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Crever? Plutôt la retraite!

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Le texte de Cyril Bennasar que je viens de lire dans le dossier consacré aux retraites m’a fait réagir de deux manières très distinctes, pour ne pas dire opposées : d’un côté, la phrase « quel connard ! » a tourné dans mon esprit, de l’autre, celle-ci : « j’aurais pu écrire ce texte à la virgule près, à l’exception du laïus sur Bruce Springsteen qui ne fait pas partie de mes références. »

Je m’explique : comme le franc-tireur de Causeur dont j’apprécie souvent le ton décalé et surtout l’endroit particulier d’où il parle (pour faire mon trotskyste), je suis moi aussi travailleur indépendant, section artiste contemporain qui galère mais ne demande rien à personne. Et comme lui, j’envisage de travailler jusqu’à mon dernier souffle, tant que mon corps me le permettra, ce qui pourrait arriver plus vite que prévu étant donné que je me tiens aussi éloigné que possible du système de santé, avec le risque de rater quelque examen important qui dépisterait un mal mortel susceptible de m’emporter dans la tombe… 

Ce choix s’explique aisément : je suis mon propre maître, donc mon propre esclave, mon travail me procure des satisfactions qu’aucun poste dans le salariat ne m’a jamais données, j’ai un temps que j’organise à ma guise et une liberté incroyable, et surtout, mon métier a du sens, pour moi comme pour mes clients, et je le sais et j’en reçois des témoignages lorsqu’un collectionneur m’achète un tableau ou qu’un visiteur discute avec moi lors de mes expositions. Aussi précaire que soit ma situation financière, je sais que je n’exerce pas un bullshit job, je sais que mon activité professionnelle n’est pas vaine, je sais que ce que je fais est unique et de qualité. Comment ne pas aimer travailler dans ces conditions ? Comment ne pas envisager d’exercer son art le plus longtemps possible face à de telles gratifications ?

Mais voilà, pour que moi, je puisse exercer mon métier d’artiste, c’est-à-dire pour que je tire ma subsistance de mon activité artistique, il me faut des clients, des gens qui m’achètent mes œuvres, des personnes qui « ne savent plus quoi faire de leur pognon » pour reprendre les termes de mon menuisier préféré. Sans cela, je ne peux pas exister, et Cyril Bennasar, sans ces personnes qui ont des moyens supérieurs à la moyenne, qu’ils soient à la retraite ou en activité, ne le pourrait sûrement pas non plus, tant recourir à un artisan, un travailleur indépendant ou un artiste a un coût que la standardisation et le modèle de consommation qui marquent notre société rend inaccessible à une majorité de nos concitoyens.

C’est pourquoi, alors que je suis complètement en phase avec le vécu et la vision de Cyril Bennasar, je ne peux m’empêcher de le trouver malhonnête dans sa prise de position, car il sait comme je le sais que nous sommes tous dépendants les uns des autres dans notre société, que travailleur indépendant ne signifie pas travailleur déconnecté du reste de l’économie générale du pays, et que si le pays va mal, tout le monde va mal, à commencer par nous artistes et artisans qui ne pouvons vraiment prospérer que si notre environnement se porte bien. Or, le moins qu’on puisse dire est que notre pays va mal, et que cette réforme des retraites tombe au plus mauvais moment : comme il est rappelé dans l’ensemble du dossier que Causeur consacre au sujet ce mois-ci, c’est d’abord la valeur du travail qui est en jeu et en cause, et cette dernière est particulièrement abîmée, par l’idéologie, par la politique, par l’habitude de l’endettement, par la gestion de la crise du Covid, par le glissement de l’assurance vers l’assistance que décrit si bien Joseph François dans son article. Avant de toucher à l’âge légal du départ en retraite, qui ne pénalise que ceux qui travaillent et ont commencé leur carrière tôt, il serait urgent de s’occuper de l’emploi, du temps de travail et de la richesse produite.

Quand on se pique de politique (comme tout citoyen devrait le faire), il est indispensable de faire un pas de côté et de quitter sa situation personnelle pour envisager celle des gens que telle ou telle loi affecterait. Et alors, je pose la question à Cyril Bennasar : s’il n’était pas le travailleur indépendant qu’il est et qui s’éclate dans son métier mais s’il était manœuvre, ouvrier non qualifié, maçon, plombier ou couvreur (en tant qu’employé), livreur, etc., exerçant cette activité depuis l’âge de 18 ans et bien cassé dans son corps, est-ce qu’il s’exclamerait toujours : « Une retraite ? plutôt crever ! » Ou bien, après avoir vu son pote Bernard, qui avait cinq ans de plus que lui, mourir d’un cancer à 61 ans sans avoir fait le voyage en Italie qu’il s’était promis d’effectuer une fois sa carrière terminée, ou son copain Dédé, chauffeur routier, se faire terrasser par un platane à deux ans de la quille à cause d’un moment d’inattention, est-ce qu’il ne préférerait pas dire : « Crever ? plutôt la retraite ! »

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Violeurs transgenres dans les prisons pour femmes: J.K. Rowling avait bien raison

Le cas d’un violeur écossais qui, par pur opportunisme cynique semble-t-il, a réclamé le statut de femme transgenre afin d’être incarcéré dans une prison pour femmes confirme les inquiétudes exprimées par l’auteur J.K. Rowling. Le gouvernement écossais vient de donner raison à celle que les militants du genre avaient accusée de transphobie et vilipendée.


Face au tollé suscité par le transfert prévu dans une prison pour femmes d’Isla Bryson, une femme transgenre condamnée pour des viols commis à l’époque où « elle » s’appelait Adam Graham, le gouvernement écossais a demandé qu’elle purge sa peine dans un centre pour hommes. Il a également suspendu la possibilité de reclure dans les prisons pour femmes les personnes transgenres avec des antécédents de violences, notamment sexuelles, sur des femmes.

D’Edimbourg à Pau

Cette décision ne peut cependant masquer la confiscation de plus en avancée du débat sur le sujet, notamment par Édimbourg, et elle n’aurait eu lieu si le parcours de violeur de Bryson n’avait été connu. En Écosse, les détenus transgenres peuvent être transférés dans les prisons selon le sexe qu’ils revendiquent, et le gouvernement mène une politique très à gauche en matière de transidentité.

Avant de débuter son processus de changement de genre, Bryson, avait violé deux femmes en 2016 et 2019. Après son arrestation, le prévenu a entamé une thérapie transgenre et a été jugé en tant que femme. Il s’agit légalement de la première femme transgenre condamnée pour viol en Écosse. Avant cette condamnation, Bryson avait été enfermé dans la seule prison féminine de la nation alors qu’un mandat prévoyait qu’il soit envoyé dans celle pour hommes la plus proche du tribunal.

Deux jours après la condamnation de Bryson, une femme transgenre a été condamnée en France à 10 mois de prison pour avoir mordu un surveillant de la maison d’arrêt de Pau qui devait la fouiller au motif que seule une femme pouvait le faire. Christopher, devenu Lindsay et en transition de genre, avait refusé de dire à la greffière quel était son sexe biologique : « Elle n’a pas à poser la question. Je suis considérée comme une femme et suis censée être fouillée par une femme. » L’administration pénitentiaire assure que, face à ses changements, la fouille du bas du corps a été certes effectuée par un homme, mais celle du haut par une femme.

A lire aussi: Une patineuse transgenre aussi gracieuse qu’une dinde congelée?

Ces affaires où, à de vraies questions de souffrance liées à la dysphorie de genre, se mêlent des manipulations et des caprices, ne sont pas sans rappeler d’autres cas, comme celui de Karen White, et attirent de nouveau l’attention sur ce sujet aux implications et drames vite oubliés. En 2021, une détenue qui disait avoir été sexuellement agressée par une femme transgenre et contestait la politique pénitentiaire a été déboutée par la Haute cour de justice d’Angleterre et du pays de Galles, au motif qu’exclure les femmes transgenres « reviendrait à ignorer, de façon inadmissible, [leur droit] à vivre selon leur sexe revendiqué ».

Rien de nouveau sous le soleil ?

Ces affaires peuvent surprendre, mais elles ne sont pas du tout les premières, comme l’atteste par exemple celle de Karen White. Déjà condamné pour des agressions sexuelles sur deux jeunes garçons en 2001, Stephen Wood était devenu David Thompson avant de violer une femme enceinte en 2003 et une jeune femme à trois reprises en 2016. Celui qui terrorisait ses voisins s’était plaint d’eux pour transphobie auprès de la police parce qu’ils n’utilisaient pas le pronom féminin à son sujet. Jugé pour avoir poignardé un voisin sexagénaire, White s’est identifié comme Karen et a été transféré dans une prison pour femmes en 2018. Durant trois mois, il y a fait régner la terreur et violé quatre codétenues. L’enquête a permis de découvrir les viols précédant sa condamnation. Son changement de genre a consisté à porter des seins en silicone et une perruque.

En 2005 et 2006, Brett David Sonia avait été condamné en Californie et dans le New Hampshire pour le viol d’une fille de 13 ans. Les détails étaient si choquants qu’une douzaine de jurés potentiels, parmi la soixantaine proposée, avaient déclaré qu’ils ne seraient pas capables de suivre le procès jusqu’au bout. En 2020, le détenu, désormais renommé Brooke Lyn Sonia, a demandé à être transféré vers une prison pour femmes en affirmant ne pas être en sécurité parmi les hommes. Il a rejoint un centre correctionnel pour femmes dans l’État de Washington en décembre dernier.

Sonia, qui se déclare tantôt homme, tantôt femme, n’a subi aucune opération, n’a jamais manifesté de comportement féminin documenté qui ait pu laisser ses codétenus masculins soupçonner une éventuelle dysphorie de genre. Les femmes de sa nouvelle prison sont terrifiées et se rendent à deux aux toilettes pour ne pas se retrouver seules face à Sonia.

J.K. Rowling justifiée

En décembre 2021, l’écrivain J.K. Rowling s’est attiré les foudres de mouvements LGBT après avoir mis en garde contre un projet de loi du gouvernement écossais prévoyant que la police écossaise enregistre les prévenus selon leur sexe revendiqué, ce qui soulevait des inquiétudes quant à l’usage qu’en feraient des violeurs. L’auteur avait paraphrasé avec sarcasme Orwell dans un tweet : « La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force. L’individu muni d’un pénis qui vous a violé, c’est une femme. » Cette loi a été bloquée par le gouvernement britannique une semaine avant la condamnation de Bryson.

Le magazine Vice News avait déclaré que Rowling persistait à attaquer les personnes transgenres en ligne. Diverses célébrités avaient dénoncé sa supposée haine, dont Shannon Hale, auteur de livres pour enfants et adolescents. Cette dernière avait objecté que toutes les femmes doivent être en sécurité, y compris les femmes transgenres, en soutenant que l’auteur de la saga Harry Potter « amplifie la bigoterie ». Pourtant, cette dernière n’avait pas raison trop tôt au vu des sept cas de viols répertoriés commis par des prisonniers dits transgenres entre 2016 et 2019, déjà oubliés par les adeptes du virtue signalling, la vertue ostentatoire.

De son côté, le docteur Nicola Williams, du groupe « Fair Play For Women », a dénoncé la primauté accordée aux droits des transgenres sur la protection des femmes détenues et déclaré que cette « politique pénitentiaire ouvre la porte à tous les abus ». Elle assure qu’aucun groupe de défense des droits des femmes n’a été consulté concernant cette décision préparée en concertation avec les mouvements transgenres.

A lire aussi: Enquête sur le lobby trans: l’argent n’a pas de sexe

Cette exclusion de l’intérêt des femmes et des filles se retrouve également en matière scolaire.

De la prison à l’école

En mai 2016, les ministères de la Justice et de l’Éducation du gouvernement Obama avaient indiqué aux écoles publiques et établissements bénéficiant d’aides fédérales qu’ils étaient tenus de considérer les personnes transgenres selon leur identité revendiquée. Bien que l’administration Trump ait retiré cette directive en février 2017, des écoles ont continué à s’y soumettre ou y ont été obligées par des textes similaires au niveau local. Joe Biden a réintroduit la mesure le jour de son investiture.

