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Féminisme, masculinisme, coaching en séduction: et l’amour dans tout ça?

De jeunes militants ou influenceurs, friands des réseaux sociaux débilitants, ne sont pas toujours particulièrement brillants dans leur réaction aux excès du néoféminisme…


Si citer Antonio Gramsci est devenu une figure imposée du temps, réduisant l’Italien à quelques maximes décontextualisées, force est d’admettre que nous observons durant la phase d’interrègne que constitue notre époque « les phénomènes morbides les plus variés » : néo-féminisme, alter-féminisme, anti-féminisme, masculinisme, incels, white charia, et autres « mages noirs » pseudo-évoliens, peuplent désormais nos imaginaires. Certes, les réseaux sociaux et les médias agissent comme des miroirs déformants, et la grande majorité des Français ne sont pas au courant, c’est tant mieux, des guerres picrocholines que se livrent les diverses factions de trolls qui sévissent sur internet.

Une nébuleuse numérique en réaction


Vu de l’extérieur, les allumés de Youtube qui ne cessent de se « clasher » et de se provoquer en duel, de comparer la taille de leurs sexes respectifs et de s’envoyer des références de bouquins qu’ils n’ont probablement pas lus au visage, multipliant les emprunts pseudo-scientifiques et les références pop, passent au mieux pour d’aimables plaisantins totalement foutraques, et au pire pour des personnalités égocentriques, extrêmes sur les plans psychologique et comportemental. Dans ce chaos numérique, certains jeunes hommes, largués dans la compétition amoureuse, tentent de retrouver confiance en eux en accusant les femmes d’adopter une mauvaise conduite, réclament l’instauration d’une « white charia » qui leur soit plus favorable, ou bien encore s’inventent des dogmes à la limite de l’ésotérisme.

Les « mages noirs » forment, par exemple, une communauté de puceaux très immatures, qui affichent ostensiblement leur fierté de n’entretenir aucun contact avec des membres du sexe opposé. Ces frustrations, si elles sont néanmoins parfois évoquées sur le ton de la plaisanterie, font naître des comportements sociopathiques lourds qu’exploitent abondamment les gourous 2.0, prodiguant des conseils de marabouts que masquent à grand peine des formules grandiloquentes et des postures de matamores de foire. Jean-Kevin y croit, mais ce n’est pas en passant sa vie sur YouTube à maudire le présent qu’il finira un jour par ressembler à Brad Pitt dans Troie ou à un Elon Musk grimé en templier de carnaval. Ce milieu, que d’aucuns qualifient de « dissidence », n’est au fond qu’une énième fosse d’aisance de l’Occident contemporain. Tout n’y est que querelles de chapelles, et l’on vous y force rapidement à choisir un camp, dont on vous exclut à la moindre opinion divergente. Les nouvelles stars du genre s’exposent avant tout pour vendre un produit – leur personne – mais non pour diffuser des idées. Quant aux jeunes hommes, ils oublient souvent que le féminisme déconstructiviste et l’effondrement de la société traditionnelle ont fait autant de dégâts chez les hommes que chez les femmes.

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S’expriment chez eux tous les travers de la postmodernité qu’ils abhorrent pourtant à longueur de vidéos lénifiantes. À la recherche d’un quart d’heure de célébrité warholien, ces demi-habiles à l’esprit embué par des lectures trop rapides et mal digérées sont les produits de leur époque, les jumeaux de leurs ennemis « social justice warriors ». Les relations amoureuses y sont donc le plus souvent réduites à des listes Powerpoint et à des méthodes qui ressemblent assez à l’astrologie. Les hommes y sont notamment classés selon des hiérarchies : alpha, bêta et autres sigmas formant le gros du contingent.

Andrew Tate : la star incontestée du milieu

Mondialement célèbre, Andrew Tate est le roi du coaching pour jeunes hommes en quête de virilité. Accusé de trafic d’êtres humains en Roumanie, pays depuis lequel il a bâti une fortune financière dans l’activité de la webcam pornographique, ce Britannique converti à l’islam et amateur de grosses cylindrées apporte aux adolescents testostéronés des conseils pour ne plus être des « losers ». D’autres, plus portés sur la construction d’une famille traditionnelle, mettent en avant la « tradwife » ; cuisinière de petits plats traditionnels, mère de famille et épouse modèle toujours prête à rendre service.

En France, Thaïs d’Escufon s’est d’abord fait connaitre comme « influenceuse » identitaire avant de basculer dans le milieu du contre-féminisme conservateur, sorte de Némésis du « néo-féminisme » souvent misandre qui fait florès à gauche. Pourquoi pas, l’intention n’était pas mauvaise en soi… Le résultat laisse toutefois à désirer. Ainsi, le 14 juillet, cette jeune demoiselle s’est lancée dans un petit fil Twitter autour de la notion de « slutshaming » : « Le slutshaming est un mécanisme de réputation redoutablement efficace qui a été utilisé pendant des siècles pour inciter les femmes à être fidèles et se comporter correctement. N’en aurait-on pas besoin plus que jamais ? Juger les comportements déviants, les pointer du doigt, s’en moquer, c’est tout ce qu’il devrait y avoir de plus normal. C’est très humain. Et ce sont d’ailleurs les femmes qui l’utilisaient plus que tous les autres. » Effectivement, dénoncer la femme adultère est vieux comme Hérode et toutes les femmes sont loin d’adopter un comportement irréprochable – la perfection est-elle d’ailleurs bien de ce monde ? -, mais se laisser aller au « slutshaming » peut conduire à des drames. L’affaire Shaïna et différents épisodes de harcèlement se sont basés sur ce type de rumeurs populaires… On rappellera d’ailleurs que Jésus lui-même avait demandé aux Pharisiens cherchant à lapider Marie Madeleine qui parmi eux « n’avait jamais pêché ».

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Dans d’autres séries de tweets, Thaïs d’Escufon dénonce les mères célibataires, les filles à la cuisse légère ayant un « bodycount » supérieur à cinq garçons, ou encore dresse des listes de « signaux verts » destinés à orienter les hommes dans leur choix d’épouse. Bien évidemment, ces signaux relèvent la plupart du temps du simple bon sens, mais aussi et surtout de l’appréciation personnelle des individus.

Et l’amour dans tout ça ?

À l’échelle historique, la normalisation du mariage d’amour est une invention relativement récente.

Toutefois, la civilisation occidentale a toujours fait une large place au romantisme – les conquérants musulmans de l’Espagne s’entendaient d’ailleurs sur ce point avec leurs homologues du Nord, ce qui donna naissance à l’amour courtois -. Nos mythes et notre patrimoine culturel sont remplis d’histoires d’amours impossibles toutes plus belles les unes que les autres, de Tristan et Iseult en passant par Roméo et Juliette ou encore Le Rouge et Le Noir. Ce que tous ces influenceurs proposent est un appauvrissement des liens instinctifs et subtils qui lient les hommes et les femmes. La séduction, l’attraction amoureuse ou sexuelle, ne peuvent se limiter à des petites listes. Il y a une part d’inconnu dans laquelle les plus jeunes devraient s’abandonner. N’écoutez rien d’autre que votre cœur serait peut-être le meilleur conseil à leur donner… Et l’amour fait mal, il est impossible de se prémunir de toutes les souffrances, de la séparation aussi.

Les modes de vie contemporains ont certes provoqué la généralisation du divorce et il n’est probablement pas inutile d’en expliquer les raisons, notamment la mobilité professionnelle et les difficultés matérielles. Mais enfin, n’y a-t-il pas une place pour un peu de grandeur d’âme, un peu de légèreté, un peu de don de soi qui impliquent autre chose que la stricte normalité traditionnelle fantasmatique ? Il n’y a pas une femme pour un homme. Mais des femmes différentes pour des hommes qui ne le sont pas moins.

Anissa, symbole de l’échec des pouvoirs publics?

C’est une agression qui a suscité un vif émoi. Une jeune femme a été violemment agressée au tesson de bouteille, à Toulouse, par des adolescents qui l’ont laissée dans une mare de sang. Au cœur de l’été, Anissa est ainsi le symbole d’une violence qui se répand dans toute la jeunesse française – sans que les pouvoirs publics ne puissent endiguer le phénomène. Les suspects étaient connus de la police ou des services judiciaires. Mais, la victime refuse certaines interprétations politiques.


Rien ne laissait présager qu’Anissa et ses amis allaient faire l’objet d’une odieuse attaque par un groupe d’adolescents composé de deux garçons et deux filles, tous mineurs. Interpellés pour des cigarettes, ce qui s’est passé ensuite reste encore mal élucidé. Anissa est une jeune fille de 19 ans. Les photos de son visage tuméfié, qu’elle a décidé de mettre en ligne sur les réseaux sociaux (voir ci-dessous), attestent de la brutalité avec laquelle elle a été agressée alors qu’elle rentrait d’une soirée avec son petit ami Dorian et deux autres de leurs amis. La scène s’est déroulée sur la célèbre place du Capitole de Toulouse, vers trois heures du matin, dans la nuit de mardi 18 juillet à mercredi 19 juillet 2023. Regards de travers, incompréhensions de part et d’autre, les esprits se sont vite échauffés. Les protagonistes en sont rapidement venus aux mains, après que le groupe de mineurs a fini par reprocher le port « d’une tenue inappropriée » à Anissa.

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Émoi national

Des tessons de bouteille utilisés lors de cette agression ont fini par taillader profondément la jeune femme, laquelle a dû être emmenée en urgence dans un hôpital de la ville rose. Un nez cassé plus tard, il lui a fallu 50 points de suture pour soigner des plaies visibles sur les bras, les joues, le cou et le dos. Un acte barbare qui aurait pu être fatal à Anissa si la police, alertée par la vidéo-surveillance, n’était pas intervenue rapidement pour la sauver. 


Des faits confirmés par l’avocate des victimes. « Ils se sont vu mourir dans une mare de sang. Il faut s’imaginer la sauvagerie. Anissa a été frappée à de multiples reprises et chaque coup a laissé d’importantes plaies. Elle a des douleurs constantes, sur tout le corps. Dorian a aussi été assailli et a vu sa copine se faire taillader sans pouvoir lui venir en aide », a déclaré Maître Hélène Pronost. Du côté des agresseurs, le procureur chargé de cette affaire, Samuel Vuelta-Simon, a précisé que certains étaient « suivis par les services judiciaires de la protection des mineurs en raison d’un parcours social difficile », tandis que les autres étaient carrément connus des services de police pour divers délits, allant du vol à la détention de stupéfiants. Les suspects peinent à expliquer leur geste, avançant pour toutes excuses qu’ils avaient bu de l’alcool avant l’altercation. Âgés entre 14 et 17 ans, ils ont été placés sous contrôle judiciaire et devraient comparaître devant le tribunal pour enfants, bien que les circonstances de cette altercation restent « confuses », a ajouté M. Vuelta-Simon.

Le caractère ethnique ou religieux écarté

Ils devraient en toute logique être inculpés pour violences en réunion, en état d’ivresse, avec arme sans ITT ou ayant entraîné une ITT et pour l’une d’elles supérieure à 9 jours. Le caractère xénophobe de cette agression n’a pas été retenu, d’autant qu’Anissa a dû se justifier sur les réseaux sociaux après que plusieurs internautes lui ont posé la question sur l’origine de ses agresseurs. « Malheureusement, (ce sont) encore une fois, des Maghrébins et pourtant j’en suis une aussi et ça me déchire le cœur de devoir dire que ce soit (sic) des gens de ma communauté qui m’ont fait ça » a écrit la jeune fille sur Twitter, depuis son lit d’hôpital, précisant qu’elle ne souhaite pas qu’ils soient stigmatisés pour autant. En écho à l’émoi national que l’intensité de cette agression a suscité, divers politiques ont unanimement dénoncé l’abomination de cette attaque sexiste. Une cagnotte a été mise en ligne afin d’aider Anissa sans qu’elle ne fasse réellement recette sur le net. 

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L’agression d’Anissa est donc un énième exemple de ces excès, de plus en plus fréquents, qui émaillent les nuits chaudes des centres-villes de nos grandes capitales régionales. Le énième exemple de ce qui ressemble désormais au seul moyen d’expression d’une catégorie de jeunes qui ne craignent guère les foudres de la Justice française.

Les pouvoirs publics peinent à endiguer ce phénomène qui s’accentue d’année en année. Selon le ministère de l’Intérieur, qui a révélé des statistiques sur le sujet en mai 2023, « les jeunes de 10 à 24 ans sont particulièrement impliqués dans les affaires pénales traitées par les parquets : ils représentent 21% de la population de 10 ans ou plus, mais 36 % des auteurs présumés d’infraction ». À titre de comparaison, en 2014, cette catégorie ayant eu affaire à la justice ne représentait que 5,2 % de leur classe d’âge. Peut-être, faut-il y voir la faute à ces jeux vidéo évoqués par Emmanuel Macron pour justifier les violences perpétrées par des bandes de jeunes lors des récentes émeutes vécues par la France durant deux semaines ? Un président qui en appelle désormais à la responsabilité des parents concernés, afin de stopper ce problème récurrent qu’aucune marche blanche ne saurait régler. Preuve s’il en est encore de cette violence à laquelle les Français se sont malheureusement habitués, le 22 juillet, à La Haye-Malherbe (Eure), Enzo, 15 ans, a été poignardé pour « un mauvais regard » par un autre adolescent de la même génération. Il laisse derrière lui une famille éplorée et des habitants sous le choc. Contrairement à Anissa, lui n’aura pas eu une deuxième chance. Un ange parti trop tôt.

«Le cinéma est le reflet de l’esprit du temps et aujourd’hui il est très pénible»

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Pascal Thomas, le réalisateur de La Dilettante et des Zozos présentera fin janvier 2024 Le Voyage en pyjama, un film indépendant, élégant, frais et à l’opposé du cinéma français. Et à partir d’octobre 2023, La Cinémathèque française lui consacrera une rétrospective des films de sa carrière. C’est l’occasion pour Causeur de revenir sur son histoire et sur son regard du cinéma français.


Causeur. Avant de devenir cinéaste, vous étiez journaliste pour plusieurs magazines dont des journaux gaullistes, c’est ce qui vous a ouvert les portes du milieu du cinéma ?

Pascal Thomas. J’ai été journaliste pendant six ans, de 18 à 24 ans, en effet dans un hebdo gaulliste, le Nouveau Candide. Mais j’ai écrit un peu partout, là où l’on m’accueillait. Paris Presse, France Soir, Elle, Lui, Réalités et… L’Humanité. J’ai commencé à écrire quand j’étais lycéen. Je rédigeais des articles sur le cinéma dans une revue qui avait été créée par mon professeur de français, Roland Duval, intitulée V.O. à Montargis. Il avait également monté un cinéclub. Ses élèves le relayaient pour présenter des films. J’avais provoqué un petit scandale en présentant La ronde de l’aube, d’après Faulkner et en louant plus que de mesure la beauté des jambes de Dorothy Malone sautant en parachute en robe. Le prof d’anglais avait hurlé : « Faulkner a été trahi ! ». Pour moi Douglas Sirk a très joliment trahi Faulkner ! Roland Duval n’était pas comme les autres professeurs dans ces années-là. Il n’était pas un sartrien, un camusar. Il n’était pas dans le moule. Ses auteurs étaient Labiche, Feydeau, Molière et pour les modernes Blondin, Nimier, Déon, Françoise Sagan. Ceux qui sont loués aujourd’hui par les Hussards. C’était ce qui me plaisait, ce qui me plaît toujours d’ailleurs, la clarté et la précision du style, la distance ironique. J’ai été engagé comme pigiste, puis comme journaliste pour gagner ma vie, puisque ma mère n’avait pas d’argent. Une anecdote pour définir mes choix et ma position, quand Paul Giannoli rédacteur en chef du journal le Nouveau Candide, m’a demandé ce que je voulais écrire comme papier je lui ai répondu sur tout, sauf la politique. Je trouvais ça assez vain. Donc j’ai parlé de cinéma et de littérature. Je faisais le portrait d’auteurs tels que Nabokov, Borgès et j’interviewais des cinéastes comme Hitchcock, Melville, Paul Morand, Hawks, Chabrole et Truffaut.

