et à l’étranger, non affiliés à des associations de parents d’élèves.

Cela fait à présent huit ans, depuis les odieux assassinats à Toulouse d’écoliers juifs et de militaires français de confession musulmane, que la France est ouvertement attaquée par ceux qui sont communément désignés « islamistes ».

Ces intégristes musulmans sont pour l’essentiel envoyés ou missionnés par des organisations étatiques ou paraétatiques étrangères dont le sinistre dessein politique est de substituer aux valeurs de la République celles de la charia. Ceux qui officient sur le territoire national en faveur de ces organisations extrémistes devraient déjà être poursuivis sur le fondement de l’article 411-4 du Code pénal qui sanctionne l’intelligence avec l’ennemi.

Si les hauts fonctionnaires qui nous gouvernent, plus enclins à la rhétorique qu’à l’analyse du réel, plus investis dans la préservation de leurs positions qu’à l’âme vibrante du pays ne s’y résolvent pas, alors ils devront laisser la place à ceux qui n’acceptent plus de la voir piétinée

Le monde occidental est visé et en Europe la France, à cause de son passé colonial, du poids démographique des musulmans et de son approche assimilatrice constitue la cible privilégiée des islamistes, comme le prouvent hélas les chiffres macabres

Des marches blanches et des bougies allumées au pied des monuments jalonnent les réactions spontanées des Français, auxquels les gouvernants jurent qu’ils combattront l’islamisme, quand ils osent le nommer, puis qu’ils défendront – à raison – la liberté d’expression. 

Toutefois, l’heure n’est plus aux discours, au lyrisme ou aux promesses. En tant que citoyens et parents d’élèves, nous exigeons des actes.

En effet, force est de constater qu’après Toulouse, la terreur est de retour dans le milieu scolaire. Force est aussi de constater, comme pour Charlie, que des invectives et des menaces de mort proférées à l’égard de la future victime ont trouvé leur exécutant. Cette fois-ci encore plus rapidement entre le moment où l’enseignant a montré les caricatures du « prophète » en classe et le moment où il a été lâchement assassiné.

Gérald Darmanin doit passer aux actes

Cette évolution, rapide, doit conduire les gouvernants à admettre et à reconnaître publiquement leur échec, plutôt que de tenter de vendre un espoir vain dépourvu de moyens et d’action. 

Oui, comme notre ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, nous souhaitons que la peur change de camp. Mais quelles mesures concrètes, efficaces et immédiates seront prises sur la durée?

Manifestation à Bordeaux le 18 octobre 2020 après l'assassinat du Samuel Paty © SIPA Numéro de reportage: 00986500_000015
Manifestation à Bordeaux le 18 octobre 2020 après l’assassinat du Samuel Paty © SIPA Numéro de reportage: 00986500_000015

Certes, il est impératif de poursuivre les parents d’élèves et toute personne qui, en réclamant la démission de l’enseignant Paty, en l’insultant publiquement ou en colportant des rumeurs infondées, ont participé de près ou de loin à cet assassinat effroyable mais ne doit-il pas en être de même des collègues de M. Paty et des représentants de l’éducation nationale qui, par silence ou action, se seraient rendus coupables de complicité ? 

L’initiative de certains départements d’organiser une journée par an, dans les collèges, consacrée à la liberté d’expression est de bon augure. Elle pourrait offrir aux enseignants l’opportunité de faire réfléchir les enfants sur des caricatures politiques, culturelles ou religieuses (Jésus, Bouddha, Mahomet, Moïse, etc.). Cette initiative devrait être généralisée à l’ensemble du pays et particulièrement à ces zones de non droit où la République n’a plus voix au chapitre. Cet événement constituerait un grand moment républicain et les professeurs se sentiraient protégés par l’État (dans certains quartiers, près de la moitié des professeurs avouent s’autocensurer sur certains sujets en classe !). 

À l’issue de ce cours, tous les élèves sans exception chanteraient la Marseillaise devant le drapeau national pour réapprendre la fierté de leur héritage, qu’il soit filial ou d’adhésion. Il ne s’agit ici que de bon sens, et nous ne voyons pas de meilleure solution pour récupérer l’espace perdu par la République dans les écoles. Toute cérémonie ou autre discours reste superflu et inefficace. 

De plus, nous demandons la suspension immédiate de la mesure annoncée par le président Macron de renforcer l’enseignement de l’arabe dans les écoles. Libre à ceux qui souhaitent apprendre toute langue étrangère de s’y adonner, sans que l’État n’ait à prendre des mesures qui ne relèvent pas de l’intérêt général. La langue arabe, aussi importante soit-elle culturellement et historiquement, est intrinsèquement liée à la culture et à la religion musulmane. C’est la langue du Coran. La difficulté réside dans le fait qu’actuellement, 74 % des Français musulmans de moins de 25 ans affirment que la loi islamique prime sur la loi de la République (sondage Ifop publié le 2 septembre 2020). Une telle mesure ne ferait que renforcer ces jeunes dans leur conviction et étendre le risque de la propagation de l’idéologie islamiste à ceux qui en sont épargnés, voire qui la réprouvent. Ce n’est pas l’enseignement de l’arabe qu’il faut renforcer mais celui du français ! 

Nous réclamons un audit de grande envergure dans l’éducation nationale pour identifier ceux qui, parmi les enseignants et le personnel administratif, cultivent des idées proches des islamistes. 

D’une manière générale, il faut expulser tous les fichés S étrangers, y compris ceux ayant la double-nationalité et suspendre dans cette attente les entrées de réfugiés. Cela doit inclure bien évidemment ceux qui ont fait l’objet d’une reconduction à la frontière mais qui se trouvent toujours inexplicablement présents sur notre territoire.

Accélérons et amplifions le mouvement

Nous exigeons enfin la dissolution des associations et groupuscules islamistes (frères musulmans, salafistes …) qui véhiculent la violence morale ou physique à des fins politiques avérées ou non. Nous nous félicitons des déclarations du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui vont dans le bon sens. Nous demandons que cette action s’inscrive dans la durée. 

Ces mesures n’ont pas pour objectif de s’en prendre aux musulmans. Bien au contraire, elles permettront à l’immense majorité de nos compatriotes musulmans de se sentir protégés par la République. Elles visent plus généralement à protéger les Français, quelle que soit leur foi, d’un ensemble d’actions violentes qui à première vue n’ont aucun lien entre elles mais qui en réalité, sont la conséquences de politiques passives depuis les années 70.

De 1789 à 1873, la République a mis près d’un siècle à s’imposer. Depuis huit ans, celle-ci est contestée et fragilisée dans ses fondements. Les mesures que nous préconisons, si elles sont appliquées, la renforceront davantage que tout discours ou toute manifestation.

Seront-elles mises en œuvre ? Nous l’espérons plus que jamais, car il y a urgence à agir, tout autant qu’à en finir avec la duplicité et la lâcheté à l’œuvre depuis 40 ans. 

Au fond, l’islamisme n’a pu prospérer que parce que de nombreux élus ont acheté la paix sociale par la compromission ou la peur d’être taxés de tous les maux.

Ces élus doivent désormais être dénoncés et combattus.  C’est aujourd’hui qu’il faut résister et répondre avec fierté que les valeurs de la République priment sur toutes autres, dans l’intérêt général et au profit de chacun.

Si les hauts fonctionnaires qui nous gouvernent, plus enclins à la rhétorique qu’à l’analyse du réel, plus investis dans la préservation de leurs positions qu’à l’âme vibrante du pays ne s’y résolvent pas, alors ils devront laisser la place à ceux qui n’acceptent plus de la voir piétinée : intellectuels, artistes, entrepreneurs, enseignants, soignants, artisans, agriculteurs, pompiers, policiers, militaires ; citoyens de droite, de gauche, catholiques, musulmans, juifs, athées, salariés du public et du privé, tous réunis par leur indéfectible attachement à la République et ses valeurs, et pour lesquels la liberté de conscience et d’expression ne sont pas négociables. Ne laissons pas cette opportunité de reprendre la République aux extrémistes de tous bords qui conduiront le pays à la partition.

Des voix anonymes ou plus connues se lèvent, des livres, des articles et des éditoriaux se multiplient. Accélérons ce mouvement, reprenons la main au travers de mesures fortes et de bon sens, pour que nos enfants, libres, puissent continuer à s’épanouir dans un pays Libre, et insoumis à l’obscurantisme.

Jean-Luc Laffineur, Serge Bouganim, Hervé Michelin, Valentin Chantereau.

Emmanuel Macron se serait-il trompé de tombe?


Le chef de l’État a célébré hier l’Armistice de 1918 et l’entrée de Maurice Genevoix au Panthéon. Ces apparitions se sont inscrites dans une semaine particulièrement symbolique, qui avait débuté avec la commémoration des cinquante ans de la mort du Général. Mais hormis la fonction, il est difficile de trouver un lien unissant les deux hommes, dont les appels à la résilience trahissent une envergure bien inégale.


Un an avant de conquérir l’Élysée, Emmanuel Macron – alors Ministre de l’Économie – disait : « Le poison des nationalismes revient, insidieux, qui consiste à penser que chacune et chacun ferait mieux par lui-même : c’est faux. » Il préconisait même « Nous devons approfondir cette Europe, nous devons aller au-delà de nos précautions traditionnelles» lors d’une intervention au Collège d’Europe. Des propos de nature à froisser le lieutenant puis capitaine de la Grande Guerre, qui fut blessé à plusieurs reprises, emprisonné en 1916, et dont la conception de l’Union européenne n’avait rien à voir avec l’organisation maastrichtienne mise en place durant son dernier sommeil.