En octobre dernier, plusieurs membres de l’équipe féminine de volleyball d’un lycée du Vermont ont été bannies de leur vestiaire après une dispute avec une fille transgenre revendiquée. L’une des filles, Blake Allen, qui s’était plainte d’être observée par l’élève transgenre pendant qu’elle se déshabillait, a été réprimandée comme son père, entraîneur, pour avoir utilisé des pronoms masculins en l’identifiant. Le lycée a suspendu Blake et le coach, avant de lever la sanction de la première. Les acclamations, comme les accusations de transphobie, font mine d’ignorer le ressenti des femmes quant à leur sécurité et leur pudeur. S’il existe des cas indubitables de souffrance quant à l’identité sexuelle, faut-il ne considérer qu’elles, jusqu’à oublier tout discernement, au détriment des femmes ? Il s’agit là de montrer que l’on comprend la supposée souffrance d’une personne qui se dit transgenre, quitte à négliger celle des filles et des femmes. Peu importe si elles se sentent menacées par une femme transgenre non opérée, vulnérables et gênées, quand bien même le détenu ou l’élève féminin transgenre ne leur voudrait aucun mal et serait sincère. C’est le ressenti de ce dernier qui prime, car il ne faudrait pas se montrer transphobe.

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Fiasco dans l’affaire Bayou: la cellule «VSS» d’EELV doit s’autodissoudre!

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La cellule d’enquête des Verts sur les violences contre les femmes clôt le dossier Julien Bayou, sans avoir vraiment enquêté.


C’est un procès de Moscou à l’ère Metoo, le féminisme ayant remplacé le communisme et les femmes le prolétariat.

En juillet 2022, une ex-compagne de Julien Bayou, alors patron des Verts, écrit à la commission « violences sexistes et sexuelles » (VSS) du parti pour l’accuser de violences psychologiques. Les violences sexuelles, on voyait jusqu’à présent très bien ce que c’était. Les violences « sexistes », il faudra nous expliquer.

Rousseau balance

Sandrine Rousseau, sa première rivale au sein d’EELV, balance l’affaire sur BFM TV, évoquant une femme qu’il aurait poussée au suicide. Les déclarations de la députée de Paris déclenchent alors une tempête médiatique et une pluie de témoignages de femmes sur le mode « Il m’a fait ci, il m’a dit ça » ou encore «Bayou est un monstre poussant les femmes à la folie… » Avec certaines, ça n’a pas dû être bien difficile !

Libération révèle qu’il est depuis des années sous la surveillance numérique d’un groupe d’ex et de militantes qui se montent mutuellement le bourrichon. Sous prétexte de morale, le voyeurisme est à son comble. En septembre, Bayou jette l’éponge et renonce à ses postes de Secrétaire national et de coprésident de groupe à l’Assemblée nationale.

A lire aussi, du même auteur: L’emprise contre-attaque

En six mois, cette fameuse commission VSS n’a pas été fichue d’auditionner la femme qui a lancé le scandale, elle a donc clos hier le dossier sans se prononcer. Le parti considère quant à lui que rien n’est retenu contre lui et « regrette les conséquences humaines difficiles que cette procédure et son exposition médiatique ont pu avoir». Un peu léger comme mea culpa pour avoir jeté en pâture l’intimité et l’honneur d’un homme. D’ailleurs, les Verts devraient aussi regretter de nous avoir infligé à tous cet infâmant déballage.

Au moins, Julien Bayou est-il blanchi…

Mais, il n’y a eu aucune plainte, donc il n’avait pas besoin d’être blanchi! Et puis, il n’est pas sûr que la meute se contente de ce classement sans suite… Des ragots répétés en boucle sont devenus un scandale politique.

Et, bien sûr, on n’en tirera aucune conséquence. 
La prochaine fois qu’une femme accusera un homme public, on assistera sans la moindre précaution au même lynchage et au même journalisme de caniveau.

Quant à la commission « VSS », ce nouveau tribunal révolutionnaire, elle devrait s’autodissoudre immédiatement ! En six mois, elle n’a pas écouté la plaignante, mais elle n’a même pas trouvé le moyen d’entendre Julien Bayou malgré ses demandes. Même le tribunal de l’Inquisition permettait aux accusés de s’exprimer ! Dans le merveilleux monde de Metoo, l’homme est coupable par définition : même plus besoin de procès. Cette affaire Bayou est bien la preuve que ce nouveau féminisme est un totalitarisme. Et que le combattre est un devoir. 


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy chaque matin dans la matinale après le journal de 8h

Profession: chroniqueur d’opinion

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Disparition de Philippe Tesson à l’âge de 94 ans, seigneur de la presse écrite et héros malheureux du Quotidien de Paris


Qu’est-ce qu’il aura pu nous agacer, nous irriter, nous épuiser parfois intellectuellement par ses volte-face, et nous charmer aussi, par sa culture théâtrale et son aplomb florentin !

Philippe Tesson pouvait parler de tout et de rien, d’une pièce vue la veille, d’une réforme législative indispensable, d’un remaniement imminent, d’un livre dévoré dans la nuit ou d’une combinazione comme la Vème République en a le secret.

Total respect !

Ce virtuose de la prose était fait de paradoxes. A la fois usant – abusant même – de sa liberté de parole, et homme de réseaux. Anar de droite au cœur du pouvoir économique, et libéral pur sucre au milieu des poètes. Grande gueule médiatique aussi secret qu’un moine trappiste, et ami des écrivains fasciné par l’art dramatique. Une vie entièrement dédiée à l’écrit et à l’écho des mots, à la titraille et à la chronique souveraine, ça se respecte, ça se commémore.

A lire aussi: Causeur: Tous retraités! Le dernier rêve français

Certains dimanches pourtant, à « L’Heure de Vérité », nous le trouvâmes successivement anti-communiste primaire, européiste convaincu, capitaliste en herbe, nous sautions sur notre canapé devant son aisance à commenter, à tancer les invités, à parader en public, tout en laissant percer dans le regard, furtivement, une tendresse écorchée qui nous le rendait plus proche, plus humain. Quelque chose de flamboyant et de malhabile dans l’expression, la marque, peut-être, des grands condottieres des salles de rédaction à la crinière blanche et au débit chantant. Ses emportements n’étaient pas feints, ses dégoûts étaient très sûrs. On ne rencontre pas si souvent dans une carrière, des patrons de presse, aussi charismatiques et énergiques, aussi possédés par l’actualité et attirés par l’exil intérieur.

Un cumulard à l’aise partout

Il aura incarné une élite issue de l’après-guerre qui tend à disparaître, celles des fauves du journalisme qui avaient fait des quotidiens, de la télévision ou de la radio, leur pré-carré, leur appartement-témoin, leur lit douillet. Ces cumulards étaient partout chez eux, à l’aise dans nos intérieurs ou à la table des puissants. Nous ne connaîtrons bientôt plus cette race de seigneurs qui créait des journaux « papier » comme on escalade le K2, avec gourmandise et innocence, dans l’angoisse des bilans comptables et la joie gamine de réunir dans un même lieu, des opinions divergentes ; qui aimait le combat des idées et l’odeur des rotatives, le bordel ambiant et les joutes oratoires ; qui éditorialisait notre quotidien, se trompant souvent avec une classe folle.

La presse d’opinion lui doit beaucoup

Tesson était animé par la fougue de l’amoureux éperdu et se cachait derrière un tempérament princier qui nous intimidait. Il en imposait, son nom valait sauf-conduit. Il n’était pas un gestionnaire, plutôt un activateur de débats. L’épisode du « Quotidien de Paris » lancé en 1974 fut remarquable à plus d’un titre. Autour de lui, s’étaient agrégées les plus fines gâchettes du milieu, d’une époque, d’une génération. Tous mes confrères, et surtout les plus blasés d’entre eux par une profession mal payée et encore plus mal considérée, ne peuvent rester insensibles à l’aventure d’un nouveau quotidien ou d’un magazine. C’est l’essence de notre métier, le miracle d’une naissance. L’accouchement, chaque matin, dans les kiosques, de quelques pages imprimées est une merveille qui m’émeut encore. Et, quand vous tenez entre vos mains ce premier numéro qui a demandé tant d’efforts techniques et littéraires, vous êtes un homme enfin heureux.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: L’emprise contre-attaque

Avec Tesson, le journalisme avait une gueule de cinéma, il rendait à ce métier, son lustre aristocratique. Il fut, à l’origine, de nombreuses vocations. Car, ce n’est pas l’information bête et méchante qui nous guide, la soif de vérité et toute cette catéchèse idiote, c’est le plaisir de peaufiner un papier, de le polir, d’en faire un objet rond, symphonique à l’oreille et parfaitement équilibré. Tesson nous poussait vers cette excellence-là et n’érigeait pas l’objectivité, l’arme des faibles d’esprit, comme un totem. La presse d’opinion lui doit beaucoup. À mes débuts, au milieu des années 1990, nous avions deux modèles d’expression écrite, le « nouveau journalisme » à l’américaine de Gay Talese qui ne se sépare toujours pas de son Fedora à plus de 80 ans, qui conspuait l’utilisation du magnétophone dans les interviews, le considérant comme un tue-l’amour et dont les portraits-reportages de Sinatra, de Joe DiMaggio ou Peter O’Toole nous apprenaient à mieux écrire et, chez nous, à Paris, les billets de Philippe Tesson, qui, en deux ou trois feuillets fouettaient l’actualité et notre sang.

Le lent réveil de la France profonde et silencieuse

Ce n’est pas la réforme des retraites qui fédérera durablement la colère française. Ivan Rioufol pense qu’il faudrait lancer un mouvement « SOS France ! » Il est urgent de défendre les boulangers, les bouchers, les bistrotiers et tous ceux qui, éreintés de taxes et d’usines à gaz, participent également à l’identité de la France malmenée.


Les Français, priés de dégager, sauront-ils se défendre ? Des élites déracinées leur reprochent d’encombrer l’air du temps avec leurs gros sabots. L’autre jour, c’est Daniel Cohn-Bendit qui a lâché sur France 5, avec l’approbation souriante de la tablée : « Entre nous, si l’identité française n’était que le peuple du Rassemblement national ou de Zemmour, il faudrait fuir le pays. Ne restez plus là, c’est horrible ! » La charge raciste du rentier de Mai 68 contre le « petit Blanc » est passée inaperçue. Mais pourquoi les Français ordinaires devraient-ils accepter cette haine banalisée ? Elle est portée communément par les faux gentils qui en appellent au respect de l’Autre et à la non-discrimination quand il s’agit des seuls étrangers. Ces parvenus du progressisme crachent sur les « ploucs » et les « beaufs », suspects d’être attachés à leur mémoire collective. Ils ne comprennent pas, ces calomniateurs, que ces « Gaulois » de cœur, y compris Zemmour le juif berbère, puissent être le sel d’une civilisation à protéger des saccageurs.

Il suffit d’observer les indignations collectives qui se fédèrent actuellement autour des atteintes au passé chrétien de la France pour discerner les contours de la révolution conservatrice qui vient

Dans le prophétique Camp des saints (1973), Jean Raspail met en scène un Noir de Pondichéry qui vient en renfort des résistants à l’invasion débarquée des centaines de rafiots échoués sur la Côte d’Azur : « À mon sens, dit-il, être blanc ce n’est pas une couleur de peau mais un état d’esprit. » C’est l’esprit français, mélange d’impertinence, de courage et de liberté joyeuse, qui doit sortir de sa torpeur. Il y a urgence.

La Flotte-en-Ré Photo: D.R.

