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Manhattan-Kaboul

Les lieux de culte musulmans de New York, aux États-Unis, pourront désormais diffuser le bruyant appel à la prière des muezzins du vendredi midi et durant le Ramadan.


À ce stade, l’annoncer le 11 septembre pour le 22ème anniversaire de la destruction des tours jumelles n’aurait pas été tellement plus explicite ! Sous les applaudissements des islamistes du monde entier (et de leurs alliés et idiots utiles habituels), le maire de New York vient de permettre aux communautés musulmanes de sa ville de faire retentir les appels à la prière du muezzin tous les vendredis, et tous les jours de ramadan pour la rupture du jeûne, sans demander d’autorisation préalable et en s’affranchissant des contraintes légales habituelles sur le niveau sonore à ne pas dépasser. Car se faire entendre ne suffit pas, il faut se faire entendre plus fort que les autres…

Eric Adams, un maire ultra-inclusif

Clientélisme électoral vis-à-vis des 275 mosquées du Grand New York et de leurs fidèles ? Pas seulement. Le maire actuel, Eric Adams, semble avoir une vision résolument communautariste de sa ville – selon lui, son expérience de policier afro-américain lui aurait montré que la sécurité n’est possible que si les communautés s’y impliquent directement, et c’est ainsi qu’il explique sa proximité passée avec le mouvement Nation of Islam de Louis Farrakhan, notoirement raciste et antisémite : il n’y aurait vu qu’un service d’ordre efficace pour tenir les quartiers « sensibles ». Si c’est vrai, c’est d’une naïveté confondante.

« Nous voulons que nos frères et sœurs de confession musulmane sachent qu’ils sont libres de vivre leur foi à New York, car désormais en vertu de la loi nous serons tous traités de la même manière. » a-t-il déclaré. Intéressante affirmation, et confusion révélatrice : « nous serons tous traités de la même manière », vraiment ? Je doute que dans l’Amérique de l’après #MeToo une idéologie autre que l’islam qui enseignerait au sujet des femmes ce qu’enseigne la sourate n°4 serait autorisée à diffuser sa publicité dans toute la ville de New York.

Privilège non blanc

Mais l’islam bénéficie d’un privilège exorbitant : partout en Occident les progressistes ferment les yeux sur la réalité de son idéologie, de ses enseignements, et de ce à quoi il conduit le monde musulman. Partout, on fait comme si l’islam n’était qu’une sorte de christianisme exotique, de surcroît innocent de tous les crimes commis au fil des siècles par le christianisme – mais n’ayant évidemment lui-même commis aucun crime, pas d’amalgame, c’est pas ça l’islam, et prétendre juger les actes des musulmans avec les mêmes exigences morales que les actes des chrétiens serait de l’ethnocentrisme, du néo-colonialisme, et une marque de suprémacisme blanc, entre autres horreurs inexpiables.

La Ligue Islamique Mondiale peut donc se féliciter de la décision de la ville de New York et poursuivre sa campagne publicitaire visant à se présenter comme à la pointe de la coexistence pacifique entre communautés, sans que personne ne songe à lui demander pourquoi on peut entendre des muezzins à New York, mais pas de cloches d’églises à Riyad. L’Arabie Saoudite peut condamner un homme à mort pour quelques tweets – et surtout pour faire pression sur certains membres de sa famille, opposants au régime exilés – tout en recevant les hommages de dirigeants occidentaux par ailleurs très prompts à pousser des cris d’orfraie sous n’importe quel prétexte contre des pays comme la Hongrie ou la Pologne. Et bien sûr, autre exemple d’actualité, la gauche française hurle massivement à l’islamophobie au sujet de l’interdiction de l’abaya, qui n’est pas un vêtement musulman mais dont l’interdiction stigmatise les musulmans… N’essayez surtout pas de trouver la moindre logique dans les slogans de la Nupes, ils ne sont que l’habillage de leur haine de notre histoire et de notre identité. Pour être justes, notons que ceux qui soutiennent l’interdiction de ce vêtement ne font pas forcément mieux, en brandissant la laïcité devant les vagues montantes de l’islamisation comme ils brandiraient une gousse d’ail devant une horde de vampires. Le problème de l’islam (du moins de l’islam orthodoxe) n’est pas qu’il soit religieux, mais qu’il œuvre à un projet de société radicalement contraire aux fondements anthropologiques et philosophiques de notre civilisation, et à tout ce qu’un minimum de décence impose en termes de sens moral – si vous en doutez, lisez la sourate 4 et la sourate 9, et rappelez-vous que pour les quatre courants orthodoxes du sunnisme ces textes sont la parole divine « dictée, éternelle et incréée », présentée aux fidèles comme la source normative suprême à laquelle ils doivent se référer pour guider leurs vies. La promotion d’une idéologie qui enseignerait la même chose en se réclamant d’un projet politique plutôt que religieux, du même texte conçu par un penseur humain plutôt que dicté par un « dieu », n’aurait pas davantage sa place dans nos établissements scolaires.

Privilège islamique, dont les islamistes usent à l’envi, et pourquoi s’en priveraient-ils ? L’expansion conquérante de l’islamisme ne peut pourtant s’arrêter que si le reste du monde y met un coup d’arrêt.

Louis de Bourbon sur les traces des martyrs de Vendée

Prétendant au trône de France, le prince Louis-Alphonse de Bourbon s’est rendu en famille au Mont des Alouettes afin de commémorer le 200e anniversaire de la chapelle érigée en mémoire des martyrs des Guerres de Vendée.  Une visite qui a mis en colère les mouvements et syndicats de gauche. Récit.


Durant toute la période de la Révolution française, la Vendée a été le théâtre d’une violente guerre civile qui a opposé les « Bleus » (républicains) aux « Blancs » (royalistes), traînant derrière elle des centaines de milliers de morts. Un conflit qui a également laissé des traces profondes dans le subconscient des Français et dont les responsabilités continuent toujours de diviser les historiens (« génocide » ou « populicide », la question demeure toujours sans réponses aujourd’hui). Afin d’honorer la mémoire de ceux tombés au champ d’honneur « pour le Roy », l’association Jubilé de Vendée a organisé des festivités autour de la chapelle du Mont des Alouettes dont on fête le 200ème anniversaire de la construction. 

Un localité liée au royalisme depuis longtemps

Le lieu est indissociable de l’histoire des Guerres de Vendée et de celle du royalisme. Situé à quelques kilomètres du Puy du Fou, le célèbre parc d’attraction historique du « vicomte » Philippe de Villiers, c’est au Mont des Alouettes que les soldats de l’Armée catholique et royale s’étaient rassemblés après leur brève victoire de Fontenay-le-Comte (1793). Ses moulins caractéristiques ont longtemps indiqué aux royalistes la position de leurs ennemis avant que ceux-ci ne s’en aperçoivent et ne les détruisent tous. Lorsque la monarchie est restaurée, à la chute du Premier Empire (1815), la duchesse d’Angoulême manifeste sa volonté de rendre hommage aux centaines de milliers de Vendéens qui se sont levés en faveur des Lys de France. Fille de l’infortuné Louis XVI, elle va être associée à la construction d’une chapelle de style néo-gothique dont la mission sera de « perpétuer le souvenir d’une époque à jamais mémorable ». Les travaux vont prendre plusieurs années, stoppés par les vicissitudes de l’Histoire, avant d’être repris et terminés définitivement au cours de la seconde moitié du XXe siècle. C’est aussi au Mont des Alouettes que l’Action française de Charles Maurras organisera une grande manifestation, 60 000 personnes, afin de démontrer sa force politique, en 1926.

Un banquier favorable aux gilets jaunes

Invité par diverses associations du souvenir ou militantes, c’est en « guest star » que le prince Louis-Alphonse de Bourbon s’est rendu dans ce lieu prestigieux, accompagné de son épouse et de ses quatre enfants (une première de mémoire de légitimistes, les partisans du duc d’Anjou). Descendant de Louis XIV, il est un des prétendants au trône de France. Si ses visites en France sont rares (il vit à l’année en Espagne) et peu médiatisées, il publie de nombreuses tribunes dans divers magazines et sur ses réseaux sociaux où il est suivi par des milliers de personnes. En 2018, il a créé le buzz en soutenant le mouvement des gilets jaunes. A la tête de plusieurs entreprises, ce banquier est aussi connu pour ses positions conservatrices dont il ne fait pas mystère (il a récemment participé à une marche pro-vie). Arrière-petit-fils du général Francisco Franco (qui a dirigé l’Espagne de 1939 à 1975), dont il assume publiquement l’héritage, l’aîné de la Maison de Bourbon est également proche du mouvement Vox dont le leader Santiago Abascal est un ami personnel. 

Les antifas appelés à venir protester habillés en gueux

Ce 2 septembre, ils étaient quelques centaines à s’être rassemblés autour de « Louis XX ». Durant la messe traditionnelle conduite par le père Louis-Marie de Geyer d’Orth, abbé de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux, dont la soutane était ornée du Sacré-cœur, dépôt de gerbe sur la stèle érigée en mémoire de Louis XVI, le prince Louis-Alphonse de Bourbon a été largement acclamé par les participants après avoir déclaré que « la Vendée permettait de comprendre la grandeur d’une région qui a su tout donner pour conserver ses valeurs ». Souhaitant que « son esprit continue à animer les Français pour affronter les combats du futur », sa présence à cette commémoration (où se sont retrouvées toutes les générations) a été selon lui, « l’occasion d’évoquer la mémoire d’un soulèvement et, plus encore, celle de ce que ce soulèvement représentait d’audace et de clairvoyance ». Ce n’est pas la première fois que le prince Louis-Alphonse de Bourbon se rend d’ailleurs en Vendée, cette « terre meurtrie à l’Ouest » de la France comme il l’a rappelé dans son discours, suivant les pas de son père. Se voulant fidèle « à la mémoire des Vendéens de toute condition, qui ont tout sacrifié pour leur foi catholique, leur attachement à la royauté très chrétienne et à sa famille », dans un précédent message rédigé à l’attention des Français, le prince s’est fait l’écho de leurs inquiétudes. « La France a progressivement vu sa souveraineté amoindrie, son rôle diplomatique diminué, ses industries sacrifiées au jeu d’une mondialisation mal comprise, son système éducatif malmené, ses services publics bradés au point de disparaître plus ou moins dans nombre de territoires. Ainsi, l’amoindrissement de sa souveraineté -cet élément essentiel qui a été le cœur de l’action des rois de France, des premiers jusqu’à Charles X- a fait que la voix de la France est de moins en moins audible dans le concert des nations » affirme Louis-Alphonse de Bourbon

Une commémoration qui a irrité les mouvements de l’ultra-gauche et les syndicats qui ont officiellement dénoncé un regroupement « d’ultra droite fasciste », organisé « par des associations et collectifs royalistes, révisionnistes, catholiques intégristes, LGBT+phobes » comme l’écrit le site Actu.fr. Un collectif antifasciste collectif, dans lequel on retrouve la CGT, Attac ou encore les anarchistes de Bast’Yon, a même accusé ce rassemblement de « propager ses idéologies haineuses, discriminatoires, violentes et révisionnistes » tout en appelant ses partisans à venir manifester, « habillés en gueux et gueuses, avec des fausses fourches afin de bouter les seigneurs hors de nos terres, (..) dans le but de tourner en dérision le royalisme et la droite ». Une manifestation qui a toutefois fait un flop selon le quotidien Ouest France qui a évoqué à peine 80 personnes hurlant au loup aux herbiers. Pas de quoi faire trembler Louis-Alphonse de Bourbon qui a terminé cette journée en se prêtant aux habituelles photos de circonstance sous les cris de « Vive le roi !». En France, 17% des français seraient  favorables au retour de la monarchie selon un sondage BVA daté de 2016.

La spirale du désir

Un thriller français dans les airs, avec Diane Kruger et Mathieu Kassovitz.


Être une femme pilote de ligne sur des vols longs courriers assure de bons revenus, surtout quand s’y ajoutent ceux d’un mari chirurgien : dominant la baie de Menton, la maison high-tech avec piscine à débordement du beau couple Diane Kruger-Mathieu Kassovitz est vraiment classe. Madame roule en Porsche, Monsieur en grosse moto Triumph vintage.

Quand la routine se dérègle

Réglée sur le rythme des vols, l’entraînement sportif quotidien, les évaluations par chat virtuel sur son PC et autres exercices sur simulateurs imposés par la compagnie à ses pilotes, la vie d’Estelle est chronométrée. Jusqu’aux minutes consacrées à faire l’amour avec Guillaume sont comptabilisées, car les périodes de fertilité de l’épouse sont mises également sous étroite surveillance, le mari aspirant à faire à sa chérie l’enfant de l’amour qui se fait attendre.

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Ce minutage intégral se dérègle dès l’instant où, dans un aéroport où elle est sur le point d’embarquer, la ravissante commandant de bord retombe sur Ana (Marta Nieto), ancien amour lesbien perdu de vue depuis vingt-cinq ans. Vertige libidinal qui refait surface et finit par s’emparer d’Estelle, habitée par des cauchemars prémonitoires, tandis que les liens se resserrent avec cette artiste photographe érotomane et délurée qui a investi, en bord de plage, une maison de style moderniste, où elle poursuit son travail créatif, consistant à saisir l’acmé du coït (mâle et femelle) dans l’objectif…  


Enveloppé de bout en bout dans le manteau d’une musique tout à la fois lyrique et oppressante, Visions prolonge manifestement l’intérêt très vif que porte le cinéaste Yann Gozlan au monde de l’aéronautique, à ses dérèglements et à ses défaillances, dans le sillage de Boîte noire, film plutôt réussi dans lequel on se souvient que Pierre Niney, il y a trois ans, campait un analyste de sécurité chargé d’enquêter sur une catastrophe aérienne…

Cette critique a été écrite avant l’accident de moto de M. Kassovitz

Thriller oppressant habilement scénarisé, Visions ne se dispense pas de citations cinéphiliques, depuis le chignon blond d’Estelle évoquant irrésistiblement celui de Madeleine, campée par Kim Novak dans Vertigo, le chef-d’œuvre d’Hitchcock, jusqu’à la spirale irrationnelle qui, à l’instar de Naomi Watts et Laura Harring dans Mulholland Drive, le film de David Lynch, se renforce du contraste capillaire entre l’or et le brun de leurs toisons respectives… Entre parenthèses, on se plait à imaginer ce qu’un Almodovar aurait pu faire d’un tel script, transposé avec un pilote gay, mais marié, fantasmant sur son ancien boyfriend au point d’en perdre la raison…

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Au-delà de ses vertus divertissantes, Visions est une mise en appétit particulièrement efficace : on va revoir Diane Kruger l’an prochain dans The Shrouds, de David Cronenberg. Quant au réalisateur de La Haine, et dix ans après son dernier film L’ordre et la morale, Matthieu Kassovitz, qui lâchait élégamment: « j’encule le cinéma français, allez-vous faire baiser avec vos films de merde », signe maintenant, sous le titre Mind Fall, un long métrage de science–fiction parlé en anglais, produit aux États-Unis, et dont l’action se déroule à Londres, avec la photogénique Daisy Ridley dans le premier rôle. On attend de voir.


Mise à jour : Souhaitons à Matthieu Kassovitz déjà un prompt rétablissement après son accident de dimanche. La moto, c’est plus dangereux que le cinéma


Visions. Film de Yann Golzan. Avec Diane Kruger, Mathieu Kassovitz, France, couleur, 2023.  Durée : 2h. En salles le 6 septembre 2023

Rentrée littéraire: vous ne passerez pas à côté de Sarkozy!

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Le dernier bouquin de Sarko se vend bien. Nous l’avons lu pour vous. On y apprend que l’ancien président déteste les conservateurs.


Il fut un temps où les monarques présidentiels prenaient soin de mourir peu de temps après la fin de l’exercice de leur mandat… À défaut de respecter tout à fait la phrase rituelle « Le roi est mort, vive le roi », Charles de Gaulle et François Mitterrand, pas insensibles à la question royale durant leur jeunesse, s’éteignirent l’année qui suivit leur départ de l’Élysée. Georges Pompidou, qui avait un jour cité Maurras devant les élèves de Sciences-Po, décéda, lui, en plein exercice présidentiel. Depuis, l’allongement de l’espérance de vie, le quinquennat, l’élection de présidents de plus en plus jeunes, la limitation des mandats présidentiels (qualifiée dernièrement de « funeste connerie » par le président Macron), les difficultés des présidents à se faire réélire, tout cela a contribué à l’accroissement du nombre d’anciens chefs de l’État encore en vie et en grande santé. Pour s’occuper, Nicolas Sarkozy, par exemple, « donne » des conférences à travers le monde, participe au conseil d’administration des hôtels Accor et surtout, il avance dans l’écriture de ses mémoires. Difficile, en cette rentrée, de passer à côté de l’ancien chef de l’État, dont la tête apparait à l’arrière des bus, sur les étals de la FNAC, à la manière d’un Bachir Gemayel dans le Beyrouth-Est des années 80, avec la sortie du Temps des combats (Fayard), qui répond au Temps des tempêtes (a priori, il n’y a de contrepèterie entre les deux titres).

Imaginons la France d’après

L’ouvrage, qui revient sur les années 2009-2011, cartonne. D’après Le Point, il s’en est écoulé 24 000 exemplaires en une semaine depuis sa sortie. La Baule, Port Leucate, Biarritz, Arcachon, Saint-Raphaël : l’ancien président a pour l’instant fait la tournée des stations balnéaires chics pour rencontrer ses lecteurs. Voilà de quoi nous remettre dans l’ambiance des années Sarkozy, époque de grande passion politique, à la fois chez ses partisans mais aussi chez ses adversaires.