Suspicieux face aux traités de Rome, Charles de Gaulle n’a eu de cesse d’exprimer sa défiance vis-à-vis de ce qui finalement se réalisa : extension des pays membres, déséquilibre du marché du travail français consécutif à son ouverture, émergence d’une Europe fédéraliste et supranationale venue se substituer à celle des nations ; le tout sur fond d’infiltration américaine (il opposa deux fois son veto à l’intégration du Royaume-Uni dans la CEE, craignant qu’il soit le « cheval de Troie » des États-Unis, dont l’hégémonie future valida le pressentiment français). Sa « France en grand », grâce au fameux « levier d’Archimède » que devait constituer l’Europe, n’est jamais advenue.

La culture française pour les nuls

Pour Emmanuel Macron, « il n’y a pas une culture française ». À l’opposé, l’homme du 18 juin clamait que « La culture domine tout, elle est la condition sine qua non de notre civilisation. » Lui, qui associait la culture à une arme pour la grandeur du pays, avait créé quelques années auparavant un ministère des Affaires culturelles, dont Malraux – tout premier « ministre de la Culture » – exposait l’ambition : « Le ministère chargé des affaires culturelles a pour mission de rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France ».

A lire aussi, Jean-Frédéric Poisson: Ce n’est pas simplement qu’Emmanuel Macron méprise les corps intermédiaires, c’est qu’ils sont un obstacle à son projet

De Gaulle se passionnait pour la culture, à commencer par les mots ; durant sa captivité, il dévora les livres de la bibliothèque du fort n°IX d’Ingolstadt. Ces mots, qu’il maîtrisait si bien, ne lui étaient pas dictés par un prompteur. Son éloquence et sa capacité à s’improviser – sans notes – porte-voix de la Nation symbolisent une période révolue, qui a désormais fait place à une parole technocratique froide, mécanique, filtrée par une horde de conseillers énarques et biberonnés au management.

Colombey-les-Deux-Mosquées

On jauge un dirigeant à sa capacité à anticiper les écueils et dessiner la France de demain. La politique migratoire des deux hommes nous laisse elle aussi imaginer l’inimitié qu’ils auraient partagée. Durant sa campagne, le candidat Macron a su flatter les populations d’origine étrangère. Dans sa désormais célèbre anaphore où il listait fièrement les nationalités qui d’après lui constituent le peuple marseillais, il ne cachait pas ses penchants immigrationnistes. D’ailleurs, après trois années aux commandes de l’État, l’augmentation des premiers titres de séjour délivrés (274000 en 2019, c’est-à-dire 27000 de plus qu’en 2017) confirme l’accomplissement de sa politique.

Ce mercredi, autour de la flamme éternelle du soldat inconnu, étaient également présents les anciens présidents Sarkozy et Hollande, responsables à eux deux d’une augmentation de près d’un tiers des admissions au séjour. De Gaulle, au contraire, craignait l’immigration massive motivée par des raisons économiques. Tout en soulignant l’identité chrétienne de la France, il mettait en avant l’impossible intégration de minorités qui par le nombre deviendraient inéluctablement discordantes. Sa fameuse phrase rapportée par Alain Peyrefitte « Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Eglises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! » jure avec les propos du fondateur d’En Marche !.

Je vous conseille plutôt les cendres de Jean Monnet

Dans un souci de cohérence, notre président n’aurait-il pas dû plutôt – profitant de la panthéonisation de Maurice Gevenoix – rendre visite à Jean Monnet, banquier, chantre du libre-échange, et bâtisseur d’une Europe que de Gaulle n’aurait jamais voulu voir éclore ? S’il souhaite inscrire cet hommage à son agenda commémoratif, je l’invite alors à ressasser, lorsqu’il remontera la rue Soufflot pour s’approcher de la nécropole où reposent les cendres de ce père de l’Europe, les mots du général initiateur de la France libre :

“À quelle profondeur d’illusion ou de parti pris faudrait-il plonger, en effet, pour croire que des nations européennes, forgées au long des siècles par des efforts et des douleurs sans nombre, ayant chacune sa géographie, son histoire, sa langue, ses traditions, ses institutions, pourraient cesser d’être elles-mêmes et n’en plus former qu’une seule ?”

Karabakh: après la guerre, la paix?

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Des Arméniens manifestent contre l'accord signé par leur Premier ministre Nikol Pachinian à Erevan le 12 novembre 2020 © Maksim Blinov/SPUTNIK/SIPA Numéro de reportage: 00990687_000028.

 


Après six semaines de combats, un accord de cessez-le-feu a été signé le 9 novembre entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. L’analyse de Gil Mihaely


Contrairement aux précédents arrêts des combats, tout porte à croire que la guerre est finie cette fois-ci. La raison est simple : l’armée azerbaïdjanaise l’a remporté sur le champ de bataille. Au moment de la signature, la chute de la capitale de la région séparatiste et donc l’écroulement de la république auto proclamée du Haut Karabakh, n’était qu’une question des jours. Après avoir consulté les responsables militaires de son pays, Nikol Pachinian, le premier ministre arménien, n’avait plus le choix. Il a décidé de s’accrocher à la perche tendue par Vladimir Poutine, le parrain de l’accord, et sauver une partie du Haut Karabakh et sa capitale. Cette signature peut lui couter sa carrière politique voire sa vie. Elle couterait à Karabakh non seulement l’essentiel de son territoire mais aussi le contrôle de la principale route – Goris-Lachin-Stepenkart/Xankandi – la liant à l’Arménie. Autrement dit, désormais Bakou tient solidement l’enclave séparatiste à la gorge. Quelle que soit l’issue des négociations entre les deux belligérants, la République autoproclamée du haut Karabakh est condamnée à une mort politique, économique et sociale lente. Elle aura perdu plus des deux tiers de sa population pendant la guerre et il est difficile d’imaginer que les quelques dizaines de milliers d’Arméniens restés sur place pourraient avoir un quelconque avenir collectif dans ces conditions. Déjà avant la guerre il était très difficile d’empêcher les jeunes de partir. Qu’est ce qui les retiendra sur place dans les années à venir ?

Pachinian a provoqué son adversaire et irrité son allié russe

Nikol Pachinian s’est donc montré courageux et lucide en prenant une décision aussi horriblement douloureuse qu’inévitable : reconnaître la réalité des rapports de forces, arrêter les frais et essayer de sauver ce qui peut encore être sauvé. Malheureusement, Pachinian s’est rarement montré perspicace pendant ses trente mois au pouvoir. Il a mal évalué sa marge de manœuvre face à Moscou. Il a sous-évalué l’armée azerbaïdjanaise et l’élite politique de son adversaire. Il n’a pas compris que la supériorité militaire arménienne de 1994 n’existait plus. Ainsi il n’a pas réalisé qu’une chose seulement empêchait l’Azerbaïdjan de reprendre par la force le Haut Karabakh et les sept régions qui l’entourent : un feu rouge de Poutine. Pachinian pensait que, comme en avril 2016, Moscou allait imposer un arrêt des combats au bout de quelques jours, qu’il avait une police d’assurance vie russe toujours en cours de validité. Pire, il n’a eu de cesse d’irriter celui-là même qui était supposé le défendre. Et pour ne rien arranger, il a poussé les Azerbaïdjanais à bout, notamment avec sa déclaration « le Karabakh est l’Arménie » : qui peut espérer entamer une négociation si l’objet même de la négociation n’est pas négociable ?        

Digérer une défaite est probablement l’une des épreuves les plus difficiles dans la vie d’une nation. Ironie de l’histoire, l’Azerbaïdjan en est le parfait exemple. En 1994, récemment élu, le deuxième président de l’Azerbaïdjan Haydar Aliyev a dû faire face à la défaite militaire, à la perte de 20% du territoire national et à l’arrivée d’un million de personnes déplacées. Sa réponse a été le développement du potentiel économique et humain de son pays. Cependant, dans le cas de l’Arménie on peut craindre non seulement une instabilité intérieure mais aussi des réactions venant des éléments non contrôlés par Erevan.  Car il faut savoir qu’il existe au moins trois Arménies : celle d’Erevan, celle de Haut Karabakh et celle des diasporas, notamment en France et aux États-Unis. Or, si Erevan pourrait devenir un interlocuteur et un partenaire pour un accord définitif avec Bakou, les Arméniens du Karabakh et certains cercles de la diaspora risquent de s’engager dans un combat désespéré et peut-être même, comme jadis les Palestiniens, du terrorisme. Le passé récent démontre que ce scenario n’est pas fantaisiste. 

