Accueil Site Page 1084

Lettre à Ramy

0

Jean Messiha répond à un jeune musulman gêné quand on parle d’incompatibilité entre l’islam et la République.


J’ai décidé aujourd’hui de répondre publiquement à une lettre extrêmement touchante que m’a adressé un Français de confession musulmane né en France et qui se dit pleinement Français, laïque, patriote et attaché à l’histoire et à la culture françaises. Son engagement dans un des corps de réserve de nos armées témoigne incontestablement de ce patriotisme. 

Ramy – c’est son prénom – commence par m’avouer sa gêne quand je parle de l’incompatibilité entre l’islam et la République. Il évoque son inquiétude devant l’amalgame entre islam et islamisme et son angoisse à l’idée que puisse advenir une ère où les musulmans seraient traités comme les Juifs le furent durant les heures sombres. Il ne veut pas d’un clivage « eux » contre « nous », « eux » étant les musulmans catalogués « ennemis de l’intérieur » et « nous » entendez les Français du peuple historique et assimilés. Il argue que de nombreux immigrés issus du Maghreb et d’Afrique se fondent parfaitement dans le creuset national.       

Il reconnaît aussi, et je le cite, « que nous avons un problème avec une partie de notre population, qui sont les Maghrébins et les Noirs » et que « ce problème est culturel et nullement religieux ». Ce sont ses mots. Il pense que « cela résulte du recul de nos valeurs, par cette gauche putride qui pendant des décennies, a détruit les symboles que réunissait tous les Français, au profit du communautarisme. » 

Il souhaite une règlementation de l’islam en France, comme l’a fait Napoléon avec les Juifs, et l’instauration d’un islam de France qui respecte les valeurs de la République, et ne veut pas de ce qu’il appelle « l’intervention de ces bédouins du Moyen-Orient qui se veulent le porte-parole de l’islam en France ».

Cher Ramy je veux vous répondre point par point.

Vous faites partie de toute cette frange de l’immigration arabo-afro-musulmane qui est devenue pleinement française et qui a, en effet, enrichit notre pays. Cela est incontestable et indiscutable. Mais cette frange de l’immigration ne saurait être l’arbre qui cache la forêt. Ici comme ailleurs, il faut éviter les amalgames. L’immigration « richesse » ne saurait représenter à elle seule toute l’immigration en France. La vérité est cruelle : une grande partie de l’immigration arabo-afro-musulmane ne nous « enrichit » pas, bien au contraire. Et nous le constatons tous les jours. 

Affirmer qu’il n’existe aucun lien entre l’immigration, l’islamisation, la radicalisation et le terrorisme relève d’une inquiétante cécité ou de la pure bêtise

S’agissant du lien entre immigration, islam et islam radical, j’ai eu maintes fois l’occasion d’expliquer ma position, basée sur une analyse factuelle. L’immigration massive de ce dernier demi-siècle, et en particulier depuis le tournant des années 80, est principalement musulmane. On sait qu’au sein de toute population musulmane il existe un pourcentage de moins en moins négligeable d’adeptes de l’islam radical et, au sein de ces derniers, d’une minorité prête à passer à l’acte terroriste. Il n’est évidemment pas question de dire que tous les musulmans sont des radicaux ni que tous les radicaux sont des terroristes. Il n’y a pas un périmètre défini où pourraient se loger de manière entière et symétrique l’islam, l’islamisme et le terrorisme. En clair, on ne peut ni dire ni écrire « islam = islamisme = terrorisme ». 

Mais il y a bien un continuum, un lien causal entre les trois, résumé par la formule désormais consacrée : « tous les musulmans ne sont bien évidemment pas des terroristes, mais en France tous les terroristes sont des musulmans ». Affirmer, comme le font les « progressistes » et autres gauchistes, qu’il n’existe absolument aucun lien entre l’immigration, l’islamisation, la radicalisation et le terrorisme relève d’une inquiétante cécité quand ce n’est pas de la pure bêtise.

A lire aussi, du même auteur: Pourquoi je continuerai d’aller chez Cyril Hanouna

Le risque de la séparation et de l’hostilité mutuelle que vous pointez du doigt dans votre lettre, cher Ramy, existe bel et bien. Le cas échéant, elles seraient terribles pour les femmes et les hommes comme vous et moi venus d’ailleurs et devenus d’ici. Ils seraient piégés entre d’une part ceux qui leur ressemblent extérieurement mais sont les adversaires de la République française et d’autre part, un peuple historique qui « en a marre de ces immigrés », tous pour l’occasion mis dans le même sac.

Le risque d’un face-à-face, pour reprendre les termes de l’ancien ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, n’a rien d’inévitable et il faut tout faire pour l’éviter. Il existe un moyen d’exorciser un tel scénario qui est aujourd’hui clairement du domaine du possible et peut-être même du probable.   

Gérard Collomb lors de son départ du ministère de l'Intérieur, 3 octobre 2018. ©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Gérard Collomb lors de son départ du ministère de l’Intérieur, 3 octobre 2018. ©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Avant d’y arriver, dressons d’abord un diagnostic équilibré. La République française a été fondée par un peuple et sur sa civilisation. Le peuple était celui qui vivait sur cette terre depuis toujours. Il était européen et le reste encore majoritairement mais de moins en moins. Sa civilisation était un savant mélange de christianisme, de judaïsme et d’agnosticisme voire d’athéisme. L’islam n’a pas plus participé à la fondation de la nation française qu’à la création de sa République. Et il est plus que probable qu’une France musulmane ne serait jamais devenue la République laïque qu’elle est depuis 1905. L’islamisation est récente et a été rapide à l’échelle de notre histoire. Elle ne résulte pas de la conversion massive du peuple historique à l’islam, mais bien de l’immigration. 

Il existe d’ailleurs déjà une forme d’islam de France : c’est celui des gens comme vous. Comme la quasi-totalité des Français « de souche » votre foi est discrète et je n’imagine pas votre compagne voilée pour témoigner de sa soumission à Allah ou pour afficher sa « pudeur ». 

Hélas, vous n’êtes pas majoritaire et vous le savez. La majorité de l’islam en France est d’inspiration wahhabite et parfois salafiste, dominé par la pensée néfaste des Frères musulmans. Cet islam est d’ailleurs davantage incompatible avec la société française qu’il ne l’est avec la République du même nom. 

Face à cette dérive qui transforme chaque jour le visage identitaire de notre pays, il y a effectivement des remèdes.

La réglementation de la religion du Prophète ne me parait pas une bonne solution car l’Etat laïc n’a pas à s’ingérer dans l’organisation d’une foi religieuse quelle qu’elle soit. Il ne peut ni ne doit exiger des musulmans davantage que ce qu’il exige des autres croyances dans notre pays. En revanche, il faut fermement et vertement opposer à l’impérialisme salafo-wahhabite une laïcité de combat qui ne passe rien et ne cède sur rien. 

D’aucuns affirment que le « séparatisme » islamique et indigéniste, qui est en fait  un colonialisme ethno-identitaire, a d’importantes causes sociales telles que la « ghettoïsation » et le chômage. C’est sans doute en partie vrai. Ce que je conteste dans cette analyse est le doigt accusateur pointé vers la France. Il faut le dire et le répéter de la manière la plus catégorique et solennelle qui soit : non la France n’a jamais « parqué » personne dans des quartiers réservés ; non la France n’a pas provoqué un chômage élevé chez les immigrés arabo-afro-musulmans.

Il y a une invraisemblable aporie consistant à s’acharner à franciser l’islam en France tout en s’acharnant à défranciser la France

Ces immigrés se sont installés là où leurs faibles revenus leur permettaient de se loger et leur taux de chômage élevé résulte très majoritairement d’un niveau d’études en moyenne inférieur à celui de la population d’origine européenne et asiatique. Bien sûr, comme dans toute situation socio-économique les causes sont complexes. 

Mais le succès de l’intégration des communautés chrétiennes d’Orient, indochinoises et chinoises ainsi que d’une partie des autres immigrations extra-européennes montre qu’il n’y a pas d’obstacles structurels posés par les « Blancs » à l’égard des « non-Blancs ». Vous et moi, mon cher Ramy, en sommes des preuves d’autant plus emblématiques que nous ne sommes pas les seuls, très loin de là !    

Le retour à la croissance et au plein emploi peut être un facteur majeur d’intégration pour tous ceux qui veulent s’en sortir et vivre Français en France. La qualité de la politique économique menée à partir de 2022 sera donc, sur ce point en tous cas,  déterminante.  

L’école de la République a été salopée dans des territoires entiers de notre pays. Elle doit être nettoyée de ses errements différentialistes et vidée des voyous qui en perturbent le fonctionnement en particulier dans les quartiers qui n’ont plus de populaires que le nom mais sont bel et bien alter-identitaires. Ainsi, l’école peut redevenir la belle machine assimilatrice qu’elle fut.

Mais la condition sine qua non de toute résolution durable de la fracture identitaire qui nous mine c’est un changement drastique de notre politique migratoire. 

On ne peut pas espérer une francisation de l’islam si chaque jour débarquent dans notre pays des femmes et des hommes qui charrient l’islam rétrograde du Maghreb ou du Moyen-Orient et je ne parle même pas de l’Asie islamique (Afghanistan, Pakistan, Tchétchénie, etc.). Il y a une invraisemblable aporie consistant à s’acharner à franciser l’islam en France tout en s’acharnant à défranciser la France !

De surcroît, on ne peut espérer résorber la pauvreté si chaque jour débarquent des gens dénués de tout et qui viennent alourdir la charge pesant sur un système social déjà à bout de souffle.   

A lire aussi, Cyril Bennasar: À la «French Pride», on se tient bien

Aucun problème n’a de solution sans l’arrêt des causes qui le créent. La paix future est à ce prix. Ceux qui nous racontent que nous pouvons nous islamiser et nous « tiers-mondiser » un peu plus chaque jour que Dieu fait et « en même temps » construire un avenir meilleur pour la France nous mentent et nous détruisent. 

Alors mon cher Ramy, il faut que cette immigration assimilée à laquelle vous appartenez se rallie au camp de la France pour dire STOP. La maison est pleine à craquer, la diversité c’est bien, mais là, on a fait le plein voire le trop plein. Comme le montrent tant d’exemples autour de nous, des pays d’Europe centrale et orientale aux pays du Maghreb et d’ailleurs, l’homogénéité est aussi une très belle qualité et notre nation en manque de plus en plus cruellement. 

Pour conclure, je vous fais une promesse. Quand le camp de la France arrivera au pouvoir en 2022, jamais nous ne laisserons qui que ce soit s’en prendre à des Français parce qu’ils sont « basanés » ou portent des noms qui ne font pas « gaulois » ou croient en tel ou tel Dieu. Jamais, ô grand jamais, nous ne créerons ou n’accepterons de quelconques discriminations entre nous. 

Car nous sommes inébranlablement convaincus que oui, la France est et restera une et indivisible. Mais c’est unis dans la préservation de notre identité, qui n’est pas fondée sur la race mais qui reconnait l’européanité historique de la France hexagonale, que nous rebâtirons une France dont nos descendants seront fiers et heureux d’y vivre.

Madrid: mais comment font ces drôles d’Ibères?

0

Après avoir particulièrement souffert du coronavirus au début de l’épidémie en 2020, la capitale espagnole fait désormais le choix de laisser commerces, restaurants, bars ou cinémas ouverts jusqu’à 23 heures, sous l’impulsion de la présidente régionale de droite, Isabel Díaz Ayuso.


Officiellement détecté pour la première fois en Espagne sur l’île de La Gomera (Canaries), le 31 janvier 2020, le coronavirus de Wuhan apparaît en péninsule Ibérique le 24 février suivant. L’histoire est désormais bien connue : en quelques semaines, l’épidémie s’emballe, touchant de plein fouet un pays qui s’y était mal préparé. À la mi-mars 2021, un peu plus de 72 000 personnes sont décédées en Espagne de ce virus.

Dépassé par les événements, le gouvernement de Pedro Sánchez (Parti socialiste ouvrier espagnol) et Pablo Iglesias (Unidas Podemos) décrète le 15 mars l’un des confinements nationaux les plus durs au monde. Il finit par le lever le 21 juin. Dans l’intervalle, les images en provenance d’Espagne font le tour du monde. La situation dans la capitale semble particulièrement alarmante car sa région administrative, la Communauté de Madrid, encaisse le choc le plus rude de cette première vague en tant que porte d’entrée du pays. Une guerre politique éclate alors entre gauche et droite d’un côté et entre région et État central de l’autre. Elle aboutit d’une certaine façon aux événements du mois de mars 2021, au cours desquels la présidente régionale de droite, Isabel Díaz Ayuso (Parti populaire), dissout le Parlement madrilène et appelle à de nouvelles élections pour obtenir une majorité plus confortable.

Un « miracle » sur le Manzanares?

La fin du confinement national marque le retour à la gestion de la santé publique par les communautés autonomes espagnoles, qui en ont la compétence exclusive depuis la fin des années 90.

C’est justement la stratégie mise en place par les autorités madrilènes qui interpelle aujourd’hui. Du Financial Times aux agences de presse allemandes en passant par les journaux espagnols, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’étrange « miracle » qui caractérise la cité du Manzanares et son aire urbaine après le 21 juin 2020 : les citoyens circulent librement jusqu’à 23h ; tous les commerces sont ouverts ; restaurants et bars fonctionnent malgré certaines restrictions ; musées, théâtres, cinémas, etc. continuent d’accueillir du public… et le coronavirus n’affecte pas davantage Madrid que d’autres communautés autonomes espagnoles. Mieux encore : alors que l’économie espagnole ne rebondit que de 0,4 % au dernier trimestre 2020 (après avoir subi un grave choc), la Communauté de Madrid croît de plus de 4 % sur la même période. Elle est d’ailleurs l’une des seules capables de créer de l’emploi.

A lire aussi: Covid en Tanzanie: prends l’oseille et tire-toi!

Certes, la région est celle qui affiche le plus grand nombre de cas de coronavirus au total (605 000 au 16 mars 2021) mais elle n’atteint « que » 213 décès par tranche de 100 000 habitants, moins que la Castille-La Manche, la Castille-et-León, l’Aragon et La Rioja – quatre régions qui ont largement paralysé leur activité. Isabel Díaz Ayuso insiste à de nombreuses reprises sur ce sujet, parfois pour mieux défier la gauche qui la presse de fermer la plupart des lieux publics : il s’agit de limiter le moins possible la liberté de se déplacer, d’acheter, de vendre, d’entreprendre, de se divertir – au fond, de vivre « normalement ».

Quelques pistes de réflexion

Mais comment la Communauté de Madrid obtient-elle des résultats économiques encourageants et affiche-t-elle en même temps des statistiques sanitaires moins inquiétantes qu’ailleurs en Espagne ?

La réponse n’emprunte rien au miracle que certains pointent et repose sur un ensemble de facteurs:

  • Une grande réactivité politique, puisque Díaz Ayuso est, en février 2020, l’une des premières dirigeantes régionales espagnoles à demander au gouvernement central de prendre des mesures fermes contre le virus (mais aussi car elle prend acte des difficultés de l’exécutif de Pedro Sánchez à se fournir en masques et en matériel l’année dernière en ayant recours de façon efficace à ses propres réseaux de livraison) ;
  • Une planification sanitaire qui la pousse à distribuer des masques FFP2 dès l’été 2020 (ce qui lui vaut les critiques de l’État central, avant que ce dernier ne se mette à en acheter lui aussi en 2021), à généraliser les tests rapides en pharmacie et à démocratiser précocement l’accès à la technologie antigénique ;
  • La construction en un temps record (environ six mois) d’un centre de soin en dur, l’hôpital Isabel-Zendal, conspué par certains pour son coût et ses carences supposées mais qui permet d’absorber une large partie de l’onde de choc de la troisième vague de coronavirus ;
  • La création de zonas básicas de salud (ZBS), qui facilitent la mise en œuvre de contrôles localisés (à l’échelle d’une commune ou d’un quartier lorsqu’ils sont très touchés par la maladie) sans confinement mais avec une surveillance spécifique ;
  • Une campagne de vaccination massive dans des stades, des palais omnisports ou des salles de concerts afin d’accélérer la cadence en 2021 ;
  • Plus globalement, une confiance accordée aux citoyens et à leur bon sens, le tout afin de ne pas bloquer l’activité sociale et économique.

Bien entendu, la vie n’est pas un long fleuve tranquille pour la Communauté de Madrid, secouée par la démission de plusieurs autorités sanitaires régionales et des scandales liés, par exemple, à la gestion des maisons de retraite durant la pandémie. Néanmoins, cette autonomie s’en sort globalement mieux que ses consœurs espagnoles. Elle attire même depuis fin 2020 de nombreux touristes français en quête de culture et de convivialité autour d’un verre ou d’un plat.

Entre temps, Isabel Díaz Ayuso (qui remet son poste en jeu le 4 mai prochain) a acquis l’image d’infatigable avocate des libertés individuelles, pour le pire et le meilleur. Elle se voit même acclamée et citée en exemple par les restaurateurs d’autres régions (comme la Catalogne), auprès desquels elle défend sa vision de la liberté en période de crise.

Comprendre l'Espagne d'aujourd'hui. Manuel de civilisation

Price: 19,90 €

10 used & new available from 18,00 €

Pipi, Caca, Sang


On sait enfin par quoi les adeptes de la « cancel culture » veulent remplacer notre belle civilisation: par celle du pipi-caca-sang.


Faire pipi debout pour les femmes et assis pour les hommes est un nouveau marqueur de civilisation, on le sait.

Restent les deux autres ingrédients.

La cérémonie des César 2021 commence. Marina Foïs s’avance, la main droite gantée. Elle se penche et ramasse quelque chose par terre « Ah, encore une merde qu’a laissée Foresti ! » crie-t-elle bien fort, afin que nul ne l’ignore. Florence Foresti, rappelons-le, présidait la cérémonie des César l’an dernier… Le ton est donné. Mais le pire est à venir.