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Il faut un effort de mémoire pour tout à fait se souvenir de ce que fut le moment Sarkozy. A l’instar d’un vieux téléphone Nokia, dégainé comme un indice d’ultra-futurisme dans les films de la fin des années 90 mais qui apparaît après rediffusion comme un gadget suranné, presque rigolo, le sarkozysme (et son slogan « la France d’après », digne d’un film de science-fiction) fait parfois l’effet d’un objet jadis à la pointe de la modernité mais auquel on finit par trouver un charme kitsch et désuet. Souvenons-nous : pendant cinq ans, ce fut un tourbillon quotidien d’idées, de déplacements, de transgressions, qui donnait le tournis. On a eu l’impression de se retrouver dans ce cartoon où un diable de Tasmanie tourbillonne sur lui-même et dévale à toute berzingue dans le bush australien, à grand renfort de borborygmes pas toujours audibles. La victoire de son successeur dut moins à son sensationnel charisme qu’au désir des Français, secoués de toutes parts, de sortir (un temps au moins) du train-fantôme.


2008 avait été la grande année du « un jour, une idée ». La crise russo-géorgienne puis la crise financière avaient donné au président sa dose d’adrénaline, son véritable moteur, sans lesquels il s’appesantissait dans les petitesses de la vie politique intérieure. Séisme d’Haïti, tempête Xynthia, printemps arabes, tsunami de Fukushima : la période immédiatement suivante ne fut pas exempte non plus de secousses et de tourbillons…

Distribution des bons et des mauvais points

On sent parfois que le livre a été écrit un peu rapidement. Toutes les tournures ne sont pas élégantes, par exemple : « Je devais annoncer une initiative politique forte pour tenter de reprendre l’initiative ».
Quand il écrit : « La période de la crise financière fut d’une rare intensité. J’étais littéralement par monts et par vaux », faut-il imaginer le président sortir du conseil des ministres et arpenter vraiment vallées, vallons et collines à la recherche de solutions ? 
Concernant le conflit israélo-palestinien, il se mouille : « À ceux qui trouveront mon propos irréaliste ou idéaliste, je répondrai qu’il y a tout à gagner dans la paix et tout à perdre dans la guerre ». Des propos qui pourraient inspirer la prochaine Miss France !

La lecture du Temps des combats offre moins une vision intelligible de cette période historique et une compréhension des arcanes du pouvoir qu’une distribution des bons et des mauvais points. Le quasi-adoubement de Gérald Darmanin a déjà été beaucoup commenté : il est vrai que le spectacle d’un ministre de l’Intérieur jouant sa partition dans la majorité pour préparer le coup d’après nous ramène tous vingt ans en arrière. Laurent Wauquiez, lui, a droit à une appréciation digne d’un carnet de notes : « [je l’]ai toujours considéré comme le plus brillant de sa génération. Je n’ai pas changé d’avis. À lui maintenant de savoir se mettre en danger en sortant de sa zone de confort. Il le peut s’il le veut ».

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Pendant ces années, à l’international, Obama, très soucieux de ne prendre aucun risque qui égratignerait son image, et qui avait fait le forcing pour que l’UE accepte la Turquie en son sein, n’a pas laissé une très grande impression au président français. Quant à Angela Merkel, sa tiédeur et son conservatisme contrastaient avec l’agitation sarkozyenne. Mais finalement, le binôme a su constituer un tandem au moment de la crise des dettes souveraines. Étrangement, dans le monde, Sarkozy s’est trouvé surtout à l’aise avec la gauche, en tout cas avec les Britanniques Tony Blair et Gordon Brown. Confronté à des socialistes français bloqués sur « des convictions de l’époque paléolithique » (plus tard dans l’ouvrage, il fait toutefois l’éloge des grottes de Lascaux, signe qu’il n’est pas totalement hostile aux hommes préhistoriques !), Sarkozy peut composer, une fois le Channel franchi, avec des travaillistes modernes, « plus à droite » que lui en économie. Il est vrai que le sarkozysme fut un bougisme, pour ne pas dire un agitationisme : lui-même ne cache pas son « besoin irrépressible de mouvement, de voyages, de découvertes ». Peu de termes sont plus péjoratifs dans le vocabulaire de Sarkozy que celui de « conservatisme », associé notamment aux syndicats, à la bureaucratie et à la gauche en général.
Parmi les figures internationales les plus appréciées, figure aussi le président brésilien Lula, avec lequel la France mit en place des coopérations. L’occasion de faire l’éloge d’une personnalité politique expérimentée revenue aux commandes après des démêlés avec la justice. Toute ressemblance avec l’ancien président français serait purement fortuite…

Des porte-flingues flingués

Il y a un paradoxe Sarkozy. Phénomène apparu à la fin de l’ère Chirac, le sarkozysme offrait une double promesse : secouer une vieille droite endormie, pleine de tabous ; et affronter la gauche, éloignée du pouvoir depuis le 21 avril 2002 mais qui avait gardé de puissants relais dans la culture et les médias, et donc, de phénoménales capacités de nuisance pour le pouvoir en place. Sarkozy avait fait son compte à la vieille droite chiraquienne en 2007 mais il restait à cette dernière, à travers Jean-Pierre Raffarin et Alain Juppé, critiques notamment au moment du débat sur l’identité nationale, quelques beaux restes. Ceux-ci, avec le temps, avaient constitué une sorte de « gauche bis » : « Le pire était qu’ils pensaient sincèrement ce qu’ils disaient. La gauche avait réussi à les intoxiquer plus profondément qu’ils ne l’imaginaient eux-mêmes ». Quant à la gauche, elle est brocardée toutes les cinq pages, avec des mentions spéciales pour Ségolène Royal et François Hollande. Concernant Hollande, Sarkozy ne semble pas s’être remis d’avoir perdu contre un adversaire aussi médiocre à ses yeux. On se demande contre quel opposant la défaite eût été plus flatteuse ; peut-être aucun : même DSK ne trouve pas tellement grâce à ses yeux.


L’ancien président a assumé une confrontation pleine et totale avec la gauche, ce qui avait le don de mobiliser ses supporteurs survoltés. Certaines phrases du livre, notamment sur les profs grévistes et syndiqués, semblent d’ailleurs écrites pour casser l’applaudimètre d’un meeting à Nice ou à Perpignan. Et en même temps, il y a eu chez Sarkozy un désir de reconnaissance de la part de la gauche, et surtout de la gauche culturelle, désir qui s’est exprimé au moment de la nomination de Marin Karmitz à la tête du Conseil de la création artistique par exemple, de Philippe Val à la tête de France Inter ou lors de la défense de Roman Polanski (défense qui avait irrité à l’époque la base électorale de droite). Sans compter la nomination de Frédéric Mitterrand à la Culture, prise de guerre symbolique complètement assumée par Nicolas Sarkozy. Ce désir de prendre le large avec la gauche culturelle semble s’expliquer parfois par la compagnie gênante de quelques soutiens. Sarkozy n’est pas tendre avec ses porte-flingues les plus fidèles de jadis. De Frédéric Lefebvre, il dit : « il est vrai qu’il n’était pas réputé pour sa particulière finesse d’analyse ». Quant aux époux Balkany, « il y avait beaucoup de gentillesse et d’affection, mais aussi une habitude à parler d’abord, à réfléchir ensuite » ; version moderne du « je n’aime pas dire du mal des gens mais effectivement elle est gentille ». Plus globalement, la famille gaulliste est dépeinte comme sujette à des sautes d’humeur et des réactions épidermiques, mais que l’on peut calmer et rassurer facilement, comme des grands enfants.

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La manie d’attaquer ses têtes de turc favorites (François Hollande, François Bayrou, et dans son camp, Jean-Louis Debré, Jean-François Copé et Jean-Pierre Raffarin) donne là encore au livre un côté cartoon, avec des « méchants » récurrents et un peu ridicules qui constituent de vrais running gags. Sarkozy cite abondamment les commentaires de ses adversaires de l’époque, ainsi qu’une presse totalement hostile, du Nouvel Obs à la presse régionale. Écrire une énormité contre Sarkzoy donne l’occasion d’être un jour cité dans ses mémoires : alors, pourquoi ne pas tenter sa chance ?

Avec un recul de plus de dix ans et des passions redescendues, il faut reconnaître à l’ancien président d’avoir voulu secouer le cocotier d’un pays endormi par les fins de règne des rois fainéants précédents. On saura lui reconnaître un certain goût du risque, de la transgression, qui est plus méritoire que la mollesse, l’immobilisme et la grosse ruse de son immédiat successeur.

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«Nos enfants ne sont pas en sécurité à l’école»

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Près d’un enfant sur 2 est victime de la violence ou du harcèlement à l’école, selon SOS Education / Ifop. Pour les enfants scolarisés en REP, la situation est encore plus alarmante. Sur RTL hier, Élisabeth Borne a affirmé qu’elle présenterait un plan contre le harcèlement scolaire à la fin du mois.


Causeur. Près de la moitié des parents d’élèves (48 % !) rapporte qu’au moins un de leurs enfants a été victime d’une forme d’agression physique, verbale ou sexuelle, au cours de l’année scolaire 2022-2023, selon l’étude que vous publiez en cette rentrée. Mais de quoi parle-t-on exactement? 

Sophie Audugé. Il s’agit des faits de violence concernant leur enfant, survenus pendant l’année scolaire 2022/2023 et dont les parents ont été informés. Ces chiffres sont sans doute sous-estimés, car nous savons qu’une partie de ces violences se déroulent sans que les parents ne le sachent. La violence entre mineurs a atteint de telles proportions et a occasionné tant de drames que nous avons voulu recueillir, pour cette édition, des données du terrain sur les agressions que subissent les enfants à l’école. Nous avons tenu à distinguer cinq actes de violence dont les élèves peuvent être victimes: une agression verbale, un harcèlement, une agression physique, la dégradation d’un bien, une agression sexuelle. Nous imaginions bien qu’un nombre important d’enfants seraient concernés, mais pas au niveau de ce que dévoile l’étude. Par ailleurs, nous n’avions pas anticipé une différence aussi marquée entre les établissements en zone prioritaire et les autres. L’ampleur du phénomène de violence qui sévit dans les écoles, collèges et lycées des réseaux d’éducation prioritaire, est particulièrement alarmante. En effet, si la moyenne générale des enfants ayant subi durant l’année scolaire, au moins un des cinq actes de violence que nous avons étudiés, est de 48%, soit près d’un enfant sur 2, ce taux atteint 68% en REP soit plus de 2 enfants sur 3
Et dans le détail, l’écart est encore plus préoccupant :

  • 63% des enfants scolarisés en REP ont été victimes d’un acte d’agression verbale, ils sont 32% hors REP,
  • 56% des enfants scolarisés en REP ont été victimes de harcèlement, ils sont 28% hors REP,
  • 51% des enfants scolarisés en REP ont été victimes d’un acte d’agression physique, ils sont 20% hors REP,
  • 57% des enfants scolarisés en REP ont subi la dégradation d’un de leurs biens, ils sont 18% hors REP,
  • 49% des enfants scolarisés en REP ont été victimes d’une agression sexuelle, ils sont 9% hors REP.

Il y a une urgence absolue à lever le voile sur les non-dits en matière de violence en milieu scolaire. Et particulièrement en réseau d’éducation prioritaire.

Quelles sont les remontées que vous avez de votre côté? 

Elles sont nombreuses, mais ce n’est pas nouveau. Nombreux sont les professionnels, les spécialistes, les personnels de l’éducation, les parents qui alertent depuis des années. Le suicide de Lindsay et le cri d’alarme lancé par sa maman, a brisé le cœur de toute la France. La réalité est sombre. La violence ne cesse de croître en intensité et en quantité. La seule chose qui baisse, ne va pas dans le bon sens, car c’est l’âge des enfants concernés. Dès la maternelle, désormais, les personnels et les parents font face à des actes d’une violence inouïe, impensable à cet âge. Primaire et collège sont les périodes où les violences sont les plus importantes. Les chiffres du ministère de l’Intérieur montrent parfaitement ce phénomène de violence de plus en plus tôt, de plus en plus gratuite, de plus en plus banalisée. De nombreux spécialistes des enfants violents, constatent une déshumanisation, un manque d’empathie. Ces jeunes violents ne montrent aucune forme de regret, ils évoluent en totale impunité car ils savent qu’ils ne seront pas sanctionnés. Ce qui se passe dans la société est entré dans l’École, et les gouvernements successifs n’ont rien fait. Voilà le résultat, nos enfants ne sont pas en sécurité à l’école. Et en dehors c’est encore pire. Avec les réseaux sociaux cela ne s’arrête plus à la porte de l’établissement. 

Sophie Audugé, déléguée générale de SOS Éducation.

Quand un enfant est confronté à ce type d’évènement, que doivent faire les parents? 

Ils doivent immédiatement informer le principal et l’enseignant référent. Ils doivent demander que la situation soit prise en charge avec un plan d’action concret. Ils doivent exiger que l’information soit transmise à l’équipe pédagogique et remontée au rectorat. Ils doivent formaliser les échanges avec l’établissement scolaire, pour avoir des traces écrites. Quand les faits de violence sont avérés, des sanctions doivent impérativement être prises à l’encontre de l’agresseur, sa famille doit être informée et des mesures éducatives doivent être engagées pour qu’il prenne conscience de la gravité de ses actes. La victime doit être entendue pour évaluer le traumatisme subi et la nécessité d’un accompagnement thérapeutique par des professionnels de la santé psychique. Les agressions subies dans l’enfance sont des stigmates qui ne doivent pas être pris à la légère, ils peuvent aider à grandir s’ils sont considérés et reconnus, mais ils peuvent aussi détruire s’ils sont niés. Il faut entourer l’enfant, lui parler et l’écouter. Enfin, il faut vérifier si l’agression s’inscrit dans un contexte de cyber harcèlement ; et si c’est le cas, engager les recours nécessaires.

Est-ce que l’Education nationale a bien pris la mesure de ce problème d’ensauvagement de l’école, et que propose le ministère pour y mettre fin?

Manifestement l’Éducation nationale n’a pas pris la mesure du problème. Dans la majorité des cas, les parents expriment que l’administration n’a pas bien géré la situation de violence dont a été victime leur enfant. Plus globalement, 72 % des parents considèrent que la sécurité dans les établissements scolaires s’est détériorée, chiffre en croissance de 11 points en neuf ans.  En revanche, je ne parlerai pas d’ensauvagement de l’école. Il y a une violence endémique dans nos sociétés. Elle est banalisée en France. Mais je réfute cette formule «choc» du gouvernement. Cette sémantique vise à laisser croire que le phénomène est récent et que le gouvernement en sera le sauveur. C’est faux. L’école n’est pas ensauvagée, l’école ne remplit plus son rôle d’instruction, de sécurité, et d’exemplarité en matière d’autorité et de respect. L’école n’est pas ensauvagée, elle est faible. C’est la faiblesse de nos dirigeants, qui se retrouve dans l’école et qui met en danger élèves et professeurs. Faire porter la responsabilité sur d’autres facteurs ou d’autres personnes est malhonnête intellectuellement. Comme le dit un éminent pédopsychiatre spécialiste des enfants violents « ils ne deviennent pas violents à leur majorité ». Ce sont des mineurs violents qui n’ont pas été sanctionnés et dont la violence a pu prospérer dans l’école.

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Concrètement, le ministère ne propose pas grand-chose si ce n’est des programmes très compliqués, impliquant moult acteurs et administrations, en gros une énième usine à gaz. Quant à la multiplication du modèle du grand frère, avec les élèves-référents, par exemple pour le harcèlement, il me semble inapproprié et cynique. Enfin ! À l’école, les élèves sont là pour apprendre, pas pour faire respecter l’ordre, les valeurs de la République, ou je ne sais quoi encore. Personne ne doit les détourner de ce pourquoi ils sont là : apprendre et créer des amitiés.  Il est en vérité assez diabolique de déresponsabiliser les adultes pour responsabiliser les élèves. C’est à l’institution scolaire de protéger ses élèves, et pas le contraire. 

C’est déjà la 6e rentrée scolaire avec Emmanuel Macron aux commandes de la France. A vous entendre, concernant l’enseignement, c’est un élève médiocre ! Aujourd’hui, il nous promet le retour de l’autorité à l’école. Mais, toujours selon vos chiffres, 69 % des Français n’ont pas confiance dans la capacité du gouvernement à résoudre les violences à l’école. Quant au niveau, 68% des parents d’élèves n’ont pas non plus confiance en l’exécutif actuel pour y remédier… Partagez-vous le manque d’enthousiasme de cette large majorité de citoyens, quant à l’incapacité du pouvoir actuel à sortir l’école de l’ornière?

Le manque d’enthousiasme d’une large majorité de parents vous voulez dire ? Car les données du Baromètre IFOP/SOS Éducation sont les résultats d’une enquête d’opinion auprès de parents ayant au moins un enfant scolarisé en primaire ou secondaire dans l’année. C’est ce qui en fait l’intérêt puisqu’ils savent de quoi ils parlent. Ils font l’expérience de notre système éducatif quotidiennement pour leur(s) enfants(s). Ils ne parlent pas en l’air, ils ne sont pas dans le théorique. Il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas partager cette vision. Bien sûr, si vous n’avez pas d’enfants… ou si vos enfants sont scolarisés dans des écoles privées qui sont parvenues à les préserver de cette dégradation généralisée de l’autorité et du niveau d’instruction… ou si vous êtes dans l’enseignement et que vous prenez le relais à la maison pour refaire le programme à vos chérubins…  cette défiance peut vous surprendre. Mais, si vous faites partie des 70% de parents qui subissent la déliquescence du système scolaire français, vous partagez certainement ce sentiment d’un terrible gâchis et d’une impuissance institutionnelle coupable. Surtout, la situation ne cesse de se détériorer. En six années de présidence d’Emmanuel Macron, malgré un ministre de l’Education nationale resté en poste cinq ans, sans même parler du passage éclair de Pap Ndiaye, aucune amélioration n’est perçue. L’impression générale est qu’on détricote et re-tricote sans cesse, pour aucune avancée visible. C’est le mythe du linceul de Laërte, mais on attend toujours l’arrivée d’une figure dévouée à la cause, sans ambition politique, qui aura le courage de relever l’école française pour la remettre à son meilleur niveau.