Le rôle des Français

Géopolitiquement, au-delà des deux belligérants, cette guerre a une grande gagnante – la Russie – et une grande perdante – la France. La Russie a habilement laissé l’Azerbaïdjan résoudre pour elle le problème Pachinian tout en renforçant sa position à Erevan (plus que jamais dépendant d’elle) et à Bakou, reconnaissant pour le feu vert et plus que jamais conscient des rapports de forces dans la région. Quant à la France, elle a choisi d’abandonner son rôle d’arbitre neutre que lui conférait la co-présidence du feu groupe de Minsk et de tourner le dos à ses propres principes. Dans ce conflit, l’Arménie est la puissance occupante selon la loi internationale et l’ONU, deux institutions pourtant chères à nos diplomates qui ne jurent que par le multilatéralisme… Ce que nous avons lu et entendu chez nous ces dernières semaines sur ce « pays musulman qui massacre des chrétiens » est tout simplement hallucinant ! La triste réalité est que nous avons dilapidé en quelques semaines un important capital de sympathie et de bonne volonté. Au pays où Joe Dassin est une star, où la capitale s’enorgueillit d’un quartier inspiré de l’architecture haussmannienne, d’une école et d’une université françaises, il faudra attendre longtemps avant d’entendre un chauffeur chanter à midi ou à minuit, il y a tout ce que vous voulez aux Champs-Élysées en reconnaissant l’origine de son passager… 

Cependant, justement parce qu’un grand nombre de ses citoyens sont d’origine arménienne, la France pourrait jouer un rôle dans les mois et années à venir: ramener tout le monde à la raison. Car si les armes se sont tues, ce n’est pas encore la paix stable et durable. Soutenir une paix fondée sur la justice et appuyée sur le développement humain et économique du Sud Caucase est le souhait de Bakou et l’intérêt d’Erevan. Cela devrait être la mission de la France.

L’association L214 financée par le lobby de la viande artificielle

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Un burger B12 à base de viande artificielle, vendu par l'entreprise britannique Moving Mountains. ©Stewart News/Shuttersto/SIPA Numéro de reportage : Shutterstock40618704_000002

Si l’association L214 publie la répartition de ses ressources via son site internet, les militants radicaux de la cause animale restent cependant bien silencieux sur les objectifs cachés de ses donateurs, et notamment ceux de l’Open Philanthropy Project. 


Lors de la « guerre de la langouste » dans les années 1960 entre la France et le Brésil, le général de Gaulle y voyait le bras long des Américains et déclarait : « Cette guerre de la langouste, c’est encore une histoire d’Américains ». Bis repetita avec la viande cellulaire ?

L’association de défense des animaux L214 est accusée d’être financée par des entreprises travaillant à la création de viande cellulaire. Le sujet n’est pas nouveau, mais une fois n’est pas coutume, France Inter s’est penchée sur cette affaire. Pourtant habituée à multiplier les articles dithyrambiques sur les vaches sacrées de l’époque et à relayer la propagande de l’association, France Inter a, semble-t-il, dérogé aux règles de la bien-pensance.

À lire aussi, Martin Pimentel: Plus de tigres à Fort Boyard, Félindra bientôt au chômage

Ce matin, dans L’enquête de Secrets d’info (chronique diffusée le vendredi 13/11 à 7h15), Maxime Fayolle a pointé du doigt le financement de l’association en rappelant que « plus de 90% proviennent des adhérents via les dons, les cotisations ou encore la boutique en ligne de l’ONG », avant d’ajouter : « 8% de ce budget viennent d’un gros fonds d’une fondation américaine, l’Open Philanthropy Project, qui lui a signé un chèque d’un peu plus d’un million d’euros en 2017 ». À travers ce financement, cette fondation américaine, créée notamment par Dustin Moskovitz, cofondateur de Facebook et généreux donateur de la campagne présidentielle d’Hillary Clinton en 2016, chercherait à déstabiliser notre agriculture et nos éleveurs pour mieux s’emparer du marché de l’alimentation de demain, à savoir celui de la viande artificielle à partir de cellules-souches. Un marché largement financé par les géants technologiques américains et soutenu par la NASA.

À lire aussi, Christian Harbulot : Derrière la défense des animaux, le marché de la viande artificielle

L214, dont les révélations sur la cruauté de certains abattoirs trouvent grâce aux yeux d’Alain Finkielkraut, peut légitimement être considérée comme la marionnette des géants américains. L’enfer est pavé de bonnes intentions…

Des animaux et des hommes

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« Ceux de 14 », un monument littéraire

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L'écrivain Maurice Genevoix (1890-1980) © Photo ANDERSEN ULF/SIPA Numéro de reportage: SIPAUSA30061904_000001.

Maurice Genevoix est entré au Panthéon. Et avec lui, tous «Ceux de 14». Il faut lire ou relire cette œuvre magistrale.


Par ciel clair, on entend vibrer, en haut du Panthéon, les couleurs du drapeau français. Sur le fronton du Panthéon : « Aux grands hommes la patrie reconnaissante ». C’est dans ce haut lieu de la mémoire qu’est entré, ce 11 novembre 2020, au pas lent de la garde républicaine, un sous-lieutenant de 24 ans, normalien brillant, parti le 2 août 1914, de Châlons-sur Marne, à la tête du 106 ème régiment d’infanterie, blessé à la Tranchée de Calonne, invalide de guerre, écrivain et Académicien : Maurice Genevoix. Et, avec lui sont entrés « tous ceux de 14 ». Ainsi s’achève le cycle du centenaire de la Grande Guerre qu’Emmanuel Macron a voulu clore « d’une manière digne et marquante » par l’entrée, au Panthéon, d’un « écrivain français, à l’âme française. » On connaissait l’écrivain de la Loire et de la nature, d’Alice et les garçons, de Raboliot et du Chat Rrou. Dans cette nuit transfigurée, on découvre un écrivain d’une ampleur inouïe. Ceux de 14, c’est cinq récits de guerre (dont Sous Verdun et les Eparges) écrits entre 1916 et 1923, retravaillés en 1949. Ce récit épique, écrit d’une écriture minutieuse et lumineuse, à partir de notes prises sur le vif rend compte de la violence inouïe de la guerre sur le front de la Meuse, de la fraternité des hommes, de la tendresse humaine. Grâce à ce livre, on connaît, sur le vif, la vie des tranchées, on entend « miauler les obus » (Apollinaire) mais l’on sent aussi la fraîcheur d’un matin sous le pas des soldats, la chaleur d’un lit dans un village, on sent l’odeur de la terre sous la neige,  on voit éclore les premiers crocus, et ces grands ciels où giclent les obus, ces têtes qui éclaboussent de leur sang les étoiles. C’est un livre énorme, sidérant, foisonnant d’événements, de personnages, impossible à lâcher, une fois ouvert, où le temps se contracte et se dilate au gré des événements. « Ce que nous avons vécu, aucun homme n’aurait pu le vivre. Pourtant, nous l’avons vécu » écrit Genevoix. Et encore : « Il faut qu’on sache, on ignore la vérité brutale. » « Tout dire, et qu’on n’en parle plus » écrira Céline, dans un autre registre, à la fin de Voyage au bout de la nuit, que Genevoix avait lu de très près.

Un livre qui a déplu à Gide

La Muse épique, Calliope, est fille de Mémoire. Qui, plus que Maurice Genevoix, eut cette mémoire, et l’amour qu’elle suppose ? Surtout, ne rien oublier, des événements et des êtres. Ceux de 14, dans la force singulière et plurielle du pronom démonstratif qui les désigne, à nous, vivants, ce sont les Poilus tendrement aimés par le sous-lieutenant qui les arrache à l’oubli. C’est le soldat Sicot dont « les yeux éteints montrent la certitude et la peine de mourir. » C’est ce soldat qui, paralysé, sur le point de mourir, désigne, par un regard, à Genevoix, la mort qui le guette s’il ne se déplace pas. C’est aussi ce cheval blanc qui, « agonisant, soulève lentement la tête et nous regarde passer. »

A lire aussi, Daoud Boughezala: Jünger, héros d’un autre temps

André Gide n’aimait pas « les romans de guerre » : il ne vit pas le génie de Genevoix, trop style ancien combattant. « Orages d’acier » d’Ernst Jünger, en revanche, fut, pour l’auteur des Caves du Vatican, une révélation. Cest donc un lecteur franco-américain, au nom étrange, qui vit le génie de Maurice Genevoix : Jean Norton Cru. Norton Cru qui n’aimait pas les romans cocardiers et menteurs qui commençaient à faire florès, trouva en Genevoix la vérité des faits (lui-même avait participé à la guerre du côté français) ainsi qu’un art du récit singulier. Il vit que ce récit d’un jeune homme de 24 ans, était le monument de notre époque. Par un hasard du sort, Ernst Junger et Genevoix se trouvèrent face à face aux Eparges et furent blessés le même jour. Bernard Maris, le gendre de Genevoix, qui les réunira dans un récit, écrit : « Genevoix aime les hommes même s’il aime parfois la guerre, Jünger aime la guerre même s’il pleure parfois les hommes. »

Une entrée dans la vie d’une violence inouïe

Ce jour de commémoration du 11 novembre 2020, c’est au peintre allemand Anselme Kriefer et au musicien Pascal Dusapin qu’avait été confiée la confection de six grandes vitrines— pour accueillir des vestiges de cette guerre —ainsi que la tâche de « faire chanter les pierres dans un sentiment doux et affectueux pour honorer la mémoire de Ceux de 14 ». Dans la première partie de cette œuvre inspirée, des voix chantent des textes en latin, tirés de l’Ecclésiaste et de Virgile. Dans l’autre partie, sont énumérés les noms des milliers de morts pour la France lus par des comédiens. Musique qui fait écho à la litanie de pierre des monuments aux morts de nos villages. Idée originale, en tout cas, que de faire dialoguer, en ce lieu, l’Histoire et l’imaginaire contemporain.

La président Macron devant le cercueil de Maurice Genevoix au Panthéon, le 11 novembre 2020 © Ludovic Marin/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22512709_000040.
La président Macron devant le cercueil de Maurice Genevoix au Panthéon, le 11 novembre 2020 © Ludovic Marin/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22512709_000040.