Face à la nation insultée, je ne propose qu’un mot d’ordre : « Touche pas à ma France ! » Les malfaisants qui s’acharnent sur elle sont l’aiguillon de la colère espérée. En septembre 2003, lors d’un sommet à Berlin, le président Jacques Chirac avait déclaré : « Il faut surtout se préoccuper du sort des Pygmées, qui sont l’un des peuples les plus menacés de disparaître. » Mais quelques mois plus tôt, citant Léopold Sédar Senghor lors d’un passage en Nouvelle-Calédonie, ce Français de souche attaché à la Corrèze avait lancé : « Nous sommes tous des métis ! » Ce jour-là, Chirac s’était fait pardonner sa sortie de 1991 sur « le bruit et l’odeur », ces désagréments accompagnant le voisinage notamment culinaire de certains immigrés. Depuis lors, l’impératif du mélangisme ne cesse d’être sermonné par les prétentieux convertis au mondialisme. Or, le métissage, quand il s’agit des cultures, amène au détissage. À terme, la dilution du Français trop français est à redouter. Se profile déjà un étrange « Francien », pâte humaine indifférenciée dressée à devenir « citoyen du monde ». Cependant, les indigènes ne semblent plus disposés à se laisser bousculer au nom d’un antiracisme qui les somme de disparaître. Ce qui se passe est le lent réveil de la France profonde et silencieuse. Pourvu qu’elle n’arrive pas trop tard !

A lire aussi, Stanislas Rigault: Statues catholiques déboulonnées: pourquoi tant de haine?

Les Français, je le crois, ne veulent pas jouer aux Indiens : ils ne s’imaginent pas en survivants d’un génocide culturel abouti, parqués à leur tour dans des réserves visitées par des touristes chinois ou saoudiens en mal d’authenticité. Les franchouillards prétendent, au nom de la diversité des civilisations et des cultures, aux mêmes égards que ceux réservés aux « peuples premiers ». C’est à Callac, petit village breton des Côtes-d’Armor (2 200 habitants), que la première révolte, interdite par la morale diversitaire, a été lancée. La population, mobilisée contre un projet de « village pionnier » destiné à s’ouvrir à « l’inclusion durable de personnes réfugiées », a réussi le 11 janvier à repousser l’opération de repeuplement acceptée par le maire sans consultation des gens. Les promoteurs du projet, une fondation familiale sans attache territoriale (le fonds Merci), entendaient y installer une « Arche de Noé des temps modernes », vitrine d’un multiculturalisme forcément riche de l’apport de la civilisation islamique en Cornouaille. Les défaits ont hurlé au « racisme ». Ils ont dénoncé « l’extrême droite », le parti Reconquête ayant participé à la mobilisation. Reste que cette victoire populaire a eu raison du politiquement correct. Les promoteurs du « diversitisme » ont promis d’autres incursions. Nous verrons. En attendant, les prêcheurs découvrent que leurs lubies ne s’imposeront plus à coups de triques culpabilisantes.

Callac n’est pas le seul exemple du réveil des Français, maltraités par les belles âmes sans affect. Il suffit d’observer les indignations collectives qui se fédèrent actuellement autour des atteintes au passé chrétien de la France pour discerner les contours de la révolution conservatrice qui vient. Elle se consolide à rebours d’un progressisme qui n’émet plus que des nuisances et d’un mondialisme contesté par le renouveau des nations et des protectionnismes. Les assauts de la Libre Pensée contre la statue de l’archange Saint-Michel aux Sables-d’Olonne ou contre celle de la Vierge Marie à l’île de Ré ont révulsé au-delà des catholiques et des habitants des lieux. Le démontage de ces deux symboles, obtenu en justice au nom du respect littéral de la loi de 1905, risque de mobiliser une population décidée à faire respecter sa culture fondatrice. La Libre Pensée se garde bien de contester la construction de la Grande Mosquée de Paris, pourtant édifiée après la loi sur la séparation des Églises et de l’État. Quant à la suggestion de Roselyne Bachelot de faire abattre des églises sans apport architectural, elle a été reçue par beaucoup comme une confirmation de l’incapacité des responsables politiques à comprendre l’âme humaine.

A lire aussi, Philippe Bilger: Comme Fabrice Luchini, aimerions-nous être de gauche?

Voici venu « le retour en force d’une culture fondatrice », que Michel Maffesoli explique en réaction au déclin d’une « civilisation languissante [1] ». Ce n’est pas la réforme des retraites, contestée par des syndicats coupés du monde réel, qui fédérera durablement la colère française. Il est urgent de défendre aussi les boulangers, les bouchers, les bistrotiers et tous ceux qui, éreintés de taxes et d’usines à gaz, participent également à l’identité de la France malmenée. Lançons le mouvement « SOS France ! »


[1] Logique de l’assentiment, Le Cerf, 2023.

Des fleurs de Lys dans les escarpins de la République

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Descendant direct de Louis-Philippe Ier, dernier roi des Français, le prince Jean d’Orléans est l’actuel chef de la Maison royale de France. Régulièrement interviewé par les médias, cet héritier des Capétiens se pose naturellement en alternative. Lors de ses vœux aux Français, il a appelé au retour «d’un modèle politique équilibré». Pour 17% des Français, la restauration de la monarchie est la solution aux nombreuses crises qui secouent la France.


Le prince Jean d’Orléans a 57 ans. Il vit avec sa famille, dans l’Aude, près de la cité médiévale de Carcassonne. Dans ses veines, mille ans d’histoire capétienne, celle de la France dans ce qu’elle a eu de plus sacré et de plus triomphal. Son arbre généalogique est éloquent, constellé de personnages hauts en couleur comme Philippe d’Orléans, dit « Monsieur », frère du roi Louis XIV, le régent Philippe d’Orléans, le député de la Convention Philippe Égalité, et enfin Louis-Philippe Ier, dernier roi des Français entre 1830 et 1848. Un héritage familial qu’il assume pleinement.

À l’écart des journaux tirant sur papier glacé

Chef de la Maison royale de France depuis 2019, il compte encore derrière lui de nombreux partisans (au sein des mouvements de l’Action Française et de la Nouvelle Action royaliste), favorables au retour de la monarchie. Il porte le titre de comte de Paris. Un apanage repris par sa famille depuis un siècle ; un titre de courtoisie que tolère la République. Loin des magazines people qu’il n’affectionne pas et de toute pression médiatique, le prince Jean d’Orléans n’oublie pas ses devoirs. Très régulièrement, il publie des éditoriaux dans des quotidiens reconnus (Marianne, Le Figaro...), donne des interviews (Europe 1, France 2, CNEWS, TF1…) sur des sujets qui lui tiennent à cœur. La défense de l’environnement, de la famille, du patrimoine, de la société dans son ensemble. Jean d’Orléans a été formé à bonne école. Par son grand-père Henri d’Orléans (1908-1999). Un nom dont le destin aurait pu se mélanger avec celui du général de Gaulle si ce dernier avait décidé d’aller jusqu’au bout de son projet.


L’épisode est peu connu des Français et a donné lieu à diverses supputations ou théories. Le plus souvent farfelues ou erronées. Mais entre 1963 et 1965, le héros de la Libération aurait pourtant songé à ce descendant d’Henri IV pour lui succéder à la tête de l’Etat. Le magazine L’Express en fera même sa principale couverture, désignant le prince Henri d’Orléans comme le dauphin du général de Gaulle. Une idée qui ne plaira pas à tout le monde et qui va faire l’objet d’un vaste rejet au sein de la baronnie gaulliste peu résolue à ployer l’échine face à ce Capétien ambitieux. La loi d’exil, qui touchait tous les princes issus de maisons ayant régné en France, a été abolie en 1951. Henri d’Orléans a son propre bulletin tiré à plusieurs milliers d’exemplaires, fait campagne, tente d’obtenir la présidence de la Croix-Rouge, est reçu fréquemment à l’Elysée par De Gaulle qui le missionne diplomatiquement pour le compte de la République. Après les espoirs, la déception. Le général de Gaulle se (re)-présentera finalement et la restauration de la monarchie est remise aux calendes grecques. De cette expérience politique, le prince Jean d’Orléans en a tiré un enseignement, une leçon qu’il entend mettre au service d’une nation déchirée et quelque peu perdue.

Agacé par un mode de gouvernement qui se coupe des Français

Lors de ses derniers vœux aux Français, publié sur son site et ses réseaux officiels (il est suivi par 45000 personnes sur Facebook, Instagram et Twitter), Jean d’Orléans s’est posé en alternative d’une institution fragilisée. « Depuis plusieurs années, les diverses crises qui secouent notre société ne cessent d’entamer en profondeur un modèle économique, politique et social qui s’essouffle. Il est temps de jeter sur notre monde un regard lucide pour préparer ce que nous souhaitons laisser à nos enfants et aux générations futures » écrit le prétendant au trône. Appelant à « forger un avenir commun sous le sceau de la liberté dans l’unité et de la paix dans la justice, une société au cœur de laquelle nous replaçons l’homme, afin de redonner un souffle à notre nation millénaire », le comte de Paris pointe du doigt les mauvaises décisions qui ont été votées par un parlement, par des élus dont le principal souci est leur réélection en lieu et place de la préservation du Bien commun, une pensée à court terme.  « (…) Les nombreuses réformes engagées ont profondément creusé les inégalités sociales et réduit nos rapports sociaux à minima sous l’effet de mesures de plus en plus contraignantes. Face à ces mauvais choix, souvent contraires aux aspirations des Français, une voie de vraies réformes est certainement possible qui quitte le confort des cercles restreints pour s’adresser au plus grand nombre. La voie vers un modèle social plus solidaire et juste, un modèle économique plus responsable et équitable, un modèle politique plus décentralisé et indépendant » plaide le prince Jean d’Orléans, ancien soutien des gilets jaunes.

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Sans doute, le « roi Jean IV », comme l’appellent les royalistes, s’agace-t-il de ce mode de gouvernement qui se coupe des Français. « Gouverner, c’est prévoir » rappelle le comte de Paris, paraphrasant Adolphe Thiers, célèbre homme d’État de la IIIe République. Jean d’Orléans se bat contre les sempiternels poncifs et caricatures qui accompagnent habituellement les idées reçues sur une monarchie qui a contribué à façonner la France. Lui, l’imagine volontiers parlementaire où le roi concentrerait toutefois certains pouvoirs contrebalancés par les deux chambres et le référendum à la manière du modèle suisse. Il appelle à retrouver les vraies valeurs gaulliennes de la Constitution actuelle, taillée sur mesure pour un monarque. Pour diffuser sa voix dans le grand public, que certains jugent trop discrète, il a écrit un livre :  Jean de France, un prince français, paru en 2009 aux éditions Pygmalions. Un véritable programme politique dont on peut retrouver les grandes lignes sur sa fiche Wikipedia, l’encyclopédie en ligne bien connue. Des positions que ses partisans n’hésitent pas à distiller face caméras aux médias intrigués de les voir chaque année se rassembler, le 21 janvier, dans les grandes villes de France, lorsqu’ils commémorent le décès de Louis XVI, guillotiné par la Convention en 1793.

Les Français tentés par rappeler un roi ? Selon un sondage BVA/ Alliance Royale paru en 2016, ils sont 17% à souhaiter que l’on réinstalle un monarque à la tête de l’État. L’idée rassemble toutes les générations (notamment à droite) et se veut moderne. Parmi tous les avantages cités, celui d’un monarque au-dessus des partis politiques, dont le niveau de neutralité serait élevé et source d’une certaine continuité au sein de l’État, respectueux des valeurs traditionnelles, à la tête d’une institution qui assurerait un système d’égalité démocratique, d’un régime défenseur des libertés économiques, politiques et civiles. En 2021, les monarchies tiennent haut le pavé selon l’Heritage Foundation qui s’est penché sur ces principes démocratiques évoqués. Si on retrouve l’ensemble des royautés dans les 40 premières places du palmarès, la France (à titre de comparaison) n’est que 64e de ce classement. De quoi faire réfléchir tout un chacun à l’heure où les Français sont appelés à se mobiliser massivement contre la réforme des retraites.

