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Le lent réveil de la France profonde et silencieuse

"Remis en liberté", les carnets d'Ivan Rioufol


Le lent réveil de la France profonde et silencieuse
Le journaliste Ivan Rioufol est à retrouver chaque mois dans le magazine "Causeur". Photo : Hannah Assouline.

Ce n’est pas la réforme des retraites qui fédérera durablement la colère française. Ivan Rioufol pense qu’il faudrait lancer un mouvement « SOS France ! » Il est urgent de défendre les boulangers, les bouchers, les bistrotiers et tous ceux qui, éreintés de taxes et d’usines à gaz, participent également à l’identité de la France malmenée.


Les Français, priés de dégager, sauront-ils se défendre ? Des élites déracinées leur reprochent d’encombrer l’air du temps avec leurs gros sabots. L’autre jour, c’est Daniel Cohn-Bendit qui a lâché sur France 5, avec l’approbation souriante de la tablée : « Entre nous, si l’identité française n’était que le peuple du Rassemblement national ou de Zemmour, il faudrait fuir le pays. Ne restez plus là, c’est horrible ! » La charge raciste du rentier de Mai 68 contre le « petit Blanc » est passée inaperçue. Mais pourquoi les Français ordinaires devraient-ils accepter cette haine banalisée ? Elle est portée communément par les faux gentils qui en appellent au respect de l’Autre et à la non-discrimination quand il s’agit des seuls étrangers. Ces parvenus du progressisme crachent sur les « ploucs » et les « beaufs », suspects d’être attachés à leur mémoire collective. Ils ne comprennent pas, ces calomniateurs, que ces « Gaulois » de cœur, y compris Zemmour le juif berbère, puissent être le sel d’une civilisation à protéger des saccageurs.

Il suffit d’observer les indignations collectives qui se fédèrent actuellement autour des atteintes au passé chrétien de la France pour discerner les contours de la révolution conservatrice qui vient

Dans le prophétique Camp des saints (1973), Jean Raspail met en scène un Noir de Pondichéry qui vient en renfort des résistants à l’invasion débarquée des centaines de rafiots échoués sur la Côte d’Azur : « À mon sens, dit-il, être blanc ce n’est pas une couleur de peau mais un état d’esprit. » C’est l’esprit français, mélange d’impertinence, de courage et de liberté joyeuse, qui doit sortir de sa torpeur. Il y a urgence.

La Flotte-en-Ré Photo: D.R.

Face à la nation insultée, je ne propose qu’un mot d’ordre : « Touche pas à ma France ! » Les malfaisants qui s’acharnent sur elle sont l’aiguillon de la colère espérée. En septembre 2003, lors d’un sommet à Berlin, le président Jacques Chirac avait déclaré : « Il faut surtout se préoccuper du sort des Pygmées, qui sont l’un des peuples les plus menacés de disparaître. » Mais quelques mois plus tôt, citant Léopold Sédar Senghor lors d’un passage en Nouvelle-Calédonie, ce Français de souche attaché à la Corrèze avait lancé : « Nous sommes tous des métis ! » Ce jour-là, Chirac s’était fait pardonner sa sortie de 1991 sur « le bruit et l’odeur », ces désagréments accompagnant le voisinage notamment culinaire de certains immigrés. Depuis lors, l’impératif du mélangisme ne cesse d’être sermonné par les prétentieux convertis au mondialisme. Or, le métissage, quand il s’agit des cultures, amène au détissage. À terme, la dilution du Français trop français est à redouter. Se profile déjà un étrange « Francien », pâte humaine indifférenciée dressée à devenir « citoyen du monde ». Cependant, les indigènes ne semblent plus disposés à se laisser bousculer au nom d’un antiracisme qui les somme de disparaître. Ce qui se passe est le lent réveil de la France profonde et silencieuse. Pourvu qu’elle n’arrive pas trop tard !

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Les Français, je le crois, ne veulent pas jouer aux Indiens : ils ne s’imaginent pas en survivants d’un génocide culturel abouti, parqués à leur tour dans des réserves visitées par des touristes chinois ou saoudiens en mal d’authenticité. Les franchouillards prétendent, au nom de la diversité des civilisations et des cultures, aux mêmes égards que ceux réservés aux « peuples premiers ». C’est à Callac, petit village breton des Côtes-d’Armor (2 200 habitants), que la première révolte, interdite par la morale diversitaire, a été lancée. La population, mobilisée contre un projet de « village pionnier » destiné à s’ouvrir à « l’inclusion durable de personnes réfugiées », a réussi le 11 janvier à repousser l’opération de repeuplement acceptée par le maire sans consultation des gens. Les promoteurs du projet, une fondation familiale sans attache territoriale (le fonds Merci), entendaient y installer une « Arche de Noé des temps modernes », vitrine d’un multiculturalisme forcément riche de l’apport de la civilisation islamique en Cornouaille. Les défaits ont hurlé au « racisme ». Ils ont dénoncé « l’extrême droite », le parti Reconquête ayant participé à la mobilisation. Reste que cette victoire populaire a eu raison du politiquement correct. Les promoteurs du « diversitisme » ont promis d’autres incursions. Nous verrons. En attendant, les prêcheurs découvrent que leurs lubies ne s’imposeront plus à coups de triques culpabilisantes.

Callac n’est pas le seul exemple du réveil des Français, maltraités par les belles âmes sans affect. Il suffit d’observer les indignations collectives qui se fédèrent actuellement autour des atteintes au passé chrétien de la France pour discerner les contours de la révolution conservatrice qui vient. Elle se consolide à rebours d’un progressisme qui n’émet plus que des nuisances et d’un mondialisme contesté par le renouveau des nations et des protectionnismes. Les assauts de la Libre Pensée contre la statue de l’archange Saint-Michel aux Sables-d’Olonne ou contre celle de la Vierge Marie à l’île de Ré ont révulsé au-delà des catholiques et des habitants des lieux. Le démontage de ces deux symboles, obtenu en justice au nom du respect littéral de la loi de 1905, risque de mobiliser une population décidée à faire respecter sa culture fondatrice. La Libre Pensée se garde bien de contester la construction de la Grande Mosquée de Paris, pourtant édifiée après la loi sur la séparation des Églises et de l’État. Quant à la suggestion de Roselyne Bachelot de faire abattre des églises sans apport architectural, elle a été reçue par beaucoup comme une confirmation de l’incapacité des responsables politiques à comprendre l’âme humaine.

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Voici venu « le retour en force d’une culture fondatrice », que Michel Maffesoli explique en réaction au déclin d’une « civilisation languissante [1] ». Ce n’est pas la réforme des retraites, contestée par des syndicats coupés du monde réel, qui fédérera durablement la colère française. Il est urgent de défendre aussi les boulangers, les bouchers, les bistrotiers et tous ceux qui, éreintés de taxes et d’usines à gaz, participent également à l’identité de la France malmenée. Lançons le mouvement « SOS France ! »

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[1] Logique de l’assentiment, Le Cerf, 2023.

Février 2023 – Causeur #109

Article extrait du Magazine Causeur




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Journaliste, éditorialiste, essayiste. (ex-Le Figaro, CNews, Causeur)

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