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Antifa, la stratégie de la violence

Du tag à la castagne


Antifa, la stratégie de la violence
Manifestants d'extrème gauche à Lyon, 1er mai 2025 © ANTOINE MERLET/ZEPPELIN/SIPA

L’Amérique de Donald Trump et la Hongrie de Viktor Orbán ont récemment classé les antifa comme une organisation terroriste. En France, le député LFI et fondateur du groupuscule la Jeune Garde (dissous en juin 2025) Raphaël Arnault a été définitivement condamné pour violences volontaires par le tribunal correctionnel à Lyon.


La revue « Frontières » d’Erik Tegner consacre un numéro spécial à la mouvance.

De la simple intimidation à l’assassinat politique, en passant par les appels aux employeurs pour les inciter au licenciement, les menaces physiques ou l’enlaidissement de l’espace public par les tags et les collages, la stratégie des Antifa est bien huilée : il faut déshumaniser, mettre au ban de la société, réduire au silence celui qui est désigné comme ennemi politique. Et peu semble leur importer que l’extrême droite a aujourd’hui pratiquement disparu, en dehors de quelques néo-nazis réduits à la marginalité, la cible revêt d’autres visages : celui du militant de droite qui défend son identité contre ce qui la menace, de la féministe qui rappelle que l’immigration n’est pas une avancée pour le droit des femmes, du citoyen qui affiche son drapeau national, du journaliste de CNews ou de l’essayiste qui soutient, science à l’appui, qu’il existe deux sexes. 

Ne succombons pas à la tentation de nous-mêmes déshumaniser les Antifa en insistant trop sur leur apparence de hères un peu crado, leur inculture proverbiale ou leur regard que l’excès de marijeanne a rendu vitreux. N’ergotons pas trop longtemps non plus sur le fait que la morale de vaincus qu’ils défendent provient du fait qu’ils sont sans doute incapables de faire leurs les vertus qui leur permettaient d’être à la hauteur des enjeux de leur époque, de trouver un travail rémunérateur avec leur seul diplôme de sociologie ou de se lever dès potron-minet pour soulever de la fonte ou courir dans les sous-bois. Et, au passage, cessons de répéter en boucle l’aphorisme de Winston Churchill sur les fascistes de demain.

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Si tout cela est vrai en grande partie, prenons les Antifa pour ce qu’ils sont : des militants d’extrême gauche qui n’hésitent pas à faire usage de la violence. Et c’est précisément là que se trouve la frontière entre ce qui relève ou non de la liberté d’expression. En la matière, la liste de leurs actions que l’on qualifiera de brutales est longue comme leur bras se terminant par un poing serré. On gardera bien sûr éternellement en mémoire l’assassinat de Charlie Kirk à la fin de l’été par un militant qui avait pris le soin d’aposer les trois flèches dirigées vers le bas sur les balles. Dans les semaines qui ont suivi, l’essayiste français Raphaël Enthoven, sans doute trop juif à leurs yeux, fut interdit de conférence à Bruxelles ; un pavillon de chasse princier a été incendié près de Ratisbonne en Allemagne ; un hommage à Lola fut violemment perturbé. Et on en passe : agressions fréquentes des colleurs d’affiches de droite, coups portés aux militantes de Nemesis en dépit de la plus élémentaire morale en vertu de laquelle on ne frappe jamais une femme, menaces à peine voilées émises par des députés LFI, pressions pour faire annuler les banquets du Canon français, usage intempestif d’œufs et de farine…

Depuis que la gauche a délaissé les classes populaires, l’antifascisme fait office de liant idéologique alors qu’elle semble perdue dans l’intersectionnalité de ses luttes. Dans la Belgique francophone de moins en moins démocratique, les militants de l’antifascisme sont même le bras armé du pouvoir socialiste. Afin de justifier l’interdiction de réunions publiques du parti Chez Nous, les bourgmestres de gauche prétextaient de possibles troubles à l’ordre public, provoqués non pas par les militants de la formation patriote, mais par les extrémistes de gauche menaçant de tout venir casser. Tout le monde connaît le poème de Martin Niemöller ponctué de façon déchirante : « quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester ». C’est désormais les membres du MR, parti de centre-droit jamais en reste pour ostraciser une prétendue extrême droite, qui sont pris pour cible en Wallonie.

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Agissant par petites meutes capables de se mobiliser rapidement grâce aux messageries cryptées et actifs aussi bien dans la rue qu’ils pensent maîtriser que dans certains stades de football (Marseille, Sankt-Pauli, Liège…),  les Antifa, connaissant d’autant mieux les failles du système qu’ils en sont les garde-chiourmes, appliquent une guérilla du riche, celle où tout le monde retourne dans ses pénates à la fin de la journée avec à peine quelques égratignures soignées au mercurochrome. Évidemment, il sera difficile de dissoudre ce qui relève davantage de la mouvance que d’un mouvement structuré. Mais le rôle et la noblesse du politique sont justement de rendre l’action possible ; l’Amérique de Donald Trump ou la Hongrie de Viktor Orbán ont d’ailleurs franchi le pas en classant les Antifa comme organisation terroriste. 



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