Corinne Masiero, Capitaine Marleau à l’écran – une « commissaire » peu « genrée », en guerre contre les codes, et à l’humour dévastateur -, arrive déguisée en « peau d’âne ». Tenue révélatrice, puisque c’est pour échapper à une union incestueuse avec son père que peau d’âne, dans le conte, se revêt de cette peau d’animal et s’enfuit du château paternel, allant s’engager dans une ferme comme femme à tout faire…

Soudain, sans nous laisser philosopher plus avant sur le sens de ce choix vestimentaire, l’actrice se dénude, offrant aux regards son corps… couvert de sang.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Ceci est mon sang

Du sang menstruel, évidemment, puisque c’est la mode en ce début d’année 2021. Même Macron, sans doute peu porté par nature sur cette spécificité biologique féminine a concédé – à la demande de LFI – la gratuité des protections hygiéniques aux étudiantes. Serviettes hygiéniques mais aussi Tampax. Afin qu’on n’oublie pas leur existence, Corinne Masiero en a accroché deux, usagés bien sûr, en guise de boucles d’oreilles.

Donc finalement, ce sera Pipi-Caca-Sang. 

À mon sens la grande Corinne eut été plus crédible dans le rôle des canuts qui chantaient en 1893 : « C’est nous les canuts, nous sommes tous nus… ».

La gestion politique du coronavirus a mis les acteurs à poil. Et pas qu’eux. Cette stratégie obsessionnelle à objectif unique (avoir des lits de réa disponibles) a privé de revenus, d’avenir, de perspectives les hôteliers, restaurateurs, sportifs, taxis… et tant d’autres. La liste serait trop longue. Chacun de nous s’est vu confisquer des biens et des relations personnelles essentielles depuis un an, beaucoup ont basculé dans le désespoir, voire ont mis fin à leurs jours après une faillite, une séparation, ou une mort qu’ils n’ont pu accompagner de peur d’attraper ou de donner le fameux virus. Seuls les fonctionnaires et les politiques vivent normalement. 

Alors oui, capitaine Marleau, oui, il y a de quoi se révolter, et dans ce rôle mi-gilets jaunes mi drapeaux-rouges, tu fais mouche ! Mais que vient faire là le sang menstruel ?

Le but est-il de faire à la vue de ce sang – comme le chantait Jacques Brel – « des armées d’impuissants » ? La fin du mâle blanc ? Une nouvelle civilisation ? Enfin ? 

En regardant le lendemain des Cesar la télévision pour y chercher un démenti à mes craintes, j’ai au contraire cru voir à mon tour enfin un complot, oui ce fameux complot que chaque Français est censé chérir. Sur une chaine : « le malaise des transgenres en Namibie », sur l’autre « votre enfant vole, quelle solution ? Réponse : attendre qu’il travaille ; il n’aura alors plus besoin de voler »…. Je vous ferai grâce des 21 autres chaines…

 « Une civilisation » écrivait Gustave Le Bon « se crée en poursuivant un rêve. Quand l’élite a perdu son idéal, tour à tour les lumières s’éteignent ». Cet idéal moral, cet idéal de normalité, de décence, d’innocence, de beauté, nous le perdons un peu plus chaque jour, au moins dans les étranges lucarnes de nos télévisions, mais aussi de nos téléphones, tablettes et ordis assaillis chaque jour de vidéos YouTube emplies de « clash », de « scoops » tous à base de scandales, d’insultes, d’escalade dans la violence et l’horreur.

Le dernier scandale en date, donc, ce supplice réservé aux femmes: les règles.

Et donc, toi, Capitaine Marleau, toi qui aurais pu utiliser ta dégaine très populaire et ta célèbre gouaille ch’ti pour vitupérer contre les puissants qui affament le peuple, toi aussi tu as cédé à la tentation, au goût du sang.

A lire aussi, Nesrine Briki: Pierre Mortez réagit au discours «subversif» de Corinne Masiero: «c’est cela oui…»

Alors comme tu es intelligente, je t’explique. L’espèce humaine, comme les autres espèces, est ordonnée à sa reproduction. La femme peut faire des enfants de 12 à 50 ans. Jadis elles en faisaient tant, que les périodes « de règles » étaient réduites. À raison de neuf mois de grossesse plus deux ans d’allaitement suivis de près par la grossesse suivante, les périodes de gestation de six enfants et plus l’emportaient sur les périodes « réglées ». Aujourd’hui, quand nombre de femmes ont un, deux… ou pas d’enfant du tout, ça paraît long et inutile ces presque quarante années ponctuées chaque mois par une semaine ou tout devient difficile, travail, relations de couple, sorties, baignades…

Et alors quoi ? Après avoir « marché contre le climat », marchera-t-on contre les règles ? Exigera-t-on que les hommes les aient aussi ? Ou qu’ils fassent semblant et mettent eux aussi des couches-culottes par sympathie avec les femmes ? Greta va-t-elle dire qu’elles lui ont gâché son enfance ? 

Camarade Masiero vas-y, milite, « à fond les ballons » comme tu dis ! Sois le Capitaine Marleau déjanté qui sort de l’écran pour faire la leçon aux puissants. Nue, pourquoi pas ? On a vu pire… Mais sans plus de révérence pour ces « règles menstruelles » que tu n’en as pour les autres règles : de politesse, de bienséance, ou de hiérarchie.

L’écriture inclusive entre ignorance et hypocrisie


Le linguiste Alain Bentolila révèle l’impertinence et la niaiserie de l’écriture inclusive. Selon lui, répéter « celles et ceux » dans nos discours ne fait pas avancer d’un iota la cause des femmes!


Par ignorance et par hypocrisie, certain.e.s féministes de salon ont cru bon de dénoncer les errements d’une langue française dont les structures morphologiques et grammaticales refléteraient, renforceraient et légitimeraient la discrimination dont sont victimes les femmes en France. Ils ont accusé ainsi les marques de genre – celles qui distinguent les noms masculins des noms féminins (« porte » et « portail » par exemple) de manifester, par leur injuste distribution, un inacceptable mépris envers… les femmes. Des règles morphologiques « supporteraient » donc servilement les injustices sexistes et, par leur puissance normative, leur conféreraient une sorte de légitimité académique.

Le masculin qui l’emporte, une règle « scélérate »

De façon à éviter que les noms de métiers, titres, grades et fonctions n’existent qu’au masculin, il faudrait donc dire « une colonelle », « une députée », « une officière de la Légion d’honneur », « une préfète », « une auteure », « une écrivaine ». Et quand les mots sont épicènes (c’est-à-dire que leur forme ne varie pas entre masculin et féminin), le point sera utilisé en composant le mot comme suit : racine du mot + suffixe masculin + point + suffixe féminin. Il conviendra ainsi d’écrire « les sénateur.rice.s » plutôt que les « sénateurs ». Beaucoup de bruit pour rien, car ce que ces bons apôtres ne comprennent pas, c’est que lorsque l’on utilise un mode générique comme dans « les sénateurs sont élus par de grands électeurs », on se fiche complètement de savoir combien il y a de mâles et de femelles dans l’ensemble ainsi désigné : toutes et tous sont « sénateurs », et c’est la seule chose qui compte. Mieux même, toute précision de genre contredirait le choix du mode générique.

Des tics de langage aussi ridicules qu’inutiles

Avec encore plus d’insistance et d’indignation, est souvent exigé un immédiat retrait de la règle « scélérate » selon laquelle « dans l’accord de l’adjectif avec deux noms l’un masculin, l’autre féminin, c’est le masculin qui l’emporte ». Abus de pouvoir inadmissible ! Honteuse domination virile ! Inacceptable machisme ! La défense de la parité exigerait que l’on rétablisse le féminin dans ses « droits grammaticaux » et que l’on rende ainsi aux femmes leur dignité bafouée par une règle inique. On écrirait donc : « le toit et la façade étaient recouvertes d’ardoises » ; et non : « le toit et la façade étaient recouverts d’ardoise», permettant ainsi à la façade  » de faire valoir, sinon son  sexe, du moins son  genre. Que de niaiseries ! 

Lutte des classes grammaticales

Le chinois, le turc ou le japonais n’ont pas de genre grammatical ; en revanche, quelques langues ont une dizaine de genres, notamment en Afrique. Mais si seulement 200 langues ont des genres, tous les mammifères ont un sexe… Toutes les marques linguistiques sont arbitraires et tel est aussi le statut des indicateurs de genre. Leur distribution est largement aléatoire et n’a que fort peu à voir avec une indication de sexe. Le français possède en fait deux genres, l’un est dit masculin, l’autre est dit féminin. Il s’agit bien de marques de genre, permettant de lier entre eux les mots, et non pas d’indicateurs de sexe. En bref, tous les noms sont en français distribués en deux ensembles ; l’un qui exige par exemple l’article « la » ou « une » ; l’autre qui impose « le » ou « un » ; l’un qui activera la forme « petite » de l’adjectif, l’autre la forme « petit ». Le sens d’un nom ne permet pas, dans la plupart des cas, de prédire à quel ensemble il appartient. On voit donc combien il est absurde d’engager aujourd’hui une lutte des classes… grammaticales, alors qu’elles sont constituées de façon essentiellement aléatoire. Voir dans une convention morphologique sans aucune signification un complot machiste manifeste une totale ignorance des faits linguistiques, mais aussi une coupable hypocrisie. La distribution des noms en deux genres a une vertu essentielle, celle d’accorder les adjectifs et les participes passés avec les noms auxquels ils se rapportent. Autant on peut juger utile de corriger certaines incohérences d’orthographe d’usage, héritées des erreurs de quelques clercs égarés, autant il faut refuser que l’on néglige les règles des accords nominaux et verbaux, car on touche alors à la logique des phrases et du discours. Saluons l’élégance et la force de l’orthographe du français qui d’une seule lettre sépare l’amour de la malédiction dans « la mort de l’homme que j’ai toujours désiré(e) ».

J’ai personnellement une conscience aiguë du caractère inadmissible de la discrimination sexuelle. Je trouve absolument insupportable qu’elle sévisse encore aujourd’hui dans la vie politique, professionnelle ou familiale. Mais choisir le terrain linguistique pour mener cette bataille nécessaire, en mélangeant règle grammaticale et symbole social, c’est confondre les luttes sociales et le badinage de salon. C’est surtout faire injure à toutes celles qui sont sous-payées, qui supportent l’essentiel du poids de l’éducation des enfants et qui sont si mal représentées dans les lieux de pouvoir et de prestige. Il n’est de combat juste que celui que l’on mène lucidement contre l’injustice, l’inégalité et la brutalité qui pèsent sur les plus vulnérables. Ce combat doit tous nous mobiliser ! Alors, de grâce, ne nous égarons pas dans une bataille contre des règles de grammaire qui n’ont jamais causé le moindre tort à la cause des femmes. Ce n’est pas parce que notre président, servilement suivi par ses courtisans, nous sert à longueur de discours des « celles et ceux » et des toutes et toutes qu’il fait avancer d’un iota le statut des femmes dans notre société ; ces expressions sont devenus des tics ou des éléments de langage aussi ridicules qu’inutiles.

Nous ne sommes pas des bonobos: Créateurs et créatures

Price: 19,90 €

14 used & new available from 3,00 €

Ce régime juridique préférentiel qui favorise l’immigration algérienne


La France abrite une diaspora algérienne de 2,6 millions de personnes au minimum, dont 846 000 immigrés stricto sensu (les plus nombreux parmi toutes les nationalités représentées). Cette immigration a explosé durant les Trente Glorieuses: le nombre d’Algériens présents sur le sol français a été multiplié par 33 entre 1946 et 1972. Au titre de l’accord bilatéral du 27 décembre 1968, les Algériens bénéficient d’un régime dérogatoire plus favorable à leur immigration en France. Exemple d’avantage: la délivrance d’une carte de séjour de 10 ans leur est facilitée dans de nombreux cas.


Lors de sa première visite officielle en Algérie après son élection, au mois de décembre 2017, le président de la République Emmanuel Macron fut interpellé dans les rues de la capitale par de jeunes Algériens lui demandant « des visas » pour la France[tooltips content= »https://atlasinfo.fr/macron-visa-reclament-des-jeunes-algeriens-au-president-francais_a87875.html »](1)[/tooltips]. Cette scène faisait écho à celles observées lors de la venue de Jacques Chirac en 2003, lorsque celui-ci fut accueilli par des foules enthousiastes lui réclamant ce même octroi[tooltips content= »https://www.ledevoir.com/monde/21600/chirac-des-visas »](2)[/tooltips].

Les Algériens bénéficient d’un régime dérogatoire favorable à leur immigration

Ces moments marquants témoignent de l’attirance que la perspective d’une émigration en France continue d’exercer sur les nouvelles générations de ce pays, enlisé dans ses problèmes économiques et politiques. Une telle aspiration est encouragée et facilitée par le régime dérogatoire favorable dont les Algériens disposent dans leurs démarches d’admission au séjour, au titre de l’Accord franco-algérien (AFA) du 27 décembre 1968.

Survivance de la décolonisation, ce droit spécial pose question, compte tenu de la distance historique qui nous sépare désormais des accords d’Evian ainsi que de l’importante population algérienne déjà installée au fil des décennies.

Un peu d’histoire…

Les considérations historiques souvent évoquées à l’appui de ce statut privilégié nécessitent un retour sur l’histoire de l’immigration algérienne en France.

La conquête de l’Algérie par la France est réalisée entre 1830 et 1847, mettant un terme à la domination ottomane sur cette partie de l’Afrique du Nord – qui n’a alors jamais été constituée en Etat souverain. Les premiers départs significatifs de ses habitants indigènes vers la métropole n’ont cependant lieu qu’en 1916 : 80 000 travailleurs algériens (sur 190 000 travailleurs coloniaux au total)[tooltips content= »Daniel LEFEUVRE, Pour en finir avec la repentance coloniale, Flammarion, 2006. Chapitre 9, p.144 « ](3)[/tooltips] rejoignent alors les usines et les champs d’une France dont la population active se trouve largement mobilisée sur le front de la Première Guerre mondiale. Cette main d’œuvre est quasi-intégralement rapatriée au terme du conflit[tooltips content= »Bertrand NOGARA et Lucien WEILL, in Jacques DUPAQUIER (dir.) Histoire de la population française. Tome III, Presses Universitaires de France, 1995. »](4)[/tooltips].

Les Algériens comptent peu dans la vague d’immigration que la France connaît dans l’entre-deux-guerres. En 1931, plus de 9 travailleurs immigrés sur 10 sont originaires de pays européens[tooltips content= »Daniel LEFEUVRE, op. cit. »](5)[/tooltips]. Les rares Algériens bénéficient néanmoins d’un statut avantageux lors de la crise économique des années 1930 : n’étant pas considérés comme « étrangers », ils ne sont pas concernés par les quotas restrictifs ni par les mesures d’expulsion qui touchent alors les extra-nationaux exerçant une profession dans les secteurs touchés par le chômage[tooltips content= »Décret du 6 février 1935 prévoyant l’expulsion des étrangers exerçant une profession dans un secteur touché par le chômage »](6)[/tooltips]. En 1946, les Algériens ne représentent encore que 3% de l’ensemble des populations immigrées en métropole[tooltips content= »Daniel LEFEUVRE, op. cit. Chapitre 10, p.154″](7)[/tooltips].

A lire aussi: Le «grand remplacement»: fantasme et réalités démographiques

Cette situation change radicalement au cours des Trente Glorieuses. Le nombre d’immigrés algériens est multiplié par 10 entre 1946 et 1954, passant de 22 000 à 210 000. Il double encore au cours de la Guerre d’Algérie, atteignant 436 000 en 1962[tooltips content= »Daniel LEFEUVRE, op. cit. »](8)[/tooltips].

Contrairement à certaines idées reçues, cet apport tient peu aux nécessités de la « reconstruction » du pays : les historiens s’accordent à considérer que celle-ci est achevée dès 1951, or l’ensemble des coloniaux (Algériens compris) représente à cette date moins de 1% de la population active[tooltips content= »Daniel LEFEUVRE, op. cit. Chapitre 10, p.155″](9)[/tooltips]. L’augmentation exponentielle de l’immigration algérienne s’explique par d’autres facteurs :

  • La priorité volontariste accordée aux Algériens par le gouvernement français et répercutée par les grandes entreprises, avec pour objectif le maintien de l’Algérie dans la République face aux velléités indépendantistes ;
  • Les besoins en main d’œuvre d’une économie en pleine expansion (jusqu’à 8% de croissance / an), particulièrement dans les secteurs industriels ;
  • La crise économique et sociale qui frappe l’Algérie : tandis que la colonie connaît une explosion de sa population, sa production agricole stagne voire recule. On estime par exemple que « les transferts de salaires et d’allocations correspondantes représentent près de la moitié des moyens de vie » dans le département de Grande Kabylie en 1958[tooltips content= »Daniel LEFEUVRE, op. cit. Chapitre 11, p.173″](10)[/tooltips].

Durant cette même période, la guerre d’Algérie fait rage et se transpose parfois dans la diaspora algérienne en métropole, qu’il s’agisse des attentats contre des policiers à Paris ou bien des affrontements entre le FLN et ses rivaux indépendantistes du MNA[tooltips content= »Pour plus de détails : Gregor MATHIAS, La France ciblée : Terrorisme et contre-terrorisme pendant la guerre d’Algérie, Vendémiaire, 2017″](11)[/tooltips] – causant près de 4 000 morts en France. Le conflit se solde par la signature des accords d’Evian le 19 mars 1962.

Outre le cessez-le-feu et les modalités d’autodétermination (qui aboutiront à l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet de cette même année), ces accords prévoient une liberté totale de circulation et d’installation des Algériens en France. Ils stipulent en effet que « sauf décision de justice, tout Algérien muni d’une carte d’identité est libre de circuler entre l’Algérie et la France » et que « les ressortissants algériens résidant en France, et notamment les travailleurs, auront les mêmes droits que les nationaux français, à l’exception des droits politiques »[tooltips content= »Accords d’Evian : « Déclaration des garanties » / Première partie : « Dispositions générales » / « 2° De la liberté de circuler entre l’Algérie et la France » »](12)[/tooltips]. Cette garantie est notamment conçue comme corollaire au maintien de droits équivalents pour les Français d’Algérie – lesquels seront pourtant contraints à l’exil par la violence dans les mois qui suivront.

