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Les années de la jupe

Élèves armés, professeurs agressés ou menacés, la violence fait partie du quotidien de l’Éducation nationale. Mal formés, souvent lâchés par leur hiérarchie et leurs collègues, les profs se retrouvent seuls face à des élèves qui ignorent le respect qu’ils doivent aux adultes. Face à cette crise profonde de l’autorité, l’institution répond encore « inclusivité ».


Dire que l’école n’est plus un sanctuaire est un lieu commun. En quelques décennies elle est devenue une cible désignée du terrorisme islamiste, un champ de bataille de revendications communautaristes, où la violence est de plus en plus présente. Anciennement « creuset de la République », l’école est le théâtre de tous les conflits de la société. Le métier de professeur est un sport de combat face à des incivilités multiples, un sport qui peut signifier danger de mort. En témoignent les cas tragiques de Samuel Paty et Dominique Bernard, mais aussi des violences inédites, qui ne sont plus exclusivement commises au nom de l’islam : en quelques jours, on a appris qu’une collégienne de 12 ans avait menacé sa professeur d’anglais avec un couteau de 30 centimètres, et qu’un élève de troisième avait tenté d’empoisonner une enseignante d’arts plastiques en lui faisant boire du détergent.


Communautarisme musulman et dogme de l’inclusion

L’islamisme n’est donc pas le seul vecteur de cette montée de la violence à l’école. Le délitement de l’institution parle d’une crise profonde de l’autorité. L’école ne suscite plus d’attente chez les élèves et ne leur inspire plus de respect. De moins en moins bien formés, les enseignants se retrouvent souvent jetés devant des classes sans accompagnement. Les directives ministérielles sont contestées par des professeurs idéologisés : l’Éducation nationale est un énorme iceberg à la dérive.

Professeur dans un collège à Lyon, Isabelle vient de jeter l’éponge. Elle parle de jeunes collégiens qui n’ont aucune conscience de la façon dont on s’adresse à un adulte, car ils ne savent pas prendre en compte l’altérité. Encore moins quand elle est assortie d’une position hiérarchique. Ils ne comprennent pas la verticalité et la vivent comme une violence. Dans les classes, le brouhaha est permanent et l’agressivité, le principal mode relationnel entre élèves et avec les enseignants. Dans cet établissement, pas de drame, juste une violence du quotidien à bas bruit. Tout de même, il y a ce professeur de physique à qui un élève a asséné une claque. La sanction : trois jours d’exclusion et un simple changement de classe. Le professeur bafoué a dû subir la parade et les moqueries de son agresseur tout le long de l’année. Elle raconte aussi les parents paumés qui demandent à l’école de « dresser » leurs rejetons, ceux qui défendent les pires débordements ou menacent une hiérarchie incapable d’agir.

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Pour Isabelle, deux facteurs expliquent cet effondrement : la religion, en clair le communautarisme musulman, et le dogme de l’inclusion, qui a conduit à accueillir des élèves dont le handicap physique ou les difficultés sociales et psychologiques sont tellement lourds, qu’ils relèvent d’une prise en charge spécifique. Se trouvant rapidement en situation d’échec, ils peuvent devenir ingérables, voire violents, et gravement perturber toute une classe. S’ajoute, notamment en région parisienne mais pas seulement, l’accueil de primo-arrivants souvent non francophones. Pour les socialiser, l’école n’a que la bonne volonté des professeurs.

La verticalité de l’école d’autrefois permettait la transmission

Pour le psychologue Daniel Pendanx, ces témoignages dépeignent un face-à-face délétère entre professeurs et élèves, abandonnés par une institution qui n’assume pas sa fonction de triangulation. Elle ne sait pas imposer de limites aux demandes des élèves et des parents, ni donner du sens au travail des professeurs. L’institution est devenue une figure maternelle, vouée à l’inconditionnalité et au dévouement. Elle ne joue plus le rôle symbolique du père, qui consiste à doter l’enfant de moyens intellectuels et de connaissances pour aller dans le monde et y trouver sa place.

La légitimité de l’école repose aussi sur sa capacité à porter une promesse d’émancipation. C’est par la promesse d’avenir meilleur que l’école forgeait du commun et poussait à regarder vers le haut. Sa verticalité permettait la transmission. Aujourd’hui, elle est vue comme un espace horizontal qui s’emploie à détruire les identités et à effacer les origines, sans offrir d’horizon commun. D’où le conflit exacerbé avec la communauté musulmane, dont la culture se heurte aux fondements anthropologiques de notre société : égalité entre hommes et femmes, sécularisation, liberté de conscience et d’expression. Entre l’identité valorisée par la famille et le quartier, et cette école qui peine à définir la sienne, on imagine aisément où va la loyauté des jeunes.

Ce contentieux confirme le diagnostic d’Hugues Lagrange établi dans Le Déni des cultures (2010). Il avait fait scandale, simplement en observant que la crise de l’intégration reflétait les différences culturelles et la difficulté de les accommoder. Avec certains élèves, le professeur ne fait pas face à un individu, mais à des logiques collectives claniques liées à la communauté et au quartier. L’élève ne parle pas seulement en son nom, il porte l’honneur du quartier, de son groupe ethnico-religieux en manifestant son adhésion à un autre projet de civilisation que celui des « Français ». Le refus de prendre en compte cette dimension explique l’échec de l’institution face à la pression islamiste.

Le paradoxe, et pour tout dire la machine à rendre fou, c’est que ce refus de voir et de penser les différences culturelles va de pair avec leur exaltation – on affirme à la fois qu’elles n’existent pas et qu’elles sont une merveilleuse source d’enrichissement. La doctrine plaçant l’élève au centre du système éducatif a pour effet de valoriser son identité d’origine. Pour justifier ce choix, l’école dépeint la rencontre interculturelle sous les seuls auspices de la fraternisation et en occulte l’aspect conflictuel, refusant de voir la face sombre de la revendication identitaire, l’incitation au séparatisme. En niant le problème, on a au moins une certitude, celle de ne jamais le résoudre.

Cet aveuglement volontaire nourrit la grande solitude des enseignants et leur sentiment d’abandon. Quand ils sont menacés ou contestés par une action militante, les salles des profs ne font pas corps. Certains collègues sont même les premiers à critiquer le professeur dans la tourmente, comme l’a vécu Samuel Paty. Dans ce chaos, le simple fait que Gabriel Attal nomme les choses pourrait être un tournant.

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La meilleure équipe de France?

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Philippe Bilger passe en revue la composition du gouvernement Attal.


Ce n’est pas tomber dans un pessimisme peu patriotique que de considérer que le nouveau gouvernement n’est pas la meilleure équipe de France possible. Il y a des raisons structurelles, tenant au clivage de notre univers politique et au poids des appartenances partisanes qui empêcheront toujours, quels que soient le président de la République et le Premier ministre, d’opérer un choix garantissant que les plus compétents seront choisis. Pourtant, à gauche, il y aurait des personnalités qui objectivement mériteraient d’être distinguées, et réciproquement si la droite était dans l’opposition.

Rima Abdul-Malak restera « libre », mais ailleurs !

Mais, à examiner la composition de ce gouvernement avec ce tout jeune Premier ministre dont j’attends beaucoup pour la France et sur lequel j’ai déjà trop parlé et écrit, je me sens contraint sinon de n’émettre que des critiques du moins de m’étonner pour certaines de ses options.

Emmanuel Macron et Gabriel Attal à Villers-Cotterêts le 30 octobre 2023 © Gabrielle CEZARD/SIPA

Avant, il me semble honnête, au regard de ce que je n’hésiterais pas à appeler mon immaturité politique, d’avouer ma satisfaction citoyenne devant telle ou telle exclusion ministérielle. Principalement celle de l’ancienne ministre de la Culture qui a été remplacée par Rachida Dati. Celle-ci substituera à une vision partisane, moins populaire que parisianiste, injuste dans ses dénonciations, une politique plus équilibrée qui n’oubliera pas la France des territoires. Quand on songe que nous aurions pu voir distinguée Claire Chazal, on mesure ce à quoi on a échappé ! Ce contentement admis, que de coups fourrés, d’incongruités, de ressentiments, de contradictions et de troubles connivences ! Que le président de la République ait répudié ce à quoi il s’était engagé en 2017 pour les mises en examen au sujet d’éventuels ministres, n’est que trop fréquent avec lui. Il se soucie comme d’une guigne des promesses qu’il a faites, de leur transgression et, plus globalement, de la moralité publique de ceux qu’il a décidé de sélectionner.

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La manière dont on cherche à faire croire à un resserrement et à une cohérence du gouvernement est surprenante. Un manque catastrophique : pas de ministre de plein exercice consacré au Logement, le problème social prioritaire. Catherine Vautrin qui sera une ministre de qualité est chargée d’un champ colossal. Stéphane Séjourné se retrouve au Quai d’Orsay, avec l’Europe en tête dans la dénomination de son ministère, sans que nous soyons assurés, derrière cette surprise, d’autre chose que d’une promotion opportuniste, avec Olivier Véran qui le remplacerait comme tête de liste pour les élections européennes, après que Bruno Le Maire a refusé ce cadeau empoisonné. Avoir confié à la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, en pleine préparation des Jeux olympiques, le redoutable ministère de l’Éducation nationale est une absurdité choquante. Quelle est sa compétence, sa légitimité, les garanties qu’elle donne pour la continuation des chantiers ouverts par Gabriel Attal ? Celui-ci risque d’emporter avec lui à Matignon nos espérances déçues sur ce plan capital. Je ne tiens pas pour rien le fait que Gabriel Attal ait désiré expressément nous rassurer sur l’avenir de ce ministère, ce qui confirme mon inquiétude.

Double ressentiment du président de la République. Il a fait sortir du gouvernement certains de ses « frondeurs » pourtant bien respectueux à l’occasion de la loi Immigration. Ils ont commis le crime de lèse-Macron ! Ainsi Clément Beaune qui a pourtant été un excellent ministre (quand il n’était pas obsédé par le Rassemblement national…), malgré sa contrition, est renvoyé. Et il était hors de question de pardonner aux Républicains l’humiliation qu’ils lui avaient fait subir lors des péripéties de cette même loi. Alors que le Premier ministre avait promis à Eric Ciotti de ne procéder à aucun débauchage individuel, il est manifeste que le président n’a pas voulu tenir l’engagement de Gabriel Attal : il a fait débaucher Rachida Dati (immédiatement exclue par Eric Ciotti), sous l’influence délétère de Nicolas Sarkozy inspiré par la double obsession de continuer à nuire à la droite qu’il a trahie et d’obtenir enfin quelque chose d’Emmanuel Macron.

De l’espoir et des doutes

Pour la sérénité de l’action gouvernementale et des délibérations en Conseil des ministres, si on n’avait pas d’autre choix que de maintenir les poids lourds ayant réussi – Darmanin, Le Maire et Lecornu -, j’imagine mal, sur la Justice, l’inconditionnalité de Rachida Dati à l’égard d’un Dupond-Moretti, même tardivement en progrès. Ou la soumission des ministres de l’Economie et de l’Intérieur à l’autorité de Gabriel Attal. Il y aura des vers dans le fruit.

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J’entends bien que la personnalité de Gabriel Attal rendra plus facile le dialogue avec LR à l’Assemblée nationale. Ceux-ci seront moins rétifs à pactiser avec un Premier ministre dont l’évolution le mène de plus en plus à droite : il s’est contenté avec lucidité de voir le réel et ce qu’il impose comme action. Mais la majorité sera toujours relative… Il est clair que ce gouvernement sera très éloigné de la meilleure équipe de France. Il s’est sans doute tendu des pièges à lui-même. Je n’aime pas cette impression désagréable que beaucoup a été concocté dans le dos des citoyens et que la France n’a qu’à se taire ! Qu’on ne nous abuse pas non plus : quelques ministres de droite au sein d’un univers macroniste ne garantiront pas forcément une politique générale de droite. À moins qu’un Attal, capable d’être indépendant, démente ma morosité et constitue le soliste brillant qu’il a été, en chef d’une équipe soudée, enfin claire, constante et donc efficace ?

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Priscilla Presley s’ennuie, et nous avec elle

Priscilla, le nouveau film de Sofia Coppola, avec Cailee Spaeny, est en salles depuis le 3 janvier. Il est consacré à la femme du King et à la prison mentale qu’elle s’est construite. La rock star américaine avait fait sa connaissance alors qu’elle avait 14 ans.


Heartbreak Hotel, Hound Dog, Jailhouse Rock, Love Me Tender… Pas un seul de ces tubes d’Elvis qui déménagent et donnent envie de danser le rock instantanément n’est présent dans la BO du nouveau film de Sofia Coppola, exclusivement consacré à la seule et unique épouse du roi du rock n roll, Priscilla Presley née Beaulieu. Les fans du King seront déçus ! Cette absence s’expliquerait par des raisons légales. Faute d’obtenir les droits des chansons, la fille du réalisateur du Parrain a donc composé une BO bigarrée mélangeant les époques, piochant dans les sixties avec le tube de Frankie Avalon Vénus comme dans les eighties avec le hit des Ramones Baby, I Love You. Bref : tout sauf du Elvis. Et cet effacement musical n’est que le pendant d’une certaine désacralisation du King. Dans ce film, Elvis n’est pas le monstre sacré du rock au déhanchement légendaire et à la voix de velours qui swingue. Il n’est pas non plus la star sous influence, victime d’un manager véreux comme l’avait mis en scène le biopic de Baz Luhrmann avec Austin Butler sorti en 2022. Non : il est un « lover » amoureux, mais infidèle, accro aux drogues, colérique comme un dieu grec ne tolérant aucune critique et emporté par son hubris. Certes Elvis n’est pas montré sous son meilleur jour. Mais Sofia Coppola ne l’accable pas non plus, le militantisme néoféministe étant étranger à l’œuvre de la réalisatrice – Dieu merci !