Le remplacement du ministre woke Pap Ndiaye, par Gabriel Attal, vous a-t-il réjoui ? 

Je n’ai pas les moyens de me réjouir ou pas. Pour cela, il faudrait déjà connaître le projet du gouvernement. Sans cela, comment avoir un avis sur la capacité du ministre choisi de le mener à bien. Emmanuel Macron s’est présenté à l’élection présidentielle sans programme pour l’École. C’est d’autant plus problématique que tous les autres candidats en avaient élaboré un. La plupart avaient de très bonnes propositions. Ils partageaient le constat et l’urgence d’agir. C’est d’ailleurs un autre constat intéressant du Baromètre IFOP/SOS Éducation que nous publions aujourd’hui. Sur de nombreux sujets la position des parents d’élèves est transpartisane.

Par exemple sur la proposition de « Rétablir l’autorité des enseignants et appliquer les sanctions prévues par le règlement intérieur de l’établissement aux élèves perturbateurs ou négligents », elle obtient l’adhésion de 98% des partisans des Républicains et de ceux du RN, et elle rassemble aussi  97% des partisans d’EÉLV, 96% de ceux de « Renaissance » et 84% des LFI. Pour la mesure « Rétablir la possibilité de redoublement à partir du collège pour les élèves n’ayant pas le niveau pour passer dans la classe supérieure » tous sont dans un mouchoir de poche puisque la mesure est plébiscitée par 96% des partisans du RN, 95% de ceux d’EÉLV, 94% de « Renaissance », 90% des LFI et des Républicains. Il en est de même de la proposition de « responsabiliser financièrement les parents et les élèves dans les cas de dégradations ou d’actes de violence physique ou psychologique commis par un élève » : 99% des Républicains sont pour, comme 98% des partisans de « Renaissance », 94% de ceux du RN,  90% d’EÉLV,  83% de LFI.

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La vraie question demeure :  quel est le projet politique pour l’École française du président Emmanuel Macron? Pourquoi est-il passé de Jean-Michel Blanquer à Pap Ndiaye puis maintenant à Gabriel Attal? Comment des profils si différents ont été choisis, à quelles fins? Ces trois choix ne peuvent pas s’inscrire dans la continuité d’un même projet pour l’École avec pour préoccupation primordiale l’intérêt supérieur de l’enfant et son instruction. C’était peut-être moins le cas concernant Jean-Michel Blanquer, mais il ne fait aucun doute que Pap Ndiaye et Gabriel Attal sont des choix politiques. Pap Ndiaye marquait un pas vers LFI, quand Gabriel Attal s’inscrit comme opposant aux ambitions politiques de Gérald Darmanin. Il semble que l’École, les enfants, les professeurs, tiennent une bien maigre place dans tout cela.

Les abayas et qamis grotesques d’élèves musulmans seront interdits lors de cette rentrée scolaire 2023. Néanmoins, sur les réseaux sociaux, les entrepreneurs identitaires de l’islam rivalisent de conseils pour inciter des jeunes filles à défier les chefs d’établissement et notre précieuse laïcité. Craignez-vous une rentrée agitée sur ce point ? L’immigration de masse pose-t-elle un problème structurel à l’école française?

Je suis désolée mais compte tenu de la formulation de votre question je suis obligée de préciser que je ne m’associe pas à l’adjectif «grotesques» que vous utilisez pour qualifier les abayas ou les qamis. Si votre question porte sur le sens de ces tenues quand elles sont portées à l’école, Gabriel Attal a raison de dire que les élèves «testent» l’institution. Les chiffres d’atteinte à la laïcité par le port de ces tenues sont parlants puisque qu’ils sont en très forte augmentation à trois moments précis de l’année :  la commémoration de l’assassinat de Samuel Paty, le Ramadan et l’Aïd. Cette attitude, à ces moments-là, démontre de la part des élèves, une volonté de marquer leur appartenance religieuse. En ce sens, elles n’ont pas leur place à l’École publique qui est laïque comme l’État français. Cette clarification de la part du ministre de l’Éducation nationale fraîchement nommé est salutaire et il est regrettable que son prédécesseur ait abandonné ses personnels au milieu du gué. 

Capture BFMTV

Mais il ne faut pas se tromper et ne voir que l’arbre qui cache la forêt. Avec cette annonce, le gouvernement est parvenu à imposer aux médias son thème pour cette rentrée scolaire. Depuis des jours, toutes les rédactions disent qu’elles ne parleront que des abayas le jour de la rentrée. De quoi mettre de l’huile sur le feu inutilement. Une rentrée doit se faire dans le calme et la sérénité. Pendant que les médias louent la fermeté de Gabriel Attal et Emmanuel Macron sur le sujet de la laïcité, ils ne parlent pas du manque d’enseignants, des besoins de formation, de la baisse de niveau, de l’insécurité, de l’accueil des enfants en situation de handicap, des problèmes d’affectation… C’est peut-être aussi ce qui était recherché avec ce coup de com’.

Sur l’immigration, désolée mais cela n’entre pas dans notre champ de travail. Je peux juste rappeler que l’École de la République est laïque, gratuite et obligatoire. Elle ne choisit pas ses élèves. Elle accueille tous les enfants scolarisés en France quelles que soient leur religion et leurs origines sociales. C’est pourquoi il est si important d’y interdire les signes d’appartenance religieuse. Et c’est pourquoi les questions de politique intérieure n’ont rien à y faire. Le fléau de l’École, c’est qu’en abandonnant sa mission première qui est d’instruire, juste d’instruire tous les enfants, elle s’est dévoyée. Elle s’est perdue dans des combats idéologiques et politiques. Elle doit revenir à l’essence de ce qu’elle doit être. À nous de ne pas lui en demander plus.

Alors quelles seraient selon vous les trois mesures d’urgence à appliquer, pour commencer à reconstruire notre école républicaine publique? Par ailleurs, quelles sont les missions de SOS Education exactement, d’où viennent vos financements et quels objectifs avez-vous?

SOS Éducation a proposé 30 mesures pour relever l’École française qui sont à retrouver sur notre site internet. Je vous citerai donc les trois premières, qui sont : 1/ Augmenter le niveau d’instruction en primaire 2/ Refaire de l’École un sanctuaire 3/ Restaurer l’autorité des enseignements. Bien entendu ces trois mesures en imposent d’autres en cascade pour qu’elles puissent aboutir…

Les missions de SOS Éducation sont simples. Nous rassemblons tous les citoyens qui veulent agir avec nous pour améliorer le système éducatif français. Nous défendons une École qui instruit, qui respecte l’autorité parentale, qui soutient les professeurs dans leur mission d’instruction, qui s’oppose aux idéologies présentées comme des savoirs. Nous organisons des formations pour les enseignants et des conférences grand public avec des experts sur les enjeux éducatifs. Nous produisons chaque année un travail de décryptage des risques et des enjeux sur un grand thème d’actualité afin de protéger les enfants de l’entrisme idéologique qui sévit dans les écoles. Depuis 2019, en plus de lutter quotidiennement pour une école qui instruit, nous nous sommes opposés à l’interdiction de l’instruction en famille sous couvert de lutte contre le séparatisme, nous avons exigé l’interdiction de l’écriture inclusive à l’École, nous avons demandé le retrait de la circulaire Blanquer sur l’idéologie transidentitaire qui fait croire aux enfants qu’ils peuvent être nés dans le mauvais corps ; et cette année nous agissons pour protéger les enfants des dérives de l’éducation au plaisir sexuel dès le primaire.  

Concernant notre mode de financement, SOS Éducation a été créé en 2001 et n’a jamais touché un euro d’argent public. L’association est financée uniquement par des dons de dizaines de milliers de citoyens qui croient en notre travail et soutiennent l’existence d’une association indépendante de tout mouvement politique et religieux, 100% engagée pour la cause de l’enfant: son instruction et son éducation. En 2020 puis en 2022 l’administration fiscale a considéré de manière arbitraire que l’action de SOS Éducation n’entrait plus dans le champ des associations éducatives et nous a retiré le droit d’émettre un reçu fiscal à nos donateurs. Droit que SOS Éducation avait obtenu en 2002 avec le même objet social et les mêmes activités. Cela nous asphyxie financièrement, c’est le but. Mais cela démontre que nous sommes où nous devons être, c’est-à-dire, là où l’enfance et l’École sont en danger.  

Dans Causeur, la semaine dernière, nous racontions dans un article que, concernant l’éducation sexuelle, selon les progressistes, une « panique puritaine » s’emparerait de l’école, alors que les conservateurs sont inquiets à l’idée que la « théorie du genre » y devienne officielle. Suivez-vous ces questions?

Oui, nous suivons ces questions de près. Nous avons acquis une expertise dans ces deux domaines. J’ai d’ailleurs « commis » plusieurs tribunes pour votre magazine sur ces sujets. Sur le site internet de l’association, vos lecteurs peuvent trouver de nombreuses publications sur le phénomène trans identificatoire qui cible les enfants et ses dégâts chez les mineurs. Concernant l’éducation sexuelle, qui était une obsession de Pap Ndiaye, nous avons posé la question aux parents d’élèves dans cette 3ème édition du baromètre IFOP / SOS Éducation et leur réponse est sans détour : c’est NON. 

Les 70% de parents concernés par cette réponse seront contents d’apprendre que pour les progressistes (concept assez flou tout de même), ils sont puritains et en panique ! Je vais me permettre de répondre pour eux. En panique sans doute, puritains je ne crois pas. Si être progressiste consiste à défendre l’idée qu’il est dans l’intérêt de l’enfant de lui parler de masturbation, de fellation et de sodomie en primaire, je crains qu’il n’y ait rapidement plus beaucoup de progressistes en France. La réalité est ailleurs il me semble. Toutes les occasions sont bonnes pour détourner l’École de sa mission qui est d’instruire dans un cadre sécurisé. Ces soi-disant progressistes sont les ersatz des pédagogistes, idéologues, dont les dérives ont détruit l’école publique. Plutôt que d’assumer leur responsabilité dans le délabrement de notre système éducatif, ce qu’Emmanuel Macron a appelé lors de son dernier déplacement à Marseille « hypocrisie », ils préfèrent passer vite à autre chose en occupant le terrain avec de nouvelles lubies toujours plus absurdes. Le problème c’est qu’à la fin ce sont les enfants qui trinquent. 

Nous travaillons depuis des mois avec d’éminents spécialistes sur ce sujet important. La sexualité stricto sensus n’a pas à être abordée à l’École. Nous invitons les parents à la plus grande prudence en ce domaine. La prévention OUI – La sexualisation infantile NON.

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Elisabeth Lévy: « Éducation à la sexualité dès six ans? Le risque est l’endoctrinement des enfants »

Retrouvez notre directrice de la rédaction chaque matin dans la matinale de Sud Radio après le journal de 8 heures.

Macron veut « faire nation », mais en faisant semblant

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Le réel oblige Macron à parler une langue qu’il ne maîtrise pas. Le locataire de l’Élysée a beau dire, il reste le président du mondialisme heureux…


Emmanuel Macron n’a plus les mots, tant le réel lui échappe. Dans le Figaro Magazine du 4 août, le chef de l’État a soudainement découvert l’urgence de « faire nation », comme on fait la tambouille : un cache-misère semblable au « vivre ensemble » dont il dit pourtant « ne pas aimer le terme ».

Or, comment faire nation sous la tutelle d’un président qui défend la souveraineté européenne, le consommateur remplaçable, et qui récuse l’idée de préférence nationale ? Les progressistes de l’après-guerre se pensaient malins en s’affirmant « citoyens du monde ». Ils moquaient les ploucs attachés à leur patrie, leurs traditions, leurs morts. 

« Pétainistes ! », « Fascistes ! » : ces injures restent celles des perroquets du mondialisme heureux. Ils accablent ceux qui persistent à se réclamer d’une continuité historique et d’une défiance face à l’immigration musulmane de masse. Macron est de cette lignée hors sol :  il a voulu opposer universalisme et nationalisme, progressisme et populisme. Il se croyait porté par un mouvement de fond appelé à en finir avec les peuples enracinés et les nostalgies de la France sentimentale. Mais c’est une réaction inverse qui partout dans le monde se confirme, avec le réveil des nations et des souverainetés. Le réel oblige Macron à parler une langue qu’il ne maîtrise pas.


C’est pourquoi le recentrage présidentiel sur la nation est un leurre. Sa conversion fait écho à celle, aussi peu crédible, de Jacques Attali : après avoir fait l’éloge du nomadisme et de la société sans frontière, il affirme désormais, dans un entretien d’août à Livre Noir : « il y a clairement une demande générale de sauver l’identité française (…) Il faut à tout prix défendre la langue française et l’enseignement de la culture française ». Mazette ! Cela fait un demi-siècle que des lanceurs d’alerte enfoncent ces clous, en se faisant étiqueter « extrême droite » par les laborantins de l’homme technique et indifférencié. C’est Macron qui, le 28 août 2018 en visite au Danemark, récitait : « Le vrai Danois n’existe pas. Il est déjà européen. C’est vrai aussi pour les Français ». Faire nation ne veut rien dire dans la bouche de celui qui dit en même temps vouloir poursuivre « une politique de peuplement » et persiste à affirmer faussement, dans le même Fig Mag : « Nous avons toujours été un pays d’immigration et nous continuerons de l’être ». La France de Macron fait nation comme une pension de famille fait famille. Relire Bossuet : « Le propre de l’unité est d’exclure ». Une France éclatée est vouée à disparaître. Rien n’arrêtera son saccage tant que ses maltraitants resteront au pouvoir…


La suite des Carnets d’Ivan Rioufol est à lire dans le numéro de septembre de Causeur, disponible à la vente.

Abaya: culturel ou cultuel, on l’a dans le luc!

Avec un petit mot de trois syllabes, Gabriel Attal a occulté tout ce qui, dans l’École, pose problème. Il a aussi fragmenté l’opposition, marqué sa différence avec son prédécesseur, et s’est imposé comme champion de la laïcité pure et dure. Et si l’abaya était le petit doigt qui cache la forêt, se demande notre chroniqueur ?


A-ba-ya : sans doute les petites musulmanes qui s’enveloppent de sacs-poubelles ont-elles ainsi appris à déchiffrer le français en invertissant les syllabes du traditionnel b-a-ba. Parce qu’il s’agit bien d’une perversion de la culture française. Et même pire : il s’agit d’un déni de l’essence française.

Boucliers à fondamentalistes ou ados en crise ?

Que ce tissu informe soit cultuel ou culturel m’importe peu. Il y a longtemps que les musulmans jouent de l’ambiguïté, sous prétexte que les mosquées abritent aussi une bibliothèque — ce qui leur permet de déclarer comme « associations régies par la loi de 1901 » des groupes parfaitement sectaires. Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’il s’agit d’un vêtement communautariste importé d’un Moyen-Orient où le statut de la femme sort rarement du caniveau. Que des féministes ou des LFIstes défendent le voile et l’abaya donne une idée du mépris de la femme qu’ils développent inconsciemment. Sous prétexte de draguer les « nouveaux prolétaires », comme disait Terra Nova, quitte à sacrifier sur l’autel des ambitions électorales le prolétariat français, une certaine gauche française est prête à justifier les pires dérives religieuses. Qu’en aurait pensé Karl Marx, camarades ? Vous vous asseyez sur l’aliénation de donzelles prêtes à servir de bouclier à des fondamentalistes : ce n’est pas joli-joli.

A lire aussi, Noah Sdiri: Quand les progressistes creusent leur propre tombe

D’autant que certains musulmans ont le courage de dire la vérité. « Faire de l’abaya un simple « vêtement de mode » ou le mettre sur le compte d’une simple crise d’adolescence est nier par pur clientélisme qu’elle manifeste l’adhésion à un islam politique qui poursuit un projet politique dont l’invisibilité de la femme fait partie. Le nier est a minima de l’ignorance, au pire de la désinformation et de la manipulation. Au détriment des jeunes femmes françaises musulmanes. Il s’agit là tout simplement d’une stratégie entriste pensée par les Radicaux pour leur projet politique. » Ainsi s’exprime l’imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, sur Twitter. Evidemment, les intégristes algériens l’ont immédiatement fustigé — preuve s’il en fallait que c’est bien d’une guerre que l’on parle.

Relisez la Constitution !

Le fait est que l’abaya (ou le voile, ou la qami, ou les babouches portées avec des chaussettes — une mode immonde qui fait fureur —, ou n’importe laquelle des défroques que des influenceuses subventionnées par des petits malins vantent sur les réseaux sociaux) est un vêtement communautariste. Et c’est sur ce point qu’il faut fonder son interdiction, non seulement à l’Ecole, mais dans tout l’espace public.

« La République est une et indivisible, laïque, démocratique et sociale » : c’est le premier article de la Constitution. Tout ce qui contrevient à cette unité est hors la loi. Communautariste, dans le langage révolutionnaire qu’affectionne Mélenchon, se dit « factieux ». Le Lider Maximo de la Canebière se rappelle-t-il ce que l’on faisait aux « factieux » sous la Convention ? On les divisait en deux parties inégales. Les factieux tombaient dans le panier de la bascule à Charlot.

D’autant que les gamines décervelées qui portent ces sacs sont françaises, et ne peuvent ignorer la loi française. Les extrémistes, tout comme les racailles qui dévastent régulièrement nos cités, sont français. Il faut leur appliquer la loi d’une nation « une et indivisible ».

Et de culture, il ne peut n’y en avoir qu’une, celle du pays et de la classe qui le dirige. Il n’y a pas de « culture jeune », ni de « culture musulmane » — pas en France en tout cas.