Par ailleurs, certains Algériens nés avant 1962 et relevant du statut civil de droit commun (par opposition au statut local d’inspiration coranique) peuvent conserver la nationalité française[tooltips content= »Ordonnance du 21 juillet 1962, article 1er »](13)[/tooltips].

A partir de 1968, un « certificat de résidence » est réservé aux Algériens

Assez tôt, le gouvernement français cherche à ralentir et à organiser le courant d’immigration que l’indépendance n’a pas tari ; on compte 720 000 immigrés algériens en 1972[tooltips content= »Daniel LEFEUVRE, op. cit. Chapitre 11, p.180″](14)[/tooltips], soit 65% de plus qu’en 1962. Après plusieurs années de négociation, un accord est signé avec le gouvernement de l’Algérie le 27 décembre 1968, « relatif à la circulation, à l’emploi et au séjour des ressortissants algériens et de leurs familles ». Communément désigné comme « Accord franco-algérien » (AFA), celui-ci est modifié par trois avenants de 1985, 1994 et 2001 pour aboutir finalement à son état actuel[tooltips content= »Version en vigueur de l’Accord franco-algérien (AFA) : https://www.gisti.org/IMG/pdf/accord_franco-algerien.pdf »](15)[/tooltips].

Cet accord bilatéral régit de manière exclusive les conditions de séjour et de travail en France des immigrés algériens et de leurs familles ; le CESEDA (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile) ne leur est pas applicable[tooltips content= »Cf jurisprudence – Cour administrative d’appel de Lyon, arrêt n° 07LY01505 du 23 avril 2008 : https://www.legifrance.gouv.fr/ceta/id/CETATEXT000019080817/ »](16)[/tooltips]. L’AFA se concrétise notamment dans un titre de séjour spécial : le « certificat de résidence » réservé aux Algériens.

S’il met un terme au principe de libre-circulation, le régime de l’AFA recouvre trois grands types de spécificités plus favorables que le droit commun :

> L’admission des Algériens au séjour en France est facilitée

Cela vaut particulièrement au sujet des titres « Vie privée et familiale » : pour obtenir une première carte « conjoint de Français », les Algériens sont dispensés de la condition d’une vie commune en France avec leur époux / épouse depuis 6 mois au moins – contrairement aux exigences normales appliquées aux autres étrangers non-européens[tooltips content= »https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1764″](17)[/tooltips].

> Les Algériens bénéficient de la liberté d’établissement pour exercer une activité de commerçant ou une profession indépendante

Pour obtenir un certificat de résidence « Commerçant », le ressortissant algérien doit simplement s’immatriculer au registre du commerce et des sociétés ou à la chambre des métiers (selon la nature de son activité) et présenter le justificatif à la préfecture[tooltips content= »AFA – Article 5″](18)[/tooltips]. En particulier, il bénéficie du droit que la viabilité économique de son projet ne soit pas évaluée – contrairement aux autres étrangers non-européens[tooltips content= »Article R313-16-1 du CESEDA : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006070158/LEGISCTA000006147828/2016-11-01/#LEGISCTA000033332166″](19)[/tooltips]. Lors du renouvellement de ce certificat, le ressortissant algérien n’a pas à justifier de conditions de ressources[tooltips content= »Ainsi que le rappelle la circulaire ministérielle du 29 octobre 2007 : https://www.gisti.org/IMG/pdf/norimid0700008c.pdf »](20)[/tooltips] – tandis que pour les autres étrangers, le CESEDA prévoit l’obligation de vérifier que les ressources qu’ils en tirent « sont d’un niveau équivalent au salaire minimum de croissance correspondant à un emploi à temps plein »[tooltips content= »Article 313-36-1 du CESEDA : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGIARTI000033332554/2016-11-01″](21)[/tooltips].

> Les ressortissants algériens peuvent accéder plus rapidement que les ressortissants d’autres États à la délivrance d’un titre de séjour valable 10 ans

S’ils ne l’ont pas obtenu auparavant, les ressortissants algériens peuvent solliciter un certificat de résidence de 10 ans après 3 ans de séjour[tooltips content= »AFA – Article 7 bis »](22)[/tooltips], contre 5 ans dans le cadre du droit commun, sous condition de ressources suffisantes.

En ce qui concerne le regroupement familial, les membres de la famille d’un Algérien qui s’établissent en France sont mis en possession d’un certificat de résidence de même durée de validité que celui de la personne qu’ils rejoignent[tooltips content= »AFA – Article 4″](23)[/tooltips].

A lire aussi: Raphaël Doan: «L’assimilation est par nature antiraciste»

Pour un conjoint algérien de Français, l’AFA ouvre le droit à la délivrance d’un certificat de résidence de 10 ans après un an de mariage[tooltips content= »AFA – Article 7 bis,alinéa a »](24)[/tooltips]. Pour le parent algérien d’un enfant de nationalité française, cette carte de 10 ans est disponible à l’échéance d’un premier certificat de résidence d’un an[tooltips content= »AFA – Article 7 bis, alinéa g »](25)[/tooltips].

Une telle disposition ouvre la porte à de nombreux abus – notamment des séparations rapides après l’obtention du certificat de résidence.

D’autres droits exorbitants sont également applicables

Les conditions de retrait éventuel d’une carte de 10 ans « conjoint de français » sont plus restreintes lorsqu’il s’agit d’un Algérien : ledit retrait par l’administration n’est envisageable qu’en cas de fraude avérée au mariage. Cette preuve est très exigeante : la préfecture doit établir avec certitude que le ressortissant algérien a contracté un mariage exclusivement dans le but d’obtenir un titre de séjour.

Une autre sorte de faveur porte sur le coût administratif de l’émission des certificats de résidence valables 10 ans : leur délivrance et leur renouvellement sont gratuits pour les Algériens, c’est-à-dire entièrement pris en charge par les contribuables français[tooltips content= »AFA – Articles 7 et 7 bis »](26)[/tooltips]. A l’inverse et dans la même situation, les étrangers issus d’autres pays non-européens doivent s’acquitter d’une somme de 225 € (droit de timbre de 25 € + taxe de 200 €)[tooltips content= »Ministère de l’Intérieur (consulté le 22/11/2020) : https://www.demarches.interieur.gouv.fr/particuliers/carte-resident-ans-etranger-france#:~:text=de%20maladie%20professionnelle-,Co%C3%BBt,de%20d%C3%A9p%C3%B4t%20de%20votre%20demande »](27)[/tooltips].

Nous verrons demain qu’il importe de dénoncer cet accord franco-algérien toujours en vigueur, et d’aligner son régime d’immigration sur le droit commun. En effet, l’ampleur majeure de l’immigration algérienne, ses difficultés d’intégration objectivables par des chiffres et le principe d’égalité devraient conduire à aligner le régime des Algériens sur le droit commun.

Cela fera l’objet de la seconde partie de cet article.

>>> Lire la seconde partie <<<

> Retrouvez l’intégralité des articles de l’Observatoire sur leur site http://observatoire-immigration.fr <

[1] https://atlasinfo.fr/macron-visa-reclament-des-jeunes-algeriens-au-president-francais_a87875.html

[2] https://www.ledevoir.com/monde/21600/chirac-des-visas

[3] Daniel LEFEUVRE, Pour en finir avec la repentance coloniale, Flammarion, 2006. Chapitre 9, p.144

[4] Bertrand NOGARA et Lucien WEILL, in Jacques DUPAQUIER (dir.) Histoire de la population française. Tome III, Presses Universitaires de France, 1995.

[5] Daniel LEFEUVRE, op. cit.

[6] Décret du 6 février 1935 prévoyant l’expulsion des étrangers exerçant une profession dans un secteur touché par le chômage

[7] Daniel LEFEUVRE, op. cit. Chapitre 10, p.154

[8] Daniel LEFEUVRE, op. cit.

[9] Daniel LEFEUVRE, op. cit. Chapitre 10, p.155

[10] Daniel LEFEUVRE, op. cit. Chapitre 11, p.173

[11] Pour plus de détails : Gregor MATHIAS, La France ciblée : Terrorisme et contre-terrorisme pendant la guerre d’Algérie, Vendémiaire, 2017

[12] Accords d’Evian : « Déclaration des garanties » / Première partie : « Dispositions générales » / « 2° De la liberté de circuler entre l’Algérie et la France »

[13] Ordonnance du 21 juillet 1962, article 1er

[14] Daniel LEFEUVRE, op. cit. Chapitre 11, p.180

[15] Version en vigueur de l’Accord franco-algérien (AFA) : https://www.gisti.org/IMG/pdf/accord_franco-algerien.pdf

[16] Cf jurisprudence – Cour administrative d’appel de Lyon, arrêt n° 07LY01505 du 23 avril 2008 : https://www.legifrance.gouv.fr/ceta/id/CETATEXT000019080817/

[17] https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1764

[18] AFA – Article 5

[19] Article R313-16-1 du CESEDA : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006070158/LEGISCTA000006147828/2016-11-01/#LEGISCTA000033332166

[20] Ainsi que le rappelle la circulaire ministérielle du 29 octobre 2007 : https://www.gisti.org/IMG/pdf/norimid0700008c.pdf

[21] Article 313-36-1 du CESEDA :

https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGIARTI000033332554/2016-11-01/

[22] AFA – Article 7 bis

[23] AFA – Article 4

[24] AFA – Article 7 bis,alinéa a)

[25] AFA – Article 7 bis, alinéa g)

[26] AFA – Articles 7 et 7 bis

[27] Ministère de l’Intérieur (consulté le 22/11/2020) : https://www.demarches.interieur.gouv.fr/particuliers/carte-resident-ans-etranger-france#:~:text=de%20maladie%20professionnelle-,Co%C3%BBt,de%20d%C3%A9p%C3%B4t%20de%20votre%20demande

Décolonialisme made in Belgium

0

À Bruxelles, on nage en plein délire: quelque temps après que le Roi Léopold II se voit vu déposséder de « son » boulevard au nord de la capitale belge au profit de la chanteuse populaire Annie Cordy, voilà qu’on reproche déjà à celle-ci « Chaud, cacao », chanson raciste.


Le Roi Léopold II, deuxième de la petite dynastie royale belge (en comparaison de la France) fait l’objet depuis quelques années de polémiques incessantes sur son rôle délétère lorsqu’il administrait, en souverain de droit quasi divin, le Royaume indépendant du Congo (actuellement la République démocratique du Congo), devenu ensuite la principale colonie belge. 

L’histoire controversée de Léopold II

Accusé d’exactions (les fameuses « mains coupées »), voire de génocide, Léopold II, dont les statues sont régulièrement vandalisées, s’est vu d’abord quasi effacé de son musée, rebaptisé « Royal Museum for Central Africa » ou « AfricaMuseum », après une rénovation passée par les fourches caudines d’« experts » décoloniaux. L’ancien musée, à deux pas de Bruxelles, avait été inauguré lors de l’Exposition internationale de 1897 à la gloire des « réalisations » du monarque. Jusqu’à récemment, sa statue trônait sur son cheval à l’entrée du musée. Il ne reste de lui aujourd’hui qu’un buste discret caché dans une vitrine et tourné vers le parc de Tervueren dont les essences furent elles-aussi plantées à l’initiative du Roi. Le nouveau musée est maintenant lavé de toute arrière-pensée colonialiste, une « salle des horreurs » recueillant l’ensemble des représentations humiliantes pour les indigènes congolais. L’AfricaMuseum est aujourd’hui le digne représentant de l’approche muséale planétaire : riche de ses collections mais aseptisé, avec, dans chacune des salles, des avertissements paternalistes précisant que les objets n’ont pas fait l’objet de pillages… 

A lire aussi, Sami Biasoni: Racistes du troisième millénaire

Cette « histoire belge » n’en est pas une : elle s’inscrit au cœur du débat qui agite en ce moment l’Occident européen, américain et même australien : que faire de nos « grands hommes » qui, pressés d’assurer la grandeur de leur pays, manifestèrent en leur temps bien peu de compassion envers d’autres peuples plus ou moins soumis ? Abraham Lincoln a aboli l’esclavage… mais était lui-même propriétaire d’esclaves. Colbert a élaboré le Code noir et Jules Ferry pensait que les races supérieures devaient civiliser les races inférieures… Churchill considérait le peuple britannique comme plus intelligent… etc.

La très toxique « mode » décoloniale

Au lieu d’affronter l’histoire en la contextualisant (c’est le rôle des musées), en respectant les traces qu’elle a laissées (les statues, les noms de rue, d’écoles, etc.), la très toxique « mode » décoloniale, dont l’origine est obscure et ses thuriféraires difficiles à cerner, est plutôt à effacer toutes les traces de notre prestigieux passé, se soumettant ainsi à la pire erreur qui soit pour un historien : l’anachronisme. Car les valeurs de 2021 ne sont évidemment pas les mêmes que celles des siècles passés.

C’est ainsi qu’à l’initiative des autorités bruxelloises, on a lancé récemment une consultation populaire pour débaptiser le boulevard Léopold II, une ancienne artère de prestige au nord de Bruxelles, dont le nom même du « Roi bâtisseur » – Léopold II est à peu près l’équivalent du Baron Hausmann – n’était plus digne de la capitale de l’Europe, devenue ville-monde peuplée d’« anywhere » accros à Twitter et compagnie. Il est loin le temps où Bruxelles brusselait, comme chantait Jacques Brel.

A lire aussi, Philippe David: Annie Cordy « pose problème »

Néo-féminisme oblige, le boulevard devait porter le nom d’une femme (94% des rues de Bruxelles portent un nom masculin et convenons que c’est un réel problème) et l’heureuse élue devait être déclarée lors de la Journée internationale de la femme il y a environ une semaine. Finalement, la chanteuse populaire Annie Cordy a obtenu le plus de votes (environ 20%). 

Mauvais esprit

Mais le changement de nom n’est pas encore acté qu’une polémique naît autour d’une chanson controversée de l’interprète de « La Bonne du curé » et de « Tata Yoyo » : « Cho Ka Ka O (Chaud cacao) ». 

À l’émission dominicale d’RTL-TVI, « C’est pas tous les jours dimanche », notamment, Mireille-Tsheusi Robert (notre photo), présidente du Centre féministe de réflexion et d’action sur le racisme anti-noir.e.s, reproche en effet à Cho Ka Ka O son « esprit » qui cumulerait les stéréotypes envers les Africains… On met toutefois au défi quiconque de trouver dans les paroles de cette chanson un caractère raciste[tooltips content= »https://www.paroles.net/annie-cordy/paroles-cho-ka-ka-o »](1)[/tooltips].

De par la sympathie et la décontraction qui ont toujours caractérisé Annie Cordy, il y a peu de chance que le boulevard en question soit à nouveau rebaptisé. Mais avec la mouvance décoloniale, on marche sur la tête et on ne sait jamais…

Thérapie chinoise contre la féminisation


Le ministère chinois de l’Education veut « empêcher la féminisation des adolescents de sexe masculin », pour former des hommes, des vrais – sur le modèle militaire ?


Rendre les garçons plus « masculins ». Vous vous en doutez, l’idée ne vient pas d’Occident, mais bien du ministère chinois de l’Éducation qui a publié un programme « visant à empêcher la féminisation des adolescents de sexe masculin » qui serait à l’œuvre. De quoi faire hurler les théoriciens du genre… De nombreux internautes chinois ont dénoncé le sexisme de cette décision. Mais étonnamment, Xi Jinping n’a pas tremblé. Les écoles chinoises sont appelées à réformer leurs offres d’éducation physique pour former des hommes, des vrais. Le football est particulièrement mis en avant, sans surprise, le président Xi Jinping ayant déjà exprimé son espoir de voir le pays devenir une « superpuissance mondiale du football » d’ici 2050.

Mais d’autres trouvent un dessein différent à la décision chinoise et y voient une volonté du pouvoir chinois de mettre en place une dynamique guerrière. Et pour cause, le gouvernement de Pékin se dit préoccupé par le fait que les modèles masculins les plus populaires du pays ne soient plus des figures fortes et athlétiques comme les « héros de l’armée ». Quelques signes annonçaient ce mouvement. En mai 2020, Si Zefu, un haut responsable, déclarait que beaucoup de jeunes hommes chinois étaient devenus « faibles et timides, avec une basse estime de soi ». Une situation qu’il voyait comme un danger pour « la survie et le développement de la nation chinoise ». C’est beau comme du Zemmour.

« Depuis 40 ans, la courbe du nombre de personnes incarcérées en France ne cesse de monter »

0

Sociologue et directeur de recherche au CNRS, Laurent Mucchielli travaille sur la délinquance et la violence depuis près de 25 ans. Bien que Causeur ne soit pas sa tasse de thé, il a accepté de répondre à nos questions. Entretien.


Causeur. La mort de la petite Alisha, noyée par deux adolescents à Argenteuil a suscité un certain émoi. Notre société devient-elle de plus en plus violente ?

Laurent Mucchielli. Ça n’a pas de sens de plaquer des généralités pareilles sur un fait divers. Il arrive malheureusement des faits divers tous les jours, plus ou moins dramatiques. On peut dire tout ce qu’on veut sur le plan moral ou sur le plan émotionnel, mais sur le plan intellectuel on ne peut tirer absolument aucune généralité. Ces faits ne sont même pas analysés avant que les médias en parlent. En général, on ne sait vraiment ce qui s’est passé que des mois, voire des années après. Ça fait 25 ans que je suis chercheur au CNRS sur les questions de violence. J’ai déjà connu une bonne dizaine de fois ces épisodes de panique politico-médiatique où l’on surinterprète des faits divers pour y voir le signe d’une catastrophe à venir. À chaque fois, on dit qu’il y a de plus en plus de violence entre individus toujours plus jeunes. Je me retrouve à répéter aujourd’hui au mot près ce que je disais déjà il y a vingt ans.

Justement, dans votre livre L’invention de la violence, vous évoquez la violence des « blousons noirs » des années 1960. Mais je n’ai pas le souvenir que les « blousons noirs » faisaient des guet-apens sur des policiers avec des mortiers de feux d’artifices par exemple. Selon vous, l’impression que notre société devient de plus en plus violente est-elle infondée ?