De l’Allemagne à Memphis

Toute l’attention de la réalisatrice est donc portée sur Priscilla. Cela devient vite étouffant. Le spectateur ne voit qu’elle et elle, elle ne voit qu’Elvis, ne pense qu’à lui, ne vit que pour lui. Mais, on l’a dit, on ne peut pas profiter de sa musique…

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L’enfermement amoureux se perçoit dès l’ouverture du film, à travers l’ambiance crépusculaire qui se dégage des scènes de leur rencontre, alors que le King fait son service militaire en Allemagne. On est alors loin des spotlights de la scène. Mais on ne les verra jamais de toute façon. Ensuite, c’est l’installation à Memphis, autorisée par les parents en échange de l’obtention de son diplôme. Dans la maison de Memphis que nous présente Sofia Coppola, on retrouve un peu le Versailles de Marie-Antoinette. Deux cages dorées. Pour nous faire ressentir la solitude de Priscilla, son isolement et son interminable attente, la réalisatrice abuse de plans qui s’étirent en longueur et nous montrent cette petite et fine silhouette tirée à quatre épingles et assise sur l’un des canapés en cuir d’un immense salon. Ces plans se répètent, comme les multiples échanges téléphoniques aux dialogues guimauves qui tournent à vide : « I love you baby », « I miss you so much », « When do you come back ? ». Elvis est parti pour Hollywood ou en tournée, Priscilla attend son retour et s’ennuie entre deux manucures. Cela méritait-il vraiment un film ? Et, bien sûr, lorsqu’il débarque enfin, Priscilla suit son rythme. Et prend des amphét et des somnifères avec lui avant de s’enfermer pendant des jours dans cette chambre calfeutrée comme un tombeau de velours.

Libérez Priscilla (et Sofia Coppola) !

Il veut qu’elle change de look ? Elle se refait une garde-robe. Mais attention pas d’imprimé, Elvis n’aime pas. Il veut qu’elle se teigne les cheveux en noir corbeau ? Elle remontera sa chevelure de jaie, dans le style de Marie-Antoinette, adopté plus tard également, quoiqu’avec moins de démesure, par la chanteuse anglaise Amy Winehouse. Il veut qu’elle accentue son « make up » ? Elle soulignera ses yeux bleus par un trait de eye liner devenu son style iconique. La scène de relooking aurait pu être drôle et légère, à l’instar de celle de Pretty woman, elle est plombante. Car Elvis n’est pas le pygmalion de Priscilla, on se demande s’il n’est pas plutôt son geôlier.

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Sofia Coppola nous montre une Priscilla Presley qui est isolée comme l’était Marie-Antoinette. Mais si la dernière reine de France s’amusait et s’oubliait dans l’effervescence des fêtes et du divertissement, Priscilla se languit, ne vivant que dans l’attente de l’accomplissement de l’acte amoureux sans cesse repoussé par Elvis – lequel préfère batifoler ailleurs et entretenir jusqu’à son mariage une relation chaste avec sa future épouse. Vous l’avez compris, pour le spectateur, Priscilla est aussi barbante que Marie-Antoinette était exubérante. Si Marie-Antoinette est rattrapée par la cruauté de la Révolution française et que le monde réel viendra interrompre la fête, Priscilla, elle, s’accomplit après sa rupture avec le King. Mais cette seconde vie n’intéresse pas Sofia Coppola. Résultat : un film bien morose. Sofia Coppola est une artiste qui a trouvé son style, c’est certain, mais il est toujours très difficile de se renouveler, de créer une œuvre nouvelle tout en restant fidèle à ses créations passées. Assurément Sofia Coppola est actuellement enferrée dans ce dilemme-là. Espérons que pour son prochain film, elle parvienne à le dépasser.

Les cauchemars d’Anne Hidalgo

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Le maire de Paris ne digère pas la nomination de sa rivale Rachida Dati, une femme de droite, au ministère de la Culture – un domaine qui est habituellement la chasse gardée de la gauche.


Anne Hidalgo, l’empêcheuse de tourner en rond autour de Paris et grande freineuse de circulation en son sein, en est déjà verte. Et pas cette fois par mimétisme forcené avec les pourfendeurs du macadam et autres ex-agités de la verdure qui l’entourent, qui s’illustrent plus désormais dans la glorification du wokisme et autres toxiques du même tonneau que dans la défense de la Terre. « Escrologistes » dirait Giesbert !

Caractères bien trempés

Horreur ! Malheur… Rachida Dati, l’ennemie intime, la passionaria du 7ème arrondissement, au regard aussi sombre que le sien, revient par la grande porte dans un gouvernement, que l’on dit remanié, au fil d’un big-bang annoncé qui a plutôt l’air d’un clapotis médiatisé. Elle qui était restée garée sur les rails de la politique se voit raccrochée par la locomotive Macron, au fil de compromis espérés porteurs… Sauf que la locomotive en question, tient plus de la vieille Lison de La bête humaine, chère à Zola, que du fringant TGV M, qui bientôt fusera sur la toile ferrée.

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Nul doute que cette nouvelle ministre au caractère bien trempé, qui compte nombre de parrains célèbres à la bénédiction éphémère – Simone Veil, Albin Chalandon, François Bayrou et d’autres – et d’un « père-grand-frère » attentionné, Nicolas Sarkozy, n’a pas laissé son intelligence au vestiaire pour rejoindre ce nouveau trois-mâts barré par un surprenant capitaine Attal, aux allures de mousse, promis pourtant à la dérive peu glorieuse du Radeau de la méduse. Elle mise sur un effet-tremplin, qui ne pourrait donner son ressort qu’après une action forte et massive en la matière et surtout la bénédiction au moins tacite de la planète artiste, peuplée d’admirateurs de nombrils flanqués de miroirs réfléchissants, et surtout réfractaires par essence à tous ceux que la droite a biberonnés. Lève-toi André Malraux !

Et je coupe le son!

Hidalgo, infatigable globe-trotter en quête de retrouvailles familiales à bon compte, et accessoirement de visites de sites olympiques, a bien conscience du danger. Elle sait que la remuante Rachida a trouvé un nouveau porte-voix, insensible cette fois à toute coupure de micro, grand apanage connu de tout démocrate qui se respecte. Notre sémillante Anne, juchée sur l’acajou de son bureau de l’Hôtel de ville, ne maîtrise plus grand-chose à vrai dire. De l’ordre de 2% ?

Tant qu’il y aura des films

Le grand retour de Pascal Thomas, un rôle en or pour Daniel Auteuil, un film grec en forme de ratage intégral. Ainsi va le cinéma européen en ce début d’année, entre plaisirs et déconvenue.


Allons-y !
Le Voyage en pyjama, de Pascal Thomas, sortie le 17 janvier 2024.

Pascal Thomas n’a pas la carte. Cette fameuse carte germanopratine inventée par Jean-Pierre Marielle et ses copains du conservatoire pour se moquer du petit monde fermé du cinéma hexagonal. Mais la très sérieuse Cinémathèque française a fini quand même par lui rendre hommage l’an passé sous la forme d’une rétrospective bienvenue et méritée. Depuis 1972 et la sortie du merveilleux Les Zozos, le scénariste et réalisateur n’a cessé d’enchanter ses spectateurs. Comment ne pas se souvenir du film suivant, Pleure pas la bouche pleine, avec son impeccable casting mené tambour battant par les professionnels Jean Carmet, Bernard Menez et Frédéric Duru, secondés par des amateurs au charme fou ? Un petit bijou de comédie romantique rurale coproduit par une société de production baptisée « Les Films du chef-lieu » : on ne saurait trouver appellation plus appropriée ! Sur le ton de la chronique, comme Jean Renoir, Maurice Pialat, Jacques Rozier ou Bertrand Tavernier, Pascal Thomas saisit sur le vif la vie de ces jeunes gens de la campagne avant la catastrophe urbaine. Sous les blagues et l’humeur rigolarde, une sourde mélancolie fait son apparition. Dès son deuxième film, le cinéaste installe ainsi sa « petite » musique.

©Numéro 7/Les Films Français.

Dix-huit films suivront jusqu’à ce Voyage en pyjama qui inaugure cette nouvelle année. Entretemps, Les Maris, les femmes, les amants ; La Dilettante ; Mercredi, folle journée ; Mon petit doigt m’a dit et À cause des filles, entre autres, ont distillé leur indéniable capacité à rendre heureux les spectateurs. Sa recette, de jolis scénarios finement ciselés, des dialogues malicieux et des acteurs qu’on sent portés par la joie de jouer devant cette caméra qui les aime. On s’en voudrait de ne pas citer également Ensemble, nous allons vivre une très très grande histoire d’amour…, film méconnu et pourtant l’un des plus réussis à nos yeux. Cette adaptation de Fais-moi très mal, mais couvre-moi de baisers –un film de Dino Risi co-écrit avec les géniaux scénaristes italiens de la grande époque, Age et Scarpelli – est une comédie pleine d’allant incarnée à la perfection par Marina Hands, Julien Doré et Guillaume Galienne dans le rôle hilarant d’un tailleur sourd et amoureux.

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Avec son nouvel opus, Le Voyage en pyjama, le cinéaste signe donc son vingtième long-métrage. Il y raconte les tribulations, notamment cyclistes, d’Alexandre, un quadragénaire qui décide de se réconcilier avec son passé. Il entame un voyage pour retrouver tous ceux qui ont compté dans sa vie : ses amis, mais aussi ses ex qui le maudissent autant qu’elles le regrettent. Retrouvant pour la septième fois le comédien Alexandre Lafaurie, il lui confie ici le rôle principal et la réussite du film tient autant à ce choix qu’à celui de ses partenaires, parmi lesquels Pierre Arditi, Constance Labbé, Irène Jacob, Lolita Chammah et Hippolyte Girardot. Pascal Thomas apporte sa modeste mais réjouissante contribution aux débats sur l’éternelle thématique des relations hommes-femmes. Il n’est pas certain que sa vision mesurée coche les cases de l’hyperféminisme en cours et c’est… tant mieux. Comme Victor, son héros, le cinéaste préfère les petites routes improbables aux grandes voies toutes droites et convenues. Et nous avec lui. Il nous invite à rêver le monde en prenant le temps de vivre, sans se faire, pour autant, d’illusions excessives. Là résident sa force et son charme de conteur mi-lunaire, mi-lucide. On ne saurait alors résister à sa nouvelle invitation au voyage.

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Pourquoi pas ?
Un silence, de Joachim Lafosse, sorti le 10 janvier 2023.

©Films du Losange.

Le cinéaste belge Joachim Lafosse excelle dans l’anatomie de la cellule familiale, comme il l’a déjà prouvé avec d’incontestables réussites : À perdre la raison, L’Économie du couple et Les Intranquilles. Il revient cette fois avec Un silence, soit une proposition très stimulante tirée d’un fait divers qui s’est déroulé en Belgique. Ou plutôt, un fait divers dans un fait divers puisqu’il s’agit de l’incroyable découverte des pratiques pédophiles de l’avocat d’une victime de Marc Dutroux ! On ne saurait faire plus abyssal et vertigineux. Le film ne pourrait être alors que l’illustration de cette abominable vérité, une énième variation d’un délinquant sexuel. Mais comme le titre l’indique explicitement, Lafosse s’intéresse d’abord et avant à tout à celle qui s’est tue durant des années pour préserver son avocat de mari : l’épouse, donc, incarnée à la perfection par Emmanuelle Devos. Face à elle, Daniel Auteuil est impressionnant de vérité, de justesse et de complexité, de force et de fragilité.

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Courage, fuyons !
Pauvres créatures, de Yorgos Lanthimos, sortie le 17 janvier.

©Searlights Pictures

Le cinéaste grec Yorgos Lanthimos est depuis son troisième film, Canine, sorti en 2005, une créature du Festival de Cannes. Il a remporté successivement, entre 2009 et 2017, les prix Un certain regard, ceux du Jury et du Scénario. Franchissant une à une les marches de la provocation gratuite et esthétisante, Lanthimos déroule sa carrière comme un général en campagne. Chacun de ses films se veut être un coup de tonnerre dans le calme du cinéma européen. Il revient cette année avec Pauvres créatures, un pseudo brûlot néoféministe, à travers le récit de l’émancipation d’une jeune fille dans une « comédie noire surréaliste et rétrofuturiste » (sic) dont les naïvetés visuelles autant que les outrances narratives donnent seulement à sourire amèrement. On se demande ce que William Dafoe, Emma Stone et Mark Ruffalo sont allés faire dans cette galère qui ne les ménage guère. On souffre même pour eux durant cent quarante et une minutes : pauvres créatures, pauvres acteurs, pauvres de nous !

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Ci-gît le «en même temps» macronien…

Habitué aux joutes médiatiques, hier comme dirigeant communiste, aujourd’hui comme chroniqueur politique, Olivier a des tripes et du cœur quand il s’agit de défendre ses idées. «J’aime qu’on me contredise!» pourrait être sa devise.


Ni fleurs ni couronnes. Ci-gît le « en même temps » macronien, après la tentative de grand écart sur le projet de loi immigration. J’ai toujours été un fervent défenseur du clivage gauche/droite. Il permet un débat politique clair et transparent, une bataille idéologique indispensable à une vitalité démocratique. Encore faut-il savoir où en est la droite. Encore faut-il comprendre où se situe la gauche. Je sais aussi que les gouvernements de centre droit, ceux qui ont voulu à eux seuls représenter le « camp de la raison », et même celui de l’idéal démocratique, ont partout accéléré la crise politique et la colère populaire. 

La Macronie pense pouvoir se refaire la cerise avec un calendrier 2024 qui verra se succéder les quatre-vingts ans du débarquement, les JO et la réouverture de Notre-Dame. Dans les rues de Pau ou de Paris, au hasard des rencontres et des échanges, personne ne me parle de ces rendez-vous. Comment peut-il y avoir le moindre imaginaire collectif, porteur de fierté et de gourmandise pour l’avenir, quand le présent est aussi oppressant. Alors, de quoi me parle-t-on ? D’abord des conditions de vie qui se dégradent, de la peur de ne plus pouvoir y arriver, pour soi et pour le pays tout entier. Le déclassement comme seul horizon. Puis, c’est un immense ressentiment qui s’exprime contre nos dirigeants. Il y a « eux » et nous. Ce n’est pas un face-à-face, mais un séparatisme élitaire. Une sécession de ceux qui, vivant bien, n’ont plus rien à faire de ceux qui ont une vie sans plaisirs de la vie. Si rien ne change, ce constat accablant pour notre République sociale sera incendiaire dans les années à venir. Il se traduira dans les urnes et par un changement de société : la guerre de tous contre tous, la perte de fraternité et du bien commun.