Que notre mémoire ne soit pas oublieuse, une fois la nouveauté passée. Ce n’est pas tout de faire entrer, au Panthéon, l’auteur de Ceux de 14. Encore faut-il lire cette œuvre magistrale, rééditée chez Flammarion, en 2013, précédée d’une belle préface de l’écrivain Michel Bernard. Le même Michel Bernard  qui a écrit un beau livre « Pour Genevoix » rappelant, si besoin était, que Maurice Genevoix, qui laisse une œuvre romanesque immense, fut un amoureux de la littérature et de notre langue. Elu à l’Académie en 1946, dont il fut le secrétaire perpétuel, il servit la francophonie partout dans le monde.

Pour lui comme pour tous les écrivains — les plus grands, et qu’ils sont nombreux !— la grande guerre fut une entrée dans la vie d’une violence inouïe. Au soir de sa vie, pourtant, Maurice Genevoix qui avait côtoyé la mort de près, revisite son passé déchiré dans un livre magnifique : « La mort de près ». Miracle, là encore, de la mémoire. La « contracture à l’âme » causée par la mort de son ami Porchon, tué aux Eparges, à qui est dédié le chapitre « Sous Verdun » est devenue le regard apaisé de celui qui a vu la mort en face à laquelle est promis tout homme.

Amoureux de la Loire, Maurice Genevoix aimait aussi l’Espagne. Il mourut, le 8 septembre 1980, à Javéa, en lisant un Arsène Lupin.

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Olrik: quand la fiction retrouve le XXe siècle

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Image Conflits

Passionné de bande dessinée et notamment de Blake et Mortimer, Hubert Védrine nous conduit, avec son fils Laurent, à la poursuite d’Olrik, le méchant insaisissable des aventures de Jacobs…


Et si Olrik avait réellement existé et entretenu une conversation épistolaire avec Jacobs, sa vie réelle se mêlant aux aventures des deux héros britanniques? Les auteurs Hubert et Laurent Védrine ont remonté les traces laissées par celui-ci pour proposer cette biographie qui est autant une traversée du XXe siècle qu’une découverte de la BD.

Tous les créateurs s’inspirent de faits et de personnages réels et la bande dessinée n’échappe pas à l’affaire. Hergé a des inspirations multiples pour Tintin, tout comme Goscinny et Uderzo avec Astérix. Mais chez le Belge Edgar Jacobs, le mystère demeurait quant aux sources d’inspiration du personnage du colonel Olrik, aventurier sans scrupule que l’on retrouve sans cesse en train de servir la cause des pires dictateurs. Du Secret de l’Espadon au Cri du Moloch, Olrik est partout, pourchassant Blake et Mortimer et échouant toujours dans ses tentatives de domination.

Rencontre entre Olrik et Jacobs

La thèse des deux auteurs est qu’Olrik a réellement existé. Il a rencontré Jacobs par hasard au théâtre royal de la Monnaie en janvier 1938. Les deux hommes ont un peu discuté et ne se sont guère revus par la suite. Mais Olrik n’a cessé d’envoyer des cartes postales à Jacobs : des photos des villes et des pays où il œuvrait, accompagnées d’un mot très bref. La dernière carte date de 1987 et fut envoyée de Roumanie. Olrik est né en Estonie, d’un père déjà âgé, le baron Cristof von Balk. Il a connu les aventures et les peines de l’Europe de l’Est : les guerres, les invasions, les découpages de frontières, les dictatures. C’est un aristocrate apatride qui conjugue les rêves des chevaliers teutoniques à la crapulerie des arsouilles.

A lire aussi, Basile de Koch: Thé et sympathie

L’enquête sur Olrik nous fait traverser le XXe siècle. Les auteurs retrouvent sa trace en pointillés. Il est à Hong Kong, trafiquant avec les mafias, puis agent à la solde des Soviétiques, et même agent double, travaillant aussi pour les Américains. On le retrouve ainsi à Cuba et en Floride puis en Californie, dans le milieu du cinéma, où il laisse une fille. Enfin, il termine sa course en Roumanie, auprès de Ceausescu, avant que sa trace ne se perde sans que l’on sache quand il décède. Il a tenté quelques coups en Suisse, en France et au Luxembourg, trainé avec la pègre, les mafias et les autocrates. C’est une espèce de samouraï qui aurait réussi en évitant de s’enfermer dans le cercle rouge.

De Basam Dandu à Ceausescu

Olrik a beau servir des causes peu défendables, il conserve des côtés attachants. Dans ses échecs, dans ses…

>>> Lire la fin de l’article sur le site de la revue Conflits <<<

Olrik, la biographie non autorisée

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« Ils ne passeront pas », disaient-ils…

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Dispositif de sécurité devant la basilique Notre-Dame de l'Assomption de Nice pour la messe de la Toussaint, le 1er novembre 2020. ©SYSPEO/SIPA Numéro de reportage : 00988958_000047

Il est urgent de revoir notre paradigme sécuritaire, alors qu’aucun service spécialisé ne peut vraiment faire face devant ce « terrorisme du couteau ». 


En 1940, l’armée française disposait de moyens assez comparables à ceux de l’Allemagne. En 1932, dans Le Fil de l’épée, le général de Gaulle avait couché par écrit une doctrine d’emploi des forces blindées. En janvier 1940, il préconisait de combiner l’emploi des chars et de l’aviation. Ces doctrines eussent été précieuses pour ce conflit. Elle le furent, mais pour les Allemands, qui les baptisèrent « blitzkrieg » ; car l’état-major français s’en était désintéressé : depuis 1918, il avait jugé plus utile de préparer une nouvelle guerre de 14 en édifiant la ligne Maginot.

C’est à peu près où en est l’État français aujourd’hui face à la menace terroriste. On a renforcé les services de renseignement intérieurs après janvier 2015, alors que l’islamisme de masse n’était plus surveillé depuis 2008, la seule recherche se faisant sur une base individuelle par le fameux « big data », le même qui prévoyait des centaines de milliers de morts de la Covid-19 en France au printemps dernier. Dans un cas comme dans l’autre, on en a vu le résultat.

Les forces d’intervention françaises sont avant tout des « professionnels »

On a acheté des cagoules et des rangers à la tonne pour équiper des forces d’intervention qui s’entraînent d’arrache-pied pour le jour où on aura besoin d’eux pour casser des portes sur ordre, ou faire tomber un nouvel immeuble à force de rafales et de tirs de 12,7mm. Encore faut-il que quelqu’un trouve ces portes et ces immeubles, et donne à ces braves gens – qui se sont récemment dotés d’un béret fantaisiste pour tenter de lier leur image aux troupes d’assaut spécialisées (ça doit faire hurler de rire les commandos Marine et le 1er RPIMA) – de quoi faire le trajet jusqu’à leur objectif. Quand on part de Bièvre, par exemple, il y a forcément des délais de route.

Les médias se complaisent à appeler tout ce beau monde des « policiers d’élite ». Il semble bien plus prudent de simplement les qualifier de « professionnels ». Ils ont une mission spécialisée qu’ils remplissent, selon l’expression consacrée, « à la pleine satisfaction de leur hiérarchie ». Et il existe d’autres professionnels, bien plus nombreux et bien moins considérés : gendarmes et policiers patrouillent au quotidien sur la voie publique pour protéger le peuple français, intervenant indifféremment sur un différend familial comme sur un vol à main armé, une cible sur la poitrine car porteurs d’un uniforme haï par les voyous comme par les antirépublicains, qu’ils soient de La France insoumise (LFI) ou de Daesh ; intervenant aussi, et ils sont souvent les premiers, sur les actes terroristes.

Un « terrorisme du couteau » largement imprévisible

Et c’est bien pour cela que tout comme il aurait dû le faire en 1940 en matière de doctrine militaire, il faudrait que l’État change d’urgence de paradigme sécuritaire face à la criminalité de droit commun comme pour contrer le nouveau terrorisme. En effet, le renseignement ne peut stratégiquement rien contre le terrorisme tel qu’il s’est régénéré depuis le premier attentat de Nice, lorsqu’un islamiste a fini par être abattu par des policiers non spécialisés, mais eux aussi professionnels, après avoir broyé une foule d’innocents avec le camion qu’il conduisait. Des policiers, dont certains ne dorment toujours pas, hantés par les images de ce carnage, mais qui tous les jours reprennent leur service, tel ce policier municipal niçois qui est intervenu sur le massacre de l’Église de Nice. Un policier pleure aussi, de rage, de chagrin, d’horreur. Puis il revient, lorsqu’il le peut encore.

À lire aussi, Nicolas Lévine : France: plutôt la dhimmitude que la guerre?

Devant ce terrorisme du couteau, ce terrorisme de la brute, aucun service spécialisé ne peut faire vraiment face. Il serait déloyal de le lui demander. Le renseignement fonctionne sur le temps long, et ses membres sont incapables d’interventions opérationnelles d’urgence. Quant aux unités d’intervention dépendant du RAID ou du GIGN, leurs délais de projection, sauf hasard heureux, en font des intervenants sur des situations déjà figées.

La riposte face au terrorisme du « coin de la rue »

Vu la masse de gens potentiellement dangereux, l’étendue du territoire et la nature primitive d’attaques qui ne demandent aucun réseau de soutien, les premiers défenseurs de la population ordinaire – qui, tous les jours, parcourt les rues de France et vaque à ses occupations – sont donc les policiers et les gendarmes en charge de la sécurité sur la voie publique. Rappelons-nous d’ailleurs que ce fut déjà le cas lors des attentats de Paris, au cours desquels les soldats de Vigipirate refusèrent de prêter leurs fusils d’assaut aux policiers primo-intervenants de la BAC, qui durent donner l’assaut avec de simples pistolets de service face à des armes automatiques. Si depuis on a doté d’armes longues une partie (seulement) de ces équipages, on a en revanche pas ou peu augmenté le nombre de policiers qui les composent.