Plutôt que de fantasmer le passé, il faut tout simplement aller lire les historiens. Les généralités évoquées tout à l’heure s’abreuvent toutes à la même source, une pensée décadentiste classique qui consiste à dire que c’était forcément mieux avant, que les parents ont démissionné, que la justice est laxiste, etc. Quand vous lisez les historiens, ça vous permet de sortir de ce blabla pour vérifier si c’était mieux avant. Est-ce qu’il n’y avait pas des bagarres de bandes qui se terminaient par des morts, avant ? Est-ce que les jeunes étaient toujours respectueux des policiers avant ?

Dans le domaine scientifique, « ensauvagement » ne veut rien dire. Crier à l’insécurité est l’une des plus vieilles rhétoriques politiques du monde! 

Non, ce sont des blagues, il suffit pour le savoir d’aller lire des livres d’histoire. On s’aperçoit aussi que ce discours est très vieux. Déjà il y a cent ans, des gens écrivaient qu’il fallait s’inquiéter au sujet de bandes de jeunes super violentes, les médias de l’époque appelaient ça « les Apaches ». Puis dans les années 1960, il y eut effectivement les « Blousons noirs ». Puis dans les années 1970 et 1980 les « Loubards », et cetera.

En lisant Au bagne d’Albert Londres, on voit bien que la délinquance ne date pas d’aujourd’hui. Vous évoquez pour votre part le Moyen-Âge dans L’invention de la violence. Pour autant, n’est-ce pas légitime de s’inquiéter de la violence que l’on voit actuellement ?

Chacun a le droit d’avoir les opinions qu’il veut, on est dans un pays libre et je suis un très grand défenseur de la liberté d’expression. Par contre, je ne peux que vous dire à nouveau que ce n’est pas la vérité, que c’est une opinion. On peut croire ce que l’on veut et au Dieu que l’on veut. Mais si l’on prétend simplement décrire le réel, il faut se fonder sur des faits. Je suis chercheur au CNRS, la recherche scientifique est mon métier. Je dis et je répète qu’on observait des choses parfaitement similaires voire pires, à ce qui se passe aujourd’hui, dans le passé. Cette impression que la violence augmente ou qu’il y a moins de morale n’est qu’un imaginaire. Je dirais même que cet imaginaire a un côté générationnel ainsi qu’un côté café du commerce.

Les médias en parlent-ils trop ?

Le problème n’est pas le fait d’en parler mais la façon d’en parler, ce qui est tout à fait différent. Il est très bien qu’on se questionne, mais il ne faut pas raconter de sottises. Ou alors il faut assumer le fait qu’on fait des hypothèses, qu’on parle en l’air, qu’on ne s’intéresse pas à la vérification avec des données objectives.

Justement, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, les homicides auraient augmenté de 9% en 2019. Les chiffres que l’on entend autour de la violence sont-ils fiables ?

Dans toutes les statistiques récentes sur ce sujet, il y a une seule bizarrerie, c’est ce chiffre que vous venez de citer: en 2019 il y a eu 880 homicides contre 845 l’année précédente. C’est l’unique fait que l’on ne comprend pas. Mais il faut ajouter aussitôt que le nombre d’homicides est retombé à 863 en 2020, sinon on fait un mensonge par omission. Que s’est-il passé précisément en 2019 ? Difficile de savoir, aucune étude n’a été faite. Est-ce en rapport avec le climat de tension sociale, le mouvement des Gilets jaunes et sa répression ? Personne ne le sait jusqu’à présent. De plus, homicide est un mot qui recouvre des choses très différentes. Sous ce mot, on met les règlements de compte entre bandits, les braquages qui tournent mal, les meurtres conjugaux, les infanticides. Par ailleurs, quand on regarde les enquêtes de victimisation, on voit qu’il n’y a pas de hausse générale de la violence, que c’est juste faux.

Dans un sondage Ifop de septembre 2020, sept Français sur 10 estimaient que le terme d’ « ensauvagement » de la société était justifié. Comment peut-on expliquer que ce taux soit si haut ?

Déjà, quand je faisais mes entretiens au début de ma carrière ou lorsque l’on regardait les sondages d’opinion, il y avait toujours une majorité de personnes qui estimaient que la situation sécuritaire se détériorait, ce qui traduit tout simplement une inquiétude. Des inquiétudes, on en trouve toujours, ceci d’autant plus lorsque les sondages sont faits dans des moments d’émotions liées à la médiatisation et la politisation des faits divers. Par ailleurs, le terme d’« ensauvagement » est une notion politique. Les gens qui répondent à cette question expriment aussi des opinions, qui sont même des opinions politiques pour une partie d’entre eux. Le débat politique n’a pas les mêmes règles que le débat scientifique. Dans le domaine scientifique, « ensauvagement » est un terme qui ne veut rien dire. Et crier à l’insécurité, c’est aussi l’une des plus vieilles rhétoriques politiques du monde. Ceux qui crient à l’insécurité sont généralement ceux qui disent ensuite : « votez pour moi et je vais rétablir la sécurité ».

Dans ce même sondage, 73% des Français estimaient que « les juges ne sont pas assez sévères ». Il semble que notre justice soit trop laxiste aux yeux des Français. Qu’en pensez-vous ?

J’ai déjà évoqué ces poncifs tout à l’heure: les jeunes sont de plus en plus violents de plus en plus jeunes, il y a de moins en moins de repères, les parents ont démissionné, les enseignants ne font plus leur travail, la prévention ne sert à rien et la justice est laxiste. C’est le café du commerce dans sa déclinaison complète. Vous voulez savoir si la justice est plus ou moins sévère ? Allez sur le site du ministère de la Justice, regardez les quelque 600 000 condamnations prononcées par les tribunaux en France, regardez les peines prononcées, et comparez avec les données de 20 ou 30 ans auparavant. De même, regardez les statistiques de l’administration pénitentiaire, et vous verrez que la courbe de l’évolution du nombre de personnes incarcérées en France depuis 40 ans ne cesse d’augmenter. Au 1er janvier 1980, il y avait environ 37 000 détenus en France. 40 ans plus tard, au 1er janvier 2020 il y en avait près de 83 000. Il ne me semble pas que cela aille dans le sens d’un « laxisme » de la justice… Mais il y a des marchands de peur, des médias très anxiogènes et des discours politiques qui en font un fonds de commerce. Ça paraît tellement évident que je me demande pourquoi je dois le répéter. J’ajoute que dans les enquêtes d’opinions, on voit que la même majorité de personnes qui vont dire que la société française est de pire en pire répondront un peu plus loin qu’elles ne se sentent pas personnellement en insécurité quand elles sortent de chez elles. Ce point est important, il montre bien la différence qu’il faut absolument faire entre la représentation que les gens se font de la société générale et la véritable expérience de vie personnelle qui est la leur, la différence entre le réel et l’imaginaire.

L'invention de la violence. Des peurs, des chiffres et des faits

Price: 27,00 €

22 used & new available from 3,00 €

La France telle qu'elle est: Pour en finir avec la complainte nationaliste

Price: 38,24 €

6 used & new available from 13,71 €

Pierre Mortez réagit au discours « subversif » de Corinne Masiero: «c’est cela oui…»

0

Des professionnels du spectacle, de nombreuses personnalités médiatiques et nombre d’internautes ont exprimé leur déception quant à la dernière cérémonie des César, où Corinne Masiero en a trop montré. Y compris le sympathique Thierry Lhermitte, pourtant pas réputé bégueule…


« Sinistre », « sans humour », « médiocre » « pathétique » ou « vulgaire » : les adjectifs péjoratifs ont été largement majoritaires pour qualifier cette édition 2021 des César!

Les commentateurs furent nombreux à pointer du doigt le manque de goût, l’absence de légèreté, mais surtout l’aspect ultra politisé de la soirée. Ni les prestations des intervenants, ni le discours d’ouverture de Marina Foïs, co-écrit avec Blanche Gardin et Laurent Lafitte, n’ont convaincu grand monde.

Une cérémonie faisant presque l’unanimité contre elle

Pour l’ancien directeur du CNC et fondateur de la chaîne Arte Jérôme Clément, interrogé sur Sud Radio, « la vulgarité et le manque de tenue […] étaient confondantes. Comment être aussi médiocre quand il faut s’élever vers ce qui devrait faire la grandeur du 7e art ? ».

Éric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, estime qu’il s’agissait « d’une catastrophe pour la culture, une faillite sur fond de guerre idéologique ». Pour le journaliste compositeur Benjamin Sire, la cérémonie s’apparentait au naufrage du Titanic: « un festival d’ego boursouflés se vautrant dans les travées d’une caricature de meeting où la France Insoumise se serait acoquinée avec les Indigènes de la République » écrit-il avec un humour non dénué de réalisme.

A lire aussi: Nous méritons le César du self-control

Gérard Jugnot, présent pour la remise d’un César honorifique, a dit que la soirée « manquait sévèrement de légèreté », puis a également filé la métaphore du Titanic : « C’est une fête qui est compliquée, il aurait fallu que l’orchestre joue pendant ce Titanic… mais bon, il jouait un peu faux là » a-t-il déclaré au micro de RTL.

Entre l’ode à Adama Traoré, les plaisanteries crispées et les longs moments gênants, il est difficile de donner tort à ces critiques, surtout s’agissant du clou du spectacle, à savoir la prestation de Corinne Masiero.

Corine Masiero: défendre la culture avec des fautes d’orthographe

L’actrice campant Capitaine Marleau sur le petit écran est venue défendre la culture et les droits des intermittents du spectacle. Elle est apparue sous un costume sanguinolent de peau d’âne, visage maculé de sang, cheveux en bataille et affublée de tampons usagés en guise de boucles d’oreilles. Comme on le sait, poing levé, elle s’est intégralement dévêtue pour arborer deux messages en deux langues différentes, comportant deux erreurs. Au dos, une faute de conjugaison avec « rend nous l’art Jean », au lieu de « rends »[tooltips content= »Je me permets de rappeler ici que l’effacement du « s » à l’impératif ne concerne que les verbes du premier groupe, ainsi que le verbe « aller » (troisième groupe.) »](1)[/tooltips]. De face, on pouvait lire un message en anglais : «  No culture, no futur. »[tooltips content= »Futur s’écrit « future » dans la langue d’Albion. »](2)[/tooltips]

Cette apparition se voulait iconoclaste, transgressive, subversive, pourtant rien n’est plus convenu, rien n’est davantage ancré dans l’air du temps, toutes les thématiques du « camp du Bien » furent réunies, condensées, compressées: féminisme, précarité menstruelle, anti-spécisme… Oui, cela « n’est pas subversif, c’est kitsch. Ce n’est pas dérangeant, mais dégoûtant! » comme Causeur l’écrivait hier.

La subversion n’est pas là où vous regardez!

Hélas, non seulement cette prestation fut d’une médiocrité inégalée, mais elle a surtout éclipsé une autre, véritablement iconoclaste : je parle de l’apparition de Thierry Lhermitte. Accompagné de la troupe du Splendid pour recevoir un César d’honneur, ce dernier est venu habillé d’un costume marron à rayures, modèle identique à celui que portait Pierre Mortez dans le film Le Père-Noël est une ordure quatre décennies plus tôt. Qui est venu chercher le César, Thierry Lhermitte ou Pierre Mortez? Et pourquoi ce clin d’œil? Comment ne pas penser au personnage caricatural débordant de bons discours, pétri de bons sentiments, bénévole pour « SOS Détresse Amitié » mais hypocrite, ponctuant ses phrases par un laconique « c’est cela oui », antipathique à souhait et pervers sur les bords?

A lire aussi: César J- 31: acteurs, je vous aime!

Et si c’était un pied-de-nez à l’institution des Césars? Une façon subtile de narguer une assemblée déjà très mal à l’aise, un sabotage délibéré, une manière de phagocyter le jeu de l’intérieur? Comme la vieille tante acariâtre qui vient mal habillée au mariage pour bien signifier sa désapprobation.

Et la stigmatisation des anorexiques parmi les sumos?

De son côté, la maîtresse de cérémonie Marina Foïs était habillée d’une robe Vuitton ornée de 4000 perles et de 2000 cristaux argentés, ayant demandé 200 heures de travail. Thierry Lhermitte en costume rayé ne pouvait que faire tache à côté. Elle était là la véritable transgression subversive. J’extrapole bien entendu… je peux aussi me tromper, ce choix était peut-être anodin…

A lire aussi: Questions pour une championne: cachez cette Marine Le Pen que Samuel Étienne ne saurait voir…

Mais, pour conforter ce sentiment, écoutons ce que l’acteur a déclaré hier sur France 5, alors qu’il revenait sur cette pitoyable cérémonie de remise de prix: «Beaucoup de sujets ont certes été abordés, beaucoup de malheurs du monde ont été décriés». Fronçant les sourcils, Lhermitte a ensuite enfoncé le clou : «Mais ils n’ont pas abordé les Rohingyas, le Yémen, la Syrie, les élections américaines avec l’invasion du Capitole, Navalny, l’endométriose – pas un mot! -, le bien-être animal, la chasse à courre – rien du tout! -, l’Arménie, la stigmatisation des anorexiques dans le milieu du sumo japonais, la grossophobie dans le milieu des jockeys, le remboursement des soins dentaires, l’excision et les GAFAM – pas un mot là-dessus!»

Annie Cordy « pose problème »

0

Pas une semaine ne passe sans qu’un nouveau délire de la culture « woke » ou de la « cancel culture », deux concepts importés pour notre plus grand malheur des États-Unis, ne nous fasse tomber de l’armoire!

Le dernier en date ne nous arrive pas des États-Unis mais de Belgique. La Belgique, pays on ne peut plus proche de la France puisque limitrophe, francophone et dont celui qui a été élu plus grand Belge de tous les temps, Jacques Brel, a commencé à connaître le succès à Paris et non à Bruxelles.

Chaud cacao, une chanson accusée de cumuler les stéréotypes sur l’Afrique 

« C’était au temps où Bruxelles rêvait, c’était au temps du cinéma muet » chantait le Grand Jacques il y a 60 ans. Et 60 ans après on pourrait réécrire les paroles en chantant « c’était au temps où Bruxelles déconnait, c’était au temps où la woke sévissait », puisque c’est désormais une icône belge aujourd’hui disparue, Annie Cordy, qui est accusée d’avoir interprété une chanson raciste: « Chaud cacao ». Cette chanson est accusée de « cumuler les stéréotypes sur l’Afrique » et « l’esprit de la chanson pose problème ». Pourtant en relisant les paroles, on parle de bambous (rares en Afrique), de caïmans (les crocodiles vivent uniquement en Amérique centrale et du Sud), de pingouins (relativement rares en Afrique) ou encore de pandas (vivant exclusivement en Asie). On parle bien dans le refrain de noix de coco et d’ananas, mais aucun pays africain ne se trouve parmi les dix premiers producteurs mondiaux de noix de coco, et le Nigéria est le seul pays africain parmi les principaux producteurs d’ananas (à la 8e place). Alors si les paroles « posent problème », on se demande bien pourquoi.

A lire aussi, Sophie Bachat: Gainsbourg, déjà trente piges

Maintenant, regardons d’autres chansons francophones qui peuvent aussi poser problème. Annie Cordy, encore elle, a chanté une chanson ouvertement germanophobe avec « Frida oum papa ». Carlos, Pierre Perret et Francky Vincent ont vanté le patriarcat avec « Papayou », « le zizi » et « tu veux mon zizi ? », chansons valorisant l’organe du viol. La culture du viol est d’ailleurs omniprésente dans la chanson « Big bisou » de Carlos (un récidiviste, comme Annie Cordy) où on s’embrasse sans demander un consentement éclairé à l’embrassé.e (il faut bien l’écrire en écriture inclusive). Pire, des chansons peuvent cumuler racisme et femme objet comme Julien Clerc lorsqu’il chante « Melissa métisse d’Ibiza est toujours dévêtue »…

Évidemment, Gainsbourg, avec « Love on the beat » (où on entend sa compagne Bambou crier lors de leurs ébats) et « Lemon incest » chanté avec sa fille Charlotte, doivent aussi être mis au pilori, chose d’ailleurs envisagée lors des trente ans de sa disparition il y a quelques jours.

Chantal Goya antispéciste

Certains mériteraient pourtant des éloges pour avoir écrit des chansons contre les dominants de la société.

On remerciera Chantal Goya d’avoir chanté les louanges d’un lapin qui a tué un chasseur et Annie Cordy bénéficiera de circonstances atténuantes pour avoir chanté « la bonne du curé » contre les cathos! Pour « noir c’est noir » de Johnny, une commission d’enquête sera instaurée à court terme pour savoir si cette chanson doit ou non être bannie des ondes. On remerciera aussi le rappeur Nick Conrad pour « Pendez les blancs », qui est une chanson en pointe de l’antiracisme.

A lire aussi, Thomas Morales: Annie, qu’est-ce qu’il y avait sous ton grand chapeau?

« C’était au temps où Bruxelles rêvait » est une chanson qui faisait partie de l’album « les Bourgeois ». Les bourgeois, comme ceux qui défendent la cancel culture ou défilent aux César, sont comme les cochons : « Plus ça devient vieux plus ça devient bête, plus ça devient vieux plus ça devient con ». Six mois après sa mort, Annie Cordy va-t-elle rejoindre le triptyque de l’infamie belge avec Léon Degrelle et Marc Dutroux ? De là-haut, elle doit nous dire: « Adieu les cons ! »

Les Bourgeois

Price: 9,95 €

2 used & new available from 9,95 €

Ma Vie en Musique (Best of 50 Titres)

Price: 130,63 €

9 used & new available from 45,50 €

Lettre à Ramy

0
Jean Messiha © JOEL SAGET / AFP.

Jean Messiha répond à un jeune musulman gêné quand on parle d’incompatibilité entre l’islam et la République.


J’ai décidé aujourd’hui de répondre publiquement à une lettre extrêmement touchante que m’a adressé un Français de confession musulmane né en France et qui se dit pleinement Français, laïque, patriote et attaché à l’histoire et à la culture françaises. Son engagement dans un des corps de réserve de nos armées témoigne incontestablement de ce patriotisme. 

