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Pour en finir avec la falsification des concepts politiques!

Trois dictionnaires à lire absolument, soit 3 512 pages!


Pour en finir avec la falsification des concepts politiques!
Frédéric Rouvillois, professeur de droit public et écrivain © Hannah Assouline

Trois universitaires, Olivier Dard, Christophe Boutin et Frédéric Rouvillois, ont dirigé une entreprise intellectuelle de haute volée ayant abouti à la publication successive de trois dictionnaires: Le Dictionnaire du conservatisme en 2017, Le Dictionnaire des populismes en 2019 et, enfin, le Dictionnaire du progressisme cette année.


Conservatisme, populismes, progressisme: à leur recherche…

Pour qui se passionne pour le paysage politique et idéologique contemporain comme votre serviteur, ces dictionnaires constituent une mine inépuisable dont l’intérêt est de développer avec une totale exhaustivité les caractéristiques de ces familles de pensée, de pouvoir et d’action. On comprendra que ce billet est destiné, comme souvent dans les débats médiatiques auxquels j’ai participé, à moins affirmer qu’à apprendre, à moins décréter qu’à écouter ou à lire. J’attends donc de tous ceux qui prendront connaissance de ce post un éclairage qui répondra à mes interrogations. Parce que rien ne serait plus absurde que d’opposer à la substance riche de ces dictionnaires un point de vue péremptoire et assuré d’être dans le vrai.

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Le progressisme : ça ira mieux demain

Il me semble bien percevoir ce que le progressisme signifie aujourd’hui, et au fond depuis que les Lumières existent et que le concept de progrès est venu, telle une espérance, irradier même au sein des temps les plus sombres. Comme ce qui viendra forcément ensuite, après. Le rapport au temps du progressisme est central. Il répudie le pessimisme puisque pour lui il y a une évolution obligatoirement positive entre ce qu’était hier, ce qu’est le présent et ce que sera l’avenir. Le fil du temps est naturellement et par vocation progressiste.

Le président Macron à Brest, le 11 février 2022 © Ludovic Marin/AP/SIPA

Cette conception idéologique vient se lover avec délice dans un mouvement général qui ne pourra qu’engendrer des effets bienfaisants. On aurait tort de se moquer d’une telle naïveté historique et politique car au moins elle donne le repos de l’âme et de l’esprit à ceux qui la partagent.

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Cette croyance enthousiaste dans le futur explique aussi pourquoi il est inconcevable pour les progressistes de se retourner pour sauvegarder ce qui, selon eux, a été négatif et ne méritait en effet que d’être dépassé par le flot du temps. Si je me suis qualifié de réactionnaire, c’est à cause précisément de la certitude inverse : rien n’est fatal. Qui pourrait interdire en effet à un pouvoir politique fort et exemplaire de choisir, dans le vivier d’hier, des trésors à restaurer ? Par exemple, l’autorité à l’école ? ou le retour de la morale publique ?

Le conservateur : un moderne sceptique

Le conservatisme, en raison de son nom, paraît simple à définir. Il serait la dilection politique de ceux qui, philosophiquement, socialement, ont pour ambition de maintenir, de conserver précisément. On ne touche pas à ce qui a été construit par le temps, les années et les traditions. Il y a une richesse dans la stabilité. Mieux vaut l’imperfection rassurante d’une réalité que le doute sur des réformes, des métamorphoses et un avenir qui, à les supposer bénéfiques, pâtiraient d’apporter du désordre aux fondements d’une société.

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Je ne nie pas que dans le conservatisme il y ait aussi de la frilosité, une sorte de jalousie de propriétaire qui ne voudrait pas voir son capital (dans tous les sens) entamé. Ce qui me gêne dans cette approche est qu’elle exclut le mouvement et qu’elle va maintenir jusqu’à la catastrophe une société immuable, ossifiée, tranquillement injuste, donnant trop de place à ce qui est naturel, contre les coups de boutoir parfois légitimes de la modernité.

Populisme : pour enfin comprendre un concept trop souvent galvaudé

Enfin il y aurait des populismes. Je n’ai jamais craché, comme tant d’autres confortablement installés dans leur mépris, sur les populistes de chez nous, comme sur les quelques gouvernements qui sont stigmatisés comme tels. Trop souvent, il m’apparaît que le populisme est une manière pour la gauche, pour le progressisme, de disqualifier l’importance qu’on attache au peuple, au sentiment populaire. Mais aussi, pour la droite, de se réfugier trop volontiers dans le classicisme de promesses non tenues et de programmes si peu vertébrés à l’usage, qu’ils en deviennent fades, sans véritable identité.

Quels que soient les populismes, ils relèveraient moins de familles politiques singulières que de la mise en oeuvre d’une certaine manière de gouverner.

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A-t-on le droit de les analyser comme des structures de pouvoir autoritaires mais validées régulièrement par des élections démocratiques (quelles que soient leurs insuffisances), au grand dam de ceux qui refusent de considérer ces légitimations comme acceptables ? Parce qu’il y a des choix, des votes, des peuples qui ne conviennent pas, il faudrait leur en substituer d’autres ! C’est une tentation permanente pour ces démocrates si peu fiables, hémiplégiques, et chez qui la moraline s’est substituée à la liberté de certains pays d’être maîtres chez eux.

Je n’ai pas la prétention, par ce billet, d’avoir ajouté quoi que ce soit à la substance savante de ces dictionnaires mais seulement d’avoir proposé quelques variations tirées d’elle et que mes lecteurs enrichiront…

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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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