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Les JO valent bien un QR code

Casse-tête sécuritaire. Plus la grande messe sportive approche, et plus cette fête du sport se présente comme un grand moment d’emmerdement pour les Français. Les autorités viennent de dévoiler des cartes de Paris avec quatre zones plus ou moins restrictives, façon Gaza.


Après la grande opération de nettoyage avec le transfert en province de SDF, migrants, camés et autres zombies qui peuplent les rues de Paris… Après l’ostracisme des bouquinistes des quais de Seine – pourtant ô combien essentiels à l’âme parisienne – qui ont été sacrifiés sur l’autel de la sécurité au motif qu’une bombe pouvait être cachée dans leurs boites…  Après l’interdiction de la vente d’alcool dans les stades sauf dans les tribunes VIP où seuls les riches pourront descendre cul sec leur Corona et singer le chef de l’État – car c’est bien connu, seuls les riches savent rester sobres contrairement au populo « qui fume des clopes et roule en diesel »… Après le doublement du prix du ticket de métro qui coutera 4 euros au lieu de 2, envoyant valser la promesse de la gratuité des transports… Après toutes ces mesures qui écornent déjà l’image de JO populaires, une nouvelle restriction affectant la liberté fondamentale d’aller et venir de tout un chacun (protégée par la Constitution) est venue s’ajouter à ce beau panel de contraintes !

Après le passe vaccinal, le passe olympique

Le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, a en effet dévoilé, la semaine dernière1, les contours du dispositif de sécurité pour limiter et contrôler la circulation aux abords des sites olympiques. En tout, quatre zones de sécurité seront mises en place. « Le principe sera l’interdiction de la circulation et l’exception, la dérogation », apprend-on. Voilà qui va faire plaisir à la pourchasseuse de voitures Anne Hidalgo !

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Pour accéder en voiture ou en deux-roues à ces zones, il faudra présenter une raison valable pour obtenir une dérogation. Les salariés qui y travaillent, les résidents qui y vivent mais aussi ceux qui portent secours, les pompiers ou le Samu, devront s’enregistrer sur une plateforme numérique (elle serait accessible au péquin fin mars-début avril), y renseigner tout un tas de données personnelles pour obtenir le fameux QR Code, sésame à présenter à chaque checkpoint.

Mauvais souvenirs

Devoir justifier ses allers et venues et prouver son identité numérique en montrant un QR code, cela rappelle bigrement la politique sanitaire du gouvernement. Après le passe vaccinal, voilà venu le passe olympique ! Sous couvert de sécurité, l’exécutif applique la même logique de surveillance et de contrôle que pendant le Covid.

On a aussi vu cette logique à l’œuvre l’an dernier avec la crise de l’énergie ; les injonctions énergétiques (« je baisse, je décale, j’éteins ») ont alors pris le relais des injonctions sanitaires (« je teste, j’alerte, je m’isole »), et l’appli « écowat » avait remplacé l’appli « Tous anticovid ». Pendant des mois, le pic de la consommation énergétique a été l’alpha et l’oméga justifiant des restrictions, comme l’avait été le pic épidémique pour légitimer l’instauration des couvre-feux, des confinements et du passe vaccinal discriminatoire séparant les mauvais citoyens non vaccinés des bons citoyens vaccinés. 

La capitale Orange mécanique

Critiquer ce passe olympique ne revient pas à nier le risque d’attentats terroristes, très élevé dans notre pays, mais seulement à dire que la prévention du pire ne devrait pas passer par le sacrifice de nos libertés fondamentales. Il est tout de même frappant de constater que l’on brandit à tout bout de champ l’État de droit ou la Cour Européenne des Droits de l’Homme quand il s’agit d’expulser des dangereux terroristes et autres criminels étrangers, mais que l’État de droit disparait soudainement des argumentaires lorsqu’il s’agit de bafouer nos libertés fondamentales dont la liberté de mouvement !

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Alors, plutôt que d’enquiquiner les Français, Laurent Nunes ferait mieux de surveiller ou d’interpeller les délinquants étrangers responsables de 70% des vols avec violence dans les transports en commun, les 20 120 personnes qui sont inscrites au FSPRT – fichier qui recense tous les profils à caractère terroriste – et de redoubler d’efforts pour lutter contre la banalisation de l’hyper violence qui règne à Paris, passée en quelques années de Ville lumière à capitale orange mécanique. Qu’on se le dise, un QR Code n’aurait pas empêché le meurtrier et ses acolytes de se rendre au bal tragique de Crépol, d’y planter au couteau des jeunes et de tuer le jeune Thomas, ni le meurtrier fiché S et islamisé qui a assassiné un touriste allemand samedi soir devant la Dame de fer.

« Rien n’est plus durable qu’un programme gouvernemental temporaire », nous avait prévenu avec raison le père du libéralisme américain Milton Friedman. Lors de l’instauration du passe vaccinal, des esprits avertis prévoyaient l’avènement d’une nouvelle société qui disciplinerait le comportement des citoyens à travers une politique de contrôle des corps, des déplacements, des interactions sociales. Comment ne pas voir dans l’instauration de cet abracadabrantesque QR Code olympique un argument de plus offert à tous ces dangereux « complotistes » ?


  1. https://www.leparisien.fr/jo-paris-2024/jo-paris-2024-circulation-restrictions-decouvrez-nos-10-cartes-du-perimetre-de-securite-30-11-2023-IYOFCHPMWZA7ZB5FQXEQ7OAXSY.php ↩︎

Bisbille entre Londres et Athènes: le roi Charles prend-il parti?

Les sculptures du Parthénon, connues aussi sous le nom des « marbres d’Elgin », restent un sujet de dispute entre le Royaume Uni et la Grèce. Quand le Premier ministre britannique annule une rencontre avec son homologue grec, le roi Charles – selon certains commentateurs royaux – aurait essayé de nouer autre chose que le dialogue. Après tout, son père était grec…


Le choix de la cravate du Roi Charles III lors de la conférence de la COP28 à Dubaï a suscité des spéculations selon lesquelles il s’agissait d’un message codé adressé au Premier ministre britannique Rishi Sunak. La cravate du Roi avait un motif rappelant le drapeau grec. Certains commentateurs y ont vu un symbole suite à une semaine de dispute entre le Premier ministre britannique et le Premier ministre grec au sujet des sculptures du Parthénon. Le débat porte sur la question de savoir si les sculptures, également connues sous le nom des « marbres d’Elgin », doivent retourner à Athènes. Le palais de Buckingham a suggéré que le choix de cravate du roi était parfaitement aléatoire, en citant le fait que la cravate, portée vendredi lors du sommet de la COP28 à Dubaï, avait également été portée par le roi lorsqu’il a rencontré la délégation sud-coréenne au moment de la visite d’État à Londres, la semaine dernière. Selon Buckingham, la cravate portée par le roi lorsqu’il a rencontré M. Sunak n’aurait aucun lien ni avec la Grèce ni avec la dispute diplomatique au sujet des sculptures.

Les Grecs se sentent humiliés par Sunak

La semaine dernière, Rishi Sunak a intensifié son différend diplomatique avec son homologue grec, accusant Kyriakos Mitsotakis d’utiliser son récent voyage à Londres pour « faire de la démagogie » sur la question des sculptures. Il a déclaré aux députés mercredi qu’il avait annulé une réunion prévue la veille avec Mitsotakis à Londres parce que le Premier ministre grec avait rompu sa promesse de ne pas utiliser le voyage comme une opportunité pour plaider en faveur du retour des sculptures.

Dans ses premiers commentaires publics depuis que la dispute a éclaté, Sunak a ouvertement critiqué Mitsotakis, déclarant : « Bien sûr, nous sommes toujours heureux de discuter de sujets de fond importants avec nos alliés, comme la lutte contre l’immigration clandestine ou même le renforcement de notre sécurité. Mais quand nous avons compris que le but de la réunion n’était pas de discuter de questions de fond concernant l’avenir mais plutôt de faire de la démagogie en rouvrant des dossiers appartenant au passé, la rencontre n’était plus pertinente ». S’exprimant mercredi matin, Lina Mendoni, la ministre de la Culture grecque, a accusé le Royaume Uni de faire preuve de « barbarie » dans son traitement des sculptures. « La Grèce continue de discuter avec le British Museum… mais les sculptures sont le produit d’un vol », a-t-elle déclaré à la radio Skai.

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En plus de la réaction de colère des Grecs, le leader travailliste Sir Keir Starmer a accusé M. Sunak d’avoir tenté « d’humilier » un allié européen important. L’ancien chancelier George Osborne, qui préside le British Museum où se trouvent actuellement les marbres, a qualifié les actions de M. Sunak de « crise de colère ». Il a ajouté que le Musée étudiait un accord « par lequel [les sculptures] passeraient une partie du temps à Athènes et une partie à Londres ».

Keir Starmer n’aide pas

Le roi a des liens familiaux avec la Grèce : son père, le prince Philip, est né en Grèce et était membre de la famille royale grecque. En 2017, lors de débats acharnés sur le Brexit, certains ont affirmé que feue la reine Elizabeth avait ouvert le Parlement avec un chapeau qui rappelait les couleurs du drapeau de l’Union européenne. Mais dans le cas du motif bleu et blanc porté par le roi à Dubaï, les sources ont insisté sur l’absence de connotations politiques.

Les sculptures ont été transportées d’Athènes à Londres par le diplomate lord Elgin au XIXe siècle et sont toujours conservées depuis au British Museum, malgré de nombreuses campagnes pour leur retour.

Londres et Athènes se sont livrés toute la semaine à une féroce guerre de communication sur la visite annulée, Downing Street affirmant que le Premier ministre grec était revenu sur sa promesse de ne pas soulever la question lors d’une réunion bilatérale, ce que contestait l’équipe de Mitsotakis. S’exprimant sur son podcast « Political Currency », Osborne a suggéré que l’annulation de la rencontre était motivée, non par une quelconque intention de Mitsotakis de soulever la question des marbres d’Elgin, mais par le fait que, la veille, le Premier ministre grec avait rencontré le leader travailliste, Keir Starmer.

Tant qu’il y aura des films

Avait-on vraiment besoin d’un énième film sur Napoléon ? La réponse est dans la question. Pendant ce temps, le cinéma français s’égare en banlieue et retrouve ses moyens sur une île déserte.


Napoléon en petit

Napoléon, de Ridley Scott, sorti depuis le 22 novembre.

Avec tambours et trompettes : la sortie du nouveau film du cinéaste britannique Ridley Scott a pris des allures d’événement national. L’empereur allait enfin avoir un film à sa mesure. Gance et Guitry, entre 1 000 autres prédécesseurs à travers le monde, n’avaient qu’à bien se tenir. Or, il suffit des premières minutes de ce Napoléon pour déchanter définitivement. Dans la première scène, filmée de façon absolument hystérique et grotesque, Bonaparte assiste à la décapitation de Marie-Antoinette. Ce jour-là, ledit Bonaparte, loin d’être à Paris, faisait le siège de Toulon. À ce compte-là, on pourrait aussi commencer un biopic sur de Gaulle en le montrant votant ou non les pleins pouvoirs à Pétain… Immédiatement après se déroule sous nos yeux ébahis l’arrestation de Robespierre : un casting très approximatif fait ressembler l’Incorruptible à Mirabeau ou à Danton côté corpulence. Quant à la tentative de suicide à laquelle il se livre ensuite, sa vraisemblance historique est contestée par les historiens sérieux.

© Apple

On a beau être indulgent, cette accumulation de bévues laisse pantois. Et tout le reste du film est à l’avenant. Jusqu’à ce que le futur empereur fasse canonner les pyramides d’Égypte, alors même que son expédition militaire comportait, comme on le sait, une incroyable dimension scientifique et patrimoniale. On a vite l’impression de feuilleter un journal britannique écrit sous Napoléon dans lequel la « Perfide Albion » ne cesse de se venger en faisant courir ragots et malveillances. Tout ce qui est excessif est insignifiant : à trop charger sa barque polémique, Ridley Scott en vient à braquer son spectateur. Rien réellement sur les aspects politiques, économiques, sociaux et culturels notamment de l’« épisode napoléonien » selon l’expression de Jean Tulard. Rien sur l’héritage révolutionnaire. Rien sur l’émergence d’une Nation qui se retrouve encore dans la France de 2023 sous bien des aspects. Rien et même moins que rien sur l’époque elle-même. Le Napoléon de Guitry était bien plus politique, c’est tout dire.

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On assiste gêné à la représentation d’un comédien, Joaquin Phoenix, qui a l’air de terriblement s’ennuyer tout au long du film, promenant sa mauvaise humeur manifeste de sa chambre à coucher aux champs de bataille. Et un acteur notoirement beaucoup trop âgé pour tenir le rôle et pas seulement celui du jeune Bonaparte, mais également celui de l’Empereur. En en faisant autre chose qu’un jeune homme dévoré d’ambition, le film rate une nouvelle fois sa cible. Le tout en langue anglaise, ce qui se conçoit évidemment, mais qui dans le cas présent deviendrait presque comique : faire parler anglais cet empereur qui toute sa vie n’a rêvé que d’envahir l’Angleterre en allant jusqu’à faire concevoir un tunnel sous la Manche, relève à bien y réfléchir d’un pari tout à la fois douteux et audacieux. Mieux vaudrait peut-être, et pour une fois, préférer la version doublée ! Mais on imagine que cet aspect a beaucoup amusé le réalisateur, trop content de parfaire ainsi une œuvre tout entière centrée sur la déconstruction d’un mythe. Et de ce point de vue, Ridley Scott va bien au-delà du raisonnable et de l’acceptable en faisant du personnage de Joséphine de Beauharnais une figure féministe et quasi matriarcale. La prochaine fois ce sera mon tour, dit en substance ce personnage dans un anachronisme total et déplacé. Napoléon devient alors une sorte de petit garçon dominé par sa mère et dirigé par son épouse. Il n’existe réellement que par elles et, si l’on en croit le film, son histoire et son destin tiendraient seulement par ces deux femmes-là. Qu’une telle psychologie de bazar s’étale ainsi du tout début jusqu’à la toute fin du film ne cesse d’étonner.


La banlieue en clichés

Bâtiment 5, de Ladj Ly, sortie le 6 décembre

© Srab Films

Depuis l’impayable Haine de Mathieu Kassovitz, le film de banlieue fait florès dans le cinéma français. Après Avant que les flammes ne s’éteignent, sorti en novembre, il nous faut subir le nouvel opus du cinéaste Ladj Ly, dont Les Misérables avait déjà fait se pâmer d’aise les élites germanopratines toujours promptes à défendre Montfermeil, dès lors qu’il ne s’agit pas d’y vivre au quotidien. Les violences policières, les problèmes de logement et la duplicité des politiques sont bien évidemment au centre d’un film qui ne s’embarrasse ni de subtilités ni de complexité. Les clichés surabondent, comme s’il s’agissait de jouer avec le feu d’un contexte social toujours explosif. Ladj Ly s’embourbe dans des dénonciations plus naïves que vertueuses et son portrait politique vire trop souvent à la caricature.


L’amour en grand

Soudain seuls, de Thomas Bidegain, sortie le 6 décembre

© Lilja JonsTrésor Films

Une vraie bonne surprise : c’est ainsi que l’on a envie d’accueillir le nouveau film du scénariste (complice habituel de Jacques Audiard) et cinéaste Thomas Bidegain. Chaussant les bottes du film de genre (un « survival », selon les canons hollywoodiens), l’auteur ne s’en laisse cependant pas conter et dépasse de très loin le programme habituel. Bien plus qu’une leçon de savoir-vivre et résister en milieu hostile, le film centre son propos sur les deux personnages d’un scénario tricoté de main de maître. Incarnés à la perfection par Mélanie Thierry et Gilles Lellouche (à son meilleur), ils traversent ici la crise des crises. Seuls sur une île déserte et sauvage non loin des côtes antarctiques, alors que l’hiver approche, ils affrontent avec courage l’épreuve physique autant que psychologique. Délaissant le sensationnel ou le glauque, Bidegain place dans une situation extrême l’économie d’un couple et c’est tout simplement fascinant.

Causeur: Zemmour à Jérusalem. «Réarmer l’Occident»

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Dans son introduction au dossier du mois consacré à « Notre Occident », Élisabeth Lévy voit dans l’attaque de Crépol la version rurale d’une offensive anti-occidentale menée ailleurs – en France, en Europe, comme en Israël. Certains voudraient qu’il s’agisse d’une guerre de civilisations. Mais les civilisations n’ont pas de numéro de téléphone, ni d’armée. Quel que soit le nom qu’on lui donne, un face-à-face s’esquisse entre les deux peuples qui coexistent sur notre sol. Quant à l’absence d’Emmanuel Macron à la marche contre l’antisémitisme : « Si on en croit le bla-bla sur les valeurs de la République, l’antisémitisme devrait justement nous rassembler. Mais non, il paraît que ça offense certains musulmans qui hurlent au détournement de compassion publique, parce que les vraies victimes, c’est eux. Et ça, ça n’offense personne ». Dans un grand entretien, Éric Zemmour, se confiant à Elisabeth Lévy et Gil Mihaely, déclare : « C’est la même guerre de civilisations qui brûle Kfar Aza et Crépol ». Après l’attaque du 7 octobre, le président de Reconquête s’est rendu en Israël où il a constaté, bouleversé, l’étendue des massacres. Quels sont les devoirs, mais aussi les intérêts de la France dans cette épreuve ? Zemmour en est convaincu : elle doit être à la pointe du réarmement de l’Occident. Michel Onfray, bien que philosophe athée, sait ce qu’il doit au monde juif et au christianisme. Dans une grande tribune, il explique pourquoi, face à l’islamisme, il soutient Israël et se « battra pour défendre » l’Occident. Il nous rappelle les valeurs fondamentales de la civilisation islamique : « Théocratie, misogynie, phallocratie, patriarcat, homophobie, bellicisme, antisémitisme, virilisme, peine de mort ».

