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«Justice pour Thomas»: avec les «Natifs» à la manifestation parisienne

Aux enfants de la France, la population compatissante


«Justice pour Thomas»: avec les «Natifs» à la manifestation parisienne
Paris, 1er décembre 2023 © Céline Dupuis

Reportage photo de Céline Dupuis au rassemblement pour Thomas du 1er décembre 2023 au Panthéon.


À 18h19, sur le compte Telegram du groupuscule parisien Les Natifs, l’information confirme le rassemblement pour Thomas prévu vendredi 1er décembre 2023 à 19H sur la place du Panthéon à Paris. Suite à la mort de Thomas, 16 ans, tué le 19 novembre 2023 lors d’un bal de village à Crépol (Drôme) par des individus venus de la cité de la Monnaie à Romans-sur-Isère, plusieurs demandes de manifestations en hommage à Thomas ont été interdites dans toute la France. Le préfet de Paris Laurent Nuñez avait interdit la manifestation parisienne initiée par Les Natifs qui avait déposé un référé-liberté. Le tribunal administratif de Paris a suspendu vendredi soir l’arrêté d’interdiction de rassemblement à Paris estimant qu’il s’agissait d’une « atteinte grave à la liberté de manifester ».


Malgré l’annonce tardive du maintien de la manifestation, environ 200 personnes se sont rassemblées sur la place des grands hommes pour rendre hommage à Thomas par un froid glacial. Quelques sapins luminescents enrobent la place de l’atmosphère chaleureuse de Noël. Le Panthéon s’impose en majesté devant la foule rassemblée en silence. Deux jeunes filles tentent de provoquer les manifestants en lançant à la huée « Bandes d’enculés, sales fachos ! ». Le service d’ordre vêtu de gilet bleu ciel floqué « organisation » reconduisent ces deux antifascistes de carnaval hors du périmètre de la manifestation. Le collectif Les Natifs a choisi son nom « en hommage aux poilus parisiens, natifs de la ville Lumière, pour honorer tous les natifs morts pour la France », mais aussi en référence « aux indigènes américains, les vrais natifs américains ». Antoine, porte-parole, et Edouard, membre fondateur, se définissent comme « fiers et enracinés ». Le mouvement se veut une « avant-garde politique » d’agit prop ; mes interlocuteurs se considèrent comme des « éveilleurs, des aiguilleurs politiques » qui combattent « le laxisme juridique et judiciaire » et défendent les identités.

« Justice pour Thomas »

Devant un calicot accroché aux grilles du Panthéon qui affiche « Hier Lola, aujourd’hui Thomas, Français réveille-toi ! », Antoine, le porte-parole du groupuscule Les Natifs, créé suite à la dissolution par le gouvernement de l’association Génération identitaire le 3 mars 2021, rappelle que le rassemblement a été organisé « pour Thomas, mais aussi en l’honneur de tous les autres, ceux dont l’assassinat n’a pas fait l’actualité ». Il estime par exemple que « si l’État avait fait son travail, Lola serait toujours en vie ».


« Police complice, journalistes collabos »

« On savait que l’État ne défend plus son peuple », enchaîne Benjamin, membre d’Argos, groupuscule lui aussi issu de l’association Génération Identitaire dissoute en mars 2021, qui se présente sur sa page Instagram suivie par près de 10 000 personnes comme un « collectif communautaire qui rassemble la jeunesse alternative française et européenne ». Suite au meurtre de Thomas, le collectif a publié des affiches avec l’image de Thomas  « Massacre de Français. Stop ! Autodéfense »

Benjamin poursuit en accusant les « sbires de l’État de jouer contre nous » en créant des « alliances de circonstances avec la racaille de cité ». Benjamin fait référence à la protection policière mise en place aux abords de la cité de la Monnaie, à Romans-sur-Isère, pour protéger les habitants d’une descente d’une cinquantaine d’identitaires voulant en découdre, le samedi précédent. « La mort de Thomas n’est pas un simple fait divers. Ce crime, au-delà de l’horreur qu’il représente, est l’illustration parfaite d’un laxisme judiciaire. » Le présumé coupable du coup de couteau était en effet sous interdiction de porter une arme. Benjamin rappelle la non-application de l’OQTF de la meurtrière de Lola, tuée le 14 octobre 2022, à Paris 19ème, ou encore la non-incarcération du violeur de Mégane à Cherbourg. Benjamin dénonce un « deux poids, deux mesures » en comparant la remise en liberté des interpellés dans l’affaire de Crépol, quand des activistes de la descente dans la cité de la Monnaie ont écopé de prison ferme, ou encore « un couple à Lyon ayant été placé en garde à vue pour avoir collé des affiches en hommage à Thomas ». Les CRS sont sifflés pour s’être « rendus bien rapidement cette fois-ci dans un quartier sensible sur les ordres du Préfet ». Police et journalistes sont huées par la foule. Peu de manifestants acceptent de répondre aux questions ou d’être photographiés.