Truman Capote aussi !

Ah ! Truman Capote c’était à Paris, j’accompagnais le rédac’ des pages littéraires. On s’est retrouvé chez Maxim’s. Durant le repas, Truman Capote me caressait les mains en disant « I love your hands ».

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Vous avez également interviewé Claude Berri, avec qui vous avez beaucoup collaboré par la suite. Est-ce lui qui vous a fait basculer du journalisme vers la réalisation ?

Plus ou moins. À l’époque, j’avais commencé la rédaction un roman, mais j’avais un mal fou à écrire les descriptions. Pendant notre discussion, il m’a demandé quel était le titre de mon livre, c’était Les garçons pleurent aussi. Il m’a dit que c’était idiot et que, de toute façon, il ne fallait pas écrire de roman. Après l’interview je suis rentré chez moi, j’ai pris un chapitre de mon roman et je l’ai transformé en scénario. Le lendemain, je montre le scénario à Claude Berri, qui le donne à son directeur de production. Quelques mois plus tard, Berri m’a appelé pour me dire que la plus grosse avance sur un court métrage qu’on ait donné était pour nous. Il fallait alors se mettre à tourner mais je n’avais aucune notion de quoique ce soit ! Mon premier film était donc Le poème de l’élève Mirkovsky, sorti en salle en 1971 on complément de programme du Dernier tango à Paris.

Vous avez présenté quatre films au Festival de Cannes qui n’ont pas été sélectionnés (un succès dont on peut rendre responsable votre caractère et les longs conflits que vous avez eu avec Gilles Jacob) et pendant 7 ans vous avez été président de la Quinzaine des réalisateurs, devenue Quinzaine des cinéastes. Cannes a-t-il beaucoup changé ?

Oui bien sûr, comme a changé la société. Dans les années 60 on pouvait y voir de grands hommes, des génies, le plus souvent modestes, comme Bunuel, Cocteau, de grands cinéastes américains ou italiens. Depuis les années qui ont suivies, ça s’est ratatiné, plus exactement à partir de la Nouvelle Vague. Ce sont développés des films aux mises en scène acrobatiques, bien loin des plans séquences somptueux d’Otto Preminger ou des raffinements de Max Ophüls. Curieusement, pratiquement pas de comédies présentées à Cannes. Heureusement, les films de comédies italiens ont pu faire une percée et y être représentés avec succès. Le cinéma est le reflet de l’esprit du temps et cet esprit et ses idées en vogue sont pénibles, ennuyeuses. Il va de soi qu’on doit s’y opposer, mieux, ne pas les remarquer. Ou si l’on tient à bien montrer quelle tragédie cet esprit-là est pour la pensée, l’intégrer dans une comédie, parce que dans toute comédie disait Léotaud, il y a la tragédie.

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Vous avez également créé un prix, celui du Carrosse d’or, qui récompense les réalisateurs, pourquoi ?

J’ai tenu à ce que cette reconnaissance soit faite hors champ du commerce, c’est un hommage rendu aux réalisateurs pour et par les réalisateurs. La petite statuette créée par l’artiste Lili Legouvello reflète bien l’image de ce prix qui favorise d’abord la création indépendante. La liberté de tournage où on ne se laisse pas influencer par les conformismes ou les peurs du temps. Ce sont des réalisateurs vraiment indépendants qui sont consacrés. Le premier à le recevoir était Jacques Rozier. Il y a eu Clint Eastwood, Alain Cavalier et Agnès Varda, parmi les récompensés

Il semble être un prix à contre-courant…

Le prix s’oppose à tous ces néo-fascismes que j’ai vu se développer ses 30 dernières années dont le plus représentatif et le plus dangereux est le mouvement appelé Woke, qui selon moi qui malgré le sens qu’on veut lui donner est un endormissement de tout mouvement d’indépendance, un affaissement, une liquéfaction de la pensée critique, de révolte et de libre pensée. Bref une imbécilité comme le préfère mon désigné et définitif caractère moqueur. Mon père poitevin qui nous a quitté quand j’avais 6 ans, nous avait un jour conduit mon frère, ma sœur et moi visiter les ruines d’Oradour-sur-Glane qui se trouvent à proximité de notre village en Poitou, où la division Waffen SS Das Reich, dans d’horribles conditions, avait exterminée presque tous les habitants. J’entendais mon père nous dire « ne vous soumettez jamais, ne dénoncez jamais, ne suivez jamais les mouvements, les hommes, les supposés chefs, qui refusent toutes libertés, ils ne portent en eux que des idées criminelles. »

Salwan Momika, histoire d’un allumé

Cette année, exceptionnellement, les Suédois ne passeront vraisemblablement pas leurs vacances d’été en Irak… Le projet de profanation du livre sacré des musulmans, par le réfugié Salwan Momika, a tendu les relations entre Stockholm et Bagdad. En Irak, le chef chiite Moqtada al-Sadr tente de profiter politiquement de l’émoi suscité chez les croyants. Portrait de M. Momika, un Irakien à contre-Coran!


La pluie aura peut-être eu raison de la volonté de Salwan Momika de brûler un exemplaire du Coran et un drapeau de son pays d’origine, le 20 juillet, près de l’ambassade d’Irak à Stockholm. Le réfugié irakien s’est tout de même autorisé à jongler du pied avec le livre sacré des musulmans et à le piétiner, affirmant ne pas avoir de problème avec les livres saints des chrétiens et des juifs. Une première profanation publique du Coran par M. Momika, le 28 juin, avait déjà suscité des réactions en Suède et à travers le monde musulman, mais aussi la réprobation du président israélien Isaac Herzog ou du Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk. Le pape François avait déclaré être « en colère » et « dégoûté » par la décision de justice autorisant l’autodafé, et le Conseil chrétien suédois avait exprimé sa sympathie aux musulmans. L’Irakien de 37 ans avait ce jour-là mis du bacon entre les pages du livre qu’il avait partiellement brûlé devant la plus importante mosquée de la capitale suédoise, à l’occasion de l’Aïd-el-Kébir qui avait débuté la veille au soir. 

Politiquement actif en Irak, soupçonné de menaces avec couteau en Suède

Il est intéressant de retracer le parcours de M. Momika. Sur la couverture de sa page Facebook, on le voit assis à côté d’un drapeau araméen qui cache partiellement l’étendard irakien et qui témoigne de son appartenance à une communauté chrétienne. Hormis les convertis, les chrétiens d’Irak sont issus des communautés araméennes qui peuplaient l’ancienne Mésopotamie avant la conquête arabe au VIIème siècle. La chaîne de télévision publique SVT indique que ses voisins ne le voient que peu, tandis qu’Expressen souligne qu’il a obtenu un permis de séjour pour trois ans en 2021 et qu’il était politiquement actif en Irak. Le tabloïd suédois affirme que peu après avoir obtenu l’asile, M. Momika a été condamné à 80 heures de travaux d’intérêt général pour avoir menacé avec un couteau son colocataire.

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Selon Expressen toujours, M. Momika est identifié comme ayant fait partie de la milice al-Hachd al-Chaabi qui a combattu l’État islamique. Il s’agit d’une coalition d’une soixantaine de milices essentiellement chiites, mais aussi chrétiennes et yézidies. Une affirmation que conteste cependant le réfugié qui déclare être l’ancien chef d’un mouvement qu’il présente comme le Parti démocratique syriaque en Irak et dont il dit qu’il avait ses propres forces armées. Expressen ajoute que M. Momika a affirmé à ses reporters qu’il a soutenu la tentative du chef chiite Moqtada al-Sadr de renverser le gouvernement irakien, en octobre 2019. Aujourd’hui, ce dernier se sert des profanations du réfugié pour faire pression sur les autorités irakiennes qu’il accuse plus ou moins implicitement de faiblesse. Ses partisans ont incendié l’ambassade de Suède à Bagdad dans la nuit du 19 au 20 juillet, sans ignorer que les autorités devraient intervenir pour éteindre le feu.

La volonté de dénoncer l’intolérance religieuse depuis un pays libéral

Les provocations de M. Momika ont suscité la colère de la communauté islamique en Suède qui a réagi de différentes façons, selon le quotidien Aftonbladet. Ainsi, le 28 juin, un musulman a distribué des chocolats en affirmant vouloir dénoncer de cette manière les actes de l’Irakien, tandis qu’un autre a tenté de lancer des pierres sur l’auteur du sacrilège. Le traitant de “terroriste”, des musulmans l’ont insulté et lui ont crié : « Aboie, aboie, personne ne t’entend ! » Une possible allusion à l’impureté du chien pour la plupart des musulmans.

M. Momika avait initialement prévu de brûler un Coran à Stockholm dès février, mais il s’était heurté à l’interdiction de la police qui avait invoqué des risques de troubles à l’ordre public. Il a depuis obtenu gain de cause devant la justice administrative, deux semaines environ avant sa première profanation médiatisée. L’homme déclare que son but est de voir le Coran interdit en Suède.

La loi suédoise n’interdit aucun livre religieux, pas plus qu’elle ne pénalise la profanation de textes sacrés. Une position insatisfaisante pour M. Momika qui a déclaré à Expressen : « Mon problème aujourd’hui, ce ne sont pas les livres des juifs, des chrétiens ou d’autres personnes. Mon problème, c’est le livre qui encourage la violence et le meurtre – c’est le Coran. » Le réfugié irakien entend dénoncer l’emprise de la charia sur la société irakienne et dans les autres pays musulmans. En avril 2013, le Pew Resarch Center a publié une étude sur la perception de la charia dans le monde musulman qui révélait, par exemple, que 42% des Irakiens officiellement musulmans se prononçaient en faveur de la peine de mort pour les apostats de l’islam. Il est difficile de savoir combien de sondés officiellement musulmans, mais secrètement athées, agnostiques voire chrétiens ont répondu au sondage, alors que l’apostasie ne cesse de croître dans le pays selon un article de 2019 publié par le journal panarabe de Londres, The Arab Weekly, et intitulé La communauté en croissance des athées en Irak n’est plus marginale.

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Bien que la Constitution irakienne énonce la liberté religieuse, la réalité est quelque peu différente. En 2018, la police a arrêté un homme, Ihsan Moussa, et la Direction du renseignement a indiqué qu’il lui était reproché de tenter de « promouvoir et répandre l’athéisme ». Les entourages familiaux ne sont pas en reste quant à la persécution des apostats de l’islam, comme dans le cas de la féministe Worood Zuhair, aujourd’hui résidente en Allemagne, blessée notamment à la colonne vertébrale sous les coups de son père et ses frères.

Les autodafés du Coran ne sont pas inédits en Scandinavie. Depuis 2019, le politicien dano-suédois Rasmus Paluda en brûle des exemplaires, suscitant des protestations parfois très violentes comme en avril 2022 durant lesquelles une quarantaine de personnes furent blessées dans plusieurs villes suédoises. Selon le chef de la police nationale, Anders Thornberg, des individus tentèrent même de tuer des membres des forces de l’ordre au cours de ces émeutes.

Quel futur pour M. Momika?

« J’envisage de me présenter au Parlement suédois avec le parti des Démocrates de Suède [droite radicale NDLR] à l’avenir, et d’inviter tous les Suédois à rejoindre ce parti s’ils veulent préserver les lois et les valeurs suédoises » vient finalement de déclarer Salwan Momika à Aftonbladet. L’agit-prop du réfugié irakien, autorisée par la justice suédoise et la police, embarrasse évidemment les autorités du pays : la Turquie a condamné les actions du militant alors que la Suède a besoin du soutien de Recep Tayyip Erdogan pour adhérer à l’OTAN…

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700 millions et moi, et moi…

Les sommes déboursées par les Saoudiens pour se payer les meilleurs joueurs de foot du monde sont folles. Revenons au barème de rémunération raisonnable des Qataris!


En son temps, Jacques Dutronc le chantait. Mais c’était en citoyens chinois que l’addition s’élevait à 700 millions. Aujourd’hui, c’est en euros, en bon fric bien sonnant et trébuchant.

700 millions d’euros serait la somme que recevrait en salaire Kilian Mbappé pour son année de pantouflage sportif dans un club sans réel palmarès d’Arabie Saoudite. 700 millions, soit près de deux millions par jour, dimanches et jours fériés compris. On aura beau dire, c’est quand même pousser le ballon un peu loin. On ne dit pas si ce Smic revu et très corrigé s’assortit de primes au match gagné, de gratification au but marqué ou autres indemnités pour éloignement de chez soi, inconfort climatique et éventuelle intolérance à la clim’ des stades. Pourtant, on ne parlera pas d’indécence, d’inconvenance ou d’amoralité tout bonnement parce que ces notions-là n’ont plus cours aujourd’hui, dans un monde où, en permanence, tout s’achète et tout se vend. Où même le raisonnable, semble-t-il, n’a plus de prix. Il n’empêche, avec 700 millions (auxquels il convient d’ajouter les 300 millions destinés au club vendeur, le PSG en l’occurrence, propriété du Qatar, voisin lui aussi hyper blindé de l’Arabie Saoudite). Avec donc un milliard, disais-je, on pourrait en faire des choses admirables, telles que, au hasard, secourir des frères migrants en Méditerranée, les accueillir, les héberger, les cocooner dans ces merveilleuses mégapoles hyper modernes qu’on fait pousser là-bas dans le désert à peu près au même rythme que prospèrent chez nous les campements Quechua. Assurément, on pourrait entreprendre mille et une choses formidables. Elles ne me viennent pas à l’esprit, ces choses, faute de disposer des 700 millions qui m’auraient incité à y réfléchir en amont. Je sais que vous me comprenez…

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Cela dit, au-delà du fait en lui-même, se profile une question plus sérieuse, plus troublante aussi. Quand on peut s’acheter une année d’un footballeur plus d’un milliard et des broutilles, n’a-t-on pas derrière la tête l’idée plutôt cynique et tordue de faire comprendre au vaste monde, en particulier au nôtre, qu’on est en mesure de se payer bien d’autres talents ? En mode plus discret, sans doute. On pourrait penser – simple hypothèse d’école – à certains joueurs ou joueuses des équipes premières d’instances européennes ? Voire à des petits joueurs nationaux ou régionaux d’équipes d’entreprises, d’institutions, de cabinets de conseil qui, devant tant de bienfaits promis, pourraient se laisser tenter de ne pas trop mouiller le maillot, ou même de marquer contre leur camp. Délire complotiste, hurlera-t-on ! Nullement. Cela s’est vu récemment encore, et au plus haut des tours façon Babel de Bruxelles dont, pour un peu, un esprit malveillant pourrait en arriver à se demander si la seule langue commune ne sera pas bientôt le fric, et la table de négociations une table de poker. Avec ces 700 millions plus 300 millions l’année d’un footballeur – si doué soit-il – ne risque-t-on pas de voir bien des têtes, bien des talents en maints domaines s’enflammer, succomber au vertige, céder au chant des sirènes, au parfum ensorcelant du billet de mille ? Décidément, c’est à se demander si quelque chose tourne encore rond en ce monde. À part le ballon au bout du pied de l’époustouflant Mbappé, bien entendu.