Le panache

Je n’oublierai pas le regard bleu vif, ironique ou songeur, du journaliste Philippe Tesson.


Je ne l’ai jamais rencontré. J’arrivais après la bataille, après le légendaire Combat. Je lui transmettais des textes au Quotidien de Paris. Sans doute les lisait-il puisqu’il les publiait. L’imprimé est un miroir où l’on reconnaît sa figure.

Au tournant des années 80, je découvris une autre générosité chez le bretteur, peu tendre avec la mièvrerie des temps. J’appartenais à la bande de galopins qui exercèrent leurs griffes aux pages d’un mémorable petit journal littéraire. Les lecteurs de Matulu ne couraient pas les rues. Tesson imprima la gazette à ses frais. Coup de pouce à la jeunesse.

Nous ferraillâmes contre l’ignoble Globe de Benamou, Dray, Désir et autres «potes» intouchables… Il était odieux, intolérable pour nous que Bernanos et de Gaulle y fussent qualifiés de « fascistes ». Tesson finança les exemplaires d’Anti-Globe, la véhémente contre-attaque de Matulu. Nous ripostâmes sur-le-champ à l’escarmouche de Bergé, le mécène mitterrandien, et à ses misérables falsificateurs de mémoire.

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Tesson était animé d’une vertu d’un autre âge : le panache. Aucune tiédeur n’altérait une plume aussi tueuse qu’affectueuse. La philippique était une marque de fabrique.

Le vieux chroniqueur téméraire se plaisait au rituel des joutes télévisuelles. J’aimais l’œil bleu lunaire, vif, ironique et songeur. J’aimais ses colères de délicieux scrogneugneu.

Tesson adorait les planches. Il rêvait à une vie d’histrion. Comme Flaubert, il cherchait des gueuloirs sur la terre. Comme le grand Gustave, il savait que l’auteur n’était qu’un acteur raté, un grimacier empêché, un baladin dissuadé.

Tesson s’épargna le pensum des bouquins d’éditorialistes. Il n’encombrera ni les hospices, ni les bibliothèques. Tesson eut simplement le chic de ne pas écrire. Sauf à la sauvette, à chaud, à la une des gazettes.

L’écriture, brève, éphémère – comme une représentation de Molière – était un lot de consolation, une passion secondaire au regard du sublime jeu d’acteur.

La mort de Philippe Tesson nous laisse inconsolés parce que l’élégance d’un homme, sa verve, son brio demeurent aujourd’hui sans écho.

Le dernier film de James Cameron accusé de « blue face »

Savez-vous que les acteurs qui incarnent le peuple des Na’vis dans Avatar 2 sont en majorité des blancs? Une scandaleuse appropriation culturelle et raciste, pour certains militants, car James Cameron s’est inspiré de nombreuses cultures indigènes pour inventer ce peuple à la peau bleue…


Avatar 2 : la voie de l’eau, suite du premier volet, est le septième plus gros succès au box-office de ce nouveau millénaire. Une saga éco-futuriste imaginée par James Cameron qui ne s’attendait pas à ce que ses héros, les Na’vis, peuple à la peau bleue de la planète Pandora, soient au centre d’une polémique. Diverses communautés amérindiennes ont accusé le réalisateur d’appropriation culturelle et de racisme. L’activiste transgenre Yuè Begay, d’origine Navajo, a protesté contre la sortie du blockbuster, pointant du doigt les relents patriarcaux et coloniaux supposés de James Cameron. « Nos cultures sont appropriées de manière néfaste afin de nourrir le mythe du sauveur blanc », a déclaré celle qui est aussi la co-présidente de l’association Indigenous Pride. Elle a été rejointe dans ses protestations par Frank Waln, rappeur sioux lakota, et Cheney Poole, activiste maorie.

Dénonçant un « blue face offensant », ils ont critiqué le choix des acteurs, majoritairement blancs. « C’est une forme de caricature raciste, qu’on qualifie de “blue face”, un phénomène qui vise à s’approprier beaucoup d’éléments de cultures non blanches, les mélanger sans discernement, de manière flagrante, tout en laissant jouer des acteurs blancs pour enfin se servir de l’argument de la fiction comme médium pour valider cette construction du monde », a expliqué Yuè Begay sur les réseaux sociaux. « James Cameron favorise les non-indigènes pour jouer les Na’vis, une race alien basée sur de nombreuses cultures indigènes dont il s’est inspiré », s’agace-t-elle. Interrogé par des journalistes, James Cameron a mis genou à terre : « Les personnes qui ont été victimes dans l’Histoire ont toujours raison. Ce n’est pas à moi, qui parle du point de vue de quelqu’un qui peut jouir du privilège blanc, de leur dire qu’ils ont tort. »

Ce mea culpa est loin d’apaiser Yuè Begay qui continue d’appeler au boycott du film.

Une guerre pleine d’arêtes

Il s’avère qu’en russe le nom d’un poisson, vobla, est proche du mot guerre, voyna. Ce qui suffit aux « mèmeurs » russes à enflammer la toile.


En Russie, il est interdit de critiquer l’« opération spéciale » contre l’Ukraine, illégal de « discréditer » l’armée russe et rien que prononcer le mot « guerre » peut être considéré comme de la diffusion de fausses informations. Or, au cours des derniers mois de 2022, des mèmes (ces images ou gifs légendés repris d’innombrables fois sur internet) représentant un poisson ont proliféré sur les réseaux sociaux russes, y compris sur la plateforme liée à l’État, VKontakte.

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Plus précisément, il s’agit d’une variété de gardon qu’on trouve dans la Volga et la mer Caspienne, et qui est mangée sans sauce sur du papier journal, arrosée avec de la bière. Il s’avère qu’en russe le nom de ce poisson, vobla, est proche du mot guerre, voyna. Le 24 septembre, une habitante de la ville sibérienne de Tioumen, Alisa Klimentova, a écrit sur le mur d’une place publique : « Non à la v***la ». Arrêtée et présentée à un magistrat, elle a expliqué qu’elle protestait contre cette espèce de poisson qu’elle déteste. Le juge, nommé Romanov, a accepté sa défense et ordonné qu’elle soit libérée et que sa boîte de bâtons de craie lui soit restituée. La conséquence a été l’explosion de mèmes ichtyens. L’humoriste russe, Semyon Slepakov, résidant en Israël, a écrit une chanson dans laquelle il exploite le gardon comme métaphore filée pour critiquer la guerre et l’autoritarisme poutinien. Postée sur YouTube, le 14 octobre, elle a été vue 2,6 millions de fois. Des images se sont propagées montrant le poisson barré d’un trait rouge.

De fausses couvertures de livre et affiches de film se sont multipliées représentant « Vobla et Paix » de Tolstoï, « La Vobla des mondes » de Wells ou « La Vobla des étoiles » de Lucas. Malheureusement, le dossier de la femme a été rouvert et, en décembre, elle a écopé d’une amende de 30 000 roubles (400 euros). Depuis l’époque soviétique, les Russes sont les maîtres de ce genre de satire indirecte. Face à la propagande officielle, ils savent nager à contre-courant [1].


[1] Sources : russianpodcast.eu, reason.com, globalvoices.org, meduza.io, ground.news.

Haine des élites et misérabilisme: deux plaies malheureusement bien françaises…

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Salauds d’riches!


Quand le président François Hollande avait invoqué, pour son quinquennat, l’exigence de normalité, il avait été mal compris mais pourtant ce propos aurait mérité mieux que toute la dérision qui l’a accompagné. Certes, il ne s’agissait pas pour lui de suggérer l’obligation d’un juste-milieu entre haine des élites et misérabilisme, quoique son assertion aurait pu être déclinée de mille manières entre familiarité et arrogance, mollesse et autoritarisme, rareté et profusion… Ce qui se déroule depuis plusieurs semaines dans le pays comme dans la vie parlementaire montre à quel point une double tendance, présente dans notre esprit national bien avant le macronisme, n’a cessé de se développer, au point de constituer un véritable poison pour le débat démocratique.

Non merci, patron

La haine des élites a pris des proportions phénoménales, suscitée par une multitude de causes : envie et jalousie sociales, détestation des possédants, méconnaissance des processus économiques et politiques, refus d’assigner la moindre compétence et légitimité aux privilégiés du pouvoir et de l’argent, opprobre mécanique projeté sur des institutions comme par exemple l’ancienne ENA, ce qui permet à certains médiocres de se croire supérieurs à ceux qu’ils dénoncent, délits de « sale gueule » pour tel ou tel milliardaire (Bernard Arnault d’abord, infiniment visible par sa réussite et ses actions) qui a beau faire et démontrer, chiffres, publicité et argumentation à l’appui, ce que son groupe a accompli pour la France et dans le monde, rien jamais ne convaincra…

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Faut-il considérer qu’une partie de notre nation est irrésistiblement portée à pourfendre tout ce qui dépasse parce qu’ainsi serait violé le principe sacro-saint d’égalité, offrant le double avantage de stériliser la liberté et ses heureuses imprévisibilités et d’imposer le moins pour tous pour ne pas gratifier seulement quelques-uns du plus ?

Piques virtuelles

J’avoue que moi-même, j’ai frôlé cette aberration, voire que j’y suis tombé quelquefois. J’espère ne pas faire preuve de mauvaise foi quand je m’excuse au motif que la supériorité, le pouvoir et les privilèges, dans quelque secteur que ce soit, ne m’apparaissent répréhensibles que s’ils sont de mon point de vue, illégitimes. Quand l’incompétence est au rendez-vous. L’intolérable est de n’avoir jamais eu rien à prouver…

La haine des élites, sentiment extrême, vindicatif, fureur révolutionnaire portant virtuellement les piques au bout de ses vitupérations, serait déjà une totale anomalie dans un monde se croyant civilisé, s’affichant capable d’exprimer le fond de ses oppositions avec une forme acceptable, mais elle devient totalement incongrue et franchement ridicule en certaines circonstances quand elle éprouve le besoin de s’allier avec un misérabilisme qui atteint une démesure sans égale.

Quand j’entends la députée LFI Rachel Keke, en commission des Affaires sociales, lire un texte dont la seule argumentation consiste à reprocher à ses collègues députés d’autres groupes leur « mépris » parce qu’ils ne sauraient pas ce qu’est et fait une femme de ménage et ce que représente la tâche de s’occuper de 40 lits, c’est pathétique et, on n’ose pas l’affirmer, ridicule. Cette accusation d’une part n’a aucun sens et d’autre part l’Assemblée nationale est ainsi réduite à la confrontation d’expériences professionnelles antérieures dont de mon point de vue aucune ne vaut plus que l’autre.

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Évidemment, avec l’habituelle et inévitable démagogie du cœur et du misérabilisme (la modestie d’existence d’avant doit être forcément sanctifiée), aucun député n’a osé répliquer qu’elle était ignorante de la même manière des métiers de ses collègues…

Je suis d’autant plus à l’aise pour formuler cette critique que j’avais dans un premier temps pensé que l’arrivée de cette députée atypique ferait du bien au monde parlementaire en l’ouvrant à des quotidiennetés avec lesquelles il n’était pas familier. Encore aurait-il fallu, pour que j’aie raison, que la députée Keke sorte de son champ étroit… Non seulement ce n’est pas le cas, mais de cette pauvreté, elle fait une argumentation.

On a le devoir de ne pas confondre l’évidente dignité de principe de chaque être humain avec le nivellement forcé d’une approche paresseusement humaniste. Le misérabilisme fait du bien à ceux qui le savourent ; il ne garantit rien de plus, mais à rebours, que la haine des élites.

Crever? Plutôt la retraite!

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Image d'illustration Unsplash.