Ramy – c’est son prénom – commence par m’avouer sa gêne quand je parle de l’incompatibilité entre l’islam et la République. Il évoque son inquiétude devant l’amalgame entre islam et islamisme et son angoisse à l’idée que puisse advenir une ère où les musulmans seraient traités comme les Juifs le furent durant les heures sombres. Il ne veut pas d’un clivage « eux » contre « nous », « eux » étant les musulmans catalogués « ennemis de l’intérieur » et « nous » entendez les Français du peuple historique et assimilés. Il argue que de nombreux immigrés issus du Maghreb et d’Afrique se fondent parfaitement dans le creuset national.       

Il reconnaît aussi, et je le cite, « que nous avons un problème avec une partie de notre population, qui sont les Maghrébins et les Noirs » et que « ce problème est culturel et nullement religieux ». Ce sont ses mots. Il pense que « cela résulte du recul de nos valeurs, par cette gauche putride qui pendant des décennies, a détruit les symboles que réunissait tous les Français, au profit du communautarisme. » 

Il souhaite une règlementation de l’islam en France, comme l’a fait Napoléon avec les Juifs, et l’instauration d’un islam de France qui respecte les valeurs de la République, et ne veut pas de ce qu’il appelle « l’intervention de ces bédouins du Moyen-Orient qui se veulent le porte-parole de l’islam en France ».

Cher Ramy je veux vous répondre point par point.

Vous faites partie de toute cette frange de l’immigration arabo-afro-musulmane qui est devenue pleinement française et qui a, en effet, enrichit notre pays. Cela est incontestable et indiscutable. Mais cette frange de l’immigration ne saurait être l’arbre qui cache la forêt. Ici comme ailleurs, il faut éviter les amalgames. L’immigration « richesse » ne saurait représenter à elle seule toute l’immigration en France. La vérité est cruelle : une grande partie de l’immigration arabo-afro-musulmane ne nous « enrichit » pas, bien au contraire. Et nous le constatons tous les jours. 

Affirmer qu’il n’existe aucun lien entre l’immigration, l’islamisation, la radicalisation et le terrorisme relève d’une inquiétante cécité ou de la pure bêtise

S’agissant du lien entre immigration, islam et islam radical, j’ai eu maintes fois l’occasion d’expliquer ma position, basée sur une analyse factuelle. L’immigration massive de ce dernier demi-siècle, et en particulier depuis le tournant des années 80, est principalement musulmane. On sait qu’au sein de toute population musulmane il existe un pourcentage de moins en moins négligeable d’adeptes de l’islam radical et, au sein de ces derniers, d’une minorité prête à passer à l’acte terroriste. Il n’est évidemment pas question de dire que tous les musulmans sont des radicaux ni que tous les radicaux sont des terroristes. Il n’y a pas un périmètre défini où pourraient se loger de manière entière et symétrique l’islam, l’islamisme et le terrorisme. En clair, on ne peut ni dire ni écrire « islam = islamisme = terrorisme ». 

Mais il y a bien un continuum, un lien causal entre les trois, résumé par la formule désormais consacrée : « tous les musulmans ne sont bien évidemment pas des terroristes, mais en France tous les terroristes sont des musulmans ». Affirmer, comme le font les « progressistes » et autres gauchistes, qu’il n’existe absolument aucun lien entre l’immigration, l’islamisation, la radicalisation et le terrorisme relève d’une inquiétante cécité quand ce n’est pas de la pure bêtise.

A lire aussi, du même auteur: Pourquoi je continuerai d’aller chez Cyril Hanouna

Le risque de la séparation et de l’hostilité mutuelle que vous pointez du doigt dans votre lettre, cher Ramy, existe bel et bien. Le cas échéant, elles seraient terribles pour les femmes et les hommes comme vous et moi venus d’ailleurs et devenus d’ici. Ils seraient piégés entre d’une part ceux qui leur ressemblent extérieurement mais sont les adversaires de la République française et d’autre part, un peuple historique qui « en a marre de ces immigrés », tous pour l’occasion mis dans le même sac.

Le risque d’un face-à-face, pour reprendre les termes de l’ancien ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, n’a rien d’inévitable et il faut tout faire pour l’éviter. Il existe un moyen d’exorciser un tel scénario qui est aujourd’hui clairement du domaine du possible et peut-être même du probable.   

Gérard Collomb lors de son départ du ministère de l'Intérieur, 3 octobre 2018. ©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Gérard Collomb lors de son départ du ministère de l’Intérieur, 3 octobre 2018. ©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Avant d’y arriver, dressons d’abord un diagnostic équilibré. La République française a été fondée par un peuple et sur sa civilisation. Le peuple était celui qui vivait sur cette terre depuis toujours. Il était européen et le reste encore majoritairement mais de moins en moins. Sa civilisation était un savant mélange de christianisme, de judaïsme et d’agnosticisme voire d’athéisme. L’islam n’a pas plus participé à la fondation de la nation française qu’à la création de sa République. Et il est plus que probable qu’une France musulmane ne serait jamais devenue la République laïque qu’elle est depuis 1905. L’islamisation est récente et a été rapide à l’échelle de notre histoire. Elle ne résulte pas de la conversion massive du peuple historique à l’islam, mais bien de l’immigration. 

Il existe d’ailleurs déjà une forme d’islam de France : c’est celui des gens comme vous. Comme la quasi-totalité des Français « de souche » votre foi est discrète et je n’imagine pas votre compagne voilée pour témoigner de sa soumission à Allah ou pour afficher sa « pudeur ». 

Hélas, vous n’êtes pas majoritaire et vous le savez. La majorité de l’islam en France est d’inspiration wahhabite et parfois salafiste, dominé par la pensée néfaste des Frères musulmans. Cet islam est d’ailleurs davantage incompatible avec la société française qu’il ne l’est avec la République du même nom. 

Face à cette dérive qui transforme chaque jour le visage identitaire de notre pays, il y a effectivement des remèdes.

La réglementation de la religion du Prophète ne me parait pas une bonne solution car l’Etat laïc n’a pas à s’ingérer dans l’organisation d’une foi religieuse quelle qu’elle soit. Il ne peut ni ne doit exiger des musulmans davantage que ce qu’il exige des autres croyances dans notre pays. En revanche, il faut fermement et vertement opposer à l’impérialisme salafo-wahhabite une laïcité de combat qui ne passe rien et ne cède sur rien. 

D’aucuns affirment que le « séparatisme » islamique et indigéniste, qui est en fait  un colonialisme ethno-identitaire, a d’importantes causes sociales telles que la « ghettoïsation » et le chômage. C’est sans doute en partie vrai. Ce que je conteste dans cette analyse est le doigt accusateur pointé vers la France. Il faut le dire et le répéter de la manière la plus catégorique et solennelle qui soit : non la France n’a jamais « parqué » personne dans des quartiers réservés ; non la France n’a pas provoqué un chômage élevé chez les immigrés arabo-afro-musulmans.

Il y a une invraisemblable aporie consistant à s’acharner à franciser l’islam en France tout en s’acharnant à défranciser la France

Ces immigrés se sont installés là où leurs faibles revenus leur permettaient de se loger et leur taux de chômage élevé résulte très majoritairement d’un niveau d’études en moyenne inférieur à celui de la population d’origine européenne et asiatique. Bien sûr, comme dans toute situation socio-économique les causes sont complexes. 

Mais le succès de l’intégration des communautés chrétiennes d’Orient, indochinoises et chinoises ainsi que d’une partie des autres immigrations extra-européennes montre qu’il n’y a pas d’obstacles structurels posés par les « Blancs » à l’égard des « non-Blancs ». Vous et moi, mon cher Ramy, en sommes des preuves d’autant plus emblématiques que nous ne sommes pas les seuls, très loin de là !    

Le retour à la croissance et au plein emploi peut être un facteur majeur d’intégration pour tous ceux qui veulent s’en sortir et vivre Français en France. La qualité de la politique économique menée à partir de 2022 sera donc, sur ce point en tous cas,  déterminante.  

L’école de la République a été salopée dans des territoires entiers de notre pays. Elle doit être nettoyée de ses errements différentialistes et vidée des voyous qui en perturbent le fonctionnement en particulier dans les quartiers qui n’ont plus de populaires que le nom mais sont bel et bien alter-identitaires. Ainsi, l’école peut redevenir la belle machine assimilatrice qu’elle fut.

Mais la condition sine qua non de toute résolution durable de la fracture identitaire qui nous mine c’est un changement drastique de notre politique migratoire. 

On ne peut pas espérer une francisation de l’islam si chaque jour débarquent dans notre pays des femmes et des hommes qui charrient l’islam rétrograde du Maghreb ou du Moyen-Orient et je ne parle même pas de l’Asie islamique (Afghanistan, Pakistan, Tchétchénie, etc.). Il y a une invraisemblable aporie consistant à s’acharner à franciser l’islam en France tout en s’acharnant à défranciser la France !

De surcroît, on ne peut espérer résorber la pauvreté si chaque jour débarquent des gens dénués de tout et qui viennent alourdir la charge pesant sur un système social déjà à bout de souffle.   

A lire aussi, Cyril Bennasar: À la «French Pride», on se tient bien

Aucun problème n’a de solution sans l’arrêt des causes qui le créent. La paix future est à ce prix. Ceux qui nous racontent que nous pouvons nous islamiser et nous « tiers-mondiser » un peu plus chaque jour que Dieu fait et « en même temps » construire un avenir meilleur pour la France nous mentent et nous détruisent. 

Alors mon cher Ramy, il faut que cette immigration assimilée à laquelle vous appartenez se rallie au camp de la France pour dire STOP. La maison est pleine à craquer, la diversité c’est bien, mais là, on a fait le plein voire le trop plein. Comme le montrent tant d’exemples autour de nous, des pays d’Europe centrale et orientale aux pays du Maghreb et d’ailleurs, l’homogénéité est aussi une très belle qualité et notre nation en manque de plus en plus cruellement. 

Pour conclure, je vous fais une promesse. Quand le camp de la France arrivera au pouvoir en 2022, jamais nous ne laisserons qui que ce soit s’en prendre à des Français parce qu’ils sont « basanés » ou portent des noms qui ne font pas « gaulois » ou croient en tel ou tel Dieu. Jamais, ô grand jamais, nous ne créerons ou n’accepterons de quelconques discriminations entre nous. 

Car nous sommes inébranlablement convaincus que oui, la France est et restera une et indivisible. Mais c’est unis dans la préservation de notre identité, qui n’est pas fondée sur la race mais qui reconnait l’européanité historique de la France hexagonale, que nous rebâtirons une France dont nos descendants seront fiers et heureux d’y vivre.

Madrid: mais comment font ces drôles d’Ibères?

0
Bistro à Madrid, 12 mars 2021 © Shutterstock/SIPA Numéro de reportage : Shutterstock40833576_000019

Après avoir particulièrement souffert du coronavirus au début de l’épidémie en 2020, la capitale espagnole fait désormais le choix de laisser commerces, restaurants, bars ou cinémas ouverts jusqu’à 23 heures, sous l’impulsion de la présidente régionale de droite, Isabel Díaz Ayuso.


Officiellement détecté pour la première fois en Espagne sur l’île de La Gomera (Canaries), le 31 janvier 2020, le coronavirus de Wuhan apparaît en péninsule Ibérique le 24 février suivant. L’histoire est désormais bien connue : en quelques semaines, l’épidémie s’emballe, touchant de plein fouet un pays qui s’y était mal préparé. À la mi-mars 2021, un peu plus de 72 000 personnes sont décédées en Espagne de ce virus.

Dépassé par les événements, le gouvernement de Pedro Sánchez (Parti socialiste ouvrier espagnol) et Pablo Iglesias (Unidas Podemos) décrète le 15 mars l’un des confinements nationaux les plus durs au monde. Il finit par le lever le 21 juin. Dans l’intervalle, les images en provenance d’Espagne font le tour du monde. La situation dans la capitale semble particulièrement alarmante car sa région administrative, la Communauté de Madrid, encaisse le choc le plus rude de cette première vague en tant que porte d’entrée du pays. Une guerre politique éclate alors entre gauche et droite d’un côté et entre région et État central de l’autre. Elle aboutit d’une certaine façon aux événements du mois de mars 2021, au cours desquels la présidente régionale de droite, Isabel Díaz Ayuso (Parti populaire), dissout le Parlement madrilène et appelle à de nouvelles élections pour obtenir une majorité plus confortable.

Un « miracle » sur le Manzanares?

La fin du confinement national marque le retour à la gestion de la santé publique par les communautés autonomes espagnoles, qui en ont la compétence exclusive depuis la fin des années 90.

C’est justement la stratégie mise en place par les autorités madrilènes qui interpelle aujourd’hui. Du Financial Times aux agences de presse allemandes en passant par les journaux espagnols, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’étrange « miracle » qui caractérise la cité du Manzanares et son aire urbaine après le 21 juin 2020 : les citoyens circulent librement jusqu’à 23h ; tous les commerces sont ouverts ; restaurants et bars fonctionnent malgré certaines restrictions ; musées, théâtres, cinémas, etc. continuent d’accueillir du public… et le coronavirus n’affecte pas davantage Madrid que d’autres communautés autonomes espagnoles. Mieux encore : alors que l’économie espagnole ne rebondit que de 0,4 % au dernier trimestre 2020 (après avoir subi un grave choc), la Communauté de Madrid croît de plus de 4 % sur la même période. Elle est d’ailleurs l’une des seules capables de créer de l’emploi.

A lire aussi: Covid en Tanzanie: prends l’oseille et tire-toi!

Certes, la région est celle qui affiche le plus grand nombre de cas de coronavirus au total (605 000 au 16 mars 2021) mais elle n’atteint « que » 213 décès par tranche de 100 000 habitants, moins que la Castille-La Manche, la Castille-et-León, l’Aragon et La Rioja – quatre régions qui ont largement paralysé leur activité. Isabel Díaz Ayuso insiste à de nombreuses reprises sur ce sujet, parfois pour mieux défier la gauche qui la presse de fermer la plupart des lieux publics : il s’agit de limiter le moins possible la liberté de se déplacer, d’acheter, de vendre, d’entreprendre, de se divertir – au fond, de vivre « normalement ».

Quelques pistes de réflexion

Mais comment la Communauté de Madrid obtient-elle des résultats économiques encourageants et affiche-t-elle en même temps des statistiques sanitaires moins inquiétantes qu’ailleurs en Espagne ?

La réponse n’emprunte rien au miracle que certains pointent et repose sur un ensemble de facteurs:

  • Une grande réactivité politique, puisque Díaz Ayuso est, en février 2020, l’une des premières dirigeantes régionales espagnoles à demander au gouvernement central de prendre des mesures fermes contre le virus (mais aussi car elle prend acte des difficultés de l’exécutif de Pedro Sánchez à se fournir en masques et en matériel l’année dernière en ayant recours de façon efficace à ses propres réseaux de livraison) ;
  • Une planification sanitaire qui la pousse à distribuer des masques FFP2 dès l’été 2020 (ce qui lui vaut les critiques de l’État central, avant que ce dernier ne se mette à en acheter lui aussi en 2021), à généraliser les tests rapides en pharmacie et à démocratiser précocement l’accès à la technologie antigénique ;
  • La construction en un temps record (environ six mois) d’un centre de soin en dur, l’hôpital Isabel-Zendal, conspué par certains pour son coût et ses carences supposées mais qui permet d’absorber une large partie de l’onde de choc de la troisième vague de coronavirus ;
  • La création de zonas básicas de salud (ZBS), qui facilitent la mise en œuvre de contrôles localisés (à l’échelle d’une commune ou d’un quartier lorsqu’ils sont très touchés par la maladie) sans confinement mais avec une surveillance spécifique ;
  • Une campagne de vaccination massive dans des stades, des palais omnisports ou des salles de concerts afin d’accélérer la cadence en 2021 ;
  • Plus globalement, une confiance accordée aux citoyens et à leur bon sens, le tout afin de ne pas bloquer l’activité sociale et économique.

Bien entendu, la vie n’est pas un long fleuve tranquille pour la Communauté de Madrid, secouée par la démission de plusieurs autorités sanitaires régionales et des scandales liés, par exemple, à la gestion des maisons de retraite durant la pandémie. Néanmoins, cette autonomie s’en sort globalement mieux que ses consœurs espagnoles. Elle attire même depuis fin 2020 de nombreux touristes français en quête de culture et de convivialité autour d’un verre ou d’un plat.

Entre temps, Isabel Díaz Ayuso (qui remet son poste en jeu le 4 mai prochain) a acquis l’image d’infatigable avocate des libertés individuelles, pour le pire et le meilleur. Elle se voit même acclamée et citée en exemple par les restaurateurs d’autres régions (comme la Catalogne), auprès desquels elle défend sa vision de la liberté en période de crise.

Comprendre l'Espagne d'aujourd'hui. Manuel de civilisation

Price: 19,90 €

10 used & new available from 18,00 €

Pipi, Caca, Sang

0
L'Olympia, 12 mars 2021 © Bertrand Guay/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22548132_000001

On sait enfin par quoi les adeptes de la « cancel culture » veulent remplacer notre belle civilisation: par celle du pipi-caca-sang.


Faire pipi debout pour les femmes et assis pour les hommes est un nouveau marqueur de civilisation, on le sait.

Restent les deux autres ingrédients.

La cérémonie des César 2021 commence. Marina Foïs s’avance, la main droite gantée. Elle se penche et ramasse quelque chose par terre « Ah, encore une merde qu’a laissée Foresti ! » crie-t-elle bien fort, afin que nul ne l’ignore. Florence Foresti, rappelons-le, présidait la cérémonie des César l’an dernier… Le ton est donné. Mais le pire est à venir.