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Pour savoir pourquoi le nombre d’agressions antisémites a explosé au Royaume Uni depuis le 7 octobre, Causeur a traversé la Manche pour rencontrer le chercheur Dave Rich. Se confiant à Andrew Hussey, il explique les liens qui se tissent depuis au moins vingt ans entre les islamistes et les militants de l’ultra-gauche, ceux-ci se faisant naïvement manipuler par ceux-là. Le géopolitologue Bruno Tertrais, en conversation avec Jean-Baptiste Roques, parle de l’ouvrage qu’il vient de publier, La Guerre des mondes. Son nouvel essai nous permet de mieux comprendre les conflits actuels en dépeignant un ordre mondial soumis moins à l’idéologie et à l’économie qu’au ressentiment et aux passions identitaires. Pourquoi les Irlandais sont-ils à la pointe de la critique d’Israël ? Selon Gil Mihaely, l’explication se trouve dans le fait que les anciens frères d’armes de l’OLP se voient comme le seul peuple européen victime du colonialisme européen. Jean-Baptiste Roques revient sur les nombreuses bavures commises par l’Agence France Presse (AFP) dans sa couverture des événements en Israël et à Gaza depuis le 7 octobre. Face aux critiques, la direction reconnaît les faits, mais ne prend aucune mesure pour éviter les récidives. Et Gilles-William Goldnadel analyse la manière dont tout un aréopage « d’autorités morales » (médias de gauche, ONG humanitaires, agences onusiennes…) guidées par le militantisme idéologique et la haine du monde blanc fait obstacle à la vérité sur le conflit entre Israël et le Hamas. Enfin, pour se détendre, nous sommes tous invités à passer le nouveau test concocté par Céline Pina : « Quel antisémite êtes-vous ? »

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Côté actu, Elisabeth Lévy analyse les étapes par lesquelles les autorités publiques et les médias de référence réécrivent la réalité d’un événement comme le bal meurtrier de Crépol. D’abord le déni ; ensuite des accusations de racisme portées contre ceux qui nomment les choses par leur nom ; et finalement, l’affirmation que le vrai danger, ce sont les groupuscules d’extrême droite. Certes, de tels nazillons méritent la condamnation mais ne justifient pas l’énorme bobard, diffusé par le pouvoir et la presse, de la peste brune à nos portes. « Dire que deux et deux font quatre est une liberté fondamentale. Le péril mortel, pour l’esprit démocratique, serait que nous renoncions sans rien dire à cette liberté ». Selon Céline Pina, avec l’assassinat de Thomas, la France rurale découvre l’ensauvagement ethnico-religieux qui prend les Blancs pour cible. Malheureusement, elle ne peut compter sur le gouvernement pour désigner les coupables. Sami Biasoni, se confiant à Élisabeth Lévy et Jean-Baptiste Roques, nous parle de son dernier livre, Le Statistiquement Correct. Il y montre que, en dépit de l’abus général des statistiques auxquelles on fait souvent dire tout et n’importe quoi, on peut leur faire dire la vérité. Corinne Berger affirme que l’école de la République est devenue une vitrine du suicide français, et Emmanuelle Ménard nous permet de vivre un peu l’ambiance exécrable qui règne à l’Assemblée nationale depuis le 7 octobre.

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Côté culture, Yannis Ezziadi est allé à Madrid pour rencontrer Antoño Lopez Fuentes, directeur de la maison Fermin qui, depuis près de 70 ans, habille les plus grands toreros. Je recommande d’aller voir Testament, le dernier film du cinéaste québécois, Denys Arcand. Ce chef-d’œuvre dénonce, de manière à la fois profonde et hilarante, le wokisme, l’inculture de la jeunesse, l’hystérie des médias et la démagogie des politiques. Ne manquez pas non plus l’exposition Alfred Courmes à Charleville-Mézières. Pour Julien San Frax, ce grand oublié du XXe siècle a laissé une œuvre exubérante mêlant fable grecque, iconographie chrétienne et satire sociale. Ce n’est pas parce que c’est l’hiver qu’il faut oublier les fleurs : Georgia Ray a fait le voyage de Giverny où, à travers peintures, photos, objets et vêtements, le musée déroule la longue histoire de l’inspiration que les artistes ont puisée dans le langage des fleurs. Mais n’oublions pas que l’hiver – comme nous le rappelle Emmanuel Tresmontant – c’est la saison de la chasse ! Si l’aseptisation contemporaine a eu tendance à faire fuir le gibier de nos étals, ce n’est pas le cas à La Nivernaise, où l’on est chasseur et boucher de père en fils. Jean Chauvet se demande si on a besoin d’un énième film sur Napoléon. À en juger par celui de Ridley Scott, la réponse est non. Avec Bâtiment 5, de Ladj Ly, le cinéma français s’égare en banlieue mais, avec Soudain seuls, de Thomas Bidegain, retrouve ses moyens sur une île déserte. Notre Occident donne encore des signes de vie !

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«Justice pour Thomas»: avec les «Natifs» à la manifestation parisienne

Reportage photo de Céline Dupuis au rassemblement pour Thomas du 1er décembre 2023 au Panthéon.


À 18h19, sur le compte Telegram du groupuscule parisien Les Natifs, l’information confirme le rassemblement pour Thomas prévu vendredi 1er décembre 2023 à 19H sur la place du Panthéon à Paris. Suite à la mort de Thomas, 16 ans, tué le 19 novembre 2023 lors d’un bal de village à Crépol (Drôme) par des individus venus de la cité de la Monnaie à Romans-sur-Isère, plusieurs demandes de manifestations en hommage à Thomas ont été interdites dans toute la France. Le préfet de Paris Laurent Nuñez avait interdit la manifestation parisienne initiée par Les Natifs qui avait déposé un référé-liberté. Le tribunal administratif de Paris a suspendu vendredi soir l’arrêté d’interdiction de rassemblement à Paris estimant qu’il s’agissait d’une « atteinte grave à la liberté de manifester ».


Malgré l’annonce tardive du maintien de la manifestation, environ 200 personnes se sont rassemblées sur la place des grands hommes pour rendre hommage à Thomas par un froid glacial. Quelques sapins luminescents enrobent la place de l’atmosphère chaleureuse de Noël. Le Panthéon s’impose en majesté devant la foule rassemblée en silence. Deux jeunes filles tentent de provoquer les manifestants en lançant à la huée « Bandes d’enculés, sales fachos ! ». Le service d’ordre vêtu de gilet bleu ciel floqué « organisation » reconduisent ces deux antifascistes de carnaval hors du périmètre de la manifestation. Le collectif Les Natifs a choisi son nom « en hommage aux poilus parisiens, natifs de la ville Lumière, pour honorer tous les natifs morts pour la France », mais aussi en référence « aux indigènes américains, les vrais natifs américains ». Antoine, porte-parole, et Edouard, membre fondateur, se définissent comme « fiers et enracinés ». Le mouvement se veut une « avant-garde politique » d’agit prop ; mes interlocuteurs se considèrent comme des « éveilleurs, des aiguilleurs politiques » qui combattent « le laxisme juridique et judiciaire » et défendent les identités.

« Justice pour Thomas »

Devant un calicot accroché aux grilles du Panthéon qui affiche « Hier Lola, aujourd’hui Thomas, Français réveille-toi ! », Antoine, le porte-parole du groupuscule Les Natifs, créé suite à la dissolution par le gouvernement de l’association Génération identitaire le 3 mars 2021, rappelle que le rassemblement a été organisé « pour Thomas, mais aussi en l’honneur de tous les autres, ceux dont l’assassinat n’a pas fait l’actualité ». Il estime par exemple que « si l’État avait fait son travail, Lola serait toujours en vie ».


« Police complice, journalistes collabos »

« On savait que l’État ne défend plus son peuple », enchaîne Benjamin, membre d’Argos, groupuscule lui aussi issu de l’association Génération Identitaire dissoute en mars 2021, qui se présente sur sa page Instagram suivie par près de 10 000 personnes comme un « collectif communautaire qui rassemble la jeunesse alternative française et européenne ». Suite au meurtre de Thomas, le collectif a publié des affiches avec l’image de Thomas  « Massacre de Français. Stop ! Autodéfense »

Benjamin poursuit en accusant les « sbires de l’État de jouer contre nous » en créant des « alliances de circonstances avec la racaille de cité ». Benjamin fait référence à la protection policière mise en place aux abords de la cité de la Monnaie, à Romans-sur-Isère, pour protéger les habitants d’une descente d’une cinquantaine d’identitaires voulant en découdre, le samedi précédent. « La mort de Thomas n’est pas un simple fait divers. Ce crime, au-delà de l’horreur qu’il représente, est l’illustration parfaite d’un laxisme judiciaire. » Le présumé coupable du coup de couteau était en effet sous interdiction de porter une arme. Benjamin rappelle la non-application de l’OQTF de la meurtrière de Lola, tuée le 14 octobre 2022, à Paris 19ème, ou encore la non-incarcération du violeur de Mégane à Cherbourg. Benjamin dénonce un « deux poids, deux mesures » en comparant la remise en liberté des interpellés dans l’affaire de Crépol, quand des activistes de la descente dans la cité de la Monnaie ont écopé de prison ferme, ou encore « un couple à Lyon ayant été placé en garde à vue pour avoir collé des affiches en hommage à Thomas ». Les CRS sont sifflés pour s’être « rendus bien rapidement cette fois-ci dans un quartier sensible sur les ordres du Préfet ». Police et journalistes sont huées par la foule. Peu de manifestants acceptent de répondre aux questions ou d’être photographiés.

A lire aussi, Didier Desrimais: L’ultradroite! L’ultradroite, vous dis-je!

Le membre d’Argos se demande : « Comment ne pas avoir la haine ? » face à ce qu’il appelle le « terrorisme du quotidien qui frappe les Français sur leur propre sol ». « Notre devoir à nous c’est de résister… nous sommes seuls (sans l’Etat NDLA), il y a eux, et il y a nous ». Argos prône l’autodéfense, car « si l’Etat ne rend plus justice, le peuple la rendra lui-même ». Benjamin de conclure : « Oui, l’Etat a du sang sur les mains. Oui, l’Etat est en grande partie responsable du meurtre de Thomas. Oui, l’État est l’allié indirect des racailles de cité. Oui, l’État ne défend plus son peuple. Oui, les Français n’oublieront jamais cette trahison. »

« Parce que la liberté fait partie de notre identité »

Jean-Yves Le Gallou, ancien député européen, créateur de la fondation Polemia, « qui défend l’identité, la critique des oligarchies et la lutte contre la tyrannie médiatique », déplore l’interdiction de manifester. « Cette interdiction était inique. Ce qui est essentiel pour nous, c’est de défendre nos libertés, parce que la liberté fait partie de notre identité, et que si nous n’avons pas la liberté, nous perdrons notre identité.» L’ancien haut fonctionnaire enchaîne sur la thématique de l’immigration. « Le pouvoir veut interdire toutes manifestations critiques parce qu’il veut imposer chaque année l’entrée de cinq cent mille étrangers supplémentaires en France ; parce qu’il veut imposer la répartition des migrants, des clandestins dans tous les villages de France. Pour que demain il n’y ait plus un Crépol, mais dix Crépol, vingt Crépol ! L’argument de Monsieur Nunez pour interdire cette manifestation, c’est qu’elle aurait été contraire à l’ordre public immatériel. Donc pas aux désordres dans la rue comme les gauchistes ou les Black Blocs. Qu’est-ce que l’ordre public immatériel vu par messieurs Darmanin et Nunez ? C’est la doxa politiquement correcte, c’est l’interdiction de pouvoir dire qu’il y a un lien entre l’immigration et l’islamisme, entre l’immigration et le terrorisme, entre l’immigration et la délinquance, ce serait de ne pas pouvoir prôner la remigration. Nous avons le droit de dire les faits, nous avons le droit de prôner la remigration. »


Alice Cordier, présidente co-fondatrice du Collectif Némésis, collectif féministe, prend la parole en s’étonnant tout d’abord « que dans notre pays, on n’a pas le droit d’honorer nos morts. Il y en certains qui ont le droit d’être honorés mais les nôtres visiblement ce n’est pas le cas.» La militante évoque son grand-frère : « je ne supporterais jamais que mon grand-frère puisse mourir de cette façon, et encore moins que l’on ne puisse pas organiser des manifestations en son honneur, à sa mémoire. La deuxième raison, c’est qu’un jour, je serai une maman, j’aurai certainement des garçons, et je ne supporterais pas que mes garçons, mais aussi mes filles aient à vivre dans ces conditions-là. C’est une chose qu’en tant que Français, on n’a pas à accepter. On nous force à vivre avec des personnes avec qui il est devenu impossible de vivre. Il y a une éducation de décalage, nous ne sommes pas éduqués de la même façon. Il y a des jeunes garçons qui ont aujourd’hui une vision ultra-sexiste des femmes, qui ont une vision ultraviolente de comment on règle un conflit, qui sont capables de planter un garçon car il aurait tiré les cheveux de l’autre ». Chaïd A., le principal suspect, âgé de 20 ans, a été  « formellement désigné comme auteur du coup de couteau mortel », selon le procureur de la République de Valence, Laurent de Caigny. Chaïd avait déjà été condamné à une amende de 250 euros pour recel de vol et à une amende de 200 euros pour port d’un couteau dans la rue. « On ne peut pas accepter cet écart de culture qui existe. Il y a une immigration que l’on retrouve dans cette haine de la France, dans cette haine du Blanc, car ces jeunes hommes, et dix témoins le disent, sont venus pour planter du Blanc. » À cette heure, le caractère raciste n’est toujours pas reconnu par les autorités, malgré les demandes de la famille qui demande une requalification. « Ils sont aussi venus pour draguer des filles avec des couteaux de vingt centimètres, je me demande comment ces gens-là draguent les filles d’habitude… »

Dans la foule, quelqu’un tente de lancer un  « Émigrés dehors », mais Antoine, le porte-parole des Natifs, explique que ce n’est ni le lieu ni l’heure et propose plutôt de reprendre en chœur le slogan « Français, réveille-toi, tu es ici chez toi ».


« C’est la guerre des mots »

Liselotte Dutreuil, journaliste à Radio Courtoisie, consacre son intervention à ses confrères journalistes et attaque le traitement médiatique de l’affaire. « Les autorités et les médias voudraient nous faire croire que Thomas est mort de façon fortuite, accidentelle, que sa mort relève de la fatalité » relève-t-elle. « Thomas n’est pas mort parce qu’il était au mauvais endroit au mauvais moment. Thomas était au contraire tout à fait à sa place, il faisait la fête avec ses amis, dans son village, c’est bien normal à 16 ans. En revanche, ses asssassins, eux, étaient bien au mauvais endroit au mauvais moment, ils étaient là où ils n’auraient jamais dû être, là où on n’aurait jamais dû permettre qu’ils soient, parce que la France n’est pas un pays où on se rend au bal avec des couteaux de boucher pour planter du Blanc. Donc, non ces racailles n’auraient pas dû être là. Si on avait un Etat digne de ce nom, ces assassins auraient été dans leur pays d’origine ou en prison, et Thomas serait encore en vie. Thomas, comme tant d’autres avant lui, n’est pas mort par hasard, mais parce que l’Etat a créé les conditions de sa mort : immigration de masse, impunité judiciaire, répartition forcée de la criminalité dans toute la France. » La journaliste charge les médias (nous ne saurons pas quels médias !) pour lesquels Thomas est une erreur de casting, car « trop Blanc, trop populaire, trop Français », elle les accuse de réécrire l’histoire. « Thomas est présenté comme un rugbyman: “le jeune rugbyman décédé lors d’une rixe”, cela n’a interpellé personne ? » questionne la journaliste qui poursuit : « Pensez-vous qu’il aurait été présenté comme un tennisman s’il avait préféré la raquette au ballon ovale ? Non, cela collait si bien avec la théorie de la rixe ; dès le début, c’est la guerre des mots. On aurait pu dire : le jeune Thomas, à peine seize ans, est mort assassiné par des racailles”, on a préféré “le jeune rugbyman décédé lors d’une rixe“. C’est mieux car Thomas, c’est le profil du gros lourdaud, du campagnard qui a dû se bagarrer pendant la troisième mi-temps, une rixe finalement, une malheureuse altercation qui dégénère. Mais non, “Thomas était un jeune homme de seize ans plein de vie très aimé de ses amis, quelqu’un sans problème et très sage“, ce sont les mots de sa mère. »

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« Une bande de racailles qui attaque un bal populaire et qui saigne tous ceux qui leur passent sous la main, ce n’est pas une rixe. BFMTV titre dans la foulée “Crépol, du pain béni pour l’extrême droite” » enrage-t-elle. La foule hue alors la chaîne d’information en continu dirigée par Marc-Olivier Fogiel. Sur cette même chaîne, une avocate avait interprété l’attaque comme une réponse à « un délit de sales gueules ». Liselotte Dutreuil pointe la déconnexion des élites médiatiques : « Les couteaux, c’était peut-être pour casser la croûte avec les vieux du village en regardant les gens danser ? » Sur Arte, l’historienne Isabelle Veyrat-Masson a qualifié l’affaire de Crépol de « banal fait divers » comparable à Roméo et Juliette : « C’est du Shakespeare !» s’est-elle même exclamée. « Cette dame, directrice de recherche au CNRS, et ses amis, sont censés être la fine fleur des analystes en France, et ils viennent faire des parallèles littéraires qui n’ont aucun sens comme de pauvres bacheliers qui bégaient à l’oral, tentant de sauver les meubles. Recalée, madame Veyrat-Masson ! » raille Liselotte Dubreuil. « Non, les duels d’honneur entre deux familles italiennes n’ont rien à voir avec l’assassinat tragique de Thomas aux cris de “viens là, sale gwer” » La journaliste annonce alors avoir gardé le pire pour la fin, car, « si l’indécence devait avoir un nom, ce soir, elle s’appellerait Patrick Cohen ». La foule crie « Traitre ! Sale traitre », à l’évocation du chroniqueur de France Télévisions qui, selon l’oratrice, a renversé les rôles entre « un jeune rugbyman raciste qui aurait tiré les cheveux de son agresseur, qui lui est le pauvre opprimé venu de la cité ». « Monsieur Cohen, comment pouvez-vous sous-entendre que finalement Thomas l’avait un peu cherché ? ». En réalité, « la haine venait de la cité de la Monnaie à Romans-sur-Isère », conclut Melle Dubreuil en épelant les prénoms des prévenus…  


La journaliste de Radio Courtoisie accuse ensuite dans leur globalité les « élites wokes, les médias mainstream » qui ne défendraient jamais « la vie des cul-terreux » et ne pourraient se résoudre à reconnaître cinquante ans de politique migratoire désastreuse. « Journalistes, politiques, avocats, tous profitent de l’occasion pour défendre l’indéfendable… il faut savoir faire preuve d’une certaine gymnastique intellectuelle pour parvenir à défendre des assassins » ; elle ajoute enfin : « voici les mots de Théo,  l’ami de Thomas : “on a la haine, personnellement j’ai un sentiment de violence incontrôlable”. Alors les ayatollahs de la tolérance condamneront sûrement cet ignoble appel à la haine, mais moi je voudrais lui dire à Théo : ne t’en fais pas derrière toutes ces marionnettes de la bien-pensence et de la pilule “vous n’aurez pas ma haine”, il y a une France qui comprend ta colère, car oui nous sommes en colère, nous sommes en colère contre un gouvernement défaillant, nous sommes en colère contre des politiciens veules et lâches, nous sommes en colère contre des médias menteurs et hypocrites alors nous sommes ici pour pousser un immense cri de colère qui est aussi un cri d’amour pour nos martyrs, Thomas, mais aussi Lola, Enzo, Philippe, Alban, Mélanie, Axel, Laura, Maurane, on ne vous oubliera pas. » La foule scande ensuite : « On est chez nous » et Antoine conclut le rassemblement en lançant l’hymne national qui est repris par les manifestants réunis devant le Panthéon.