A lire aussi, Gabriel Robin: Gabriel Attal: jeune Premier

J’ai lu, le stylo à la main et le cœur battant, le dernier opus de la Tragédie française de Franz-Olivier Giesbert. Avant de s’achever par une définition au scalpel du macronisme, il démontre que rien ne va plus depuis 1983. En fait, la France est grande et belle, elle peut faire frissonner le monde, comme le chantait Ferrat, quand elle ne s’aligne pas, quand elle éduque ses enfants, quand le travail paye, quand l’éducation irrigue les cités, quand nous pouvons aussi décider de notre souveraineté, de notre politique migratoire comme de l’avenir de nos retraites.

Parce qu’une nouvelle étape est franchie dans la crise politique, que certains rêvent d’un moment bonapartiste – mais sans Bonaparte –, que l’on ne peut pas laisser le pays dans un tel climat pour les trois ans et demi à venir avant la prochaine élection présidentielle, il faut retourner au peuple par des élections législatives ou un référendum.

Je connais le contre-argument : « On a tous à y perdre, sauf le RN. » Mais qui est ce « tous » ? Il ne forme pas un tout. La riposte face au RN demande un peu de courage et la volonté d’en finir avec une paresse intellectuelle qui s’est contentée d’arguments moraux inefficaces. Nous avons été privés de débat lors de la dernière élection présidentielle. On en paye aujourd’hui la facture. Acceptons donc une belle et grande confrontation politique et démocratique.

Le macronisme est mort. Vive la politique !

Afrique du Sud: et si l’extrême droite chassait un jour l’ANC du pouvoir?

Depuis la chute de l’Apartheid, le Freedom Front + s’est progressivement imposé dans l’espace politique sud-africain. Force politique défendant les droits à l’autodétermination des Afrikaners, il occupe une position unique de « faiseur de rois » au sein de la nation arc-en-ciel. Le mouvement d’extrême-droite est désormais membre d’une vaste coalition nationale multiraciale qui pourrait accéder au pouvoir en 2024. 


C’est un mois avant les premières élections multiraciales d’avril 1994 en Afrique du Sud, que le général Constand Viljoen a porté le Freedom Front (Front de la Liberté) sur les fonts baptismaux d’un pays marqué par des décennies de ségrégation raciale. Issu d’une longue lignée de Boers qui ont construit le pays, cet ancien chef des forces armées sud-africaines a accepté de se rallier in-extrémis à la démocratie, après avoir obtenu de Nelson Mandela, futur président, la (vaine) promesse d’un référendum sur le droit à l’autodétermination des Afrikaners. Bien que les premiers résultats n’aient pas répondu aux attentes de ce héros de la guerre d’Angola (seulement neuf élus au Parlement), le Freedom Front est progressivement devenu la voix d’une minorité blanche radicale, désorientée et divisée par la fin abrupte de l’Apartheid.

Crise identitaire

En 2003, le Freedom Front a fusionné avec deux autres mouvements, le Parti conservateur (KP) et le Mouvement de l’Unité afrikaner (AEB), cherchant ainsi à insuffler une nouvelle dynamique à un parti en perte de vitesse au sein d’une nébuleuse déchirée idéologiquement. Une initiative qui lui a permis de retrouver sa place au Parlement, qu’il avait presque entièrement perdue quatre ans auparavant.

Rebaptisé Freedom Front + (FF+) après le départ de son fondateur, le mouvement s’est rapidement réorganisé, émergeant au fil des années comme un interlocuteur crédible en faveur de la création d’une dixième province où les Afrikaners pourraient préserver leurs traditions. Aux élections locales de 2006, le FF+ a remporté plusieurs municipalités de taille moyenne et enregistré même des scores surprenants dans des endroits emblématiques tels que le township de Soweto ou dans une banlieue noire de Pretoria. Avec peu de concurrents en face de lui sur son créneau, le FF+ a doucement continué sa transformation. Une décennie plus tard, le parti s’est payé le luxe de présenter avec succès des candidats « coloured » (métis) aux élections locales. Cette stratégie a porté ses fruits, puisqu’en 2019, lors des élections législatives, le Freedom Front est devenu la cinquième force politique d’Afrique du Sud, avec 10 élus au Parlement, et a intégré les conseils municipaux de grandes villes telles que Johannesburg ou Pretoria. Doté d’une aile jeunesse dynamique au sein des universités (qui contrôle les conseils universitaires de Pretoria et de Bloemfontein), le parti a su attirer le vote des radicaux, des fermiers victimes de violences et meurtres à caractère racial, des métis déçus de l’African National Congress (ANC) et des petits Blancs laissés pour compte dans une nation arc-en-ciel qui a peu à peu sombré dans la crise identitaire, politique, économique et sociale.

Dans le nouvel épisode de notre podcast, Gil Mihaely analyse la plainte de l’Afrique du Sud contre Israël pour « actes de génocide » auprès de la Cour internationale de justice

Loin encore d’arriver à détenir le pouvoir en Afrique du Sud ou de pouvoir concrétiser la mise en place d’un volkstaat (bien que l’idée de sécession ait trouvé écho dans le pays, comme en témoigne un sondage de 2020 indiquant que 28% des Blancs du Cap étaient en faveur de l’indépendance de cette province), le Freedom Front est désormais considéré comme un acteur clé, jouant le rôle de « faiseur de rois ». Il est même sur le point de faire son entrée au sein du prochain gouvernement fédéral. Confronté aux déceptions causées par l’ANC, un mouvement miné par des scandales de corruption récurrents et par l’usure du pouvoir, aux menaces émanant du député-populiste Julius Malema, qui exprime ouvertement son désir de se débarrasser des Afrikaners de gré ou de force, le FF+ a conclu un accord de coalition au cours de l’été 2023. Cet accord inclut plusieurs partis, parmi lesquels l’Alliance Démocratique (AD, libérale) et l’Inkhata Freedom Party (IFP, ethno-nationaliste), les deux principaux partis d’opposition. Cette alliance hétéroclite capitalise sur le mécontentement général et offre l’éventualité au Freedom Front + de prendre en charge des ministères clés, ce qui pourrait l’aider à mettre en œuvre une politique axée sur la protection des intérêts des Afrikaners, y compris la possibilité d’établir un volkstaat dont les contours restent encore à définir.

Démonstration de force

D’ailleurs, l’exemple le plus récent de la montée de l’extrême droite au sein de la minorité afrikaner reste le 185e anniversaire de la bataille de Blood River. Le 16 décembre 2023, une foule immense a convergé vers le gigantesque mémorial du Voortrekker Monument, situé près de Pretoria. Plus de 30 000 Afrikaners se sont rassemblés pour commémorer cette bataille profondément enracinée dans leur histoire, longtemps enseignée dans les écoles sud-africaines comme l’acte fondateur de toute une nation. C’est près de la rivière Ncome que les Boers ont infligé une lourde défaite aux Zoulous pour venger la mort de Piet Retief et de son expédition, massacrés par les guerriers du roi Dingaane lors d’un banquet auquel ils s’étaient rendus désarmés en toute confiance, après avoir signé un accord de cession des terres. Les Boers ont découvert les corps de leurs compagnons, tous empalés et éventrés (pour des raisons religieuses), abandonnés aux charognards. Sous la conduite d’Andries Pretorius, les Afrikaners ont scellé une alliance devant Dieu et ont juré de célébrer ce jour, connu sous le nom de « Jour de la Foi », s’ils remportaient la victoire. Lors de cette bataille, 3000 Zoulous (sur les 15000 alignés par le monarque) sont tombés sous les balles des Boers, qui n’ont enregistré que 3 blessés ce jour-là (sur les 848 Boers présents). Au cours de la journée, la rivière Ncome s’était doucement teintée de rouge-sang donnant ainsi son nom à cet affrontement épique.

Une démonstration de puissance qui n’a pas échappé à l’attention des médias africains, alors que l’Afrique du Sud était censée célébrer le « Jour de l’Héritage » (ou de la Réconciliation), visant à briser toutes les barrières raciales encore existantes. Lors d’une interview avec Netwerk24, le député Pieter Groenewald, a saisi l’occasion de ce rassemblement pour rappeler que « le génocide contre la communauté blanche continue et que les groupes minoritaires doivent se munir contre cet ennemi invisible et avoir confiance en Dieu ». « Si nous croyons en la diversité, si nous voulons nous réconcilier avec d’autres groupes, nous ne souhaitons pas que notre langue, notre religion et notre culture soient détruites. Méfiez-vous de l’ennemi invisible, celui qui cherche à priver notre fierté nationale. Les Afrikaners n’ont pas honte de leur histoire et sont fiers de ce qu’ils sont » a affirmé le leader du FF+. « Ils veulent nous affaiblir et nous détruire. Nous devons, nous et nos enfants, tirer les leçons de l’histoire et nous unir comme les Voortrekkers afin de vaincre l’ennemi » a martelé le député lors d’une envolée aux accents nationalistes qui ne laissent pas de place aux doutes.

L’Afrique du Sud se fera avec les Afrikaners ou ceux-ci auront leur propre état comme au XIXe siècle avec ceux du Transvaal et de l’État d’Orange Libre sacrifiés en 1902 sur l’autel de la colonisation britannique et de l’union.

Si cette tribune inattendue a mis en lumière la capacité du FF+ à gouverner l’Afrique du Sud au sein d’une coalition, reste à savoir si la population sud-africaine est prête à être de nouveau dirigée par un blanc comme cela a été brièvement le cas entre 2014 et 2015 en Zambie, ex-Rhodésie du Nord. Et c’est bien là toute la question qui déterminera le futur du volk Afrikaner dans les années à venir. 

AOC: faites confiance!

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La ministre des Sports succède à Gabriel Attal. Son « superministère » englobant l’Éducation et les Sports, et les Jeux Olympiques approchant, nul doute que le nouveau Premier ministre devrait continuer de suivre de près ce qui se passe à l’école dans les prochains mois.


Nous voilà rassurés, c’est Amélie Oudéa-Castéra, et non Aurore Bergé, qui est nommée au poste de ministre de l’Éducation Nationale. Rappelons que la seconde, désormais ministre déléguée chargée de l’égalité entre les hommes et les femmes, avait monté en épingle une affaire concernant des propos critiques à l’égard du passe vaccinal tenus sur X (Twitter) par René Chiche, professeur de philosophie, conduisant à sa suspension temporaire et à sa privation de traitement pendant plusieurs mois. Sans compter plusieurs classes laissées sans leur professeur et sans remplaçant à quelques mois du baccalauréat. Le devoir de réserve du fonctionnaire a bon dos. Le soulagement de voir Amélie Oudéa-Castéra prendre le ministère nous ferait presque oublier une certaine déception de voir s’enfuir à Matignon un ministre de l’Éducation qui semblait avoir de l’ambition pour l’école (et ce, quand bien même tout n’aurait été, pour Attal, que recherche d’une certaine popularité car si l’ambition individuelle permet, indirectement, une prise au sérieux du déclassement éducatif français, nous prenons!).

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“Chocs des savoirs”, autorité du professeur, classes de niveau, réflexion sérieuse sur la pertinence douteuse du collège unique, fermeté sur la question de l’abaya, harcèlement des harceleurs quitte à les faire embarquer entre deux gendarmes et à les envoyer dans un autre établissement, l’idée était là.

Alors quand Gérald Darmanin souligne son devoir de finir son travail au ministère de l’Intérieur, comment ne pas déceler, en creux, que c’est l’abandon de poste de Gabriel Attal qui est pointé du doigt ? C’est pourtant un faux procès qu’on lui ferait là : pour l’Education nationale les objectifs essentiels, l’orientation d’ensemble et la feuille de route sont désormais tracés et tout semble aller plutôt dans le bon sens. Attendons.

Ne dévalorisons pas tout ce qui commence

Il serait peut-être temps de cultiver un peu notre vertu d’espérance, d’en finir avec la tentation si commune aux journalistes de dévaloriser tout ce qui commence, de gâcher les débuts pas si balbutiants sous prétexte de donner à voir la lucidité désabusée de celui à qui on ne la fait pas. Bref, cessons de refuser de donner du temps au temps sous prétexte qu’il y a urgence à rebâtir notre école. La remise à niveau ne se fera ni en trois semaines ni en trois mois.

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C’est donc Amélie Oudéa-Castéra et, surtout, l’ensemble de son cabinet et de ses collaborateurs avertis qui reprennent le flambeau. Son parcours est, c’est le moins qu’on puisse dire, extrêmement brillant. Ancienne joueuse de tennis professionnelle (elle en a gardé le goût de la compétition, du mérite et de l’effort acharné qui ne sont pas vraiment les valeurs de l’EPS actuelle), elle a ensuite enchaîné Science-Po, l’Essec et l’Ena (promotion Léopold Sédar-Senghor comme Emmanuel Macron). Nommée dès 2004 à la Cour des Comptes puis directrice marketing du groupe Axa, elle accède au poste de ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques au sein du gouvernement Élisabeth Borne en mai 2022. Ministère qu’elle conserve en plus, désormais, de l’Éducation nationale.

Deux ministères discordants ?

Et c’est bien là, nous dit-on, l’ombre au tableau : comment peut-on sérieusement envisager qu’un même ministre prenne sous sa responsabilité la réforme de l’éducation de la jeunesse de la nation et l’organisation d’un événement d’envergure internationale comme les Jeux Olympiques ? Chacun y va de sa petite ritournelle cinglante : Oudéa-Castéra se penchera peut-être sur l’éducation entre le golf et le tennis ou bien pendant le foot mais à la mi-temps, s’il lui reste un peu d’énergie. N’est-ce pas se moquer du monde que de nous donner ainsi un demi-ministre de l’Éducation qui n’a d’yeux que pour les J.O.? L’Éducation et les Jeux, quel bel oxymore !