Une patrouille de Police lors de la célébration de la messe de la Toussaint, autour de la Basilique Notre-Dame de l'Assomption à Nice, le 1er novembre 2020. ©SYSPEO/SIPA Numéro de reportage : 00988958_000044
Une patrouille de Police lors de la célébration de la messe de la Toussaint, autour de la Basilique Notre-Dame de l’Assomption à Nice, le 1er novembre 2020. ©SYSPEO/SIPA Numéro de reportage : 00988958_000044

Or, ce sont bien eux qui, lors de la plupart des attentats, ont été primo-intervenants, quand ce n’était pas une patrouille de police municipale comme dans l’église de Nice (le RAID n’a fait que venir se greffer à la fin pour avoir son nom sur la photo, et justifier, si l’on peut dire, son existence…). Quand dehors, on porte un uniforme, qu’on a le sens du service et qu’on est requis en urgence, on marche vers le danger, et parfois vers la mort. Il est du devoir de l’État de veiller à ce que ce genre de combat soit gagné aussi souvent que possible. Mais même cet engagement a ses limites. Comme on vient de le voir, le terrorisme du coin de la rue est un phénomène auquel on ne pourra riposter, la plupart du temps, qu’en temps réel, par des unités de voie publique. Mais même eux ont des délais d’intervention qui, sauf lorsque par chance une patrouille est à proximité, ne permettront jamais de limiter les tueries aux premiers instants de leurs commissions.

Chaque seconde, une nouvelle victime peut tomber sous un simple couteau, jusqu’à ce que l’auteur soit abattu. Dans les grandes villes, la concentration urbaine est telle que quelle que soit la rapidité d’intervention de la Police, les victimes s’enchaîneront. En zone rurale, les personnes les plus éloignées des brigades territoriales de Gendarmerie seront assassinées sans espoir de secours.

Un changement de paradigme sécuritaire nécessaire

Le paradigme sécuritaire doit changer. Il faut repenser l’armement défensif de la population, en imaginant un contingent de supplétifs formés, comme cela se fait en Israël, où les vigiles devant les écoles sont armés pour se préparer aux plus atroces attaques terroristes possibles, en particulier celles visant des enfants. Tout policier ou gendarme à la retraite doit pouvoir conserver son arme sous conditions d’entraînement (ou mieux, utiliser une arme régulièrement autorisée pour le tir sportif, ce qui coûterait moins cher à l’État). Tout militaire d’active (d’unités de combat et validé par leur hiérarchie) doit pouvoir être armé hors cantonnement. Cela ferait déjà des dizaines de milliers de personnes supplémentaires, servant ou ayant servi le pays, entraînées, et disposant des connaissances juridiques nécessaires sur la légitime défense, qui pourraient assurer la défense immédiate contre les actions individuelles engageant juste un armement primitif, qui promettent d’être les plus terrorisantes pour la population dans les années qui viennent.

À lire aussi, Alain Finkielkraut: Samuel Paty, le dévoilement et le déni

Et au-delà, il faut se rappeler que l’armement du peuple français fut une conquête de la révolution qui s’est perpétuée jusqu’à l’entre-deux-guerres, non seulement par la chasse, mais aussi par la nécessité de défense de la population isolée : tout paysan avait, jusque dans les années 30, un pistolet chargé dans sa table de nuit, acheté chez Manufrance, pour se protéger des « chauffeurs ».

Certes, on peut hésiter devant les risques à armer la population. Je ne le préconise d’ailleurs pas forcément. Mais les « oui mais » doivent changer de camp : le premier « oui mais » à prendre en compte est celui-ci « oui mais on ne peut pas laisser mourir des innocents sans rien faire, sachant que les mesures actuelles ne suffisent pas. »

Ne poussons pas le Peuple à décider, un jour, de se défendre lui-même. La tache sur l’Histoire du pays serait sanglante.

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Confinement : Ministères, Cabinets ou chiottes, même résultat

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Olivier Veran, Jean Michel Blanquer et Jean Castex, le 27 octobre 2020 avenue de Segur, lors de la réunion des forces politiques du pays.© Louise MERESSE/SIPA Numéro de reportage : 00987940_000026

Les cabinets ministériels sont composés d’une caste complètement déconnectée de la réalité. Comme les toilettes, ils s’apparentent à un lieu clos et secret pour le grand public.


Plusieurs mots désignent ce lieu d’aisance où nous allons soulager nos humeurs physiques ou mentales, lire un magazine, tresser des cordes pour la marine. Les toilettes sont le terme le plus courant. Le vulgaire dira chiottes, le familier suggérera le petit coin. Le cabinet fait aussi partie de cet attirail. Il est drôle d’imaginer que le directeur de cabinet d’un ministère ou de l’Elysée est aussi un directeur des chiottes. Pourquoi utiliser ce terme ? Il suggère l’isolement, le lieu clos, le secret, la retraite. Il convient superbement à ce burlesque carnaval de décisions que nous subissons tous depuis la crise Covid dans une absurdité sans fond, stupide, décalée, irréelle. Des cabinets ou des chiottes, il ne sort décidément que le même matériau dans les tuyaux.

À lire aussi, Jean-Paul Brighelli : Pour une réponse gaullienne aux maux de la France

Dans un processus immuable, tout commence par un orage de communication avec force déclarations. Puis on essaie de mettre les textes en accord avec des mots prononcés à la hâte. Alors entrent en jeu ces cabinets ministériels. Quelques jeunes gens bien instruits confondent instruction et intelligence. Ils s’enivrent à la pratique du pouvoir absolu. Ils vont rédiger dans la nuit des textes abscons qui s’imposeront demain aux Français. La nuit, on est tranquille, pas de maires, de parlementaires ou d’experts pour nous expliquer la réalité du terrain. L’extase de la puissance souveraine les saisit. Ils vont imposer des mesures à tous les Français. Ils savent tout.

Un petit cercle déconnecté des Français

Comme ils sont pressés, ils vont définir à la hâte un scenario qui s’inspire de leur cercle familial, de leurs amis proches, de leurs relations, de leur vie quotidienne. Ils sortent tous du même moule. Et là commence le problème. Ce petit cercle ne vit pas du tout comme les Français et n’en a pas la plus petite notion. Il a découvert les gilets jaunes comme une jacquerie sous Louis XIV. Il lui est difficile d’imaginer la vie quotidienne d’un fleuriste, d’un hôpital, d’un agriculteur, d’un restaurateur, d’un boulanger, d’un routier et même d’un fonctionnaire de terrain. En fait, ces jeunes gens des cabinets ministériels ne savent rien, ni de la France qui travaille et produit, ni de celle qui souffre, ni de celle qui réfléchit et analyse. Ils n’ont jamais fait que de la théorie en chambre, puis en cabinet, suspendus dans une canopée qui ne voit jamais le sol, comme en Amazonie.

Ils sont là le temps de gesticuler suffisamment pour se faire remarquer et atterrir dans un poste confortable où ils commettront d’autres actes aussi absurdes envers leur personnel, leur public. Ceux qui seront lucides parmi eux quitteront rapidement cette folie, soit éliminés car trop dangereux, soit écœurés par cette triste vérité du pouvoir. Nos « élites » des cabinets ministériels ne procèdent plus de la compétence mais de la cooptation selon des circuits obscurs et consanguins.

La crise Covid contribue simplement à révéler à la lumière ce terrible mal français d’une technocratie devenue ridicule à force d’être absurde, clergé sans dieu, robots du pouvoir, déni quotidien de notre démocratie. La France est le dernier pays en Europe à déployer ces aéropages antiques en hôtel particulier, là où un ministre allemand utilise simplement trois personnes pour diriger son administration et en connaitre parfaitement les rouages au contact du public. Les fonctionnaires eux-mêmes seraient-ils de la caste des intouchables au point qu’un ministre ne les contacte que par son cabinet ?

« Il y a un peuple indigène en France et sa capacité d’accueil est dépassée, largement! »

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Jean Messiha © JOEL SAGET / AFP.

Le délégué pour les études et argumentaires du Rassemblement national, membre de son bureau national, quitte le parti. Il s’en explique et dévoile ses projets. Enfin, il apporte des précisions utiles sur ses positions dures sur l’immigration, l’islam ou l’identité nationale.


Causeur. Vous avez annoncé la semaine dernière partir du Rassemblement national. Pourquoi ?

Jean Messiha. Il y a des moments dans la vie où on se dit qu’il ne faut pas insister quand on travaille avec et pour des gens que vous gênez parce qu’ils s’attendaient à faire de vous un pondeur de notes et découvrent avec désagrément que vous n’êtes pas que cela. Il est vrai que j’ai acquis au fil des mois une réelle popularité dans les rangs de nos militants et sympathisants et une certaine audience dans les médias. Cela n’était pas prévu et cela a déplu. Par ailleurs j’ai pris des positions franches sur certaines thématiques comme l’Islam et l’identité européenne de la France métropolitaine. Cela n’a pas plu non plus mais ce sont mes convictions profondes.

Dans Valeurs actuelles, vous estimez que vos « compétences et engagement ne sont pas reconnus ». Européennes, Paris, Aisne pour les prochaines régionales, vous avez effectivement attendu des investitures en vain. Pourquoi cela vous était-il refusé, selon vous ?