Jeanne, 75 ans, retraitée, sans enfant, vient de la banlieue parisienne, du Perreux précisément (94). Déterminée, l’œil vif et pétillant, elle me dit qu’elle aurait été « présente même si la manifestation avait été interdite ». Elle a « manifesté avec les gilets jaunes », alors les interdictions de manifester, cela lui passe « au-dessus de la tête ». Avec sa chevelure blanche de senior, ses lunettes prune ouvrant sur deux yeux verdoyants, elle respire la bonhomie et la jovialité, et donne envie de taper la causette. Si elle accepte de me parler, c’est parce que je lui dis que c’est pour Causeur et parce qu’elle « aime bien Elisabeth Lévy », qu’elle trouve « très courageuse ». Jeanne est la seule manifestante qui accepte de répondre à mes questions, mais pas d’être photographiée. La peur de la stigmatisation, même si ses « amis connaissent ses opinions », et, même si, ajoute-t-elle, « ceux de gauche sont de plus en plus d’accord avec moi ». On s’en doute, Jeanne vote plutôt à droite, mais cela n’a pas toujours été le cas au cours de sa vie. A la dernière présidentielle, elle a voté « Zemmour au premier tour ». Jeanne se dit très enthousiasmée par cette « jeunesse qui se réveille face à l’Etat qui n’assure plus son rôle régalien. » La retraitée assure qu’elle viendra « soutenir à chaque fois qu’il le faut », même si elle doit faire des heures de transports en commun. « Rien n’empêche de construire des prisons. La justice est complice de la dégradation du pays ».


Chacun se disperse dans le calme. Hommage, recueillement, minute de silence, prises de parole, le rassemblement tant craint par les autorités s’est finalement déroulé sans aucun incident, et la Brav M stationnée rue Saint-Jacques n’a pas eu à intervenir, alors que des affrontements nocturnes entre « fafs » et « antifas » étaient possibles…

Défense et illustration de la bonne langue française

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Les universitaires, fiers et farauds de leur indépendance, préconisent très largement l’usage de l’écriture inclusive et acceptent globalement les formes langagières les plus fautives, sous prétexte que ce sont les usages modernes d’une langue en mouvement. Il est temps, estime notre chroniqueur, de mettre au pas ces pontifes qui détériorent la langue et mènent à l’échec leurs étudiants.


La linguistique, pour l’essentiel, est descriptive. La grammaire, elle, est normative : elle enseigne le « bon usage » — ce n’est pas un hasard si c’est le titre que Maurice Grevisse a donné en 1936 à sa grammaire, constamment enrichie et rééditée depuis cette époque.

Évidemment, la grammaire, comme l’orthographe, est susceptible d’évolutions. Mais Grevisse, en puisant ses exemples chez les écrivains, limitait la modernisation : plus personne ne songe à boycotter « car », honni par les Précieux, ou à s’indigner devant « malgré que » utilisé en lieu et place de « bien que » par Gide qui en a popularisé l’usage.

Invasions barbares

Gide, et pas les apaches de son temps, comme on appelait alors les racailles. L’usage passe par ces grands manieurs de langage que sont les (bons) écrivains, pas par le sabir articulé entre deux borborygmes par les narcos de Marseille ou la syntaxe désarticulé de Despentes après la sixième bière. Et accepter comme norme nouvelle toutes les approximations aberrantes essayées par les gens de la rue — et j’inclus dans ce groupe un bon nombre de journalistes, qui écrivent « pallier à », « après que je sois » ou « professeure », « auteure » et autres barbarismes.

Parce qu’il s’agit bien de faire barrage aux barbares. Si l’on baisse la garde sur la langue, nous serons confrontés demain à une France éclatée en dialectes aussi divers que les « communautés » que l’on tente de nous imposer pour déchirer le tissu national. L’enjeu est non seulement normatif, il est politique. Ne pas enseigner rigoureusement la grammaire à l’école revient à ouvrir la porte aux fanatiques et aux dynamiteurs. Ceux qui penchent pour le laxisme ouvrent la voie (et ils en sont bien conscients, leurs options politiques le prouvent jusqu’à l’écœurement) à l’éparpillement façon puzzle de la République française. Allez, parions que Samuel Paty ou Dominique Bernard parlaient un bon français. Tolérer le magma linguistique où tant de nos concitoyens sont aujourd’hui embourbés, c’est tendre le couteau aux assassins : parions que le français des frères Kouachi était aléatoire.

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D’autant que, comme Roland Barthes l’a jadis souligné, « la langue est fasciste », elle oblige à dire. Dans les cervelles évidées des universitaires — des « linguistes atterrés » et tout à fait atterrants — qui en mai dernier ont signé dans la collection Tracts de Gallimard un pamphlet d’une violence singulière intitulé Le français va très bien, merci, accepter toutes les déjections de l’oralité la plus baveuse est une lutte contre les « fascistes » qui, comme chacun sait, contrôlent le pays. C’est ainsi que l’un des signataires de ce tract, Médéric Gasquet-Cyrus, maître de conférences à Aix-Marseille et spécialiste du « parler marseillais », se moque d’un étudiant hâtivement catalogué au RN parce qu’il avait épinglé une jeune lycéenne bafouillant « si j’aurais ». « C’est une tournure que tout le monde peut faire », dit notre universitaire. Vu la façon dont il exprime sa hargne sur les agrégés, gageons qu’il a omis de passer le seul concours où la grammaire est vraiment au programme. Mais qu’on l’a recruté sur sa capacité à distinguer la cagole marseillaise de la radasse hexagonale.

Ses collègues ne sont pas en reste. Leur « tract » accumule les aberrations langagières — jusqu’à proposer de traduire Molière en français contemporain, parce que « langue de Molière » ne correspond pas à la façon dont causent les dealers et les toxicos. Ou d’abandonner la référence constitutionnelle au « français », afin d’intégrer toutes les langues régionales — le « marseillais aussi, hé, fadoli ! » L’idée est bien sûr d’aboutir à une créolisation du français, afin de décomplexer tous ceux qui parlent une langue hachée menue.

Des pourfendeurs de la nation intéressés

« L’Académie française propose, surtout aujourd’hui, une vision trop souvent élitiste de la langue », ajoutent ces doctes pourfendeurs de la nation. Certains d’entre eux ont publié en 2016 l’Académie contre la langue française — le dossier « féminisation », où Eliane Viennot et ses complices en arnaques linguistiques défendent le « e » féminisant — comme dans verge et bite : ces ânes persistent à confondre le féminin et le femelle, à se baptiser « maîtresses de conférence » — mais reculent devant le ridicule et continuent à appeler leur avocate « maître ».

Mais ils montrent quand même le bout de l’oreille, en suggérant que l’Académie « élise pour moitié des linguistes », afin de montrer le droit chemin de la diversité aux croulants (supposés) du Quai Conti. Idéologues, mais intéressés, n’est-ce pas…

Évidemment, ce laxisme de gauche s’applique à l’orthographe : constatant que celle de Montaigne ou de Rabelais est fantaisiste, nos atterrés en concluent (c’est André Chervel qui après 68 a lancé cette idée baroque) que la dictée est un exercice dictatorial. Voilà un moyen d’identifier les fascistes auquel Gramsci n’avait pas pensé.

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Bien sûr que la langue française, bien articulée, est élitiste ! Mais l’élitisme est une donnée fondamentale de la République, c’est ainsi que nous avons longtemps poussé chaque élève au plus haut de ses capacités. J’ai démontré largement dans mes livres que l’égalitarisme imposé par les « pédagogues » qui ont investi la rue de Grenelle après l’élection de Mitterrand a produit bien plus d’inégalités que l’élitisme qu’il a renversé : parce que à tolérer les formes fautives et les accents les plus corrompus dans la bouche de gosses qui n’avaient pas tété le bon usage avec le lait de leurs mères, on les condamne à rester à vie dans leur ghetto. En entrant jadis à l’ENS, en passant l’agrégation, j’ai appris à masquer mon accent marseillais, afin de ne pas heurter les élèves normands auxquels m’a confronté ma première nomination. Je le ressors quand c’est nécessaire.
Et ce n’est pas l’accent de Paris qui détermine la norme, n’en déplaise aux complexés d’Aix-Marseille, c’est celui de la Touraine… Ciel, me voici glottophobe…

… Pas même : je sais seulement que pour faire réussir les enfants d’en-bas, il faut leur apprendre la langue et la culture d’en-haut. Parce qu’il n’y a pas de culture d’en-bas tant que les mêmes élites se reproduisent en haut — voir Marx et Bourdieu. Il faut apprendre aux déshérités les façons les plus exquises de la langue — sous peine de les voir préférer, un jour de désespoir, l’arabe corrompu des semeurs de terrorisme.

Quant à nos universitaires prêcheurs de haine et de communautarismes en guerre, il est plus que temps qu’une Inspection générale du Supérieur, extérieure à la clique, évalue sérieusement les « recherches » effectuées par ces briseurs de République, avec le pouvoir de les révoquer en cas de malfaisance notoire. Les enseignants du Supérieur ne doivent plus se réclamer de leur poste comme d’une clause d’impunité, ils doivent rendre des comptes à la République qui les nourrit. Quitte à les reverser dans le Secondaire, s’ils ont des titres suffisants, ou à leur proposer un stage dans les rizières de Camargue, afin de les rééduquer. Ils libèreront ainsi des postes sur lesquels on pourra enfin nommer de vrais chercheurs — ceux qui trouvent.

PS. Je n’ai rien personnellement contre Médéric Gasquet-Cyrus — AMU est une fac pleine de demi-pointures. Mais comme, lors du récent Salon du livre de Marseille, il m’a précisé qu’il utilisait l’un de mes ouvrages (C’est le français qu’on assassine, 2017) pour démontrer à ses étudiants, pris en otages, ce qu’est une pensée fausse et de droite, je me suis penché sur son cas. Un pauvre type qui a refusé avec hauteur que je vienne préciser aux dits étudiants deux ou trois points qu’il n’aurait qu’effleurés. Ah, la crainte de la concurrence…

Le français va très bien, merci

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Ces diversions qui font le jeu de l’islamisme

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L’ « imam » Mélenchon, porte-voix de l’islam révolutionnaire, a lancé sa fatwa, dimanche, contre la journaliste de LCI : « Ruth Elkrief. Manipulatrice. Si on n’injurie pas les musulmans, cette fanatique s’indigne. Quelle honte ! Bravo Manuel Bompard pour la réplique. Elkrief réduit toute la vie politique à son mépris des musulmans. »

Les islamistes enivrés par la terreur du Hamas

Je n’ai pas pour habitude de me joindre au corporatisme journalistique : la caste ne supporte pas de recevoir les leçons qu’elle distribue aux autres. Cependant, désigner ainsi ma consœur à la vindicte d’illuminés, au nom d’une supposée légitime défense, relève de la mise en danger de la vie d’autrui.

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Dans le contexte d’une offensive islamiste et antisémite enivrée par la terreur du Hamas anti-juifs, tenir de telles accusations revient à faire de la journaliste une cible. Cette dernière a d’ailleurs été placée ce lundi sous protection policière. Mais Mélenchon a choisi son camp. Au prétexte de flatter l’électorat musulman, qu’il confond avec le prolétariat et qu’il mêle à l’islamisme, il apporte son soutien enthousiaste à l’organisation nazislamiste organisatrice des pogroms du 7 octobre en Israël. Samedi, lors d’une manifestation parisienne « pour la paix et la justice », le leader de LFI a déclaré : « Vive Gaza ! Gloire éternelle à ceux qui résistent ! ». Résister consistant, pour le Hamas, à tuer sataniquement y compris des femmes et des enfants parce que juifs et à filmer ces horreurs pour galvaniser les haines. C’est au nom notamment de Gaza et de la cause palestinienne qu’un Franco-iranien fiché S, Armand Rajabpour-Miyandoab, a tué au couteau samedi à Paris un germano-philippin et a blessé deux autres passants choisis au hasard, aux cris d’ « Allah Akbar ! ».

Ne détournons pas le regard

Le choix de Mélenchon de soutenir le totalitarisme coranique est une capitulation dont l’extrême gauche aura à répondre si s’ouvre un jour le Nuremberg de l’islamisme, de ses crimes et de ses collaborateurs. Remarquons déjà que le Conseil français du culte musulman (CFCM), oubliant de s’émouvoir du drame parisien, a appelé dimanche à la «vigilance» les «musulmans de France», redoutant que l’attaque meurtrière ne soit «instrumentalisé(e) par des officines d’extrême droite». Or cette diversion est également la posture choisie par le discours gouvernemental qui alerte sur « l’ultra-droite ».

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Face à l’islam politique, le pouvoir a la main molle. À écouter Gérald Darmanin, ce seraient les protestations de mouvements identitaires ou patriotes contre les agressions raciales des racailles de la contre-société qui seraient, comme à Crépol, des sources de « petites guerres civiles ».

Le profil psychiatrique du dernier tueur, déjà condamné à quatre ans de prison pour terrorisme, est également une aubaine pour ceux qui craignent de désigner l’islamisme et son emprise comme étant le moteur de l’offensive contre les démocraties occidentales, singulièrement en France. Rajabpour-Miyandoab, qui a excellé dans la dissimulation (jusqu’à son prénom, qui s’est substitué à Imam) n’est pas un fou ; les derniers médecins en étaient convenus. Mais Mélenchon, aveuglé par sa cause perdue, prétend le contraire.

L’ultradroite! L’ultradroite, vous dis-je!

La sphère politico-médiatique n’a plus que « l’ultra-droite » à la bouche. Pour l’instant, cette dernière n’a pourtant heureusement tué personne. Mais faute de mieux, et parce que l’on craint une fracturation de la société, c’est la seule contre-offensive que l’on a trouvée en macronie aux victoires lexicales du camp d’en face alors qu’une « vérité parallèle » – en désaccord avec le gouvernement – émerge à droite de l’échiquier politique. Récit.


Sur Arte, la sociologue et historienne des médias Isabelle Veyrat-Masson a comparé le drame de Crépol, qu’elle qualifie de « fait divers banal », à Roméo et Juliette. « C’est un bal, dans lequel une famille déteste l’autre famille et va chercher des filles. […] Ça devait être au départ un petit truc sympa, un peu provocateur mais sans plus, et ça devient quelque chose de gravissime. Il y a des combats et bien évidemment on tire l’épée parce qu’on tire toujours l’épée, mais maintenant c’est des couteaux, mais les couteaux existent, là aussi, depuis que les couteaux existent. »

Comparaison n’est pas raison

Cependant, note la vibrionnante sociologue complètement partie en vrille, il y a une différence fondamentale entre ce « fait divers » et le drame shakespearien, et cette différence c’est « une montée en généralisation de par le fait que l’extrême droite va se servir de ce fait divers banal dans un contexte politique ». Cette comparaison débile enrobée d’une très grossière analyse politique et distillée dans une langue approximative proche du verbiage des sociologues de Paris VIII, serait désopilante si elle ne concernait pas la mort tragique d’un jeune homme assassiné non pas par un personnage romanesque mais par une racaille bien réelle et assez similaire à celles qui pourrissent la vie des Français dans de nombreuses villes et maintenant dans des villages. Cette dame a été directrice de recherches au CNRS – la bêtise du second degré décrite par Clément Rosset se porte décidément bien. Elle a, de plus, co-dirigé un ouvrage sur Les guerres de mémoires avec Pascal Blanchard, l’historien décolonialiste bien connu des milieux immigrationnistes et multiculturalistes dans lesquels gravitent ses amis Rokhaya Diallo et François Durpaire. Il y a, comme ça, des signes qui ne trompent pas.

L’éditorialiste Patrick Cohen minimisant la gravité des faits de l’attaque de Crépol sur France5. Photo DR.

Sur France 5, Patrick Cohen, lui, a repris sans nuances le récit des racailles rapporté complaisamment par Le Monde. « Ils sont venus pour s’amuser, pour draguer des filles. Pas d’incident jusqu’à la dernière chanson de la soirée, Tchikita du rappeur Jul. C’est là que d’après les mis en cause, l’un des participants au bal, un rugbyman, aurait tiré les cheveux longs d’un des membres du groupe, le traitant de “Tchikita”, c’est-à-dire de fille sexy. Altercation, bagarre, les offensés sortent des couteaux. Un adolescent de 16 ans s’effondre, poignardé à mort. » Quid des propos racistes rapportés par de nombreux témoins ? Des couteaux de 20 cm que les pauvres « offensés » avaient sur eux ? De la version très différente donnée par ceux qui ont vécu cette attaque en règle ? Des antécédents des suspects ? Naturellement, cette version édulcorée des faits tragiques de Crépol ne sert une fois de plus qu’à désigner les supposés véritables coupables, les seuls qui vaillent aux yeux de Patrick Cohen et de toute la caste journalistique des médias publics, « la droite et l’extrême droite qui veulent qu’une France se dresse contre une autre ».

La guéguerre des récits

Le Monde n’est pas intéressé par les « faits divers ». Il évite d’en parler avec soin. Quand le « fait divers » prend une allure implacable de « fait de société », fait tellement révélateur de l’état dans lequel se trouve notre pays qu’il devient impossible de le mépriser totalement, Le Monde consent à faire quelques papiers dessus tout en privilégiant des angles d’attaque permettant d’altérer la réalité et de désigner un coupable qui n’a rien à voir avec les véritables coupables. Bien entendu, pour ne pas faire le jeu de qui vous savez, le quotidien s’est refusé à donner les prénoms des assaillants interpellés par la police. Les articles du Monde consacrés à la mort de Thomas ont été simplement le relais de la propagande gouvernementale et ont quasi-systématiquement fait état de… l’extrême droite et de l’ultradroite, en reprenant les éléments de langage du funeste triumvirat gouvernemental – Borne, Dupond-Moretti, Darmanin : « l’indécente exploitation de la colère », « une exploitation politique effrénée », « le gouvernement hausse le ton pour contrer le récit porté par l’extrême droite », « Meurtre de Thomas : Face au rouleau compresseur médiatique du groupe Bolloré, la majorité a cherché le bon tempo », etc. Le 30 novembre, Le Monde titre : « L’exécutif face aux assauts de l’extrême droite ». Le drame de Crépol, comme la plupart de ceux qui ensanglantent régulièrement notre pays, est le cadet des soucis des journalistes du Monde. Pour eux, le seul véritable danger qui guette la France c’est… la droite nationale !

