Valentin Paret-Peintre a offert à la France une victoire éclatante au sommet du Mont Ventoux lors de la 16ᵉ étape du Tour, en s’imposant avec sang-froid et panache face aux favoris.
Décoiffant Mont Chauve, peut-on dire ! Il a enfin offert à la France cette victoire d’étape qu’elle n’espérait presque plus. Il lui a fallu attendre la 16ème et l’entame de la 3ème et dernière semaine d’une compétition menée à un train d’enfer depuis son départ de Lille. Pourtant, jusqu’alors, les Tricolores n’avaient pas démérité.
Kevin Vauquelin, coqueluche du public français
Faute d’avoir un postulant à ramener la tunique jaune à Paris, ils collectionnaient les places d’honneur, comme, par exemple, lors de l’étape inaugurale, où ils font 4ème (Anthony Turgis), 6ème (Clément Russo), 7ème (Paul Penhoët), ou encore lors du contre-la-montre de Caen où Bruno Armirail (champion de France de la spécialité) se classe 4ème, et Kevin Vauquelin fait 5ème et s’installe au milieu du Top 10, devenant la coqueluche d’un incroyable public enthousiaste qui l’ovationne le long du parcours. Sans omettre la 3ème place à Carcassonne, au sprint, de Julian Alaphilippe, dans cette 15ème étape qu’il avait cru remporter…
C’est un jeune Haut-Savoyard, de 24 ans, filiforme (1,76 m pour 52 kg), surnommé « La miette » par le peloton, barbu, au regard ténébreux, bref un physique de Don Quichotte, inconnu du grand public mais apprécié, voire convoité, dans le milieu cycliste pour ses qualités de grimpeur, Valentin Paret-Peintre, qui s’est imposé mardi au sommet du mythique Mont Ventoux.
Dit Mont Chauve à cause du paysage désolé de pierraille qu’il exhibe, il a été onze fois au menu de la Grande boucle depuis 1947, gagné six fois par des Français, dont le dernier en date était Richard Virenque en 2002, à son retour après une saison de suspension pour dopage (affaire Festina). Il a été aussi le 13 juillet 1967 le théâtre du tragique décès du coureur anglais Tom Simpson qui a conduit le cyclisme à engager la lutte contre le dopage. Bourré d’amphétamines et de cognac, sous une canicule d’enfer, il avait soudain décroché du groupe de tête à quelques kms de l’arrivée, zigzagué puis s’était effondré sur le bas-côté pour ne plus se relever…
Bien que réputé très bordélique dans sa vie quotidienne, Paret-Peintre a mené sa course de main de maître, faisant preuve d’un grand sang-froid, à l’instar d’un as du poker. Cette 16ème étape était convoitée par Pogacar. D’après bien des commentateurs, il l’avait déjà remportée avant même l’avoir disputée. C’était sans compter sur la formation d’une tacite et spontanée union sacrée entre toutes les équipes contre lui. Dès le départ, à l’instigation de l’équipe Wisma-Lease a bike de Vingegaard, ça fusait de tous les côtés.
Pogacar débordé
Au bout d’une heure de course ébouriffante au cours de laquelle plus de 50 km étaient parcourus, l’équipe UAE de Pogacar était débordée. Un groupe d’une trentaine de coureurs se détachait et portait l’avance à plus de six minutes.
Ayant carte blanche depuis l’abandon de son leader Remco Evenepoel alors que ce dernier était encore 3ème au général, dans l’étape de Pau-Luchon Superbagnères, Paret-Peintre s’y glissait. De ce groupe, sous l’impulsion de Julian Alaphilippe, un autre groupe de huit unités s’extirpait et naviguait devant avec 1’30’’ d’avance jusqu’aux premières pentes du Ventoux. Au lieu d’en faire partie, Paret-Peintre a eu l’intelligence de rester au chaud dans le second et de s’épargner.
Après quelques km de montée, quand l’usure commençait à se manifester à l’avant, il a lâché ses watts et, pareil à un oiseau de proie, il a avalé tous ceux qui le précédaient jusqu’à se caler dans la roue du combatif et intrépide Irlandais Ben Healy qui semblait en posture de l’emporter. Un mano à mano très tactique s’engageait entre les deux. Prenant le dernier virage à la corde, Paret-Peintre, dans un rush à y laisser son dernier souffle, lui portait l’estocade…
Une victoire dans le Ventoux, et de cette manière, en dit long sur le potentiel du bonhomme qui dispute sa première grande boucle où il avait été amené par son équipe belge, Soudal-Quick Step, juste pour être le chien de garde en montagne d’Evenepoel, troisième l’an dernier et qui ambitionnait au moins de réitérer.
Derrière Paret-Peintre et Healy, à un peu plus de 40’’, s’est déroulé un second mano à mano, entre Pogacar et Vingegaard qui s’est terminé par un match nul, mais prémonitoire sans doute d’une grande explication dans les deux étapes alpestres de jeudi et vendredi. Finalement, il n’est pas sûr que le Tour se soit terminé à Hautacam. On dit de Vingegaard, qui n’abdique jamais, qu’il est l’homme de la troisième semaine…
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