Le texte de Cyril Bennasar que je viens de lire dans le dossier consacré aux retraites m’a fait réagir de deux manières très distinctes, pour ne pas dire opposées : d’un côté, la phrase « quel connard ! » a tourné dans mon esprit, de l’autre, celle-ci : « j’aurais pu écrire ce texte à la virgule près, à l’exception du laïus sur Bruce Springsteen qui ne fait pas partie de mes références. »

Je m’explique : comme le franc-tireur de Causeur dont j’apprécie souvent le ton décalé et surtout l’endroit particulier d’où il parle (pour faire mon trotskyste), je suis moi aussi travailleur indépendant, section artiste contemporain qui galère mais ne demande rien à personne. Et comme lui, j’envisage de travailler jusqu’à mon dernier souffle, tant que mon corps me le permettra, ce qui pourrait arriver plus vite que prévu étant donné que je me tiens aussi éloigné que possible du système de santé, avec le risque de rater quelque examen important qui dépisterait un mal mortel susceptible de m’emporter dans la tombe… 

Ce choix s’explique aisément : je suis mon propre maître, donc mon propre esclave, mon travail me procure des satisfactions qu’aucun poste dans le salariat ne m’a jamais données, j’ai un temps que j’organise à ma guise et une liberté incroyable, et surtout, mon métier a du sens, pour moi comme pour mes clients, et je le sais et j’en reçois des témoignages lorsqu’un collectionneur m’achète un tableau ou qu’un visiteur discute avec moi lors de mes expositions. Aussi précaire que soit ma situation financière, je sais que je n’exerce pas un bullshit job, je sais que mon activité professionnelle n’est pas vaine, je sais que ce que je fais est unique et de qualité. Comment ne pas aimer travailler dans ces conditions ? Comment ne pas envisager d’exercer son art le plus longtemps possible face à de telles gratifications ?

Mais voilà, pour que moi, je puisse exercer mon métier d’artiste, c’est-à-dire pour que je tire ma subsistance de mon activité artistique, il me faut des clients, des gens qui m’achètent mes œuvres, des personnes qui « ne savent plus quoi faire de leur pognon » pour reprendre les termes de mon menuisier préféré. Sans cela, je ne peux pas exister, et Cyril Bennasar, sans ces personnes qui ont des moyens supérieurs à la moyenne, qu’ils soient à la retraite ou en activité, ne le pourrait sûrement pas non plus, tant recourir à un artisan, un travailleur indépendant ou un artiste a un coût que la standardisation et le modèle de consommation qui marquent notre société rend inaccessible à une majorité de nos concitoyens.

C’est pourquoi, alors que je suis complètement en phase avec le vécu et la vision de Cyril Bennasar, je ne peux m’empêcher de le trouver malhonnête dans sa prise de position, car il sait comme je le sais que nous sommes tous dépendants les uns des autres dans notre société, que travailleur indépendant ne signifie pas travailleur déconnecté du reste de l’économie générale du pays, et que si le pays va mal, tout le monde va mal, à commencer par nous artistes et artisans qui ne pouvons vraiment prospérer que si notre environnement se porte bien. Or, le moins qu’on puisse dire est que notre pays va mal, et que cette réforme des retraites tombe au plus mauvais moment : comme il est rappelé dans l’ensemble du dossier que Causeur consacre au sujet ce mois-ci, c’est d’abord la valeur du travail qui est en jeu et en cause, et cette dernière est particulièrement abîmée, par l’idéologie, par la politique, par l’habitude de l’endettement, par la gestion de la crise du Covid, par le glissement de l’assurance vers l’assistance que décrit si bien Joseph François dans son article. Avant de toucher à l’âge légal du départ en retraite, qui ne pénalise que ceux qui travaillent et ont commencé leur carrière tôt, il serait urgent de s’occuper de l’emploi, du temps de travail et de la richesse produite.

Quand on se pique de politique (comme tout citoyen devrait le faire), il est indispensable de faire un pas de côté et de quitter sa situation personnelle pour envisager celle des gens que telle ou telle loi affecterait. Et alors, je pose la question à Cyril Bennasar : s’il n’était pas le travailleur indépendant qu’il est et qui s’éclate dans son métier mais s’il était manœuvre, ouvrier non qualifié, maçon, plombier ou couvreur (en tant qu’employé), livreur, etc., exerçant cette activité depuis l’âge de 18 ans et bien cassé dans son corps, est-ce qu’il s’exclamerait toujours : « Une retraite ? plutôt crever ! » Ou bien, après avoir vu son pote Bernard, qui avait cinq ans de plus que lui, mourir d’un cancer à 61 ans sans avoir fait le voyage en Italie qu’il s’était promis d’effectuer une fois sa carrière terminée, ou son copain Dédé, chauffeur routier, se faire terrasser par un platane à deux ans de la quille à cause d’un moment d’inattention, est-ce qu’il ne préférerait pas dire : « Crever ? plutôt la retraite ! »

L'arnaque antiraciste expliquée à ma soeur

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Violeurs transgenres dans les prisons pour femmes: J.K. Rowling avait bien raison

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Isla Bryson. Image: capture YouTube / Mirror

Le cas d’un violeur écossais qui, par pur opportunisme cynique semble-t-il, a réclamé le statut de femme transgenre afin d’être incarcéré dans une prison pour femmes confirme les inquiétudes exprimées par l’auteur J.K. Rowling. Le gouvernement écossais vient de donner raison à celle que les militants du genre avaient accusée de transphobie et vilipendée.


Face au tollé suscité par le transfert prévu dans une prison pour femmes d’Isla Bryson, une femme transgenre condamnée pour des viols commis à l’époque où « elle » s’appelait Adam Graham, le gouvernement écossais a demandé qu’elle purge sa peine dans un centre pour hommes. Il a également suspendu la possibilité de reclure dans les prisons pour femmes les personnes transgenres avec des antécédents de violences, notamment sexuelles, sur des femmes.

D’Edimbourg à Pau

Cette décision ne peut cependant masquer la confiscation de plus en avancée du débat sur le sujet, notamment par Édimbourg, et elle n’aurait eu lieu si le parcours de violeur de Bryson n’avait été connu. En Écosse, les détenus transgenres peuvent être transférés dans les prisons selon le sexe qu’ils revendiquent, et le gouvernement mène une politique très à gauche en matière de transidentité.

Avant de débuter son processus de changement de genre, Bryson, avait violé deux femmes en 2016 et 2019. Après son arrestation, le prévenu a entamé une thérapie transgenre et a été jugé en tant que femme. Il s’agit légalement de la première femme transgenre condamnée pour viol en Écosse. Avant cette condamnation, Bryson avait été enfermé dans la seule prison féminine de la nation alors qu’un mandat prévoyait qu’il soit envoyé dans celle pour hommes la plus proche du tribunal.

Deux jours après la condamnation de Bryson, une femme transgenre a été condamnée en France à 10 mois de prison pour avoir mordu un surveillant de la maison d’arrêt de Pau qui devait la fouiller au motif que seule une femme pouvait le faire. Christopher, devenu Lindsay et en transition de genre, avait refusé de dire à la greffière quel était son sexe biologique : « Elle n’a pas à poser la question. Je suis considérée comme une femme et suis censée être fouillée par une femme. » L’administration pénitentiaire assure que, face à ses changements, la fouille du bas du corps a été certes effectuée par un homme, mais celle du haut par une femme.

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Ces affaires où, à de vraies questions de souffrance liées à la dysphorie de genre, se mêlent des manipulations et des caprices, ne sont pas sans rappeler d’autres cas, comme celui de Karen White, et attirent de nouveau l’attention sur ce sujet aux implications et drames vite oubliés. En 2021, une détenue qui disait avoir été sexuellement agressée par une femme transgenre et contestait la politique pénitentiaire a été déboutée par la Haute cour de justice d’Angleterre et du pays de Galles, au motif qu’exclure les femmes transgenres « reviendrait à ignorer, de façon inadmissible, [leur droit] à vivre selon leur sexe revendiqué ».

Rien de nouveau sous le soleil ?

Ces affaires peuvent surprendre, mais elles ne sont pas du tout les premières, comme l’atteste par exemple celle de Karen White. Déjà condamné pour des agressions sexuelles sur deux jeunes garçons en 2001, Stephen Wood était devenu David Thompson avant de violer une femme enceinte en 2003 et une jeune femme à trois reprises en 2016. Celui qui terrorisait ses voisins s’était plaint d’eux pour transphobie auprès de la police parce qu’ils n’utilisaient pas le pronom féminin à son sujet. Jugé pour avoir poignardé un voisin sexagénaire, White s’est identifié comme Karen et a été transféré dans une prison pour femmes en 2018. Durant trois mois, il y a fait régner la terreur et violé quatre codétenues. L’enquête a permis de découvrir les viols précédant sa condamnation. Son changement de genre a consisté à porter des seins en silicone et une perruque.

En 2005 et 2006, Brett David Sonia avait été condamné en Californie et dans le New Hampshire pour le viol d’une fille de 13 ans. Les détails étaient si choquants qu’une douzaine de jurés potentiels, parmi la soixantaine proposée, avaient déclaré qu’ils ne seraient pas capables de suivre le procès jusqu’au bout. En 2020, le détenu, désormais renommé Brooke Lyn Sonia, a demandé à être transféré vers une prison pour femmes en affirmant ne pas être en sécurité parmi les hommes. Il a rejoint un centre correctionnel pour femmes dans l’État de Washington en décembre dernier.

Sonia, qui se déclare tantôt homme, tantôt femme, n’a subi aucune opération, n’a jamais manifesté de comportement féminin documenté qui ait pu laisser ses codétenus masculins soupçonner une éventuelle dysphorie de genre. Les femmes de sa nouvelle prison sont terrifiées et se rendent à deux aux toilettes pour ne pas se retrouver seules face à Sonia.

J.K. Rowling justifiée

En décembre 2021, l’écrivain J.K. Rowling s’est attiré les foudres de mouvements LGBT après avoir mis en garde contre un projet de loi du gouvernement écossais prévoyant que la police écossaise enregistre les prévenus selon leur sexe revendiqué, ce qui soulevait des inquiétudes quant à l’usage qu’en feraient des violeurs. L’auteur avait paraphrasé avec sarcasme Orwell dans un tweet : « La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force. L’individu muni d’un pénis qui vous a violé, c’est une femme. » Cette loi a été bloquée par le gouvernement britannique une semaine avant la condamnation de Bryson.

Le magazine Vice News avait déclaré que Rowling persistait à attaquer les personnes transgenres en ligne. Diverses célébrités avaient dénoncé sa supposée haine, dont Shannon Hale, auteur de livres pour enfants et adolescents. Cette dernière avait objecté que toutes les femmes doivent être en sécurité, y compris les femmes transgenres, en soutenant que l’auteur de la saga Harry Potter « amplifie la bigoterie ». Pourtant, cette dernière n’avait pas raison trop tôt au vu des sept cas de viols répertoriés commis par des prisonniers dits transgenres entre 2016 et 2019, déjà oubliés par les adeptes du virtue signalling, la vertue ostentatoire.

De son côté, le docteur Nicola Williams, du groupe « Fair Play For Women », a dénoncé la primauté accordée aux droits des transgenres sur la protection des femmes détenues et déclaré que cette « politique pénitentiaire ouvre la porte à tous les abus ». Elle assure qu’aucun groupe de défense des droits des femmes n’a été consulté concernant cette décision préparée en concertation avec les mouvements transgenres.

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Cette exclusion de l’intérêt des femmes et des filles se retrouve également en matière scolaire.

De la prison à l’école

En mai 2016, les ministères de la Justice et de l’Éducation du gouvernement Obama avaient indiqué aux écoles publiques et établissements bénéficiant d’aides fédérales qu’ils étaient tenus de considérer les personnes transgenres selon leur identité revendiquée. Bien que l’administration Trump ait retiré cette directive en février 2017, des écoles ont continué à s’y soumettre ou y ont été obligées par des textes similaires au niveau local. Joe Biden a réintroduit la mesure le jour de son investiture.

