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L’origine du « Monde »

"Le "Monde" se penche sur la chirurgie de l’intime et se demande si l’émancipation peut passer par le bistouri...


L’origine du « Monde »
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Après la politique, l’économie ou le climat, Le Monde se penche sur un nouveau front de la lutte progressiste: la vulve. Et Maïa Mazaurette n’est même pas dans le coup. Bienvenue dans le grand combat pour la réhabilitation des petites lèvres


Par ces temps de body positivism, faut-il s’inquiéter ou se réjouir du phénomène, Le Monde ne le dit pas ! Dans un article du 10 mai intitulé « Histoire esthétique de la vulve, de l’intime au politique1 », Virginie Larousse, numéro deux des pages « Débats », nous apprend que la chirurgie de l’intime représente déjà près de 4 000 interventions par an dans l’Hexagone – un chiffre probablement sous-estimé.

Derrière la préoccupation esthétique, la vogue de la nymphoplastie, vaginoplastie ou hyménoplastie serait le résultat d’une injonction sociale. Une activité florissante aux États-Unis, où les « vulvar designers » ont pignon sur rue. Après être passées sous le bistouri, nos amies les femmes ressortent toutes avec un sexe Barbie comme les actrices porno, réduit à une pure fente.

« L’idéal devient la norme ! Les femmes ont intériorisé ces représentations liées aux stéréotypes de genre », déplore la psychologue Sara Piazza. « Un sexe glabre, sans rien qui dépasse, ferme, rose et inodore. Il est difficile d’échapper aux normes des sociétés auxquelles on appartient », observe la gynécologue Sophie Berville.

À lire aussi, Jean-Baptiste Roques : Est-ce que ce « Monde » est sérieux ?

Cette obsession de la beauté génitale et cette chasse moderne aux petites lèvres s’inscrivent, selon Le Monde, dans une longue tradition de rejet du sexe féminin. Encore récemment, d’horribles machos ont véhiculé des représentations dégradantes de la vulve : Freud, par exemple, pour qui « l’appareil génital reste le cloaque ; chez la femme, il semble n’en être qu’une dépendance » ; Sartre, qui écrivait que « l’obscénité du sexe féminin est celle de toute chose béante » ; ou encore Alain Roger, selon qui la vulve a de tout temps été « sale, velue et gluante ».

La civilisation a interdit l’excision, alors faudrait-il refuser ces actes au nom de la lutte contre les normes sexistes ? Pas de réponse. Désormais, Le Monde ne nous dit pas seulement ce qu’il faut penser de Marine Le Pen ou de la guerre à Gaza. Il se soucie désormais de notre nombril.


  1. https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/05/10/histoire-esthetique-de-la-vulve-de-l-intime-au-politique_6604610_3232.html ↩︎
Juin 2025 – #135

Article extrait du Magazine Causeur




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Rédacteur en chef du site Causeur.fr

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