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Michaël Taverne (RN): «Les policiers sont dans une telle situation de ras-le-bol…»

Quatre policiers de la BAC de Marseille ont été mis en examen pour violence illégitime sur un jeune, en marge des émeutes de juillet. L’un d’entre eux est en détention provisoire. En réaction, des syndicats policiers ont appelé « à ne plus prendre d’initiative » sur le terrain. Michaël Taverne, député du Rassemblement national dans la 12e circonscription du Nord (Hautmont), et ancien policier, commente le malaise croissant de la profession. 


Causeur. Les événements de Marseille font apparaître une fronde inédite. Tout d’abord, pensez-vous que l’incarcération de ce policier est justifiée ?

Michaël Taverne. Je pense que les policiers ne sont pas au-dessus des lois, mais qu’ils ne sont pas en-dessous des lois non plus ! Nous focalisons, aujourd’hui, le problème sur les policiers, alors que c’est l’insécurité, la délinquance, les émeutiers, le réel problème. On ne peut évidemment pas se satisfaire qu’un policier qui défend la République, en prenant des risques tous les jours pour rétablir la sécurité dans le pays, soit mis en détention provisoire. La police nationale a le monopole de la violence légitime. Normalement la détention, c’est l’exception. 
Ces dernières semaines, c’est tout comme si c’était devenu la règle pour les forces de l’ordre. Il y avait pourtant d’autres alternatives, comme mettre un bracelet à domicile au policier accusé à Marseille. Je ne pense pas que ce policier puisse divulguer des informations, ou perpétrer un délit en récidivant. Selon moi, cette décision de justice est disproportionnée. 

Michaël Taverne. Photo D.R.

Et parlons de la récidive : des individus sont arrêtés 20 fois, 30 fois par la police, et repartent libres d’un tribunal. Ce deux poids deux mesures est insupportable. Je suis désolé qu’un policier, qui essaye de faire son métier du mieux qu’il peut, dorme derrière les barreaux. J’ai été policier pendant 22 ans. Nous sommes toujours sur le fil du rasoir.

On parle tout de même d’un jeune qui aurait été tabassé. La présomption d’innocence du policier est-elle bafouée, selon vous ? 

La présomption d’innocence des policiers est trop souvent bafouée par le pouvoir politique. Il suffit d’entendre le président de la République, après l’affaire Nahel : inexcusable, inexplicable, etc. François Hollande avait fait pareil, dans l’affaire Théo. Ce n’est pas le rôle d’un chef d’Etat de se prononcer sur ce type d’affaires. Laissons la justice faire son travail ; nous n’avons pas tous les tenants et aboutissants. Avant tout et avant d’accabler la police, soyons conscients que la France entière est surtout choquée… de voir ses commerces pillés, ses rues saccagées. C’est une violence insupportable. Nos policiers sont confrontés en première ligne à ces violences. Imaginons qu’un jour, ils posent les casques, les boucliers et rentrent chez eux pour de bon… Ce sera l’insurrection totale.
S’il y a violence illégitime dans l’affaire marseillaise, ce que je n’exclue pas, alors laissons l’enquête en cours, mais la place du policier n’est pas en détention ! Pour nombre de policiers, c’est clairement la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Nous sommes confrontés à un laxisme judiciaire indécent. Pierre Palmade est allé deux jours en prison, avant d’être placé sous surveillance… Les policiers sont confrontés aux mêmes individus, qu’ils finissent par reconnaître et même à nommer lorsqu’ils patrouillent : voilà le réel ! Cette « fronde » des policiers, je la comprends, elle est légitime. J’ai pratiqué le métier pendant 22 ans. Et il y a 20 ans déjà, quand je commençais ma carrière, on disait déjà qu’on touchait le fond.

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A vous entendre, cette affaire du jeune Hedi, qui prétend qu’il rentrait de son travail de nuit et qu’il a été roué de coups à Marseille, présente donc des similitudes avec celle impliquant le policier ayant tué Nahel ?

Oui et non. Pour Nanterre, il s’agit d’un coup de feu qui a été filmé, on sait tout de même à peu près ce qui s’est passé. Pour Marseille, on a trop peu d’informations. On suppose un tir de LBD, qui aurait touché la tête, mais il n’y a pas d’images. Seulement, le problème, à lire toute la presse et à écouter les élus Nupes, c’est évidemment la police ! Eh bien non, le problème : ce sont les délinquants. S’il n’y a pas de délinquants, il n’y a pas de tirs, pas d’armes intermédiaires, pas de refus d’obtempérer, pas d’émeutes, pas de pillages… Ce laxisme judiciaire qu’on connaît depuis 30 ans, nous sommes en train de le payer cher. Nahel, même si son décès est un drame terrible, était un délinquant. S’il y avait eu une réponse pénale adaptée à tous ses démêlés avec la police avant le drame, il n’aurait pas été au volant de ce véhicule le 27 juin. 
S’il y avait une réponse pénale, cette « fronde » des policiers n’existerait pas. 

Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale, a apporté son soutien aux policiers récalcitrants en allant rencontrer leurs syndicats à Marseille, samedi. Il affirme qu’un policier n’a pas sa place en prison, dans les colonnes du Parisien, qui font par ailleurs couler beaucoup d’encre. Ne sort-il pas de son devoir de réserve ?

La dernière fois que Frédéric Veaux est allé officiellement à Marseille, dans le cadre de la réforme de la PJ, il ne fut pas accueilli avec grand enthousiasme… D’après ce que je sais, il n’a pas bien été accueilli samedi non plus. D’un point de vue politique, je pense qu’il a été envoyé par Gérald Darmanin, pour calmer la situation. Mais les policiers sont dans une telle situation de ras-le-bol, que ça ne changera rien maintenant.
Il sort quelque peu du cadre et s’est permis une liberté de parole, en disant que la place d’un policier n’est pas en prison avant d’être jugé. Mais à sa place, je soutiendrais aussi mes hommes. Lorsqu’il sortait du tribunal, le policier en question a crié : « je n’ai rien fait », devant ses collègues et ses enfants. Cette mise en détention provisoire envoie un message terrible : les jeunes sont de moins en moins nombreux à passer les concours de police. Déjà que la gendarmerie et la police connaissent une grosse vague de démissions. C’est inquiétant.

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Cette affaire marseillaise donne effectivement à voir de nouveau les symptômes d’une police qui se sent de moins en moins légitime et soutenue. Nous entendons en permanence dans les médias et dans les rangs de l’extrême gauche que “la police tue”. La presse internationale assimile nos émeutes de fin juin à “Black lives matter”. Mais, on n’entend jamais que la vie des policiers compte aussi. Vous avez donc, vous-même, exercé en tant que policier également. Comment cela se passe-t-il sur le terrain ? Que vous disent vos collègues dans votre circonscription ?

Le moral des policiers est en berne. C’est trop dur depuis trop longtemps. Dans certains territoires perdus, on n’hésite plus à tirer sur des policiers ou sur les pompiers. On n’hésite plus non plus à frapper des médecins dans certaines banlieues. Comment peut-on dire que la police tue ? Aucun policier n’a d’envie criminelle au petit matin. Et l’arme qu’il porte est là avant tout pour le protéger. Beaucoup de policiers sont morts en service. Beaucoup de pays nous envient d’avoir notre cadre légal et précis de la légitime défense. Dans les banlieues, ce n’est pas lors des affrontements avec la police que les délinquants meurent, c’est justement quand elle n’est pas là, lors des règlements de compte que cela se produit ! Je ne dis pas que tout est parfait dans la police nationale, mais elle reste l’institution la plus contrôlée et la plus sanctionnée de la fonction publique. 

Pourquoi tant de policiers votent-ils pour Marine Le Pen ?

Marine Le Pen est vraiment cohérente. Et elle utilise un discours de terrain qui parle aux policiers. Quand Marine Le Pen dit soutenir la police plutôt que les voyous, ou dénoncer le laxisme judiciaire, c’est évidemment soutenu par la majorité des Français et son programme est le plus crédible. Cette tendance se généralise, au-delà de l’électorat de la police. 

Emmanuel Macron a dit, hier, aux informations de 13h, soutenir les policiers et la présomption d’innocence. Ce “en même temps” est-il audible dans les temps sécuritaires troublés que rencontre la France ?

Pas du tout. Et il faut bien sûr rappeler qu’Emmanuel Macron a en réalité été le premier à piétiner cette présomption d’innocence pour le policier de Nanterre. Auprès des policiers, je peux vous dire que cet épisode n’est pas passé. 
Il y a une présomption de culpabilité, privilège réservé aux forces de l’ordre. Les policiers n’écoutent plus Emmanuel Macron, qui est le premier à faire des confusions.

Ce chaos qui vient: de nouvelles émeutes éclateront dans nos banlieues

Parce que nos dirigeants n’ont pas tiré les leçons des émeutes, parce que la culture de l’excuse alimente une haine de la France, et parce que rien n’annonce un changement de politique migratoire, de nouvelles émeutes éclateront dans nos banlieues. La République française a capitulé.


Il y a pire que la violence, il y a la lâcheté. Il y a plus grave que la guerre, il y a la capitulation.


Ouf, les émeutes sont terminées ! Les médias vont continuer à en parler encore quelques jours, et puis on va pouvoir tourner la page. Bien sûr, c’est moche pour les victimes, mais moi, ma voiture n’a pas brûlé, mon magasin n’a pas brûlé, ma maison n’a pas brûlé, je ne me suis pas fait agresser, alors j’aimerais pouvoir partir en vacances l’esprit tranquille.

Et si Macron coupait les réseaux sociaux ?

Et rien ne va changer. La République va consciencieusement poursuivre sur la voie qui mène la France à l’effondrement, comme elle le fait depuis des décennies. Il y aura d’autres émeutes. Et à chaque fois les pillards s’enhardiront un peu plus. Et un jour ils ne se contenteront plus de laisser le pouvoir à des politiques qui les servent. Ils le prendront.

Et si les classes moyennes et populaires du peuple « old school » (pour reprendre l’expression de Michel Onfray) en ont assez de se laisser triplement piller par les racailles, par les impôts qui financent les aides versées aux racailles, et par la crise économique qui engendre un dumping social favorable à ceux qui importent massivement les racailles, on hurlera au retour des heures les plus sombres.

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Des ministres diront qu’on vit « côte à côte » et que demain on risque de vivre « face à face » (Gérard Collomb). D’autres se flatteront d’avoir « retardé la guerre civile de dix ans » (Jean-Louis Borloo). Un président de la République dira que « c’est quand même ça qui est en train de se produire : la partition » (François Hollande). Un autre affirmera tranquillement qu’il existe sur le territoire national des groupes assez nombreux, assez armés et assez déterminés pour déclencher une guerre civile si on tente de les empêcher de vivre selon leurs normes culturelles, qui ne sont pas les normes françaises, (Emmanuel Macron, dans son débat contre Marine Le Pen, au sujet de l’éventuelle interdiction du hijab). Darmanin continuera à se rengorger d’avoir mobilisé 45 000 policiers et gendarmes – sachant qu’il y a en France environ 100 000 gendarmes et 150 000 policiers, ça ne représente même pas 20 % de l’effectif total, pas de quoi pavoiser.

Emmanuel Macron cherchera, encore et encore, les causes des razzias partout sauf là où elles se trouvent, accusera les jeux vidéo (pourquoi les Japonais et les Coréens, grands amateurs de jeux vidéo ne brûlent ni écoles, ni bibliothèques, ni voitures ?), et se jettera sur le moindre prétexte pour justifier le contrôle de l’information : il parle déjà de couper les réseaux sociaux en cas d’émeutes ! 

La gauche continuera à prétendre que les immigrés ou descendants d’immigrés qui menacent, pillent et incendient sont victimes de la France rance, du racisme systémique, de la misère et de l’oppression culturelle cis-hétéro-patriarcale.

La violence récompensée

Et tant pis pour les campagnes dont les habitants ne sont pas des casseurs. Tant pis pour les réfugiés de la guerre d’Espagne, tant pis pour les boat people et autres immigrés venus d’Asie qui ont connu des conditions bien plus difficiles que les immigrés d’aujourd’hui, mais qui n’ont jamais pillé ou agressé des pompiers. Tant pis pour tous ceux, de toutes origines, qui tentent de gagner honnêtement leur vie.

On continuera à arroser les enfants gâtés des « quartiers » : logements subventionnés, politique de la ville, CAF, CMU, AME, aides sociales en tout genre, reconstruction aux frais du pays entier des infrastructures qu’ils saccagent.

Les Frères musulmans et leurs réseaux continueront à se présenter comme des médiateurs capables de calmer le jeu, à l’image de ces acteurs du monde associatif qui appellent à « entendre la colère des jeunes », c’est-à-dire à céder au chantage et au racket, à récompenser la violence. Des comédiens et des joueurs de foot millionnaires continueront de donner des leçons de morale aux petites gens dont les voitures sont incendiées et les appartements brûlés.

Les militants LGBT+ continueront à vouloir déconstruire la société occidentale, pour le plus grand profit des émeutiers qui ont attaqué l’Happy Café, à Brest, en écrivant sur Telegram : « on brûle les PD qu’ils crèvent en enfer le Coran » et « exploser l’happy café faut respecter notre religion Allah Akbar ».

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L’Église et les cathos de gauche continueront à exiger l’accueil indiscriminé des migrants et s’étonner quand une église est saccagée par des émeutiers qui taguent sur ses murs « le dernier prophète c’est Mohamed » et « Jésus n’est point dieu c’est un messager », et que d’autres émeutiers mettent à sac une libraire catholique à Nantes.

Les militants « antiracistes » continueront à clamer partout que tout le monde doit être fier de la culture de ses ancêtres, sauf les Blancs. L’Éducation nationale continuera à niveler par le bas, la Justice à proclamer que la prison n’est pas la solution, le Parlement à voter des lois qui protègent les droits des délinquants contre la police. Et le maire de L’Haÿ-les-Roses, victime d’une attaque intolérable continuera, comme il l’avait déclaré en 2022, à « dresser un barrage sans concession face aux extrêmes », en expliquant qu’il n’a « pas de haine ».

À moins que… à moins qu’on assiste au réveil de « la France ordinaire. Celle qui ne se contemple pas dans l’excuse sociologique et ne se complaît pas dans le complexe victimaire », pour citer Vincent Trémolet de Villers, cette France de ceux « qui veulent que la France ne meure pas », selon la belle formule que Malraux attribue à de Gaulle. Cela demande d’admettre que la solution n’est pas la République, mais la civilisation européenne. Qu’elle n’est pas le vivre-ensemble, mais le vivre à la Française. Qu’elle n’est pas l’exaltation de la diversité, mais l’arrêt de l’immigration africaine et musulmane. Qu’elle n’est pas l’idolâtrie de l’Autre, mais l’exigence de l’assimilation pour ceux qui veulent rester. Qu’elle n’est pas de câliner les racailles, mais de les mater.

Loi de restauration de la nature: l’UE fait un pas de plus vers la biodiversitocratie

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Restaurer la nature ne devrait pas signer l’arrêt de mort de toute production économique et rendre le vieux continent dépendant des autres parties du globe, avance cette analyse.


Le 12 juillet, le Parlement européen a adopté la loi de restauration de la nature (336 voix pour et 300 contre). Le texte donne des objectifs contraignants de restauration de terres et d’espaces marins abîmés par la pollution ou l’exploitation intensive. L’opposition du PPE, le parti populaire européen, n’a rien pu y faire.

Sans y prendre garde, les Européens, alors qu’ils se plaignent déjà du fait que l’Europe mesure la taille des concombres, vont se retrouver avec un nouveau texte coercitif qui se présente au nom de la sauvegarde de la biodiversité. Une fois de plus, la science se retrouve entre les mains d’apprentis sorciers qui veulent nous imposer une biodiversitocratie.