Qu’est-ce qu’un factieux ? C’est un individu qui cherche à fractionner la république. Les communautaristes ont la même ambition : créer des bantoustans islamiques, comme en Angleterre, et un jour (le Temps n’existe pas, pour une religion qui vénère un dieu incréé), réunifier le pays sous la bannière verte d’un islam unifié.

Puis régler les comptes.

Les ennemis ne respectent que la force

Ce n’est pas être islamophobe que d’écrire cela : c’est un fait. Une minorité d’activistes cherche à éparpiller la république façon puzzle. Le problème est que les musulmans qui n’adhèrent pas à cette volonté de conquête se taisent, dans leur immense majorité. Parce que c’est la peur qui est le principal levier de ces conquérants.
Eh bien, il faut que la peur change de camp. Nous n’avons pas à respecter qui veut notre disparition. Interdire l’abaya est un tout premier pas. Faire respecter par le dialogue cette interdiction sera problématique. Il faudra sans doute la faire respecter par la force — d’autant que les ennemis ne respectent en fait que la force. Poutine l’a expliqué en détail aux Tchétchènes, Xi Jinping l’explique aux minorités musulmanes chinoises.

A lire aussi, du même auteur: Enseigner l’Histoire: l’exemple chinois

Aucun Juif n’a protesté en 2004 contre l’interdiction de porter une kippa en classe. C’est que les Juifs ont toujours cherché à s’intégrer, en France, comme l’a magnifiquement raconté Pierre Birbaum en 2013 dans La République et le cochon. Mais les musulmans intégristes ne veulent surtout ni s’intégrer, ni s’assimiler. Les pédagogues qui s’insurgent contre l’enseignement d’une Histoire de France qui aurait ces objectifs sont tout bonnement des traîtres à la patrie.

J’ai par ailleurs expliqué dans une tribune du Figaro que l’interdiction de l’abaya était un joli coup de Gabriel Attal. Mais il reste bien des chantiers, autrement importants, dans l’Education nationale — entre autres réinventer l’enseignement de l’Histoire de façon à faire des Français, et pas une mosaïque d’opinions divergentes. Je doute que le nouveau ministre, qui lorgne vers la mairie de Paris, ait le temps ou l’ambition de s’y consacrer. Ce n’est pas de réformettes que ce pays a besoin : il faut renverser la table.

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Embobinage sur mesure!

À partir d’octobre, le nouveau bonus réparation textile va prendre la forme d’une remise sur la facture lorsque le consommateur choisira de faire réparer un vêtement ou une paire de chaussures abimés. Mais qui va rapiécer les dépenses publiques ? se lamente notre chroniqueuse.


Jugez un peu le texte qui suit, promulgué officiellement par le gouvernement à l’initiative de Bérengère Couillard, notre Secrétaire d’Etat au tricot chargé de l’écologie. Son objet : le bonus versé aux Français pour donner une seconde vie à leurs vêtements et chaussures. Voici le contenu intégral …

 « Prévu par la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire du 10 février 2020, dite loi Agec, ce bonus s’inscrit dans une vaste réforme de la filière textile. Tous les vêtements et chaussures (excepté les sous-vêtements et le linge de maison dans un premier temps), seront éligibles au bonus réparation. Il devra s’agir de réparation et non de retouches.

Pour bénéficier du bonus de l’État, il faudra se rendre chez les couturiers et cordonniers ayant demandés à être labellisés par l’éco-organisme Refashion. La remise sera directement appliquée sur la facture de la réparation.  Les réparateurs labélisés déclarent, sur la plateforme, au fil du mois, les factures des réparations éligibles. Au 30 de chaque mois, la plateforme de déclaration déclenche de manière automatique l’ordre de virement pour toutes les factures que le réparateur aura renseignées sur le mois. Le montant de la prise en charge est compris entre 6 et 25 € en fonction de la réparation.

Depuis juin 2023 : ouverture de la labélisation. (La labélisation est gratuite.)

À partir d’octobre 2023 : Connection à la plateforme Refashion pour déclarer le bonus réparation après validation du dossier. 

Toutes les entreprises proposant un service de réparation de textile et/ou de chaussures peuvent se faire labelliser. Pour l’heure, elles sont 250 à avoir déposé un dossier. Le gouvernement vise un objectif de 500 artisans, réseaux de franchisés ou assimilés, réparateurs à domicile, acteurs digitaux et ateliers de réparation des marques labellisés d’ici la mi-octobre pour mettre en place le bonus. Le bonus réparation du secteur textile sera financé par un fonds doté de 154 millions d’euros sur la période 2023-2028, a indiqué la secrétaire d’État pour accroître de 35% le nombre de produits textiles et chaussures réparés. La réforme s’appuie notamment sur le milliard d’euros d’éco contributions des producteurs, importateurs et distributeurs qui devraient être dégagé sur la période 2023-2028 en vertu du principe du « pollueur-payeur ».

Les questions de Sophie de Menthon

Cela mérite bien quelques commentaires cousus de fil blanc :

D’abord, la dénomination « Refashion » : bravo pour l’anglicisme, ni français ni anglais, juste un barbarisme. Qu’est-ce que la refashion ? il faudra penser à le demander à la Ministre de la Transition Écologique.

Un peu d’économie basique : le secteur du prêt-à-porter va mal, et justement pour y remédier, on dissuade les gens d’acheter, un peu sur le principe de la décroissance ? Sachant que les enseignes suivantes viennent de déposer le bilan : Tati, Camaïeu, Pinkie, Kookai, San Marina – et qu’on apprend maintenant que Naf Naf est en liquidation judiciaire… Ceux qui restent vont peut-être être subventionnés pour compenser l’incitation à ne pas acheter dans leurs boutiques, mais à raccommoder les vieux vêtements ? Ne serait-ce pas une injonction contradictoire ou une politique de Gribouille…

La démarche administrative est kafkaïenne, comme d’habitude. Quel est le coût des fonctionnaires dédiés ? des recherches, des agréments… et des contrôleurs ? La DGCCRF a-t-elle prévu d’ouvrir un département lié au contrôle de conformité entre la réparation et la retouche ? Faudra-t-il attendre une éventuelle décision du conseil d’État pour qu’une jurisprudence précise la différence entre une réparation et une retouche ? Nous notons une discrimination des sous-vêtements « pour l’instant »… Sachant que la mode incite à porter les soutiens-gorge par-dessus le vêtement ! alors ? Et qui va juger de la nature de ce qu’est un sous-vêtement ? Et un Damart ? Quant au linge de maison ? Pourquoi donc votre couette déchirée est-elle exclue ? Il est également question de ressemelage : mais 90% des jeunes portent des « sneakers » (donc non re-semellables !)

Mettons ChatGPT à l’ouvrage !

Dans cette histoire, il y en a toutefois certains qui se frottent déjà les mains. Ce sont les 250 réparateurs qui ont déposé un dossier. En plus, cette loi anti-gaspi leur permettra vraisemblablement d’augmenter leurs prix, puisque le client paiera moins cher ! On vise aussi des « acteurs digitaux »… et là je donne ma langue à la couturière ou à Chat GPT? On nous explique, enfin, que c’est « en vertu du principe pollueur payeur » que l’on met tout cela en place: voilà qui va réjouir Sandrine Rousseau qui ne s’est malheureusement pas exprimée sur le sujet, alors que c’est toujours réjouissant de l’entendre. C’est son mari déconstruit qui tente de raccommoder les morceaux peut-être ?  

Résumons :

1) Quand je fais un accroc, je pollue parce que je peux envisager de ne plus porter mon vêtement et d’en acheter un autre… mais, avant de le jeter, pourtant, j’avais pensé à le réparer moi-même sans me faire rembourser…   

2) Donc, désormais, il ne nous faut plus rien recoudre soi-même. Plus de travaux d’aiguilles – l’État préfère payer et libérer la femme ! mais la femme au foyer, peut-elle se faire labéliser ? Ou l’homme, pardon…

3) À quoi rime un « objectif de 35% de produits réparés », et lesquels ? Si j’achète un jeans troué à la mode, puis-je déduire la réparation, et je refais le trou après ?

Je cherche encore de quelle éco contribution on nous parle pour les « producteurs, importateurs et distributeurs » évoqués dans ce texte ineffable ? En revanche, évidemment, rien n’est dit sur qui va rapiécer les dépenses publiques…

La France sens dessus dessous !: Les caprices de Marianne

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Je refuse qu’on découpe la France en tranches électorales

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Rien ne m’apparaît plus contraire à la grandeur de notre pays, que ce soit dans la pratique du pouvoir ou dans la volonté de le conquérir, que ce morcellement auquel on consent d’autant plus volontiers que tout démontre qu’on est incapable de proposer une plénitude à la France


Pour refuser cette France en tranches électorales, il n’est pas nécessaire d’être nostalgique d’un de Gaulle qui affirmait la primauté de l’unité de notre pays sur la droite et la gauche. Il n’est pas nécessaire non plus de s’indigner d’un prétendu dépassement de la droite et de la gauche en 2017, qui a abouti, au fil des années, à une France de plus en plus éclatée, aux antipodes du rassemblement initialement promis. On a le droit, simple citoyen épris de la chose politique, de dénoncer des stratégies présidentielles qui, au lieu d’appréhender notre pays comme une communauté à l’égard de laquelle la pensée et les projets doivent être globaux, se flattent de le courtiser de manière parcellaire, catégorie par catégorie, une part des citoyens ici, une autre là, comme s’il était un immense gâteau qui, découpé, offrirait à chaque candidat sa chance, son pré carré.

Darmanin et Ruffin à l’assaut du vote populaire

Je ne crois pas exagérer mon propos puisque, au cours de ces derniers mois, on insiste sur ce que Le Monde résume justement par ce titre : « De Darmanin à Ruffin, l’appel du pied aux classes populaires« . Celles-ci, dans leur définition sociologique et économique, représentent 22 % de l’électorat. On peut remplacer « populaire » par « social ». L’idée est la même. Il faut réduire l’influence du RN sur ces Français pour lesquels la fin du mois est de plus en plus un problème, qui se voient dépouillés des services publics essentiels, abandonnés et pourtant moqués pour leur révolte qui serait populiste, voire fasciste, en tout cas toujours « nauséabonde ». L’objectif est de les faire revenir dans la case démocratique acceptable.

Rien ne m’apparaît plus contraire à la grandeur de notre pays, que ce soit dans la pratique du pouvoir ou dans la volonté de le conquérir, que ce morcellement auquel on consent d’autant plus volontiers que tout démontre qu’on est incapable de proposer une plénitude à la France. Non par défaut d’intelligence mais à cause de cette prétendue fatalité de la politique, qui contraindrait à raisonner pour partie (ou parti ?) au lieu d’assumer le tout.

A lire aussi: Rentrée littéraire: vous ne passerez pas à côté de Sarkozy!

Je perçois l’extrême difficulté des idéologies extrêmes à se départir d’une vision qui les incite à cliver, à distinguer, à ostraciser. Prenons par exemple la situation du parti communiste : la chaleureuse personnalité de Fabien Roussel ne fait pas oublier que dans son programme, même avec une lutte des classes attiédie, les patrons, les possédants, sont obsessionnellement ciblés, comme s’ils étaient presque coupables d’exister, selon une veine communiste encore plus révolutionnaire que réformiste.

LFI permet, sur le mode vindicatif, une illustration encore plus éclairante pour certaines de ses exclusions radicales.

Triste habitude

La campagne pour 2027, telle qu’elle se présente déjà, ne dérogera pas à la triste habitude de sectoriser ce qui devrait être généralisé, de s’acharner à cultiver sa clientèle de prédilection, de remplacer, en quelque sorte, la cause de la France par celle de son ambition réduite à son expression la plus pragmatique. Si je me trompe, égaré par un pessimisme excessif, j’en serai le premier satisfait.

Qu’on se penche sur le passé ou qu’on se fonde sur les attentes populaires, il est cependant clair que la société française n’a été véritablement convaincue par une campagne présidentielle (avec un taux de participation de 80%) qu’en 2007 quand Nicolas Sarkozy lui a présenté son projet. L’universel enrichissait les mesures particulières. Le candidat avait su concilier le meilleur de la droite et de la gauche, dans un mouvement qui, sortant de l’épicerie partisane, laissait espérer de l’élan, de l’épique.

Pour l’avenir, si les Français plébiscitent le référendum, ce n’est pas seulement parce qu’ils éprouveraient une fringale démocratique, c’est plutôt que ce mode de participation du peuple à son destin susciterait un souffle collectif que la vie politicienne aurait été inapte à provoquer. On admire trop volontiers certains comportements anciens. On ne s’en sert pas comme exemples, tels des modèles à imiter mais comme un idéal impossible à atteindre. Charles de Gaulle est devenue la consolation nostalgique d’une France instrumentalisée en tranches électorales. Le citoyen n’est pas à la disposition des politiques, une multitude à instrumentaliser, mais ils se doivent de le servir.

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Quand un pays ressemble encore à l’image que l’on se fait de lui…


Il est bon parfois de communier avec ses icônes. De retrouver dans la chaleur romaine d’une fin d’été, les bases solides d’un pays qui ne trahit pas totalement ses mythes et ses traditions. Qui n’a pas versé abusivement dans une automatisation et une uniformisation à outrance. Qui conserve un sens du service développé et une forme d’humanité rieuse, taquine, à la limite du persiflage, qui rend les rapports moins électriques et surtout moins conflictuels. Et pourtant, qu’il est difficile, voire impossible de résister au rouleau compresseur de la ville occidentale calibrée, indifférenciée, numérisée, à la fois quelconque et anxiogène, où toutes les boutiques se ressemblent et où les aliments ont le même goût lyophilisé. En dépassant les Alpes, le Français habitué à un abaissement généralisé de son niveau de vie, qui doit faire face à un délitement intellectuel et commercial conjugué, se surprend à observer chez ses voisins, des gestes du quotidien disparus depuis des lustres. Des habitudes de consommation qui pour des élites déconstruites sembleraient insignifiantes, mais qui pour un simple citoyen revêtent une portée extraordinaire. C’est à l’aune de ces « minuscules » attentions que l’on prend notre déclassement en pleine poire. Il y a encore en Italie, des barrières contre la déshumanisation galopante, des prestations dignes des années 1950 qui éblouissent par leur simplicité biblique. Il ne s’agit pas ici d’une étude approfondie, sociologique, à vocation universitaire, simplement le constat banal d’une réalité qui fait mal. Les exemples sont à portée de main, pullulent à chaque coin de rue, et l’on se rend compte que nous autres Français, avons perdu la bataille du savoir-faire et du savoir-être depuis trente ans, que notre réputation de gastronome et d’élégant, de filières d’excellence et de traçabilité sécuritaire reposent sur un mensonge. Aurions-nous été mystifiés ? Le « Made in France » fait sourire de rage lorsqu’on le compare au « Made in Italy », à sa puissance économique, à sa diversité locale et à son enracinement. Promenez-vous dans les couloirs de Fiumicino et ceux d’Orly, et vous constaterez, à l’heure du déjeuner, un décalage de civilisation. Partout à l’aéroport de Rome, vous pouvez manger de la « vraie » nourriture, préparée sous vos yeux ; des pâtes, des pizzas, des salades et non pas d’insanes sandwichs ou des produits empaquetés, conditionnés et servis avec une évidente mauvaise volonté ; un affront à notre héritage boulanger et pâtissier. Nous vivons au royaume des hypermarchés et de la standardisation, des ronds-points et des éoliennes, des interdictions et d’une littérature en poudre. Tout semble si fade, si fat dans notre hexagone après un séjour passé en Italie. Nous sommes embourbés dans d’asphyxiantes directives administratives et soumis aux lobbys gloutons. En France, nous avons certes de grands chefs et nous mangeons collectivement, majoritairement de la nourriture industrielle, réchauffée et préparée en laboratoire. Il serait discourtois d’oser mettre sur le même plan de très nombreuses brasseries parisiennes et les trattorias romaines. Déguster des rigatoni all’amatriciana ou des tonnarelli cacio e pepe, des plats classiques du répertoire, nécessitant que peu d’ingrédients et une rudimentaire bassine d’eau chaude relèverait d’un défi insurmontable à Paris où un céleri rémoulade de bonne facture devient un « petit luxe ». En résumé, pour quelques euros, il est possible de s’offrir une nourriture réelle, non déconnectée du vivant. À force de vouloir notre bien, notre santé, notre servilité, nous avons oublié le sens du bon et du beau, du fait-maison et du partage.

A lire aussi, du même auteur: Une soirée d’été avec Pino d’Angio

Nous sommes penauds et un peu désemparés de la persistance d’un pompiste (un humain donc) qui vous sert de l’essence, une incongruité énorme, une aberration quasi-historique. En Italie, le self-service n’a pas gangréné les mœurs. On peut se demander jusqu’à quand les digues feront office de rempart culturel. Étrange expérience également pour un Parisien d’aller à la Poste centrale de Rome. Point de machines à affranchir soi-même, mais bel et bien un guichetier à l’ancienne, derrière un comptoir qui prend soin de coller lui-même des timbres (de collection) sur vos cartes postales. Vous croyez rêver. Vous vous demandez combien pourrait vous coûter une telle délicatesse en France. De toute évidence, un pays où un taxi vous ramène à 150 km/h sur l’autoroute a toute mon affection, mon indulgence et ma partialité. Un pays où Adriano Panatta commente le foot à la télé me ravit. En rentrant en France, on peut se consoler en allant voir le film « Seconde jeunesse » avec Stefania Sandrelli encore à l’affiche dans quelques salles et puis écouter les standards de Toto Cutugno.

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Manhattan-Kaboul

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D.R.

Les lieux de culte musulmans de New York, aux États-Unis, pourront désormais diffuser le bruyant appel à la prière des muezzins du vendredi midi et durant le Ramadan.