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De son côté, Apolline de Malherbe a reçu Éric Zemmour sur RMC. L’entretien a duré vingt minutes. Durant les onze premières, la journaliste est restée la proie d’une idée fixe et n’a posé qu’une seule question : le président de « Reconquête ! » condamne-t-il l’ultradroite ? Ayant échoué à obtenir une réponse à son goût, elle a ensuite fait semblant de s’intéresser à la mort de Thomas – mais n’a cessé en réalité d’essayer à nouveau d’arracher de la part de Zemmour une condamnation de l’ultradroite. La locution « extrême droite » – usée jusqu’à la corde et devenue risible à force de qualifier de plus en plus de monde, en fait tous ceux qui n’occupent ni le centre macroniste ni l’extrême gauche mélenchoniste – ne faisant plus peur à personne, la caste médiatico-politique a passé la vitesse supérieure et parle maintenant, avec des frissons dans la voix, de l’ultradroite, laquelle serait le prolongement et le bras armé du RN et de « Reconquête ! ». L’ultradroite représente environ 3000 personnes en France, d’après le spécialiste de l’extrême droite, Jean-Yves Camus. Son pouvoir de nuisance est loin d’être comparable à celui des black blocks, antifas et autres zadistes qui composent l’ultragauche et ne ratent jamais une occasion de casser et piller les magasins, de détruire les biens des entreprises ou des particuliers, ou de se colleter avec les forces de l’ordre puis de se faire passer pour des victimes. Pourtant, la presse bienpensante et le gouvernement n’ont plus que le mot « ultradroite » à la bouche. Pourquoi ?

L’ultradroite sert de paravent à l’impéritie de nos ministres régaliens et de carburant à l’idéologie gauchisante de nos médias progressistes. Les uns et les autres, conscients du fait que l’opinion publique est en train de virer à droite toute, ont décidé de noircir un peu les « heures sombres » et d’opérer une césarienne sur ce « ventre fécond » qui tardait à accoucher d’un véritable monstre. Pas sûr que cette opération soit profitable. Les Français voient ce qu’ils voient : ils savent pertinemment que « l’ultradroite » n’a rien à voir avec les dizaines d’agressions quotidiennes à l’arme blanche, les viols de plus en plus fréquents, en particulier sur des personnes âgées, les émeutes qui ont ravagé la France cet été, les menaces que subissent régulièrement les professeurs, la mort de Lola, d’Alban Gervaise, de Samuel Paty et de Dominique Bernard, le martyre d’Ilan Halimi, la mort de Sarah Halimi et de Mireille Knoll, les violences gratuites pour une cigarette, pour un « mauvais regard », pour rien, l’arrachage des photos de Thomas à Sciences Po ou des photos des otages franco-israéliens dans la rue, la mise sous protection policière de dizaines de chercheurs, journalistes ou représentants politiques, l’éviction des juifs du 9-3, l’explosion des actes antisémites, les attentats qui ont fait près de trois cents morts en France depuis 2012, etc.

L’avocat de Salah Abdeslam se dresse courageusement contre l’ultra-droite

Malgré cette lugubre liste non exhaustive, de belles âmes plastronnent sur les plateaux de la télé publique pour faire part de leur inquiétude mais aussi de leur résolution face à l’ultradroite. Ainsi, toute honte bue, Franck Berton déclare dans l’émission C L’hebdo, à propos des « individus d’ultradroite » interpellés à Romans-sur-Isère : « Je ne pourrais pas les défendre parce que je n’ai rien à dire sur cette exclusion (sic) qui en réalité est d’un autre temps ». J’ai oublié de dire que Maître Berton est l’avocat qui a défendu Salah Abdeslam, ce jeune homme bien de notre temps, lui, impliqué dans les attentats terroristes du 13 novembre 2015 et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Quant à Yannick Jadot, il confesse, sur le plateau de Télématin, avoir « pour la première fois de [sa] viela trouille ». La trouille de quoi ? Devinez…

Il est et il sera de plus en plus difficile de nier la réalité. Les macronistes et les islamo-gauchistes ont beau beugler la même chanson sur l’immigration nécessaire et bénéfique, le vivre ensemble idyllique, la diversité heureuse et le magnifique multiculturalisme, ça craque de partout. Marie-Hélène Thoraval, maire divers droite de Romans-sur-Isère depuis 2014, a été visiblement choquée par les événements de Crépol. Elle ne peut et ne veut plus se taire. « On a cru bien faire », dit-elle en parlant des 150 millions d’euros injectés dans le quartier dont sont issus la plupart de ceux qui ont attaqué le bal à Crépol. Au Figaro, elle dit : « La Monnaie est l’un des quartiers les plus dotés ! Je ne connais pas d’autre quartier dans Romans qui possède une maison de quartier, une ludothèque et une médiathèque… La maison de quartier, en 2020, a d’ailleurs été en partie brûlée par des individus de la cité. Tout comme la crèche en 2017, et une école en 2016. Au moment des émeutes, le quartier a aussi été violemment mis à sac… En juillet dernier, des individus ont brûlé l’office HLM ! Le restaurant chinois a lui été caillassé. Et le bar PMU affiche encore porte close. » Sur RMC, elle tient les mêmes propos et ajoute sans prendre de gants : « Quand on fait le décompte, bizarrement, on réalise qu’aucun des commerces communautaires du quartier n’a été touché ! » Apolline de Malherbe encaisse. Si cette phrase était sortie de la bouche d’ Éric Zemmour, elle aurait sans doute fait montre d’un extraordinaire courage journalistique en reprenant à la volée un propos pas loin d’être nauséabond – l’exercice est plus délicat face à une élue décrivant la réalité d’une ville moyenne confrontée aux mêmes maux que ceux qui contaminent de plus en plus de villes françaises. Visiblement agacée par le détournement politicard opéré par le gouvernement et les médias, la maire de Romans-sur-Isère continue de régler les comptes : « J’ai vu la fermeté du ministre Darmanin (à propos des « milices d’ultradroite » défilant dans sa ville) mais j’aurais aimé qu’il ait la même lorsque nous avons eu les émeutes dans nos villes moyennes fin juin début juillet. »

Une maire courageuse contre la culture de l’excuse

Marie-Hélène Thoraval confirme ce que tout le monde sait mais qu’Apolline de Malherbe semble découvrir : les maux qui gangrènent la France s’appellent la drogue, la délinquance, la violence et la radicalisation islamique. Les personnes interpellées suite à l’attaque de Crépol et à la mort de Thomas sont déjà connues de la police et de la justice, font partie de « familles de délinquants » issues de l’immigration et multirécidivistes. La maire demande calmement mais résolument que cesse « la culture de l’excuse » et que la justice soit intraitable avec les délinquants afin que les quartiers dans lesquels vivent « les gens qui travaillent » puissent retrouver la paix.

Marie-Hélène Thoraval ayant dit la vérité, elle partage maintenant le sort d’autres lanceurs d’alerte. Après avoir reçu de nombreuses menaces de mort, elle vit dorénavant sous protection policière. Dans un entretien donné au JDD, elle rappelle que, déjà en 2015, pour avoir voulu récupérer un bâtiment communal squatté par des « associations très engagées à l’extrême gauche, sous couvert d’écologie », elle avait reçu « des menaces de mort qui venaient de l’extrême gauche ». Aujourd’hui, menacée de décapitation et traitée de facho – « les termes qui reviennent dans la menace de mort correspondent à des méthodes qu’on peut facilement identifier », confie-t-elle au Figaro – elle observe de loin, dépitée mais pas surprise, la centaine de jeunes encapuchonnés accompagnés de quelques militants de gauche qui manifestent contre elle, sous les yeux attendris d’une certaine presse, de LFI et des écolos, en prétendant représenter la majorité des habitants du quartier de la Monnaie.

Pendant ce temps, incapables d’agir sur les véritables causes de la violence qui sévit en France, M. Darmanin fanfaronne en proposant la dissolution de deux ou trois groupuscules d’extrême droite, l’inconsistante Mme Borne condamne « avec la plus grande fermeté les actes de violence de l’ultradroite » et le pauvre Dupond-Moretti se remet à délirer à plein tube en invectivant sa bête noire, le RN qui, selon lui, souhaite « opposer la France rurale et tranquille, catholique et blanche, à la France des cités, des Mohamed, des Mouloud et des Rachid. » Dire que ce sont les mêmes qui parlent d’indignité et d’indécence quand il s’agit de discréditer les élus qui disent ce qu’ils voient et, surtout, qui disent ce qu’ils vivent. Je m’arrête là – mon papier est déjà trop long et je crains de devenir grossier. 

Bataille ne gagnera pas la guerre

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Pascal Bataille, animateur sur C8, fait partie de ces gens qui, dans un pays démocratique, appellent à mettre Eric Zemmour médiatiquement « hors d’état de nuire ».


Si on n’avait pas Eric Zemmour dans l’espace intellectuel et médiatique, certains n’hésiteraient pas à l’inventer pour s’installer dans un ciblage confortable, paresseux. Pour ma part, si j’ai approuvé sur des thèmes importants son parler-vrai, voire brutal, si j’ai de l’amitié pour lui, je n’ai pas voté en sa faveur, tant la mise en œuvre de son programme radical et sans nuance venant confirmer ses globalités parfois offensantes, aurait mis le pays à feu et à sang. Cette attitude n’est pas contraire à ma passion des empoignades vigoureuses sur les plateaux médiatiques dès lors qu’une élémentaire courtoisie est respectée.

Délire éradicateur

Aussi, quelle n’a pas été ma triste stupéfaction quand j’ai découvert ce que Pascal Bataille avait déclaré sur Sud Radio : « (Eric Zemmour) a un discours clairement raciste, antimusulman et anti-arabe et il faut le mettre hors d’état de nuire sur le plan médiatique et juridique ». Je n’ose pas croire que Pascal Bataille, animateur sur C8, soit jaloux du talent médiatique d’Eric Zemmour. Pour l’élément juridique, on ne peut pas dire qu’on a été économe des procédures à l’encontre du président de Reconquête! ! Pascal Bataille devrait au moins être à moitié satisfait.

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Mais il veut plus en s’abandonnant à une forme de délire éradicateur. Il faut mettre Eric Zemmour « hors d’état de nuire »… Pascal Bataille a-t-il eu conscience de ce que son extrémisme est bien pire que celui qu’il prête (sans l’expliciter) à Eric Zemmour ? Là où celui-ci propose des convictions, aussi contestables qu’elles puissent apparaître (mais ce serait à démontrer), Pascal Bataille suggère tout simplement de faire sortir du champ médiatique le locuteur qu’il abhorre. Comme ce serait commode – et d’une pauvreté insigne – de procéder de la sorte en ostracisant brutalement tous ceux qui n’ont pas l’heur de plaire à Pascal Bataille !

Y’a que la liberté qui compte!

Ce dernier aurait dû écouter la chronique d’Elisabeth Lévy, ce matin 5 décembre, dans la matinale de Patrick Roger sur Sud Radio. Il aurait appris que la liberté d’expression ne doit pas servir seulement à la formulation de ses propres convictions mais qu’elle a pour fonction et comme honneur de laisser parler ceux qui ne pensent pas comme nous. Il était important d’énoncer cette évidence qui l’est de moins en moins dans un monde qui préfère la certitude péremptoire au doute enrichissant, le monologue sûr de soi au dialogue incertain et imprévisible. Je ne croyais tout de même pas que Jean-Michel Aphatie aurait un successeur du même acabit, lui qui s’est fait une spécialité obsessionnelle de vouloir exclure Eric Zemmour d’un univers où, essayiste comme hier et politique aujourd’hui, il fait de l’ombre à tout le monde et d’abord aux professionnels des médias. La contradiction est déjà insupportable en soi mais quand le talent l’habite, c’est véritablement du lèse-conformisme, une atteinte à la volupté de questionner et parler pour ne rien dire… Cette dangereuse exigence de prétendue pureté rendrait les controverses impossibles sauf à les vouloir aseptisées, les confrontations inutiles sauf à les souhaiter formelles, l’appréhension du réel insupportable sauf à l’embellir par déni.

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Qu’on ne croie pas que mon modeste combat ne s’attache qu’à Pascal Bataille et à Eric Zemmour. Je pourrais développer peu ou prou la même argumentation non pas pour défendre Jean-Luc Mélenchon mais pour refuser qu’on noie ses propos scandaleux sous l’opprobre globalisant d’antisémitisme. Puis-je, en tout cas, suggérer à Pascal Bataille d’adopter un autre comportement que ces injonctions comminatoires adressées aujourd’hui à Eric Zemmour ? Et demain à qui ? Je donne ce conseil à tous ceux qui préfèrent supprimer la parole que la contredire ou l’affiner.

Eric Zemmour serait raciste ? Libre à vous, Pascal Bataille, d’aller le démontrer face à lui.
Il serait anti-arabe et anti-musulman ? Libre à vous, Pascal Bataille, de lui opposer votre contradiction.
Mais, de grâce, évitez la honte de vous faciliter la tâche en demandant la suppression de l’adversaire !


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Recherche Anna désespérément!

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La comédie musicale pop de Pierre Koralnik sur une partition originale de Serge Gainsbourg diffusée le 13 janvier 1967 sur l’ORTF, avec Anna Karina et Jean-Claude Brialy en romantiques psychédéliques, est enfin visible dans une vraie salle de cinéma, au Champo, à Paris


L’objet est étrange, décousu, outrageusement coloré et dissonant dans le paysage télévisuel des années 1960 et encore aujourd’hui, en ce mois de décembre 2023, il intrigue, agace et séduit par ses défauts apparents. On se dit que la vieille télévision d’État avait les idées larges en ce temps-là et n’avait pas peur de désarçonner la ménagère dans son canapé par cet afflux de couleurs et de sons décadents. Long métrage aux allures de Dim Dam Dom, explosion colorimétrique à vous décoller la rétine, hybridation bruyante entre la « Nouvelle Vague » et la « Pop Culture », au croisement de la société de consommation et de l’avant-garde culturelle, « Anna » est l’œuvre conjointe du réalisateur franco-suisse Pierre Koralnik et de Serge Gainsbourg qui en signe la bande-originale, sans oublier les mains de féé de l’arrangeur Michel Colombier, mentor et précurseur de l’électropsychédélique. Dans le sillage de Jean-Christophe Averty, le petit écran dénoue son nœud de cravate Windsor et propose au public français un spectacle assez déroutant en ce mois de janvier 1967. Malraux est aux Affaires Culturelles, Marcellin à l’Industrie et Sanguinetti aux Anciens Combattants. Il y a donc de la danse, le chorégraphe Victor Upshaw modèle son ballet d’ouverture en s’inspirant de l’action painting, on se croirait à Broadway sous psychotropes ; il y a aussi une photographie et une lumière très audacieuses pour l’époque, on est loin d’Intervilles et du gros Léon qui a cassé ses lunettes, le chef opérateur Willy Kurant travaille les halos et les dégradés à la manière de Joan Miró ; il y a surtout un casting international premium, on y croise Monsieur Eddy impérial au micro, Marianne Faithfull en songe « Swinging London » et les détonants Hubert Deschamps et Henri Virlogeux. « Anna » est un bon poste d’observation de cette fin des années 1960, à la fois sur une politique de programmation vraiment ambitieuse – Michèle Arnaud est à la manœuvre – et sur ce qu’on appellerait aujourd’hui pompeusement « l’intermodalité » non pas des transports mais des disciplines artistiques. Le télespecteur pré-1968 est peut-être un veau, mais un veau pensant. On ne se contente pas de lui infliger des émissions avec un animateur et des chroniqueurs dans un studio blafard, le degré zéro de la création, on souhaiterait l’élever. Le mot est lâché.

A relire, Jérôme Leroy: Anna Karina est morte

Premier téléfilm couleurs de l’ORTF

La télévision ne s’enferme pas alors dans le carcan de l’audimat et, pour cause, elle ne connaît pas les terreurs de ce futur horodateur, elle initie d’improbables projets, impensables en 2023, elle fait appel à de jeunes artistes talentueux, elle a une volonté émancipatrice qui n’est pas exempte d’affèteries, et ça donne ce téléfilm chanté, dansé, pastille hors-gabarit, dont l’incongruité même porte le sceau des affranchis. L’ironie de cette histoire est qu’« Anna » se trouve être le premier téléfilm français tourné en couleurs (en 35 mm) mais sera diffusé à l’ORTF en noir et blanc ! Le Champo, cinéma indépendant d’Art et Essai du Vème arrondissement, inscrit aux Monuments Historiques depuis 2000 nous offre enfin la possibilité de voir ce conte de Noël dans une grande salle et de se lover dans des fauteuils rouges. Anna Karina est une Cendrillon perdue dans une agence publicitaire modeuse dirigée par Jean-Claude Brialy, cet amour réfractaire se déroule dans le décor d’un billard électrique, dans un « Comic Strip » où l’onomatopée est de rigueur. Anna fait des BAM, des BOW, des BLOP, des WIZZ avec sa bouche et elle a sacrément du chien. Sa monture ronde et son large sourire tentateur suffisent pour valider cette expérience visuelle.

Robes transparentes

Comme tous les objets nouveaux, « Anna » peut déstabiliser par sa narration qui n’est pas linéaire et sa musique expérimentale qui fait parfois grincer les dents. Certains morceaux trop saturés et un découpage qui ressemble à un collage halogène ne sont pas habituels dans l’environnement télévisuel. Mais Anna Karina est là, écharpe rouge, sur une plage normande, elle chante « Sous le soleil exactement » de sa voix claire et puissante. Alors, on est cueilli. Comment lui refuser notre main ? Et puis, il y a des images qui ravivent notre nostalgie : Brialy en caban marin conduisant une Ford Mustang cabriolet, Gainsbourg en trench et clope au bec, des publicités Saint-Raphaël sur les murs des gares, des pulls en shetland et des robes Courrèges transparentes.

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Les JO valent bien un QR code

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Laurent Nunez, préfet de Police de Paris avec Amélie Oudea-Castera, ministre des Sports et des Jeux Olympiques, Paris, 20 octobre 2023 © Eric TSCHAEN-POOL/SIPA

Casse-tête sécuritaire. Plus la grande messe sportive approche, et plus cette fête du sport se présente comme un grand moment d’emmerdement pour les Français. Les autorités viennent de dévoiler des cartes de Paris avec quatre zones plus ou moins restrictives, façon Gaza.


