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Scientifiques trop genrés

Elisabeth Borne se lance dans les gender studies


Scientifiques trop genrés
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Face à la pénurie d’ingénieurs et d’informaticiens, la France tente de remonter la pente en misant sur les lycéennes. Mais, la stratégie du gouvernement fondée sur la dénonciation de stéréotypes de genre dès la maternelle occulte l’essentiel


Selon un rapport de l’Institut Montaigne publié le 20 mai, l’économie française manque cruellement d’ingénieurs et d’informaticiens. Il faudrait en former 100 000 de plus par an, estiment les auteurs, Éric Labaye, ancien président de Polytechnique, et Aiman Ezzat, directeur général de Capgemini. Une gageure. Car le niveau en sciences des élèves de notre pays est dramatiquement faible.

D’après la dernière enquête internationale Timms, parue en décembre, le score moyen en mathématiques dans les classes de CM1 est le plus bas de toute l’Europe. Et celui mesuré en 4e est à peine plus satisfaisant, puisque notre pays arrive à se hisser glorieusement à l’avant-dernière place, devant la Roumanie…

Face à cette catastrophe nationale, la ministre de l’Éducation Élisabeth Borne a une idée : attirer davantage les filles, du moins celles qui échappent à la terrible baisse de niveau général, vers les filières scientifiques. Excellent projet sans aucun doute. Sauf que le « Plan filles et maths », lancé voilà quelques jours par la Rue de Grenelle, s’appuie sur une étude complètement à côté de la plaque.

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À en croire les pédagogues qui l’ont rédigée, les lycéennes brillantes seraient peu nombreuses à opter pour des études d’ingénieur (où elles ne représentent que 25 % des effectifs) à cause des « stéréotypes de genre » qui seraient relayés dès la maternelle par les enseignants. Qui peut gober une telle fable ? Qui peut croire que le personnel de l’Éducation nationale, cette corporation féminisée à 75 % et dont les deux tiers des membres votent à gauche, serait un bastion sexiste ?

Si l’on veut comprendre pourquoi tant de demoiselles douées se détournent des sciences, il conviendrait plutôt d’interroger un autre stéréotype, écolo-wokiste celui-là, qui leur est professé à longueur de scolarité : le lieu commun selon lequel l’industrie et la technologie sont mauvaises pour la planète et aliénantes pour l’homme. Dans un monde où les émotions et la communication sont présentées par la gauche, qui a troqué la rationalité contre le romantisme, comme la clé du progrès, doit-on s’étonner si les fortes en thème conçoivent les lettres et les sciences humaines comme la voie royale ?

Juin 2025 – #135

Article extrait du Magazine Causeur




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est journaliste.

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