À ce stade, l’annoncer le 11 septembre pour le 22ème anniversaire de la destruction des tours jumelles n’aurait pas été tellement plus explicite ! Sous les applaudissements des islamistes du monde entier (et de leurs alliés et idiots utiles habituels), le maire de New York vient de permettre aux communautés musulmanes de sa ville de faire retentir les appels à la prière du muezzin tous les vendredis, et tous les jours de ramadan pour la rupture du jeûne, sans demander d’autorisation préalable et en s’affranchissant des contraintes légales habituelles sur le niveau sonore à ne pas dépasser. Car se faire entendre ne suffit pas, il faut se faire entendre plus fort que les autres…

Eric Adams, un maire ultra-inclusif

Clientélisme électoral vis-à-vis des 275 mosquées du Grand New York et de leurs fidèles ? Pas seulement. Le maire actuel, Eric Adams, semble avoir une vision résolument communautariste de sa ville – selon lui, son expérience de policier afro-américain lui aurait montré que la sécurité n’est possible que si les communautés s’y impliquent directement, et c’est ainsi qu’il explique sa proximité passée avec le mouvement Nation of Islam de Louis Farrakhan, notoirement raciste et antisémite : il n’y aurait vu qu’un service d’ordre efficace pour tenir les quartiers « sensibles ». Si c’est vrai, c’est d’une naïveté confondante.

« Nous voulons que nos frères et sœurs de confession musulmane sachent qu’ils sont libres de vivre leur foi à New York, car désormais en vertu de la loi nous serons tous traités de la même manière. » a-t-il déclaré. Intéressante affirmation, et confusion révélatrice : « nous serons tous traités de la même manière », vraiment ? Je doute que dans l’Amérique de l’après #MeToo une idéologie autre que l’islam qui enseignerait au sujet des femmes ce qu’enseigne la sourate n°4 serait autorisée à diffuser sa publicité dans toute la ville de New York.

Privilège non blanc

Mais l’islam bénéficie d’un privilège exorbitant : partout en Occident les progressistes ferment les yeux sur la réalité de son idéologie, de ses enseignements, et de ce à quoi il conduit le monde musulman. Partout, on fait comme si l’islam n’était qu’une sorte de christianisme exotique, de surcroît innocent de tous les crimes commis au fil des siècles par le christianisme – mais n’ayant évidemment lui-même commis aucun crime, pas d’amalgame, c’est pas ça l’islam, et prétendre juger les actes des musulmans avec les mêmes exigences morales que les actes des chrétiens serait de l’ethnocentrisme, du néo-colonialisme, et une marque de suprémacisme blanc, entre autres horreurs inexpiables.

La Ligue Islamique Mondiale peut donc se féliciter de la décision de la ville de New York et poursuivre sa campagne publicitaire visant à se présenter comme à la pointe de la coexistence pacifique entre communautés, sans que personne ne songe à lui demander pourquoi on peut entendre des muezzins à New York, mais pas de cloches d’églises à Riyad. L’Arabie Saoudite peut condamner un homme à mort pour quelques tweets – et surtout pour faire pression sur certains membres de sa famille, opposants au régime exilés – tout en recevant les hommages de dirigeants occidentaux par ailleurs très prompts à pousser des cris d’orfraie sous n’importe quel prétexte contre des pays comme la Hongrie ou la Pologne. Et bien sûr, autre exemple d’actualité, la gauche française hurle massivement à l’islamophobie au sujet de l’interdiction de l’abaya, qui n’est pas un vêtement musulman mais dont l’interdiction stigmatise les musulmans… N’essayez surtout pas de trouver la moindre logique dans les slogans de la Nupes, ils ne sont que l’habillage de leur haine de notre histoire et de notre identité. Pour être justes, notons que ceux qui soutiennent l’interdiction de ce vêtement ne font pas forcément mieux, en brandissant la laïcité devant les vagues montantes de l’islamisation comme ils brandiraient une gousse d’ail devant une horde de vampires. Le problème de l’islam (du moins de l’islam orthodoxe) n’est pas qu’il soit religieux, mais qu’il œuvre à un projet de société radicalement contraire aux fondements anthropologiques et philosophiques de notre civilisation, et à tout ce qu’un minimum de décence impose en termes de sens moral – si vous en doutez, lisez la sourate 4 et la sourate 9, et rappelez-vous que pour les quatre courants orthodoxes du sunnisme ces textes sont la parole divine « dictée, éternelle et incréée », présentée aux fidèles comme la source normative suprême à laquelle ils doivent se référer pour guider leurs vies. La promotion d’une idéologie qui enseignerait la même chose en se réclamant d’un projet politique plutôt que religieux, du même texte conçu par un penseur humain plutôt que dicté par un « dieu », n’aurait pas davantage sa place dans nos établissements scolaires.

Privilège islamique, dont les islamistes usent à l’envi, et pourquoi s’en priveraient-ils ? L’expansion conquérante de l’islamisme ne peut pourtant s’arrêter que si le reste du monde y met un coup d’arrêt.

Louis de Bourbon sur les traces des martyrs de Vendée

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Le prince Louis de Bourbon, Chef de la Maison de Bourbon (Louis XX), 2 septembre 2023, Vendée D.R.

Prétendant au trône de France, le prince Louis-Alphonse de Bourbon s’est rendu en famille au Mont des Alouettes afin de commémorer le 200e anniversaire de la chapelle érigée en mémoire des martyrs des Guerres de Vendée.  Une visite qui a mis en colère les mouvements et syndicats de gauche. Récit.


Durant toute la période de la Révolution française, la Vendée a été le théâtre d’une violente guerre civile qui a opposé les « Bleus » (républicains) aux « Blancs » (royalistes), traînant derrière elle des centaines de milliers de morts. Un conflit qui a également laissé des traces profondes dans le subconscient des Français et dont les responsabilités continuent toujours de diviser les historiens (« génocide » ou « populicide », la question demeure toujours sans réponses aujourd’hui). Afin d’honorer la mémoire de ceux tombés au champ d’honneur « pour le Roy », l’association Jubilé de Vendée a organisé des festivités autour de la chapelle du Mont des Alouettes dont on fête le 200ème anniversaire de la construction. 

Un localité liée au royalisme depuis longtemps

Le lieu est indissociable de l’histoire des Guerres de Vendée et de celle du royalisme. Situé à quelques kilomètres du Puy du Fou, le célèbre parc d’attraction historique du « vicomte » Philippe de Villiers, c’est au Mont des Alouettes que les soldats de l’Armée catholique et royale s’étaient rassemblés après leur brève victoire de Fontenay-le-Comte (1793). Ses moulins caractéristiques ont longtemps indiqué aux royalistes la position de leurs ennemis avant que ceux-ci ne s’en aperçoivent et ne les détruisent tous. Lorsque la monarchie est restaurée, à la chute du Premier Empire (1815), la duchesse d’Angoulême manifeste sa volonté de rendre hommage aux centaines de milliers de Vendéens qui se sont levés en faveur des Lys de France. Fille de l’infortuné Louis XVI, elle va être associée à la construction d’une chapelle de style néo-gothique dont la mission sera de « perpétuer le souvenir d’une époque à jamais mémorable ». Les travaux vont prendre plusieurs années, stoppés par les vicissitudes de l’Histoire, avant d’être repris et terminés définitivement au cours de la seconde moitié du XXe siècle. C’est aussi au Mont des Alouettes que l’Action française de Charles Maurras organisera une grande manifestation, 60 000 personnes, afin de démontrer sa force politique, en 1926.

Un banquier favorable aux gilets jaunes

Invité par diverses associations du souvenir ou militantes, c’est en « guest star » que le prince Louis-Alphonse de Bourbon s’est rendu dans ce lieu prestigieux, accompagné de son épouse et de ses quatre enfants (une première de mémoire de légitimistes, les partisans du duc d’Anjou). Descendant de Louis XIV, il est un des prétendants au trône de France. Si ses visites en France sont rares (il vit à l’année en Espagne) et peu médiatisées, il publie de nombreuses tribunes dans divers magazines et sur ses réseaux sociaux où il est suivi par des milliers de personnes. En 2018, il a créé le buzz en soutenant le mouvement des gilets jaunes. A la tête de plusieurs entreprises, ce banquier est aussi connu pour ses positions conservatrices dont il ne fait pas mystère (il a récemment participé à une marche pro-vie). Arrière-petit-fils du général Francisco Franco (qui a dirigé l’Espagne de 1939 à 1975), dont il assume publiquement l’héritage, l’aîné de la Maison de Bourbon est également proche du mouvement Vox dont le leader Santiago Abascal est un ami personnel. 

Les antifas appelés à venir protester habillés en gueux

Ce 2 septembre, ils étaient quelques centaines à s’être rassemblés autour de « Louis XX ». Durant la messe traditionnelle conduite par le père Louis-Marie de Geyer d’Orth, abbé de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux, dont la soutane était ornée du Sacré-cœur, dépôt de gerbe sur la stèle érigée en mémoire de Louis XVI, le prince Louis-Alphonse de Bourbon a été largement acclamé par les participants après avoir déclaré que « la Vendée permettait de comprendre la grandeur d’une région qui a su tout donner pour conserver ses valeurs ». Souhaitant que « son esprit continue à animer les Français pour affronter les combats du futur », sa présence à cette commémoration (où se sont retrouvées toutes les générations) a été selon lui, « l’occasion d’évoquer la mémoire d’un soulèvement et, plus encore, celle de ce que ce soulèvement représentait d’audace et de clairvoyance ». Ce n’est pas la première fois que le prince Louis-Alphonse de Bourbon se rend d’ailleurs en Vendée, cette « terre meurtrie à l’Ouest » de la France comme il l’a rappelé dans son discours, suivant les pas de son père. Se voulant fidèle « à la mémoire des Vendéens de toute condition, qui ont tout sacrifié pour leur foi catholique, leur attachement à la royauté très chrétienne et à sa famille », dans un précédent message rédigé à l’attention des Français, le prince s’est fait l’écho de leurs inquiétudes. « La France a progressivement vu sa souveraineté amoindrie, son rôle diplomatique diminué, ses industries sacrifiées au jeu d’une mondialisation mal comprise, son système éducatif malmené, ses services publics bradés au point de disparaître plus ou moins dans nombre de territoires. Ainsi, l’amoindrissement de sa souveraineté -cet élément essentiel qui a été le cœur de l’action des rois de France, des premiers jusqu’à Charles X- a fait que la voix de la France est de moins en moins audible dans le concert des nations » affirme Louis-Alphonse de Bourbon

Une commémoration qui a irrité les mouvements de l’ultra-gauche et les syndicats qui ont officiellement dénoncé un regroupement « d’ultra droite fasciste », organisé « par des associations et collectifs royalistes, révisionnistes, catholiques intégristes, LGBT+phobes » comme l’écrit le site Actu.fr. Un collectif antifasciste collectif, dans lequel on retrouve la CGT, Attac ou encore les anarchistes de Bast’Yon, a même accusé ce rassemblement de « propager ses idéologies haineuses, discriminatoires, violentes et révisionnistes » tout en appelant ses partisans à venir manifester, « habillés en gueux et gueuses, avec des fausses fourches afin de bouter les seigneurs hors de nos terres, (..) dans le but de tourner en dérision le royalisme et la droite ». Une manifestation qui a toutefois fait un flop selon le quotidien Ouest France qui a évoqué à peine 80 personnes hurlant au loup aux herbiers. Pas de quoi faire trembler Louis-Alphonse de Bourbon qui a terminé cette journée en se prêtant aux habituelles photos de circonstance sous les cris de « Vive le roi !». En France, 17% des français seraient  favorables au retour de la monarchie selon un sondage BVA daté de 2016.

La spirale du désir

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Diane Kruger dans "Visions" (2023) de Yann Gozlan © SND

Un thriller français dans les airs, avec Diane Kruger et Mathieu Kassovitz.


Être une femme pilote de ligne sur des vols longs courriers assure de bons revenus, surtout quand s’y ajoutent ceux d’un mari chirurgien : dominant la baie de Menton, la maison high-tech avec piscine à débordement du beau couple Diane Kruger-Mathieu Kassovitz est vraiment classe. Madame roule en Porsche, Monsieur en grosse moto Triumph vintage.

Quand la routine se dérègle

Réglée sur le rythme des vols, l’entraînement sportif quotidien, les évaluations par chat virtuel sur son PC et autres exercices sur simulateurs imposés par la compagnie à ses pilotes, la vie d’Estelle est chronométrée. Jusqu’aux minutes consacrées à faire l’amour avec Guillaume sont comptabilisées, car les périodes de fertilité de l’épouse sont mises également sous étroite surveillance, le mari aspirant à faire à sa chérie l’enfant de l’amour qui se fait attendre.

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Ce minutage intégral se dérègle dès l’instant où, dans un aéroport où elle est sur le point d’embarquer, la ravissante commandant de bord retombe sur Ana (Marta Nieto), ancien amour lesbien perdu de vue depuis vingt-cinq ans. Vertige libidinal qui refait surface et finit par s’emparer d’Estelle, habitée par des cauchemars prémonitoires, tandis que les liens se resserrent avec cette artiste photographe érotomane et délurée qui a investi, en bord de plage, une maison de style moderniste, où elle poursuit son travail créatif, consistant à saisir l’acmé du coït (mâle et femelle) dans l’objectif…  


Enveloppé de bout en bout dans le manteau d’une musique tout à la fois lyrique et oppressante, Visions prolonge manifestement l’intérêt très vif que porte le cinéaste Yann Gozlan au monde de l’aéronautique, à ses dérèglements et à ses défaillances, dans le sillage de Boîte noire, film plutôt réussi dans lequel on se souvient que Pierre Niney, il y a trois ans, campait un analyste de sécurité chargé d’enquêter sur une catastrophe aérienne…

Cette critique a été écrite avant l’accident de moto de M. Kassovitz

Thriller oppressant habilement scénarisé, Visions ne se dispense pas de citations cinéphiliques, depuis le chignon blond d’Estelle évoquant irrésistiblement celui de Madeleine, campée par Kim Novak dans Vertigo, le chef-d’œuvre d’Hitchcock, jusqu’à la spirale irrationnelle qui, à l’instar de Naomi Watts et Laura Harring dans Mulholland Drive, le film de David Lynch, se renforce du contraste capillaire entre l’or et le brun de leurs toisons respectives… Entre parenthèses, on se plait à imaginer ce qu’un Almodovar aurait pu faire d’un tel script, transposé avec un pilote gay, mais marié, fantasmant sur son ancien boyfriend au point d’en perdre la raison…

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Au-delà de ses vertus divertissantes, Visions est une mise en appétit particulièrement efficace : on va revoir Diane Kruger l’an prochain dans The Shrouds, de David Cronenberg. Quant au réalisateur de La Haine, et dix ans après son dernier film L’ordre et la morale, Matthieu Kassovitz, qui lâchait élégamment: « j’encule le cinéma français, allez-vous faire baiser avec vos films de merde », signe maintenant, sous le titre Mind Fall, un long métrage de science–fiction parlé en anglais, produit aux États-Unis, et dont l’action se déroule à Londres, avec la photogénique Daisy Ridley dans le premier rôle. On attend de voir.


Mise à jour : Souhaitons à Matthieu Kassovitz déjà un prompt rétablissement après son accident de dimanche. La moto, c’est plus dangereux que le cinéma


Visions. Film de Yann Golzan. Avec Diane Kruger, Mathieu Kassovitz, France, couleur, 2023.  Durée : 2h. En salles le 6 septembre 2023

Rentrée littéraire: vous ne passerez pas à côté de Sarkozy!

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L'ancien président français Nicolas Sarkozy et son épouse Carla, Venise, 2 septembre 2023 © Anna Maria Tinghino/SIPA

Le dernier bouquin de Sarko se vend bien. Nous l’avons lu pour vous. On y apprend que l’ancien président déteste les conservateurs.


Il fut un temps où les monarques présidentiels prenaient soin de mourir peu de temps après la fin de l’exercice de leur mandat… À défaut de respecter tout à fait la phrase rituelle « Le roi est mort, vive le roi », Charles de Gaulle et François Mitterrand, pas insensibles à la question royale durant leur jeunesse, s’éteignirent l’année qui suivit leur départ de l’Élysée. Georges Pompidou, qui avait un jour cité Maurras devant les élèves de Sciences-Po, décéda, lui, en plein exercice présidentiel. Depuis, l’allongement de l’espérance de vie, le quinquennat, l’élection de présidents de plus en plus jeunes, la limitation des mandats présidentiels (qualifiée dernièrement de « funeste connerie » par le président Macron), les difficultés des présidents à se faire réélire, tout cela a contribué à l’accroissement du nombre d’anciens chefs de l’État encore en vie et en grande santé. Pour s’occuper, Nicolas Sarkozy, par exemple, « donne » des conférences à travers le monde, participe au conseil d’administration des hôtels Accor et surtout, il avance dans l’écriture de ses mémoires. Difficile, en cette rentrée, de passer à côté de l’ancien chef de l’État, dont la tête apparait à l’arrière des bus, sur les étals de la FNAC, à la manière d’un Bachir Gemayel dans le Beyrouth-Est des années 80, avec la sortie du Temps des combats (Fayard), qui répond au Temps des tempêtes (a priori, il n’y a de contrepèterie entre les deux titres).

Imaginons la France d’après

L’ouvrage, qui revient sur les années 2009-2011, cartonne. D’après Le Point, il s’en est écoulé 24 000 exemplaires en une semaine depuis sa sortie. La Baule, Port Leucate, Biarritz, Arcachon, Saint-Raphaël : l’ancien président a pour l’instant fait la tournée des stations balnéaires chics pour rencontrer ses lecteurs. Voilà de quoi nous remettre dans l’ambiance des années Sarkozy, époque de grande passion politique, à la fois chez ses partisans mais aussi chez ses adversaires.