Le millefeuille législatif de la biodiversité 

Présentée pour la première fois en juin 2022, la loi sur la restauration de la nature s’inscrit dans le cadre du Pacte vert (Green deal) voulu par Ursula von Der Leyen. Son objectif est de restaurer la terre et les espaces marins détruits par l’activité de l’homme. Les auteurs estiment que près de 80% de l’habitat naturel européen est en mauvais état. Le texte voté vise à geler 20% des zones terrestres et maritimes d’ici 2030 (le texte initial réclamait 30%) et que tous les écosystèmes soient restaurés d’ici 2050. Un point a été fortement débattu : la diminution des surfaces agricoles, ce d’autant plus qu’il est déjà prévu une mise en jachère de 4% des terres dans le cadre du plan de la Ferme à la fourchette (F2F).

Ce nouveau texte apparaît comme une couche supplémentaire sur le mille-feuille de la biodiversité qui était déjà bien garni au sein de l’UE puisque le Conseil de l’Europe dispose de la Convention de Berne, de la Directive Oiseaux et de la Directive Habitats-Faune-Flore déclinées au travers du réseau Natura 2000 qui rassemble les sites naturels ou semi-naturels de l’UE ayant une grande valeur patrimoniale par la faune et la flore exceptionnelles qu’ils contiennent. Au niveau national, enfin, on trouve deux instances qui sont l’Office français de la biodiversité et la Fondation pour la recherche sur la biodiversité et deux lois : celle relative à la protection de la nature de 1976 qui garantit les aires protégées et celle pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages de 2016.

Au regard de cet empilement législatif on s’interroge sur l’utilité de la nouvelle loi et sur sa finalité : s’agit-il de protéger la nature ou de freiner le développement de la civilisation européenne ?

La biodiversité : une science politique

Comme je le montre dans Greta a ressuscité Einstein, la politique récupère la science afin de l’instrumentaliser pour accéder au pouvoir. C’est le cas pour le climat, par exemple, où l’on voit progressivement une climatocratie se mettre en place ; mais c’est également le cas pour la biodiversité… où comme on le voit des politiques invoquent des réalités scientifiques pour justifier de l’adoption de nouvelles lois contraignantes. Qu’en est-il de la scientificité de ce concept – une contraction entre « diversité » et « biologique » – qui est familier à tous aujourd’hui ? Tandis que certains biologistes essayent de rattacher la biodiversité à la théorie darwinienne de l’évolution, les pères fondateurs ne font aucun mystère du fait qu’il s’agit d’une science engagée. Ainsi pour Robert Barbault, un biologiste célèbre, on a inventé ce mot « pour l’utiliser comme un drapeau, pour défendre une cause, sauvegarder la biodiversité c’était de la science engagée ». Aussi il n’est pas difficile de trouver cinq sophismes qui démontrent qu’il s’agit davantage de politique : le premier réside dans l’affirmation d’un consensus sur le fait que l’humanité soit à l’origine de la sixième extinction et qu’aucune remise en cause de cette thèse ne soit tolérée (alors que toute hypothèse scientifique est falsifiable)… Un écologue tel que Christian Lévêque pose de nombreuses questions méthodologiques sur le comptage des espèces et dénonce le catastrophisme de cette notion de sixième extinction inventée par la journaliste Elizabeth Kolbert… Ce qui lui vaut d’être traité de « biodiversité-sceptique ». Un deuxième sophisme repose sur la moralisation du débat : ainsi l’explication qui est systématiquement évoquée par les biodiversitocrates est celle du « profit »… On trouve aussi souvent que l’homme détruit la nature parce qu’il est mauvais ; le troisième argument relève de la démesure (la science cherche à mesurer son objet) : les militants de la biodiversité empilent les chiffres catastrophistes qui d’ailleurs parfois se contredisent, pour dire qu’on n’en fait jamais assez pour la biodiversité et qu’il faut en faire plus (sans jamais vraiment dire ce qu’il faut faire) ; le quatrième consiste à biaiser l’expérience en nous faisant croire systématiquement que la nature est bonne, alors qu’une partie des espèces éliminées peuvent être des espèces nuisibles (par exemple les crickets pèlerins qui vont dévaster les cultures en Afrique) ; enfin un dernier type de sophisme est le réductionnisme qui consiste à vouloir absolument que seule l’humanité soit responsable de l’érosion de la biodiversité alors que d’autres causes naturelles peuvent intervenir comme l’ont montré les cinq premières extinctions passées.

S’il ne fait absolument aucun doute que des espèces disparaissent (un phénomène davantage observable sur les milieux insulaires) et que l’homme joue un rôle dans cette extinction, voire, dans son accélération – comme on peut l’observer, par exemple, dans le phénomène de la surpêche – doit-on pour autant, prendre des mesures pour limiter, voire, empêcher toute activité humaine ? Doit-on abandonner les solutions qui relèvent de l’ingéniosité humaine ?

La science des législateurs contre la science des ingénieurs

Au travers du millefeuille législatif que certains ont voulu ériger pour protéger la biodiversité, on a bien vu que c’était une science engagée qui était à l’œuvre, au travers de la récupération politique des sciences de l’environnement. Il s’agit de s’appuyer sur les évaluations des ONG et des instances qui comptent les espèces et étudient leurs relations avec l’environnement pour légiférer et empêcher toute activité humaine qui pourrait contrevenir à un équilibre supposé. Or dans cette démarche on se doit de s’interroger sur les limites de la loi : d’un point de vue théorique, on ne voit aucune limite à ce que les biodiversitocrates de l’UE empêchent un jour totalement les agriculteurs européens de cultiver leurs terres, puisque, selon eux, la moindre culture se trouve à l’origine d’un chamboulement d’un équilibre (supposé)… et où s’arrêter dans ce travail de « restauration » sachant que l’anthropisation de l’environnement a commencé avec les premiers agriculteurs, via la domestication ou la sélection, par exemple ? Quel équilibre perdu, le biodiversitocrate bruxellois nous promet-il de retrouver avec cette nouvelle loi ?

Ensuite, pourquoi faire confiance systématiquement aux législateurs, alors qu’on pourrait faire confiance aux agriculteurs qui sont bien conscients des problèmes liés à l’impact que peut avoir leur activité et adoptent spontanément des solutions pour ménager la biodiversité et bien gérer leurs cultures. À cet égard, il est intéressant de se plonger dans un débat dont l’issue va à l’encontre de l’opinion reçue et de ce que défend la commission : ce n’est pas le bio qui est le plus favorable à la biodiversité comme l’a montré Philippe Stoop dans le débat Land sharing vs Land sparing que l’on peut résumer brièvement de la sorte : une culture intensive permet de réserver davantage d’espaces pour la biodiversité en concentrant la production sur une moindre étendue de terrain.

Enfin, si l’objectif assumé de la loi pour la restauration de la nature est la décroissance et la désagricolisation de nos campagnes (ainsi que la désindustrialisation), nos biodiversitocrates doivent être conscients qu’ils ne feront qu’exporter l’érosion de la biodiversité qu’ils dénoncent vers d’autres régions du globe (dont nous deviendrons dépendants) qui produiront des aliments que nous importerons… Tout du moins si nous sommes encore suffisamment riches pour les importer ; car si ces mesures pour initier une décroissance sont efficaces, rien ne dit que nous aurons les moyens de faire venir notre alimentation de l’autre bout du monde (sans parler de l’empreinte carbone).

Reste une dernière option, sans doute celle souhaitée par ceux qui ont voté cette loi : que notre société redevienne frugale. Mais alors comment fera-t-elle pour payer les salaires des biodiversitocrates chargés de surveiller l’application des lois qu’ils ont fait voter et empêcher les Européens qui meurent de faim de braconner pour sustenter leurs besoins ?

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Élections générales espagnoles: qui perd gagne?

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À l’issue d’une campagne éclair qui n’a guère passionné les foules et d’une journée de vote harassante en pleine canicule, les résultats des élections générales espagnoles du dimanche 23 juillet dessinent un panorama politique complexe et paradoxal.


La surprise du chef

Après sa lourde défaite au scrutin municipal et régional du 28 mai, la gauche cherchait à briser la lancée de l’opposition de droite au président du gouvernement sortant, Pedro Sánchez. En dissolvant le Parlement national de manière anticipée (il ne devait cesser ses travaux qu’en fin d’année), le chef de l’exécutif espérait souder son camp autour de lui en agitant la menace du « retour du fascisme ». La seule option crédible pour le déloger du palais de La Moncloa, sa résidence officielle à Madrid, était en effet une alliance entre la droite classique du Parti populaire et Vox, formation plus radicale. En ce sens, la plupart des sondages laissaient entrevoir une victoire de la tête de file des conservateurs modérés, Alberto Núñez Feijóo. Néanmoins, certains commentateurs affirmaient aussi que la majorité absolue du PP et de Vox était loin d’être assurée.

A relire, du même auteur: En Espagne, la loi sur le consentement sexuel provoque un scandale judiciaire et une polémique gouvernementale

C’est effectivement ce qui a fini par se produire, puisque ces deux partis cumulent aujourd’hui 169 sièges, à sept de la barre fatidique des 176 élus. Même en y additionnant les voix des formations régionales (principalement en Navarre et aux Canaries) disposées à donner les clefs du pays à Núñez Feijóo, le compte n’y est pas. La déception est réelle pour les populares, qui pensaient monter jusqu’à 150, voire 160 députés. Par conséquent, bien qu’ils arrivent en tête et gagnent 47 sièges, leur victoire semble stérile. Quant à Vox, il accuse le coup en reculant de 52 à 33 élus. Face à eux, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) fait preuve d’une résistance à toute épreuve. Il n’arrive que deuxième mais améliore légèrement son score de 2019 (deux députés en plus). Cette progression contraste avec un nouvel échec de la gauche « radicale », rassemblée autour de la ministre Yolanda Díaz au sein de la coalition Sumar (qui a absorbé Unidas Podemos). L’ensemble des partis qui la composent disposaient en effet de 38 élus dans le Congrès sortant mais seulement 31 dans le nouveau Parlement. Quant aux régionalistes et séparatistes (dont bon nombre avaient permis l’investiture de Pedro Sánchez au début de l’année 2000), ils font un résultat décevant, laissant filer une dizaine d’élus.

Quelles perspectives ?

Il n’existe désormais que trois possibilités politiques outre-Pyrénées :

La moins probable des trois est celle d’un gouvernement minoritaire d’Alberto Núñez Feijóo, qui devrait alors bénéficier du soutien (ou, a minima, de l’abstention) de Vox, de la Coalition canarienne, de l’Union du Peuple navarrais et du Parti nationaliste basque. Or, ce dernier a déjà dit qu’il refusait de participer à un exécutif dans lequel figurerait la droite « radicale ».

A lire aussi: Espagne: enquête sur la génération «nini»

La deuxième consisterait à reconduire Pedro Sánchez dans ses fonctions à la faveur d’une nouvelle « coalition Frankenstein ». C’est ainsi que l’avait surnommée un ancien dirigeant socialiste, Alfredo Pérez Rubalcaba, en référence aux nombreuses pièces assemblées qui la composent. Alors que leur poids aux Cortes espagnoles est retombé au niveau des années 80, les formations régionalistes et sécessionnistes sont, par voie de conséquence, décisives. C’est notamment Ensemble pour la Catalogne, de l’ancien président sécessionniste Carles Puigdemont, qui se retrouve au centre du jeu. Ses responsables ont déjà annoncé le prix de leur ralliement aux socialistes : l’organisation d’un référendum indépendantiste légal dans cette région.


La troisième possibilité est celle d’un blocage parlementaire comparable à celui des années 2015-2016 et 2019-2020. Ainsi donc, les électeurs espagnols ne sont pas à l’abri d’un nouveau scrutin national d’ici au début de l’année 2024. Se mobiliseront-ils alors autant que dimanche dernier (avec 70% de participation et près de 2,5 millions de votes par correspondance) ? Rien n’est moins sûr car la lassitude risquerait de s’installer. Les semaines qui viennent seront décisives. Si le PP échoue à former un gouvernement autour d’Alberto Núñez Feijóo, la contestation au sein de la formation sera inévitable. La ligne modérée qu’il a instillée n’a en effet pas permis d’affaiblir le PSOE. Elle a également entraîné de nombreuses anicroches avec Vox, qui est pourtant son partenaire « naturel », notamment à l’échelon local et régional. Ainsi donc, c’est peut-être la stratégie plus incisive (et conciliante avec la droite « radicale ») d’Isabel Díaz Ayuso, présidente régionale madrilène, qui l’emportera…

Quant à Pedro Sánchez, il reste le personnage central de la politique espagnole, quitte à accroître la polarisation et les tensions qui traversent une société très clivée.

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Au pays des fous

Dans le Sussex, une altercation entre une enseignante-militante et deux collégiennes souhaitant appeler un chat un chat…


On connaissait le phénomène des enfants qui font une transition de genre à l’école. Arrive maintenant celui des écoliers qui exigent qu’on reconnaisse leur identification avec un animal. Ainsi, il y aurait au Pays de Galles une lycéenne qui s’identifie avec un chat. Elle proclame que son pronom personnel est « catself » et, interrogée en classe, répond en miaulant. Une jeune Anglaise se prétend dinosaure, tandis qu’un autre réclame le statut de lune, arborant une cape Harry Potter.

Fini de rire

Il ne s’agirait pas de plaisanteries, puisque leurs professeurs font preuve d’indulgence à leur égard. Mais le fait d’atteindre le comble de l’absurde a déclenché une révolte salutaire. En juin, l’enregistrement d’une conversation en classe entre une enseignante et deux collégiennes dans le Sussex est devenu viral.

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Trouvant que la prétention d’une camarade à être considérée comme une chatte relevait de la folie, une des jeunes de 13 ans se fait traiter d’« odieuse » par sa prof, qui affirme qu’il existe une pluralité d’identités de genre. Les filles rétorquant que, à leur avis, il n’y en a que deux, l’enseignante assène que cette pluralité n’est pas une opinion, mais un fait. Pas du tout décontenancées, elles ripostent : « Si vous avez un vagin, vous êtes une fille et si vous avez un pénis, vous êtes un garçon – c’est tout. » Devant tant de résistance, la prof-militante essaie de donner une justification scientifique à son assertion, confondant hormones et chromosomes. De plus en plus agitée, elle leur conseille de changer d’école ou de suivre une « rééducation à l’égalité, à la diversité et à l’inclusivité », et menace de les signaler à la directrice.

L’affaire a eu des répercussions en haut lieu. Une enquête sur une possible infraction à la loi par l’enseignante a été ordonnée par la ministre des Femmes et des Égalités. Et le ministère de l’Éducation va publier un règlement stipulant qu’aucun élève ne pourra changer de genre sans le consentement parental et que personne ne sera obligé de respecter ses pronoms préférés.

La vérité, comme le dit le Psaume, sort « de la bouche des enfants ».

Féminisme, masculinisme, coaching en séduction: et l’amour dans tout ça?

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Steve Carell dans "40 ans, toujours puceau" (2005) de Judd Apatow. Photo: DR.