Un mouvement politique est une organisation humaine avec ses hauts et ses bas, ses grandeurs et ses bassesses. Il y a des jeux d’influence avec des sympathies mais aussi des jalousies voire des haines.

Je suis arrivé au FN sans aucune expérience du monde politique. Mon parcours était principalement celui de la fonction publique qui n’est pas un monde parfait tant s’en faut mais où on fait passer dans une large mesure le travail et les qualités des gens avant d’autres considérations moins objectives. J’ai découvert ce qu’est la vie d’un parti et c’était vraiment intéressant. « Une grande leçon de vie » comme on dit mais ce que j’en ai retiré est bien plus important que les déceptions qui n’ont au fond aucune importance. Marine Le Pen a fait des choix  qui lui appartenaient pleinement. Vous connaissez la formule « gouverner c’est choisir ». La présidente du RN a fait des choix dont j’imagine qu’ils ont été mûrement réfléchi. Vous connaissez l’autre formule « se soumettre ou se démettre ». Je me suis démis. La vie continue et elle est même encore plus excitante et porteuse de promesses. Toutefois, en partant j’ai réitéré à Marine Le Pen mon amitié et ma reconnaissance pour ce qu’elle m’a apporté. Ce n’étaient pas des paroles de convenance, je les ai dites en sincérité.           

Vous dites que c’est Marine Le Pen qui a choisi de ne pas vous offrir les investitures que vous désiriez, que ces choix étaient mûrement réfléchis et que vous ne lui en voulez pas. Cependant, à commencer par le journal le Monde, beaucoup ont effectivement cru voir dans votre départ un mouvement d’aigreur. Mais ce n’est pas interdit d’avoir de l’ambition personnelle, non ?

J’avais déjà indiqué chez vos confrères de Valeurs actuelles que certains feraient circuler le bruit que mon départ reflétait des aigreurs. Si j’étais aigri je ferais ce que d’autres ont fait avant moi, casser du sucre sur Marine Le Pen. Ce n’est pas ce que je fais car comme je l’ai aussi déjà dit j’ai de l’estime pour elle et je pense qu’elle a des qualités incontestables. 

Le pionnier fut Noël Mamère qui passa de la télé à la politique à la fin des années 80. Roselyne Bachelot fut un bon exemple de l’inverse. Mettons cela au débit ou au crédit des changements profonds que les réseaux sociaux et les talk show à l’américaine comme ceux de mon ami Cyril Hanouna ont apporté à notre société. On peut le regretter ou vivre avec, j’ai choisi la seconde solution

La vie serait bien triste sans ambition. On a tous nos ambitions elles vont des plus modestes aux plus hautes. Une sportive veut battre ses records, un patron veut faire croître sa boite, un employé veut voir son travail reconnu et progresser, une chercheuse veut trouver, etc. Un homme politique qui a des convictions veut les faire partager à ses concitoyens. Je suis dans cette démarche et je pense être mieux à même de le faire dans une structure nouvelle, mais ce n’est pas une initiative solitaire. J’ai une équipe qui s’étoffe jour après jour de gens de grande qualité.          

Il se murmure que l’on va vous voir davantage sur Cnews. Si oui, quels sont vos projets sur la chaine ? Faut-il ne pas être encarté dans un parti politique pour travailler sur Cnews ? Ne faut-il pas s’inquiéter des frontières qui s’estompent entre politique et commentateur, journalistes et divertisseurs ? Je ne pense pas forcément à vous, mais je pense à Raquel Garrido, Laurence Sailliet, Jean-Marie Bigard… Aurais-je tort d’y percevoir une sorte de décadence pour la noblesse du politique ?

La noblesse du politique est de parler avec son cœur autant qu’avec sa tête et où qu’on le fasse, dans une réunion publique, au cours d’un dîner avec des militants, sur un plateau de télé ou dans un studio radio. En la matière il y a beaucoup de particules mais pas toujours de vraie noblesse. Passons.

Nous sommes un pays qui adore les débats d’idées et quels que soient nos camps ils sont plutôt de qualité. Quand on a suivi la campagne présidentielle américaine on se rend compte à quel point nous avons en France et dans d’autres pays d’Europe une vie politique dont nous pouvons être raisonnablement fiers.     

Pour répondre à votre question, je suis très heureux d’être un invité régulier de CNews qui à la différence d’autres donne la parole à tout le monde sans parti pris. J’ai l’impression d’un panel très large d’intervenants qui va de la politique à la société civile. Le sujet des frontières entre les genres que vous soulevez est très intéressant. C’est l’honnêteté intellectuelle qui fait la différence. Les téléspectateurs et les auditeurs ont à mon avis acquis une grande maturité. Ils sont parfaitement capables d’apprécier la légitimité et la sincérité de ceux qu’ils regardent ou écoutent. Vous avez cité Laurence Saillet et Raquel Garrido. Leurs prises de position sont partisanes et claires. L’une représente la droite qui se revendique « républicaine » comme si le reste du spectre politique ne l’était pas, Raquel Garrido représente la gauche radicale et immigrationniste et ne s’en cache pas. Jean-Marie Bigard c’est autre chose. Il a voulu suivre brièvement l’exemple de Coluche. C’est un humoriste extrêmement truculent que des millions de Français adorent. Personne ne lui en veut pour cette palinodie.

Toutefois vous avez raison les choses sont devenues plus fluides qu’elles ne l’ont longtemps été. Le pionnier fut Noël Mamère qui passa de la télé à la politique à la fin des années 80. Roselyne Bachelot fut un bon exemple de l’inverse. Mettons cela au débit ou au crédit, comme vous voulez, des changements profonds que les réseaux sociaux et les talk show à l’américaine comme ceux de mon ami Cyril Hanouna ont apporté à notre société. On peut le regretter ou vivre avec, j’ai choisi la seconde solution car tant que l’on a quelque chose d’utile à apporter au débat public, il faut s’exprimer.

L’occupation de cet espace médiatique compte-t-il plus que le militantisme sur le terrain, de nos jours ?

Les deux. Je suis surpris de voir la complémentarité entre les médias et le « terrain ». Très régulièrement quand je suis interpellé dans l’espace public ou dans des réunions militantes, on me rappelle des émissions auxquelles j’ai participé, les propos que j’ai tenus, et cela crée une opportunité d’échanges nouveaux, personnels cette fois-ci.   

Je ne crois pas que le choix identitaire d’un nombre croissant de Français reflète une volonté de rechristianisation des valeurs…

Vous dites avoir pris des positions franches sur certaines thématiques. Pourquoi ne faites-vous pas la distinction convenue entre islam et islamisme ?

Est-ce que vous faites une distinction entre catholicisme et catholicisme intégriste, entre judaïsme et judaïsme ultra, entre hindouisme et hindouisme extremiste ? Non. Tout le monde y voit une question de degré, pas une religion à part. Pour l’Islam et l’islamisme on tente de nous faire croire que ce sont deux espaces de pensées séparés. D’ailleurs que fait-on dans les centres de déradicalisation? On ne tente pas de désislamiser, on tente de faire revenir des gens qui sont dans une lecture littérale et historique du Coran à une remise dans son contexte contemporain d’un texte révélé ou constitué selon les croyances il y a 14 siècles dans un monde nomade, rude, et guerrier. Je fais une différence entre islam et islam radical mais je me refuse à cette pudeur sémantique entre une religion et sa dérive extrémiste. Par contre il faut bien admettre que cette dérive extrémiste est bien plus répandue et plus violente dans l’Islam que dans les autres religions. Y a-t-il un terrorisme chrétien, juif, bouddhiste ou hindouiste à échelle mondiale ? À l’évidence, non. Et cela oblige sinon à conclure du moins à réfléchir.

Beaucoup de militants de votre camp politique attendent le retour de Marion Maréchal. Mais revenons à Marine Le Pen. Vous avez déclaré qu’elle est une femme sympathique, très humaine, qui a du caractère, des convictions et de la constance. Mais vous dites également que les Français attendent d’un présidentiable qu’il maitrise bien les questions économiques. Je retrouve dans cette affirmation une critique régulièrement faite à la patronne de la droite nationale. Avec son positionnement ni droite ni gauche, elle n’est pas parvenue à casser le « plafond de verre ». Une candidate de droite plus assumée, libérale économiquement, inflexible sur les valeurs chrétiennes / familiales ou l’identité de la France serait-elle de nature à emporter davantage l’adhésion de nos compatriotes ? 

C’est une question complexe. 

Je ne crois pas qu’il y ait une appétence majoritaire pour une idéologie de droite. Il y a une aspiration au bon sens. Est-ce que réduire la fraude et les gaspillages qui minent la dépense publique et sociale est une idée de gauche, de droite ou tout simplement de bon sens? Est-ce qu’arrêter des immigrations dont les caractéristiques identitaires rendent leur assimilation à notre société difficile voire impossible relève d’une idéologie ou de la simple intelligence ? Est-ce que constater une parfaite corrélation entre l’inexorable montée du coût du travail par les charges, l’impossibilité de dévaluer après l’euro et notre désindustrialisation dramatique ressort d’un choix idéologique ou d’une réflexion rationnelle?

Est-ce que vouloir financer un modèle social protecteur auquel tout le monde tient par la croissance et la justice fiscale constitue une dangereuse utopie ou une aspiration légitime?    