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Il faut un effort de mémoire pour tout à fait se souvenir de ce que fut le moment Sarkozy. A l’instar d’un vieux téléphone Nokia, dégainé comme un indice d’ultra-futurisme dans les films de la fin des années 90 mais qui apparaît après rediffusion comme un gadget suranné, presque rigolo, le sarkozysme (et son slogan « la France d’après », digne d’un film de science-fiction) fait parfois l’effet d’un objet jadis à la pointe de la modernité mais auquel on finit par trouver un charme kitsch et désuet. Souvenons-nous : pendant cinq ans, ce fut un tourbillon quotidien d’idées, de déplacements, de transgressions, qui donnait le tournis. On a eu l’impression de se retrouver dans ce cartoon où un diable de Tasmanie tourbillonne sur lui-même et dévale à toute berzingue dans le bush australien, à grand renfort de borborygmes pas toujours audibles. La victoire de son successeur dut moins à son sensationnel charisme qu’au désir des Français, secoués de toutes parts, de sortir (un temps au moins) du train-fantôme.


2008 avait été la grande année du « un jour, une idée ». La crise russo-géorgienne puis la crise financière avaient donné au président sa dose d’adrénaline, son véritable moteur, sans lesquels il s’appesantissait dans les petitesses de la vie politique intérieure. Séisme d’Haïti, tempête Xynthia, printemps arabes, tsunami de Fukushima : la période immédiatement suivante ne fut pas exempte non plus de secousses et de tourbillons…

Distribution des bons et des mauvais points

On sent parfois que le livre a été écrit un peu rapidement. Toutes les tournures ne sont pas élégantes, par exemple : « Je devais annoncer une initiative politique forte pour tenter de reprendre l’initiative ».
Quand il écrit : « La période de la crise financière fut d’une rare intensité. J’étais littéralement par monts et par vaux », faut-il imaginer le président sortir du conseil des ministres et arpenter vraiment vallées, vallons et collines à la recherche de solutions ? 
Concernant le conflit israélo-palestinien, il se mouille : « À ceux qui trouveront mon propos irréaliste ou idéaliste, je répondrai qu’il y a tout à gagner dans la paix et tout à perdre dans la guerre ». Des propos qui pourraient inspirer la prochaine Miss France !

La lecture du Temps des combats offre moins une vision intelligible de cette période historique et une compréhension des arcanes du pouvoir qu’une distribution des bons et des mauvais points. Le quasi-adoubement de Gérald Darmanin a déjà été beaucoup commenté : il est vrai que le spectacle d’un ministre de l’Intérieur jouant sa partition dans la majorité pour préparer le coup d’après nous ramène tous vingt ans en arrière. Laurent Wauquiez, lui, a droit à une appréciation digne d’un carnet de notes : « [je l’]ai toujours considéré comme le plus brillant de sa génération. Je n’ai pas changé d’avis. À lui maintenant de savoir se mettre en danger en sortant de sa zone de confort. Il le peut s’il le veut ».

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Pendant ces années, à l’international, Obama, très soucieux de ne prendre aucun risque qui égratignerait son image, et qui avait fait le forcing pour que l’UE accepte la Turquie en son sein, n’a pas laissé une très grande impression au président français. Quant à Angela Merkel, sa tiédeur et son conservatisme contrastaient avec l’agitation sarkozyenne. Mais finalement, le binôme a su constituer un tandem au moment de la crise des dettes souveraines. Étrangement, dans le monde, Sarkozy s’est trouvé surtout à l’aise avec la gauche, en tout cas avec les Britanniques Tony Blair et Gordon Brown. Confronté à des socialistes français bloqués sur « des convictions de l’époque paléolithique » (plus tard dans l’ouvrage, il fait toutefois l’éloge des grottes de Lascaux, signe qu’il n’est pas totalement hostile aux hommes préhistoriques !), Sarkozy peut composer, une fois le Channel franchi, avec des travaillistes modernes, « plus à droite » que lui en économie. Il est vrai que le sarkozysme fut un bougisme, pour ne pas dire un agitationisme : lui-même ne cache pas son « besoin irrépressible de mouvement, de voyages, de découvertes ». Peu de termes sont plus péjoratifs dans le vocabulaire de Sarkozy que celui de « conservatisme », associé notamment aux syndicats, à la bureaucratie et à la gauche en général.
Parmi les figures internationales les plus appréciées, figure aussi le président brésilien Lula, avec lequel la France mit en place des coopérations. L’occasion de faire l’éloge d’une personnalité politique expérimentée revenue aux commandes après des démêlés avec la justice. Toute ressemblance avec l’ancien président français serait purement fortuite…

Des porte-flingues flingués

Il y a un paradoxe Sarkozy. Phénomène apparu à la fin de l’ère Chirac, le sarkozysme offrait une double promesse : secouer une vieille droite endormie, pleine de tabous ; et affronter la gauche, éloignée du pouvoir depuis le 21 avril 2002 mais qui avait gardé de puissants relais dans la culture et les médias, et donc, de phénoménales capacités de nuisance pour le pouvoir en place. Sarkozy avait fait son compte à la vieille droite chiraquienne en 2007 mais il restait à cette dernière, à travers Jean-Pierre Raffarin et Alain Juppé, critiques notamment au moment du débat sur l’identité nationale, quelques beaux restes. Ceux-ci, avec le temps, avaient constitué une sorte de « gauche bis » : « Le pire était qu’ils pensaient sincèrement ce qu’ils disaient. La gauche avait réussi à les intoxiquer plus profondément qu’ils ne l’imaginaient eux-mêmes ». Quant à la gauche, elle est brocardée toutes les cinq pages, avec des mentions spéciales pour Ségolène Royal et François Hollande. Concernant Hollande, Sarkozy ne semble pas s’être remis d’avoir perdu contre un adversaire aussi médiocre à ses yeux. On se demande contre quel opposant la défaite eût été plus flatteuse ; peut-être aucun : même DSK ne trouve pas tellement grâce à ses yeux.


L’ancien président a assumé une confrontation pleine et totale avec la gauche, ce qui avait le don de mobiliser ses supporteurs survoltés. Certaines phrases du livre, notamment sur les profs grévistes et syndiqués, semblent d’ailleurs écrites pour casser l’applaudimètre d’un meeting à Nice ou à Perpignan. Et en même temps, il y a eu chez Sarkozy un désir de reconnaissance de la part de la gauche, et surtout de la gauche culturelle, désir qui s’est exprimé au moment de la nomination de Marin Karmitz à la tête du Conseil de la création artistique par exemple, de Philippe Val à la tête de France Inter ou lors de la défense de Roman Polanski (défense qui avait irrité à l’époque la base électorale de droite). Sans compter la nomination de Frédéric Mitterrand à la Culture, prise de guerre symbolique complètement assumée par Nicolas Sarkozy. Ce désir de prendre le large avec la gauche culturelle semble s’expliquer parfois par la compagnie gênante de quelques soutiens. Sarkozy n’est pas tendre avec ses porte-flingues les plus fidèles de jadis. De Frédéric Lefebvre, il dit : « il est vrai qu’il n’était pas réputé pour sa particulière finesse d’analyse ». Quant aux époux Balkany, « il y avait beaucoup de gentillesse et d’affection, mais aussi une habitude à parler d’abord, à réfléchir ensuite » ; version moderne du « je n’aime pas dire du mal des gens mais effectivement elle est gentille ». Plus globalement, la famille gaulliste est dépeinte comme sujette à des sautes d’humeur et des réactions épidermiques, mais que l’on peut calmer et rassurer facilement, comme des grands enfants.

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La manie d’attaquer ses têtes de turc favorites (François Hollande, François Bayrou, et dans son camp, Jean-Louis Debré, Jean-François Copé et Jean-Pierre Raffarin) donne là encore au livre un côté cartoon, avec des « méchants » récurrents et un peu ridicules qui constituent de vrais running gags. Sarkozy cite abondamment les commentaires de ses adversaires de l’époque, ainsi qu’une presse totalement hostile, du Nouvel Obs à la presse régionale. Écrire une énormité contre Sarkzoy donne l’occasion d’être un jour cité dans ses mémoires : alors, pourquoi ne pas tenter sa chance ?

Avec un recul de plus de dix ans et des passions redescendues, il faut reconnaître à l’ancien président d’avoir voulu secouer le cocotier d’un pays endormi par les fins de règne des rois fainéants précédents. On saura lui reconnaître un certain goût du risque, de la transgression, qui est plus méritoire que la mollesse, l’immobilisme et la grosse ruse de son immédiat successeur.

Le temps des combats

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«Nos enfants ne sont pas en sécurité à l’école»

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Des fleurs et pancartes anti-harcèlement sur les grilles du collège, a Vendin-le-Vieil (62), le 25 mai 2023. Le 12 mai, Lindsay, victime de harcèlement, avait mis fin à ses jours © FRANCOIS GREUEZ/SIPA

Près d’un enfant sur 2 est victime de la violence ou du harcèlement à l’école, selon SOS Education / Ifop. Pour les enfants scolarisés en REP, la situation est encore plus alarmante. Sur RTL hier, Élisabeth Borne a affirmé qu’elle présenterait un plan contre le harcèlement scolaire à la fin du mois.


Causeur. Près de la moitié des parents d’élèves (48 % !) rapporte qu’au moins un de leurs enfants a été victime d’une forme d’agression physique, verbale ou sexuelle, au cours de l’année scolaire 2022-2023, selon l’étude que vous publiez en cette rentrée. Mais de quoi parle-t-on exactement? 

Sophie Audugé. Il s’agit des faits de violence concernant leur enfant, survenus pendant l’année scolaire 2022/2023 et dont les parents ont été informés. Ces chiffres sont sans doute sous-estimés, car nous savons qu’une partie de ces violences se déroulent sans que les parents ne le sachent. La violence entre mineurs a atteint de telles proportions et a occasionné tant de drames que nous avons voulu recueillir, pour cette édition, des données du terrain sur les agressions que subissent les enfants à l’école. Nous avons tenu à distinguer cinq actes de violence dont les élèves peuvent être victimes: une agression verbale, un harcèlement, une agression physique, la dégradation d’un bien, une agression sexuelle. Nous imaginions bien qu’un nombre important d’enfants seraient concernés, mais pas au niveau de ce que dévoile l’étude. Par ailleurs, nous n’avions pas anticipé une différence aussi marquée entre les établissements en zone prioritaire et les autres. L’ampleur du phénomène de violence qui sévit dans les écoles, collèges et lycées des réseaux d’éducation prioritaire, est particulièrement alarmante. En effet, si la moyenne générale des enfants ayant subi durant l’année scolaire, au moins un des cinq actes de violence que nous avons étudiés, est de 48%, soit près d’un enfant sur 2, ce taux atteint 68% en REP soit plus de 2 enfants sur 3
Et dans le détail, l’écart est encore plus préoccupant :

  • 63% des enfants scolarisés en REP ont été victimes d’un acte d’agression verbale, ils sont 32% hors REP,
  • 56% des enfants scolarisés en REP ont été victimes de harcèlement, ils sont 28% hors REP,
  • 51% des enfants scolarisés en REP ont été victimes d’un acte d’agression physique, ils sont 20% hors REP,
  • 57% des enfants scolarisés en REP ont subi la dégradation d’un de leurs biens, ils sont 18% hors REP,
  • 49% des enfants scolarisés en REP ont été victimes d’une agression sexuelle, ils sont 9% hors REP.

Il y a une urgence absolue à lever le voile sur les non-dits en matière de violence en milieu scolaire. Et particulièrement en réseau d’éducation prioritaire.

Quelles sont les remontées que vous avez de votre côté? 

Elles sont nombreuses, mais ce n’est pas nouveau. Nombreux sont les professionnels, les spécialistes, les personnels de l’éducation, les parents qui alertent depuis des années. Le suicide de Lindsay et le cri d’alarme lancé par sa maman, a brisé le cœur de toute la France. La réalité est sombre. La violence ne cesse de croître en intensité et en quantité. La seule chose qui baisse, ne va pas dans le bon sens, car c’est l’âge des enfants concernés. Dès la maternelle, désormais, les personnels et les parents font face à des actes d’une violence inouïe, impensable à cet âge. Primaire et collège sont les périodes où les violences sont les plus importantes. Les chiffres du ministère de l’Intérieur montrent parfaitement ce phénomène de violence de plus en plus tôt, de plus en plus gratuite, de plus en plus banalisée. De nombreux spécialistes des enfants violents, constatent une déshumanisation, un manque d’empathie. Ces jeunes violents ne montrent aucune forme de regret, ils évoluent en totale impunité car ils savent qu’ils ne seront pas sanctionnés. Ce qui se passe dans la société est entré dans l’École, et les gouvernements successifs n’ont rien fait. Voilà le résultat, nos enfants ne sont pas en sécurité à l’école. Et en dehors c’est encore pire. Avec les réseaux sociaux cela ne s’arrête plus à la porte de l’établissement. 

Sophie Audugé, déléguée générale de SOS Éducation.

Quand un enfant est confronté à ce type d’évènement, que doivent faire les parents? 

Ils doivent immédiatement informer le principal et l’enseignant référent. Ils doivent demander que la situation soit prise en charge avec un plan d’action concret. Ils doivent exiger que l’information soit transmise à l’équipe pédagogique et remontée au rectorat. Ils doivent formaliser les échanges avec l’établissement scolaire, pour avoir des traces écrites. Quand les faits de violence sont avérés, des sanctions doivent impérativement être prises à l’encontre de l’agresseur, sa famille doit être informée et des mesures éducatives doivent être engagées pour qu’il prenne conscience de la gravité de ses actes. La victime doit être entendue pour évaluer le traumatisme subi et la nécessité d’un accompagnement thérapeutique par des professionnels de la santé psychique. Les agressions subies dans l’enfance sont des stigmates qui ne doivent pas être pris à la légère, ils peuvent aider à grandir s’ils sont considérés et reconnus, mais ils peuvent aussi détruire s’ils sont niés. Il faut entourer l’enfant, lui parler et l’écouter. Enfin, il faut vérifier si l’agression s’inscrit dans un contexte de cyber harcèlement ; et si c’est le cas, engager les recours nécessaires.

Est-ce que l’Education nationale a bien pris la mesure de ce problème d’ensauvagement de l’école, et que propose le ministère pour y mettre fin?

Manifestement l’Éducation nationale n’a pas pris la mesure du problème. Dans la majorité des cas, les parents expriment que l’administration n’a pas bien géré la situation de violence dont a été victime leur enfant. Plus globalement, 72 % des parents considèrent que la sécurité dans les établissements scolaires s’est détériorée, chiffre en croissance de 11 points en neuf ans.  En revanche, je ne parlerai pas d’ensauvagement de l’école. Il y a une violence endémique dans nos sociétés. Elle est banalisée en France. Mais je réfute cette formule «choc» du gouvernement. Cette sémantique vise à laisser croire que le phénomène est récent et que le gouvernement en sera le sauveur. C’est faux. L’école n’est pas ensauvagée, l’école ne remplit plus son rôle d’instruction, de sécurité, et d’exemplarité en matière d’autorité et de respect. L’école n’est pas ensauvagée, elle est faible. C’est la faiblesse de nos dirigeants, qui se retrouve dans l’école et qui met en danger élèves et professeurs. Faire porter la responsabilité sur d’autres facteurs ou d’autres personnes est malhonnête intellectuellement. Comme le dit un éminent pédopsychiatre spécialiste des enfants violents « ils ne deviennent pas violents à leur majorité ». Ce sont des mineurs violents qui n’ont pas été sanctionnés et dont la violence a pu prospérer dans l’école.

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Concrètement, le ministère ne propose pas grand-chose si ce n’est des programmes très compliqués, impliquant moult acteurs et administrations, en gros une énième usine à gaz. Quant à la multiplication du modèle du grand frère, avec les élèves-référents, par exemple pour le harcèlement, il me semble inapproprié et cynique. Enfin ! À l’école, les élèves sont là pour apprendre, pas pour faire respecter l’ordre, les valeurs de la République, ou je ne sais quoi encore. Personne ne doit les détourner de ce pourquoi ils sont là : apprendre et créer des amitiés.  Il est en vérité assez diabolique de déresponsabiliser les adultes pour responsabiliser les élèves. C’est à l’institution scolaire de protéger ses élèves, et pas le contraire. 

C’est déjà la 6e rentrée scolaire avec Emmanuel Macron aux commandes de la France. A vous entendre, concernant l’enseignement, c’est un élève médiocre ! Aujourd’hui, il nous promet le retour de l’autorité à l’école. Mais, toujours selon vos chiffres, 69 % des Français n’ont pas confiance dans la capacité du gouvernement à résoudre les violences à l’école. Quant au niveau, 68% des parents d’élèves n’ont pas non plus confiance en l’exécutif actuel pour y remédier… Partagez-vous le manque d’enthousiasme de cette large majorité de citoyens, quant à l’incapacité du pouvoir actuel à sortir l’école de l’ornière?

Le manque d’enthousiasme d’une large majorité de parents vous voulez dire ? Car les données du Baromètre IFOP/SOS Éducation sont les résultats d’une enquête d’opinion auprès de parents ayant au moins un enfant scolarisé en primaire ou secondaire dans l’année. C’est ce qui en fait l’intérêt puisqu’ils savent de quoi ils parlent. Ils font l’expérience de notre système éducatif quotidiennement pour leur(s) enfants(s). Ils ne parlent pas en l’air, ils ne sont pas dans le théorique. Il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas partager cette vision. Bien sûr, si vous n’avez pas d’enfants… ou si vos enfants sont scolarisés dans des écoles privées qui sont parvenues à les préserver de cette dégradation généralisée de l’autorité et du niveau d’instruction… ou si vous êtes dans l’enseignement et que vous prenez le relais à la maison pour refaire le programme à vos chérubins…  cette défiance peut vous surprendre. Mais, si vous faites partie des 70% de parents qui subissent la déliquescence du système scolaire français, vous partagez certainement ce sentiment d’un terrible gâchis et d’une impuissance institutionnelle coupable. Surtout, la situation ne cesse de se détériorer. En six années de présidence d’Emmanuel Macron, malgré un ministre de l’Education nationale resté en poste cinq ans, sans même parler du passage éclair de Pap Ndiaye, aucune amélioration n’est perçue. L’impression générale est qu’on détricote et re-tricote sans cesse, pour aucune avancée visible. C’est le mythe du linceul de Laërte, mais on attend toujours l’arrivée d’une figure dévouée à la cause, sans ambition politique, qui aura le courage de relever l’école française pour la remettre à son meilleur niveau.