Nouveau faux procès encore, pour plusieurs raisons. D’abord parce que l’organisation des Jeux Olympiques est un marathon qui s’organise depuis des années déjà et en collaboration étroite avec l’Intérieur. Un événement si risqué, eu égard aux risques réels d’attentats islamistes, ne s’organise pas six mois avant et le peaufinage va bien moins accaparer intellectuellement notre ministre que ses collaborateurs les plus renseignés. Ensuite parce que, sur l’École, les thèmes essentiels ont bien été mis au jour par Gabriel Attal et qu’il n’est pas question de tout bouleverser. Enfin parce que l’immense capacité de travail, le perfectionnisme d’Amélie Oudéa-Castéra ainsi que sa capacité à s’entourer de personnes extrêmement compétentes -qui sont le plus au fait des rouages du système éducatif actuel- sont reconnus. A ce stade toutes les polémiques sur le prétendu dépérissement du ministère de l’Education sous prétexte qu’il sera associé à celui des sports sont dénuées d’intérêt. En mythifiant le ministre qui, tel Atlas, porte la charge du monde sur ses frêles épaules, on oublie tout le travail bien réel et invisible des personnes les plus spécialisées et compétentes. Autrement dit, on fait le jeu de la communication du macronisme en se focalisant sur les quelques personnalités mises en lumière (Macron a mis Rachida Dati à la Culture, il a donc “entendu” le peuple qui “penche” à droite!).

Laurent Nunez, préfet de Police de Paris avec Amélie Oudea-Castera, ministre des Sports et des Jeux Olympiques, Paris, 20 octobre 2023 © Eric TSCHAEN-POOL/SIPA

Ce qui compte, la seule chose qui ait une réelle importance est que les objectifs fixés par Attal et repris par Oudéa-Castéra soient, par une action concertée et collective au sein du ministère, vraiment mis en œuvre.

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Voilà pourquoi la cérémonie de passation de pouvoir entre Gabriel Attal et Amélie Oudéa-Castéra nous donne envie d’y croire, sincèrement. Quand on prend au mot les trois “piliers” mentionnés par notre nouvelle ministre pour l’École on ne peut qu’acquiescer : 1/ Restaurer l’exigence fondée sur le “choc des savoirs” et réaffirmer “l’autorité de nos professeurs qui doivent pouvoir exercer leur métier dans un cadre apaisé et respectueux”. 2/ Régénérer le métier d’enseignant avec notamment une revalorisation et une action renforcée concernant la formation initiale. 3/ Construire une école de l’épanouissement républicain en faisant respecter la laïcité et en permettant à tous les talents (intellectuels, artistiques, sportifs) de se réaliser.

On ajouterait bien :  virer rapidement tous les tenants du pédagogisme étroit. Sauf à considérer, comme dans 1984 que les mots disent tout et leur contraire, qu’ils n’ont donc plus la moindre signification, on devrait se réjouir d’un si bel élan qui redonne foi en la possibilité de la fin du déclassement éducatif français souligné notamment par les enquêtes PISA. Vous jugerez peut-être ce propos promotionnel. Mais s’intéresser, même de loin, à la politique c’est, au fond, avoir foi en elle et il faut alors sauter le pas et prendre le risque de faire confiance aux acteurs de cette politique.

Merci à Monsieur Brighelli qui m’a donné des idées pour la rédaction de cet article.

Rachida Dati au sein du gouvernement Attal: Paris vaut bien une messe républicaine

Notre portrait de la nouvelle ministre de la Culture, 58 ans, nommée hier


« Tout ça pour ça ! » ne manqueront sans doute pas, et non sans raison peut-être aussi, de dire les détracteurs de la macronie et, en particulier, de son tout nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, à l’occasion de la formation de son premier gouvernement.

Et, de fait, quatre des principaux ministres, des « poids lourds » manifestement indéboulonnables, à la tête d’importants ministères au sein du précédent gouvernement, celui d’Elisabeth Borne, sont restés, occupant exactement les mêmes fonctions, dans celui, fraîchement nommé depuis ce 11 janvier 2024, de Gabriel Attal : Gérald Darmanin à l’Intérieur, Bruno Le Maire à l’Economie et aux Finances, Eric Dupond-Moretti à la Justice et Sébastien Lecornu à la Défense.

Quant à trois des « entrants » au sein de non moins importants ministères, Stéphane Séjourné aux Affaires Etrangères (et à l’Europe), Amélie Oudéa-Castéra à l’Éducation Nationale (et aux Sports) et Catherine Vautrin au Travail, à la Santé et aux Solidarités, c’est peu dire qu’ils sont d’illustres inconnus, par-delà leurs compétences, supposées ou avérées qu’elles soient, par le grand public, celui-là même qui détient, comme en tout système démocratique digne de ce nom, le vote national et populaire.

Championne de tennis et star médiatique

Du reste, je ne savais pas qu’une ancienne joueuse de tennis, pour talentueuse qu’elle fût dans son domaine de prédilection et comme l’est effectivement la toute nouvelle ministre de l’Éducation Nationale, pouvait considérer ses médailles, coupes et autres breloques, comme autant de gages de savoir intellectuel pour présider au destin, précieux entre tous, de l’enseignement au sein de l’école française !

Mais, voilà, dans ce tout nouveau casting ministériel, qu’il soit critiquable ou pas, il y a surtout la surprise du chef, Emmanuel Macron en personne, deux fois démocratiquement élu, fût-ce par défaut en ce qui concerne la seconde, à la tête de la République française : la nomination de Rachida Dati, star médiatique par son incontestable sens de la repartie politique, à l’éminent poste de Ministre de la Culture !

Du reste, je ne savais pas, là non plus, qu’une magistrate de profession et ancienne avocate, Ministre de la Justice (sous la présidence, en 2007, de Nicolas Sarkozy) avant d’être l’actuelle Maire de l’un des arrondissements (le VIIe) les plus élégants de Paris, pouvait honnêtement croire que ses indéniables connaissances, en matière de droit juridique ou de code pénal, pussent être synonymes, là aussi, de compétences dans la maîtrise de dossiers plus spécifiquement culturels.

Je ne sache pas, de fait, que, par exemple, la maîtrise de procédures judiciaires, quelles qu’elles soient et aussi respectables soient-elles, puisse être perçue a priori comme la garantie d’un savoir, même s’il n’est certes pas exclu en l’occurrence, quant à la correcte et profonde compréhension d’un texte de Descartes, de Chateaubriand ou de Robbe-Grillet, d’un tableau de Soulages ou d’une sculpture de Duchamp, d’une partition de Messiaen, de Duruflé ou de Boulez, ou d’un film de Godard, Renais ou Rohmer, pour ne s’en tenir ici, sans même vouloir forcer le trait, qu’à quelques-uns des noms les plus célèbres au sein de la culture (littérature, philosophie, art, cinéma…) française !

Paris vaut bien une messe républicaine

D’où, nécessaire, cette question ! Quel ultime mais autoritaire argument a donc bien pu convaincre Gabriel Attal, et son incontournable mentor surtout, Emmanuel Macron, pour nommer à ce prestigieux poste de ministre de la Culture, précisément, une femme politique qui, il n’y a guère si longtemps encore, en juin 2021, ne se privait pas de traiter publiquement de « traîtres », en direct sur les plateaux de télévision les plus courus de la capitale, ceux qui abandonnèrent leur camp, de gauche ou de droite qu’ils fussent, pour rejoindre le parti, « La République en Marche » à l’époque, de ce même président ?

Je n’y vois pour ma modeste part, chez cette femme venue de la droite républicaine, sous l’égide de Nicolas Sarkozy lui-même, qu’une incompressible ambition politique : celle-là même qui fit dire jadis au très opportuniste mais surtout futur roi Henri IV, protestant à l’origine, que, pour accéder au sommet du pouvoir au sein de la très catholique monarchie de droit divin, « Paris valait bien une messe ! »

Du reste, c’est bien la mairie de Paris, ici aussi, que Rachida Dati, dont l’opportunisme politique n’a jamais été un mystère pour les plus avisés des observateurs de la vie politique française, ambitionne véritablement, en dernière analyse, à travers cette légitimité, sinon crédibilité, qu’est censée lui conférer, désormais, cet enviable et tout nouveau poste, précisément, de ministre de la Culture…

Une redoutable maîtresse en punchlines

Et puis, qu’à cela ne tienne : cette femme fortement engagée et au caractère bien trempé, au franc parler aussi bien qu’à l’inépuisable logorrhée, qu’est la très énergique Rachida Dati, redoutable maîtresse en matière de punchline, phrases chocs et autres débats assassins (c’est peut-être là, paradoxalement, sa plus grande qualité professionnelle), ne peut certes être pire, dans cette fonction quasi régalienne, que l’inexistante, plus encore qu’inconsistante, Rima Abdul-Malak, dont on s’est par ailleurs toujours demandé ce qu’elle faisait, à ce poste, jusqu’à hier encore !

Le couple Attal-Dati : calcul idéologique et ravalement de façade du dispositif anti-RN

Morale, toute en finesse et nuances, de l’histoire ? C’est un véritable quoique artificiel, certes démagogique mais néanmoins habile, dispositif anti Rassemblement national, par l’intermédiaire de ce séduisant couple Attal-Dati, qu’Emmanuel Macron, dont on ne peut à l’évidence contester l’ingéniosité du sens politique, a ainsi mis efficacement (du moins en théorie) en place, avec un gouvernement à la sensibilité majoritairement de « droite » (si tant est que ce clivage idéologique « gauche/droite » ait encore une quelconque pertinence conceptuelle aujourd’hui), afin de battre en définitive, espère-t-il légitimement, ses deux leaders, Jordan Bardella et Marine Le Pen, lors des prochaines élections européennes, en cette année 2024, et surtout, en 2027, lors des très attendues élections présidentielles françaises ! Reste à savoir, bien évidemment, si ce calcul politique – car ce nouveau gouvernement est, c’est là le seul quoique important changement, dans la réalité des faits, à ce sujet, de nature essentiellement politique, et non plus seulement technocratique, par-delà son adroit, audacieux sinon téméraire, ravalement de façade – parviendra à ses fins…

Emmanuel Macron et Gabriel Attal à Villers-Cotterêts le 30 octobre 2023 © Gabrielle CEZARD/SIPA

L’exclusion de Rachida Dati des « Républicains » : une monumentale erreur politique

Dernier point, enfin : il est fort à parier, sans prendre le risque de trop se tromper, que « Les Républicains » eux-mêmes, par la voix de leur président, Eric Ciotti, regretteront bientôt amèrement d’avoir exclu aussi précipitamment de leurs rangs, pourtant déjà bien affaiblis tant ils sont disséminés depuis un certain temps, cette même Rachida Dati quelques minutes, à peine, après sa fracassante intronisation à la tête de ce sacro-saint ministère de la Culture.

L’erreur politique est monumentale : ce parti, déjà moribond, va ainsi, par cette énième mais cruciale défection, probablement imploser de manière décisive.

De Gaulle et son ministre de la Culture, André Malraux : une autre étoffe intellectuelle !

Le général de Gaulle doit se retourner aujourd’hui, face à cette désolante parodie de la Comédie humaine, dans son historique tombe… A propos, n’est-ce pas lui justement, le premier président de la Ve République, qui, le 8 janvier 1959 pour l’exactitude, il y a donc 65 ans presque jour pour jour, nomma un certain André Malraux, intellectuel majeur de la seconde moitié du XXe siècle et mémorable auteur d’une richissime œuvre littéraire, Ministre, lui aussi, de la Culture ?

Cet immense esprit repose, du reste, aujourd’hui en paix, depuis le 23 novembre 1996, au Panthéon, laïque sanctuaire sur le fronton duquel est inscrit en lettres majuscules que la « patrie reconnaissante » rend ainsi solennellement, et méritoirement, hommage aux « grands hommes ». C’est dire si Malraux, notable incarnation de la culture en sa plus haute et noble expression, pouvait se prévaloir, en effet, d’une autre étoffe spirituelle, sinon dimension philosophique !

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Ils en sont tous

Une photographie du pape François est régulièrement instrumentalisée, tant par le lobby gay que par des catholiques conservateurs, pour illustrer son supposé dévoiement.


La cause LGBT a-t-elle trouvé, avec le pape François, un défenseur de l’ombre ? C’est ce qu’ont voulu s’imaginer certains militants sur les réseaux sociaux. L’indice ? Des clichés du souverain pontife arborant au cou une croix aux couleurs bariolées, reprenant celles de l’arc-en-ciel et rappelant donc le drapeau de la communauté homosexuelle. Il est vrai que le pape argentin s’est distingué par des positions plutôt bienveillantes, bousculant la traditionnelle réticence de l’Église catholique sur le sujet. En octobre 2023, en réponse à cinq cardinaux, François a précisé que les couples homosexuels pouvaient faire l’objet d’une bénédiction, à défaut de pouvoir être mariés religieusement. En janvier, il avait déclaré à l’Associated Press, l’agence de presse américaine : « Nous sommes tous des enfants de Dieu et Dieu nous veut tels que nous sommes et avec la force que nous avons chacun de lutter pour notre dignité. Être homosexuel n’est pas un crime. Oui, mais c’est un péché. Bon, commençons par distinguer le péché du crime. Mais le manque de charité envers votre prochain est aussi un péché. »

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Cette affirmation, qui a réussi à crisper à la fois les conservateurs et les modernisateurs, ne s’apparentait pourtant qu’à l’enseignement moral de l’Église. Évidente bienveillance, d’accord. Pour autant, la croix aperçue sur les clichés n’avait rien d’un symbole LGBT. Elle avait été offerte au pape en octobre 2018 par des jeunes du Panama. Chacune des couleurs représente une partie de l’Amérique latine, du Mexique jusqu’au cône Sud : on est quand même loin de la cause homosexuelle. Depuis, la photographie du pape refait surface de temps à autre. Sur les réseaux sociaux, ce sont parfois des catholiques conservateurs ou des évangélistes qui ressortent le cliché pour illustrer le supposé dévoiement de la papauté. Parfois, ce sont les militants gay qui veulent prouver, photo à l’appui, que le pape est leur nouvel allié. Si le pape est infaillible, les voies du Seigneur sont, elles, impénétrables.

Les années de la jupe

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Créteil, novembre 2018 : un élève menace une professeure avec une arme factice. DR.

Élèves armés, professeurs agressés ou menacés, la violence fait partie du quotidien de l’Éducation nationale. Mal formés, souvent lâchés par leur hiérarchie et leurs collègues, les profs se retrouvent seuls face à des élèves qui ignorent le respect qu’ils doivent aux adultes. Face à cette crise profonde de l’autorité, l’institution répond encore « inclusivité ».