Par ailleurs, je ne crois pas non plus que le choix identitaire d’un nombre croissant de Français reflète une volonté de rechristianisation des valeurs. Il y a un attachement à notre passé majoritairement chrétien et minoritairement juif, mais il n’y a pas d’appétence pour un retour à une forme d’ordre moral.

Je constate par exemple que le « mariage pour tous » est approuvé par une très franche majorité de nos concitoyens, que la PMA étendue aux couples lesbiens recueille également le soutien de 60% des Français, etc. Toutes ces évolutions sociétales que l’on peut apprécier ou regretter selon ses convictions sont des marqueurs identitaires de notre pays, un pays européen. C’est ce dernier qualificatif qui compte en fait. Ce que veut à mon avis une majorité de Français c’est que la France métropolitaine reste un pays européen et ne devienne pas un bazar multi-ethnique 1/3 « black », 1/3 « blanc » et 1/3 « beur » et un islam devenu première religion de France, auquel nous condamne à long terme les politiques migratoires actuelles. Il n’y a là aucun manque de respect pour ces peuples, mais chacun sa terre. Cela n’exclut ni l’amitié, ni la coopération, ni l’aide de « riches » à « pauvres » si elle va dans les bonnes mains, ni les échanges commerciaux, culturels, scientifiques, touristiques, etc. Mais cela exclut la colonisation de peuplement de la France européenne par le Maghreb, l’Afrique sub-saharienne et le Moyen-Orient. Pour les « progressistes », l’invasion est un progrès mais seulement quand elle frappe les peuples européens, ils dénoncent par contre les colonisations de peuplement qui touchent les terres des peuples indigènes en Amazonie, en Inde, en Indonésie, au Tibet, etc.  Eh bien il faut leur répondre très tranquillement qu’il y a un peuple indigène en France et que sa capacité d’accueil est dépassée, largement.

Le droit à l’IVG est irréversible, ce qui est contesté et à raison c’est sa banalisation totale et l’extension continue de la période d’exercice de ce droit jusqu’à l’âge ou un fœtus deviendrait presque un prématuré viable voulue par les féministes « progressistes”.

Stupéfiant! Le président et François Hollande ont échangé quelques mots…

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Le président Macron et François Hollande près de la tombe du soldat inconnu, le 11 novembre 2020 © Yoan Valat/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22512709_000005

Je bats ma coulpe puisque par ce billet j’ajoute une pierre superfétatoire à cette comédie!


L’ancien Premier ministre Edouard Philippe a mis en garde contre le risque pénal qui empêcherait les politiques d’agir. Je ne crois pas qu’il ait raison mais ce sujet est trop sérieux pour être mêlé au badinage qui va suivre.

Badinage certes mais très révélateur de notre étrange conception de la démocratie, de cette République des petites phrases, dont nous raffolons et qui vise à donner à toute force à une indéniable normalité, un tour sulfureux, presque provocateur. Telle une information capitale.

Lors des cérémonies du 11-Novembre à l’Arc de Triomphe, Emmanuel Macron a salué François Hollande après Nicolas Sarkozy et un dialogue de très haut niveau entre les deux premiers a été relevé. Hollande questionne : « Ça va, pas trop dur en ce moment ? » et le président semble avoir répondu, s’il n’y a pas d’erreur : « C’est rien de le dire, merci d’être là, il faudrait qu’on en parle » (Le Point).

Il paraît que Nicolas Sarkozy en est resté interloqué. Il n’y a pas de quoi.

On s’est interrogé sur l’intention de François Hollande en lui prêtant d’emblée un dessein pervers, une jouissance sadique parce qu’il posait une question qui au fond était un pur constat. En effet, c’est « dur » en ce moment.

Il ne fait aucun doute que Hollande qui a été manipulé par Macron au point de ne rien percevoir des agissements ambitieux de quelqu’un qu’il avait pris sous son aile, fera tout ce qu’il pourra pour empêcher en 2022 la réélection de celui qui l’a trahi. Mais il n’en demeure pas moins que leurs échanges d’une extrême banalité, le 11-Novembre, relèvent d’une politesse républicaine et ce n’est pas parce que deux personnalités ne s’aiment pas, ou plus, que tout propos dérisoire émanant de l’une ou de l’autre doit devenir un événement.

Je suis effaré de voir que dans une France qui croule à tous points de vue, ces futilités anecdotiques prennent encore une telle place. Je bats ma coulpe puisque par ce billet j’ajoute une pierre superfétatoire à cette comédie.

Stupéfiant ! Le président et François Hollande ont échangé quelques mots…

Mais on est en France où rien n’est simple.

Le Mur des cons

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Les Français exigent des actes contre les islamistes qui les menacent sur leur sol

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Rassemblement en souvenir de Samuel Paty à Douai, le 21 octobre 2020 © FRANCOIS GREUEZ/SIPA Numéro de reportage : 00987105_000007.

Quatre Français ordinaires écrivent à nos dirigeants


Nous sommes des Français ordinaires. Nous n’avons pas habituellement l’occasion d’être publiés dans les journaux à grande diffusion. Nous espérons cette fois-ci que nous le serons. L’assassinat de l’enseignant d’histoire, M. Samuel Paty, nous oblige en effet à porter notre voix de simples parents d’enfants scolarisés dans le système français en France et à l’étranger, non affiliés à des associations de parents d’élèves.

Cela fait à présent huit ans, depuis les odieux assassinats à Toulouse d’écoliers juifs et de militaires français de confession musulmane, que la France est ouvertement attaquée par ceux qui sont communément désignés « islamistes ».

Ces intégristes musulmans sont pour l’essentiel envoyés ou missionnés par des organisations étatiques ou paraétatiques étrangères dont le sinistre dessein politique est de substituer aux valeurs de la République celles de la charia. Ceux qui officient sur le territoire national en faveur de ces organisations extrémistes devraient déjà être poursuivis sur le fondement de l’article 411-4 du Code pénal qui sanctionne l’intelligence avec l’ennemi.

Si les hauts fonctionnaires qui nous gouvernent, plus enclins à la rhétorique qu’à l’analyse du réel, plus investis dans la préservation de leurs positions qu’à l’âme vibrante du pays ne s’y résolvent pas, alors ils devront laisser la place à ceux qui n’acceptent plus de la voir piétinée

Le monde occidental est visé et en Europe la France, à cause de son passé colonial, du poids démographique des musulmans et de son approche assimilatrice constitue la cible privilégiée des islamistes, comme le prouvent hélas les chiffres macabres

Des marches blanches et des bougies allumées au pied des monuments jalonnent les réactions spontanées des Français, auxquels les gouvernants jurent qu’ils combattront l’islamisme, quand ils osent le nommer, puis qu’ils défendront – à raison – la liberté d’expression. 

Toutefois, l’heure n’est plus aux discours, au lyrisme ou aux promesses. En tant que citoyens et parents d’élèves, nous exigeons des actes.

En effet, force est de constater qu’après Toulouse, la terreur est de retour dans le milieu scolaire. Force est aussi de constater, comme pour Charlie, que des invectives et des menaces de mort proférées à l’égard de la future victime ont trouvé leur exécutant. Cette fois-ci encore plus rapidement entre le moment où l’enseignant a montré les caricatures du « prophète » en classe et le moment où il a été lâchement assassiné.

Gérald Darmanin doit passer aux actes

Cette évolution, rapide, doit conduire les gouvernants à admettre et à reconnaître publiquement leur échec, plutôt que de tenter de vendre un espoir vain dépourvu de moyens et d’action. 

Oui, comme notre ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, nous souhaitons que la peur change de camp. Mais quelles mesures concrètes, efficaces et immédiates seront prises sur la durée?

Manifestation à Bordeaux le 18 octobre 2020 après l'assassinat du Samuel Paty © SIPA Numéro de reportage: 00986500_000015
Manifestation à Bordeaux le 18 octobre 2020 après l’assassinat du Samuel Paty © SIPA Numéro de reportage: 00986500_000015

Certes, il est impératif de poursuivre les parents d’élèves et toute personne qui, en réclamant la démission de l’enseignant Paty, en l’insultant publiquement ou en colportant des rumeurs infondées, ont participé de près ou de loin à cet assassinat effroyable mais ne doit-il pas en être de même des collègues de M. Paty et des représentants de l’éducation nationale qui, par silence ou action, se seraient rendus coupables de complicité ? 

L’initiative de certains départements d’organiser une journée par an, dans les collèges, consacrée à la liberté d’expression est de bon augure. Elle pourrait offrir aux enseignants l’opportunité de faire réfléchir les enfants sur des caricatures politiques, culturelles ou religieuses (Jésus, Bouddha, Mahomet, Moïse, etc.). Cette initiative devrait être généralisée à l’ensemble du pays et particulièrement à ces zones de non droit où la République n’a plus voix au chapitre. Cet événement constituerait un grand moment républicain et les professeurs se sentiraient protégés par l’État (dans certains quartiers, près de la moitié des professeurs avouent s’autocensurer sur certains sujets en classe !). 

À l’issue de ce cours, tous les élèves sans exception chanteraient la Marseillaise devant le drapeau national pour réapprendre la fierté de leur héritage, qu’il soit filial ou d’adhésion. Il ne s’agit ici que de bon sens, et nous ne voyons pas de meilleure solution pour récupérer l’espace perdu par la République dans les écoles. Toute cérémonie ou autre discours reste superflu et inefficace. 