Le remplacement du ministre woke Pap Ndiaye, par Gabriel Attal, vous a-t-il réjoui ? 

Je n’ai pas les moyens de me réjouir ou pas. Pour cela, il faudrait déjà connaître le projet du gouvernement. Sans cela, comment avoir un avis sur la capacité du ministre choisi de le mener à bien. Emmanuel Macron s’est présenté à l’élection présidentielle sans programme pour l’École. C’est d’autant plus problématique que tous les autres candidats en avaient élaboré un. La plupart avaient de très bonnes propositions. Ils partageaient le constat et l’urgence d’agir. C’est d’ailleurs un autre constat intéressant du Baromètre IFOP/SOS Éducation que nous publions aujourd’hui. Sur de nombreux sujets la position des parents d’élèves est transpartisane.

Par exemple sur la proposition de « Rétablir l’autorité des enseignants et appliquer les sanctions prévues par le règlement intérieur de l’établissement aux élèves perturbateurs ou négligents », elle obtient l’adhésion de 98% des partisans des Républicains et de ceux du RN, et elle rassemble aussi  97% des partisans d’EÉLV, 96% de ceux de « Renaissance » et 84% des LFI. Pour la mesure « Rétablir la possibilité de redoublement à partir du collège pour les élèves n’ayant pas le niveau pour passer dans la classe supérieure » tous sont dans un mouchoir de poche puisque la mesure est plébiscitée par 96% des partisans du RN, 95% de ceux d’EÉLV, 94% de « Renaissance », 90% des LFI et des Républicains. Il en est de même de la proposition de « responsabiliser financièrement les parents et les élèves dans les cas de dégradations ou d’actes de violence physique ou psychologique commis par un élève » : 99% des Républicains sont pour, comme 98% des partisans de « Renaissance », 94% de ceux du RN,  90% d’EÉLV,  83% de LFI.

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La vraie question demeure :  quel est le projet politique pour l’École française du président Emmanuel Macron? Pourquoi est-il passé de Jean-Michel Blanquer à Pap Ndiaye puis maintenant à Gabriel Attal? Comment des profils si différents ont été choisis, à quelles fins? Ces trois choix ne peuvent pas s’inscrire dans la continuité d’un même projet pour l’École avec pour préoccupation primordiale l’intérêt supérieur de l’enfant et son instruction. C’était peut-être moins le cas concernant Jean-Michel Blanquer, mais il ne fait aucun doute que Pap Ndiaye et Gabriel Attal sont des choix politiques. Pap Ndiaye marquait un pas vers LFI, quand Gabriel Attal s’inscrit comme opposant aux ambitions politiques de Gérald Darmanin. Il semble que l’École, les enfants, les professeurs, tiennent une bien maigre place dans tout cela.

Les abayas et qamis grotesques d’élèves musulmans seront interdits lors de cette rentrée scolaire 2023. Néanmoins, sur les réseaux sociaux, les entrepreneurs identitaires de l’islam rivalisent de conseils pour inciter des jeunes filles à défier les chefs d’établissement et notre précieuse laïcité. Craignez-vous une rentrée agitée sur ce point ? L’immigration de masse pose-t-elle un problème structurel à l’école française?

Je suis désolée mais compte tenu de la formulation de votre question je suis obligée de préciser que je ne m’associe pas à l’adjectif «grotesques» que vous utilisez pour qualifier les abayas ou les qamis. Si votre question porte sur le sens de ces tenues quand elles sont portées à l’école, Gabriel Attal a raison de dire que les élèves «testent» l’institution. Les chiffres d’atteinte à la laïcité par le port de ces tenues sont parlants puisque qu’ils sont en très forte augmentation à trois moments précis de l’année :  la commémoration de l’assassinat de Samuel Paty, le Ramadan et l’Aïd. Cette attitude, à ces moments-là, démontre de la part des élèves, une volonté de marquer leur appartenance religieuse. En ce sens, elles n’ont pas leur place à l’École publique qui est laïque comme l’État français. Cette clarification de la part du ministre de l’Éducation nationale fraîchement nommé est salutaire et il est regrettable que son prédécesseur ait abandonné ses personnels au milieu du gué. 

Capture BFMTV

Mais il ne faut pas se tromper et ne voir que l’arbre qui cache la forêt. Avec cette annonce, le gouvernement est parvenu à imposer aux médias son thème pour cette rentrée scolaire. Depuis des jours, toutes les rédactions disent qu’elles ne parleront que des abayas le jour de la rentrée. De quoi mettre de l’huile sur le feu inutilement. Une rentrée doit se faire dans le calme et la sérénité. Pendant que les médias louent la fermeté de Gabriel Attal et Emmanuel Macron sur le sujet de la laïcité, ils ne parlent pas du manque d’enseignants, des besoins de formation, de la baisse de niveau, de l’insécurité, de l’accueil des enfants en situation de handicap, des problèmes d’affectation… C’est peut-être aussi ce qui était recherché avec ce coup de com’.

Sur l’immigration, désolée mais cela n’entre pas dans notre champ de travail. Je peux juste rappeler que l’École de la République est laïque, gratuite et obligatoire. Elle ne choisit pas ses élèves. Elle accueille tous les enfants scolarisés en France quelles que soient leur religion et leurs origines sociales. C’est pourquoi il est si important d’y interdire les signes d’appartenance religieuse. Et c’est pourquoi les questions de politique intérieure n’ont rien à y faire. Le fléau de l’École, c’est qu’en abandonnant sa mission première qui est d’instruire, juste d’instruire tous les enfants, elle s’est dévoyée. Elle s’est perdue dans des combats idéologiques et politiques. Elle doit revenir à l’essence de ce qu’elle doit être. À nous de ne pas lui en demander plus.

Alors quelles seraient selon vous les trois mesures d’urgence à appliquer, pour commencer à reconstruire notre école républicaine publique? Par ailleurs, quelles sont les missions de SOS Education exactement, d’où viennent vos financements et quels objectifs avez-vous?

SOS Éducation a proposé 30 mesures pour relever l’École française qui sont à retrouver sur notre site internet. Je vous citerai donc les trois premières, qui sont : 1/ Augmenter le niveau d’instruction en primaire 2/ Refaire de l’École un sanctuaire 3/ Restaurer l’autorité des enseignements. Bien entendu ces trois mesures en imposent d’autres en cascade pour qu’elles puissent aboutir…

Les missions de SOS Éducation sont simples. Nous rassemblons tous les citoyens qui veulent agir avec nous pour améliorer le système éducatif français. Nous défendons une École qui instruit, qui respecte l’autorité parentale, qui soutient les professeurs dans leur mission d’instruction, qui s’oppose aux idéologies présentées comme des savoirs. Nous organisons des formations pour les enseignants et des conférences grand public avec des experts sur les enjeux éducatifs. Nous produisons chaque année un travail de décryptage des risques et des enjeux sur un grand thème d’actualité afin de protéger les enfants de l’entrisme idéologique qui sévit dans les écoles. Depuis 2019, en plus de lutter quotidiennement pour une école qui instruit, nous nous sommes opposés à l’interdiction de l’instruction en famille sous couvert de lutte contre le séparatisme, nous avons exigé l’interdiction de l’écriture inclusive à l’École, nous avons demandé le retrait de la circulaire Blanquer sur l’idéologie transidentitaire qui fait croire aux enfants qu’ils peuvent être nés dans le mauvais corps ; et cette année nous agissons pour protéger les enfants des dérives de l’éducation au plaisir sexuel dès le primaire.  

Concernant notre mode de financement, SOS Éducation a été créé en 2001 et n’a jamais touché un euro d’argent public. L’association est financée uniquement par des dons de dizaines de milliers de citoyens qui croient en notre travail et soutiennent l’existence d’une association indépendante de tout mouvement politique et religieux, 100% engagée pour la cause de l’enfant: son instruction et son éducation. En 2020 puis en 2022 l’administration fiscale a considéré de manière arbitraire que l’action de SOS Éducation n’entrait plus dans le champ des associations éducatives et nous a retiré le droit d’émettre un reçu fiscal à nos donateurs. Droit que SOS Éducation avait obtenu en 2002 avec le même objet social et les mêmes activités. Cela nous asphyxie financièrement, c’est le but. Mais cela démontre que nous sommes où nous devons être, c’est-à-dire, là où l’enfance et l’École sont en danger.  

Dans Causeur, la semaine dernière, nous racontions dans un article que, concernant l’éducation sexuelle, selon les progressistes, une « panique puritaine » s’emparerait de l’école, alors que les conservateurs sont inquiets à l’idée que la « théorie du genre » y devienne officielle. Suivez-vous ces questions?

Oui, nous suivons ces questions de près. Nous avons acquis une expertise dans ces deux domaines. J’ai d’ailleurs « commis » plusieurs tribunes pour votre magazine sur ces sujets. Sur le site internet de l’association, vos lecteurs peuvent trouver de nombreuses publications sur le phénomène trans identificatoire qui cible les enfants et ses dégâts chez les mineurs. Concernant l’éducation sexuelle, qui était une obsession de Pap Ndiaye, nous avons posé la question aux parents d’élèves dans cette 3ème édition du baromètre IFOP / SOS Éducation et leur réponse est sans détour : c’est NON. 

Les 70% de parents concernés par cette réponse seront contents d’apprendre que pour les progressistes (concept assez flou tout de même), ils sont puritains et en panique ! Je vais me permettre de répondre pour eux. En panique sans doute, puritains je ne crois pas. Si être progressiste consiste à défendre l’idée qu’il est dans l’intérêt de l’enfant de lui parler de masturbation, de fellation et de sodomie en primaire, je crains qu’il n’y ait rapidement plus beaucoup de progressistes en France. La réalité est ailleurs il me semble. Toutes les occasions sont bonnes pour détourner l’École de sa mission qui est d’instruire dans un cadre sécurisé. Ces soi-disant progressistes sont les ersatz des pédagogistes, idéologues, dont les dérives ont détruit l’école publique. Plutôt que d’assumer leur responsabilité dans le délabrement de notre système éducatif, ce qu’Emmanuel Macron a appelé lors de son dernier déplacement à Marseille « hypocrisie », ils préfèrent passer vite à autre chose en occupant le terrain avec de nouvelles lubies toujours plus absurdes. Le problème c’est qu’à la fin ce sont les enfants qui trinquent. 

Nous travaillons depuis des mois avec d’éminents spécialistes sur ce sujet important. La sexualité stricto sensus n’a pas à être abordée à l’École. Nous invitons les parents à la plus grande prudence en ce domaine. La prévention OUI – La sexualisation infantile NON.

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Elisabeth Lévy: « Éducation à la sexualité dès six ans? Le risque est l’endoctrinement des enfants »

Retrouvez notre directrice de la rédaction chaque matin dans la matinale de Sud Radio après le journal de 8 heures.

Macron veut « faire nation », mais en faisant semblant

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Le journaliste Ivan Rioufol. Photo: Hannah Assouline

Le réel oblige Macron à parler une langue qu’il ne maîtrise pas. Le locataire de l’Élysée a beau dire, il reste le président du mondialisme heureux…


Emmanuel Macron n’a plus les mots, tant le réel lui échappe. Dans le Figaro Magazine du 4 août, le chef de l’État a soudainement découvert l’urgence de « faire nation », comme on fait la tambouille : un cache-misère semblable au « vivre ensemble » dont il dit pourtant « ne pas aimer le terme ».

Or, comment faire nation sous la tutelle d’un président qui défend la souveraineté européenne, le consommateur remplaçable, et qui récuse l’idée de préférence nationale ? Les progressistes de l’après-guerre se pensaient malins en s’affirmant « citoyens du monde ». Ils moquaient les ploucs attachés à leur patrie, leurs traditions, leurs morts. 

« Pétainistes ! », « Fascistes ! » : ces injures restent celles des perroquets du mondialisme heureux. Ils accablent ceux qui persistent à se réclamer d’une continuité historique et d’une défiance face à l’immigration musulmane de masse. Macron est de cette lignée hors sol :  il a voulu opposer universalisme et nationalisme, progressisme et populisme. Il se croyait porté par un mouvement de fond appelé à en finir avec les peuples enracinés et les nostalgies de la France sentimentale. Mais c’est une réaction inverse qui partout dans le monde se confirme, avec le réveil des nations et des souverainetés. Le réel oblige Macron à parler une langue qu’il ne maîtrise pas.


C’est pourquoi le recentrage présidentiel sur la nation est un leurre. Sa conversion fait écho à celle, aussi peu crédible, de Jacques Attali : après avoir fait l’éloge du nomadisme et de la société sans frontière, il affirme désormais, dans un entretien d’août à Livre Noir : « il y a clairement une demande générale de sauver l’identité française (…) Il faut à tout prix défendre la langue française et l’enseignement de la culture française ». Mazette ! Cela fait un demi-siècle que des lanceurs d’alerte enfoncent ces clous, en se faisant étiqueter « extrême droite » par les laborantins de l’homme technique et indifférencié. C’est Macron qui, le 28 août 2018 en visite au Danemark, récitait : « Le vrai Danois n’existe pas. Il est déjà européen. C’est vrai aussi pour les Français ». Faire nation ne veut rien dire dans la bouche de celui qui dit en même temps vouloir poursuivre « une politique de peuplement » et persiste à affirmer faussement, dans le même Fig Mag : « Nous avons toujours été un pays d’immigration et nous continuerons de l’être ». La France de Macron fait nation comme une pension de famille fait famille. Relire Bossuet : « Le propre de l’unité est d’exclure ». Une France éclatée est vouée à disparaître. Rien n’arrêtera son saccage tant que ses maltraitants resteront au pouvoir…


La suite des Carnets d’Ivan Rioufol est à lire dans le numéro de septembre de Causeur, disponible à la vente.

Abaya: culturel ou cultuel, on l’a dans le luc!

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Gabriel Attal et Emmanuel Macron visitent un lycée professionnel à Orange (84), 1er septembre 2023 © Blondet Eliot -POOL/SIPA

Avec un petit mot de trois syllabes, Gabriel Attal a occulté tout ce qui, dans l’École, pose problème. Il a aussi fragmenté l’opposition, marqué sa différence avec son prédécesseur, et s’est imposé comme champion de la laïcité pure et dure. Et si l’abaya était le petit doigt qui cache la forêt, se demande notre chroniqueur ?


A-ba-ya : sans doute les petites musulmanes qui s’enveloppent de sacs-poubelles ont-elles ainsi appris à déchiffrer le français en invertissant les syllabes du traditionnel b-a-ba. Parce qu’il s’agit bien d’une perversion de la culture française. Et même pire : il s’agit d’un déni de l’essence française.

Boucliers à fondamentalistes ou ados en crise ?

Que ce tissu informe soit cultuel ou culturel m’importe peu. Il y a longtemps que les musulmans jouent de l’ambiguïté, sous prétexte que les mosquées abritent aussi une bibliothèque — ce qui leur permet de déclarer comme « associations régies par la loi de 1901 » des groupes parfaitement sectaires. Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’il s’agit d’un vêtement communautariste importé d’un Moyen-Orient où le statut de la femme sort rarement du caniveau. Que des féministes ou des LFIstes défendent le voile et l’abaya donne une idée du mépris de la femme qu’ils développent inconsciemment. Sous prétexte de draguer les « nouveaux prolétaires », comme disait Terra Nova, quitte à sacrifier sur l’autel des ambitions électorales le prolétariat français, une certaine gauche française est prête à justifier les pires dérives religieuses. Qu’en aurait pensé Karl Marx, camarades ? Vous vous asseyez sur l’aliénation de donzelles prêtes à servir de bouclier à des fondamentalistes : ce n’est pas joli-joli.

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D’autant que certains musulmans ont le courage de dire la vérité. « Faire de l’abaya un simple « vêtement de mode » ou le mettre sur le compte d’une simple crise d’adolescence est nier par pur clientélisme qu’elle manifeste l’adhésion à un islam politique qui poursuit un projet politique dont l’invisibilité de la femme fait partie. Le nier est a minima de l’ignorance, au pire de la désinformation et de la manipulation. Au détriment des jeunes femmes françaises musulmanes. Il s’agit là tout simplement d’une stratégie entriste pensée par les Radicaux pour leur projet politique. » Ainsi s’exprime l’imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, sur Twitter. Evidemment, les intégristes algériens l’ont immédiatement fustigé — preuve s’il en fallait que c’est bien d’une guerre que l’on parle.

Relisez la Constitution !

Le fait est que l’abaya (ou le voile, ou la qami, ou les babouches portées avec des chaussettes — une mode immonde qui fait fureur —, ou n’importe laquelle des défroques que des influenceuses subventionnées par des petits malins vantent sur les réseaux sociaux) est un vêtement communautariste. Et c’est sur ce point qu’il faut fonder son interdiction, non seulement à l’Ecole, mais dans tout l’espace public.

« La République est une et indivisible, laïque, démocratique et sociale » : c’est le premier article de la Constitution. Tout ce qui contrevient à cette unité est hors la loi. Communautariste, dans le langage révolutionnaire qu’affectionne Mélenchon, se dit « factieux ». Le Lider Maximo de la Canebière se rappelle-t-il ce que l’on faisait aux « factieux » sous la Convention ? On les divisait en deux parties inégales. Les factieux tombaient dans le panier de la bascule à Charlot.