Dire que l’école n’est plus un sanctuaire est un lieu commun. En quelques décennies elle est devenue une cible désignée du terrorisme islamiste, un champ de bataille de revendications communautaristes, où la violence est de plus en plus présente. Anciennement « creuset de la République », l’école est le théâtre de tous les conflits de la société. Le métier de professeur est un sport de combat face à des incivilités multiples, un sport qui peut signifier danger de mort. En témoignent les cas tragiques de Samuel Paty et Dominique Bernard, mais aussi des violences inédites, qui ne sont plus exclusivement commises au nom de l’islam : en quelques jours, on a appris qu’une collégienne de 12 ans avait menacé sa professeur d’anglais avec un couteau de 30 centimètres, et qu’un élève de troisième avait tenté d’empoisonner une enseignante d’arts plastiques en lui faisant boire du détergent.


Communautarisme musulman et dogme de l’inclusion

L’islamisme n’est donc pas le seul vecteur de cette montée de la violence à l’école. Le délitement de l’institution parle d’une crise profonde de l’autorité. L’école ne suscite plus d’attente chez les élèves et ne leur inspire plus de respect. De moins en moins bien formés, les enseignants se retrouvent souvent jetés devant des classes sans accompagnement. Les directives ministérielles sont contestées par des professeurs idéologisés : l’Éducation nationale est un énorme iceberg à la dérive.

Professeur dans un collège à Lyon, Isabelle vient de jeter l’éponge. Elle parle de jeunes collégiens qui n’ont aucune conscience de la façon dont on s’adresse à un adulte, car ils ne savent pas prendre en compte l’altérité. Encore moins quand elle est assortie d’une position hiérarchique. Ils ne comprennent pas la verticalité et la vivent comme une violence. Dans les classes, le brouhaha est permanent et l’agressivité, le principal mode relationnel entre élèves et avec les enseignants. Dans cet établissement, pas de drame, juste une violence du quotidien à bas bruit. Tout de même, il y a ce professeur de physique à qui un élève a asséné une claque. La sanction : trois jours d’exclusion et un simple changement de classe. Le professeur bafoué a dû subir la parade et les moqueries de son agresseur tout le long de l’année. Elle raconte aussi les parents paumés qui demandent à l’école de « dresser » leurs rejetons, ceux qui défendent les pires débordements ou menacent une hiérarchie incapable d’agir.

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Pour Isabelle, deux facteurs expliquent cet effondrement : la religion, en clair le communautarisme musulman, et le dogme de l’inclusion, qui a conduit à accueillir des élèves dont le handicap physique ou les difficultés sociales et psychologiques sont tellement lourds, qu’ils relèvent d’une prise en charge spécifique. Se trouvant rapidement en situation d’échec, ils peuvent devenir ingérables, voire violents, et gravement perturber toute une classe. S’ajoute, notamment en région parisienne mais pas seulement, l’accueil de primo-arrivants souvent non francophones. Pour les socialiser, l’école n’a que la bonne volonté des professeurs.

La verticalité de l’école d’autrefois permettait la transmission

Pour le psychologue Daniel Pendanx, ces témoignages dépeignent un face-à-face délétère entre professeurs et élèves, abandonnés par une institution qui n’assume pas sa fonction de triangulation. Elle ne sait pas imposer de limites aux demandes des élèves et des parents, ni donner du sens au travail des professeurs. L’institution est devenue une figure maternelle, vouée à l’inconditionnalité et au dévouement. Elle ne joue plus le rôle symbolique du père, qui consiste à doter l’enfant de moyens intellectuels et de connaissances pour aller dans le monde et y trouver sa place.

La légitimité de l’école repose aussi sur sa capacité à porter une promesse d’émancipation. C’est par la promesse d’avenir meilleur que l’école forgeait du commun et poussait à regarder vers le haut. Sa verticalité permettait la transmission. Aujourd’hui, elle est vue comme un espace horizontal qui s’emploie à détruire les identités et à effacer les origines, sans offrir d’horizon commun. D’où le conflit exacerbé avec la communauté musulmane, dont la culture se heurte aux fondements anthropologiques de notre société : égalité entre hommes et femmes, sécularisation, liberté de conscience et d’expression. Entre l’identité valorisée par la famille et le quartier, et cette école qui peine à définir la sienne, on imagine aisément où va la loyauté des jeunes.

Ce contentieux confirme le diagnostic d’Hugues Lagrange établi dans Le Déni des cultures (2010). Il avait fait scandale, simplement en observant que la crise de l’intégration reflétait les différences culturelles et la difficulté de les accommoder. Avec certains élèves, le professeur ne fait pas face à un individu, mais à des logiques collectives claniques liées à la communauté et au quartier. L’élève ne parle pas seulement en son nom, il porte l’honneur du quartier, de son groupe ethnico-religieux en manifestant son adhésion à un autre projet de civilisation que celui des « Français ». Le refus de prendre en compte cette dimension explique l’échec de l’institution face à la pression islamiste.

Le paradoxe, et pour tout dire la machine à rendre fou, c’est que ce refus de voir et de penser les différences culturelles va de pair avec leur exaltation – on affirme à la fois qu’elles n’existent pas et qu’elles sont une merveilleuse source d’enrichissement. La doctrine plaçant l’élève au centre du système éducatif a pour effet de valoriser son identité d’origine. Pour justifier ce choix, l’école dépeint la rencontre interculturelle sous les seuls auspices de la fraternisation et en occulte l’aspect conflictuel, refusant de voir la face sombre de la revendication identitaire, l’incitation au séparatisme. En niant le problème, on a au moins une certitude, celle de ne jamais le résoudre.

Cet aveuglement volontaire nourrit la grande solitude des enseignants et leur sentiment d’abandon. Quand ils sont menacés ou contestés par une action militante, les salles des profs ne font pas corps. Certains collègues sont même les premiers à critiquer le professeur dans la tourmente, comme l’a vécu Samuel Paty. Dans ce chaos, le simple fait que Gabriel Attal nomme les choses pourrait être un tournant.

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La meilleure équipe de France?

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Premier Conseil des ministres, le 12 janvier 2024. ©Michel Euler/AP/SIPA

Philippe Bilger passe en revue la composition du gouvernement Attal.


Ce n’est pas tomber dans un pessimisme peu patriotique que de considérer que le nouveau gouvernement n’est pas la meilleure équipe de France possible. Il y a des raisons structurelles, tenant au clivage de notre univers politique et au poids des appartenances partisanes qui empêcheront toujours, quels que soient le président de la République et le Premier ministre, d’opérer un choix garantissant que les plus compétents seront choisis. Pourtant, à gauche, il y aurait des personnalités qui objectivement mériteraient d’être distinguées, et réciproquement si la droite était dans l’opposition.

Rima Abdul-Malak restera « libre », mais ailleurs !

Mais, à examiner la composition de ce gouvernement avec ce tout jeune Premier ministre dont j’attends beaucoup pour la France et sur lequel j’ai déjà trop parlé et écrit, je me sens contraint sinon de n’émettre que des critiques du moins de m’étonner pour certaines de ses options.

Emmanuel Macron et Gabriel Attal à Villers-Cotterêts le 30 octobre 2023 © Gabrielle CEZARD/SIPA

Avant, il me semble honnête, au regard de ce que je n’hésiterais pas à appeler mon immaturité politique, d’avouer ma satisfaction citoyenne devant telle ou telle exclusion ministérielle. Principalement celle de l’ancienne ministre de la Culture qui a été remplacée par Rachida Dati. Celle-ci substituera à une vision partisane, moins populaire que parisianiste, injuste dans ses dénonciations, une politique plus équilibrée qui n’oubliera pas la France des territoires. Quand on songe que nous aurions pu voir distinguée Claire Chazal, on mesure ce à quoi on a échappé ! Ce contentement admis, que de coups fourrés, d’incongruités, de ressentiments, de contradictions et de troubles connivences ! Que le président de la République ait répudié ce à quoi il s’était engagé en 2017 pour les mises en examen au sujet d’éventuels ministres, n’est que trop fréquent avec lui. Il se soucie comme d’une guigne des promesses qu’il a faites, de leur transgression et, plus globalement, de la moralité publique de ceux qu’il a décidé de sélectionner.

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La manière dont on cherche à faire croire à un resserrement et à une cohérence du gouvernement est surprenante. Un manque catastrophique : pas de ministre de plein exercice consacré au Logement, le problème social prioritaire. Catherine Vautrin qui sera une ministre de qualité est chargée d’un champ colossal. Stéphane Séjourné se retrouve au Quai d’Orsay, avec l’Europe en tête dans la dénomination de son ministère, sans que nous soyons assurés, derrière cette surprise, d’autre chose que d’une promotion opportuniste, avec Olivier Véran qui le remplacerait comme tête de liste pour les élections européennes, après que Bruno Le Maire a refusé ce cadeau empoisonné. Avoir confié à la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, en pleine préparation des Jeux olympiques, le redoutable ministère de l’Éducation nationale est une absurdité choquante. Quelle est sa compétence, sa légitimité, les garanties qu’elle donne pour la continuation des chantiers ouverts par Gabriel Attal ? Celui-ci risque d’emporter avec lui à Matignon nos espérances déçues sur ce plan capital. Je ne tiens pas pour rien le fait que Gabriel Attal ait désiré expressément nous rassurer sur l’avenir de ce ministère, ce qui confirme mon inquiétude.

Double ressentiment du président de la République. Il a fait sortir du gouvernement certains de ses « frondeurs » pourtant bien respectueux à l’occasion de la loi Immigration. Ils ont commis le crime de lèse-Macron ! Ainsi Clément Beaune qui a pourtant été un excellent ministre (quand il n’était pas obsédé par le Rassemblement national…), malgré sa contrition, est renvoyé. Et il était hors de question de pardonner aux Républicains l’humiliation qu’ils lui avaient fait subir lors des péripéties de cette même loi. Alors que le Premier ministre avait promis à Eric Ciotti de ne procéder à aucun débauchage individuel, il est manifeste que le président n’a pas voulu tenir l’engagement de Gabriel Attal : il a fait débaucher Rachida Dati (immédiatement exclue par Eric Ciotti), sous l’influence délétère de Nicolas Sarkozy inspiré par la double obsession de continuer à nuire à la droite qu’il a trahie et d’obtenir enfin quelque chose d’Emmanuel Macron.

De l’espoir et des doutes

Pour la sérénité de l’action gouvernementale et des délibérations en Conseil des ministres, si on n’avait pas d’autre choix que de maintenir les poids lourds ayant réussi – Darmanin, Le Maire et Lecornu -, j’imagine mal, sur la Justice, l’inconditionnalité de Rachida Dati à l’égard d’un Dupond-Moretti, même tardivement en progrès. Ou la soumission des ministres de l’Economie et de l’Intérieur à l’autorité de Gabriel Attal. Il y aura des vers dans le fruit.

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J’entends bien que la personnalité de Gabriel Attal rendra plus facile le dialogue avec LR à l’Assemblée nationale. Ceux-ci seront moins rétifs à pactiser avec un Premier ministre dont l’évolution le mène de plus en plus à droite : il s’est contenté avec lucidité de voir le réel et ce qu’il impose comme action. Mais la majorité sera toujours relative… Il est clair que ce gouvernement sera très éloigné de la meilleure équipe de France. Il s’est sans doute tendu des pièges à lui-même. Je n’aime pas cette impression désagréable que beaucoup a été concocté dans le dos des citoyens et que la France n’a qu’à se taire ! Qu’on ne nous abuse pas non plus : quelques ministres de droite au sein d’un univers macroniste ne garantiront pas forcément une politique générale de droite. À moins qu’un Attal, capable d’être indépendant, démente ma morosité et constitue le soliste brillant qu’il a été, en chef d’une équipe soudée, enfin claire, constante et donc efficace ?

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Priscilla Presley s’ennuie, et nous avec elle

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Cailee Spaeny et Jacob Elordi, "Priscilla" de Sofia Coppola (2024) Philippe Le Sourd ARP

Priscilla, le nouveau film de Sofia Coppola, avec Cailee Spaeny, est en salles depuis le 3 janvier. Il est consacré à la femme du King et à la prison mentale qu’elle s’est construite. La rock star américaine avait fait sa connaissance alors qu’elle avait 14 ans.


Heartbreak Hotel, Hound Dog, Jailhouse Rock, Love Me Tender… Pas un seul de ces tubes d’Elvis qui déménagent et donnent envie de danser le rock instantanément n’est présent dans la BO du nouveau film de Sofia Coppola, exclusivement consacré à la seule et unique épouse du roi du rock n roll, Priscilla Presley née Beaulieu. Les fans du King seront déçus ! Cette absence s’expliquerait par des raisons légales. Faute d’obtenir les droits des chansons, la fille du réalisateur du Parrain a donc composé une BO bigarrée mélangeant les époques, piochant dans les sixties avec le tube de Frankie Avalon Vénus comme dans les eighties avec le hit des Ramones Baby, I Love You. Bref : tout sauf du Elvis. Et cet effacement musical n’est que le pendant d’une certaine désacralisation du King. Dans ce film, Elvis n’est pas le monstre sacré du rock au déhanchement légendaire et à la voix de velours qui swingue. Il n’est pas non plus la star sous influence, victime d’un manager véreux comme l’avait mis en scène le biopic de Baz Luhrmann avec Austin Butler sorti en 2022. Non : il est un « lover » amoureux, mais infidèle, accro aux drogues, colérique comme un dieu grec ne tolérant aucune critique et emporté par son hubris. Certes Elvis n’est pas montré sous son meilleur jour. Mais Sofia Coppola ne l’accable pas non plus, le militantisme néoféministe étant étranger à l’œuvre de la réalisatrice – Dieu merci !