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Le membre d’Argos se demande : « Comment ne pas avoir la haine ? » face à ce qu’il appelle le « terrorisme du quotidien qui frappe les Français sur leur propre sol ». « Notre devoir à nous c’est de résister… nous sommes seuls (sans l’Etat NDLA), il y a eux, et il y a nous ». Argos prône l’autodéfense, car « si l’Etat ne rend plus justice, le peuple la rendra lui-même ». Benjamin de conclure : « Oui, l’Etat a du sang sur les mains. Oui, l’Etat est en grande partie responsable du meurtre de Thomas. Oui, l’État est l’allié indirect des racailles de cité. Oui, l’État ne défend plus son peuple. Oui, les Français n’oublieront jamais cette trahison. »

« Parce que la liberté fait partie de notre identité »

Jean-Yves Le Gallou, ancien député européen, créateur de la fondation Polemia, « qui défend l’identité, la critique des oligarchies et la lutte contre la tyrannie médiatique », déplore l’interdiction de manifester. « Cette interdiction était inique. Ce qui est essentiel pour nous, c’est de défendre nos libertés, parce que la liberté fait partie de notre identité, et que si nous n’avons pas la liberté, nous perdrons notre identité.» L’ancien haut fonctionnaire enchaîne sur la thématique de l’immigration. « Le pouvoir veut interdire toutes manifestations critiques parce qu’il veut imposer chaque année l’entrée de cinq cent mille étrangers supplémentaires en France ; parce qu’il veut imposer la répartition des migrants, des clandestins dans tous les villages de France. Pour que demain il n’y ait plus un Crépol, mais dix Crépol, vingt Crépol ! L’argument de Monsieur Nunez pour interdire cette manifestation, c’est qu’elle aurait été contraire à l’ordre public immatériel. Donc pas aux désordres dans la rue comme les gauchistes ou les Black Blocs. Qu’est-ce que l’ordre public immatériel vu par messieurs Darmanin et Nunez ? C’est la doxa politiquement correcte, c’est l’interdiction de pouvoir dire qu’il y a un lien entre l’immigration et l’islamisme, entre l’immigration et le terrorisme, entre l’immigration et la délinquance, ce serait de ne pas pouvoir prôner la remigration. Nous avons le droit de dire les faits, nous avons le droit de prôner la remigration. »


Alice Cordier, présidente co-fondatrice du Collectif Némésis, collectif féministe, prend la parole en s’étonnant tout d’abord « que dans notre pays, on n’a pas le droit d’honorer nos morts. Il y en certains qui ont le droit d’être honorés mais les nôtres visiblement ce n’est pas le cas.» La militante évoque son grand-frère : « je ne supporterais jamais que mon grand-frère puisse mourir de cette façon, et encore moins que l’on ne puisse pas organiser des manifestations en son honneur, à sa mémoire. La deuxième raison, c’est qu’un jour, je serai une maman, j’aurai certainement des garçons, et je ne supporterais pas que mes garçons, mais aussi mes filles aient à vivre dans ces conditions-là. C’est une chose qu’en tant que Français, on n’a pas à accepter. On nous force à vivre avec des personnes avec qui il est devenu impossible de vivre. Il y a une éducation de décalage, nous ne sommes pas éduqués de la même façon. Il y a des jeunes garçons qui ont aujourd’hui une vision ultra-sexiste des femmes, qui ont une vision ultraviolente de comment on règle un conflit, qui sont capables de planter un garçon car il aurait tiré les cheveux de l’autre ». Chaïd A., le principal suspect, âgé de 20 ans, a été  « formellement désigné comme auteur du coup de couteau mortel », selon le procureur de la République de Valence, Laurent de Caigny. Chaïd avait déjà été condamné à une amende de 250 euros pour recel de vol et à une amende de 200 euros pour port d’un couteau dans la rue. « On ne peut pas accepter cet écart de culture qui existe. Il y a une immigration que l’on retrouve dans cette haine de la France, dans cette haine du Blanc, car ces jeunes hommes, et dix témoins le disent, sont venus pour planter du Blanc. » À cette heure, le caractère raciste n’est toujours pas reconnu par les autorités, malgré les demandes de la famille qui demande une requalification. « Ils sont aussi venus pour draguer des filles avec des couteaux de vingt centimètres, je me demande comment ces gens-là draguent les filles d’habitude… »