Après la grande opération de nettoyage avec le transfert en province de SDF, migrants, camés et autres zombies qui peuplent les rues de Paris… Après l’ostracisme des bouquinistes des quais de Seine – pourtant ô combien essentiels à l’âme parisienne – qui ont été sacrifiés sur l’autel de la sécurité au motif qu’une bombe pouvait être cachée dans leurs boites…  Après l’interdiction de la vente d’alcool dans les stades sauf dans les tribunes VIP où seuls les riches pourront descendre cul sec leur Corona et singer le chef de l’État – car c’est bien connu, seuls les riches savent rester sobres contrairement au populo « qui fume des clopes et roule en diesel »… Après le doublement du prix du ticket de métro qui coutera 4 euros au lieu de 2, envoyant valser la promesse de la gratuité des transports… Après toutes ces mesures qui écornent déjà l’image de JO populaires, une nouvelle restriction affectant la liberté fondamentale d’aller et venir de tout un chacun (protégée par la Constitution) est venue s’ajouter à ce beau panel de contraintes !

Après le passe vaccinal, le passe olympique

Le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, a en effet dévoilé, la semaine dernière1, les contours du dispositif de sécurité pour limiter et contrôler la circulation aux abords des sites olympiques. En tout, quatre zones de sécurité seront mises en place. « Le principe sera l’interdiction de la circulation et l’exception, la dérogation », apprend-on. Voilà qui va faire plaisir à la pourchasseuse de voitures Anne Hidalgo !

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Pour accéder en voiture ou en deux-roues à ces zones, il faudra présenter une raison valable pour obtenir une dérogation. Les salariés qui y travaillent, les résidents qui y vivent mais aussi ceux qui portent secours, les pompiers ou le Samu, devront s’enregistrer sur une plateforme numérique (elle serait accessible au péquin fin mars-début avril), y renseigner tout un tas de données personnelles pour obtenir le fameux QR Code, sésame à présenter à chaque checkpoint.

Mauvais souvenirs

Devoir justifier ses allers et venues et prouver son identité numérique en montrant un QR code, cela rappelle bigrement la politique sanitaire du gouvernement. Après le passe vaccinal, voilà venu le passe olympique ! Sous couvert de sécurité, l’exécutif applique la même logique de surveillance et de contrôle que pendant le Covid.

On a aussi vu cette logique à l’œuvre l’an dernier avec la crise de l’énergie ; les injonctions énergétiques (« je baisse, je décale, j’éteins ») ont alors pris le relais des injonctions sanitaires (« je teste, j’alerte, je m’isole »), et l’appli « écowat » avait remplacé l’appli « Tous anticovid ». Pendant des mois, le pic de la consommation énergétique a été l’alpha et l’oméga justifiant des restrictions, comme l’avait été le pic épidémique pour légitimer l’instauration des couvre-feux, des confinements et du passe vaccinal discriminatoire séparant les mauvais citoyens non vaccinés des bons citoyens vaccinés. 

La capitale Orange mécanique

Critiquer ce passe olympique ne revient pas à nier le risque d’attentats terroristes, très élevé dans notre pays, mais seulement à dire que la prévention du pire ne devrait pas passer par le sacrifice de nos libertés fondamentales. Il est tout de même frappant de constater que l’on brandit à tout bout de champ l’État de droit ou la Cour Européenne des Droits de l’Homme quand il s’agit d’expulser des dangereux terroristes et autres criminels étrangers, mais que l’État de droit disparait soudainement des argumentaires lorsqu’il s’agit de bafouer nos libertés fondamentales dont la liberté de mouvement !

A lire aussi: Ces diversions qui font le jeu de l’islamisme

Alors, plutôt que d’enquiquiner les Français, Laurent Nunes ferait mieux de surveiller ou d’interpeller les délinquants étrangers responsables de 70% des vols avec violence dans les transports en commun, les 20 120 personnes qui sont inscrites au FSPRT – fichier qui recense tous les profils à caractère terroriste – et de redoubler d’efforts pour lutter contre la banalisation de l’hyper violence qui règne à Paris, passée en quelques années de Ville lumière à capitale orange mécanique. Qu’on se le dise, un QR Code n’aurait pas empêché le meurtrier et ses acolytes de se rendre au bal tragique de Crépol, d’y planter au couteau des jeunes et de tuer le jeune Thomas, ni le meurtrier fiché S et islamisé qui a assassiné un touriste allemand samedi soir devant la Dame de fer.

« Rien n’est plus durable qu’un programme gouvernemental temporaire », nous avait prévenu avec raison le père du libéralisme américain Milton Friedman. Lors de l’instauration du passe vaccinal, des esprits avertis prévoyaient l’avènement d’une nouvelle société qui disciplinerait le comportement des citoyens à travers une politique de contrôle des corps, des déplacements, des interactions sociales. Comment ne pas voir dans l’instauration de cet abracadabrantesque QR Code olympique un argument de plus offert à tous ces dangereux « complotistes » ?


  1. https://www.leparisien.fr/jo-paris-2024/jo-paris-2024-circulation-restrictions-decouvrez-nos-10-cartes-du-perimetre-de-securite-30-11-2023-IYOFCHPMWZA7ZB5FQXEQ7OAXSY.php ↩︎

Bisbille entre Londres et Athènes: le roi Charles prend-il parti?

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Le roi Charles III prend la parole lors de la cérémonie d'ouverture de la COP28 à Dubaï, 1 décembre 2023 © Rafiq Maqbool/AP/SIPA

Les sculptures du Parthénon, connues aussi sous le nom des « marbres d’Elgin », restent un sujet de dispute entre le Royaume Uni et la Grèce. Quand le Premier ministre britannique annule une rencontre avec son homologue grec, le roi Charles – selon certains commentateurs royaux – aurait essayé de nouer autre chose que le dialogue. Après tout, son père était grec…


Le choix de la cravate du Roi Charles III lors de la conférence de la COP28 à Dubaï a suscité des spéculations selon lesquelles il s’agissait d’un message codé adressé au Premier ministre britannique Rishi Sunak. La cravate du Roi avait un motif rappelant le drapeau grec. Certains commentateurs y ont vu un symbole suite à une semaine de dispute entre le Premier ministre britannique et le Premier ministre grec au sujet des sculptures du Parthénon. Le débat porte sur la question de savoir si les sculptures, également connues sous le nom des « marbres d’Elgin », doivent retourner à Athènes. Le palais de Buckingham a suggéré que le choix de cravate du roi était parfaitement aléatoire, en citant le fait que la cravate, portée vendredi lors du sommet de la COP28 à Dubaï, avait également été portée par le roi lorsqu’il a rencontré la délégation sud-coréenne au moment de la visite d’État à Londres, la semaine dernière. Selon Buckingham, la cravate portée par le roi lorsqu’il a rencontré M. Sunak n’aurait aucun lien ni avec la Grèce ni avec la dispute diplomatique au sujet des sculptures.

Les Grecs se sentent humiliés par Sunak

La semaine dernière, Rishi Sunak a intensifié son différend diplomatique avec son homologue grec, accusant Kyriakos Mitsotakis d’utiliser son récent voyage à Londres pour « faire de la démagogie » sur la question des sculptures. Il a déclaré aux députés mercredi qu’il avait annulé une réunion prévue la veille avec Mitsotakis à Londres parce que le Premier ministre grec avait rompu sa promesse de ne pas utiliser le voyage comme une opportunité pour plaider en faveur du retour des sculptures.

Dans ses premiers commentaires publics depuis que la dispute a éclaté, Sunak a ouvertement critiqué Mitsotakis, déclarant : « Bien sûr, nous sommes toujours heureux de discuter de sujets de fond importants avec nos alliés, comme la lutte contre l’immigration clandestine ou même le renforcement de notre sécurité. Mais quand nous avons compris que le but de la réunion n’était pas de discuter de questions de fond concernant l’avenir mais plutôt de faire de la démagogie en rouvrant des dossiers appartenant au passé, la rencontre n’était plus pertinente ». S’exprimant mercredi matin, Lina Mendoni, la ministre de la Culture grecque, a accusé le Royaume Uni de faire preuve de « barbarie » dans son traitement des sculptures. « La Grèce continue de discuter avec le British Museum… mais les sculptures sont le produit d’un vol », a-t-elle déclaré à la radio Skai.

A lire aussi: Les défenseurs des « Zwarte Piet » requinqués par la victoire de Geert Wilders

En plus de la réaction de colère des Grecs, le leader travailliste Sir Keir Starmer a accusé M. Sunak d’avoir tenté « d’humilier » un allié européen important. L’ancien chancelier George Osborne, qui préside le British Museum où se trouvent actuellement les marbres, a qualifié les actions de M. Sunak de « crise de colère ». Il a ajouté que le Musée étudiait un accord « par lequel [les sculptures] passeraient une partie du temps à Athènes et une partie à Londres ».

Keir Starmer n’aide pas

Le roi a des liens familiaux avec la Grèce : son père, le prince Philip, est né en Grèce et était membre de la famille royale grecque. En 2017, lors de débats acharnés sur le Brexit, certains ont affirmé que feue la reine Elizabeth avait ouvert le Parlement avec un chapeau qui rappelait les couleurs du drapeau de l’Union européenne. Mais dans le cas du motif bleu et blanc porté par le roi à Dubaï, les sources ont insisté sur l’absence de connotations politiques.

Les sculptures ont été transportées d’Athènes à Londres par le diplomate lord Elgin au XIXe siècle et sont toujours conservées depuis au British Museum, malgré de nombreuses campagnes pour leur retour.

Londres et Athènes se sont livrés toute la semaine à une féroce guerre de communication sur la visite annulée, Downing Street affirmant que le Premier ministre grec était revenu sur sa promesse de ne pas soulever la question lors d’une réunion bilatérale, ce que contestait l’équipe de Mitsotakis. S’exprimant sur son podcast « Political Currency », Osborne a suggéré que l’annulation de la rencontre était motivée, non par une quelconque intention de Mitsotakis de soulever la question des marbres d’Elgin, mais par le fait que, la veille, le Premier ministre grec avait rencontré le leader travailliste, Keir Starmer.

Tant qu’il y aura des films

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Affiche du dernier film de Ridley Scott, Napoléon, sorti le 22 novembre 2023. © Apple

Avait-on vraiment besoin d’un énième film sur Napoléon ? La réponse est dans la question. Pendant ce temps, le cinéma français s’égare en banlieue et retrouve ses moyens sur une île déserte.


Napoléon en petit

Napoléon, de Ridley Scott, sorti depuis le 22 novembre.

Avec tambours et trompettes : la sortie du nouveau film du cinéaste britannique Ridley Scott a pris des allures d’événement national. L’empereur allait enfin avoir un film à sa mesure. Gance et Guitry, entre 1 000 autres prédécesseurs à travers le monde, n’avaient qu’à bien se tenir. Or, il suffit des premières minutes de ce Napoléon pour déchanter définitivement. Dans la première scène, filmée de façon absolument hystérique et grotesque, Bonaparte assiste à la décapitation de Marie-Antoinette. Ce jour-là, ledit Bonaparte, loin d’être à Paris, faisait le siège de Toulon. À ce compte-là, on pourrait aussi commencer un biopic sur de Gaulle en le montrant votant ou non les pleins pouvoirs à Pétain… Immédiatement après se déroule sous nos yeux ébahis l’arrestation de Robespierre : un casting très approximatif fait ressembler l’Incorruptible à Mirabeau ou à Danton côté corpulence. Quant à la tentative de suicide à laquelle il se livre ensuite, sa vraisemblance historique est contestée par les historiens sérieux.

© Apple

On a beau être indulgent, cette accumulation de bévues laisse pantois. Et tout le reste du film est à l’avenant. Jusqu’à ce que le futur empereur fasse canonner les pyramides d’Égypte, alors même que son expédition militaire comportait, comme on le sait, une incroyable dimension scientifique et patrimoniale. On a vite l’impression de feuilleter un journal britannique écrit sous Napoléon dans lequel la « Perfide Albion » ne cesse de se venger en faisant courir ragots et malveillances. Tout ce qui est excessif est insignifiant : à trop charger sa barque polémique, Ridley Scott en vient à braquer son spectateur. Rien réellement sur les aspects politiques, économiques, sociaux et culturels notamment de l’« épisode napoléonien » selon l’expression de Jean Tulard. Rien sur l’héritage révolutionnaire. Rien sur l’émergence d’une Nation qui se retrouve encore dans la France de 2023 sous bien des aspects. Rien et même moins que rien sur l’époque elle-même. Le Napoléon de Guitry était bien plus politique, c’est tout dire.

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On assiste gêné à la représentation d’un comédien, Joaquin Phoenix, qui a l’air de terriblement s’ennuyer tout au long du film, promenant sa mauvaise humeur manifeste de sa chambre à coucher aux champs de bataille. Et un acteur notoirement beaucoup trop âgé pour tenir le rôle et pas seulement celui du jeune Bonaparte, mais également celui de l’Empereur. En en faisant autre chose qu’un jeune homme dévoré d’ambition, le film rate une nouvelle fois sa cible. Le tout en langue anglaise, ce qui se conçoit évidemment, mais qui dans le cas présent deviendrait presque comique : faire parler anglais cet empereur qui toute sa vie n’a rêvé que d’envahir l’Angleterre en allant jusqu’à faire concevoir un tunnel sous la Manche, relève à bien y réfléchir d’un pari tout à la fois douteux et audacieux. Mieux vaudrait peut-être, et pour une fois, préférer la version doublée ! Mais on imagine que cet aspect a beaucoup amusé le réalisateur, trop content de parfaire ainsi une œuvre tout entière centrée sur la déconstruction d’un mythe. Et de ce point de vue, Ridley Scott va bien au-delà du raisonnable et de l’acceptable en faisant du personnage de Joséphine de Beauharnais une figure féministe et quasi matriarcale. La prochaine fois ce sera mon tour, dit en substance ce personnage dans un anachronisme total et déplacé. Napoléon devient alors une sorte de petit garçon dominé par sa mère et dirigé par son épouse. Il n’existe réellement que par elles et, si l’on en croit le film, son histoire et son destin tiendraient seulement par ces deux femmes-là. Qu’une telle psychologie de bazar s’étale ainsi du tout début jusqu’à la toute fin du film ne cesse d’étonner.


La banlieue en clichés

Bâtiment 5, de Ladj Ly, sortie le 6 décembre

© Srab Films

Depuis l’impayable Haine de Mathieu Kassovitz, le film de banlieue fait florès dans le cinéma français. Après Avant que les flammes ne s’éteignent, sorti en novembre, il nous faut subir le nouvel opus du cinéaste Ladj Ly, dont Les Misérables avait déjà fait se pâmer d’aise les élites germanopratines toujours promptes à défendre Montfermeil, dès lors qu’il ne s’agit pas d’y vivre au quotidien. Les violences policières, les problèmes de logement et la duplicité des politiques sont bien évidemment au centre d’un film qui ne s’embarrasse ni de subtilités ni de complexité. Les clichés surabondent, comme s’il s’agissait de jouer avec le feu d’un contexte social toujours explosif. Ladj Ly s’embourbe dans des dénonciations plus naïves que vertueuses et son portrait politique vire trop souvent à la caricature.


L’amour en grand

Soudain seuls, de Thomas Bidegain, sortie le 6 décembre

© Lilja JonsTrésor Films

Une vraie bonne surprise : c’est ainsi que l’on a envie d’accueillir le nouveau film du scénariste (complice habituel de Jacques Audiard) et cinéaste Thomas Bidegain. Chaussant les bottes du film de genre (un « survival », selon les canons hollywoodiens), l’auteur ne s’en laisse cependant pas conter et dépasse de très loin le programme habituel. Bien plus qu’une leçon de savoir-vivre et résister en milieu hostile, le film centre son propos sur les deux personnages d’un scénario tricoté de main de maître. Incarnés à la perfection par Mélanie Thierry et Gilles Lellouche (à son meilleur), ils traversent ici la crise des crises. Seuls sur une île déserte et sauvage non loin des côtes antarctiques, alors que l’hiver approche, ils affrontent avec courage l’épreuve physique autant que psychologique. Délaissant le sensationnel ou le glauque, Bidegain place dans une situation extrême l’économie d’un couple et c’est tout simplement fascinant.

Causeur: Zemmour à Jérusalem. «Réarmer l’Occident»

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©Causeur

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Dans son introduction au dossier du mois consacré à « Notre Occident », Élisabeth Lévy voit dans l’attaque de Crépol la version rurale d’une offensive anti-occidentale menée ailleurs – en France, en Europe, comme en Israël. Certains voudraient qu’il s’agisse d’une guerre de civilisations. Mais les civilisations n’ont pas de numéro de téléphone, ni d’armée. Quel que soit le nom qu’on lui donne, un face-à-face s’esquisse entre les deux peuples qui coexistent sur notre sol. Quant à l’absence d’Emmanuel Macron à la marche contre l’antisémitisme : « Si on en croit le bla-bla sur les valeurs de la République, l’antisémitisme devrait justement nous rassembler. Mais non, il paraît que ça offense certains musulmans qui hurlent au détournement de compassion publique, parce que les vraies victimes, c’est eux. Et ça, ça n’offense personne ». Dans un grand entretien, Éric Zemmour, se confiant à Elisabeth Lévy et Gil Mihaely, déclare : « C’est la même guerre de civilisations qui brûle Kfar Aza et Crépol ». Après l’attaque du 7 octobre, le président de Reconquête s’est rendu en Israël où il a constaté, bouleversé, l’étendue des massacres. Quels sont les devoirs, mais aussi les intérêts de la France dans cette épreuve ? Zemmour en est convaincu : elle doit être à la pointe du réarmement de l’Occident. Michel Onfray, bien que philosophe athée, sait ce qu’il doit au monde juif et au christianisme. Dans une grande tribune, il explique pourquoi, face à l’islamisme, il soutient Israël et se « battra pour défendre » l’Occident. Il nous rappelle les valeurs fondamentales de la civilisation islamique : « Théocratie, misogynie, phallocratie, patriarcat, homophobie, bellicisme, antisémitisme, virilisme, peine de mort ».