De l’Allemagne à Memphis

Toute l’attention de la réalisatrice est donc portée sur Priscilla. Cela devient vite étouffant. Le spectateur ne voit qu’elle et elle, elle ne voit qu’Elvis, ne pense qu’à lui, ne vit que pour lui. Mais, on l’a dit, on ne peut pas profiter de sa musique…

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L’enfermement amoureux se perçoit dès l’ouverture du film, à travers l’ambiance crépusculaire qui se dégage des scènes de leur rencontre, alors que le King fait son service militaire en Allemagne. On est alors loin des spotlights de la scène. Mais on ne les verra jamais de toute façon. Ensuite, c’est l’installation à Memphis, autorisée par les parents en échange de l’obtention de son diplôme. Dans la maison de Memphis que nous présente Sofia Coppola, on retrouve un peu le Versailles de Marie-Antoinette. Deux cages dorées. Pour nous faire ressentir la solitude de Priscilla, son isolement et son interminable attente, la réalisatrice abuse de plans qui s’étirent en longueur et nous montrent cette petite et fine silhouette tirée à quatre épingles et assise sur l’un des canapés en cuir d’un immense salon. Ces plans se répètent, comme les multiples échanges téléphoniques aux dialogues guimauves qui tournent à vide : « I love you baby », « I miss you so much », « When do you come back ? ». Elvis est parti pour Hollywood ou en tournée, Priscilla attend son retour et s’ennuie entre deux manucures. Cela méritait-il vraiment un film ? Et, bien sûr, lorsqu’il débarque enfin, Priscilla suit son rythme. Et prend des amphét et des somnifères avec lui avant de s’enfermer pendant des jours dans cette chambre calfeutrée comme un tombeau de velours.

Libérez Priscilla (et Sofia Coppola) !

Il veut qu’elle change de look ? Elle se refait une garde-robe. Mais attention pas d’imprimé, Elvis n’aime pas. Il veut qu’elle se teigne les cheveux en noir corbeau ? Elle remontera sa chevelure de jaie, dans le style de Marie-Antoinette, adopté plus tard également, quoiqu’avec moins de démesure, par la chanteuse anglaise Amy Winehouse. Il veut qu’elle accentue son « make up » ? Elle soulignera ses yeux bleus par un trait de eye liner devenu son style iconique. La scène de relooking aurait pu être drôle et légère, à l’instar de celle de Pretty woman, elle est plombante. Car Elvis n’est pas le pygmalion de Priscilla, on se demande s’il n’est pas plutôt son geôlier.

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Sofia Coppola nous montre une Priscilla Presley qui est isolée comme l’était Marie-Antoinette. Mais si la dernière reine de France s’amusait et s’oubliait dans l’effervescence des fêtes et du divertissement, Priscilla se languit, ne vivant que dans l’attente de l’accomplissement de l’acte amoureux sans cesse repoussé par Elvis – lequel préfère batifoler ailleurs et entretenir jusqu’à son mariage une relation chaste avec sa future épouse. Vous l’avez compris, pour le spectateur, Priscilla est aussi barbante que Marie-Antoinette était exubérante. Si Marie-Antoinette est rattrapée par la cruauté de la Révolution française et que le monde réel viendra interrompre la fête, Priscilla, elle, s’accomplit après sa rupture avec le King. Mais cette seconde vie n’intéresse pas Sofia Coppola. Résultat : un film bien morose. Sofia Coppola est une artiste qui a trouvé son style, c’est certain, mais il est toujours très difficile de se renouveler, de créer une œuvre nouvelle tout en restant fidèle à ses créations passées. Assurément Sofia Coppola est actuellement enferrée dans ce dilemme-là. Espérons que pour son prochain film, elle parvienne à le dépasser.

Les cauchemars d’Anne Hidalgo

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Anne Hidalgo et Rachida Dati, Paris, 6 février 2015 © NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Le maire de Paris ne digère pas la nomination de sa rivale Rachida Dati, une femme de droite, au ministère de la Culture – un domaine qui est habituellement la chasse gardée de la gauche.


Anne Hidalgo, l’empêcheuse de tourner en rond autour de Paris et grande freineuse de circulation en son sein, en est déjà verte. Et pas cette fois par mimétisme forcené avec les pourfendeurs du macadam et autres ex-agités de la verdure qui l’entourent, qui s’illustrent plus désormais dans la glorification du wokisme et autres toxiques du même tonneau que dans la défense de la Terre. « Escrologistes » dirait Giesbert !

Caractères bien trempés

Horreur ! Malheur… Rachida Dati, l’ennemie intime, la passionaria du 7ème arrondissement, au regard aussi sombre que le sien, revient par la grande porte dans un gouvernement, que l’on dit remanié, au fil d’un big-bang annoncé qui a plutôt l’air d’un clapotis médiatisé. Elle qui était restée garée sur les rails de la politique se voit raccrochée par la locomotive Macron, au fil de compromis espérés porteurs… Sauf que la locomotive en question, tient plus de la vieille Lison de La bête humaine, chère à Zola, que du fringant TGV M, qui bientôt fusera sur la toile ferrée.

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Nul doute que cette nouvelle ministre au caractère bien trempé, qui compte nombre de parrains célèbres à la bénédiction éphémère – Simone Veil, Albin Chalandon, François Bayrou et d’autres – et d’un « père-grand-frère » attentionné, Nicolas Sarkozy, n’a pas laissé son intelligence au vestiaire pour rejoindre ce nouveau trois-mâts barré par un surprenant capitaine Attal, aux allures de mousse, promis pourtant à la dérive peu glorieuse du Radeau de la méduse. Elle mise sur un effet-tremplin, qui ne pourrait donner son ressort qu’après une action forte et massive en la matière et surtout la bénédiction au moins tacite de la planète artiste, peuplée d’admirateurs de nombrils flanqués de miroirs réfléchissants, et surtout réfractaires par essence à tous ceux que la droite a biberonnés. Lève-toi André Malraux !

Et je coupe le son!

Hidalgo, infatigable globe-trotter en quête de retrouvailles familiales à bon compte, et accessoirement de visites de sites olympiques, a bien conscience du danger. Elle sait que la remuante Rachida a trouvé un nouveau porte-voix, insensible cette fois à toute coupure de micro, grand apanage connu de tout démocrate qui se respecte. Notre sémillante Anne, juchée sur l’acajou de son bureau de l’Hôtel de ville, ne maîtrise plus grand-chose à vrai dire. De l’ordre de 2% ?

Tant qu’il y aura des films

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© Films du Losange.

Le grand retour de Pascal Thomas, un rôle en or pour Daniel Auteuil, un film grec en forme de ratage intégral. Ainsi va le cinéma européen en ce début d’année, entre plaisirs et déconvenue.


Allons-y !
Le Voyage en pyjama, de Pascal Thomas, sortie le 17 janvier 2024.

Pascal Thomas n’a pas la carte. Cette fameuse carte germanopratine inventée par Jean-Pierre Marielle et ses copains du conservatoire pour se moquer du petit monde fermé du cinéma hexagonal. Mais la très sérieuse Cinémathèque française a fini quand même par lui rendre hommage l’an passé sous la forme d’une rétrospective bienvenue et méritée. Depuis 1972 et la sortie du merveilleux Les Zozos, le scénariste et réalisateur n’a cessé d’enchanter ses spectateurs. Comment ne pas se souvenir du film suivant, Pleure pas la bouche pleine, avec son impeccable casting mené tambour battant par les professionnels Jean Carmet, Bernard Menez et Frédéric Duru, secondés par des amateurs au charme fou ? Un petit bijou de comédie romantique rurale coproduit par une société de production baptisée « Les Films du chef-lieu » : on ne saurait trouver appellation plus appropriée ! Sur le ton de la chronique, comme Jean Renoir, Maurice Pialat, Jacques Rozier ou Bertrand Tavernier, Pascal Thomas saisit sur le vif la vie de ces jeunes gens de la campagne avant la catastrophe urbaine. Sous les blagues et l’humeur rigolarde, une sourde mélancolie fait son apparition. Dès son deuxième film, le cinéaste installe ainsi sa « petite » musique.

©Numéro 7/Les Films Français.

Dix-huit films suivront jusqu’à ce Voyage en pyjama qui inaugure cette nouvelle année. Entretemps, Les Maris, les femmes, les amants ; La Dilettante ; Mercredi, folle journée ; Mon petit doigt m’a dit et À cause des filles, entre autres, ont distillé leur indéniable capacité à rendre heureux les spectateurs. Sa recette, de jolis scénarios finement ciselés, des dialogues malicieux et des acteurs qu’on sent portés par la joie de jouer devant cette caméra qui les aime. On s’en voudrait de ne pas citer également Ensemble, nous allons vivre une très très grande histoire d’amour…, film méconnu et pourtant l’un des plus réussis à nos yeux. Cette adaptation de Fais-moi très mal, mais couvre-moi de baisers –un film de Dino Risi co-écrit avec les géniaux scénaristes italiens de la grande époque, Age et Scarpelli – est une comédie pleine d’allant incarnée à la perfection par Marina Hands, Julien Doré et Guillaume Galienne dans le rôle hilarant d’un tailleur sourd et amoureux.

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Avec son nouvel opus, Le Voyage en pyjama, le cinéaste signe donc son vingtième long-métrage. Il y raconte les tribulations, notamment cyclistes, d’Alexandre, un quadragénaire qui décide de se réconcilier avec son passé. Il entame un voyage pour retrouver tous ceux qui ont compté dans sa vie : ses amis, mais aussi ses ex qui le maudissent autant qu’elles le regrettent. Retrouvant pour la septième fois le comédien Alexandre Lafaurie, il lui confie ici le rôle principal et la réussite du film tient autant à ce choix qu’à celui de ses partenaires, parmi lesquels Pierre Arditi, Constance Labbé, Irène Jacob, Lolita Chammah et Hippolyte Girardot. Pascal Thomas apporte sa modeste mais réjouissante contribution aux débats sur l’éternelle thématique des relations hommes-femmes. Il n’est pas certain que sa vision mesurée coche les cases de l’hyperféminisme en cours et c’est… tant mieux. Comme Victor, son héros, le cinéaste préfère les petites routes improbables aux grandes voies toutes droites et convenues. Et nous avec lui. Il nous invite à rêver le monde en prenant le temps de vivre, sans se faire, pour autant, d’illusions excessives. Là résident sa force et son charme de conteur mi-lunaire, mi-lucide. On ne saurait alors résister à sa nouvelle invitation au voyage.

Voir la bande-annonce :


Pourquoi pas ?
Un silence, de Joachim Lafosse, sorti le 10 janvier 2023.

©Films du Losange.

Le cinéaste belge Joachim Lafosse excelle dans l’anatomie de la cellule familiale, comme il l’a déjà prouvé avec d’incontestables réussites : À perdre la raison, L’Économie du couple et Les Intranquilles. Il revient cette fois avec Un silence, soit une proposition très stimulante tirée d’un fait divers qui s’est déroulé en Belgique. Ou plutôt, un fait divers dans un fait divers puisqu’il s’agit de l’incroyable découverte des pratiques pédophiles de l’avocat d’une victime de Marc Dutroux ! On ne saurait faire plus abyssal et vertigineux. Le film ne pourrait être alors que l’illustration de cette abominable vérité, une énième variation d’un délinquant sexuel. Mais comme le titre l’indique explicitement, Lafosse s’intéresse d’abord et avant à tout à celle qui s’est tue durant des années pour préserver son avocat de mari : l’épouse, donc, incarnée à la perfection par Emmanuelle Devos. Face à elle, Daniel Auteuil est impressionnant de vérité, de justesse et de complexité, de force et de fragilité.

Voir la bande-annonce :


Courage, fuyons !
Pauvres créatures, de Yorgos Lanthimos, sortie le 17 janvier.

©Searlights Pictures

Le cinéaste grec Yorgos Lanthimos est depuis son troisième film, Canine, sorti en 2005, une créature du Festival de Cannes. Il a remporté successivement, entre 2009 et 2017, les prix Un certain regard, ceux du Jury et du Scénario. Franchissant une à une les marches de la provocation gratuite et esthétisante, Lanthimos déroule sa carrière comme un général en campagne. Chacun de ses films se veut être un coup de tonnerre dans le calme du cinéma européen. Il revient cette année avec Pauvres créatures, un pseudo brûlot néoféministe, à travers le récit de l’émancipation d’une jeune fille dans une « comédie noire surréaliste et rétrofuturiste » (sic) dont les naïvetés visuelles autant que les outrances narratives donnent seulement à sourire amèrement. On se demande ce que William Dafoe, Emma Stone et Mark Ruffalo sont allés faire dans cette galère qui ne les ménage guère. On souffre même pour eux durant cent quarante et une minutes : pauvres créatures, pauvres acteurs, pauvres de nous !

Voir la bande-annonce :

Ci-gît le «en même temps» macronien…

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Le chroniqueur Olivier Dartigolles © Hannah Assouline

Habitué aux joutes médiatiques, hier comme dirigeant communiste, aujourd’hui comme chroniqueur politique, Olivier a des tripes et du cœur quand il s’agit de défendre ses idées. «J’aime qu’on me contredise!» pourrait être sa devise.


Ni fleurs ni couronnes. Ci-gît le « en même temps » macronien, après la tentative de grand écart sur le projet de loi immigration. J’ai toujours été un fervent défenseur du clivage gauche/droite. Il permet un débat politique clair et transparent, une bataille idéologique indispensable à une vitalité démocratique. Encore faut-il savoir où en est la droite. Encore faut-il comprendre où se situe la gauche. Je sais aussi que les gouvernements de centre droit, ceux qui ont voulu à eux seuls représenter le « camp de la raison », et même celui de l’idéal démocratique, ont partout accéléré la crise politique et la colère populaire. 

La Macronie pense pouvoir se refaire la cerise avec un calendrier 2024 qui verra se succéder les quatre-vingts ans du débarquement, les JO et la réouverture de Notre-Dame. Dans les rues de Pau ou de Paris, au hasard des rencontres et des échanges, personne ne me parle de ces rendez-vous. Comment peut-il y avoir le moindre imaginaire collectif, porteur de fierté et de gourmandise pour l’avenir, quand le présent est aussi oppressant. Alors, de quoi me parle-t-on ? D’abord des conditions de vie qui se dégradent, de la peur de ne plus pouvoir y arriver, pour soi et pour le pays tout entier. Le déclassement comme seul horizon. Puis, c’est un immense ressentiment qui s’exprime contre nos dirigeants. Il y a « eux » et nous. Ce n’est pas un face-à-face, mais un séparatisme élitaire. Une sécession de ceux qui, vivant bien, n’ont plus rien à faire de ceux qui ont une vie sans plaisirs de la vie. Si rien ne change, ce constat accablant pour notre République sociale sera incendiaire dans les années à venir. Il se traduira dans les urnes et par un changement de société : la guerre de tous contre tous, la perte de fraternité et du bien commun.

