Accueil Site Page 3062

Soyons modernes, soyons modérés !

23

Entre deux râles d’admiration pour le nouveau président des Etats-Unis, les commentateurs habituels ont puisé dans leur sac à clichés quelques adjectifs bien sentis pour définir le style Obama. Modéré, pragmatique, centriste sont les vocables les plus fréquemment employés pour caractériser le discours et le programme du « nouveau locataire de la Maison blanche » comme on dit dans les journaux, à la radio et à la télé. Si nous partons du principe que Barack Obama est perçu comme l’inverse absolu de son prédécesseur George W. Bush (exalté, droitier et idéologue), et que ce dernier incarnait tout ce qui était haïssable dans la gestion américaine des affaires du monde, nous sommes bien partis pour quelques années de moderate attitude.

Dans modéré, il y a « mode », et cette nouvelle tendance va se traduire dans tous les aspects de la vie, se décliner dans la nourriture, l’habillement, les loisirs, les arts et la culture. Finis le « radical-chic » des bourges à col mao, les expériences gastronomiques extrêmes de la cuisine moléculaire, la déconstruction derridienne et la déstructuration du complet-veston.

Mao (« Feu sur le quartier général ! ») sera définitivement remplacé comme icône chinoise par son successeur Deng Xiao Ping (« Peu importe qu’un chat soit blanc ou noir, pourvu qu’il attrape des souris ! ») et le mythe Che Guevara vit ses derniers instants sous les traits de Benicio del Toro filmé par Steven Söderbergh. Les héros populaires de demain ne seront ni tragiques, ni grandioses. Ils auront été prudents, avisés, habiles au compromis et soucieux d’éviter les affrontements inutiles : le prochain blockbuster cinématographique sera la biographie de Tomas Masaryk, tournée en décors naturels dans le vieux Prague. La jeunesse française se précipitera sur les T-shirts à l’effigie de Léon Gambetta et Waldeck-Rousseau, républicains modérés mais pas modérément républicains: ses enseignants, jamais en retard d’une mode idéologique, les auront précédés, comme ils l’avaient fait en adoptant, naguère, le keffieh arafatien comme accessoire de mode branché. L’association des « amitiés Henri Queuille » verra gonfler de manière considérable le nombre de ses adhérents.

Kerensky ressurgira de l’oubli, on exhumera des placards de l’Histoire les martyrs de la modération : Brissot et Vergniaud seront préférés à Danton et Robespierre. On rééditera à des centaines de milliers d’exemplaires la préface de Milan Kundera au roman de Josef Skorecky Miracle en Bohème dans laquelle il définit le printemps de Prague comme une « révolte populaire des modérés au nom du bon sens », à la différence du Mai 68 français, empreint de lyrisme révolutionnaire et de radicalité rhétorique.

Comme tout phénomène de mode, celui-ci sera victime de la contrefaçon. Ainsi les pays arabes dits « modérés », comme l’Egypte, la Jordanie ou l’Arabie Saoudite risquent de devenir les vecteurs d’espoirs de nos concitoyens en mal d’exotisme politique, comme le furent jadis l’URSS, la Chine ou Cuba. Il faudra à ces néo-touristes un certain temps pour constater que sur les libertés publiques, les droits de l’homme et le statut de la femme, les différences entre ces « modérés » et les pays arabes classés parmi les extrémistes ne sautent pas aux yeux.

On se heurte à un problème du même ordre lorsqu’on recherche l’incarnation de la modération dans l’éventail politique français : Bayrou ? Trop teigneux. Royal ? Trop évangéliste. Aubry ? Flirte un peu trop avec la radicalité. Strauss-Kahn ? Trop loin. Sarko ? Trop trop. Comme dirait mon garagiste : « Y’a un créneau ! »

Enfin, il ne saurait exister de mode sans blague-culte. Modestement, je propose celle-ci, qui doit être lue avec l’accent traînant de nos amis helvétiques. Deux paysans vaudois labourent leurs champs voisins par une belle journée de printemps. A la pause, ils arrêtent leurs tracteurs et commencent à bavarder.