En octobre dernier, plusieurs membres de l’équipe féminine de volleyball d’un lycée du Vermont ont été bannies de leur vestiaire après une dispute avec une fille transgenre revendiquée. L’une des filles, Blake Allen, qui s’était plainte d’être observée par l’élève transgenre pendant qu’elle se déshabillait, a été réprimandée comme son père, entraîneur, pour avoir utilisé des pronoms masculins en l’identifiant. Le lycée a suspendu Blake et le coach, avant de lever la sanction de la première. Les acclamations, comme les accusations de transphobie, font mine d’ignorer le ressenti des femmes quant à leur sécurité et leur pudeur. S’il existe des cas indubitables de souffrance quant à l’identité sexuelle, faut-il ne considérer qu’elles, jusqu’à oublier tout discernement, au détriment des femmes ? Il s’agit là de montrer que l’on comprend la supposée souffrance d’une personne qui se dit transgenre, quitte à négliger celle des filles et des femmes. Peu importe si elles se sentent menacées par une femme transgenre non opérée, vulnérables et gênées, quand bien même le détenu ou l’élève féminin transgenre ne leur voudrait aucun mal et serait sincère. C’est le ressenti de ce dernier qui prime, car il ne faudrait pas se montrer transphobe.

La question trans

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Fiasco dans l’affaire Bayou: la cellule «VSS» d’EELV doit s’autodissoudre!

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Julien Bayou à la Fête de L'Humanité, sur la Base 217, Bretigny-Sur-Orge le 10 Septembre 2022 MPP/SIPA

La cellule d’enquête des Verts sur les violences contre les femmes clôt le dossier Julien Bayou, sans avoir vraiment enquêté.


C’est un procès de Moscou à l’ère Metoo, le féminisme ayant remplacé le communisme et les femmes le prolétariat.

En juillet 2022, une ex-compagne de Julien Bayou, alors patron des Verts, écrit à la commission « violences sexistes et sexuelles » (VSS) du parti pour l’accuser de violences psychologiques. Les violences sexuelles, on voyait jusqu’à présent très bien ce que c’était. Les violences « sexistes », il faudra nous expliquer.

Rousseau balance

Sandrine Rousseau, sa première rivale au sein d’EELV, balance l’affaire sur BFM TV, évoquant une femme qu’il aurait poussée au suicide. Les déclarations de la députée de Paris déclenchent alors une tempête médiatique et une pluie de témoignages de femmes sur le mode « Il m’a fait ci, il m’a dit ça » ou encore «Bayou est un monstre poussant les femmes à la folie… » Avec certaines, ça n’a pas dû être bien difficile !

Libération révèle qu’il est depuis des années sous la surveillance numérique d’un groupe d’ex et de militantes qui se montent mutuellement le bourrichon. Sous prétexte de morale, le voyeurisme est à son comble. En septembre, Bayou jette l’éponge et renonce à ses postes de Secrétaire national et de coprésident de groupe à l’Assemblée nationale.

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En six mois, cette fameuse commission VSS n’a pas été fichue d’auditionner la femme qui a lancé le scandale, elle a donc clos hier le dossier sans se prononcer. Le parti considère quant à lui que rien n’est retenu contre lui et « regrette les conséquences humaines difficiles que cette procédure et son exposition médiatique ont pu avoir». Un peu léger comme mea culpa pour avoir jeté en pâture l’intimité et l’honneur d’un homme. D’ailleurs, les Verts devraient aussi regretter de nous avoir infligé à tous cet infâmant déballage.

Au moins, Julien Bayou est-il blanchi…

Mais, il n’y a eu aucune plainte, donc il n’avait pas besoin d’être blanchi! Et puis, il n’est pas sûr que la meute se contente de ce classement sans suite… Des ragots répétés en boucle sont devenus un scandale politique.

Et, bien sûr, on n’en tirera aucune conséquence. 
La prochaine fois qu’une femme accusera un homme public, on assistera sans la moindre précaution au même lynchage et au même journalisme de caniveau.

Quant à la commission « VSS », ce nouveau tribunal révolutionnaire, elle devrait s’autodissoudre immédiatement ! En six mois, elle n’a pas écouté la plaignante, mais elle n’a même pas trouvé le moyen d’entendre Julien Bayou malgré ses demandes. Même le tribunal de l’Inquisition permettait aux accusés de s’exprimer ! Dans le merveilleux monde de Metoo, l’homme est coupable par définition : même plus besoin de procès. Cette affaire Bayou est bien la preuve que ce nouveau féminisme est un totalitarisme. Et que le combattre est un devoir. 


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy chaque matin dans la matinale après le journal de 8h

Profession: chroniqueur d’opinion

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Le journaliste français Philippe Tesson photographié en 2011 © BALTEL/SIPA

Disparition de Philippe Tesson à l’âge de 94 ans, seigneur de la presse écrite et héros malheureux du Quotidien de Paris


Qu’est-ce qu’il aura pu nous agacer, nous irriter, nous épuiser parfois intellectuellement par ses volte-face, et nous charmer aussi, par sa culture théâtrale et son aplomb florentin !

Philippe Tesson pouvait parler de tout et de rien, d’une pièce vue la veille, d’une réforme législative indispensable, d’un remaniement imminent, d’un livre dévoré dans la nuit ou d’une combinazione comme la Vème République en a le secret.

Total respect !

Ce virtuose de la prose était fait de paradoxes. A la fois usant – abusant même – de sa liberté de parole, et homme de réseaux. Anar de droite au cœur du pouvoir économique, et libéral pur sucre au milieu des poètes. Grande gueule médiatique aussi secret qu’un moine trappiste, et ami des écrivains fasciné par l’art dramatique. Une vie entièrement dédiée à l’écrit et à l’écho des mots, à la titraille et à la chronique souveraine, ça se respecte, ça se commémore.

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Certains dimanches pourtant, à « L’Heure de Vérité », nous le trouvâmes successivement anti-communiste primaire, européiste convaincu, capitaliste en herbe, nous sautions sur notre canapé devant son aisance à commenter, à tancer les invités, à parader en public, tout en laissant percer dans le regard, furtivement, une tendresse écorchée qui nous le rendait plus proche, plus humain. Quelque chose de flamboyant et de malhabile dans l’expression, la marque, peut-être, des grands condottieres des salles de rédaction à la crinière blanche et au débit chantant. Ses emportements n’étaient pas feints, ses dégoûts étaient très sûrs. On ne rencontre pas si souvent dans une carrière, des patrons de presse, aussi charismatiques et énergiques, aussi possédés par l’actualité et attirés par l’exil intérieur.

Un cumulard à l’aise partout

Il aura incarné une élite issue de l’après-guerre qui tend à disparaître, celles des fauves du journalisme qui avaient fait des quotidiens, de la télévision ou de la radio, leur pré-carré, leur appartement-témoin, leur lit douillet. Ces cumulards étaient partout chez eux, à l’aise dans nos intérieurs ou à la table des puissants. Nous ne connaîtrons bientôt plus cette race de seigneurs qui créait des journaux « papier » comme on escalade le K2, avec gourmandise et innocence, dans l’angoisse des bilans comptables et la joie gamine de réunir dans un même lieu, des opinions divergentes ; qui aimait le combat des idées et l’odeur des rotatives, le bordel ambiant et les joutes oratoires ; qui éditorialisait notre quotidien, se trompant souvent avec une classe folle.

La presse d’opinion lui doit beaucoup

Tesson était animé par la fougue de l’amoureux éperdu et se cachait derrière un tempérament princier qui nous intimidait. Il en imposait, son nom valait sauf-conduit. Il n’était pas un gestionnaire, plutôt un activateur de débats. L’épisode du « Quotidien de Paris » lancé en 1974 fut remarquable à plus d’un titre. Autour de lui, s’étaient agrégées les plus fines gâchettes du milieu, d’une époque, d’une génération. Tous mes confrères, et surtout les plus blasés d’entre eux par une profession mal payée et encore plus mal considérée, ne peuvent rester insensibles à l’aventure d’un nouveau quotidien ou d’un magazine. C’est l’essence de notre métier, le miracle d’une naissance. L’accouchement, chaque matin, dans les kiosques, de quelques pages imprimées est une merveille qui m’émeut encore. Et, quand vous tenez entre vos mains ce premier numéro qui a demandé tant d’efforts techniques et littéraires, vous êtes un homme enfin heureux.

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Avec Tesson, le journalisme avait une gueule de cinéma, il rendait à ce métier, son lustre aristocratique. Il fut, à l’origine, de nombreuses vocations. Car, ce n’est pas l’information bête et méchante qui nous guide, la soif de vérité et toute cette catéchèse idiote, c’est le plaisir de peaufiner un papier, de le polir, d’en faire un objet rond, symphonique à l’oreille et parfaitement équilibré. Tesson nous poussait vers cette excellence-là et n’érigeait pas l’objectivité, l’arme des faibles d’esprit, comme un totem. La presse d’opinion lui doit beaucoup. À mes débuts, au milieu des années 1990, nous avions deux modèles d’expression écrite, le « nouveau journalisme » à l’américaine de Gay Talese qui ne se sépare toujours pas de son Fedora à plus de 80 ans, qui conspuait l’utilisation du magnétophone dans les interviews, le considérant comme un tue-l’amour et dont les portraits-reportages de Sinatra, de Joe DiMaggio ou Peter O’Toole nous apprenaient à mieux écrire et, chez nous, à Paris, les billets de Philippe Tesson, qui, en deux ou trois feuillets fouettaient l’actualité et notre sang.

Le lent réveil de la France profonde et silencieuse

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Le journaliste Ivan Rioufol est à retrouver chaque mois dans le magazine "Causeur". Photo : Hannah Assouline.

Ce n’est pas la réforme des retraites qui fédérera durablement la colère française. Ivan Rioufol pense qu’il faudrait lancer un mouvement « SOS France ! » Il est urgent de défendre les boulangers, les bouchers, les bistrotiers et tous ceux qui, éreintés de taxes et d’usines à gaz, participent également à l’identité de la France malmenée.


Les Français, priés de dégager, sauront-ils se défendre ? Des élites déracinées leur reprochent d’encombrer l’air du temps avec leurs gros sabots. L’autre jour, c’est Daniel Cohn-Bendit qui a lâché sur France 5, avec l’approbation souriante de la tablée : « Entre nous, si l’identité française n’était que le peuple du Rassemblement national ou de Zemmour, il faudrait fuir le pays. Ne restez plus là, c’est horrible ! » La charge raciste du rentier de Mai 68 contre le « petit Blanc » est passée inaperçue. Mais pourquoi les Français ordinaires devraient-ils accepter cette haine banalisée ? Elle est portée communément par les faux gentils qui en appellent au respect de l’Autre et à la non-discrimination quand il s’agit des seuls étrangers. Ces parvenus du progressisme crachent sur les « ploucs » et les « beaufs », suspects d’être attachés à leur mémoire collective. Ils ne comprennent pas, ces calomniateurs, que ces « Gaulois » de cœur, y compris Zemmour le juif berbère, puissent être le sel d’une civilisation à protéger des saccageurs.

Il suffit d’observer les indignations collectives qui se fédèrent actuellement autour des atteintes au passé chrétien de la France pour discerner les contours de la révolution conservatrice qui vient

Dans le prophétique Camp des saints (1973), Jean Raspail met en scène un Noir de Pondichéry qui vient en renfort des résistants à l’invasion débarquée des centaines de rafiots échoués sur la Côte d’Azur : « À mon sens, dit-il, être blanc ce n’est pas une couleur de peau mais un état d’esprit. » C’est l’esprit français, mélange d’impertinence, de courage et de liberté joyeuse, qui doit sortir de sa torpeur. Il y a urgence.

La Flotte-en-Ré Photo: D.R.