D’autant que les gamines décervelées qui portent ces sacs sont françaises, et ne peuvent ignorer la loi française. Les extrémistes, tout comme les racailles qui dévastent régulièrement nos cités, sont français. Il faut leur appliquer la loi d’une nation « une et indivisible ».

Et de culture, il ne peut n’y en avoir qu’une, celle du pays et de la classe qui le dirige. Il n’y a pas de « culture jeune », ni de « culture musulmane » — pas en France en tout cas.

Qu’est-ce qu’un factieux ? C’est un individu qui cherche à fractionner la république. Les communautaristes ont la même ambition : créer des bantoustans islamiques, comme en Angleterre, et un jour (le Temps n’existe pas, pour une religion qui vénère un dieu incréé), réunifier le pays sous la bannière verte d’un islam unifié.

Puis régler les comptes.

Les ennemis ne respectent que la force

Ce n’est pas être islamophobe que d’écrire cela : c’est un fait. Une minorité d’activistes cherche à éparpiller la république façon puzzle. Le problème est que les musulmans qui n’adhèrent pas à cette volonté de conquête se taisent, dans leur immense majorité. Parce que c’est la peur qui est le principal levier de ces conquérants.
Eh bien, il faut que la peur change de camp. Nous n’avons pas à respecter qui veut notre disparition. Interdire l’abaya est un tout premier pas. Faire respecter par le dialogue cette interdiction sera problématique. Il faudra sans doute la faire respecter par la force — d’autant que les ennemis ne respectent en fait que la force. Poutine l’a expliqué en détail aux Tchétchènes, Xi Jinping l’explique aux minorités musulmanes chinoises.

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Aucun Juif n’a protesté en 2004 contre l’interdiction de porter une kippa en classe. C’est que les Juifs ont toujours cherché à s’intégrer, en France, comme l’a magnifiquement raconté Pierre Birbaum en 2013 dans La République et le cochon. Mais les musulmans intégristes ne veulent surtout ni s’intégrer, ni s’assimiler. Les pédagogues qui s’insurgent contre l’enseignement d’une Histoire de France qui aurait ces objectifs sont tout bonnement des traîtres à la patrie.

J’ai par ailleurs expliqué dans une tribune du Figaro que l’interdiction de l’abaya était un joli coup de Gabriel Attal. Mais il reste bien des chantiers, autrement importants, dans l’Education nationale — entre autres réinventer l’enseignement de l’Histoire de façon à faire des Français, et pas une mosaïque d’opinions divergentes. Je doute que le nouveau ministre, qui lorgne vers la mairie de Paris, ait le temps ou l’ambition de s’y consacrer. Ce n’est pas de réformettes que ce pays a besoin : il faut renverser la table.

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Embobinage sur mesure!

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Sophie de Menthon Photo: D.R.

À partir d’octobre, le nouveau bonus réparation textile va prendre la forme d’une remise sur la facture lorsque le consommateur choisira de faire réparer un vêtement ou une paire de chaussures abimés. Mais qui va rapiécer les dépenses publiques ? se lamente notre chroniqueuse.


Jugez un peu le texte qui suit, promulgué officiellement par le gouvernement à l’initiative de Bérengère Couillard, notre Secrétaire d’Etat au tricot chargé de l’écologie. Son objet : le bonus versé aux Français pour donner une seconde vie à leurs vêtements et chaussures. Voici le contenu intégral …

 « Prévu par la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire du 10 février 2020, dite loi Agec, ce bonus s’inscrit dans une vaste réforme de la filière textile. Tous les vêtements et chaussures (excepté les sous-vêtements et le linge de maison dans un premier temps), seront éligibles au bonus réparation. Il devra s’agir de réparation et non de retouches.

Pour bénéficier du bonus de l’État, il faudra se rendre chez les couturiers et cordonniers ayant demandés à être labellisés par l’éco-organisme Refashion. La remise sera directement appliquée sur la facture de la réparation.  Les réparateurs labélisés déclarent, sur la plateforme, au fil du mois, les factures des réparations éligibles. Au 30 de chaque mois, la plateforme de déclaration déclenche de manière automatique l’ordre de virement pour toutes les factures que le réparateur aura renseignées sur le mois. Le montant de la prise en charge est compris entre 6 et 25 € en fonction de la réparation.

Depuis juin 2023 : ouverture de la labélisation. (La labélisation est gratuite.)

À partir d’octobre 2023 : Connection à la plateforme Refashion pour déclarer le bonus réparation après validation du dossier. 

Toutes les entreprises proposant un service de réparation de textile et/ou de chaussures peuvent se faire labelliser. Pour l’heure, elles sont 250 à avoir déposé un dossier. Le gouvernement vise un objectif de 500 artisans, réseaux de franchisés ou assimilés, réparateurs à domicile, acteurs digitaux et ateliers de réparation des marques labellisés d’ici la mi-octobre pour mettre en place le bonus. Le bonus réparation du secteur textile sera financé par un fonds doté de 154 millions d’euros sur la période 2023-2028, a indiqué la secrétaire d’État pour accroître de 35% le nombre de produits textiles et chaussures réparés. La réforme s’appuie notamment sur le milliard d’euros d’éco contributions des producteurs, importateurs et distributeurs qui devraient être dégagé sur la période 2023-2028 en vertu du principe du « pollueur-payeur ».

Les questions de Sophie de Menthon

Cela mérite bien quelques commentaires cousus de fil blanc :

D’abord, la dénomination « Refashion » : bravo pour l’anglicisme, ni français ni anglais, juste un barbarisme. Qu’est-ce que la refashion ? il faudra penser à le demander à la Ministre de la Transition Écologique.

Un peu d’économie basique : le secteur du prêt-à-porter va mal, et justement pour y remédier, on dissuade les gens d’acheter, un peu sur le principe de la décroissance ? Sachant que les enseignes suivantes viennent de déposer le bilan : Tati, Camaïeu, Pinkie, Kookai, San Marina – et qu’on apprend maintenant que Naf Naf est en liquidation judiciaire… Ceux qui restent vont peut-être être subventionnés pour compenser l’incitation à ne pas acheter dans leurs boutiques, mais à raccommoder les vieux vêtements ? Ne serait-ce pas une injonction contradictoire ou une politique de Gribouille…

La démarche administrative est kafkaïenne, comme d’habitude. Quel est le coût des fonctionnaires dédiés ? des recherches, des agréments… et des contrôleurs ? La DGCCRF a-t-elle prévu d’ouvrir un département lié au contrôle de conformité entre la réparation et la retouche ? Faudra-t-il attendre une éventuelle décision du conseil d’État pour qu’une jurisprudence précise la différence entre une réparation et une retouche ? Nous notons une discrimination des sous-vêtements « pour l’instant »… Sachant que la mode incite à porter les soutiens-gorge par-dessus le vêtement ! alors ? Et qui va juger de la nature de ce qu’est un sous-vêtement ? Et un Damart ? Quant au linge de maison ? Pourquoi donc votre couette déchirée est-elle exclue ? Il est également question de ressemelage : mais 90% des jeunes portent des « sneakers » (donc non re-semellables !)

Mettons ChatGPT à l’ouvrage !

Dans cette histoire, il y en a toutefois certains qui se frottent déjà les mains. Ce sont les 250 réparateurs qui ont déposé un dossier. En plus, cette loi anti-gaspi leur permettra vraisemblablement d’augmenter leurs prix, puisque le client paiera moins cher ! On vise aussi des « acteurs digitaux »… et là je donne ma langue à la couturière ou à Chat GPT? On nous explique, enfin, que c’est « en vertu du principe pollueur payeur » que l’on met tout cela en place: voilà qui va réjouir Sandrine Rousseau qui ne s’est malheureusement pas exprimée sur le sujet, alors que c’est toujours réjouissant de l’entendre. C’est son mari déconstruit qui tente de raccommoder les morceaux peut-être ?  

Résumons :

1) Quand je fais un accroc, je pollue parce que je peux envisager de ne plus porter mon vêtement et d’en acheter un autre… mais, avant de le jeter, pourtant, j’avais pensé à le réparer moi-même sans me faire rembourser…   

2) Donc, désormais, il ne nous faut plus rien recoudre soi-même. Plus de travaux d’aiguilles – l’État préfère payer et libérer la femme ! mais la femme au foyer, peut-elle se faire labéliser ? Ou l’homme, pardon…

3) À quoi rime un « objectif de 35% de produits réparés », et lesquels ? Si j’achète un jeans troué à la mode, puis-je déduire la réparation, et je refais le trou après ?

Je cherche encore de quelle éco contribution on nous parle pour les « producteurs, importateurs et distributeurs » évoqués dans ce texte ineffable ? En revanche, évidemment, rien n’est dit sur qui va rapiécer les dépenses publiques…

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Je refuse qu’on découpe la France en tranches électorales

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Image d'illustration Unsplash

Rien ne m’apparaît plus contraire à la grandeur de notre pays, que ce soit dans la pratique du pouvoir ou dans la volonté de le conquérir, que ce morcellement auquel on consent d’autant plus volontiers que tout démontre qu’on est incapable de proposer une plénitude à la France


Pour refuser cette France en tranches électorales, il n’est pas nécessaire d’être nostalgique d’un de Gaulle qui affirmait la primauté de l’unité de notre pays sur la droite et la gauche. Il n’est pas nécessaire non plus de s’indigner d’un prétendu dépassement de la droite et de la gauche en 2017, qui a abouti, au fil des années, à une France de plus en plus éclatée, aux antipodes du rassemblement initialement promis. On a le droit, simple citoyen épris de la chose politique, de dénoncer des stratégies présidentielles qui, au lieu d’appréhender notre pays comme une communauté à l’égard de laquelle la pensée et les projets doivent être globaux, se flattent de le courtiser de manière parcellaire, catégorie par catégorie, une part des citoyens ici, une autre là, comme s’il était un immense gâteau qui, découpé, offrirait à chaque candidat sa chance, son pré carré.

Darmanin et Ruffin à l’assaut du vote populaire

Je ne crois pas exagérer mon propos puisque, au cours de ces derniers mois, on insiste sur ce que Le Monde résume justement par ce titre : « De Darmanin à Ruffin, l’appel du pied aux classes populaires« . Celles-ci, dans leur définition sociologique et économique, représentent 22 % de l’électorat. On peut remplacer « populaire » par « social ». L’idée est la même. Il faut réduire l’influence du RN sur ces Français pour lesquels la fin du mois est de plus en plus un problème, qui se voient dépouillés des services publics essentiels, abandonnés et pourtant moqués pour leur révolte qui serait populiste, voire fasciste, en tout cas toujours « nauséabonde ». L’objectif est de les faire revenir dans la case démocratique acceptable.

Rien ne m’apparaît plus contraire à la grandeur de notre pays, que ce soit dans la pratique du pouvoir ou dans la volonté de le conquérir, que ce morcellement auquel on consent d’autant plus volontiers que tout démontre qu’on est incapable de proposer une plénitude à la France. Non par défaut d’intelligence mais à cause de cette prétendue fatalité de la politique, qui contraindrait à raisonner pour partie (ou parti ?) au lieu d’assumer le tout.

A lire aussi: Rentrée littéraire: vous ne passerez pas à côté de Sarkozy!

Je perçois l’extrême difficulté des idéologies extrêmes à se départir d’une vision qui les incite à cliver, à distinguer, à ostraciser. Prenons par exemple la situation du parti communiste : la chaleureuse personnalité de Fabien Roussel ne fait pas oublier que dans son programme, même avec une lutte des classes attiédie, les patrons, les possédants, sont obsessionnellement ciblés, comme s’ils étaient presque coupables d’exister, selon une veine communiste encore plus révolutionnaire que réformiste.

LFI permet, sur le mode vindicatif, une illustration encore plus éclairante pour certaines de ses exclusions radicales.

Triste habitude

La campagne pour 2027, telle qu’elle se présente déjà, ne dérogera pas à la triste habitude de sectoriser ce qui devrait être généralisé, de s’acharner à cultiver sa clientèle de prédilection, de remplacer, en quelque sorte, la cause de la France par celle de son ambition réduite à son expression la plus pragmatique. Si je me trompe, égaré par un pessimisme excessif, j’en serai le premier satisfait.

Qu’on se penche sur le passé ou qu’on se fonde sur les attentes populaires, il est cependant clair que la société française n’a été véritablement convaincue par une campagne présidentielle (avec un taux de participation de 80%) qu’en 2007 quand Nicolas Sarkozy lui a présenté son projet. L’universel enrichissait les mesures particulières. Le candidat avait su concilier le meilleur de la droite et de la gauche, dans un mouvement qui, sortant de l’épicerie partisane, laissait espérer de l’élan, de l’épique.

Pour l’avenir, si les Français plébiscitent le référendum, ce n’est pas seulement parce qu’ils éprouveraient une fringale démocratique, c’est plutôt que ce mode de participation du peuple à son destin susciterait un souffle collectif que la vie politicienne aurait été inapte à provoquer. On admire trop volontiers certains comportements anciens. On ne s’en sert pas comme exemples, tels des modèles à imiter mais comme un idéal impossible à atteindre. Charles de Gaulle est devenue la consolation nostalgique d’une France instrumentalisée en tranches électorales. Le citoyen n’est pas à la disposition des politiques, une multitude à instrumentaliser, mais ils se doivent de le servir.

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Service à l’italienne

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Rome. Image : Unsplash

Quand un pays ressemble encore à l’image que l’on se fait de lui…


Il est bon parfois de communier avec ses icônes. De retrouver dans la chaleur romaine d’une fin d’été, les bases solides d’un pays qui ne trahit pas totalement ses mythes et ses traditions. Qui n’a pas versé abusivement dans une automatisation et une uniformisation à outrance. Qui conserve un sens du service développé et une forme d’humanité rieuse, taquine, à la limite du persiflage, qui rend les rapports moins électriques et surtout moins conflictuels. Et pourtant, qu’il est difficile, voire impossible de résister au rouleau compresseur de la ville occidentale calibrée, indifférenciée, numérisée, à la fois quelconque et anxiogène, où toutes les boutiques se ressemblent et où les aliments ont le même goût lyophilisé. En dépassant les Alpes, le Français habitué à un abaissement généralisé de son niveau de vie, qui doit faire face à un délitement intellectuel et commercial conjugué, se surprend à observer chez ses voisins, des gestes du quotidien disparus depuis des lustres. Des habitudes de consommation qui pour des élites déconstruites sembleraient insignifiantes, mais qui pour un simple citoyen revêtent une portée extraordinaire. C’est à l’aune de ces « minuscules » attentions que l’on prend notre déclassement en pleine poire. Il y a encore en Italie, des barrières contre la déshumanisation galopante, des prestations dignes des années 1950 qui éblouissent par leur simplicité biblique. Il ne s’agit pas ici d’une étude approfondie, sociologique, à vocation universitaire, simplement le constat banal d’une réalité qui fait mal. Les exemples sont à portée de main, pullulent à chaque coin de rue, et l’on se rend compte que nous autres Français, avons perdu la bataille du savoir-faire et du savoir-être depuis trente ans, que notre réputation de gastronome et d’élégant, de filières d’excellence et de traçabilité sécuritaire reposent sur un mensonge. Aurions-nous été mystifiés ? Le « Made in France » fait sourire de rage lorsqu’on le compare au « Made in Italy », à sa puissance économique, à sa diversité locale et à son enracinement. Promenez-vous dans les couloirs de Fiumicino et ceux d’Orly, et vous constaterez, à l’heure du déjeuner, un décalage de civilisation. Partout à l’aéroport de Rome, vous pouvez manger de la « vraie » nourriture, préparée sous vos yeux ; des pâtes, des pizzas, des salades et non pas d’insanes sandwichs ou des produits empaquetés, conditionnés et servis avec une évidente mauvaise volonté ; un affront à notre héritage boulanger et pâtissier. Nous vivons au royaume des hypermarchés et de la standardisation, des ronds-points et des éoliennes, des interdictions et d’une littérature en poudre. Tout semble si fade, si fat dans notre hexagone après un séjour passé en Italie. Nous sommes embourbés dans d’asphyxiantes directives administratives et soumis aux lobbys gloutons. En France, nous avons certes de grands chefs et nous mangeons collectivement, majoritairement de la nourriture industrielle, réchauffée et préparée en laboratoire. Il serait discourtois d’oser mettre sur le même plan de très nombreuses brasseries parisiennes et les trattorias romaines. Déguster des rigatoni all’amatriciana ou des tonnarelli cacio e pepe, des plats classiques du répertoire, nécessitant que peu d’ingrédients et une rudimentaire bassine d’eau chaude relèverait d’un défi insurmontable à Paris où un céleri rémoulade de bonne facture devient un « petit luxe ». En résumé, pour quelques euros, il est possible de s’offrir une nourriture réelle, non déconnectée du vivant. À force de vouloir notre bien, notre santé, notre servilité, nous avons oublié le sens du bon et du beau, du fait-maison et du partage.

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Nous sommes penauds et un peu désemparés de la persistance d’un pompiste (un humain donc) qui vous sert de l’essence, une incongruité énorme, une aberration quasi-historique. En Italie, le self-service n’a pas gangréné les mœurs. On peut se demander jusqu’à quand les digues feront office de rempart culturel. Étrange expérience également pour un Parisien d’aller à la Poste centrale de Rome. Point de machines à affranchir soi-même, mais bel et bien un guichetier à l’ancienne, derrière un comptoir qui prend soin de coller lui-même des timbres (de collection) sur vos cartes postales. Vous croyez rêver. Vous vous demandez combien pourrait vous coûter une telle délicatesse en France. De toute évidence, un pays où un taxi vous ramène à 150 km/h sur l’autoroute a toute mon affection, mon indulgence et ma partialité. Un pays où Adriano Panatta commente le foot à la télé me ravit. En rentrant en France, on peut se consoler en allant voir le film « Seconde jeunesse » avec Stefania Sandrelli encore à l’affiche dans quelques salles et puis écouter les standards de Toto Cutugno.

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