De jeunes militants ou influenceurs, friands des réseaux sociaux débilitants, ne sont pas toujours particulièrement brillants dans leur réaction aux excès du néoféminisme…


Si citer Antonio Gramsci est devenu une figure imposée du temps, réduisant l’Italien à quelques maximes décontextualisées, force est d’admettre que nous observons durant la phase d’interrègne que constitue notre époque « les phénomènes morbides les plus variés » : néo-féminisme, alter-féminisme, anti-féminisme, masculinisme, incels, white charia, et autres « mages noirs » pseudo-évoliens, peuplent désormais nos imaginaires. Certes, les réseaux sociaux et les médias agissent comme des miroirs déformants, et la grande majorité des Français ne sont pas au courant, c’est tant mieux, des guerres picrocholines que se livrent les diverses factions de trolls qui sévissent sur internet.

Une nébuleuse numérique en réaction


Vu de l’extérieur, les allumés de Youtube qui ne cessent de se « clasher » et de se provoquer en duel, de comparer la taille de leurs sexes respectifs et de s’envoyer des références de bouquins qu’ils n’ont probablement pas lus au visage, multipliant les emprunts pseudo-scientifiques et les références pop, passent au mieux pour d’aimables plaisantins totalement foutraques, et au pire pour des personnalités égocentriques, extrêmes sur les plans psychologique et comportemental. Dans ce chaos numérique, certains jeunes hommes, largués dans la compétition amoureuse, tentent de retrouver confiance en eux en accusant les femmes d’adopter une mauvaise conduite, réclament l’instauration d’une « white charia » qui leur soit plus favorable, ou bien encore s’inventent des dogmes à la limite de l’ésotérisme.

Les « mages noirs » forment, par exemple, une communauté de puceaux très immatures, qui affichent ostensiblement leur fierté de n’entretenir aucun contact avec des membres du sexe opposé. Ces frustrations, si elles sont néanmoins parfois évoquées sur le ton de la plaisanterie, font naître des comportements sociopathiques lourds qu’exploitent abondamment les gourous 2.0, prodiguant des conseils de marabouts que masquent à grand peine des formules grandiloquentes et des postures de matamores de foire. Jean-Kevin y croit, mais ce n’est pas en passant sa vie sur YouTube à maudire le présent qu’il finira un jour par ressembler à Brad Pitt dans Troie ou à un Elon Musk grimé en templier de carnaval. Ce milieu, que d’aucuns qualifient de « dissidence », n’est au fond qu’une énième fosse d’aisance de l’Occident contemporain. Tout n’y est que querelles de chapelles, et l’on vous y force rapidement à choisir un camp, dont on vous exclut à la moindre opinion divergente. Les nouvelles stars du genre s’exposent avant tout pour vendre un produit – leur personne – mais non pour diffuser des idées. Quant aux jeunes hommes, ils oublient souvent que le féminisme déconstructiviste et l’effondrement de la société traditionnelle ont fait autant de dégâts chez les hommes que chez les femmes.

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S’expriment chez eux tous les travers de la postmodernité qu’ils abhorrent pourtant à longueur de vidéos lénifiantes. À la recherche d’un quart d’heure de célébrité warholien, ces demi-habiles à l’esprit embué par des lectures trop rapides et mal digérées sont les produits de leur époque, les jumeaux de leurs ennemis « social justice warriors ». Les relations amoureuses y sont donc le plus souvent réduites à des listes Powerpoint et à des méthodes qui ressemblent assez à l’astrologie. Les hommes y sont notamment classés selon des hiérarchies : alpha, bêta et autres sigmas formant le gros du contingent.

Andrew Tate : la star incontestée du milieu

Mondialement célèbre, Andrew Tate est le roi du coaching pour jeunes hommes en quête de virilité. Accusé de trafic d’êtres humains en Roumanie, pays depuis lequel il a bâti une fortune financière dans l’activité de la webcam pornographique, ce Britannique converti à l’islam et amateur de grosses cylindrées apporte aux adolescents testostéronés des conseils pour ne plus être des « losers ». D’autres, plus portés sur la construction d’une famille traditionnelle, mettent en avant la « tradwife » ; cuisinière de petits plats traditionnels, mère de famille et épouse modèle toujours prête à rendre service.

En France, Thaïs d’Escufon s’est d’abord fait connaitre comme « influenceuse » identitaire avant de basculer dans le milieu du contre-féminisme conservateur, sorte de Némésis du « néo-féminisme » souvent misandre qui fait florès à gauche. Pourquoi pas, l’intention n’était pas mauvaise en soi… Le résultat laisse toutefois à désirer. Ainsi, le 14 juillet, cette jeune demoiselle s’est lancée dans un petit fil Twitter autour de la notion de « slutshaming » : « Le slutshaming est un mécanisme de réputation redoutablement efficace qui a été utilisé pendant des siècles pour inciter les femmes à être fidèles et se comporter correctement. N’en aurait-on pas besoin plus que jamais ? Juger les comportements déviants, les pointer du doigt, s’en moquer, c’est tout ce qu’il devrait y avoir de plus normal. C’est très humain. Et ce sont d’ailleurs les femmes qui l’utilisaient plus que tous les autres. » Effectivement, dénoncer la femme adultère est vieux comme Hérode et toutes les femmes sont loin d’adopter un comportement irréprochable – la perfection est-elle d’ailleurs bien de ce monde ? -, mais se laisser aller au « slutshaming » peut conduire à des drames. L’affaire Shaïna et différents épisodes de harcèlement se sont basés sur ce type de rumeurs populaires… On rappellera d’ailleurs que Jésus lui-même avait demandé aux Pharisiens cherchant à lapider Marie Madeleine qui parmi eux « n’avait jamais pêché ».

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Dans d’autres séries de tweets, Thaïs d’Escufon dénonce les mères célibataires, les filles à la cuisse légère ayant un « bodycount » supérieur à cinq garçons, ou encore dresse des listes de « signaux verts » destinés à orienter les hommes dans leur choix d’épouse. Bien évidemment, ces signaux relèvent la plupart du temps du simple bon sens, mais aussi et surtout de l’appréciation personnelle des individus.

Et l’amour dans tout ça ?

À l’échelle historique, la normalisation du mariage d’amour est une invention relativement récente.

Toutefois, la civilisation occidentale a toujours fait une large place au romantisme – les conquérants musulmans de l’Espagne s’entendaient d’ailleurs sur ce point avec leurs homologues du Nord, ce qui donna naissance à l’amour courtois -. Nos mythes et notre patrimoine culturel sont remplis d’histoires d’amours impossibles toutes plus belles les unes que les autres, de Tristan et Iseult en passant par Roméo et Juliette ou encore Le Rouge et Le Noir. Ce que tous ces influenceurs proposent est un appauvrissement des liens instinctifs et subtils qui lient les hommes et les femmes. La séduction, l’attraction amoureuse ou sexuelle, ne peuvent se limiter à des petites listes. Il y a une part d’inconnu dans laquelle les plus jeunes devraient s’abandonner. N’écoutez rien d’autre que votre cœur serait peut-être le meilleur conseil à leur donner… Et l’amour fait mal, il est impossible de se prémunir de toutes les souffrances, de la séparation aussi.

Les modes de vie contemporains ont certes provoqué la généralisation du divorce et il n’est probablement pas inutile d’en expliquer les raisons, notamment la mobilité professionnelle et les difficultés matérielles. Mais enfin, n’y a-t-il pas une place pour un peu de grandeur d’âme, un peu de légèreté, un peu de don de soi qui impliquent autre chose que la stricte normalité traditionnelle fantasmatique ? Il n’y a pas une femme pour un homme. Mais des femmes différentes pour des hommes qui ne le sont pas moins.

Anissa, symbole de l’échec des pouvoirs publics?

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Toulouse D.R.

C’est une agression qui a suscité un vif émoi. Une jeune femme a été violemment agressée au tesson de bouteille, à Toulouse, par des adolescents qui l’ont laissée dans une mare de sang. Au cœur de l’été, Anissa est ainsi le symbole d’une violence qui se répand dans toute la jeunesse française – sans que les pouvoirs publics ne puissent endiguer le phénomène. Les suspects étaient connus de la police ou des services judiciaires. Mais, la victime refuse certaines interprétations politiques.


Rien ne laissait présager qu’Anissa et ses amis allaient faire l’objet d’une odieuse attaque par un groupe d’adolescents composé de deux garçons et deux filles, tous mineurs. Interpellés pour des cigarettes, ce qui s’est passé ensuite reste encore mal élucidé. Anissa est une jeune fille de 19 ans. Les photos de son visage tuméfié, qu’elle a décidé de mettre en ligne sur les réseaux sociaux (voir ci-dessous), attestent de la brutalité avec laquelle elle a été agressée alors qu’elle rentrait d’une soirée avec son petit ami Dorian et deux autres de leurs amis. La scène s’est déroulée sur la célèbre place du Capitole de Toulouse, vers trois heures du matin, dans la nuit de mardi 18 juillet à mercredi 19 juillet 2023. Regards de travers, incompréhensions de part et d’autre, les esprits se sont vite échauffés. Les protagonistes en sont rapidement venus aux mains, après que le groupe de mineurs a fini par reprocher le port « d’une tenue inappropriée » à Anissa.

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Émoi national

Des tessons de bouteille utilisés lors de cette agression ont fini par taillader profondément la jeune femme, laquelle a dû être emmenée en urgence dans un hôpital de la ville rose. Un nez cassé plus tard, il lui a fallu 50 points de suture pour soigner des plaies visibles sur les bras, les joues, le cou et le dos. Un acte barbare qui aurait pu être fatal à Anissa si la police, alertée par la vidéo-surveillance, n’était pas intervenue rapidement pour la sauver. 


Des faits confirmés par l’avocate des victimes. « Ils se sont vu mourir dans une mare de sang. Il faut s’imaginer la sauvagerie. Anissa a été frappée à de multiples reprises et chaque coup a laissé d’importantes plaies. Elle a des douleurs constantes, sur tout le corps. Dorian a aussi été assailli et a vu sa copine se faire taillader sans pouvoir lui venir en aide », a déclaré Maître Hélène Pronost. Du côté des agresseurs, le procureur chargé de cette affaire, Samuel Vuelta-Simon, a précisé que certains étaient « suivis par les services judiciaires de la protection des mineurs en raison d’un parcours social difficile », tandis que les autres étaient carrément connus des services de police pour divers délits, allant du vol à la détention de stupéfiants. Les suspects peinent à expliquer leur geste, avançant pour toutes excuses qu’ils avaient bu de l’alcool avant l’altercation. Âgés entre 14 et 17 ans, ils ont été placés sous contrôle judiciaire et devraient comparaître devant le tribunal pour enfants, bien que les circonstances de cette altercation restent « confuses », a ajouté M. Vuelta-Simon.

Le caractère ethnique ou religieux écarté

Ils devraient en toute logique être inculpés pour violences en réunion, en état d’ivresse, avec arme sans ITT ou ayant entraîné une ITT et pour l’une d’elles supérieure à 9 jours. Le caractère xénophobe de cette agression n’a pas été retenu, d’autant qu’Anissa a dû se justifier sur les réseaux sociaux après que plusieurs internautes lui ont posé la question sur l’origine de ses agresseurs. « Malheureusement, (ce sont) encore une fois, des Maghrébins et pourtant j’en suis une aussi et ça me déchire le cœur de devoir dire que ce soit (sic) des gens de ma communauté qui m’ont fait ça » a écrit la jeune fille sur Twitter, depuis son lit d’hôpital, précisant qu’elle ne souhaite pas qu’ils soient stigmatisés pour autant. En écho à l’émoi national que l’intensité de cette agression a suscité, divers politiques ont unanimement dénoncé l’abomination de cette attaque sexiste. Une cagnotte a été mise en ligne afin d’aider Anissa sans qu’elle ne fasse réellement recette sur le net. 

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L’agression d’Anissa est donc un énième exemple de ces excès, de plus en plus fréquents, qui émaillent les nuits chaudes des centres-villes de nos grandes capitales régionales. Le énième exemple de ce qui ressemble désormais au seul moyen d’expression d’une catégorie de jeunes qui ne craignent guère les foudres de la Justice française.

Les pouvoirs publics peinent à endiguer ce phénomène qui s’accentue d’année en année. Selon le ministère de l’Intérieur, qui a révélé des statistiques sur le sujet en mai 2023, « les jeunes de 10 à 24 ans sont particulièrement impliqués dans les affaires pénales traitées par les parquets : ils représentent 21% de la population de 10 ans ou plus, mais 36 % des auteurs présumés d’infraction ». À titre de comparaison, en 2014, cette catégorie ayant eu affaire à la justice ne représentait que 5,2 % de leur classe d’âge. Peut-être, faut-il y voir la faute à ces jeux vidéo évoqués par Emmanuel Macron pour justifier les violences perpétrées par des bandes de jeunes lors des récentes émeutes vécues par la France durant deux semaines ? Un président qui en appelle désormais à la responsabilité des parents concernés, afin de stopper ce problème récurrent qu’aucune marche blanche ne saurait régler. Preuve s’il en est encore de cette violence à laquelle les Français se sont malheureusement habitués, le 22 juillet, à La Haye-Malherbe (Eure), Enzo, 15 ans, a été poignardé pour « un mauvais regard » par un autre adolescent de la même génération. Il laisse derrière lui une famille éplorée et des habitants sous le choc. Contrairement à Anissa, lui n’aura pas eu une deuxième chance. Un ange parti trop tôt.

«Le cinéma est le reflet de l’esprit du temps et aujourd’hui il est très pénible»

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Le réalisateur français Pascal Thomas © BALTEL/SIPA

Pascal Thomas, le réalisateur de La Dilettante et des Zozos présentera fin janvier 2024 Le Voyage en pyjama, un film indépendant, élégant, frais et à l’opposé du cinéma français. Et à partir d’octobre 2023, La Cinémathèque française lui consacrera une rétrospective des films de sa carrière. C’est l’occasion pour Causeur de revenir sur son histoire et sur son regard du cinéma français.


Causeur. Avant de devenir cinéaste, vous étiez journaliste pour plusieurs magazines dont des journaux gaullistes, c’est ce qui vous a ouvert les portes du milieu du cinéma ?

Pascal Thomas. J’ai été journaliste pendant six ans, de 18 à 24 ans, en effet dans un hebdo gaulliste, le Nouveau Candide. Mais j’ai écrit un peu partout, là où l’on m’accueillait. Paris Presse, France Soir, Elle, Lui, Réalités et… L’Humanité. J’ai commencé à écrire quand j’étais lycéen. Je rédigeais des articles sur le cinéma dans une revue qui avait été créée par mon professeur de français, Roland Duval, intitulée V.O. à Montargis. Il avait également monté un cinéclub. Ses élèves le relayaient pour présenter des films. J’avais provoqué un petit scandale en présentant La ronde de l’aube, d’après Faulkner et en louant plus que de mesure la beauté des jambes de Dorothy Malone sautant en parachute en robe. Le prof d’anglais avait hurlé : « Faulkner a été trahi ! ». Pour moi Douglas Sirk a très joliment trahi Faulkner ! Roland Duval n’était pas comme les autres professeurs dans ces années-là. Il n’était pas un sartrien, un camusar. Il n’était pas dans le moule. Ses auteurs étaient Labiche, Feydeau, Molière et pour les modernes Blondin, Nimier, Déon, Françoise Sagan. Ceux qui sont loués aujourd’hui par les Hussards. C’était ce qui me plaisait, ce qui me plaît toujours d’ailleurs, la clarté et la précision du style, la distance ironique. J’ai été engagé comme pigiste, puis comme journaliste pour gagner ma vie, puisque ma mère n’avait pas d’argent. Une anecdote pour définir mes choix et ma position, quand Paul Giannoli rédacteur en chef du journal le Nouveau Candide, m’a demandé ce que je voulais écrire comme papier je lui ai répondu sur tout, sauf la politique. Je trouvais ça assez vain. Donc j’ai parlé de cinéma et de littérature. Je faisais le portrait d’auteurs tels que Nabokov, Borgès et j’interviewais des cinéastes comme Hitchcock, Melville, Paul Morand, Hawks, Chabrole et Truffaut.