Face à la nation insultée, je ne propose qu’un mot d’ordre : « Touche pas à ma France ! » Les malfaisants qui s’acharnent sur elle sont l’aiguillon de la colère espérée. En septembre 2003, lors d’un sommet à Berlin, le président Jacques Chirac avait déclaré : « Il faut surtout se préoccuper du sort des Pygmées, qui sont l’un des peuples les plus menacés de disparaître. » Mais quelques mois plus tôt, citant Léopold Sédar Senghor lors d’un passage en Nouvelle-Calédonie, ce Français de souche attaché à la Corrèze avait lancé : « Nous sommes tous des métis ! » Ce jour-là, Chirac s’était fait pardonner sa sortie de 1991 sur « le bruit et l’odeur », ces désagréments accompagnant le voisinage notamment culinaire de certains immigrés. Depuis lors, l’impératif du mélangisme ne cesse d’être sermonné par les prétentieux convertis au mondialisme. Or, le métissage, quand il s’agit des cultures, amène au détissage. À terme, la dilution du Français trop français est à redouter. Se profile déjà un étrange « Francien », pâte humaine indifférenciée dressée à devenir « citoyen du monde ». Cependant, les indigènes ne semblent plus disposés à se laisser bousculer au nom d’un antiracisme qui les somme de disparaître. Ce qui se passe est le lent réveil de la France profonde et silencieuse. Pourvu qu’elle n’arrive pas trop tard !

A lire aussi, Stanislas Rigault: Statues catholiques déboulonnées: pourquoi tant de haine?

Les Français, je le crois, ne veulent pas jouer aux Indiens : ils ne s’imaginent pas en survivants d’un génocide culturel abouti, parqués à leur tour dans des réserves visitées par des touristes chinois ou saoudiens en mal d’authenticité. Les franchouillards prétendent, au nom de la diversité des civilisations et des cultures, aux mêmes égards que ceux réservés aux « peuples premiers ». C’est à Callac, petit village breton des Côtes-d’Armor (2 200 habitants), que la première révolte, interdite par la morale diversitaire, a été lancée. La population, mobilisée contre un projet de « village pionnier » destiné à s’ouvrir à « l’inclusion durable de personnes réfugiées », a réussi le 11 janvier à repousser l’opération de repeuplement acceptée par le maire sans consultation des gens. Les promoteurs du projet, une fondation familiale sans attache territoriale (le fonds Merci), entendaient y installer une « Arche de Noé des temps modernes », vitrine d’un multiculturalisme forcément riche de l’apport de la civilisation islamique en Cornouaille. Les défaits ont hurlé au « racisme ». Ils ont dénoncé « l’extrême droite », le parti Reconquête ayant participé à la mobilisation. Reste que cette victoire populaire a eu raison du politiquement correct. Les promoteurs du « diversitisme » ont promis d’autres incursions. Nous verrons. En attendant, les prêcheurs découvrent que leurs lubies ne s’imposeront plus à coups de triques culpabilisantes.

Callac n’est pas le seul exemple du réveil des Français, maltraités par les belles âmes sans affect. Il suffit d’observer les indignations collectives qui se fédèrent actuellement autour des atteintes au passé chrétien de la France pour discerner les contours de la révolution conservatrice qui vient. Elle se consolide à rebours d’un progressisme qui n’émet plus que des nuisances et d’un mondialisme contesté par le renouveau des nations et des protectionnismes. Les assauts de la Libre Pensée contre la statue de l’archange Saint-Michel aux Sables-d’Olonne ou contre celle de la Vierge Marie à l’île de Ré ont révulsé au-delà des catholiques et des habitants des lieux. Le démontage de ces deux symboles, obtenu en justice au nom du respect littéral de la loi de 1905, risque de mobiliser une population décidée à faire respecter sa culture fondatrice. La Libre Pensée se garde bien de contester la construction de la Grande Mosquée de Paris, pourtant édifiée après la loi sur la séparation des Églises et de l’État. Quant à la suggestion de Roselyne Bachelot de faire abattre des églises sans apport architectural, elle a été reçue par beaucoup comme une confirmation de l’incapacité des responsables politiques à comprendre l’âme humaine.

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Voici venu « le retour en force d’une culture fondatrice », que Michel Maffesoli explique en réaction au déclin d’une « civilisation languissante [1] ». Ce n’est pas la réforme des retraites, contestée par des syndicats coupés du monde réel, qui fédérera durablement la colère française. Il est urgent de défendre aussi les boulangers, les bouchers, les bistrotiers et tous ceux qui, éreintés de taxes et d’usines à gaz, participent également à l’identité de la France malmenée. Lançons le mouvement « SOS France ! »


[1] Logique de l’assentiment, Le Cerf, 2023.

Des fleurs de Lys dans les escarpins de la République

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Jean d'Orléans © Kévin Guillot

Descendant direct de Louis-Philippe Ier, dernier roi des Français, le prince Jean d’Orléans est l’actuel chef de la Maison royale de France. Régulièrement interviewé par les médias, cet héritier des Capétiens se pose naturellement en alternative. Lors de ses vœux aux Français, il a appelé au retour «d’un modèle politique équilibré». Pour 17% des Français, la restauration de la monarchie est la solution aux nombreuses crises qui secouent la France.


Le prince Jean d’Orléans a 57 ans. Il vit avec sa famille, dans l’Aude, près de la cité médiévale de Carcassonne. Dans ses veines, mille ans d’histoire capétienne, celle de la France dans ce qu’elle a eu de plus sacré et de plus triomphal. Son arbre généalogique est éloquent, constellé de personnages hauts en couleur comme Philippe d’Orléans, dit « Monsieur », frère du roi Louis XIV, le régent Philippe d’Orléans, le député de la Convention Philippe Égalité, et enfin Louis-Philippe Ier, dernier roi des Français entre 1830 et 1848. Un héritage familial qu’il assume pleinement.

À l’écart des journaux tirant sur papier glacé

Chef de la Maison royale de France depuis 2019, il compte encore derrière lui de nombreux partisans (au sein des mouvements de l’Action Française et de la Nouvelle Action royaliste), favorables au retour de la monarchie. Il porte le titre de comte de Paris. Un apanage repris par sa famille depuis un siècle ; un titre de courtoisie que tolère la République. Loin des magazines people qu’il n’affectionne pas et de toute pression médiatique, le prince Jean d’Orléans n’oublie pas ses devoirs. Très régulièrement, il publie des éditoriaux dans des quotidiens reconnus (Marianne, Le Figaro...), donne des interviews (Europe 1, France 2, CNEWS, TF1…) sur des sujets qui lui tiennent à cœur. La défense de l’environnement, de la famille, du patrimoine, de la société dans son ensemble. Jean d’Orléans a été formé à bonne école. Par son grand-père Henri d’Orléans (1908-1999). Un nom dont le destin aurait pu se mélanger avec celui du général de Gaulle si ce dernier avait décidé d’aller jusqu’au bout de son projet.


L’épisode est peu connu des Français et a donné lieu à diverses supputations ou théories. Le plus souvent farfelues ou erronées. Mais entre 1963 et 1965, le héros de la Libération aurait pourtant songé à ce descendant d’Henri IV pour lui succéder à la tête de l’Etat. Le magazine L’Express en fera même sa principale couverture, désignant le prince Henri d’Orléans comme le dauphin du général de Gaulle. Une idée qui ne plaira pas à tout le monde et qui va faire l’objet d’un vaste rejet au sein de la baronnie gaulliste peu résolue à ployer l’échine face à ce Capétien ambitieux. La loi d’exil, qui touchait tous les princes issus de maisons ayant régné en France, a été abolie en 1951. Henri d’Orléans a son propre bulletin tiré à plusieurs milliers d’exemplaires, fait campagne, tente d’obtenir la présidence de la Croix-Rouge, est reçu fréquemment à l’Elysée par De Gaulle qui le missionne diplomatiquement pour le compte de la République. Après les espoirs, la déception. Le général de Gaulle se (re)-présentera finalement et la restauration de la monarchie est remise aux calendes grecques. De cette expérience politique, le prince Jean d’Orléans en a tiré un enseignement, une leçon qu’il entend mettre au service d’une nation déchirée et quelque peu perdue.

Agacé par un mode de gouvernement qui se coupe des Français

Lors de ses derniers vœux aux Français, publié sur son site et ses réseaux officiels (il est suivi par 45000 personnes sur Facebook, Instagram et Twitter), Jean d’Orléans s’est posé en alternative d’une institution fragilisée. « Depuis plusieurs années, les diverses crises qui secouent notre société ne cessent d’entamer en profondeur un modèle économique, politique et social qui s’essouffle. Il est temps de jeter sur notre monde un regard lucide pour préparer ce que nous souhaitons laisser à nos enfants et aux générations futures » écrit le prétendant au trône. Appelant à « forger un avenir commun sous le sceau de la liberté dans l’unité et de la paix dans la justice, une société au cœur de laquelle nous replaçons l’homme, afin de redonner un souffle à notre nation millénaire », le comte de Paris pointe du doigt les mauvaises décisions qui ont été votées par un parlement, par des élus dont le principal souci est leur réélection en lieu et place de la préservation du Bien commun, une pensée à court terme.  « (…) Les nombreuses réformes engagées ont profondément creusé les inégalités sociales et réduit nos rapports sociaux à minima sous l’effet de mesures de plus en plus contraignantes. Face à ces mauvais choix, souvent contraires aux aspirations des Français, une voie de vraies réformes est certainement possible qui quitte le confort des cercles restreints pour s’adresser au plus grand nombre. La voie vers un modèle social plus solidaire et juste, un modèle économique plus responsable et équitable, un modèle politique plus décentralisé et indépendant » plaide le prince Jean d’Orléans, ancien soutien des gilets jaunes.

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Sans doute, le « roi Jean IV », comme l’appellent les royalistes, s’agace-t-il de ce mode de gouvernement qui se coupe des Français. « Gouverner, c’est prévoir » rappelle le comte de Paris, paraphrasant Adolphe Thiers, célèbre homme d’État de la IIIe République. Jean d’Orléans se bat contre les sempiternels poncifs et caricatures qui accompagnent habituellement les idées reçues sur une monarchie qui a contribué à façonner la France. Lui, l’imagine volontiers parlementaire où le roi concentrerait toutefois certains pouvoirs contrebalancés par les deux chambres et le référendum à la manière du modèle suisse. Il appelle à retrouver les vraies valeurs gaulliennes de la Constitution actuelle, taillée sur mesure pour un monarque. Pour diffuser sa voix dans le grand public, que certains jugent trop discrète, il a écrit un livre :  Jean de France, un prince français, paru en 2009 aux éditions Pygmalions. Un véritable programme politique dont on peut retrouver les grandes lignes sur sa fiche Wikipedia, l’encyclopédie en ligne bien connue. Des positions que ses partisans n’hésitent pas à distiller face caméras aux médias intrigués de les voir chaque année se rassembler, le 21 janvier, dans les grandes villes de France, lorsqu’ils commémorent le décès de Louis XVI, guillotiné par la Convention en 1793.

Les Français tentés par rappeler un roi ? Selon un sondage BVA/ Alliance Royale paru en 2016, ils sont 17% à souhaiter que l’on réinstalle un monarque à la tête de l’État. L’idée rassemble toutes les générations (notamment à droite) et se veut moderne. Parmi tous les avantages cités, celui d’un monarque au-dessus des partis politiques, dont le niveau de neutralité serait élevé et source d’une certaine continuité au sein de l’État, respectueux des valeurs traditionnelles, à la tête d’une institution qui assurerait un système d’égalité démocratique, d’un régime défenseur des libertés économiques, politiques et civiles. En 2021, les monarchies tiennent haut le pavé selon l’Heritage Foundation qui s’est penché sur ces principes démocratiques évoqués. Si on retrouve l’ensemble des royautés dans les 40 premières places du palmarès, la France (à titre de comparaison) n’est que 64e de ce classement. De quoi faire réfléchir tout un chacun à l’heure où les Français sont appelés à se mobiliser massivement contre la réforme des retraites.

Le panache

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Le journaliste Philippe Tesson dans l'émission "De bonne source" de TF1, en 1985. ©JAMES/TF1/SIPA

Je n’oublierai pas le regard bleu vif, ironique ou songeur, du journaliste Philippe Tesson.