– Tu vois ce soleil magnifique, ces reflets dans le lac et les cimes enneigées au loin, c’est-y pas merveilleux ?, dit le premier.
– Ben, tu vois, répond l’autre, je serais pas autrement étonné que derrière toutes ces beautés il y ait quelque chose comme un créateur.
Son copain devient grave.
– Tu serais pas en train de tourner fanatique, des fois ?

Estrosi en son royaume, quelque part

5

On ne recommandera jamais assez à nos lecteurs anglophones la lecture assidue du percutant blog French Politics, tenu par Art Goldhammer, responsable d’un séminaire d’études européennes à Harvard et observateur sagace de la vie politique hexagonale depuis 40 ans. En général, quand il s’agit de railler nos politiques, cet universitaire moqueur mais courtois donne plutôt dans la litote. Une ligne techniquement intenable après que Christian Estrosi a surenchéri sur Ségolène Royal en expliquant que c’est bien sûr grâce à l’influence occulte de Nicolas Sarkozy que Barack Obama l’avait emporté. Notre expert d’Harvard a, semble-t-il, été particulièrement ému par cette petite phrase, extraite d’une interview vidéo du maire de Nice dénichée par Marianne2.fr sur le blog de celui-ci : « L’impulsion qu’il a donnée ces dernières semaines aura sans doute quelque part pesé sur le comportement des Américains. » En conclusion, Art Goldhammer dit espérer que le nouveau président des Etats-Unis aura eu en mémoire cette leçon d’Estrosi au moment de son investiture. Cet article est titré, en français dans le texte : « Le roi des cons ».

Qui veut gagner des milliards ?

15

Qui ne voudrait pas gagner des millions et avoir en même temps son quart d’heure de célébrité télévisuelle ? Qui peut retenir ses larmes quand un garçon issu des immondes bidonvilles indiens donne toutes les bonnes réponses d’un quizz-télé pour remporter la cagnotte ? Concocté à partir de ces deux ingrédients, Slumdog millionnaire, un conte de fées télévisuel sauce Bollywood, semble bien parti pour rafler la mise.

Ce divertissant produit de l’industrie cinématographique indien n’a rien de très innovant en soi sauf d’être extrêmement bien fait, ce qui est déjà très méritoire. Sauf que Slumdog millionnaire est en train de devenir culte. Sorti en septembre dernier, il apparaît comme une sorte de Bienvenue chez les Ch’tis à l’échelle mondiale. Refusé par 18 distributeurs avant de trouver preneur, il est aujourd’hui lauréat de quatre Globes d’or et déchaîne l’enthousiasme du public. Bref, l’histoire de Slumdog millionnaire commence à ressembler, elle aussi, à un conte de fées bollywoodien.

Le phénomène pose des questions à commencer par celle de la transposition du roman Q & A (titre maladroitement traduit en français par Les Fabuleuses Aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire) du diplomate et écrivain Wikas Swarup qui l’a inspiré. Comme l’admet Swarup lui-même, le scénariste Simon Beaufoy (à qui on doit The Full Monty) et le metteur en scène Danny Boyle (Trainspotting) ont gardé du roman une seule idée : un pauvre orphelin qui participe avec succès au jeu « Qui veut gagner de millions », est arrêté car il est soupçonné de fraude – comment un gamin des bidonvilles aurait-il une telle culture générale ? Au cours de son interrogatoire, il apparaît que ses connaissances presque incongrues, il les a acquises à la dure école de la vie plutôt qu’entre les murs.