Dans la foule, quelqu’un tente de lancer un  « Émigrés dehors », mais Antoine, le porte-parole des Natifs, explique que ce n’est ni le lieu ni l’heure et propose plutôt de reprendre en chœur le slogan « Français, réveille-toi, tu es ici chez toi ».


« C’est la guerre des mots »

Liselotte Dutreuil, journaliste à Radio Courtoisie, consacre son intervention à ses confrères journalistes et attaque le traitement médiatique de l’affaire. « Les autorités et les médias voudraient nous faire croire que Thomas est mort de façon fortuite, accidentelle, que sa mort relève de la fatalité » relève-t-elle. « Thomas n’est pas mort parce qu’il était au mauvais endroit au mauvais moment. Thomas était au contraire tout à fait à sa place, il faisait la fête avec ses amis, dans son village, c’est bien normal à 16 ans. En revanche, ses asssassins, eux, étaient bien au mauvais endroit au mauvais moment, ils étaient là où ils n’auraient jamais dû être, là où on n’aurait jamais dû permettre qu’ils soient, parce que la France n’est pas un pays où on se rend au bal avec des couteaux de boucher pour planter du Blanc. Donc, non ces racailles n’auraient pas dû être là. Si on avait un Etat digne de ce nom, ces assassins auraient été dans leur pays d’origine ou en prison, et Thomas serait encore en vie. Thomas, comme tant d’autres avant lui, n’est pas mort par hasard, mais parce que l’Etat a créé les conditions de sa mort : immigration de masse, impunité judiciaire, répartition forcée de la criminalité dans toute la France. » La journaliste charge les médias (nous ne saurons pas quels médias !) pour lesquels Thomas est une erreur de casting, car « trop Blanc, trop populaire, trop Français », elle les accuse de réécrire l’histoire. « Thomas est présenté comme un rugbyman: “le jeune rugbyman décédé lors d’une rixe”, cela n’a interpellé personne ? » questionne la journaliste qui poursuit : « Pensez-vous qu’il aurait été présenté comme un tennisman s’il avait préféré la raquette au ballon ovale ? Non, cela collait si bien avec la théorie de la rixe ; dès le début, c’est la guerre des mots. On aurait pu dire : le jeune Thomas, à peine seize ans, est mort assassiné par des racailles”, on a préféré “le jeune rugbyman décédé lors d’une rixe“. C’est mieux car Thomas, c’est le profil du gros lourdaud, du campagnard qui a dû se bagarrer pendant la troisième mi-temps, une rixe finalement, une malheureuse altercation qui dégénère. Mais non, “Thomas était un jeune homme de seize ans plein de vie très aimé de ses amis, quelqu’un sans problème et très sage“, ce sont les mots de sa mère. »

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« Une bande de racailles qui attaque un bal populaire et qui saigne tous ceux qui leur passent sous la main, ce n’est pas une rixe. BFMTV titre dans la foulée “Crépol, du pain béni pour l’extrême droite” » enrage-t-elle. La foule hue alors la chaîne d’information en continu dirigée par Marc-Olivier Fogiel. Sur cette même chaîne, une avocate avait interprété l’attaque comme une réponse à « un délit de sales gueules ». Liselotte Dutreuil pointe la déconnexion des élites médiatiques : « Les couteaux, c’était peut-être pour casser la croûte avec les vieux du village en regardant les gens danser ? » Sur Arte, l’historienne Isabelle Veyrat-Masson a qualifié l’affaire de Crépol de « banal fait divers » comparable à Roméo et Juliette : « C’est du Shakespeare !» s’est-elle même exclamée. « Cette dame, directrice de recherche au CNRS, et ses amis, sont censés être la fine fleur des analystes en France, et ils viennent faire des parallèles littéraires qui n’ont aucun sens comme de pauvres bacheliers qui bégaient à l’oral, tentant de sauver les meubles. Recalée, madame Veyrat-Masson ! » raille Liselotte Dubreuil. « Non, les duels d’honneur entre deux familles italiennes n’ont rien à voir avec l’assassinat tragique de Thomas aux cris de “viens là, sale gwer” » La journaliste annonce alors avoir gardé le pire pour la fin, car, « si l’indécence devait avoir un nom, ce soir, elle s’appellerait Patrick Cohen ». La foule crie « Traitre ! Sale traitre », à l’évocation du chroniqueur de France Télévisions qui, selon l’oratrice, a renversé les rôles entre « un jeune rugbyman raciste qui aurait tiré les cheveux de son agresseur, qui lui est le pauvre opprimé venu de la cité ». « Monsieur Cohen, comment pouvez-vous sous-entendre que finalement Thomas l’avait un peu cherché ? ». En réalité, « la haine venait de la cité de la Monnaie à Romans-sur-Isère », conclut Melle Dubreuil en épelant les prénoms des prévenus…  