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Pour savoir pourquoi le nombre d’agressions antisémites a explosé au Royaume Uni depuis le 7 octobre, Causeur a traversé la Manche pour rencontrer le chercheur Dave Rich. Se confiant à Andrew Hussey, il explique les liens qui se tissent depuis au moins vingt ans entre les islamistes et les militants de l’ultra-gauche, ceux-ci se faisant naïvement manipuler par ceux-là. Le géopolitologue Bruno Tertrais, en conversation avec Jean-Baptiste Roques, parle de l’ouvrage qu’il vient de publier, La Guerre des mondes. Son nouvel essai nous permet de mieux comprendre les conflits actuels en dépeignant un ordre mondial soumis moins à l’idéologie et à l’économie qu’au ressentiment et aux passions identitaires. Pourquoi les Irlandais sont-ils à la pointe de la critique d’Israël ? Selon Gil Mihaely, l’explication se trouve dans le fait que les anciens frères d’armes de l’OLP se voient comme le seul peuple européen victime du colonialisme européen. Jean-Baptiste Roques revient sur les nombreuses bavures commises par l’Agence France Presse (AFP) dans sa couverture des événements en Israël et à Gaza depuis le 7 octobre. Face aux critiques, la direction reconnaît les faits, mais ne prend aucune mesure pour éviter les récidives. Et Gilles-William Goldnadel analyse la manière dont tout un aréopage « d’autorités morales » (médias de gauche, ONG humanitaires, agences onusiennes…) guidées par le militantisme idéologique et la haine du monde blanc fait obstacle à la vérité sur le conflit entre Israël et le Hamas. Enfin, pour se détendre, nous sommes tous invités à passer le nouveau test concocté par Céline Pina : « Quel antisémite êtes-vous ? »

Notre numéro de décembre est disponible aujourd’hui sur le site, et demain mercredi chez votre marchand de journaux !

Côté actu, Elisabeth Lévy analyse les étapes par lesquelles les autorités publiques et les médias de référence réécrivent la réalité d’un événement comme le bal meurtrier de Crépol. D’abord le déni ; ensuite des accusations de racisme portées contre ceux qui nomment les choses par leur nom ; et finalement, l’affirmation que le vrai danger, ce sont les groupuscules d’extrême droite. Certes, de tels nazillons méritent la condamnation mais ne justifient pas l’énorme bobard, diffusé par le pouvoir et la presse, de la peste brune à nos portes. « Dire que deux et deux font quatre est une liberté fondamentale. Le péril mortel, pour l’esprit démocratique, serait que nous renoncions sans rien dire à cette liberté ». Selon Céline Pina, avec l’assassinat de Thomas, la France rurale découvre l’ensauvagement ethnico-religieux qui prend les Blancs pour cible. Malheureusement, elle ne peut compter sur le gouvernement pour désigner les coupables. Sami Biasoni, se confiant à Élisabeth Lévy et Jean-Baptiste Roques, nous parle de son dernier livre, Le Statistiquement Correct. Il y montre que, en dépit de l’abus général des statistiques auxquelles on fait souvent dire tout et n’importe quoi, on peut leur faire dire la vérité. Corinne Berger affirme que l’école de la République est devenue une vitrine du suicide français, et Emmanuelle Ménard nous permet de vivre un peu l’ambiance exécrable qui règne à l’Assemblée nationale depuis le 7 octobre.

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Côté culture, Yannis Ezziadi est allé à Madrid pour rencontrer Antoño Lopez Fuentes, directeur de la maison Fermin qui, depuis près de 70 ans, habille les plus grands toreros. Je recommande d’aller voir Testament, le dernier film du cinéaste québécois, Denys Arcand. Ce chef-d’œuvre dénonce, de manière à la fois profonde et hilarante, le wokisme, l’inculture de la jeunesse, l’hystérie des médias et la démagogie des politiques. Ne manquez pas non plus l’exposition Alfred Courmes à Charleville-Mézières. Pour Julien San Frax, ce grand oublié du XXe siècle a laissé une œuvre exubérante mêlant fable grecque, iconographie chrétienne et satire sociale. Ce n’est pas parce que c’est l’hiver qu’il faut oublier les fleurs : Georgia Ray a fait le voyage de Giverny où, à travers peintures, photos, objets et vêtements, le musée déroule la longue histoire de l’inspiration que les artistes ont puisée dans le langage des fleurs. Mais n’oublions pas que l’hiver – comme nous le rappelle Emmanuel Tresmontant – c’est la saison de la chasse ! Si l’aseptisation contemporaine a eu tendance à faire fuir le gibier de nos étals, ce n’est pas le cas à La Nivernaise, où l’on est chasseur et boucher de père en fils. Jean Chauvet se demande si on a besoin d’un énième film sur Napoléon. À en juger par celui de Ridley Scott, la réponse est non. Avec Bâtiment 5, de Ladj Ly, le cinéma français s’égare en banlieue mais, avec Soudain seuls, de Thomas Bidegain, retrouve ses moyens sur une île déserte. Notre Occident donne encore des signes de vie !

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«Justice pour Thomas»: avec les «Natifs» à la manifestation parisienne

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Paris, 1er décembre 2023 © Céline Dupuis

Reportage photo de Céline Dupuis au rassemblement pour Thomas du 1er décembre 2023 au Panthéon.


À 18h19, sur le compte Telegram du groupuscule parisien Les Natifs, l’information confirme le rassemblement pour Thomas prévu vendredi 1er décembre 2023 à 19H sur la place du Panthéon à Paris. Suite à la mort de Thomas, 16 ans, tué le 19 novembre 2023 lors d’un bal de village à Crépol (Drôme) par des individus venus de la cité de la Monnaie à Romans-sur-Isère, plusieurs demandes de manifestations en hommage à Thomas ont été interdites dans toute la France. Le préfet de Paris Laurent Nuñez avait interdit la manifestation parisienne initiée par Les Natifs qui avait déposé un référé-liberté. Le tribunal administratif de Paris a suspendu vendredi soir l’arrêté d’interdiction de rassemblement à Paris estimant qu’il s’agissait d’une « atteinte grave à la liberté de manifester ».


Malgré l’annonce tardive du maintien de la manifestation, environ 200 personnes se sont rassemblées sur la place des grands hommes pour rendre hommage à Thomas par un froid glacial. Quelques sapins luminescents enrobent la place de l’atmosphère chaleureuse de Noël. Le Panthéon s’impose en majesté devant la foule rassemblée en silence. Deux jeunes filles tentent de provoquer les manifestants en lançant à la huée « Bandes d’enculés, sales fachos ! ». Le service d’ordre vêtu de gilet bleu ciel floqué « organisation » reconduisent ces deux antifascistes de carnaval hors du périmètre de la manifestation. Le collectif Les Natifs a choisi son nom « en hommage aux poilus parisiens, natifs de la ville Lumière, pour honorer tous les natifs morts pour la France », mais aussi en référence « aux indigènes américains, les vrais natifs américains ». Antoine, porte-parole, et Edouard, membre fondateur, se définissent comme « fiers et enracinés ». Le mouvement se veut une « avant-garde politique » d’agit prop ; mes interlocuteurs se considèrent comme des « éveilleurs, des aiguilleurs politiques » qui combattent « le laxisme juridique et judiciaire » et défendent les identités.

« Justice pour Thomas »

Devant un calicot accroché aux grilles du Panthéon qui affiche « Hier Lola, aujourd’hui Thomas, Français réveille-toi ! », Antoine, le porte-parole du groupuscule Les Natifs, créé suite à la dissolution par le gouvernement de l’association Génération identitaire le 3 mars 2021, rappelle que le rassemblement a été organisé « pour Thomas, mais aussi en l’honneur de tous les autres, ceux dont l’assassinat n’a pas fait l’actualité ». Il estime par exemple que « si l’État avait fait son travail, Lola serait toujours en vie ».


« Police complice, journalistes collabos »

« On savait que l’État ne défend plus son peuple », enchaîne Benjamin, membre d’Argos, groupuscule lui aussi issu de l’association Génération Identitaire dissoute en mars 2021, qui se présente sur sa page Instagram suivie par près de 10 000 personnes comme un « collectif communautaire qui rassemble la jeunesse alternative française et européenne ». Suite au meurtre de Thomas, le collectif a publié des affiches avec l’image de Thomas  « Massacre de Français. Stop ! Autodéfense »

Benjamin poursuit en accusant les « sbires de l’État de jouer contre nous » en créant des « alliances de circonstances avec la racaille de cité ». Benjamin fait référence à la protection policière mise en place aux abords de la cité de la Monnaie, à Romans-sur-Isère, pour protéger les habitants d’une descente d’une cinquantaine d’identitaires voulant en découdre, le samedi précédent. « La mort de Thomas n’est pas un simple fait divers. Ce crime, au-delà de l’horreur qu’il représente, est l’illustration parfaite d’un laxisme judiciaire. » Le présumé coupable du coup de couteau était en effet sous interdiction de porter une arme. Benjamin rappelle la non-application de l’OQTF de la meurtrière de Lola, tuée le 14 octobre 2022, à Paris 19ème, ou encore la non-incarcération du violeur de Mégane à Cherbourg. Benjamin dénonce un « deux poids, deux mesures » en comparant la remise en liberté des interpellés dans l’affaire de Crépol, quand des activistes de la descente dans la cité de la Monnaie ont écopé de prison ferme, ou encore « un couple à Lyon ayant été placé en garde à vue pour avoir collé des affiches en hommage à Thomas ». Les CRS sont sifflés pour s’être « rendus bien rapidement cette fois-ci dans un quartier sensible sur les ordres du Préfet ». Police et journalistes sont huées par la foule. Peu de manifestants acceptent de répondre aux questions ou d’être photographiés.

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Le membre d’Argos se demande : « Comment ne pas avoir la haine ? » face à ce qu’il appelle le « terrorisme du quotidien qui frappe les Français sur leur propre sol ». « Notre devoir à nous c’est de résister… nous sommes seuls (sans l’Etat NDLA), il y a eux, et il y a nous ». Argos prône l’autodéfense, car « si l’Etat ne rend plus justice, le peuple la rendra lui-même ». Benjamin de conclure : « Oui, l’Etat a du sang sur les mains. Oui, l’Etat est en grande partie responsable du meurtre de Thomas. Oui, l’État est l’allié indirect des racailles de cité. Oui, l’État ne défend plus son peuple. Oui, les Français n’oublieront jamais cette trahison. »

« Parce que la liberté fait partie de notre identité »

Jean-Yves Le Gallou, ancien député européen, créateur de la fondation Polemia, « qui défend l’identité, la critique des oligarchies et la lutte contre la tyrannie médiatique », déplore l’interdiction de manifester. « Cette interdiction était inique. Ce qui est essentiel pour nous, c’est de défendre nos libertés, parce que la liberté fait partie de notre identité, et que si nous n’avons pas la liberté, nous perdrons notre identité.» L’ancien haut fonctionnaire enchaîne sur la thématique de l’immigration. « Le pouvoir veut interdire toutes manifestations critiques parce qu’il veut imposer chaque année l’entrée de cinq cent mille étrangers supplémentaires en France ; parce qu’il veut imposer la répartition des migrants, des clandestins dans tous les villages de France. Pour que demain il n’y ait plus un Crépol, mais dix Crépol, vingt Crépol ! L’argument de Monsieur Nunez pour interdire cette manifestation, c’est qu’elle aurait été contraire à l’ordre public immatériel. Donc pas aux désordres dans la rue comme les gauchistes ou les Black Blocs. Qu’est-ce que l’ordre public immatériel vu par messieurs Darmanin et Nunez ? C’est la doxa politiquement correcte, c’est l’interdiction de pouvoir dire qu’il y a un lien entre l’immigration et l’islamisme, entre l’immigration et le terrorisme, entre l’immigration et la délinquance, ce serait de ne pas pouvoir prôner la remigration. Nous avons le droit de dire les faits, nous avons le droit de prôner la remigration. »


Alice Cordier, présidente co-fondatrice du Collectif Némésis, collectif féministe, prend la parole en s’étonnant tout d’abord « que dans notre pays, on n’a pas le droit d’honorer nos morts. Il y en certains qui ont le droit d’être honorés mais les nôtres visiblement ce n’est pas le cas.» La militante évoque son grand-frère : « je ne supporterais jamais que mon grand-frère puisse mourir de cette façon, et encore moins que l’on ne puisse pas organiser des manifestations en son honneur, à sa mémoire. La deuxième raison, c’est qu’un jour, je serai une maman, j’aurai certainement des garçons, et je ne supporterais pas que mes garçons, mais aussi mes filles aient à vivre dans ces conditions-là. C’est une chose qu’en tant que Français, on n’a pas à accepter. On nous force à vivre avec des personnes avec qui il est devenu impossible de vivre. Il y a une éducation de décalage, nous ne sommes pas éduqués de la même façon. Il y a des jeunes garçons qui ont aujourd’hui une vision ultra-sexiste des femmes, qui ont une vision ultraviolente de comment on règle un conflit, qui sont capables de planter un garçon car il aurait tiré les cheveux de l’autre ». Chaïd A., le principal suspect, âgé de 20 ans, a été  « formellement désigné comme auteur du coup de couteau mortel », selon le procureur de la République de Valence, Laurent de Caigny. Chaïd avait déjà été condamné à une amende de 250 euros pour recel de vol et à une amende de 200 euros pour port d’un couteau dans la rue. « On ne peut pas accepter cet écart de culture qui existe. Il y a une immigration que l’on retrouve dans cette haine de la France, dans cette haine du Blanc, car ces jeunes hommes, et dix témoins le disent, sont venus pour planter du Blanc. » À cette heure, le caractère raciste n’est toujours pas reconnu par les autorités, malgré les demandes de la famille qui demande une requalification. « Ils sont aussi venus pour draguer des filles avec des couteaux de vingt centimètres, je me demande comment ces gens-là draguent les filles d’habitude… »

Dans la foule, quelqu’un tente de lancer un  « Émigrés dehors », mais Antoine, le porte-parole des Natifs, explique que ce n’est ni le lieu ni l’heure et propose plutôt de reprendre en chœur le slogan « Français, réveille-toi, tu es ici chez toi ».


« C’est la guerre des mots »

Liselotte Dutreuil, journaliste à Radio Courtoisie, consacre son intervention à ses confrères journalistes et attaque le traitement médiatique de l’affaire. « Les autorités et les médias voudraient nous faire croire que Thomas est mort de façon fortuite, accidentelle, que sa mort relève de la fatalité » relève-t-elle. « Thomas n’est pas mort parce qu’il était au mauvais endroit au mauvais moment. Thomas était au contraire tout à fait à sa place, il faisait la fête avec ses amis, dans son village, c’est bien normal à 16 ans. En revanche, ses asssassins, eux, étaient bien au mauvais endroit au mauvais moment, ils étaient là où ils n’auraient jamais dû être, là où on n’aurait jamais dû permettre qu’ils soient, parce que la France n’est pas un pays où on se rend au bal avec des couteaux de boucher pour planter du Blanc. Donc, non ces racailles n’auraient pas dû être là. Si on avait un Etat digne de ce nom, ces assassins auraient été dans leur pays d’origine ou en prison, et Thomas serait encore en vie. Thomas, comme tant d’autres avant lui, n’est pas mort par hasard, mais parce que l’Etat a créé les conditions de sa mort : immigration de masse, impunité judiciaire, répartition forcée de la criminalité dans toute la France. » La journaliste charge les médias (nous ne saurons pas quels médias !) pour lesquels Thomas est une erreur de casting, car « trop Blanc, trop populaire, trop Français », elle les accuse de réécrire l’histoire. « Thomas est présenté comme un rugbyman: “le jeune rugbyman décédé lors d’une rixe”, cela n’a interpellé personne ? » questionne la journaliste qui poursuit : « Pensez-vous qu’il aurait été présenté comme un tennisman s’il avait préféré la raquette au ballon ovale ? Non, cela collait si bien avec la théorie de la rixe ; dès le début, c’est la guerre des mots. On aurait pu dire : le jeune Thomas, à peine seize ans, est mort assassiné par des racailles”, on a préféré “le jeune rugbyman décédé lors d’une rixe“. C’est mieux car Thomas, c’est le profil du gros lourdaud, du campagnard qui a dû se bagarrer pendant la troisième mi-temps, une rixe finalement, une malheureuse altercation qui dégénère. Mais non, “Thomas était un jeune homme de seize ans plein de vie très aimé de ses amis, quelqu’un sans problème et très sage“, ce sont les mots de sa mère. »

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« Une bande de racailles qui attaque un bal populaire et qui saigne tous ceux qui leur passent sous la main, ce n’est pas une rixe. BFMTV titre dans la foulée “Crépol, du pain béni pour l’extrême droite” » enrage-t-elle. La foule hue alors la chaîne d’information en continu dirigée par Marc-Olivier Fogiel. Sur cette même chaîne, une avocate avait interprété l’attaque comme une réponse à « un délit de sales gueules ». Liselotte Dutreuil pointe la déconnexion des élites médiatiques : « Les couteaux, c’était peut-être pour casser la croûte avec les vieux du village en regardant les gens danser ? » Sur Arte, l’historienne Isabelle Veyrat-Masson a qualifié l’affaire de Crépol de « banal fait divers » comparable à Roméo et Juliette : « C’est du Shakespeare !» s’est-elle même exclamée. « Cette dame, directrice de recherche au CNRS, et ses amis, sont censés être la fine fleur des analystes en France, et ils viennent faire des parallèles littéraires qui n’ont aucun sens comme de pauvres bacheliers qui bégaient à l’oral, tentant de sauver les meubles. Recalée, madame Veyrat-Masson ! » raille Liselotte Dubreuil. « Non, les duels d’honneur entre deux familles italiennes n’ont rien à voir avec l’assassinat tragique de Thomas aux cris de “viens là, sale gwer” » La journaliste annonce alors avoir gardé le pire pour la fin, car, « si l’indécence devait avoir un nom, ce soir, elle s’appellerait Patrick Cohen ». La foule crie « Traitre ! Sale traitre », à l’évocation du chroniqueur de France Télévisions qui, selon l’oratrice, a renversé les rôles entre « un jeune rugbyman raciste qui aurait tiré les cheveux de son agresseur, qui lui est le pauvre opprimé venu de la cité ». « Monsieur Cohen, comment pouvez-vous sous-entendre que finalement Thomas l’avait un peu cherché ? ». En réalité, « la haine venait de la cité de la Monnaie à Romans-sur-Isère », conclut Melle Dubreuil en épelant les prénoms des prévenus…  


La journaliste de Radio Courtoisie accuse ensuite dans leur globalité les « élites wokes, les médias mainstream » qui ne défendraient jamais « la vie des cul-terreux » et ne pourraient se résoudre à reconnaître cinquante ans de politique migratoire désastreuse. « Journalistes, politiques, avocats, tous profitent de l’occasion pour défendre l’indéfendable… il faut savoir faire preuve d’une certaine gymnastique intellectuelle pour parvenir à défendre des assassins » ; elle ajoute enfin : « voici les mots de Théo,  l’ami de Thomas : “on a la haine, personnellement j’ai un sentiment de violence incontrôlable”. Alors les ayatollahs de la tolérance condamneront sûrement cet ignoble appel à la haine, mais moi je voudrais lui dire à Théo : ne t’en fais pas derrière toutes ces marionnettes de la bien-pensence et de la pilule “vous n’aurez pas ma haine”, il y a une France qui comprend ta colère, car oui nous sommes en colère, nous sommes en colère contre un gouvernement défaillant, nous sommes en colère contre des politiciens veules et lâches, nous sommes en colère contre des médias menteurs et hypocrites alors nous sommes ici pour pousser un immense cri de colère qui est aussi un cri d’amour pour nos martyrs, Thomas, mais aussi Lola, Enzo, Philippe, Alban, Mélanie, Axel, Laura, Maurane, on ne vous oubliera pas. » La foule scande ensuite : « On est chez nous » et Antoine conclut le rassemblement en lançant l’hymne national qui est repris par les manifestants réunis devant le Panthéon.