Truman Capote aussi !

Ah ! Truman Capote c’était à Paris, j’accompagnais le rédac’ des pages littéraires. On s’est retrouvé chez Maxim’s. Durant le repas, Truman Capote me caressait les mains en disant « I love your hands ».

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Vous avez également interviewé Claude Berri, avec qui vous avez beaucoup collaboré par la suite. Est-ce lui qui vous a fait basculer du journalisme vers la réalisation ?

Plus ou moins. À l’époque, j’avais commencé la rédaction un roman, mais j’avais un mal fou à écrire les descriptions. Pendant notre discussion, il m’a demandé quel était le titre de mon livre, c’était Les garçons pleurent aussi. Il m’a dit que c’était idiot et que, de toute façon, il ne fallait pas écrire de roman. Après l’interview je suis rentré chez moi, j’ai pris un chapitre de mon roman et je l’ai transformé en scénario. Le lendemain, je montre le scénario à Claude Berri, qui le donne à son directeur de production. Quelques mois plus tard, Berri m’a appelé pour me dire que la plus grosse avance sur un court métrage qu’on ait donné était pour nous. Il fallait alors se mettre à tourner mais je n’avais aucune notion de quoique ce soit ! Mon premier film était donc Le poème de l’élève Mirkovsky, sorti en salle en 1971 on complément de programme du Dernier tango à Paris.

Vous avez présenté quatre films au Festival de Cannes qui n’ont pas été sélectionnés (un succès dont on peut rendre responsable votre caractère et les longs conflits que vous avez eu avec Gilles Jacob) et pendant 7 ans vous avez été président de la Quinzaine des réalisateurs, devenue Quinzaine des cinéastes. Cannes a-t-il beaucoup changé ?

Oui bien sûr, comme a changé la société. Dans les années 60 on pouvait y voir de grands hommes, des génies, le plus souvent modestes, comme Bunuel, Cocteau, de grands cinéastes américains ou italiens. Depuis les années qui ont suivies, ça s’est ratatiné, plus exactement à partir de la Nouvelle Vague. Ce sont développés des films aux mises en scène acrobatiques, bien loin des plans séquences somptueux d’Otto Preminger ou des raffinements de Max Ophüls. Curieusement, pratiquement pas de comédies présentées à Cannes. Heureusement, les films de comédies italiens ont pu faire une percée et y être représentés avec succès. Le cinéma est le reflet de l’esprit du temps et cet esprit et ses idées en vogue sont pénibles, ennuyeuses. Il va de soi qu’on doit s’y opposer, mieux, ne pas les remarquer. Ou si l’on tient à bien montrer quelle tragédie cet esprit-là est pour la pensée, l’intégrer dans une comédie, parce que dans toute comédie disait Léotaud, il y a la tragédie.

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Vous avez également créé un prix, celui du Carrosse d’or, qui récompense les réalisateurs, pourquoi ?

J’ai tenu à ce que cette reconnaissance soit faite hors champ du commerce, c’est un hommage rendu aux réalisateurs pour et par les réalisateurs. La petite statuette créée par l’artiste Lili Legouvello reflète bien l’image de ce prix qui favorise d’abord la création indépendante. La liberté de tournage où on ne se laisse pas influencer par les conformismes ou les peurs du temps. Ce sont des réalisateurs vraiment indépendants qui sont consacrés. Le premier à le recevoir était Jacques Rozier. Il y a eu Clint Eastwood, Alain Cavalier et Agnès Varda, parmi les récompensés

Il semble être un prix à contre-courant…

Le prix s’oppose à tous ces néo-fascismes que j’ai vu se développer ses 30 dernières années dont le plus représentatif et le plus dangereux est le mouvement appelé Woke, qui selon moi qui malgré le sens qu’on veut lui donner est un endormissement de tout mouvement d’indépendance, un affaissement, une liquéfaction de la pensée critique, de révolte et de libre pensée. Bref une imbécilité comme le préfère mon désigné et définitif caractère moqueur. Mon père poitevin qui nous a quitté quand j’avais 6 ans, nous avait un jour conduit mon frère, ma sœur et moi visiter les ruines d’Oradour-sur-Glane qui se trouvent à proximité de notre village en Poitou, où la division Waffen SS Das Reich, dans d’horribles conditions, avait exterminée presque tous les habitants. J’entendais mon père nous dire « ne vous soumettez jamais, ne dénoncez jamais, ne suivez jamais les mouvements, les hommes, les supposés chefs, qui refusent toutes libertés, ils ne portent en eux que des idées criminelles. »

Salwan Momika, histoire d’un allumé

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Le militant Salwan Momika, Stockholm, 20 juillet 2023 © Oscar Olsson/AP/SIPA

Cette année, exceptionnellement, les Suédois ne passeront vraisemblablement pas leurs vacances d’été en Irak… Le projet de profanation du livre sacré des musulmans, par le réfugié Salwan Momika, a tendu les relations entre Stockholm et Bagdad. En Irak, le chef chiite Moqtada al-Sadr tente de profiter politiquement de l’émoi suscité chez les croyants. Portrait de M. Momika, un Irakien à contre-Coran!


La pluie aura peut-être eu raison de la volonté de Salwan Momika de brûler un exemplaire du Coran et un drapeau de son pays d’origine, le 20 juillet, près de l’ambassade d’Irak à Stockholm. Le réfugié irakien s’est tout de même autorisé à jongler du pied avec le livre sacré des musulmans et à le piétiner, affirmant ne pas avoir de problème avec les livres saints des chrétiens et des juifs. Une première profanation publique du Coran par M. Momika, le 28 juin, avait déjà suscité des réactions en Suède et à travers le monde musulman, mais aussi la réprobation du président israélien Isaac Herzog ou du Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk. Le pape François avait déclaré être « en colère » et « dégoûté » par la décision de justice autorisant l’autodafé, et le Conseil chrétien suédois avait exprimé sa sympathie aux musulmans. L’Irakien de 37 ans avait ce jour-là mis du bacon entre les pages du livre qu’il avait partiellement brûlé devant la plus importante mosquée de la capitale suédoise, à l’occasion de l’Aïd-el-Kébir qui avait débuté la veille au soir. 

Politiquement actif en Irak, soupçonné de menaces avec couteau en Suède

Il est intéressant de retracer le parcours de M. Momika. Sur la couverture de sa page Facebook, on le voit assis à côté d’un drapeau araméen qui cache partiellement l’étendard irakien et qui témoigne de son appartenance à une communauté chrétienne. Hormis les convertis, les chrétiens d’Irak sont issus des communautés araméennes qui peuplaient l’ancienne Mésopotamie avant la conquête arabe au VIIème siècle. La chaîne de télévision publique SVT indique que ses voisins ne le voient que peu, tandis qu’Expressen souligne qu’il a obtenu un permis de séjour pour trois ans en 2021 et qu’il était politiquement actif en Irak. Le tabloïd suédois affirme que peu après avoir obtenu l’asile, M. Momika a été condamné à 80 heures de travaux d’intérêt général pour avoir menacé avec un couteau son colocataire.

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Selon Expressen toujours, M. Momika est identifié comme ayant fait partie de la milice al-Hachd al-Chaabi qui a combattu l’État islamique. Il s’agit d’une coalition d’une soixantaine de milices essentiellement chiites, mais aussi chrétiennes et yézidies. Une affirmation que conteste cependant le réfugié qui déclare être l’ancien chef d’un mouvement qu’il présente comme le Parti démocratique syriaque en Irak et dont il dit qu’il avait ses propres forces armées. Expressen ajoute que M. Momika a affirmé à ses reporters qu’il a soutenu la tentative du chef chiite Moqtada al-Sadr de renverser le gouvernement irakien, en octobre 2019. Aujourd’hui, ce dernier se sert des profanations du réfugié pour faire pression sur les autorités irakiennes qu’il accuse plus ou moins implicitement de faiblesse. Ses partisans ont incendié l’ambassade de Suède à Bagdad dans la nuit du 19 au 20 juillet, sans ignorer que les autorités devraient intervenir pour éteindre le feu.

La volonté de dénoncer l’intolérance religieuse depuis un pays libéral

Les provocations de M. Momika ont suscité la colère de la communauté islamique en Suède qui a réagi de différentes façons, selon le quotidien Aftonbladet. Ainsi, le 28 juin, un musulman a distribué des chocolats en affirmant vouloir dénoncer de cette manière les actes de l’Irakien, tandis qu’un autre a tenté de lancer des pierres sur l’auteur du sacrilège. Le traitant de “terroriste”, des musulmans l’ont insulté et lui ont crié : « Aboie, aboie, personne ne t’entend ! » Une possible allusion à l’impureté du chien pour la plupart des musulmans.

M. Momika avait initialement prévu de brûler un Coran à Stockholm dès février, mais il s’était heurté à l’interdiction de la police qui avait invoqué des risques de troubles à l’ordre public. Il a depuis obtenu gain de cause devant la justice administrative, deux semaines environ avant sa première profanation médiatisée. L’homme déclare que son but est de voir le Coran interdit en Suède.

La loi suédoise n’interdit aucun livre religieux, pas plus qu’elle ne pénalise la profanation de textes sacrés. Une position insatisfaisante pour M. Momika qui a déclaré à Expressen : « Mon problème aujourd’hui, ce ne sont pas les livres des juifs, des chrétiens ou d’autres personnes. Mon problème, c’est le livre qui encourage la violence et le meurtre – c’est le Coran. » Le réfugié irakien entend dénoncer l’emprise de la charia sur la société irakienne et dans les autres pays musulmans. En avril 2013, le Pew Resarch Center a publié une étude sur la perception de la charia dans le monde musulman qui révélait, par exemple, que 42% des Irakiens officiellement musulmans se prononçaient en faveur de la peine de mort pour les apostats de l’islam. Il est difficile de savoir combien de sondés officiellement musulmans, mais secrètement athées, agnostiques voire chrétiens ont répondu au sondage, alors que l’apostasie ne cesse de croître dans le pays selon un article de 2019 publié par le journal panarabe de Londres, The Arab Weekly, et intitulé La communauté en croissance des athées en Irak n’est plus marginale.

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Bien que la Constitution irakienne énonce la liberté religieuse, la réalité est quelque peu différente. En 2018, la police a arrêté un homme, Ihsan Moussa, et la Direction du renseignement a indiqué qu’il lui était reproché de tenter de « promouvoir et répandre l’athéisme ». Les entourages familiaux ne sont pas en reste quant à la persécution des apostats de l’islam, comme dans le cas de la féministe Worood Zuhair, aujourd’hui résidente en Allemagne, blessée notamment à la colonne vertébrale sous les coups de son père et ses frères.

Les autodafés du Coran ne sont pas inédits en Scandinavie. Depuis 2019, le politicien dano-suédois Rasmus Paluda en brûle des exemplaires, suscitant des protestations parfois très violentes comme en avril 2022 durant lesquelles une quarantaine de personnes furent blessées dans plusieurs villes suédoises. Selon le chef de la police nationale, Anders Thornberg, des individus tentèrent même de tuer des membres des forces de l’ordre au cours de ces émeutes.

Quel futur pour M. Momika?

« J’envisage de me présenter au Parlement suédois avec le parti des Démocrates de Suède [droite radicale NDLR] à l’avenir, et d’inviter tous les Suédois à rejoindre ce parti s’ils veulent préserver les lois et les valeurs suédoises » vient finalement de déclarer Salwan Momika à Aftonbladet. L’agit-prop du réfugié irakien, autorisée par la justice suédoise et la police, embarrasse évidemment les autorités du pays : la Turquie a condamné les actions du militant alors que la Suède a besoin du soutien de Recep Tayyip Erdogan pour adhérer à l’OTAN…

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700 millions et moi, et moi…

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Le petit ange du foot Killian Mbappé, Saint-Denis, 19 juin 2023 © JP PARIENTE/SIPA

Les sommes déboursées par les Saoudiens pour se payer les meilleurs joueurs de foot du monde sont folles. Revenons au barème de rémunération raisonnable des Qataris!


En son temps, Jacques Dutronc le chantait. Mais c’était en citoyens chinois que l’addition s’élevait à 700 millions. Aujourd’hui, c’est en euros, en bon fric bien sonnant et trébuchant.

700 millions d’euros serait la somme que recevrait en salaire Kilian Mbappé pour son année de pantouflage sportif dans un club sans réel palmarès d’Arabie Saoudite. 700 millions, soit près de deux millions par jour, dimanches et jours fériés compris. On aura beau dire, c’est quand même pousser le ballon un peu loin. On ne dit pas si ce Smic revu et très corrigé s’assortit de primes au match gagné, de gratification au but marqué ou autres indemnités pour éloignement de chez soi, inconfort climatique et éventuelle intolérance à la clim’ des stades. Pourtant, on ne parlera pas d’indécence, d’inconvenance ou d’amoralité tout bonnement parce que ces notions-là n’ont plus cours aujourd’hui, dans un monde où, en permanence, tout s’achète et tout se vend. Où même le raisonnable, semble-t-il, n’a plus de prix. Il n’empêche, avec 700 millions (auxquels il convient d’ajouter les 300 millions destinés au club vendeur, le PSG en l’occurrence, propriété du Qatar, voisin lui aussi hyper blindé de l’Arabie Saoudite). Avec donc un milliard, disais-je, on pourrait en faire des choses admirables, telles que, au hasard, secourir des frères migrants en Méditerranée, les accueillir, les héberger, les cocooner dans ces merveilleuses mégapoles hyper modernes qu’on fait pousser là-bas dans le désert à peu près au même rythme que prospèrent chez nous les campements Quechua. Assurément, on pourrait entreprendre mille et une choses formidables. Elles ne me viennent pas à l’esprit, ces choses, faute de disposer des 700 millions qui m’auraient incité à y réfléchir en amont. Je sais que vous me comprenez…

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Cela dit, au-delà du fait en lui-même, se profile une question plus sérieuse, plus troublante aussi. Quand on peut s’acheter une année d’un footballeur plus d’un milliard et des broutilles, n’a-t-on pas derrière la tête l’idée plutôt cynique et tordue de faire comprendre au vaste monde, en particulier au nôtre, qu’on est en mesure de se payer bien d’autres talents ? En mode plus discret, sans doute. On pourrait penser – simple hypothèse d’école – à certains joueurs ou joueuses des équipes premières d’instances européennes ? Voire à des petits joueurs nationaux ou régionaux d’équipes d’entreprises, d’institutions, de cabinets de conseil qui, devant tant de bienfaits promis, pourraient se laisser tenter de ne pas trop mouiller le maillot, ou même de marquer contre leur camp. Délire complotiste, hurlera-t-on ! Nullement. Cela s’est vu récemment encore, et au plus haut des tours façon Babel de Bruxelles dont, pour un peu, un esprit malveillant pourrait en arriver à se demander si la seule langue commune ne sera pas bientôt le fric, et la table de négociations une table de poker. Avec ces 700 millions plus 300 millions l’année d’un footballeur – si doué soit-il – ne risque-t-on pas de voir bien des têtes, bien des talents en maints domaines s’enflammer, succomber au vertige, céder au chant des sirènes, au parfum ensorcelant du billet de mille ? Décidément, c’est à se demander si quelque chose tourne encore rond en ce monde. À part le ballon au bout du pied de l’époustouflant Mbappé, bien entendu.