La journaliste de Radio Courtoisie accuse ensuite dans leur globalité les « élites wokes, les médias mainstream » qui ne défendraient jamais « la vie des cul-terreux » et ne pourraient se résoudre à reconnaître cinquante ans de politique migratoire désastreuse. « Journalistes, politiques, avocats, tous profitent de l’occasion pour défendre l’indéfendable… il faut savoir faire preuve d’une certaine gymnastique intellectuelle pour parvenir à défendre des assassins » ; elle ajoute enfin : « voici les mots de Théo,  l’ami de Thomas : “on a la haine, personnellement j’ai un sentiment de violence incontrôlable”. Alors les ayatollahs de la tolérance condamneront sûrement cet ignoble appel à la haine, mais moi je voudrais lui dire à Théo : ne t’en fais pas derrière toutes ces marionnettes de la bien-pensence et de la pilule “vous n’aurez pas ma haine”, il y a une France qui comprend ta colère, car oui nous sommes en colère, nous sommes en colère contre un gouvernement défaillant, nous sommes en colère contre des politiciens veules et lâches, nous sommes en colère contre des médias menteurs et hypocrites alors nous sommes ici pour pousser un immense cri de colère qui est aussi un cri d’amour pour nos martyrs, Thomas, mais aussi Lola, Enzo, Philippe, Alban, Mélanie, Axel, Laura, Maurane, on ne vous oubliera pas. » La foule scande ensuite : « On est chez nous » et Antoine conclut le rassemblement en lançant l’hymne national qui est repris par les manifestants réunis devant le Panthéon.

Jeanne, 75 ans, retraitée, sans enfant, vient de la banlieue parisienne, du Perreux précisément (94). Déterminée, l’œil vif et pétillant, elle me dit qu’elle aurait été « présente même si la manifestation avait été interdite ». Elle a « manifesté avec les gilets jaunes », alors les interdictions de manifester, cela lui passe « au-dessus de la tête ». Avec sa chevelure blanche de senior, ses lunettes prune ouvrant sur deux yeux verdoyants, elle respire la bonhomie et la jovialité, et donne envie de taper la causette. Si elle accepte de me parler, c’est parce que je lui dis que c’est pour Causeur et parce qu’elle « aime bien Elisabeth Lévy », qu’elle trouve « très courageuse ». Jeanne est la seule manifestante qui accepte de répondre à mes questions, mais pas d’être photographiée. La peur de la stigmatisation, même si ses « amis connaissent ses opinions », et, même si, ajoute-t-elle, « ceux de gauche sont de plus en plus d’accord avec moi ». On s’en doute, Jeanne vote plutôt à droite, mais cela n’a pas toujours été le cas au cours de sa vie. A la dernière présidentielle, elle a voté « Zemmour au premier tour ». Jeanne se dit très enthousiasmée par cette « jeunesse qui se réveille face à l’Etat qui n’assure plus son rôle régalien. » La retraitée assure qu’elle viendra « soutenir à chaque fois qu’il le faut », même si elle doit faire des heures de transports en commun. « Rien n’empêche de construire des prisons. La justice est complice de la dégradation du pays ».


Chacun se disperse dans le calme. Hommage, recueillement, minute de silence, prises de parole, le rassemblement tant craint par les autorités s’est finalement déroulé sans aucun incident, et la Brav M stationnée rue Saint-Jacques n’a pas eu à intervenir, alors que des affrontements nocturnes entre « fafs » et « antifas » étaient possibles…




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