Jeanne, 75 ans, retraitée, sans enfant, vient de la banlieue parisienne, du Perreux précisément (94). Déterminée, l’œil vif et pétillant, elle me dit qu’elle aurait été « présente même si la manifestation avait été interdite ». Elle a « manifesté avec les gilets jaunes », alors les interdictions de manifester, cela lui passe « au-dessus de la tête ». Avec sa chevelure blanche de senior, ses lunettes prune ouvrant sur deux yeux verdoyants, elle respire la bonhomie et la jovialité, et donne envie de taper la causette. Si elle accepte de me parler, c’est parce que je lui dis que c’est pour Causeur et parce qu’elle « aime bien Elisabeth Lévy », qu’elle trouve « très courageuse ». Jeanne est la seule manifestante qui accepte de répondre à mes questions, mais pas d’être photographiée. La peur de la stigmatisation, même si ses « amis connaissent ses opinions », et, même si, ajoute-t-elle, « ceux de gauche sont de plus en plus d’accord avec moi ». On s’en doute, Jeanne vote plutôt à droite, mais cela n’a pas toujours été le cas au cours de sa vie. A la dernière présidentielle, elle a voté « Zemmour au premier tour ». Jeanne se dit très enthousiasmée par cette « jeunesse qui se réveille face à l’Etat qui n’assure plus son rôle régalien. » La retraitée assure qu’elle viendra « soutenir à chaque fois qu’il le faut », même si elle doit faire des heures de transports en commun. « Rien n’empêche de construire des prisons. La justice est complice de la dégradation du pays ».


Chacun se disperse dans le calme. Hommage, recueillement, minute de silence, prises de parole, le rassemblement tant craint par les autorités s’est finalement déroulé sans aucun incident, et la Brav M stationnée rue Saint-Jacques n’a pas eu à intervenir, alors que des affrontements nocturnes entre « fafs » et « antifas » étaient possibles…

Défense et illustration de la bonne langue française

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Le Belge Maurice Grevisse (1895-1980), auteur de "Le Bon Usage". DR.

Les universitaires, fiers et farauds de leur indépendance, préconisent très largement l’usage de l’écriture inclusive et acceptent globalement les formes langagières les plus fautives, sous prétexte que ce sont les usages modernes d’une langue en mouvement. Il est temps, estime notre chroniqueur, de mettre au pas ces pontifes qui détériorent la langue et mènent à l’échec leurs étudiants.


La linguistique, pour l’essentiel, est descriptive. La grammaire, elle, est normative : elle enseigne le « bon usage » — ce n’est pas un hasard si c’est le titre que Maurice Grevisse a donné en 1936 à sa grammaire, constamment enrichie et rééditée depuis cette époque.

Évidemment, la grammaire, comme l’orthographe, est susceptible d’évolutions. Mais Grevisse, en puisant ses exemples chez les écrivains, limitait la modernisation : plus personne ne songe à boycotter « car », honni par les Précieux, ou à s’indigner devant « malgré que » utilisé en lieu et place de « bien que » par Gide qui en a popularisé l’usage.

Invasions barbares

Gide, et pas les apaches de son temps, comme on appelait alors les racailles. L’usage passe par ces grands manieurs de langage que sont les (bons) écrivains, pas par le sabir articulé entre deux borborygmes par les narcos de Marseille ou la syntaxe désarticulé de Despentes après la sixième bière. Et accepter comme norme nouvelle toutes les approximations aberrantes essayées par les gens de la rue — et j’inclus dans ce groupe un bon nombre de journalistes, qui écrivent « pallier à », « après que je sois » ou « professeure », « auteure » et autres barbarismes.

Parce qu’il s’agit bien de faire barrage aux barbares. Si l’on baisse la garde sur la langue, nous serons confrontés demain à une France éclatée en dialectes aussi divers que les « communautés » que l’on tente de nous imposer pour déchirer le tissu national. L’enjeu est non seulement normatif, il est politique. Ne pas enseigner rigoureusement la grammaire à l’école revient à ouvrir la porte aux fanatiques et aux dynamiteurs. Ceux qui penchent pour le laxisme ouvrent la voie (et ils en sont bien conscients, leurs options politiques le prouvent jusqu’à l’écœurement) à l’éparpillement façon puzzle de la République française. Allez, parions que Samuel Paty ou Dominique Bernard parlaient un bon français. Tolérer le magma linguistique où tant de nos concitoyens sont aujourd’hui embourbés, c’est tendre le couteau aux assassins : parions que le français des frères Kouachi était aléatoire.

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D’autant que, comme Roland Barthes l’a jadis souligné, « la langue est fasciste », elle oblige à dire. Dans les cervelles évidées des universitaires — des « linguistes atterrés » et tout à fait atterrants — qui en mai dernier ont signé dans la collection Tracts de Gallimard un pamphlet d’une violence singulière intitulé Le français va très bien, merci, accepter toutes les déjections de l’oralité la plus baveuse est une lutte contre les « fascistes » qui, comme chacun sait, contrôlent le pays. C’est ainsi que l’un des signataires de ce tract, Médéric Gasquet-Cyrus, maître de conférences à Aix-Marseille et spécialiste du « parler marseillais », se moque d’un étudiant hâtivement catalogué au RN parce qu’il avait épinglé une jeune lycéenne bafouillant « si j’aurais ». « C’est une tournure que tout le monde peut faire », dit notre universitaire. Vu la façon dont il exprime sa hargne sur les agrégés, gageons qu’il a omis de passer le seul concours où la grammaire est vraiment au programme. Mais qu’on l’a recruté sur sa capacité à distinguer la cagole marseillaise de la radasse hexagonale.

Ses collègues ne sont pas en reste. Leur « tract » accumule les aberrations langagières — jusqu’à proposer de traduire Molière en français contemporain, parce que « langue de Molière » ne correspond pas à la façon dont causent les dealers et les toxicos. Ou d’abandonner la référence constitutionnelle au « français », afin d’intégrer toutes les langues régionales — le « marseillais aussi, hé, fadoli ! » L’idée est bien sûr d’aboutir à une créolisation du français, afin de décomplexer tous ceux qui parlent une langue hachée menue.

Des pourfendeurs de la nation intéressés

« L’Académie française propose, surtout aujourd’hui, une vision trop souvent élitiste de la langue », ajoutent ces doctes pourfendeurs de la nation. Certains d’entre eux ont publié en 2016 l’Académie contre la langue française — le dossier « féminisation », où Eliane Viennot et ses complices en arnaques linguistiques défendent le « e » féminisant — comme dans verge et bite : ces ânes persistent à confondre le féminin et le femelle, à se baptiser « maîtresses de conférence » — mais reculent devant le ridicule et continuent à appeler leur avocate « maître ».

Mais ils montrent quand même le bout de l’oreille, en suggérant que l’Académie « élise pour moitié des linguistes », afin de montrer le droit chemin de la diversité aux croulants (supposés) du Quai Conti. Idéologues, mais intéressés, n’est-ce pas…

Évidemment, ce laxisme de gauche s’applique à l’orthographe : constatant que celle de Montaigne ou de Rabelais est fantaisiste, nos atterrés en concluent (c’est André Chervel qui après 68 a lancé cette idée baroque) que la dictée est un exercice dictatorial. Voilà un moyen d’identifier les fascistes auquel Gramsci n’avait pas pensé.

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Bien sûr que la langue française, bien articulée, est élitiste ! Mais l’élitisme est une donnée fondamentale de la République, c’est ainsi que nous avons longtemps poussé chaque élève au plus haut de ses capacités. J’ai démontré largement dans mes livres que l’égalitarisme imposé par les « pédagogues » qui ont investi la rue de Grenelle après l’élection de Mitterrand a produit bien plus d’inégalités que l’élitisme qu’il a renversé : parce que à tolérer les formes fautives et les accents les plus corrompus dans la bouche de gosses qui n’avaient pas tété le bon usage avec le lait de leurs mères, on les condamne à rester à vie dans leur ghetto. En entrant jadis à l’ENS, en passant l’agrégation, j’ai appris à masquer mon accent marseillais, afin de ne pas heurter les élèves normands auxquels m’a confronté ma première nomination. Je le ressors quand c’est nécessaire.
Et ce n’est pas l’accent de Paris qui détermine la norme, n’en déplaise aux complexés d’Aix-Marseille, c’est celui de la Touraine… Ciel, me voici glottophobe…

… Pas même : je sais seulement que pour faire réussir les enfants d’en-bas, il faut leur apprendre la langue et la culture d’en-haut. Parce qu’il n’y a pas de culture d’en-bas tant que les mêmes élites se reproduisent en haut — voir Marx et Bourdieu. Il faut apprendre aux déshérités les façons les plus exquises de la langue — sous peine de les voir préférer, un jour de désespoir, l’arabe corrompu des semeurs de terrorisme.

Quant à nos universitaires prêcheurs de haine et de communautarismes en guerre, il est plus que temps qu’une Inspection générale du Supérieur, extérieure à la clique, évalue sérieusement les « recherches » effectuées par ces briseurs de République, avec le pouvoir de les révoquer en cas de malfaisance notoire. Les enseignants du Supérieur ne doivent plus se réclamer de leur poste comme d’une clause d’impunité, ils doivent rendre des comptes à la République qui les nourrit. Quitte à les reverser dans le Secondaire, s’ils ont des titres suffisants, ou à leur proposer un stage dans les rizières de Camargue, afin de les rééduquer. Ils libèreront ainsi des postes sur lesquels on pourra enfin nommer de vrais chercheurs — ceux qui trouvent.

PS. Je n’ai rien personnellement contre Médéric Gasquet-Cyrus — AMU est une fac pleine de demi-pointures. Mais comme, lors du récent Salon du livre de Marseille, il m’a précisé qu’il utilisait l’un de mes ouvrages (C’est le français qu’on assassine, 2017) pour démontrer à ses étudiants, pris en otages, ce qu’est une pensée fausse et de droite, je me suis penché sur son cas. Un pauvre type qui a refusé avec hauteur que je vienne préciser aux dits étudiants deux ou trois points qu’il n’aurait qu’effleurés. Ah, la crainte de la concurrence…

Le français va très bien, merci

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Ces diversions qui font le jeu de l’islamisme

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Des gendarmes patrouillent au Trocadéro, au lendemain d'une attaque islamiste au couteau ayant fait un mort, 3 décembre 2023 © Christophe Ena/AP/SIPA

L’ « imam » Mélenchon, porte-voix de l’islam révolutionnaire, a lancé sa fatwa, dimanche, contre la journaliste de LCI : « Ruth Elkrief. Manipulatrice. Si on n’injurie pas les musulmans, cette fanatique s’indigne. Quelle honte ! Bravo Manuel Bompard pour la réplique. Elkrief réduit toute la vie politique à son mépris des musulmans. »

Les islamistes enivrés par la terreur du Hamas

Je n’ai pas pour habitude de me joindre au corporatisme journalistique : la caste ne supporte pas de recevoir les leçons qu’elle distribue aux autres. Cependant, désigner ainsi ma consœur à la vindicte d’illuminés, au nom d’une supposée légitime défense, relève de la mise en danger de la vie d’autrui.

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Dans le contexte d’une offensive islamiste et antisémite enivrée par la terreur du Hamas anti-juifs, tenir de telles accusations revient à faire de la journaliste une cible. Cette dernière a d’ailleurs été placée ce lundi sous protection policière. Mais Mélenchon a choisi son camp. Au prétexte de flatter l’électorat musulman, qu’il confond avec le prolétariat et qu’il mêle à l’islamisme, il apporte son soutien enthousiaste à l’organisation nazislamiste organisatrice des pogroms du 7 octobre en Israël. Samedi, lors d’une manifestation parisienne « pour la paix et la justice », le leader de LFI a déclaré : « Vive Gaza ! Gloire éternelle à ceux qui résistent ! ». Résister consistant, pour le Hamas, à tuer sataniquement y compris des femmes et des enfants parce que juifs et à filmer ces horreurs pour galvaniser les haines. C’est au nom notamment de Gaza et de la cause palestinienne qu’un Franco-iranien fiché S, Armand Rajabpour-Miyandoab, a tué au couteau samedi à Paris un germano-philippin et a blessé deux autres passants choisis au hasard, aux cris d’ « Allah Akbar ! ».

Ne détournons pas le regard

Le choix de Mélenchon de soutenir le totalitarisme coranique est une capitulation dont l’extrême gauche aura à répondre si s’ouvre un jour le Nuremberg de l’islamisme, de ses crimes et de ses collaborateurs. Remarquons déjà que le Conseil français du culte musulman (CFCM), oubliant de s’émouvoir du drame parisien, a appelé dimanche à la «vigilance» les «musulmans de France», redoutant que l’attaque meurtrière ne soit «instrumentalisé(e) par des officines d’extrême droite». Or cette diversion est également la posture choisie par le discours gouvernemental qui alerte sur « l’ultra-droite ».

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Face à l’islam politique, le pouvoir a la main molle. À écouter Gérald Darmanin, ce seraient les protestations de mouvements identitaires ou patriotes contre les agressions raciales des racailles de la contre-société qui seraient, comme à Crépol, des sources de « petites guerres civiles ».

Le profil psychiatrique du dernier tueur, déjà condamné à quatre ans de prison pour terrorisme, est également une aubaine pour ceux qui craignent de désigner l’islamisme et son emprise comme étant le moteur de l’offensive contre les démocraties occidentales, singulièrement en France. Rajabpour-Miyandoab, qui a excellé dans la dissimulation (jusqu’à son prénom, qui s’est substitué à Imam) n’est pas un fou ; les derniers médecins en étaient convenus. Mais Mélenchon, aveuglé par sa cause perdue, prétend le contraire.

L’ultradroite! L’ultradroite, vous dis-je!

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La sociologue Isabelle Veyrat-Masson sur Arte, la semaine dernière. DR.

La sphère politico-médiatique n’a plus que « l’ultra-droite » à la bouche. Pour l’instant, cette dernière n’a pourtant heureusement tué personne. Mais faute de mieux, et parce que l’on craint une fracturation de la société, c’est la seule contre-offensive que l’on a trouvée en macronie aux victoires lexicales du camp d’en face alors qu’une « vérité parallèle » – en désaccord avec le gouvernement – émerge à droite de l’échiquier politique. Récit.


Sur Arte, la sociologue et historienne des médias Isabelle Veyrat-Masson a comparé le drame de Crépol, qu’elle qualifie de « fait divers banal », à Roméo et Juliette. « C’est un bal, dans lequel une famille déteste l’autre famille et va chercher des filles. […] Ça devait être au départ un petit truc sympa, un peu provocateur mais sans plus, et ça devient quelque chose de gravissime. Il y a des combats et bien évidemment on tire l’épée parce qu’on tire toujours l’épée, mais maintenant c’est des couteaux, mais les couteaux existent, là aussi, depuis que les couteaux existent. »

Comparaison n’est pas raison

Cependant, note la vibrionnante sociologue complètement partie en vrille, il y a une différence fondamentale entre ce « fait divers » et le drame shakespearien, et cette différence c’est « une montée en généralisation de par le fait que l’extrême droite va se servir de ce fait divers banal dans un contexte politique ». Cette comparaison débile enrobée d’une très grossière analyse politique et distillée dans une langue approximative proche du verbiage des sociologues de Paris VIII, serait désopilante si elle ne concernait pas la mort tragique d’un jeune homme assassiné non pas par un personnage romanesque mais par une racaille bien réelle et assez similaire à celles qui pourrissent la vie des Français dans de nombreuses villes et maintenant dans des villages. Cette dame a été directrice de recherches au CNRS – la bêtise du second degré décrite par Clément Rosset se porte décidément bien. Elle a, de plus, co-dirigé un ouvrage sur Les guerres de mémoires avec Pascal Blanchard, l’historien décolonialiste bien connu des milieux immigrationnistes et multiculturalistes dans lesquels gravitent ses amis Rokhaya Diallo et François Durpaire. Il y a, comme ça, des signes qui ne trompent pas.

L’éditorialiste Patrick Cohen minimisant la gravité des faits de l’attaque de Crépol sur France5. Photo DR.

Sur France 5, Patrick Cohen, lui, a repris sans nuances le récit des racailles rapporté complaisamment par Le Monde. « Ils sont venus pour s’amuser, pour draguer des filles. Pas d’incident jusqu’à la dernière chanson de la soirée, Tchikita du rappeur Jul. C’est là que d’après les mis en cause, l’un des participants au bal, un rugbyman, aurait tiré les cheveux longs d’un des membres du groupe, le traitant de “Tchikita”, c’est-à-dire de fille sexy. Altercation, bagarre, les offensés sortent des couteaux. Un adolescent de 16 ans s’effondre, poignardé à mort. » Quid des propos racistes rapportés par de nombreux témoins ? Des couteaux de 20 cm que les pauvres « offensés » avaient sur eux ? De la version très différente donnée par ceux qui ont vécu cette attaque en règle ? Des antécédents des suspects ? Naturellement, cette version édulcorée des faits tragiques de Crépol ne sert une fois de plus qu’à désigner les supposés véritables coupables, les seuls qui vaillent aux yeux de Patrick Cohen et de toute la caste journalistique des médias publics, « la droite et l’extrême droite qui veulent qu’une France se dresse contre une autre ».

La guéguerre des récits

Le Monde n’est pas intéressé par les « faits divers ». Il évite d’en parler avec soin. Quand le « fait divers » prend une allure implacable de « fait de société », fait tellement révélateur de l’état dans lequel se trouve notre pays qu’il devient impossible de le mépriser totalement, Le Monde consent à faire quelques papiers dessus tout en privilégiant des angles d’attaque permettant d’altérer la réalité et de désigner un coupable qui n’a rien à voir avec les véritables coupables. Bien entendu, pour ne pas faire le jeu de qui vous savez, le quotidien s’est refusé à donner les prénoms des assaillants interpellés par la police. Les articles du Monde consacrés à la mort de Thomas ont été simplement le relais de la propagande gouvernementale et ont quasi-systématiquement fait état de… l’extrême droite et de l’ultradroite, en reprenant les éléments de langage du funeste triumvirat gouvernemental – Borne, Dupond-Moretti, Darmanin : « l’indécente exploitation de la colère », « une exploitation politique effrénée », « le gouvernement hausse le ton pour contrer le récit porté par l’extrême droite », « Meurtre de Thomas : Face au rouleau compresseur médiatique du groupe Bolloré, la majorité a cherché le bon tempo », etc. Le 30 novembre, Le Monde titre : « L’exécutif face aux assauts de l’extrême droite ». Le drame de Crépol, comme la plupart de ceux qui ensanglantent régulièrement notre pays, est le cadet des soucis des journalistes du Monde. Pour eux, le seul véritable danger qui guette la France c’est… la droite nationale !