De plus, nous demandons la suspension immédiate de la mesure annoncée par le président Macron de renforcer l’enseignement de l’arabe dans les écoles. Libre à ceux qui souhaitent apprendre toute langue étrangère de s’y adonner, sans que l’État n’ait à prendre des mesures qui ne relèvent pas de l’intérêt général. La langue arabe, aussi importante soit-elle culturellement et historiquement, est intrinsèquement liée à la culture et à la religion musulmane. C’est la langue du Coran. La difficulté réside dans le fait qu’actuellement, 74 % des Français musulmans de moins de 25 ans affirment que la loi islamique prime sur la loi de la République (sondage Ifop publié le 2 septembre 2020). Une telle mesure ne ferait que renforcer ces jeunes dans leur conviction et étendre le risque de la propagation de l’idéologie islamiste à ceux qui en sont épargnés, voire qui la réprouvent. Ce n’est pas l’enseignement de l’arabe qu’il faut renforcer mais celui du français ! 

Nous réclamons un audit de grande envergure dans l’éducation nationale pour identifier ceux qui, parmi les enseignants et le personnel administratif, cultivent des idées proches des islamistes. 

D’une manière générale, il faut expulser tous les fichés S étrangers, y compris ceux ayant la double-nationalité et suspendre dans cette attente les entrées de réfugiés. Cela doit inclure bien évidemment ceux qui ont fait l’objet d’une reconduction à la frontière mais qui se trouvent toujours inexplicablement présents sur notre territoire.

Accélérons et amplifions le mouvement

Nous exigeons enfin la dissolution des associations et groupuscules islamistes (frères musulmans, salafistes …) qui véhiculent la violence morale ou physique à des fins politiques avérées ou non. Nous nous félicitons des déclarations du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui vont dans le bon sens. Nous demandons que cette action s’inscrive dans la durée. 

Ces mesures n’ont pas pour objectif de s’en prendre aux musulmans. Bien au contraire, elles permettront à l’immense majorité de nos compatriotes musulmans de se sentir protégés par la République. Elles visent plus généralement à protéger les Français, quelle que soit leur foi, d’un ensemble d’actions violentes qui à première vue n’ont aucun lien entre elles mais qui en réalité, sont la conséquences de politiques passives depuis les années 70.

De 1789 à 1873, la République a mis près d’un siècle à s’imposer. Depuis huit ans, celle-ci est contestée et fragilisée dans ses fondements. Les mesures que nous préconisons, si elles sont appliquées, la renforceront davantage que tout discours ou toute manifestation.

Seront-elles mises en œuvre ? Nous l’espérons plus que jamais, car il y a urgence à agir, tout autant qu’à en finir avec la duplicité et la lâcheté à l’œuvre depuis 40 ans. 

Au fond, l’islamisme n’a pu prospérer que parce que de nombreux élus ont acheté la paix sociale par la compromission ou la peur d’être taxés de tous les maux.

Ces élus doivent désormais être dénoncés et combattus.  C’est aujourd’hui qu’il faut résister et répondre avec fierté que les valeurs de la République priment sur toutes autres, dans l’intérêt général et au profit de chacun.

Si les hauts fonctionnaires qui nous gouvernent, plus enclins à la rhétorique qu’à l’analyse du réel, plus investis dans la préservation de leurs positions qu’à l’âme vibrante du pays ne s’y résolvent pas, alors ils devront laisser la place à ceux qui n’acceptent plus de la voir piétinée : intellectuels, artistes, entrepreneurs, enseignants, soignants, artisans, agriculteurs, pompiers, policiers, militaires ; citoyens de droite, de gauche, catholiques, musulmans, juifs, athées, salariés du public et du privé, tous réunis par leur indéfectible attachement à la République et ses valeurs, et pour lesquels la liberté de conscience et d’expression ne sont pas négociables. Ne laissons pas cette opportunité de reprendre la République aux extrémistes de tous bords qui conduiront le pays à la partition.

Des voix anonymes ou plus connues se lèvent, des livres, des articles et des éditoriaux se multiplient. Accélérons ce mouvement, reprenons la main au travers de mesures fortes et de bon sens, pour que nos enfants, libres, puissent continuer à s’épanouir dans un pays Libre, et insoumis à l’obscurantisme.

Jean-Luc Laffineur, Serge Bouganim, Hervé Michelin, Valentin Chantereau.

Emmanuel Macron se serait-il trompé de tombe?

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La président Macron devant le cercueil de Maurice Genevoix au Panthéon, le 11 novembre 2020 © Ludovic Marin/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22512709_000040.

Le chef de l’État a célébré hier l’Armistice de 1918 et l’entrée de Maurice Genevoix au Panthéon. Ces apparitions se sont inscrites dans une semaine particulièrement symbolique, qui avait débuté avec la commémoration des cinquante ans de la mort du Général. Mais hormis la fonction, il est difficile de trouver un lien unissant les deux hommes, dont les appels à la résilience trahissent une envergure bien inégale.


Un an avant de conquérir l’Élysée, Emmanuel Macron – alors Ministre de l’Économie – disait : « Le poison des nationalismes revient, insidieux, qui consiste à penser que chacune et chacun ferait mieux par lui-même : c’est faux. » Il préconisait même « Nous devons approfondir cette Europe, nous devons aller au-delà de nos précautions traditionnelles» lors d’une intervention au Collège d’Europe. Des propos de nature à froisser le lieutenant puis capitaine de la Grande Guerre, qui fut blessé à plusieurs reprises, emprisonné en 1916, et dont la conception de l’Union européenne n’avait rien à voir avec l’organisation maastrichtienne mise en place durant son dernier sommeil.

Suspicieux face aux traités de Rome, Charles de Gaulle n’a eu de cesse d’exprimer sa défiance vis-à-vis de ce qui finalement se réalisa : extension des pays membres, déséquilibre du marché du travail français consécutif à son ouverture, émergence d’une Europe fédéraliste et supranationale venue se substituer à celle des nations ; le tout sur fond d’infiltration américaine (il opposa deux fois son veto à l’intégration du Royaume-Uni dans la CEE, craignant qu’il soit le « cheval de Troie » des États-Unis, dont l’hégémonie future valida le pressentiment français). Sa « France en grand », grâce au fameux « levier d’Archimède » que devait constituer l’Europe, n’est jamais advenue.

La culture française pour les nuls

Pour Emmanuel Macron, « il n’y a pas une culture française ». À l’opposé, l’homme du 18 juin clamait que « La culture domine tout, elle est la condition sine qua non de notre civilisation. » Lui, qui associait la culture à une arme pour la grandeur du pays, avait créé quelques années auparavant un ministère des Affaires culturelles, dont Malraux – tout premier « ministre de la Culture » – exposait l’ambition : « Le ministère chargé des affaires culturelles a pour mission de rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France ».

A lire aussi, Jean-Frédéric Poisson: Ce n’est pas simplement qu’Emmanuel Macron méprise les corps intermédiaires, c’est qu’ils sont un obstacle à son projet

De Gaulle se passionnait pour la culture, à commencer par les mots ; durant sa captivité, il dévora les livres de la bibliothèque du fort n°IX d’Ingolstadt. Ces mots, qu’il maîtrisait si bien, ne lui étaient pas dictés par un prompteur. Son éloquence et sa capacité à s’improviser – sans notes – porte-voix de la Nation symbolisent une période révolue, qui a désormais fait place à une parole technocratique froide, mécanique, filtrée par une horde de conseillers énarques et biberonnés au management.

Colombey-les-Deux-Mosquées

On jauge un dirigeant à sa capacité à anticiper les écueils et dessiner la France de demain. La politique migratoire des deux hommes nous laisse elle aussi imaginer l’inimitié qu’ils auraient partagée. Durant sa campagne, le candidat Macron a su flatter les populations d’origine étrangère. Dans sa désormais célèbre anaphore où il listait fièrement les nationalités qui d’après lui constituent le peuple marseillais, il ne cachait pas ses penchants immigrationnistes. D’ailleurs, après trois années aux commandes de l’État, l’augmentation des premiers titres de séjour délivrés (274000 en 2019, c’est-à-dire 27000 de plus qu’en 2017) confirme l’accomplissement de sa politique.

Ce mercredi, autour de la flamme éternelle du soldat inconnu, étaient également présents les anciens présidents Sarkozy et Hollande, responsables à eux deux d’une augmentation de près d’un tiers des admissions au séjour. De Gaulle, au contraire, craignait l’immigration massive motivée par des raisons économiques. Tout en soulignant l’identité chrétienne de la France, il mettait en avant l’impossible intégration de minorités qui par le nombre deviendraient inéluctablement discordantes. Sa fameuse phrase rapportée par Alain Peyrefitte « Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Eglises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! » jure avec les propos du fondateur d’En Marche !.

Je vous conseille plutôt les cendres de Jean Monnet

Dans un souci de cohérence, notre président n’aurait-il pas dû plutôt – profitant de la panthéonisation de Maurice Gevenoix – rendre visite à Jean Monnet, banquier, chantre du libre-échange, et bâtisseur d’une Europe que de Gaulle n’aurait jamais voulu voir éclore ? S’il souhaite inscrire cet hommage à son agenda commémoratif, je l’invite alors à ressasser, lorsqu’il remontera la rue Soufflot pour s’approcher de la nécropole où reposent les cendres de ce père de l’Europe, les mots du général initiateur de la France libre :

“À quelle profondeur d’illusion ou de parti pris faudrait-il plonger, en effet, pour croire que des nations européennes, forgées au long des siècles par des efforts et des douleurs sans nombre, ayant chacune sa géographie, son histoire, sa langue, ses traditions, ses institutions, pourraient cesser d’être elles-mêmes et n’en plus former qu’une seule ?”