Corinne Masiero, Capitaine Marleau à l’écran – une « commissaire » peu « genrée », en guerre contre les codes, et à l’humour dévastateur -, arrive déguisée en « peau d’âne ». Tenue révélatrice, puisque c’est pour échapper à une union incestueuse avec son père que peau d’âne, dans le conte, se revêt de cette peau d’animal et s’enfuit du château paternel, allant s’engager dans une ferme comme femme à tout faire…

Soudain, sans nous laisser philosopher plus avant sur le sens de ce choix vestimentaire, l’actrice se dénude, offrant aux regards son corps… couvert de sang.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Ceci est mon sang

Du sang menstruel, évidemment, puisque c’est la mode en ce début d’année 2021. Même Macron, sans doute peu porté par nature sur cette spécificité biologique féminine a concédé – à la demande de LFI – la gratuité des protections hygiéniques aux étudiantes. Serviettes hygiéniques mais aussi Tampax. Afin qu’on n’oublie pas leur existence, Corinne Masiero en a accroché deux, usagés bien sûr, en guise de boucles d’oreilles.

Donc finalement, ce sera Pipi-Caca-Sang. 

À mon sens la grande Corinne eut été plus crédible dans le rôle des canuts qui chantaient en 1893 : « C’est nous les canuts, nous sommes tous nus… ».

La gestion politique du coronavirus a mis les acteurs à poil. Et pas qu’eux. Cette stratégie obsessionnelle à objectif unique (avoir des lits de réa disponibles) a privé de revenus, d’avenir, de perspectives les hôteliers, restaurateurs, sportifs, taxis… et tant d’autres. La liste serait trop longue. Chacun de nous s’est vu confisquer des biens et des relations personnelles essentielles depuis un an, beaucoup ont basculé dans le désespoir, voire ont mis fin à leurs jours après une faillite, une séparation, ou une mort qu’ils n’ont pu accompagner de peur d’attraper ou de donner le fameux virus. Seuls les fonctionnaires et les politiques vivent normalement. 

Alors oui, capitaine Marleau, oui, il y a de quoi se révolter, et dans ce rôle mi-gilets jaunes mi drapeaux-rouges, tu fais mouche ! Mais que vient faire là le sang menstruel ?

Le but est-il de faire à la vue de ce sang – comme le chantait Jacques Brel – « des armées d’impuissants » ? La fin du mâle blanc ? Une nouvelle civilisation ? Enfin ? 

En regardant le lendemain des Cesar la télévision pour y chercher un démenti à mes craintes, j’ai au contraire cru voir à mon tour enfin un complot, oui ce fameux complot que chaque Français est censé chérir. Sur une chaine : « le malaise des transgenres en Namibie », sur l’autre « votre enfant vole, quelle solution ? Réponse : attendre qu’il travaille ; il n’aura alors plus besoin de voler »…. Je vous ferai grâce des 21 autres chaines…

 « Une civilisation » écrivait Gustave Le Bon « se crée en poursuivant un rêve. Quand l’élite a perdu son idéal, tour à tour les lumières s’éteignent ». Cet idéal moral, cet idéal de normalité, de décence, d’innocence, de beauté, nous le perdons un peu plus chaque jour, au moins dans les étranges lucarnes de nos télévisions, mais aussi de nos téléphones, tablettes et ordis assaillis chaque jour de vidéos YouTube emplies de « clash », de « scoops » tous à base de scandales, d’insultes, d’escalade dans la violence et l’horreur.

Le dernier scandale en date, donc, ce supplice réservé aux femmes: les règles.

Et donc, toi, Capitaine Marleau, toi qui aurais pu utiliser ta dégaine très populaire et ta célèbre gouaille ch’ti pour vitupérer contre les puissants qui affament le peuple, toi aussi tu as cédé à la tentation, au goût du sang.

A lire aussi, Nesrine Briki: Pierre Mortez réagit au discours «subversif» de Corinne Masiero: «c’est cela oui…»

Alors comme tu es intelligente, je t’explique. L’espèce humaine, comme les autres espèces, est ordonnée à sa reproduction. La femme peut faire des enfants de 12 à 50 ans. Jadis elles en faisaient tant, que les périodes « de règles » étaient réduites. À raison de neuf mois de grossesse plus deux ans d’allaitement suivis de près par la grossesse suivante, les périodes de gestation de six enfants et plus l’emportaient sur les périodes « réglées ». Aujourd’hui, quand nombre de femmes ont un, deux… ou pas d’enfant du tout, ça paraît long et inutile ces presque quarante années ponctuées chaque mois par une semaine ou tout devient difficile, travail, relations de couple, sorties, baignades…

Et alors quoi ? Après avoir « marché contre le climat », marchera-t-on contre les règles ? Exigera-t-on que les hommes les aient aussi ? Ou qu’ils fassent semblant et mettent eux aussi des couches-culottes par sympathie avec les femmes ? Greta va-t-elle dire qu’elles lui ont gâché son enfance ? 

Camarade Masiero vas-y, milite, « à fond les ballons » comme tu dis ! Sois le Capitaine Marleau déjanté qui sort de l’écran pour faire la leçon aux puissants. Nue, pourquoi pas ? On a vu pire… Mais sans plus de révérence pour ces « règles menstruelles » que tu n’en as pour les autres règles : de politesse, de bienséance, ou de hiérarchie.

L’écriture inclusive entre ignorance et hypocrisie

0
Manifestation contre la "précarité étudiante", 16 mars 2021, Paris © Louise MERESSE/SIPA Numéro de reportage : 01009532_000007

Le linguiste Alain Bentolila révèle l’impertinence et la niaiserie de l’écriture inclusive. Selon lui, répéter « celles et ceux » dans nos discours ne fait pas avancer d’un iota la cause des femmes!


Par ignorance et par hypocrisie, certain.e.s féministes de salon ont cru bon de dénoncer les errements d’une langue française dont les structures morphologiques et grammaticales refléteraient, renforceraient et légitimeraient la discrimination dont sont victimes les femmes en France. Ils ont accusé ainsi les marques de genre – celles qui distinguent les noms masculins des noms féminins (« porte » et « portail » par exemple) de manifester, par leur injuste distribution, un inacceptable mépris envers… les femmes. Des règles morphologiques « supporteraient » donc servilement les injustices sexistes et, par leur puissance normative, leur conféreraient une sorte de légitimité académique.

Le masculin qui l’emporte, une règle « scélérate »

De façon à éviter que les noms de métiers, titres, grades et fonctions n’existent qu’au masculin, il faudrait donc dire « une colonelle », « une députée », « une officière de la Légion d’honneur », « une préfète », « une auteure », « une écrivaine ». Et quand les mots sont épicènes (c’est-à-dire que leur forme ne varie pas entre masculin et féminin), le point sera utilisé en composant le mot comme suit : racine du mot + suffixe masculin + point + suffixe féminin. Il conviendra ainsi d’écrire « les sénateur.rice.s » plutôt que les « sénateurs ». Beaucoup de bruit pour rien, car ce que ces bons apôtres ne comprennent pas, c’est que lorsque l’on utilise un mode générique comme dans « les sénateurs sont élus par de grands électeurs », on se fiche complètement de savoir combien il y a de mâles et de femelles dans l’ensemble ainsi désigné : toutes et tous sont « sénateurs », et c’est la seule chose qui compte. Mieux même, toute précision de genre contredirait le choix du mode générique.

Des tics de langage aussi ridicules qu’inutiles

Avec encore plus d’insistance et d’indignation, est souvent exigé un immédiat retrait de la règle « scélérate » selon laquelle « dans l’accord de l’adjectif avec deux noms l’un masculin, l’autre féminin, c’est le masculin qui l’emporte ». Abus de pouvoir inadmissible ! Honteuse domination virile ! Inacceptable machisme ! La défense de la parité exigerait que l’on rétablisse le féminin dans ses « droits grammaticaux » et que l’on rende ainsi aux femmes leur dignité bafouée par une règle inique. On écrirait donc : « le toit et la façade étaient recouvertes d’ardoises » ; et non : « le toit et la façade étaient recouverts d’ardoise», permettant ainsi à la façade  » de faire valoir, sinon son  sexe, du moins son  genre. Que de niaiseries ! 

Lutte des classes grammaticales

Le chinois, le turc ou le japonais n’ont pas de genre grammatical ; en revanche, quelques langues ont une dizaine de genres, notamment en Afrique. Mais si seulement 200 langues ont des genres, tous les mammifères ont un sexe… Toutes les marques linguistiques sont arbitraires et tel est aussi le statut des indicateurs de genre. Leur distribution est largement aléatoire et n’a que fort peu à voir avec une indication de sexe. Le français possède en fait deux genres, l’un est dit masculin, l’autre est dit féminin. Il s’agit bien de marques de genre, permettant de lier entre eux les mots, et non pas d’indicateurs de sexe. En bref, tous les noms sont en français distribués en deux ensembles ; l’un qui exige par exemple l’article « la » ou « une » ; l’autre qui impose « le » ou « un » ; l’un qui activera la forme « petite » de l’adjectif, l’autre la forme « petit ». Le sens d’un nom ne permet pas, dans la plupart des cas, de prédire à quel ensemble il appartient. On voit donc combien il est absurde d’engager aujourd’hui une lutte des classes… grammaticales, alors qu’elles sont constituées de façon essentiellement aléatoire. Voir dans une convention morphologique sans aucune signification un complot machiste manifeste une totale ignorance des faits linguistiques, mais aussi une coupable hypocrisie. La distribution des noms en deux genres a une vertu essentielle, celle d’accorder les adjectifs et les participes passés avec les noms auxquels ils se rapportent. Autant on peut juger utile de corriger certaines incohérences d’orthographe d’usage, héritées des erreurs de quelques clercs égarés, autant il faut refuser que l’on néglige les règles des accords nominaux et verbaux, car on touche alors à la logique des phrases et du discours. Saluons l’élégance et la force de l’orthographe du français qui d’une seule lettre sépare l’amour de la malédiction dans « la mort de l’homme que j’ai toujours désiré(e) ».

J’ai personnellement une conscience aiguë du caractère inadmissible de la discrimination sexuelle. Je trouve absolument insupportable qu’elle sévisse encore aujourd’hui dans la vie politique, professionnelle ou familiale. Mais choisir le terrain linguistique pour mener cette bataille nécessaire, en mélangeant règle grammaticale et symbole social, c’est confondre les luttes sociales et le badinage de salon. C’est surtout faire injure à toutes celles qui sont sous-payées, qui supportent l’essentiel du poids de l’éducation des enfants et qui sont si mal représentées dans les lieux de pouvoir et de prestige. Il n’est de combat juste que celui que l’on mène lucidement contre l’injustice, l’inégalité et la brutalité qui pèsent sur les plus vulnérables. Ce combat doit tous nous mobiliser ! Alors, de grâce, ne nous égarons pas dans une bataille contre des règles de grammaire qui n’ont jamais causé le moindre tort à la cause des femmes. Ce n’est pas parce que notre président, servilement suivi par ses courtisans, nous sert à longueur de discours des « celles et ceux » et des toutes et toutes qu’il fait avancer d’un iota le statut des femmes dans notre société ; ces expressions sont devenus des tics ou des éléments de langage aussi ridicules qu’inutiles.

Nous ne sommes pas des bonobos: Créateurs et créatures

Price: 19,90 €

14 used & new available from 3,00 €

Ce régime juridique préférentiel qui favorise l’immigration algérienne

Emmanuel Macron à Alger, le 6 décembre 2017 © Anis Belghoul/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22138293_000001

La France abrite une diaspora algérienne de 2,6 millions de personnes au minimum, dont 846 000 immigrés stricto sensu (les plus nombreux parmi toutes les nationalités représentées). Cette immigration a explosé durant les Trente Glorieuses: le nombre d’Algériens présents sur le sol français a été multiplié par 33 entre 1946 et 1972. Au titre de l’accord bilatéral du 27 décembre 1968, les Algériens bénéficient d’un régime dérogatoire plus favorable à leur immigration en France. Exemple d’avantage: la délivrance d’une carte de séjour de 10 ans leur est facilitée dans de nombreux cas.


Lors de sa première visite officielle en Algérie après son élection, au mois de décembre 2017, le président de la République Emmanuel Macron fut interpellé dans les rues de la capitale par de jeunes Algériens lui demandant « des visas » pour la France[tooltips content= »https://atlasinfo.fr/macron-visa-reclament-des-jeunes-algeriens-au-president-francais_a87875.html »](1)[/tooltips]. Cette scène faisait écho à celles observées lors de la venue de Jacques Chirac en 2003, lorsque celui-ci fut accueilli par des foules enthousiastes lui réclamant ce même octroi[tooltips content= »https://www.ledevoir.com/monde/21600/chirac-des-visas »](2)[/tooltips].

Les Algériens bénéficient d’un régime dérogatoire favorable à leur immigration

Ces moments marquants témoignent de l’attirance que la perspective d’une émigration en France continue d’exercer sur les nouvelles générations de ce pays, enlisé dans ses problèmes économiques et politiques. Une telle aspiration est encouragée et facilitée par le régime dérogatoire favorable dont les Algériens disposent dans leurs démarches d’admission au séjour, au titre de l’Accord franco-algérien (AFA) du 27 décembre 1968.

Survivance de la décolonisation, ce droit spécial pose question, compte tenu de la distance historique qui nous sépare désormais des accords d’Evian ainsi que de l’importante population algérienne déjà installée au fil des décennies.

Un peu d’histoire…

Les considérations historiques souvent évoquées à l’appui de ce statut privilégié nécessitent un retour sur l’histoire de l’immigration algérienne en France.

La conquête de l’Algérie par la France est réalisée entre 1830 et 1847, mettant un terme à la domination ottomane sur cette partie de l’Afrique du Nord – qui n’a alors jamais été constituée en Etat souverain. Les premiers départs significatifs de ses habitants indigènes vers la métropole n’ont cependant lieu qu’en 1916 : 80 000 travailleurs algériens (sur 190 000 travailleurs coloniaux au total)[tooltips content= »Daniel LEFEUVRE, Pour en finir avec la repentance coloniale, Flammarion, 2006. Chapitre 9, p.144 « ](3)[/tooltips] rejoignent alors les usines et les champs d’une France dont la population active se trouve largement mobilisée sur le front de la Première Guerre mondiale. Cette main d’œuvre est quasi-intégralement rapatriée au terme du conflit[tooltips content= »Bertrand NOGARA et Lucien WEILL, in Jacques DUPAQUIER (dir.) Histoire de la population française. Tome III, Presses Universitaires de France, 1995. »](4)[/tooltips].

Les Algériens comptent peu dans la vague d’immigration que la France connaît dans l’entre-deux-guerres. En 1931, plus de 9 travailleurs immigrés sur 10 sont originaires de pays européens[tooltips content= »Daniel LEFEUVRE, op. cit. »](5)[/tooltips]. Les rares Algériens bénéficient néanmoins d’un statut avantageux lors de la crise économique des années 1930 : n’étant pas considérés comme « étrangers », ils ne sont pas concernés par les quotas restrictifs ni par les mesures d’expulsion qui touchent alors les extra-nationaux exerçant une profession dans les secteurs touchés par le chômage[tooltips content= »Décret du 6 février 1935 prévoyant l’expulsion des étrangers exerçant une profession dans un secteur touché par le chômage »](6)[/tooltips]. En 1946, les Algériens ne représentent encore que 3% de l’ensemble des populations immigrées en métropole[tooltips content= »Daniel LEFEUVRE, op. cit. Chapitre 10, p.154″](7)[/tooltips].

A lire aussi: Le «grand remplacement»: fantasme et réalités démographiques

Cette situation change radicalement au cours des Trente Glorieuses. Le nombre d’immigrés algériens est multiplié par 10 entre 1946 et 1954, passant de 22 000 à 210 000. Il double encore au cours de la Guerre d’Algérie, atteignant 436 000 en 1962[tooltips content= »Daniel LEFEUVRE, op. cit. »](8)[/tooltips].

Contrairement à certaines idées reçues, cet apport tient peu aux nécessités de la « reconstruction » du pays : les historiens s’accordent à considérer que celle-ci est achevée dès 1951, or l’ensemble des coloniaux (Algériens compris) représente à cette date moins de 1% de la population active[tooltips content= »Daniel LEFEUVRE, op. cit. Chapitre 10, p.155″](9)[/tooltips]. L’augmentation exponentielle de l’immigration algérienne s’explique par d’autres facteurs :

  • La priorité volontariste accordée aux Algériens par le gouvernement français et répercutée par les grandes entreprises, avec pour objectif le maintien de l’Algérie dans la République face aux velléités indépendantistes ;
  • Les besoins en main d’œuvre d’une économie en pleine expansion (jusqu’à 8% de croissance / an), particulièrement dans les secteurs industriels ;
  • La crise économique et sociale qui frappe l’Algérie : tandis que la colonie connaît une explosion de sa population, sa production agricole stagne voire recule. On estime par exemple que « les transferts de salaires et d’allocations correspondantes représentent près de la moitié des moyens de vie » dans le département de Grande Kabylie en 1958[tooltips content= »Daniel LEFEUVRE, op. cit. Chapitre 11, p.173″](10)[/tooltips].

Durant cette même période, la guerre d’Algérie fait rage et se transpose parfois dans la diaspora algérienne en métropole, qu’il s’agisse des attentats contre des policiers à Paris ou bien des affrontements entre le FLN et ses rivaux indépendantistes du MNA[tooltips content= »Pour plus de détails : Gregor MATHIAS, La France ciblée : Terrorisme et contre-terrorisme pendant la guerre d’Algérie, Vendémiaire, 2017″](11)[/tooltips] – causant près de 4 000 morts en France. Le conflit se solde par la signature des accords d’Evian le 19 mars 1962.

Outre le cessez-le-feu et les modalités d’autodétermination (qui aboutiront à l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet de cette même année), ces accords prévoient une liberté totale de circulation et d’installation des Algériens en France. Ils stipulent en effet que « sauf décision de justice, tout Algérien muni d’une carte d’identité est libre de circuler entre l’Algérie et la France » et que « les ressortissants algériens résidant en France, et notamment les travailleurs, auront les mêmes droits que les nationaux français, à l’exception des droits politiques »[tooltips content= »Accords d’Evian : « Déclaration des garanties » / Première partie : « Dispositions générales » / « 2° De la liberté de circuler entre l’Algérie et la France » »](12)[/tooltips]. Cette garantie est notamment conçue comme corollaire au maintien de droits équivalents pour les Français d’Algérie – lesquels seront pourtant contraints à l’exil par la violence dans les mois qui suivront.