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De son côté, Apolline de Malherbe a reçu Éric Zemmour sur RMC. L’entretien a duré vingt minutes. Durant les onze premières, la journaliste est restée la proie d’une idée fixe et n’a posé qu’une seule question : le président de « Reconquête ! » condamne-t-il l’ultradroite ? Ayant échoué à obtenir une réponse à son goût, elle a ensuite fait semblant de s’intéresser à la mort de Thomas – mais n’a cessé en réalité d’essayer à nouveau d’arracher de la part de Zemmour une condamnation de l’ultradroite. La locution « extrême droite » – usée jusqu’à la corde et devenue risible à force de qualifier de plus en plus de monde, en fait tous ceux qui n’occupent ni le centre macroniste ni l’extrême gauche mélenchoniste – ne faisant plus peur à personne, la caste médiatico-politique a passé la vitesse supérieure et parle maintenant, avec des frissons dans la voix, de l’ultradroite, laquelle serait le prolongement et le bras armé du RN et de « Reconquête ! ». L’ultradroite représente environ 3000 personnes en France, d’après le spécialiste de l’extrême droite, Jean-Yves Camus. Son pouvoir de nuisance est loin d’être comparable à celui des black blocks, antifas et autres zadistes qui composent l’ultragauche et ne ratent jamais une occasion de casser et piller les magasins, de détruire les biens des entreprises ou des particuliers, ou de se colleter avec les forces de l’ordre puis de se faire passer pour des victimes. Pourtant, la presse bienpensante et le gouvernement n’ont plus que le mot « ultradroite » à la bouche. Pourquoi ?

L’ultradroite sert de paravent à l’impéritie de nos ministres régaliens et de carburant à l’idéologie gauchisante de nos médias progressistes. Les uns et les autres, conscients du fait que l’opinion publique est en train de virer à droite toute, ont décidé de noircir un peu les « heures sombres » et d’opérer une césarienne sur ce « ventre fécond » qui tardait à accoucher d’un véritable monstre. Pas sûr que cette opération soit profitable. Les Français voient ce qu’ils voient : ils savent pertinemment que « l’ultradroite » n’a rien à voir avec les dizaines d’agressions quotidiennes à l’arme blanche, les viols de plus en plus fréquents, en particulier sur des personnes âgées, les émeutes qui ont ravagé la France cet été, les menaces que subissent régulièrement les professeurs, la mort de Lola, d’Alban Gervaise, de Samuel Paty et de Dominique Bernard, le martyre d’Ilan Halimi, la mort de Sarah Halimi et de Mireille Knoll, les violences gratuites pour une cigarette, pour un « mauvais regard », pour rien, l’arrachage des photos de Thomas à Sciences Po ou des photos des otages franco-israéliens dans la rue, la mise sous protection policière de dizaines de chercheurs, journalistes ou représentants politiques, l’éviction des juifs du 9-3, l’explosion des actes antisémites, les attentats qui ont fait près de trois cents morts en France depuis 2012, etc.

L’avocat de Salah Abdeslam se dresse courageusement contre l’ultra-droite

Malgré cette lugubre liste non exhaustive, de belles âmes plastronnent sur les plateaux de la télé publique pour faire part de leur inquiétude mais aussi de leur résolution face à l’ultradroite. Ainsi, toute honte bue, Franck Berton déclare dans l’émission C L’hebdo, à propos des « individus d’ultradroite » interpellés à Romans-sur-Isère : « Je ne pourrais pas les défendre parce que je n’ai rien à dire sur cette exclusion (sic) qui en réalité est d’un autre temps ». J’ai oublié de dire que Maître Berton est l’avocat qui a défendu Salah Abdeslam, ce jeune homme bien de notre temps, lui, impliqué dans les attentats terroristes du 13 novembre 2015 et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Quant à Yannick Jadot, il confesse, sur le plateau de Télématin, avoir « pour la première fois de [sa] viela trouille ». La trouille de quoi ? Devinez…

Il est et il sera de plus en plus difficile de nier la réalité. Les macronistes et les islamo-gauchistes ont beau beugler la même chanson sur l’immigration nécessaire et bénéfique, le vivre ensemble idyllique, la diversité heureuse et le magnifique multiculturalisme, ça craque de partout. Marie-Hélène Thoraval, maire divers droite de Romans-sur-Isère depuis 2014, a été visiblement choquée par les événements de Crépol. Elle ne peut et ne veut plus se taire. « On a cru bien faire », dit-elle en parlant des 150 millions d’euros injectés dans le quartier dont sont issus la plupart de ceux qui ont attaqué le bal à Crépol. Au Figaro, elle dit : « La Monnaie est l’un des quartiers les plus dotés ! Je ne connais pas d’autre quartier dans Romans qui possède une maison de quartier, une ludothèque et une médiathèque… La maison de quartier, en 2020, a d’ailleurs été en partie brûlée par des individus de la cité. Tout comme la crèche en 2017, et une école en 2016. Au moment des émeutes, le quartier a aussi été violemment mis à sac… En juillet dernier, des individus ont brûlé l’office HLM ! Le restaurant chinois a lui été caillassé. Et le bar PMU affiche encore porte close. » Sur RMC, elle tient les mêmes propos et ajoute sans prendre de gants : « Quand on fait le décompte, bizarrement, on réalise qu’aucun des commerces communautaires du quartier n’a été touché ! » Apolline de Malherbe encaisse. Si cette phrase était sortie de la bouche d’ Éric Zemmour, elle aurait sans doute fait montre d’un extraordinaire courage journalistique en reprenant à la volée un propos pas loin d’être nauséabond – l’exercice est plus délicat face à une élue décrivant la réalité d’une ville moyenne confrontée aux mêmes maux que ceux qui contaminent de plus en plus de villes françaises. Visiblement agacée par le détournement politicard opéré par le gouvernement et les médias, la maire de Romans-sur-Isère continue de régler les comptes : « J’ai vu la fermeté du ministre Darmanin (à propos des « milices d’ultradroite » défilant dans sa ville) mais j’aurais aimé qu’il ait la même lorsque nous avons eu les émeutes dans nos villes moyennes fin juin début juillet. »

Une maire courageuse contre la culture de l’excuse

Marie-Hélène Thoraval confirme ce que tout le monde sait mais qu’Apolline de Malherbe semble découvrir : les maux qui gangrènent la France s’appellent la drogue, la délinquance, la violence et la radicalisation islamique. Les personnes interpellées suite à l’attaque de Crépol et à la mort de Thomas sont déjà connues de la police et de la justice, font partie de « familles de délinquants » issues de l’immigration et multirécidivistes. La maire demande calmement mais résolument que cesse « la culture de l’excuse » et que la justice soit intraitable avec les délinquants afin que les quartiers dans lesquels vivent « les gens qui travaillent » puissent retrouver la paix.

Marie-Hélène Thoraval ayant dit la vérité, elle partage maintenant le sort d’autres lanceurs d’alerte. Après avoir reçu de nombreuses menaces de mort, elle vit dorénavant sous protection policière. Dans un entretien donné au JDD, elle rappelle que, déjà en 2015, pour avoir voulu récupérer un bâtiment communal squatté par des « associations très engagées à l’extrême gauche, sous couvert d’écologie », elle avait reçu « des menaces de mort qui venaient de l’extrême gauche ». Aujourd’hui, menacée de décapitation et traitée de facho – « les termes qui reviennent dans la menace de mort correspondent à des méthodes qu’on peut facilement identifier », confie-t-elle au Figaro – elle observe de loin, dépitée mais pas surprise, la centaine de jeunes encapuchonnés accompagnés de quelques militants de gauche qui manifestent contre elle, sous les yeux attendris d’une certaine presse, de LFI et des écolos, en prétendant représenter la majorité des habitants du quartier de la Monnaie.

Pendant ce temps, incapables d’agir sur les véritables causes de la violence qui sévit en France, M. Darmanin fanfaronne en proposant la dissolution de deux ou trois groupuscules d’extrême droite, l’inconsistante Mme Borne condamne « avec la plus grande fermeté les actes de violence de l’ultradroite » et le pauvre Dupond-Moretti se remet à délirer à plein tube en invectivant sa bête noire, le RN qui, selon lui, souhaite « opposer la France rurale et tranquille, catholique et blanche, à la France des cités, des Mohamed, des Mouloud et des Rachid. » Dire que ce sont les mêmes qui parlent d’indignité et d’indécence quand il s’agit de discréditer les élus qui disent ce qu’ils voient et, surtout, qui disent ce qu’ils vivent. Je m’arrête là – mon papier est déjà trop long et je crains de devenir grossier. 

Bataille ne gagnera pas la guerre

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Eric Zemmour, © capture youtube; Pascal Bataille, © Sud Radio ; Jean-Michel Aphatie, © France Info

Pascal Bataille, animateur sur C8, fait partie de ces gens qui, dans un pays démocratique, appellent à mettre Eric Zemmour médiatiquement « hors d’état de nuire ».


Si on n’avait pas Eric Zemmour dans l’espace intellectuel et médiatique, certains n’hésiteraient pas à l’inventer pour s’installer dans un ciblage confortable, paresseux. Pour ma part, si j’ai approuvé sur des thèmes importants son parler-vrai, voire brutal, si j’ai de l’amitié pour lui, je n’ai pas voté en sa faveur, tant la mise en œuvre de son programme radical et sans nuance venant confirmer ses globalités parfois offensantes, aurait mis le pays à feu et à sang. Cette attitude n’est pas contraire à ma passion des empoignades vigoureuses sur les plateaux médiatiques dès lors qu’une élémentaire courtoisie est respectée.

Délire éradicateur

Aussi, quelle n’a pas été ma triste stupéfaction quand j’ai découvert ce que Pascal Bataille avait déclaré sur Sud Radio : « (Eric Zemmour) a un discours clairement raciste, antimusulman et anti-arabe et il faut le mettre hors d’état de nuire sur le plan médiatique et juridique ». Je n’ose pas croire que Pascal Bataille, animateur sur C8, soit jaloux du talent médiatique d’Eric Zemmour. Pour l’élément juridique, on ne peut pas dire qu’on a été économe des procédures à l’encontre du président de Reconquête! ! Pascal Bataille devrait au moins être à moitié satisfait.

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Mais il veut plus en s’abandonnant à une forme de délire éradicateur. Il faut mettre Eric Zemmour « hors d’état de nuire »… Pascal Bataille a-t-il eu conscience de ce que son extrémisme est bien pire que celui qu’il prête (sans l’expliciter) à Eric Zemmour ? Là où celui-ci propose des convictions, aussi contestables qu’elles puissent apparaître (mais ce serait à démontrer), Pascal Bataille suggère tout simplement de faire sortir du champ médiatique le locuteur qu’il abhorre. Comme ce serait commode – et d’une pauvreté insigne – de procéder de la sorte en ostracisant brutalement tous ceux qui n’ont pas l’heur de plaire à Pascal Bataille !

Y’a que la liberté qui compte!

Ce dernier aurait dû écouter la chronique d’Elisabeth Lévy, ce matin 5 décembre, dans la matinale de Patrick Roger sur Sud Radio. Il aurait appris que la liberté d’expression ne doit pas servir seulement à la formulation de ses propres convictions mais qu’elle a pour fonction et comme honneur de laisser parler ceux qui ne pensent pas comme nous. Il était important d’énoncer cette évidence qui l’est de moins en moins dans un monde qui préfère la certitude péremptoire au doute enrichissant, le monologue sûr de soi au dialogue incertain et imprévisible. Je ne croyais tout de même pas que Jean-Michel Aphatie aurait un successeur du même acabit, lui qui s’est fait une spécialité obsessionnelle de vouloir exclure Eric Zemmour d’un univers où, essayiste comme hier et politique aujourd’hui, il fait de l’ombre à tout le monde et d’abord aux professionnels des médias. La contradiction est déjà insupportable en soi mais quand le talent l’habite, c’est véritablement du lèse-conformisme, une atteinte à la volupté de questionner et parler pour ne rien dire… Cette dangereuse exigence de prétendue pureté rendrait les controverses impossibles sauf à les vouloir aseptisées, les confrontations inutiles sauf à les souhaiter formelles, l’appréhension du réel insupportable sauf à l’embellir par déni.

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Qu’on ne croie pas que mon modeste combat ne s’attache qu’à Pascal Bataille et à Eric Zemmour. Je pourrais développer peu ou prou la même argumentation non pas pour défendre Jean-Luc Mélenchon mais pour refuser qu’on noie ses propos scandaleux sous l’opprobre globalisant d’antisémitisme. Puis-je, en tout cas, suggérer à Pascal Bataille d’adopter un autre comportement que ces injonctions comminatoires adressées aujourd’hui à Eric Zemmour ? Et demain à qui ? Je donne ce conseil à tous ceux qui préfèrent supprimer la parole que la contredire ou l’affiner.

Eric Zemmour serait raciste ? Libre à vous, Pascal Bataille, d’aller le démontrer face à lui.
Il serait anti-arabe et anti-musulman ? Libre à vous, Pascal Bataille, de lui opposer votre contradiction.
Mais, de grâce, évitez la honte de vous faciliter la tâche en demandant la suppression de l’adversaire !


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Recherche Anna désespérément!

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Serge Gainsbourg et Anna Karina. "Anna" (1967) de Pierre Koralnik. DR

La comédie musicale pop de Pierre Koralnik sur une partition originale de Serge Gainsbourg diffusée le 13 janvier 1967 sur l’ORTF, avec Anna Karina et Jean-Claude Brialy en romantiques psychédéliques, est enfin visible dans une vraie salle de cinéma, au Champo, à Paris


L’objet est étrange, décousu, outrageusement coloré et dissonant dans le paysage télévisuel des années 1960 et encore aujourd’hui, en ce mois de décembre 2023, il intrigue, agace et séduit par ses défauts apparents. On se dit que la vieille télévision d’État avait les idées larges en ce temps-là et n’avait pas peur de désarçonner la ménagère dans son canapé par cet afflux de couleurs et de sons décadents. Long métrage aux allures de Dim Dam Dom, explosion colorimétrique à vous décoller la rétine, hybridation bruyante entre la « Nouvelle Vague » et la « Pop Culture », au croisement de la société de consommation et de l’avant-garde culturelle, « Anna » est l’œuvre conjointe du réalisateur franco-suisse Pierre Koralnik et de Serge Gainsbourg qui en signe la bande-originale, sans oublier les mains de féé de l’arrangeur Michel Colombier, mentor et précurseur de l’électropsychédélique. Dans le sillage de Jean-Christophe Averty, le petit écran dénoue son nœud de cravate Windsor et propose au public français un spectacle assez déroutant en ce mois de janvier 1967. Malraux est aux Affaires Culturelles, Marcellin à l’Industrie et Sanguinetti aux Anciens Combattants. Il y a donc de la danse, le chorégraphe Victor Upshaw modèle son ballet d’ouverture en s’inspirant de l’action painting, on se croirait à Broadway sous psychotropes ; il y a aussi une photographie et une lumière très audacieuses pour l’époque, on est loin d’Intervilles et du gros Léon qui a cassé ses lunettes, le chef opérateur Willy Kurant travaille les halos et les dégradés à la manière de Joan Miró ; il y a surtout un casting international premium, on y croise Monsieur Eddy impérial au micro, Marianne Faithfull en songe « Swinging London » et les détonants Hubert Deschamps et Henri Virlogeux. « Anna » est un bon poste d’observation de cette fin des années 1960, à la fois sur une politique de programmation vraiment ambitieuse – Michèle Arnaud est à la manœuvre – et sur ce qu’on appellerait aujourd’hui pompeusement « l’intermodalité » non pas des transports mais des disciplines artistiques. Le télespecteur pré-1968 est peut-être un veau, mais un veau pensant. On ne se contente pas de lui infliger des émissions avec un animateur et des chroniqueurs dans un studio blafard, le degré zéro de la création, on souhaiterait l’élever. Le mot est lâché.

A relire, Jérôme Leroy: Anna Karina est morte

Premier téléfilm couleurs de l’ORTF

La télévision ne s’enferme pas alors dans le carcan de l’audimat et, pour cause, elle ne connaît pas les terreurs de ce futur horodateur, elle initie d’improbables projets, impensables en 2023, elle fait appel à de jeunes artistes talentueux, elle a une volonté émancipatrice qui n’est pas exempte d’affèteries, et ça donne ce téléfilm chanté, dansé, pastille hors-gabarit, dont l’incongruité même porte le sceau des affranchis. L’ironie de cette histoire est qu’« Anna » se trouve être le premier téléfilm français tourné en couleurs (en 35 mm) mais sera diffusé à l’ORTF en noir et blanc ! Le Champo, cinéma indépendant d’Art et Essai du Vème arrondissement, inscrit aux Monuments Historiques depuis 2000 nous offre enfin la possibilité de voir ce conte de Noël dans une grande salle et de se lover dans des fauteuils rouges. Anna Karina est une Cendrillon perdue dans une agence publicitaire modeuse dirigée par Jean-Claude Brialy, cet amour réfractaire se déroule dans le décor d’un billard électrique, dans un « Comic Strip » où l’onomatopée est de rigueur. Anna fait des BAM, des BOW, des BLOP, des WIZZ avec sa bouche et elle a sacrément du chien. Sa monture ronde et son large sourire tentateur suffisent pour valider cette expérience visuelle.

Robes transparentes

Comme tous les objets nouveaux, « Anna » peut déstabiliser par sa narration qui n’est pas linéaire et sa musique expérimentale qui fait parfois grincer les dents. Certains morceaux trop saturés et un découpage qui ressemble à un collage halogène ne sont pas habituels dans l’environnement télévisuel. Mais Anna Karina est là, écharpe rouge, sur une plage normande, elle chante « Sous le soleil exactement » de sa voix claire et puissante. Alors, on est cueilli. Comment lui refuser notre main ? Et puis, il y a des images qui ravivent notre nostalgie : Brialy en caban marin conduisant une Ford Mustang cabriolet, Gainsbourg en trench et clope au bec, des publicités Saint-Raphaël sur les murs des gares, des pulls en shetland et des robes Courrèges transparentes.

Informations et séances : Cinéma le Campo

Monsieur Nostalgie

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