Une épopée francaise: Quand la France était la France

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Michaël Taverne (RN): «Les policiers sont dans une telle situation de ras-le-bol…»

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Le député RN du Nord Michael Taverne photographié à l'Assemblée nationale en novembre 2022. Près de lui, ses collègues MM. Odoul et Jacobelli © NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Quatre policiers de la BAC de Marseille ont été mis en examen pour violence illégitime sur un jeune, en marge des émeutes de juillet. L’un d’entre eux est en détention provisoire. En réaction, des syndicats policiers ont appelé « à ne plus prendre d’initiative » sur le terrain. Michaël Taverne, député du Rassemblement national dans la 12e circonscription du Nord (Hautmont), et ancien policier, commente le malaise croissant de la profession. 


Causeur. Les événements de Marseille font apparaître une fronde inédite. Tout d’abord, pensez-vous que l’incarcération de ce policier est justifiée ?

Michaël Taverne. Je pense que les policiers ne sont pas au-dessus des lois, mais qu’ils ne sont pas en-dessous des lois non plus ! Nous focalisons, aujourd’hui, le problème sur les policiers, alors que c’est l’insécurité, la délinquance, les émeutiers, le réel problème. On ne peut évidemment pas se satisfaire qu’un policier qui défend la République, en prenant des risques tous les jours pour rétablir la sécurité dans le pays, soit mis en détention provisoire. La police nationale a le monopole de la violence légitime. Normalement la détention, c’est l’exception. 
Ces dernières semaines, c’est tout comme si c’était devenu la règle pour les forces de l’ordre. Il y avait pourtant d’autres alternatives, comme mettre un bracelet à domicile au policier accusé à Marseille. Je ne pense pas que ce policier puisse divulguer des informations, ou perpétrer un délit en récidivant. Selon moi, cette décision de justice est disproportionnée. 

Michaël Taverne. Photo D.R.

Et parlons de la récidive : des individus sont arrêtés 20 fois, 30 fois par la police, et repartent libres d’un tribunal. Ce deux poids deux mesures est insupportable. Je suis désolé qu’un policier, qui essaye de faire son métier du mieux qu’il peut, dorme derrière les barreaux. J’ai été policier pendant 22 ans. Nous sommes toujours sur le fil du rasoir.

On parle tout de même d’un jeune qui aurait été tabassé. La présomption d’innocence du policier est-elle bafouée, selon vous ? 

La présomption d’innocence des policiers est trop souvent bafouée par le pouvoir politique. Il suffit d’entendre le président de la République, après l’affaire Nahel : inexcusable, inexplicable, etc. François Hollande avait fait pareil, dans l’affaire Théo. Ce n’est pas le rôle d’un chef d’Etat de se prononcer sur ce type d’affaires. Laissons la justice faire son travail ; nous n’avons pas tous les tenants et aboutissants. Avant tout et avant d’accabler la police, soyons conscients que la France entière est surtout choquée… de voir ses commerces pillés, ses rues saccagées. C’est une violence insupportable. Nos policiers sont confrontés en première ligne à ces violences. Imaginons qu’un jour, ils posent les casques, les boucliers et rentrent chez eux pour de bon… Ce sera l’insurrection totale.
S’il y a violence illégitime dans l’affaire marseillaise, ce que je n’exclue pas, alors laissons l’enquête en cours, mais la place du policier n’est pas en détention ! Pour nombre de policiers, c’est clairement la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Nous sommes confrontés à un laxisme judiciaire indécent. Pierre Palmade est allé deux jours en prison, avant d’être placé sous surveillance… Les policiers sont confrontés aux mêmes individus, qu’ils finissent par reconnaître et même à nommer lorsqu’ils patrouillent : voilà le réel ! Cette « fronde » des policiers, je la comprends, elle est légitime. J’ai pratiqué le métier pendant 22 ans. Et il y a 20 ans déjà, quand je commençais ma carrière, on disait déjà qu’on touchait le fond.

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A vous entendre, cette affaire du jeune Hedi, qui prétend qu’il rentrait de son travail de nuit et qu’il a été roué de coups à Marseille, présente donc des similitudes avec celle impliquant le policier ayant tué Nahel ?

Oui et non. Pour Nanterre, il s’agit d’un coup de feu qui a été filmé, on sait tout de même à peu près ce qui s’est passé. Pour Marseille, on a trop peu d’informations. On suppose un tir de LBD, qui aurait touché la tête, mais il n’y a pas d’images. Seulement, le problème, à lire toute la presse et à écouter les élus Nupes, c’est évidemment la police ! Eh bien non, le problème : ce sont les délinquants. S’il n’y a pas de délinquants, il n’y a pas de tirs, pas d’armes intermédiaires, pas de refus d’obtempérer, pas d’émeutes, pas de pillages… Ce laxisme judiciaire qu’on connaît depuis 30 ans, nous sommes en train de le payer cher. Nahel, même si son décès est un drame terrible, était un délinquant. S’il y avait eu une réponse pénale adaptée à tous ses démêlés avec la police avant le drame, il n’aurait pas été au volant de ce véhicule le 27 juin. 
S’il y avait une réponse pénale, cette « fronde » des policiers n’existerait pas. 

Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale, a apporté son soutien aux policiers récalcitrants en allant rencontrer leurs syndicats à Marseille, samedi. Il affirme qu’un policier n’a pas sa place en prison, dans les colonnes du Parisien, qui font par ailleurs couler beaucoup d’encre. Ne sort-il pas de son devoir de réserve ?

La dernière fois que Frédéric Veaux est allé officiellement à Marseille, dans le cadre de la réforme de la PJ, il ne fut pas accueilli avec grand enthousiasme… D’après ce que je sais, il n’a pas bien été accueilli samedi non plus. D’un point de vue politique, je pense qu’il a été envoyé par Gérald Darmanin, pour calmer la situation. Mais les policiers sont dans une telle situation de ras-le-bol, que ça ne changera rien maintenant.
Il sort quelque peu du cadre et s’est permis une liberté de parole, en disant que la place d’un policier n’est pas en prison avant d’être jugé. Mais à sa place, je soutiendrais aussi mes hommes. Lorsqu’il sortait du tribunal, le policier en question a crié : « je n’ai rien fait », devant ses collègues et ses enfants. Cette mise en détention provisoire envoie un message terrible : les jeunes sont de moins en moins nombreux à passer les concours de police. Déjà que la gendarmerie et la police connaissent une grosse vague de démissions. C’est inquiétant.

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Cette affaire marseillaise donne effectivement à voir de nouveau les symptômes d’une police qui se sent de moins en moins légitime et soutenue. Nous entendons en permanence dans les médias et dans les rangs de l’extrême gauche que “la police tue”. La presse internationale assimile nos émeutes de fin juin à “Black lives matter”. Mais, on n’entend jamais que la vie des policiers compte aussi. Vous avez donc, vous-même, exercé en tant que policier également. Comment cela se passe-t-il sur le terrain ? Que vous disent vos collègues dans votre circonscription ?

Le moral des policiers est en berne. C’est trop dur depuis trop longtemps. Dans certains territoires perdus, on n’hésite plus à tirer sur des policiers ou sur les pompiers. On n’hésite plus non plus à frapper des médecins dans certaines banlieues. Comment peut-on dire que la police tue ? Aucun policier n’a d’envie criminelle au petit matin. Et l’arme qu’il porte est là avant tout pour le protéger. Beaucoup de policiers sont morts en service. Beaucoup de pays nous envient d’avoir notre cadre légal et précis de la légitime défense. Dans les banlieues, ce n’est pas lors des affrontements avec la police que les délinquants meurent, c’est justement quand elle n’est pas là, lors des règlements de compte que cela se produit ! Je ne dis pas que tout est parfait dans la police nationale, mais elle reste l’institution la plus contrôlée et la plus sanctionnée de la fonction publique. 

Pourquoi tant de policiers votent-ils pour Marine Le Pen ?

Marine Le Pen est vraiment cohérente. Et elle utilise un discours de terrain qui parle aux policiers. Quand Marine Le Pen dit soutenir la police plutôt que les voyous, ou dénoncer le laxisme judiciaire, c’est évidemment soutenu par la majorité des Français et son programme est le plus crédible. Cette tendance se généralise, au-delà de l’électorat de la police. 

Emmanuel Macron a dit, hier, aux informations de 13h, soutenir les policiers et la présomption d’innocence. Ce “en même temps” est-il audible dans les temps sécuritaires troublés que rencontre la France ?

Pas du tout. Et il faut bien sûr rappeler qu’Emmanuel Macron a en réalité été le premier à piétiner cette présomption d’innocence pour le policier de Nanterre. Auprès des policiers, je peux vous dire que cet épisode n’est pas passé. 
Il y a une présomption de culpabilité, privilège réservé aux forces de l’ordre. Les policiers n’écoutent plus Emmanuel Macron, qui est le premier à faire des confusions.

Ce chaos qui vient: de nouvelles émeutes éclateront dans nos banlieues

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Nanterre, 29 juin 2023 © Evgeny Poloyko / Sputnik//

Parce que nos dirigeants n’ont pas tiré les leçons des émeutes, parce que la culture de l’excuse alimente une haine de la France, et parce que rien n’annonce un changement de politique migratoire, de nouvelles émeutes éclateront dans nos banlieues. La République française a capitulé.


Il y a pire que la violence, il y a la lâcheté. Il y a plus grave que la guerre, il y a la capitulation.


Ouf, les émeutes sont terminées ! Les médias vont continuer à en parler encore quelques jours, et puis on va pouvoir tourner la page. Bien sûr, c’est moche pour les victimes, mais moi, ma voiture n’a pas brûlé, mon magasin n’a pas brûlé, ma maison n’a pas brûlé, je ne me suis pas fait agresser, alors j’aimerais pouvoir partir en vacances l’esprit tranquille.

Et si Macron coupait les réseaux sociaux ?

Et rien ne va changer. La République va consciencieusement poursuivre sur la voie qui mène la France à l’effondrement, comme elle le fait depuis des décennies. Il y aura d’autres émeutes. Et à chaque fois les pillards s’enhardiront un peu plus. Et un jour ils ne se contenteront plus de laisser le pouvoir à des politiques qui les servent. Ils le prendront.

Et si les classes moyennes et populaires du peuple « old school » (pour reprendre l’expression de Michel Onfray) en ont assez de se laisser triplement piller par les racailles, par les impôts qui financent les aides versées aux racailles, et par la crise économique qui engendre un dumping social favorable à ceux qui importent massivement les racailles, on hurlera au retour des heures les plus sombres.

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Des ministres diront qu’on vit « côte à côte » et que demain on risque de vivre « face à face » (Gérard Collomb). D’autres se flatteront d’avoir « retardé la guerre civile de dix ans » (Jean-Louis Borloo). Un président de la République dira que « c’est quand même ça qui est en train de se produire : la partition » (François Hollande). Un autre affirmera tranquillement qu’il existe sur le territoire national des groupes assez nombreux, assez armés et assez déterminés pour déclencher une guerre civile si on tente de les empêcher de vivre selon leurs normes culturelles, qui ne sont pas les normes françaises, (Emmanuel Macron, dans son débat contre Marine Le Pen, au sujet de l’éventuelle interdiction du hijab). Darmanin continuera à se rengorger d’avoir mobilisé 45 000 policiers et gendarmes – sachant qu’il y a en France environ 100 000 gendarmes et 150 000 policiers, ça ne représente même pas 20 % de l’effectif total, pas de quoi pavoiser.

Emmanuel Macron cherchera, encore et encore, les causes des razzias partout sauf là où elles se trouvent, accusera les jeux vidéo (pourquoi les Japonais et les Coréens, grands amateurs de jeux vidéo ne brûlent ni écoles, ni bibliothèques, ni voitures ?), et se jettera sur le moindre prétexte pour justifier le contrôle de l’information : il parle déjà de couper les réseaux sociaux en cas d’émeutes ! 

La gauche continuera à prétendre que les immigrés ou descendants d’immigrés qui menacent, pillent et incendient sont victimes de la France rance, du racisme systémique, de la misère et de l’oppression culturelle cis-hétéro-patriarcale.

La violence récompensée

Et tant pis pour les campagnes dont les habitants ne sont pas des casseurs. Tant pis pour les réfugiés de la guerre d’Espagne, tant pis pour les boat people et autres immigrés venus d’Asie qui ont connu des conditions bien plus difficiles que les immigrés d’aujourd’hui, mais qui n’ont jamais pillé ou agressé des pompiers. Tant pis pour tous ceux, de toutes origines, qui tentent de gagner honnêtement leur vie.

On continuera à arroser les enfants gâtés des « quartiers » : logements subventionnés, politique de la ville, CAF, CMU, AME, aides sociales en tout genre, reconstruction aux frais du pays entier des infrastructures qu’ils saccagent.

Les Frères musulmans et leurs réseaux continueront à se présenter comme des médiateurs capables de calmer le jeu, à l’image de ces acteurs du monde associatif qui appellent à « entendre la colère des jeunes », c’est-à-dire à céder au chantage et au racket, à récompenser la violence. Des comédiens et des joueurs de foot millionnaires continueront de donner des leçons de morale aux petites gens dont les voitures sont incendiées et les appartements brûlés.

Les militants LGBT+ continueront à vouloir déconstruire la société occidentale, pour le plus grand profit des émeutiers qui ont attaqué l’Happy Café, à Brest, en écrivant sur Telegram : « on brûle les PD qu’ils crèvent en enfer le Coran » et « exploser l’happy café faut respecter notre religion Allah Akbar ».

A lire aussi, Philippe Breton: Nahel, figure identificatoire parfaite pour une jeunesse culturellement allogène?

L’Église et les cathos de gauche continueront à exiger l’accueil indiscriminé des migrants et s’étonner quand une église est saccagée par des émeutiers qui taguent sur ses murs « le dernier prophète c’est Mohamed » et « Jésus n’est point dieu c’est un messager », et que d’autres émeutiers mettent à sac une libraire catholique à Nantes.

Les militants « antiracistes » continueront à clamer partout que tout le monde doit être fier de la culture de ses ancêtres, sauf les Blancs. L’Éducation nationale continuera à niveler par le bas, la Justice à proclamer que la prison n’est pas la solution, le Parlement à voter des lois qui protègent les droits des délinquants contre la police. Et le maire de L’Haÿ-les-Roses, victime d’une attaque intolérable continuera, comme il l’avait déclaré en 2022, à « dresser un barrage sans concession face aux extrêmes », en expliquant qu’il n’a « pas de haine ».

À moins que… à moins qu’on assiste au réveil de « la France ordinaire. Celle qui ne se contemple pas dans l’excuse sociologique et ne se complaît pas dans le complexe victimaire », pour citer Vincent Trémolet de Villers, cette France de ceux « qui veulent que la France ne meure pas », selon la belle formule que Malraux attribue à de Gaulle. Cela demande d’admettre que la solution n’est pas la République, mais la civilisation européenne. Qu’elle n’est pas le vivre-ensemble, mais le vivre à la Française. Qu’elle n’est pas l’exaltation de la diversité, mais l’arrêt de l’immigration africaine et musulmane. Qu’elle n’est pas l’idolâtrie de l’Autre, mais l’exigence de l’assimilation pour ceux qui veulent rester. Qu’elle n’est pas de câliner les racailles, mais de les mater.

Loi de restauration de la nature: l’UE fait un pas de plus vers la biodiversitocratie

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Militants protestataires, Bruxelles, 1 juin 2023 © Shutterstock/SIPA

Restaurer la nature ne devrait pas signer l’arrêt de mort de toute production économique et rendre le vieux continent dépendant des autres parties du globe, avance cette analyse.