Par ailleurs, certains Algériens nés avant 1962 et relevant du statut civil de droit commun (par opposition au statut local d’inspiration coranique) peuvent conserver la nationalité française[tooltips content= »Ordonnance du 21 juillet 1962, article 1er »](13)[/tooltips].

A partir de 1968, un « certificat de résidence » est réservé aux Algériens

Assez tôt, le gouvernement français cherche à ralentir et à organiser le courant d’immigration que l’indépendance n’a pas tari ; on compte 720 000 immigrés algériens en 1972[tooltips content= »Daniel LEFEUVRE, op. cit. Chapitre 11, p.180″](14)[/tooltips], soit 65% de plus qu’en 1962. Après plusieurs années de négociation, un accord est signé avec le gouvernement de l’Algérie le 27 décembre 1968, « relatif à la circulation, à l’emploi et au séjour des ressortissants algériens et de leurs familles ». Communément désigné comme « Accord franco-algérien » (AFA), celui-ci est modifié par trois avenants de 1985, 1994 et 2001 pour aboutir finalement à son état actuel[tooltips content= »Version en vigueur de l’Accord franco-algérien (AFA) : https://www.gisti.org/IMG/pdf/accord_franco-algerien.pdf »](15)[/tooltips].

Cet accord bilatéral régit de manière exclusive les conditions de séjour et de travail en France des immigrés algériens et de leurs familles ; le CESEDA (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile) ne leur est pas applicable[tooltips content= »Cf jurisprudence – Cour administrative d’appel de Lyon, arrêt n° 07LY01505 du 23 avril 2008 : https://www.legifrance.gouv.fr/ceta/id/CETATEXT000019080817/ »](16)[/tooltips]. L’AFA se concrétise notamment dans un titre de séjour spécial : le « certificat de résidence » réservé aux Algériens.

S’il met un terme au principe de libre-circulation, le régime de l’AFA recouvre trois grands types de spécificités plus favorables que le droit commun :

> L’admission des Algériens au séjour en France est facilitée

Cela vaut particulièrement au sujet des titres « Vie privée et familiale » : pour obtenir une première carte « conjoint de Français », les Algériens sont dispensés de la condition d’une vie commune en France avec leur époux / épouse depuis 6 mois au moins – contrairement aux exigences normales appliquées aux autres étrangers non-européens[tooltips content= »https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1764″](17)[/tooltips].

> Les Algériens bénéficient de la liberté d’établissement pour exercer une activité de commerçant ou une profession indépendante

Pour obtenir un certificat de résidence « Commerçant », le ressortissant algérien doit simplement s’immatriculer au registre du commerce et des sociétés ou à la chambre des métiers (selon la nature de son activité) et présenter le justificatif à la préfecture[tooltips content= »AFA – Article 5″](18)[/tooltips]. En particulier, il bénéficie du droit que la viabilité économique de son projet ne soit pas évaluée – contrairement aux autres étrangers non-européens[tooltips content= »Article R313-16-1 du CESEDA : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006070158/LEGISCTA000006147828/2016-11-01/#LEGISCTA000033332166″](19)[/tooltips]. Lors du renouvellement de ce certificat, le ressortissant algérien n’a pas à justifier de conditions de ressources[tooltips content= »Ainsi que le rappelle la circulaire ministérielle du 29 octobre 2007 : https://www.gisti.org/IMG/pdf/norimid0700008c.pdf »](20)[/tooltips] – tandis que pour les autres étrangers, le CESEDA prévoit l’obligation de vérifier que les ressources qu’ils en tirent « sont d’un niveau équivalent au salaire minimum de croissance correspondant à un emploi à temps plein »[tooltips content= »Article 313-36-1 du CESEDA : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGIARTI000033332554/2016-11-01″](21)[/tooltips].

> Les ressortissants algériens peuvent accéder plus rapidement que les ressortissants d’autres États à la délivrance d’un titre de séjour valable 10 ans

S’ils ne l’ont pas obtenu auparavant, les ressortissants algériens peuvent solliciter un certificat de résidence de 10 ans après 3 ans de séjour[tooltips content= »AFA – Article 7 bis »](22)[/tooltips], contre 5 ans dans le cadre du droit commun, sous condition de ressources suffisantes.

En ce qui concerne le regroupement familial, les membres de la famille d’un Algérien qui s’établissent en France sont mis en possession d’un certificat de résidence de même durée de validité que celui de la personne qu’ils rejoignent[tooltips content= »AFA – Article 4″](23)[/tooltips].

A lire aussi: Raphaël Doan: «L’assimilation est par nature antiraciste»

Pour un conjoint algérien de Français, l’AFA ouvre le droit à la délivrance d’un certificat de résidence de 10 ans après un an de mariage[tooltips content= »AFA – Article 7 bis,alinéa a »](24)[/tooltips]. Pour le parent algérien d’un enfant de nationalité française, cette carte de 10 ans est disponible à l’échéance d’un premier certificat de résidence d’un an[tooltips content= »AFA – Article 7 bis, alinéa g »](25)[/tooltips].

Une telle disposition ouvre la porte à de nombreux abus – notamment des séparations rapides après l’obtention du certificat de résidence.

D’autres droits exorbitants sont également applicables

Les conditions de retrait éventuel d’une carte de 10 ans « conjoint de français » sont plus restreintes lorsqu’il s’agit d’un Algérien : ledit retrait par l’administration n’est envisageable qu’en cas de fraude avérée au mariage. Cette preuve est très exigeante : la préfecture doit établir avec certitude que le ressortissant algérien a contracté un mariage exclusivement dans le but d’obtenir un titre de séjour.

Une autre sorte de faveur porte sur le coût administratif de l’émission des certificats de résidence valables 10 ans : leur délivrance et leur renouvellement sont gratuits pour les Algériens, c’est-à-dire entièrement pris en charge par les contribuables français[tooltips content= »AFA – Articles 7 et 7 bis »](26)[/tooltips]. A l’inverse et dans la même situation, les étrangers issus d’autres pays non-européens doivent s’acquitter d’une somme de 225 € (droit de timbre de 25 € + taxe de 200 €)[tooltips content= »Ministère de l’Intérieur (consulté le 22/11/2020) : https://www.demarches.interieur.gouv.fr/particuliers/carte-resident-ans-etranger-france#:~:text=de%20maladie%20professionnelle-,Co%C3%BBt,de%20d%C3%A9p%C3%B4t%20de%20votre%20demande »](27)[/tooltips].

Nous verrons demain qu’il importe de dénoncer cet accord franco-algérien toujours en vigueur, et d’aligner son régime d’immigration sur le droit commun. En effet, l’ampleur majeure de l’immigration algérienne, ses difficultés d’intégration objectivables par des chiffres et le principe d’égalité devraient conduire à aligner le régime des Algériens sur le droit commun.

Cela fera l’objet de la seconde partie de cet article.

>>> Lire la seconde partie <<<

> Retrouvez l’intégralité des articles de l’Observatoire sur leur site http://observatoire-immigration.fr <

[1] https://atlasinfo.fr/macron-visa-reclament-des-jeunes-algeriens-au-president-francais_a87875.html

[2] https://www.ledevoir.com/monde/21600/chirac-des-visas

[3] Daniel LEFEUVRE, Pour en finir avec la repentance coloniale, Flammarion, 2006. Chapitre 9, p.144

[4] Bertrand NOGARA et Lucien WEILL, in Jacques DUPAQUIER (dir.) Histoire de la population française. Tome III, Presses Universitaires de France, 1995.

[5] Daniel LEFEUVRE, op. cit.

[6] Décret du 6 février 1935 prévoyant l’expulsion des étrangers exerçant une profession dans un secteur touché par le chômage

[7] Daniel LEFEUVRE, op. cit. Chapitre 10, p.154

[8] Daniel LEFEUVRE, op. cit.

[9] Daniel LEFEUVRE, op. cit. Chapitre 10, p.155

[10] Daniel LEFEUVRE, op. cit. Chapitre 11, p.173

[11] Pour plus de détails : Gregor MATHIAS, La France ciblée : Terrorisme et contre-terrorisme pendant la guerre d’Algérie, Vendémiaire, 2017

[12] Accords d’Evian : « Déclaration des garanties » / Première partie : « Dispositions générales » / « 2° De la liberté de circuler entre l’Algérie et la France »

[13] Ordonnance du 21 juillet 1962, article 1er

[14] Daniel LEFEUVRE, op. cit. Chapitre 11, p.180

[15] Version en vigueur de l’Accord franco-algérien (AFA) : https://www.gisti.org/IMG/pdf/accord_franco-algerien.pdf

[16] Cf jurisprudence – Cour administrative d’appel de Lyon, arrêt n° 07LY01505 du 23 avril 2008 : https://www.legifrance.gouv.fr/ceta/id/CETATEXT000019080817/

[17] https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1764

[18] AFA – Article 5

[19] Article R313-16-1 du CESEDA : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006070158/LEGISCTA000006147828/2016-11-01/#LEGISCTA000033332166

[20] Ainsi que le rappelle la circulaire ministérielle du 29 octobre 2007 : https://www.gisti.org/IMG/pdf/norimid0700008c.pdf

[21] Article 313-36-1 du CESEDA :

https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGIARTI000033332554/2016-11-01/

[22] AFA – Article 7 bis

[23] AFA – Article 4

[24] AFA – Article 7 bis,alinéa a)

[25] AFA – Article 7 bis, alinéa g)

[26] AFA – Articles 7 et 7 bis

[27] Ministère de l’Intérieur (consulté le 22/11/2020) : https://www.demarches.interieur.gouv.fr/particuliers/carte-resident-ans-etranger-france#:~:text=de%20maladie%20professionnelle-,Co%C3%BBt,de%20d%C3%A9p%C3%B4t%20de%20votre%20demande

Décolonialisme made in Belgium

0
La militante Mireille-Tsheusi Robert. Photo: capture d'écran YouTube.

À Bruxelles, on nage en plein délire: quelque temps après que le Roi Léopold II se voit vu déposséder de « son » boulevard au nord de la capitale belge au profit de la chanteuse populaire Annie Cordy, voilà qu’on reproche déjà à celle-ci « Chaud, cacao », chanson raciste.


Le Roi Léopold II, deuxième de la petite dynastie royale belge (en comparaison de la France) fait l’objet depuis quelques années de polémiques incessantes sur son rôle délétère lorsqu’il administrait, en souverain de droit quasi divin, le Royaume indépendant du Congo (actuellement la République démocratique du Congo), devenu ensuite la principale colonie belge. 

L’histoire controversée de Léopold II

Accusé d’exactions (les fameuses « mains coupées »), voire de génocide, Léopold II, dont les statues sont régulièrement vandalisées, s’est vu d’abord quasi effacé de son musée, rebaptisé « Royal Museum for Central Africa » ou « AfricaMuseum », après une rénovation passée par les fourches caudines d’« experts » décoloniaux. L’ancien musée, à deux pas de Bruxelles, avait été inauguré lors de l’Exposition internationale de 1897 à la gloire des « réalisations » du monarque. Jusqu’à récemment, sa statue trônait sur son cheval à l’entrée du musée. Il ne reste de lui aujourd’hui qu’un buste discret caché dans une vitrine et tourné vers le parc de Tervueren dont les essences furent elles-aussi plantées à l’initiative du Roi. Le nouveau musée est maintenant lavé de toute arrière-pensée colonialiste, une « salle des horreurs » recueillant l’ensemble des représentations humiliantes pour les indigènes congolais. L’AfricaMuseum est aujourd’hui le digne représentant de l’approche muséale planétaire : riche de ses collections mais aseptisé, avec, dans chacune des salles, des avertissements paternalistes précisant que les objets n’ont pas fait l’objet de pillages… 

A lire aussi, Sami Biasoni: Racistes du troisième millénaire

Cette « histoire belge » n’en est pas une : elle s’inscrit au cœur du débat qui agite en ce moment l’Occident européen, américain et même australien : que faire de nos « grands hommes » qui, pressés d’assurer la grandeur de leur pays, manifestèrent en leur temps bien peu de compassion envers d’autres peuples plus ou moins soumis ? Abraham Lincoln a aboli l’esclavage… mais était lui-même propriétaire d’esclaves. Colbert a élaboré le Code noir et Jules Ferry pensait que les races supérieures devaient civiliser les races inférieures… Churchill considérait le peuple britannique comme plus intelligent… etc.

La très toxique « mode » décoloniale

Au lieu d’affronter l’histoire en la contextualisant (c’est le rôle des musées), en respectant les traces qu’elle a laissées (les statues, les noms de rue, d’écoles, etc.), la très toxique « mode » décoloniale, dont l’origine est obscure et ses thuriféraires difficiles à cerner, est plutôt à effacer toutes les traces de notre prestigieux passé, se soumettant ainsi à la pire erreur qui soit pour un historien : l’anachronisme. Car les valeurs de 2021 ne sont évidemment pas les mêmes que celles des siècles passés.

C’est ainsi qu’à l’initiative des autorités bruxelloises, on a lancé récemment une consultation populaire pour débaptiser le boulevard Léopold II, une ancienne artère de prestige au nord de Bruxelles, dont le nom même du « Roi bâtisseur » – Léopold II est à peu près l’équivalent du Baron Hausmann – n’était plus digne de la capitale de l’Europe, devenue ville-monde peuplée d’« anywhere » accros à Twitter et compagnie. Il est loin le temps où Bruxelles brusselait, comme chantait Jacques Brel.

A lire aussi, Philippe David: Annie Cordy « pose problème »

Néo-féminisme oblige, le boulevard devait porter le nom d’une femme (94% des rues de Bruxelles portent un nom masculin et convenons que c’est un réel problème) et l’heureuse élue devait être déclarée lors de la Journée internationale de la femme il y a environ une semaine. Finalement, la chanteuse populaire Annie Cordy a obtenu le plus de votes (environ 20%). 

Mauvais esprit

Mais le changement de nom n’est pas encore acté qu’une polémique naît autour d’une chanson controversée de l’interprète de « La Bonne du curé » et de « Tata Yoyo » : « Cho Ka Ka O (Chaud cacao) ». 

À l’émission dominicale d’RTL-TVI, « C’est pas tous les jours dimanche », notamment, Mireille-Tsheusi Robert (notre photo), présidente du Centre féministe de réflexion et d’action sur le racisme anti-noir.e.s, reproche en effet à Cho Ka Ka O son « esprit » qui cumulerait les stéréotypes envers les Africains… On met toutefois au défi quiconque de trouver dans les paroles de cette chanson un caractère raciste[tooltips content= »https://www.paroles.net/annie-cordy/paroles-cho-ka-ka-o »](1)[/tooltips].

De par la sympathie et la décontraction qui ont toujours caractérisé Annie Cordy, il y a peu de chance que le boulevard en question soit à nouveau rebaptisé. Mais avec la mouvance décoloniale, on marche sur la tête et on ne sait jamais…

Thérapie chinoise contre la féminisation

0
© AFP photo - AP photo

Le ministère chinois de l’Education veut « empêcher la féminisation des adolescents de sexe masculin », pour former des hommes, des vrais – sur le modèle militaire ?


Rendre les garçons plus « masculins ». Vous vous en doutez, l’idée ne vient pas d’Occident, mais bien du ministère chinois de l’Éducation qui a publié un programme « visant à empêcher la féminisation des adolescents de sexe masculin » qui serait à l’œuvre. De quoi faire hurler les théoriciens du genre… De nombreux internautes chinois ont dénoncé le sexisme de cette décision. Mais étonnamment, Xi Jinping n’a pas tremblé. Les écoles chinoises sont appelées à réformer leurs offres d’éducation physique pour former des hommes, des vrais. Le football est particulièrement mis en avant, sans surprise, le président Xi Jinping ayant déjà exprimé son espoir de voir le pays devenir une « superpuissance mondiale du football » d’ici 2050.

Mais d’autres trouvent un dessein différent à la décision chinoise et y voient une volonté du pouvoir chinois de mettre en place une dynamique guerrière. Et pour cause, le gouvernement de Pékin se dit préoccupé par le fait que les modèles masculins les plus populaires du pays ne soient plus des figures fortes et athlétiques comme les « héros de l’armée ». Quelques signes annonçaient ce mouvement. En mai 2020, Si Zefu, un haut responsable, déclarait que beaucoup de jeunes hommes chinois étaient devenus « faibles et timides, avec une basse estime de soi ». Une situation qu’il voyait comme un danger pour « la survie et le développement de la nation chinoise ». C’est beau comme du Zemmour.

« Depuis 40 ans, la courbe du nombre de personnes incarcérées en France ne cesse de monter »

0
Marche blanche pour Alisha à Argenteuil le 14 mars 2021. L'adolescence a été retrouvée morte noyée le lundi 8 mars 2021 au quai Saint-Denis. Les deux adolescents impliqués dans sa mort encourent 20 ans de prison. © ISA HARSIN/SIPA Numéro de reportage : 01009212_000012

Sociologue et directeur de recherche au CNRS, Laurent Mucchielli travaille sur la délinquance et la violence depuis près de 25 ans. Bien que Causeur ne soit pas sa tasse de thé, il a accepté de répondre à nos questions. Entretien.


Causeur. La mort de la petite Alisha, noyée par deux adolescents à Argenteuil a suscité un certain émoi. Notre société devient-elle de plus en plus violente ?

Laurent Mucchielli. Ça n’a pas de sens de plaquer des généralités pareilles sur un fait divers. Il arrive malheureusement des faits divers tous les jours, plus ou moins dramatiques. On peut dire tout ce qu’on veut sur le plan moral ou sur le plan émotionnel, mais sur le plan intellectuel on ne peut tirer absolument aucune généralité. Ces faits ne sont même pas analysés avant que les médias en parlent. En général, on ne sait vraiment ce qui s’est passé que des mois, voire des années après. Ça fait 25 ans que je suis chercheur au CNRS sur les questions de violence. J’ai déjà connu une bonne dizaine de fois ces épisodes de panique politico-médiatique où l’on surinterprète des faits divers pour y voir le signe d’une catastrophe à venir. À chaque fois, on dit qu’il y a de plus en plus de violence entre individus toujours plus jeunes. Je me retrouve à répéter aujourd’hui au mot près ce que je disais déjà il y a vingt ans.