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J’ai lu, le stylo à la main et le cœur battant, le dernier opus de la Tragédie française de Franz-Olivier Giesbert. Avant de s’achever par une définition au scalpel du macronisme, il démontre que rien ne va plus depuis 1983. En fait, la France est grande et belle, elle peut faire frissonner le monde, comme le chantait Ferrat, quand elle ne s’aligne pas, quand elle éduque ses enfants, quand le travail paye, quand l’éducation irrigue les cités, quand nous pouvons aussi décider de notre souveraineté, de notre politique migratoire comme de l’avenir de nos retraites.

Parce qu’une nouvelle étape est franchie dans la crise politique, que certains rêvent d’un moment bonapartiste – mais sans Bonaparte –, que l’on ne peut pas laisser le pays dans un tel climat pour les trois ans et demi à venir avant la prochaine élection présidentielle, il faut retourner au peuple par des élections législatives ou un référendum.

Je connais le contre-argument : « On a tous à y perdre, sauf le RN. » Mais qui est ce « tous » ? Il ne forme pas un tout. La riposte face au RN demande un peu de courage et la volonté d’en finir avec une paresse intellectuelle qui s’est contentée d’arguments moraux inefficaces. Nous avons été privés de débat lors de la dernière élection présidentielle. On en paye aujourd’hui la facture. Acceptons donc une belle et grande confrontation politique et démocratique.

Le macronisme est mort. Vive la politique !

Afrique du Sud: et si l’extrême droite chassait un jour l’ANC du pouvoir?

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La police garde un oeil sur les fêtards lors du réveillon, Johannesbourg, 1 janvier 2024 © Shiraaz Mohamed/AP/SIPA

Depuis la chute de l’Apartheid, le Freedom Front + s’est progressivement imposé dans l’espace politique sud-africain. Force politique défendant les droits à l’autodétermination des Afrikaners, il occupe une position unique de « faiseur de rois » au sein de la nation arc-en-ciel. Le mouvement d’extrême-droite est désormais membre d’une vaste coalition nationale multiraciale qui pourrait accéder au pouvoir en 2024. 


C’est un mois avant les premières élections multiraciales d’avril 1994 en Afrique du Sud, que le général Constand Viljoen a porté le Freedom Front (Front de la Liberté) sur les fonts baptismaux d’un pays marqué par des décennies de ségrégation raciale. Issu d’une longue lignée de Boers qui ont construit le pays, cet ancien chef des forces armées sud-africaines a accepté de se rallier in-extrémis à la démocratie, après avoir obtenu de Nelson Mandela, futur président, la (vaine) promesse d’un référendum sur le droit à l’autodétermination des Afrikaners. Bien que les premiers résultats n’aient pas répondu aux attentes de ce héros de la guerre d’Angola (seulement neuf élus au Parlement), le Freedom Front est progressivement devenu la voix d’une minorité blanche radicale, désorientée et divisée par la fin abrupte de l’Apartheid.

Crise identitaire

En 2003, le Freedom Front a fusionné avec deux autres mouvements, le Parti conservateur (KP) et le Mouvement de l’Unité afrikaner (AEB), cherchant ainsi à insuffler une nouvelle dynamique à un parti en perte de vitesse au sein d’une nébuleuse déchirée idéologiquement. Une initiative qui lui a permis de retrouver sa place au Parlement, qu’il avait presque entièrement perdue quatre ans auparavant.

Rebaptisé Freedom Front + (FF+) après le départ de son fondateur, le mouvement s’est rapidement réorganisé, émergeant au fil des années comme un interlocuteur crédible en faveur de la création d’une dixième province où les Afrikaners pourraient préserver leurs traditions. Aux élections locales de 2006, le FF+ a remporté plusieurs municipalités de taille moyenne et enregistré même des scores surprenants dans des endroits emblématiques tels que le township de Soweto ou dans une banlieue noire de Pretoria. Avec peu de concurrents en face de lui sur son créneau, le FF+ a doucement continué sa transformation. Une décennie plus tard, le parti s’est payé le luxe de présenter avec succès des candidats « coloured » (métis) aux élections locales. Cette stratégie a porté ses fruits, puisqu’en 2019, lors des élections législatives, le Freedom Front est devenu la cinquième force politique d’Afrique du Sud, avec 10 élus au Parlement, et a intégré les conseils municipaux de grandes villes telles que Johannesburg ou Pretoria. Doté d’une aile jeunesse dynamique au sein des universités (qui contrôle les conseils universitaires de Pretoria et de Bloemfontein), le parti a su attirer le vote des radicaux, des fermiers victimes de violences et meurtres à caractère racial, des métis déçus de l’African National Congress (ANC) et des petits Blancs laissés pour compte dans une nation arc-en-ciel qui a peu à peu sombré dans la crise identitaire, politique, économique et sociale.

Dans le nouvel épisode de notre podcast, Gil Mihaely analyse la plainte de l’Afrique du Sud contre Israël pour « actes de génocide » auprès de la Cour internationale de justice

Loin encore d’arriver à détenir le pouvoir en Afrique du Sud ou de pouvoir concrétiser la mise en place d’un volkstaat (bien que l’idée de sécession ait trouvé écho dans le pays, comme en témoigne un sondage de 2020 indiquant que 28% des Blancs du Cap étaient en faveur de l’indépendance de cette province), le Freedom Front est désormais considéré comme un acteur clé, jouant le rôle de « faiseur de rois ». Il est même sur le point de faire son entrée au sein du prochain gouvernement fédéral. Confronté aux déceptions causées par l’ANC, un mouvement miné par des scandales de corruption récurrents et par l’usure du pouvoir, aux menaces émanant du député-populiste Julius Malema, qui exprime ouvertement son désir de se débarrasser des Afrikaners de gré ou de force, le FF+ a conclu un accord de coalition au cours de l’été 2023. Cet accord inclut plusieurs partis, parmi lesquels l’Alliance Démocratique (AD, libérale) et l’Inkhata Freedom Party (IFP, ethno-nationaliste), les deux principaux partis d’opposition. Cette alliance hétéroclite capitalise sur le mécontentement général et offre l’éventualité au Freedom Front + de prendre en charge des ministères clés, ce qui pourrait l’aider à mettre en œuvre une politique axée sur la protection des intérêts des Afrikaners, y compris la possibilité d’établir un volkstaat dont les contours restent encore à définir.

Démonstration de force

D’ailleurs, l’exemple le plus récent de la montée de l’extrême droite au sein de la minorité afrikaner reste le 185e anniversaire de la bataille de Blood River. Le 16 décembre 2023, une foule immense a convergé vers le gigantesque mémorial du Voortrekker Monument, situé près de Pretoria. Plus de 30 000 Afrikaners se sont rassemblés pour commémorer cette bataille profondément enracinée dans leur histoire, longtemps enseignée dans les écoles sud-africaines comme l’acte fondateur de toute une nation. C’est près de la rivière Ncome que les Boers ont infligé une lourde défaite aux Zoulous pour venger la mort de Piet Retief et de son expédition, massacrés par les guerriers du roi Dingaane lors d’un banquet auquel ils s’étaient rendus désarmés en toute confiance, après avoir signé un accord de cession des terres. Les Boers ont découvert les corps de leurs compagnons, tous empalés et éventrés (pour des raisons religieuses), abandonnés aux charognards. Sous la conduite d’Andries Pretorius, les Afrikaners ont scellé une alliance devant Dieu et ont juré de célébrer ce jour, connu sous le nom de « Jour de la Foi », s’ils remportaient la victoire. Lors de cette bataille, 3000 Zoulous (sur les 15000 alignés par le monarque) sont tombés sous les balles des Boers, qui n’ont enregistré que 3 blessés ce jour-là (sur les 848 Boers présents). Au cours de la journée, la rivière Ncome s’était doucement teintée de rouge-sang donnant ainsi son nom à cet affrontement épique.

Une démonstration de puissance qui n’a pas échappé à l’attention des médias africains, alors que l’Afrique du Sud était censée célébrer le « Jour de l’Héritage » (ou de la Réconciliation), visant à briser toutes les barrières raciales encore existantes. Lors d’une interview avec Netwerk24, le député Pieter Groenewald, a saisi l’occasion de ce rassemblement pour rappeler que « le génocide contre la communauté blanche continue et que les groupes minoritaires doivent se munir contre cet ennemi invisible et avoir confiance en Dieu ». « Si nous croyons en la diversité, si nous voulons nous réconcilier avec d’autres groupes, nous ne souhaitons pas que notre langue, notre religion et notre culture soient détruites. Méfiez-vous de l’ennemi invisible, celui qui cherche à priver notre fierté nationale. Les Afrikaners n’ont pas honte de leur histoire et sont fiers de ce qu’ils sont » a affirmé le leader du FF+. « Ils veulent nous affaiblir et nous détruire. Nous devons, nous et nos enfants, tirer les leçons de l’histoire et nous unir comme les Voortrekkers afin de vaincre l’ennemi » a martelé le député lors d’une envolée aux accents nationalistes qui ne laissent pas de place aux doutes.

L’Afrique du Sud se fera avec les Afrikaners ou ceux-ci auront leur propre état comme au XIXe siècle avec ceux du Transvaal et de l’État d’Orange Libre sacrifiés en 1902 sur l’autel de la colonisation britannique et de l’union.

Si cette tribune inattendue a mis en lumière la capacité du FF+ à gouverner l’Afrique du Sud au sein d’une coalition, reste à savoir si la population sud-africaine est prête à être de nouveau dirigée par un blanc comme cela a été brièvement le cas entre 2014 et 2015 en Zambie, ex-Rhodésie du Nord. Et c’est bien là toute la question qui déterminera le futur du volk Afrikaner dans les années à venir. 

AOC: faites confiance!

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Cérémonie de passation des pouvoirs, entre Gabriel Attal et Amélie Oudéa-Castera, le 12 janvier 2024 © Philemon Henry/SIPA

La ministre des Sports succède à Gabriel Attal. Son « superministère » englobant l’Éducation et les Sports, et les Jeux Olympiques approchant, nul doute que le nouveau Premier ministre devrait continuer de suivre de près ce qui se passe à l’école dans les prochains mois.


Nous voilà rassurés, c’est Amélie Oudéa-Castéra, et non Aurore Bergé, qui est nommée au poste de ministre de l’Éducation Nationale. Rappelons que la seconde, désormais ministre déléguée chargée de l’égalité entre les hommes et les femmes, avait monté en épingle une affaire concernant des propos critiques à l’égard du passe vaccinal tenus sur X (Twitter) par René Chiche, professeur de philosophie, conduisant à sa suspension temporaire et à sa privation de traitement pendant plusieurs mois. Sans compter plusieurs classes laissées sans leur professeur et sans remplaçant à quelques mois du baccalauréat. Le devoir de réserve du fonctionnaire a bon dos. Le soulagement de voir Amélie Oudéa-Castéra prendre le ministère nous ferait presque oublier une certaine déception de voir s’enfuir à Matignon un ministre de l’Éducation qui semblait avoir de l’ambition pour l’école (et ce, quand bien même tout n’aurait été, pour Attal, que recherche d’une certaine popularité car si l’ambition individuelle permet, indirectement, une prise au sérieux du déclassement éducatif français, nous prenons!).

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“Chocs des savoirs”, autorité du professeur, classes de niveau, réflexion sérieuse sur la pertinence douteuse du collège unique, fermeté sur la question de l’abaya, harcèlement des harceleurs quitte à les faire embarquer entre deux gendarmes et à les envoyer dans un autre établissement, l’idée était là.

Alors quand Gérald Darmanin souligne son devoir de finir son travail au ministère de l’Intérieur, comment ne pas déceler, en creux, que c’est l’abandon de poste de Gabriel Attal qui est pointé du doigt ? C’est pourtant un faux procès qu’on lui ferait là : pour l’Education nationale les objectifs essentiels, l’orientation d’ensemble et la feuille de route sont désormais tracés et tout semble aller plutôt dans le bon sens. Attendons.

Ne dévalorisons pas tout ce qui commence

Il serait peut-être temps de cultiver un peu notre vertu d’espérance, d’en finir avec la tentation si commune aux journalistes de dévaloriser tout ce qui commence, de gâcher les débuts pas si balbutiants sous prétexte de donner à voir la lucidité désabusée de celui à qui on ne la fait pas. Bref, cessons de refuser de donner du temps au temps sous prétexte qu’il y a urgence à rebâtir notre école. La remise à niveau ne se fera ni en trois semaines ni en trois mois.

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C’est donc Amélie Oudéa-Castéra et, surtout, l’ensemble de son cabinet et de ses collaborateurs avertis qui reprennent le flambeau. Son parcours est, c’est le moins qu’on puisse dire, extrêmement brillant. Ancienne joueuse de tennis professionnelle (elle en a gardé le goût de la compétition, du mérite et de l’effort acharné qui ne sont pas vraiment les valeurs de l’EPS actuelle), elle a ensuite enchaîné Science-Po, l’Essec et l’Ena (promotion Léopold Sédar-Senghor comme Emmanuel Macron). Nommée dès 2004 à la Cour des Comptes puis directrice marketing du groupe Axa, elle accède au poste de ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques au sein du gouvernement Élisabeth Borne en mai 2022. Ministère qu’elle conserve en plus, désormais, de l’Éducation nationale.

Deux ministères discordants ?

Et c’est bien là, nous dit-on, l’ombre au tableau : comment peut-on sérieusement envisager qu’un même ministre prenne sous sa responsabilité la réforme de l’éducation de la jeunesse de la nation et l’organisation d’un événement d’envergure internationale comme les Jeux Olympiques ? Chacun y va de sa petite ritournelle cinglante : Oudéa-Castéra se penchera peut-être sur l’éducation entre le golf et le tennis ou bien pendant le foot mais à la mi-temps, s’il lui reste un peu d’énergie. N’est-ce pas se moquer du monde que de nous donner ainsi un demi-ministre de l’Éducation qui n’a d’yeux que pour les J.O.? L’Éducation et les Jeux, quel bel oxymore !