Je ne l’ai jamais rencontré. J’arrivais après la bataille, après le légendaire Combat. Je lui transmettais des textes au Quotidien de Paris. Sans doute les lisait-il puisqu’il les publiait. L’imprimé est un miroir où l’on reconnaît sa figure.

Au tournant des années 80, je découvris une autre générosité chez le bretteur, peu tendre avec la mièvrerie des temps. J’appartenais à la bande de galopins qui exercèrent leurs griffes aux pages d’un mémorable petit journal littéraire. Les lecteurs de Matulu ne couraient pas les rues. Tesson imprima la gazette à ses frais. Coup de pouce à la jeunesse.

Nous ferraillâmes contre l’ignoble Globe de Benamou, Dray, Désir et autres «potes» intouchables… Il était odieux, intolérable pour nous que Bernanos et de Gaulle y fussent qualifiés de « fascistes ». Tesson finança les exemplaires d’Anti-Globe, la véhémente contre-attaque de Matulu. Nous ripostâmes sur-le-champ à l’escarmouche de Bergé, le mécène mitterrandien, et à ses misérables falsificateurs de mémoire.

À ne pas manquer, la nécro de Thomas Morales: Profession: chroniqueur d’opinion

Tesson était animé d’une vertu d’un autre âge : le panache. Aucune tiédeur n’altérait une plume aussi tueuse qu’affectueuse. La philippique était une marque de fabrique.

Le vieux chroniqueur téméraire se plaisait au rituel des joutes télévisuelles. J’aimais l’œil bleu lunaire, vif, ironique et songeur. J’aimais ses colères de délicieux scrogneugneu.

Tesson adorait les planches. Il rêvait à une vie d’histrion. Comme Flaubert, il cherchait des gueuloirs sur la terre. Comme le grand Gustave, il savait que l’auteur n’était qu’un acteur raté, un grimacier empêché, un baladin dissuadé.

Tesson s’épargna le pensum des bouquins d’éditorialistes. Il n’encombrera ni les hospices, ni les bibliothèques. Tesson eut simplement le chic de ne pas écrire. Sauf à la sauvette, à chaud, à la une des gazettes.

L’écriture, brève, éphémère – comme une représentation de Molière – était un lot de consolation, une passion secondaire au regard du sublime jeu d’acteur.

La mort de Philippe Tesson nous laisse inconsolés parce que l’élégance d’un homme, sa verve, son brio demeurent aujourd’hui sans écho.

Le dernier film de James Cameron accusé de « blue face »

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D.R.

Savez-vous que les acteurs qui incarnent le peuple des Na’vis dans Avatar 2 sont en majorité des blancs? Une scandaleuse appropriation culturelle et raciste, pour certains militants, car James Cameron s’est inspiré de nombreuses cultures indigènes pour inventer ce peuple à la peau bleue…


Avatar 2 : la voie de l’eau, suite du premier volet, est le septième plus gros succès au box-office de ce nouveau millénaire. Une saga éco-futuriste imaginée par James Cameron qui ne s’attendait pas à ce que ses héros, les Na’vis, peuple à la peau bleue de la planète Pandora, soient au centre d’une polémique. Diverses communautés amérindiennes ont accusé le réalisateur d’appropriation culturelle et de racisme. L’activiste transgenre Yuè Begay, d’origine Navajo, a protesté contre la sortie du blockbuster, pointant du doigt les relents patriarcaux et coloniaux supposés de James Cameron. « Nos cultures sont appropriées de manière néfaste afin de nourrir le mythe du sauveur blanc », a déclaré celle qui est aussi la co-présidente de l’association Indigenous Pride. Elle a été rejointe dans ses protestations par Frank Waln, rappeur sioux lakota, et Cheney Poole, activiste maorie.

Dénonçant un « blue face offensant », ils ont critiqué le choix des acteurs, majoritairement blancs. « C’est une forme de caricature raciste, qu’on qualifie de “blue face”, un phénomène qui vise à s’approprier beaucoup d’éléments de cultures non blanches, les mélanger sans discernement, de manière flagrante, tout en laissant jouer des acteurs blancs pour enfin se servir de l’argument de la fiction comme médium pour valider cette construction du monde », a expliqué Yuè Begay sur les réseaux sociaux. « James Cameron favorise les non-indigènes pour jouer les Na’vis, une race alien basée sur de nombreuses cultures indigènes dont il s’est inspiré », s’agace-t-elle. Interrogé par des journalistes, James Cameron a mis genou à terre : « Les personnes qui ont été victimes dans l’Histoire ont toujours raison. Ce n’est pas à moi, qui parle du point de vue de quelqu’un qui peut jouir du privilège blanc, de leur dire qu’ils ont tort. »

Ce mea culpa est loin d’apaiser Yuè Begay qui continue d’appeler au boycott du film.

Une guerre pleine d’arêtes

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D.R.

Il s’avère qu’en russe le nom d’un poisson, vobla, est proche du mot guerre, voyna. Ce qui suffit aux « mèmeurs » russes à enflammer la toile.


En Russie, il est interdit de critiquer l’« opération spéciale » contre l’Ukraine, illégal de « discréditer » l’armée russe et rien que prononcer le mot « guerre » peut être considéré comme de la diffusion de fausses informations. Or, au cours des derniers mois de 2022, des mèmes (ces images ou gifs légendés repris d’innombrables fois sur internet) représentant un poisson ont proliféré sur les réseaux sociaux russes, y compris sur la plateforme liée à l’État, VKontakte.

A lire aussi: Guerre russo-ukrainienne: le char seul ne gagne pas la guerre

Plus précisément, il s’agit d’une variété de gardon qu’on trouve dans la Volga et la mer Caspienne, et qui est mangée sans sauce sur du papier journal, arrosée avec de la bière. Il s’avère qu’en russe le nom de ce poisson, vobla, est proche du mot guerre, voyna. Le 24 septembre, une habitante de la ville sibérienne de Tioumen, Alisa Klimentova, a écrit sur le mur d’une place publique : « Non à la v***la ». Arrêtée et présentée à un magistrat, elle a expliqué qu’elle protestait contre cette espèce de poisson qu’elle déteste. Le juge, nommé Romanov, a accepté sa défense et ordonné qu’elle soit libérée et que sa boîte de bâtons de craie lui soit restituée. La conséquence a été l’explosion de mèmes ichtyens. L’humoriste russe, Semyon Slepakov, résidant en Israël, a écrit une chanson dans laquelle il exploite le gardon comme métaphore filée pour critiquer la guerre et l’autoritarisme poutinien. Postée sur YouTube, le 14 octobre, elle a été vue 2,6 millions de fois. Des images se sont propagées montrant le poisson barré d’un trait rouge.

De fausses couvertures de livre et affiches de film se sont multipliées représentant « Vobla et Paix » de Tolstoï, « La Vobla des mondes » de Wells ou « La Vobla des étoiles » de Lucas. Malheureusement, le dossier de la femme a été rouvert et, en décembre, elle a écopé d’une amende de 30 000 roubles (400 euros). Depuis l’époque soviétique, les Russes sont les maîtres de ce genre de satire indirecte. Face à la propagande officielle, ils savent nager à contre-courant [1].


[1] Sources : russianpodcast.eu, reason.com, globalvoices.org, meduza.io, ground.news.

Haine des élites et misérabilisme: deux plaies malheureusement bien françaises…

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La députée LFI Rachel Keke estime que certains députés n'ont que du "mépris" vis-à-vis des classes populaires: "Vous n’avez jamais fait le ménage ? Vous avez déjà fait 40 lits ?", a-t-elle par exemple tancé en commission le 31 janvier 2023... © Chang Martin/SIPA

Salauds d’riches!


Quand le président François Hollande avait invoqué, pour son quinquennat, l’exigence de normalité, il avait été mal compris mais pourtant ce propos aurait mérité mieux que toute la dérision qui l’a accompagné. Certes, il ne s’agissait pas pour lui de suggérer l’obligation d’un juste-milieu entre haine des élites et misérabilisme, quoique son assertion aurait pu être déclinée de mille manières entre familiarité et arrogance, mollesse et autoritarisme, rareté et profusion… Ce qui se déroule depuis plusieurs semaines dans le pays comme dans la vie parlementaire montre à quel point une double tendance, présente dans notre esprit national bien avant le macronisme, n’a cessé de se développer, au point de constituer un véritable poison pour le débat démocratique.

Non merci, patron

La haine des élites a pris des proportions phénoménales, suscitée par une multitude de causes : envie et jalousie sociales, détestation des possédants, méconnaissance des processus économiques et politiques, refus d’assigner la moindre compétence et légitimité aux privilégiés du pouvoir et de l’argent, opprobre mécanique projeté sur des institutions comme par exemple l’ancienne ENA, ce qui permet à certains médiocres de se croire supérieurs à ceux qu’ils dénoncent, délits de « sale gueule » pour tel ou tel milliardaire (Bernard Arnault d’abord, infiniment visible par sa réussite et ses actions) qui a beau faire et démontrer, chiffres, publicité et argumentation à l’appui, ce que son groupe a accompli pour la France et dans le monde, rien jamais ne convaincra…

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Faut-il considérer qu’une partie de notre nation est irrésistiblement portée à pourfendre tout ce qui dépasse parce qu’ainsi serait violé le principe sacro-saint d’égalité, offrant le double avantage de stériliser la liberté et ses heureuses imprévisibilités et d’imposer le moins pour tous pour ne pas gratifier seulement quelques-uns du plus ?

Piques virtuelles

J’avoue que moi-même, j’ai frôlé cette aberration, voire que j’y suis tombé quelquefois. J’espère ne pas faire preuve de mauvaise foi quand je m’excuse au motif que la supériorité, le pouvoir et les privilèges, dans quelque secteur que ce soit, ne m’apparaissent répréhensibles que s’ils sont de mon point de vue, illégitimes. Quand l’incompétence est au rendez-vous. L’intolérable est de n’avoir jamais eu rien à prouver…

La haine des élites, sentiment extrême, vindicatif, fureur révolutionnaire portant virtuellement les piques au bout de ses vitupérations, serait déjà une totale anomalie dans un monde se croyant civilisé, s’affichant capable d’exprimer le fond de ses oppositions avec une forme acceptable, mais elle devient totalement incongrue et franchement ridicule en certaines circonstances quand elle éprouve le besoin de s’allier avec un misérabilisme qui atteint une démesure sans égale.

Quand j’entends la députée LFI Rachel Keke, en commission des Affaires sociales, lire un texte dont la seule argumentation consiste à reprocher à ses collègues députés d’autres groupes leur « mépris » parce qu’ils ne sauraient pas ce qu’est et fait une femme de ménage et ce que représente la tâche de s’occuper de 40 lits, c’est pathétique et, on n’ose pas l’affirmer, ridicule. Cette accusation d’une part n’a aucun sens et d’autre part l’Assemblée nationale est ainsi réduite à la confrontation d’expériences professionnelles antérieures dont de mon point de vue aucune ne vaut plus que l’autre.

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Évidemment, avec l’habituelle et inévitable démagogie du cœur et du misérabilisme (la modestie d’existence d’avant doit être forcément sanctifiée), aucun député n’a osé répliquer qu’elle était ignorante de la même manière des métiers de ses collègues…

Je suis d’autant plus à l’aise pour formuler cette critique que j’avais dans un premier temps pensé que l’arrivée de cette députée atypique ferait du bien au monde parlementaire en l’ouvrant à des quotidiennetés avec lesquelles il n’était pas familier. Encore aurait-il fallu, pour que j’aie raison, que la députée Keke sorte de son champ étroit… Non seulement ce n’est pas le cas, mais de cette pauvreté, elle fait une argumentation.

On a le devoir de ne pas confondre l’évidente dignité de principe de chaque être humain avec le nivellement forcé d’une approche paresseusement humaniste. Le misérabilisme fait du bien à ceux qui le savourent ; il ne garantit rien de plus, mais à rebours, que la haine des élites.