Justement, dans votre livre L’invention de la violence, vous évoquez la violence des « blousons noirs » des années 1960. Mais je n’ai pas le souvenir que les « blousons noirs » faisaient des guet-apens sur des policiers avec des mortiers de feux d’artifices par exemple. Selon vous, l’impression que notre société devient de plus en plus violente est-elle infondée ?

Plutôt que de fantasmer le passé, il faut tout simplement aller lire les historiens. Les généralités évoquées tout à l’heure s’abreuvent toutes à la même source, une pensée décadentiste classique qui consiste à dire que c’était forcément mieux avant, que les parents ont démissionné, que la justice est laxiste, etc. Quand vous lisez les historiens, ça vous permet de sortir de ce blabla pour vérifier si c’était mieux avant. Est-ce qu’il n’y avait pas des bagarres de bandes qui se terminaient par des morts, avant ? Est-ce que les jeunes étaient toujours respectueux des policiers avant ?

Dans le domaine scientifique, « ensauvagement » ne veut rien dire. Crier à l’insécurité est l’une des plus vieilles rhétoriques politiques du monde! 

Non, ce sont des blagues, il suffit pour le savoir d’aller lire des livres d’histoire. On s’aperçoit aussi que ce discours est très vieux. Déjà il y a cent ans, des gens écrivaient qu’il fallait s’inquiéter au sujet de bandes de jeunes super violentes, les médias de l’époque appelaient ça « les Apaches ». Puis dans les années 1960, il y eut effectivement les « Blousons noirs ». Puis dans les années 1970 et 1980 les « Loubards », et cetera.

En lisant Au bagne d’Albert Londres, on voit bien que la délinquance ne date pas d’aujourd’hui. Vous évoquez pour votre part le Moyen-Âge dans L’invention de la violence. Pour autant, n’est-ce pas légitime de s’inquiéter de la violence que l’on voit actuellement ?

Chacun a le droit d’avoir les opinions qu’il veut, on est dans un pays libre et je suis un très grand défenseur de la liberté d’expression. Par contre, je ne peux que vous dire à nouveau que ce n’est pas la vérité, que c’est une opinion. On peut croire ce que l’on veut et au Dieu que l’on veut. Mais si l’on prétend simplement décrire le réel, il faut se fonder sur des faits. Je suis chercheur au CNRS, la recherche scientifique est mon métier. Je dis et je répète qu’on observait des choses parfaitement similaires voire pires, à ce qui se passe aujourd’hui, dans le passé. Cette impression que la violence augmente ou qu’il y a moins de morale n’est qu’un imaginaire. Je dirais même que cet imaginaire a un côté générationnel ainsi qu’un côté café du commerce.

Les médias en parlent-ils trop ?

Le problème n’est pas le fait d’en parler mais la façon d’en parler, ce qui est tout à fait différent. Il est très bien qu’on se questionne, mais il ne faut pas raconter de sottises. Ou alors il faut assumer le fait qu’on fait des hypothèses, qu’on parle en l’air, qu’on ne s’intéresse pas à la vérification avec des données objectives.

Justement, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, les homicides auraient augmenté de 9% en 2019. Les chiffres que l’on entend autour de la violence sont-ils fiables ?

Dans toutes les statistiques récentes sur ce sujet, il y a une seule bizarrerie, c’est ce chiffre que vous venez de citer: en 2019 il y a eu 880 homicides contre 845 l’année précédente. C’est l’unique fait que l’on ne comprend pas. Mais il faut ajouter aussitôt que le nombre d’homicides est retombé à 863 en 2020, sinon on fait un mensonge par omission. Que s’est-il passé précisément en 2019 ? Difficile de savoir, aucune étude n’a été faite. Est-ce en rapport avec le climat de tension sociale, le mouvement des Gilets jaunes et sa répression ? Personne ne le sait jusqu’à présent. De plus, homicide est un mot qui recouvre des choses très différentes. Sous ce mot, on met les règlements de compte entre bandits, les braquages qui tournent mal, les meurtres conjugaux, les infanticides. Par ailleurs, quand on regarde les enquêtes de victimisation, on voit qu’il n’y a pas de hausse générale de la violence, que c’est juste faux.

Dans un sondage Ifop de septembre 2020, sept Français sur 10 estimaient que le terme d’ « ensauvagement » de la société était justifié. Comment peut-on expliquer que ce taux soit si haut ?

Déjà, quand je faisais mes entretiens au début de ma carrière ou lorsque l’on regardait les sondages d’opinion, il y avait toujours une majorité de personnes qui estimaient que la situation sécuritaire se détériorait, ce qui traduit tout simplement une inquiétude. Des inquiétudes, on en trouve toujours, ceci d’autant plus lorsque les sondages sont faits dans des moments d’émotions liées à la médiatisation et la politisation des faits divers. Par ailleurs, le terme d’« ensauvagement » est une notion politique. Les gens qui répondent à cette question expriment aussi des opinions, qui sont même des opinions politiques pour une partie d’entre eux. Le débat politique n’a pas les mêmes règles que le débat scientifique. Dans le domaine scientifique, « ensauvagement » est un terme qui ne veut rien dire. Et crier à l’insécurité, c’est aussi l’une des plus vieilles rhétoriques politiques du monde. Ceux qui crient à l’insécurité sont généralement ceux qui disent ensuite : « votez pour moi et je vais rétablir la sécurité ».

Dans ce même sondage, 73% des Français estimaient que « les juges ne sont pas assez sévères ». Il semble que notre justice soit trop laxiste aux yeux des Français. Qu’en pensez-vous ?

J’ai déjà évoqué ces poncifs tout à l’heure: les jeunes sont de plus en plus violents de plus en plus jeunes, il y a de moins en moins de repères, les parents ont démissionné, les enseignants ne font plus leur travail, la prévention ne sert à rien et la justice est laxiste. C’est le café du commerce dans sa déclinaison complète. Vous voulez savoir si la justice est plus ou moins sévère ? Allez sur le site du ministère de la Justice, regardez les quelque 600 000 condamnations prononcées par les tribunaux en France, regardez les peines prononcées, et comparez avec les données de 20 ou 30 ans auparavant. De même, regardez les statistiques de l’administration pénitentiaire, et vous verrez que la courbe de l’évolution du nombre de personnes incarcérées en France depuis 40 ans ne cesse d’augmenter. Au 1er janvier 1980, il y avait environ 37 000 détenus en France. 40 ans plus tard, au 1er janvier 2020 il y en avait près de 83 000. Il ne me semble pas que cela aille dans le sens d’un « laxisme » de la justice… Mais il y a des marchands de peur, des médias très anxiogènes et des discours politiques qui en font un fonds de commerce. Ça paraît tellement évident que je me demande pourquoi je dois le répéter. J’ajoute que dans les enquêtes d’opinions, on voit que la même majorité de personnes qui vont dire que la société française est de pire en pire répondront un peu plus loin qu’elles ne se sentent pas personnellement en insécurité quand elles sortent de chez elles. Ce point est important, il montre bien la différence qu’il faut absolument faire entre la représentation que les gens se font de la société générale et la véritable expérience de vie personnelle qui est la leur, la différence entre le réel et l’imaginaire.

L'invention de la violence. Des peurs, des chiffres et des faits

Price: 27,00 €

22 used & new available from 3,00 €

La France telle qu'elle est: Pour en finir avec la complainte nationaliste

Price: 38,24 €

6 used & new available from 13,71 €

Pierre Mortez réagit au discours « subversif » de Corinne Masiero: «c’est cela oui…»

0

Des professionnels du spectacle, de nombreuses personnalités médiatiques et nombre d’internautes ont exprimé leur déception quant à la dernière cérémonie des César, où Corinne Masiero en a trop montré. Y compris le sympathique Thierry Lhermitte, pourtant pas réputé bégueule…


« Sinistre », « sans humour », « médiocre » « pathétique » ou « vulgaire » : les adjectifs péjoratifs ont été largement majoritaires pour qualifier cette édition 2021 des César!

Les commentateurs furent nombreux à pointer du doigt le manque de goût, l’absence de légèreté, mais surtout l’aspect ultra politisé de la soirée. Ni les prestations des intervenants, ni le discours d’ouverture de Marina Foïs, co-écrit avec Blanche Gardin et Laurent Lafitte, n’ont convaincu grand monde.

Une cérémonie faisant presque l’unanimité contre elle

Pour l’ancien directeur du CNC et fondateur de la chaîne Arte Jérôme Clément, interrogé sur Sud Radio, « la vulgarité et le manque de tenue […] étaient confondantes. Comment être aussi médiocre quand il faut s’élever vers ce qui devrait faire la grandeur du 7e art ? ».

Éric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, estime qu’il s’agissait « d’une catastrophe pour la culture, une faillite sur fond de guerre idéologique ». Pour le journaliste compositeur Benjamin Sire, la cérémonie s’apparentait au naufrage du Titanic: « un festival d’ego boursouflés se vautrant dans les travées d’une caricature de meeting où la France Insoumise se serait acoquinée avec les Indigènes de la République » écrit-il avec un humour non dénué de réalisme.

A lire aussi: Nous méritons le César du self-control

Gérard Jugnot, présent pour la remise d’un César honorifique, a dit que la soirée « manquait sévèrement de légèreté », puis a également filé la métaphore du Titanic : « C’est une fête qui est compliquée, il aurait fallu que l’orchestre joue pendant ce Titanic… mais bon, il jouait un peu faux là » a-t-il déclaré au micro de RTL.

Entre l’ode à Adama Traoré, les plaisanteries crispées et les longs moments gênants, il est difficile de donner tort à ces critiques, surtout s’agissant du clou du spectacle, à savoir la prestation de Corinne Masiero.

Corine Masiero: défendre la culture avec des fautes d’orthographe

L’actrice campant Capitaine Marleau sur le petit écran est venue défendre la culture et les droits des intermittents du spectacle. Elle est apparue sous un costume sanguinolent de peau d’âne, visage maculé de sang, cheveux en bataille et affublée de tampons usagés en guise de boucles d’oreilles. Comme on le sait, poing levé, elle s’est intégralement dévêtue pour arborer deux messages en deux langues différentes, comportant deux erreurs. Au dos, une faute de conjugaison avec « rend nous l’art Jean », au lieu de « rends »[tooltips content= »Je me permets de rappeler ici que l’effacement du « s » à l’impératif ne concerne que les verbes du premier groupe, ainsi que le verbe « aller » (troisième groupe.) »](1)[/tooltips]. De face, on pouvait lire un message en anglais : «  No culture, no futur. »[tooltips content= »Futur s’écrit « future » dans la langue d’Albion. »](2)[/tooltips]

Cette apparition se voulait iconoclaste, transgressive, subversive, pourtant rien n’est plus convenu, rien n’est davantage ancré dans l’air du temps, toutes les thématiques du « camp du Bien » furent réunies, condensées, compressées: féminisme, précarité menstruelle, anti-spécisme… Oui, cela « n’est pas subversif, c’est kitsch. Ce n’est pas dérangeant, mais dégoûtant! » comme Causeur l’écrivait hier.

La subversion n’est pas là où vous regardez!

Hélas, non seulement cette prestation fut d’une médiocrité inégalée, mais elle a surtout éclipsé une autre, véritablement iconoclaste : je parle de l’apparition de Thierry Lhermitte. Accompagné de la troupe du Splendid pour recevoir un César d’honneur, ce dernier est venu habillé d’un costume marron à rayures, modèle identique à celui que portait Pierre Mortez dans le film Le Père-Noël est une ordure quatre décennies plus tôt. Qui est venu chercher le César, Thierry Lhermitte ou Pierre Mortez? Et pourquoi ce clin d’œil? Comment ne pas penser au personnage caricatural débordant de bons discours, pétri de bons sentiments, bénévole pour « SOS Détresse Amitié » mais hypocrite, ponctuant ses phrases par un laconique « c’est cela oui », antipathique à souhait et pervers sur les bords?

A lire aussi: César J- 31: acteurs, je vous aime!

Et si c’était un pied-de-nez à l’institution des Césars? Une façon subtile de narguer une assemblée déjà très mal à l’aise, un sabotage délibéré, une manière de phagocyter le jeu de l’intérieur? Comme la vieille tante acariâtre qui vient mal habillée au mariage pour bien signifier sa désapprobation.

Et la stigmatisation des anorexiques parmi les sumos?

De son côté, la maîtresse de cérémonie Marina Foïs était habillée d’une robe Vuitton ornée de 4000 perles et de 2000 cristaux argentés, ayant demandé 200 heures de travail. Thierry Lhermitte en costume rayé ne pouvait que faire tache à côté. Elle était là la véritable transgression subversive. J’extrapole bien entendu… je peux aussi me tromper, ce choix était peut-être anodin…

A lire aussi: Questions pour une championne: cachez cette Marine Le Pen que Samuel Étienne ne saurait voir…

Mais, pour conforter ce sentiment, écoutons ce que l’acteur a déclaré hier sur France 5, alors qu’il revenait sur cette pitoyable cérémonie de remise de prix: «Beaucoup de sujets ont certes été abordés, beaucoup de malheurs du monde ont été décriés». Fronçant les sourcils, Lhermitte a ensuite enfoncé le clou : «Mais ils n’ont pas abordé les Rohingyas, le Yémen, la Syrie, les élections américaines avec l’invasion du Capitole, Navalny, l’endométriose – pas un mot! -, le bien-être animal, la chasse à courre – rien du tout! -, l’Arménie, la stigmatisation des anorexiques dans le milieu du sumo japonais, la grossophobie dans le milieu des jockeys, le remboursement des soins dentaires, l’excision et les GAFAM – pas un mot là-dessus!»

Annie Cordy « pose problème »

0
Annie Cordy en 2016 © SIPANY/SIPA Numéro de reportage : SIPAUSA30149076_000045

Pas une semaine ne passe sans qu’un nouveau délire de la culture « woke » ou de la « cancel culture », deux concepts importés pour notre plus grand malheur des États-Unis, ne nous fasse tomber de l’armoire!

Le dernier en date ne nous arrive pas des États-Unis mais de Belgique. La Belgique, pays on ne peut plus proche de la France puisque limitrophe, francophone et dont celui qui a été élu plus grand Belge de tous les temps, Jacques Brel, a commencé à connaître le succès à Paris et non à Bruxelles.

Chaud cacao, une chanson accusée de cumuler les stéréotypes sur l’Afrique 

« C’était au temps où Bruxelles rêvait, c’était au temps du cinéma muet » chantait le Grand Jacques il y a 60 ans. Et 60 ans après on pourrait réécrire les paroles en chantant « c’était au temps où Bruxelles déconnait, c’était au temps où la woke sévissait », puisque c’est désormais une icône belge aujourd’hui disparue, Annie Cordy, qui est accusée d’avoir interprété une chanson raciste: « Chaud cacao ». Cette chanson est accusée de « cumuler les stéréotypes sur l’Afrique » et « l’esprit de la chanson pose problème ». Pourtant en relisant les paroles, on parle de bambous (rares en Afrique), de caïmans (les crocodiles vivent uniquement en Amérique centrale et du Sud), de pingouins (relativement rares en Afrique) ou encore de pandas (vivant exclusivement en Asie). On parle bien dans le refrain de noix de coco et d’ananas, mais aucun pays africain ne se trouve parmi les dix premiers producteurs mondiaux de noix de coco, et le Nigéria est le seul pays africain parmi les principaux producteurs d’ananas (à la 8e place). Alors si les paroles « posent problème », on se demande bien pourquoi.

A lire aussi, Sophie Bachat: Gainsbourg, déjà trente piges

Maintenant, regardons d’autres chansons francophones qui peuvent aussi poser problème. Annie Cordy, encore elle, a chanté une chanson ouvertement germanophobe avec « Frida oum papa ». Carlos, Pierre Perret et Francky Vincent ont vanté le patriarcat avec « Papayou », « le zizi » et « tu veux mon zizi ? », chansons valorisant l’organe du viol. La culture du viol est d’ailleurs omniprésente dans la chanson « Big bisou » de Carlos (un récidiviste, comme Annie Cordy) où on s’embrasse sans demander un consentement éclairé à l’embrassé.e (il faut bien l’écrire en écriture inclusive). Pire, des chansons peuvent cumuler racisme et femme objet comme Julien Clerc lorsqu’il chante « Melissa métisse d’Ibiza est toujours dévêtue »…

Évidemment, Gainsbourg, avec « Love on the beat » (où on entend sa compagne Bambou crier lors de leurs ébats) et « Lemon incest » chanté avec sa fille Charlotte, doivent aussi être mis au pilori, chose d’ailleurs envisagée lors des trente ans de sa disparition il y a quelques jours.

Chantal Goya antispéciste

Certains mériteraient pourtant des éloges pour avoir écrit des chansons contre les dominants de la société.

On remerciera Chantal Goya d’avoir chanté les louanges d’un lapin qui a tué un chasseur et Annie Cordy bénéficiera de circonstances atténuantes pour avoir chanté « la bonne du curé » contre les cathos! Pour « noir c’est noir » de Johnny, une commission d’enquête sera instaurée à court terme pour savoir si cette chanson doit ou non être bannie des ondes. On remerciera aussi le rappeur Nick Conrad pour « Pendez les blancs », qui est une chanson en pointe de l’antiracisme.

A lire aussi, Thomas Morales: Annie, qu’est-ce qu’il y avait sous ton grand chapeau?

« C’était au temps où Bruxelles rêvait » est une chanson qui faisait partie de l’album « les Bourgeois ». Les bourgeois, comme ceux qui défendent la cancel culture ou défilent aux César, sont comme les cochons : « Plus ça devient vieux plus ça devient bête, plus ça devient vieux plus ça devient con ». Six mois après sa mort, Annie Cordy va-t-elle rejoindre le triptyque de l’infamie belge avec Léon Degrelle et Marc Dutroux ? De là-haut, elle doit nous dire: « Adieu les cons ! »

Les Bourgeois

Price: 9,95 €

2 used & new available from 9,95 €

Ma Vie en Musique (Best of 50 Titres)

Price: 130,63 €

9 used & new available from 45,50 €