Le 12 juillet, le Parlement européen a adopté la loi de restauration de la nature (336 voix pour et 300 contre). Le texte donne des objectifs contraignants de restauration de terres et d’espaces marins abîmés par la pollution ou l’exploitation intensive. L’opposition du PPE, le parti populaire européen, n’a rien pu y faire.

Sans y prendre garde, les Européens, alors qu’ils se plaignent déjà du fait que l’Europe mesure la taille des concombres, vont se retrouver avec un nouveau texte coercitif qui se présente au nom de la sauvegarde de la biodiversité. Une fois de plus, la science se retrouve entre les mains d’apprentis sorciers qui veulent nous imposer une biodiversitocratie.

Le millefeuille législatif de la biodiversité 

Présentée pour la première fois en juin 2022, la loi sur la restauration de la nature s’inscrit dans le cadre du Pacte vert (Green deal) voulu par Ursula von Der Leyen. Son objectif est de restaurer la terre et les espaces marins détruits par l’activité de l’homme. Les auteurs estiment que près de 80% de l’habitat naturel européen est en mauvais état. Le texte voté vise à geler 20% des zones terrestres et maritimes d’ici 2030 (le texte initial réclamait 30%) et que tous les écosystèmes soient restaurés d’ici 2050. Un point a été fortement débattu : la diminution des surfaces agricoles, ce d’autant plus qu’il est déjà prévu une mise en jachère de 4% des terres dans le cadre du plan de la Ferme à la fourchette (F2F).

Ce nouveau texte apparaît comme une couche supplémentaire sur le mille-feuille de la biodiversité qui était déjà bien garni au sein de l’UE puisque le Conseil de l’Europe dispose de la Convention de Berne, de la Directive Oiseaux et de la Directive Habitats-Faune-Flore déclinées au travers du réseau Natura 2000 qui rassemble les sites naturels ou semi-naturels de l’UE ayant une grande valeur patrimoniale par la faune et la flore exceptionnelles qu’ils contiennent. Au niveau national, enfin, on trouve deux instances qui sont l’Office français de la biodiversité et la Fondation pour la recherche sur la biodiversité et deux lois : celle relative à la protection de la nature de 1976 qui garantit les aires protégées et celle pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages de 2016.

Au regard de cet empilement législatif on s’interroge sur l’utilité de la nouvelle loi et sur sa finalité : s’agit-il de protéger la nature ou de freiner le développement de la civilisation européenne ?

La biodiversité : une science politique

Comme je le montre dans Greta a ressuscité Einstein, la politique récupère la science afin de l’instrumentaliser pour accéder au pouvoir. C’est le cas pour le climat, par exemple, où l’on voit progressivement une climatocratie se mettre en place ; mais c’est également le cas pour la biodiversité… où comme on le voit des politiques invoquent des réalités scientifiques pour justifier de l’adoption de nouvelles lois contraignantes. Qu’en est-il de la scientificité de ce concept – une contraction entre « diversité » et « biologique » – qui est familier à tous aujourd’hui ? Tandis que certains biologistes essayent de rattacher la biodiversité à la théorie darwinienne de l’évolution, les pères fondateurs ne font aucun mystère du fait qu’il s’agit d’une science engagée. Ainsi pour Robert Barbault, un biologiste célèbre, on a inventé ce mot « pour l’utiliser comme un drapeau, pour défendre une cause, sauvegarder la biodiversité c’était de la science engagée ». Aussi il n’est pas difficile de trouver cinq sophismes qui démontrent qu’il s’agit davantage de politique : le premier réside dans l’affirmation d’un consensus sur le fait que l’humanité soit à l’origine de la sixième extinction et qu’aucune remise en cause de cette thèse ne soit tolérée (alors que toute hypothèse scientifique est falsifiable)… Un écologue tel que Christian Lévêque pose de nombreuses questions méthodologiques sur le comptage des espèces et dénonce le catastrophisme de cette notion de sixième extinction inventée par la journaliste Elizabeth Kolbert… Ce qui lui vaut d’être traité de « biodiversité-sceptique ». Un deuxième sophisme repose sur la moralisation du débat : ainsi l’explication qui est systématiquement évoquée par les biodiversitocrates est celle du « profit »… On trouve aussi souvent que l’homme détruit la nature parce qu’il est mauvais ; le troisième argument relève de la démesure (la science cherche à mesurer son objet) : les militants de la biodiversité empilent les chiffres catastrophistes qui d’ailleurs parfois se contredisent, pour dire qu’on n’en fait jamais assez pour la biodiversité et qu’il faut en faire plus (sans jamais vraiment dire ce qu’il faut faire) ; le quatrième consiste à biaiser l’expérience en nous faisant croire systématiquement que la nature est bonne, alors qu’une partie des espèces éliminées peuvent être des espèces nuisibles (par exemple les crickets pèlerins qui vont dévaster les cultures en Afrique) ; enfin un dernier type de sophisme est le réductionnisme qui consiste à vouloir absolument que seule l’humanité soit responsable de l’érosion de la biodiversité alors que d’autres causes naturelles peuvent intervenir comme l’ont montré les cinq premières extinctions passées.

S’il ne fait absolument aucun doute que des espèces disparaissent (un phénomène davantage observable sur les milieux insulaires) et que l’homme joue un rôle dans cette extinction, voire, dans son accélération – comme on peut l’observer, par exemple, dans le phénomène de la surpêche – doit-on pour autant, prendre des mesures pour limiter, voire, empêcher toute activité humaine ? Doit-on abandonner les solutions qui relèvent de l’ingéniosité humaine ?

La science des législateurs contre la science des ingénieurs

Au travers du millefeuille législatif que certains ont voulu ériger pour protéger la biodiversité, on a bien vu que c’était une science engagée qui était à l’œuvre, au travers de la récupération politique des sciences de l’environnement. Il s’agit de s’appuyer sur les évaluations des ONG et des instances qui comptent les espèces et étudient leurs relations avec l’environnement pour légiférer et empêcher toute activité humaine qui pourrait contrevenir à un équilibre supposé. Or dans cette démarche on se doit de s’interroger sur les limites de la loi : d’un point de vue théorique, on ne voit aucune limite à ce que les biodiversitocrates de l’UE empêchent un jour totalement les agriculteurs européens de cultiver leurs terres, puisque, selon eux, la moindre culture se trouve à l’origine d’un chamboulement d’un équilibre (supposé)… et où s’arrêter dans ce travail de « restauration » sachant que l’anthropisation de l’environnement a commencé avec les premiers agriculteurs, via la domestication ou la sélection, par exemple ? Quel équilibre perdu, le biodiversitocrate bruxellois nous promet-il de retrouver avec cette nouvelle loi ?

Ensuite, pourquoi faire confiance systématiquement aux législateurs, alors qu’on pourrait faire confiance aux agriculteurs qui sont bien conscients des problèmes liés à l’impact que peut avoir leur activité et adoptent spontanément des solutions pour ménager la biodiversité et bien gérer leurs cultures. À cet égard, il est intéressant de se plonger dans un débat dont l’issue va à l’encontre de l’opinion reçue et de ce que défend la commission : ce n’est pas le bio qui est le plus favorable à la biodiversité comme l’a montré Philippe Stoop dans le débat Land sharing vs Land sparing que l’on peut résumer brièvement de la sorte : une culture intensive permet de réserver davantage d’espaces pour la biodiversité en concentrant la production sur une moindre étendue de terrain.

Enfin, si l’objectif assumé de la loi pour la restauration de la nature est la décroissance et la désagricolisation de nos campagnes (ainsi que la désindustrialisation), nos biodiversitocrates doivent être conscients qu’ils ne feront qu’exporter l’érosion de la biodiversité qu’ils dénoncent vers d’autres régions du globe (dont nous deviendrons dépendants) qui produiront des aliments que nous importerons… Tout du moins si nous sommes encore suffisamment riches pour les importer ; car si ces mesures pour initier une décroissance sont efficaces, rien ne dit que nous aurons les moyens de faire venir notre alimentation de l’autre bout du monde (sans parler de l’empreinte carbone).

Reste une dernière option, sans doute celle souhaitée par ceux qui ont voté cette loi : que notre société redevienne frugale. Mais alors comment fera-t-elle pour payer les salaires des biodiversitocrates chargés de surveiller l’application des lois qu’ils ont fait voter et empêcher les Européens qui meurent de faim de braconner pour sustenter leurs besoins ?

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Élections générales espagnoles: qui perd gagne?

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Derrière une nuée de confettis, le leader de la droite espagnole, Alberto Núñez Feijóo, salue ses supporters à Madrid, 23 juillet 2023 © Manu Fernandez/AP/SIPA

À l’issue d’une campagne éclair qui n’a guère passionné les foules et d’une journée de vote harassante en pleine canicule, les résultats des élections générales espagnoles du dimanche 23 juillet dessinent un panorama politique complexe et paradoxal.


La surprise du chef

Après sa lourde défaite au scrutin municipal et régional du 28 mai, la gauche cherchait à briser la lancée de l’opposition de droite au président du gouvernement sortant, Pedro Sánchez. En dissolvant le Parlement national de manière anticipée (il ne devait cesser ses travaux qu’en fin d’année), le chef de l’exécutif espérait souder son camp autour de lui en agitant la menace du « retour du fascisme ». La seule option crédible pour le déloger du palais de La Moncloa, sa résidence officielle à Madrid, était en effet une alliance entre la droite classique du Parti populaire et Vox, formation plus radicale. En ce sens, la plupart des sondages laissaient entrevoir une victoire de la tête de file des conservateurs modérés, Alberto Núñez Feijóo. Néanmoins, certains commentateurs affirmaient aussi que la majorité absolue du PP et de Vox était loin d’être assurée.

A relire, du même auteur: En Espagne, la loi sur le consentement sexuel provoque un scandale judiciaire et une polémique gouvernementale

C’est effectivement ce qui a fini par se produire, puisque ces deux partis cumulent aujourd’hui 169 sièges, à sept de la barre fatidique des 176 élus. Même en y additionnant les voix des formations régionales (principalement en Navarre et aux Canaries) disposées à donner les clefs du pays à Núñez Feijóo, le compte n’y est pas. La déception est réelle pour les populares, qui pensaient monter jusqu’à 150, voire 160 députés. Par conséquent, bien qu’ils arrivent en tête et gagnent 47 sièges, leur victoire semble stérile. Quant à Vox, il accuse le coup en reculant de 52 à 33 élus. Face à eux, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) fait preuve d’une résistance à toute épreuve. Il n’arrive que deuxième mais améliore légèrement son score de 2019 (deux députés en plus). Cette progression contraste avec un nouvel échec de la gauche « radicale », rassemblée autour de la ministre Yolanda Díaz au sein de la coalition Sumar (qui a absorbé Unidas Podemos). L’ensemble des partis qui la composent disposaient en effet de 38 élus dans le Congrès sortant mais seulement 31 dans le nouveau Parlement. Quant aux régionalistes et séparatistes (dont bon nombre avaient permis l’investiture de Pedro Sánchez au début de l’année 2000), ils font un résultat décevant, laissant filer une dizaine d’élus.

Quelles perspectives ?

Il n’existe désormais que trois possibilités politiques outre-Pyrénées :

La moins probable des trois est celle d’un gouvernement minoritaire d’Alberto Núñez Feijóo, qui devrait alors bénéficier du soutien (ou, a minima, de l’abstention) de Vox, de la Coalition canarienne, de l’Union du Peuple navarrais et du Parti nationaliste basque. Or, ce dernier a déjà dit qu’il refusait de participer à un exécutif dans lequel figurerait la droite « radicale ».

A lire aussi: Espagne: enquête sur la génération «nini»

La deuxième consisterait à reconduire Pedro Sánchez dans ses fonctions à la faveur d’une nouvelle « coalition Frankenstein ». C’est ainsi que l’avait surnommée un ancien dirigeant socialiste, Alfredo Pérez Rubalcaba, en référence aux nombreuses pièces assemblées qui la composent. Alors que leur poids aux Cortes espagnoles est retombé au niveau des années 80, les formations régionalistes et sécessionnistes sont, par voie de conséquence, décisives. C’est notamment Ensemble pour la Catalogne, de l’ancien président sécessionniste Carles Puigdemont, qui se retrouve au centre du jeu. Ses responsables ont déjà annoncé le prix de leur ralliement aux socialistes : l’organisation d’un référendum indépendantiste légal dans cette région.


La troisième possibilité est celle d’un blocage parlementaire comparable à celui des années 2015-2016 et 2019-2020. Ainsi donc, les électeurs espagnols ne sont pas à l’abri d’un nouveau scrutin national d’ici au début de l’année 2024. Se mobiliseront-ils alors autant que dimanche dernier (avec 70% de participation et près de 2,5 millions de votes par correspondance) ? Rien n’est moins sûr car la lassitude risquerait de s’installer. Les semaines qui viennent seront décisives. Si le PP échoue à former un gouvernement autour d’Alberto Núñez Feijóo, la contestation au sein de la formation sera inévitable. La ligne modérée qu’il a instillée n’a en effet pas permis d’affaiblir le PSOE. Elle a également entraîné de nombreuses anicroches avec Vox, qui est pourtant son partenaire « naturel », notamment à l’échelon local et régional. Ainsi donc, c’est peut-être la stratégie plus incisive (et conciliante avec la droite « radicale ») d’Isabel Díaz Ayuso, présidente régionale madrilène, qui l’emportera…

Quant à Pedro Sánchez, il reste le personnage central de la politique espagnole, quitte à accroître la polarisation et les tensions qui traversent une société très clivée.

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Au pays des fous

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D.R

Dans le Sussex, une altercation entre une enseignante-militante et deux collégiennes souhaitant appeler un chat un chat…


On connaissait le phénomène des enfants qui font une transition de genre à l’école. Arrive maintenant celui des écoliers qui exigent qu’on reconnaisse leur identification avec un animal. Ainsi, il y aurait au Pays de Galles une lycéenne qui s’identifie avec un chat. Elle proclame que son pronom personnel est « catself » et, interrogée en classe, répond en miaulant. Une jeune Anglaise se prétend dinosaure, tandis qu’un autre réclame le statut de lune, arborant une cape Harry Potter.

Fini de rire

Il ne s’agirait pas de plaisanteries, puisque leurs professeurs font preuve d’indulgence à leur égard. Mais le fait d’atteindre le comble de l’absurde a déclenché une révolte salutaire. En juin, l’enregistrement d’une conversation en classe entre une enseignante et deux collégiennes dans le Sussex est devenu viral.

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Trouvant que la prétention d’une camarade à être considérée comme une chatte relevait de la folie, une des jeunes de 13 ans se fait traiter d’« odieuse » par sa prof, qui affirme qu’il existe une pluralité d’identités de genre. Les filles rétorquant que, à leur avis, il n’y en a que deux, l’enseignante assène que cette pluralité n’est pas une opinion, mais un fait. Pas du tout décontenancées, elles ripostent : « Si vous avez un vagin, vous êtes une fille et si vous avez un pénis, vous êtes un garçon – c’est tout. » Devant tant de résistance, la prof-militante essaie de donner une justification scientifique à son assertion, confondant hormones et chromosomes. De plus en plus agitée, elle leur conseille de changer d’école ou de suivre une « rééducation à l’égalité, à la diversité et à l’inclusivité », et menace de les signaler à la directrice.

L’affaire a eu des répercussions en haut lieu. Une enquête sur une possible infraction à la loi par l’enseignante a été ordonnée par la ministre des Femmes et des Égalités. Et le ministère de l’Éducation va publier un règlement stipulant qu’aucun élève ne pourra changer de genre sans le consentement parental et que personne ne sera obligé de respecter ses pronoms préférés.

La vérité, comme le dit le Psaume, sort « de la bouche des enfants ».