Nouveau faux procès encore, pour plusieurs raisons. D’abord parce que l’organisation des Jeux Olympiques est un marathon qui s’organise depuis des années déjà et en collaboration étroite avec l’Intérieur. Un événement si risqué, eu égard aux risques réels d’attentats islamistes, ne s’organise pas six mois avant et le peaufinage va bien moins accaparer intellectuellement notre ministre que ses collaborateurs les plus renseignés. Ensuite parce que, sur l’École, les thèmes essentiels ont bien été mis au jour par Gabriel Attal et qu’il n’est pas question de tout bouleverser. Enfin parce que l’immense capacité de travail, le perfectionnisme d’Amélie Oudéa-Castéra ainsi que sa capacité à s’entourer de personnes extrêmement compétentes -qui sont le plus au fait des rouages du système éducatif actuel- sont reconnus. A ce stade toutes les polémiques sur le prétendu dépérissement du ministère de l’Education sous prétexte qu’il sera associé à celui des sports sont dénuées d’intérêt. En mythifiant le ministre qui, tel Atlas, porte la charge du monde sur ses frêles épaules, on oublie tout le travail bien réel et invisible des personnes les plus spécialisées et compétentes. Autrement dit, on fait le jeu de la communication du macronisme en se focalisant sur les quelques personnalités mises en lumière (Macron a mis Rachida Dati à la Culture, il a donc “entendu” le peuple qui “penche” à droite!).

Laurent Nunez, préfet de Police de Paris avec Amélie Oudea-Castera, ministre des Sports et des Jeux Olympiques, Paris, 20 octobre 2023 © Eric TSCHAEN-POOL/SIPA

Ce qui compte, la seule chose qui ait une réelle importance est que les objectifs fixés par Attal et repris par Oudéa-Castéra soient, par une action concertée et collective au sein du ministère, vraiment mis en œuvre.

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Voilà pourquoi la cérémonie de passation de pouvoir entre Gabriel Attal et Amélie Oudéa-Castéra nous donne envie d’y croire, sincèrement. Quand on prend au mot les trois “piliers” mentionnés par notre nouvelle ministre pour l’École on ne peut qu’acquiescer : 1/ Restaurer l’exigence fondée sur le “choc des savoirs” et réaffirmer “l’autorité de nos professeurs qui doivent pouvoir exercer leur métier dans un cadre apaisé et respectueux”. 2/ Régénérer le métier d’enseignant avec notamment une revalorisation et une action renforcée concernant la formation initiale. 3/ Construire une école de l’épanouissement républicain en faisant respecter la laïcité et en permettant à tous les talents (intellectuels, artistiques, sportifs) de se réaliser.

On ajouterait bien :  virer rapidement tous les tenants du pédagogisme étroit. Sauf à considérer, comme dans 1984 que les mots disent tout et leur contraire, qu’ils n’ont donc plus la moindre signification, on devrait se réjouir d’un si bel élan qui redonne foi en la possibilité de la fin du déclassement éducatif français souligné notamment par les enquêtes PISA. Vous jugerez peut-être ce propos promotionnel. Mais s’intéresser, même de loin, à la politique c’est, au fond, avoir foi en elle et il faut alors sauter le pas et prendre le risque de faire confiance aux acteurs de cette politique.

Merci à Monsieur Brighelli qui m’a donné des idées pour la rédaction de cet article.

Rachida Dati au sein du gouvernement Attal: Paris vaut bien une messe républicaine

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Rachida Dati

Notre portrait de la nouvelle ministre de la Culture, 58 ans, nommée hier


« Tout ça pour ça ! » ne manqueront sans doute pas, et non sans raison peut-être aussi, de dire les détracteurs de la macronie et, en particulier, de son tout nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, à l’occasion de la formation de son premier gouvernement.

Et, de fait, quatre des principaux ministres, des « poids lourds » manifestement indéboulonnables, à la tête d’importants ministères au sein du précédent gouvernement, celui d’Elisabeth Borne, sont restés, occupant exactement les mêmes fonctions, dans celui, fraîchement nommé depuis ce 11 janvier 2024, de Gabriel Attal : Gérald Darmanin à l’Intérieur, Bruno Le Maire à l’Economie et aux Finances, Eric Dupond-Moretti à la Justice et Sébastien Lecornu à la Défense.

Quant à trois des « entrants » au sein de non moins importants ministères, Stéphane Séjourné aux Affaires Etrangères (et à l’Europe), Amélie Oudéa-Castéra à l’Éducation Nationale (et aux Sports) et Catherine Vautrin au Travail, à la Santé et aux Solidarités, c’est peu dire qu’ils sont d’illustres inconnus, par-delà leurs compétences, supposées ou avérées qu’elles soient, par le grand public, celui-là même qui détient, comme en tout système démocratique digne de ce nom, le vote national et populaire.

Championne de tennis et star médiatique

Du reste, je ne savais pas qu’une ancienne joueuse de tennis, pour talentueuse qu’elle fût dans son domaine de prédilection et comme l’est effectivement la toute nouvelle ministre de l’Éducation Nationale, pouvait considérer ses médailles, coupes et autres breloques, comme autant de gages de savoir intellectuel pour présider au destin, précieux entre tous, de l’enseignement au sein de l’école française !

Mais, voilà, dans ce tout nouveau casting ministériel, qu’il soit critiquable ou pas, il y a surtout la surprise du chef, Emmanuel Macron en personne, deux fois démocratiquement élu, fût-ce par défaut en ce qui concerne la seconde, à la tête de la République française : la nomination de Rachida Dati, star médiatique par son incontestable sens de la repartie politique, à l’éminent poste de Ministre de la Culture !

Du reste, je ne savais pas, là non plus, qu’une magistrate de profession et ancienne avocate, Ministre de la Justice (sous la présidence, en 2007, de Nicolas Sarkozy) avant d’être l’actuelle Maire de l’un des arrondissements (le VIIe) les plus élégants de Paris, pouvait honnêtement croire que ses indéniables connaissances, en matière de droit juridique ou de code pénal, pussent être synonymes, là aussi, de compétences dans la maîtrise de dossiers plus spécifiquement culturels.

Je ne sache pas, de fait, que, par exemple, la maîtrise de procédures judiciaires, quelles qu’elles soient et aussi respectables soient-elles, puisse être perçue a priori comme la garantie d’un savoir, même s’il n’est certes pas exclu en l’occurrence, quant à la correcte et profonde compréhension d’un texte de Descartes, de Chateaubriand ou de Robbe-Grillet, d’un tableau de Soulages ou d’une sculpture de Duchamp, d’une partition de Messiaen, de Duruflé ou de Boulez, ou d’un film de Godard, Renais ou Rohmer, pour ne s’en tenir ici, sans même vouloir forcer le trait, qu’à quelques-uns des noms les plus célèbres au sein de la culture (littérature, philosophie, art, cinéma…) française !

Paris vaut bien une messe républicaine

D’où, nécessaire, cette question ! Quel ultime mais autoritaire argument a donc bien pu convaincre Gabriel Attal, et son incontournable mentor surtout, Emmanuel Macron, pour nommer à ce prestigieux poste de ministre de la Culture, précisément, une femme politique qui, il n’y a guère si longtemps encore, en juin 2021, ne se privait pas de traiter publiquement de « traîtres », en direct sur les plateaux de télévision les plus courus de la capitale, ceux qui abandonnèrent leur camp, de gauche ou de droite qu’ils fussent, pour rejoindre le parti, « La République en Marche » à l’époque, de ce même président ?

Je n’y vois pour ma modeste part, chez cette femme venue de la droite républicaine, sous l’égide de Nicolas Sarkozy lui-même, qu’une incompressible ambition politique : celle-là même qui fit dire jadis au très opportuniste mais surtout futur roi Henri IV, protestant à l’origine, que, pour accéder au sommet du pouvoir au sein de la très catholique monarchie de droit divin, « Paris valait bien une messe ! »

Du reste, c’est bien la mairie de Paris, ici aussi, que Rachida Dati, dont l’opportunisme politique n’a jamais été un mystère pour les plus avisés des observateurs de la vie politique française, ambitionne véritablement, en dernière analyse, à travers cette légitimité, sinon crédibilité, qu’est censée lui conférer, désormais, cet enviable et tout nouveau poste, précisément, de ministre de la Culture…

Une redoutable maîtresse en punchlines

Et puis, qu’à cela ne tienne : cette femme fortement engagée et au caractère bien trempé, au franc parler aussi bien qu’à l’inépuisable logorrhée, qu’est la très énergique Rachida Dati, redoutable maîtresse en matière de punchline, phrases chocs et autres débats assassins (c’est peut-être là, paradoxalement, sa plus grande qualité professionnelle), ne peut certes être pire, dans cette fonction quasi régalienne, que l’inexistante, plus encore qu’inconsistante, Rima Abdul-Malak, dont on s’est par ailleurs toujours demandé ce qu’elle faisait, à ce poste, jusqu’à hier encore !

Le couple Attal-Dati : calcul idéologique et ravalement de façade du dispositif anti-RN

Morale, toute en finesse et nuances, de l’histoire ? C’est un véritable quoique artificiel, certes démagogique mais néanmoins habile, dispositif anti Rassemblement national, par l’intermédiaire de ce séduisant couple Attal-Dati, qu’Emmanuel Macron, dont on ne peut à l’évidence contester l’ingéniosité du sens politique, a ainsi mis efficacement (du moins en théorie) en place, avec un gouvernement à la sensibilité majoritairement de « droite » (si tant est que ce clivage idéologique « gauche/droite » ait encore une quelconque pertinence conceptuelle aujourd’hui), afin de battre en définitive, espère-t-il légitimement, ses deux leaders, Jordan Bardella et Marine Le Pen, lors des prochaines élections européennes, en cette année 2024, et surtout, en 2027, lors des très attendues élections présidentielles françaises ! Reste à savoir, bien évidemment, si ce calcul politique – car ce nouveau gouvernement est, c’est là le seul quoique important changement, dans la réalité des faits, à ce sujet, de nature essentiellement politique, et non plus seulement technocratique, par-delà son adroit, audacieux sinon téméraire, ravalement de façade – parviendra à ses fins…

Emmanuel Macron et Gabriel Attal à Villers-Cotterêts le 30 octobre 2023 © Gabrielle CEZARD/SIPA

L’exclusion de Rachida Dati des « Républicains » : une monumentale erreur politique

Dernier point, enfin : il est fort à parier, sans prendre le risque de trop se tromper, que « Les Républicains » eux-mêmes, par la voix de leur président, Eric Ciotti, regretteront bientôt amèrement d’avoir exclu aussi précipitamment de leurs rangs, pourtant déjà bien affaiblis tant ils sont disséminés depuis un certain temps, cette même Rachida Dati quelques minutes, à peine, après sa fracassante intronisation à la tête de ce sacro-saint ministère de la Culture.

L’erreur politique est monumentale : ce parti, déjà moribond, va ainsi, par cette énième mais cruciale défection, probablement imploser de manière décisive.

De Gaulle et son ministre de la Culture, André Malraux : une autre étoffe intellectuelle !

Le général de Gaulle doit se retourner aujourd’hui, face à cette désolante parodie de la Comédie humaine, dans son historique tombe… A propos, n’est-ce pas lui justement, le premier président de la Ve République, qui, le 8 janvier 1959 pour l’exactitude, il y a donc 65 ans presque jour pour jour, nomma un certain André Malraux, intellectuel majeur de la seconde moitié du XXe siècle et mémorable auteur d’une richissime œuvre littéraire, Ministre, lui aussi, de la Culture ?

Cet immense esprit repose, du reste, aujourd’hui en paix, depuis le 23 novembre 1996, au Panthéon, laïque sanctuaire sur le fronton duquel est inscrit en lettres majuscules que la « patrie reconnaissante » rend ainsi solennellement, et méritoirement, hommage aux « grands hommes ». C’est dire si Malraux, notable incarnation de la culture en sa plus haute et noble expression, pouvait se prévaloir, en effet, d’une autre étoffe spirituelle, sinon dimension philosophique !

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Ils en sont tous

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D.R

Une photographie du pape François est régulièrement instrumentalisée, tant par le lobby gay que par des catholiques conservateurs, pour illustrer son supposé dévoiement.


La cause LGBT a-t-elle trouvé, avec le pape François, un défenseur de l’ombre ? C’est ce qu’ont voulu s’imaginer certains militants sur les réseaux sociaux. L’indice ? Des clichés du souverain pontife arborant au cou une croix aux couleurs bariolées, reprenant celles de l’arc-en-ciel et rappelant donc le drapeau de la communauté homosexuelle. Il est vrai que le pape argentin s’est distingué par des positions plutôt bienveillantes, bousculant la traditionnelle réticence de l’Église catholique sur le sujet. En octobre 2023, en réponse à cinq cardinaux, François a précisé que les couples homosexuels pouvaient faire l’objet d’une bénédiction, à défaut de pouvoir être mariés religieusement. En janvier, il avait déclaré à l’Associated Press, l’agence de presse américaine : « Nous sommes tous des enfants de Dieu et Dieu nous veut tels que nous sommes et avec la force que nous avons chacun de lutter pour notre dignité. Être homosexuel n’est pas un crime. Oui, mais c’est un péché. Bon, commençons par distinguer le péché du crime. Mais le manque de charité envers votre prochain est aussi un péché. »

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Cette affirmation, qui a réussi à crisper à la fois les conservateurs et les modernisateurs, ne s’apparentait pourtant qu’à l’enseignement moral de l’Église. Évidente bienveillance, d’accord. Pour autant, la croix aperçue sur les clichés n’avait rien d’un symbole LGBT. Elle avait été offerte au pape en octobre 2018 par des jeunes du Panama. Chacune des couleurs représente une partie de l’Amérique latine, du Mexique jusqu’au cône Sud : on est quand même loin de la cause homosexuelle. Depuis, la photographie du pape refait surface de temps à autre. Sur les réseaux sociaux, ce sont parfois des catholiques conservateurs ou des évangélistes qui ressortent le cliché pour illustrer le supposé dévoiement de la papauté. Parfois, ce sont les militants gay qui veulent prouver, photo à l’appui, que le pape est leur nouvel allié. Si le pape est infaillible, les voies du Seigneur sont, elles, impénétrables.