Traduction, trahison ? Si le choix du titre du film semble parfaitement légitime, le changement de nom du héros est beaucoup plus contestable. Dans le roman il s’appelle Ram Mohammad Thomas, un nom à la fois hindou, musulman et chrétien et qui donc ne trahit aucune appartenance religieuse particulière. Wikas Swarup voulait justement que son héros fût d’abord indien et non pas membre d’une communauté, un choix que l’on qualifierait chez nous de « républicain ». Trop compliqué pour Danny Boyle et Simon Beaufoy qui savent comme tout un chacun (sauf Wikas Swarup peut-être) que l’Inde est divisée et ravagée par la violence intercommunautaire. On peut avancer que les producteurs avaient peur que le public occidental ne cherche qu’à confirmer ses préjugés sur l’Inde, mais l’ennui c’est que le roman de Swarup, malgré son héros « trop indien » ou peut-être grâce à lui est devenu un best-seller mondial… Peu importe : quand on est au service de la vérité, on ne recule devant rien. Ainsi Ram Mohammad Thomas devient-il Jamal Malik, un musulman laïc, tolérant, cultivé, beau et tout ce que vous voulez et/ou rêvez.

Comme Ram Mohammad Thomas, Jamal Malik est orphelin, mais attention, la mère de Jamal Malik a été assassinée devant lui par des fanatiques hindous pendant un pogrom antimusulman. C’est en se souvenant de cette « expérience » qu’il a su répondre à l’une des questions du jeu télévisé : « Quelle déesse hindoue porte un arc et des flèches dans sa main droite ?… »

Le message est clair: les ennemis ne peuvent venir que de l’intérieur. Aussi la corruption de la police indienne se double-t-elle d’une couche de cruauté presque inimaginable : au commissariat du coin, on torture Jalal Malik à l’électricité pour lui faire avouer qu’il a triché. Plus largement, Boyle et Beaufoy ont supprimé toute référence à la réalité qui ne correspondait pas à leur vision du monde. Dans son roman, Wikas Swarup évoque avec force détails (qui, selon son témoignage, lui ont valu les compliments des militaires indiens), un épisode de la guerre indo-pakistanaise, grande victoire indienne et source de fierté nationale. Sans surprise, aucune trace de ces histoires nationalistes ne se retrouve dans le film. Un ennemi extérieur, et qui plus est, musulman ? Aujourd’hui ?

Contrairement à Danny Boyle et Simon Beaufoy, je préfère laisser le dernier mot à l’auteur. Un peu embêté et non sans crainte avant la sortie du film sur les écrans indiens, Wikas Swarup a eu cette réflexion : « Du point de vue dramatique, le film est mieux focalisé que le roman, et probablement aussi, plus politiquement correct. » Rideau.

L’hiver sera show

15

Les doutes ne sont plus permis : les dérèglements climatiques sont un fait incontestable. Personne ne peut plus nier que notre planète subit un réchauffement sans précédent et la dernière preuve est sans appel. Des journalistes du monde entier ont pu constater que hier, 20 janvier, en plein milieu d’une période de l’année considérée pendant des siècles comme le moment le plus dur de l’hiver, des millions d’Américains étaient sûrs que le printemps était déjà arrivé.

Les sept péchés capitaux du rap français

163

Moi et mes homeboys, on pense qu’on peut tout penser. Que Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée, est dans le vrai quand il affirme que « le rap fait partie de nos expressions culturelles et a droit de cité », commettant un subtil jeu de mot éculé au passage ; de rire ma cité va craquer….

On peut même décréter avec Jack Lang que le rap est ontologiquement « une source de socialisation » et qu’il est inconcevable qu’un responsable politique ne s’en préoccupe pas : « La pire des choses, c’est qu’un ministre s’en moque ou s’en fiche. Je me suis intéressé au rap bien avant que les télévisions braquent leurs projecteurs vers ce mouvement. »

On pourra même se persuader, avec sa lointaine descendante Christine Albanel qui fit Abd Al Malik Chevalier des Arts et Lettres, que celui-ci est : « Un authentique poète, au verbe sensible et engagé, un enfant prodige de la culture hip hop, qui prône un rap conscient, un rap fraternel, aussi ambitieux esthétiquement qu’humainement. »

Mais on pourra aussi penser que le rap français, c’est 99 % de musique moins diverse qu’avariée, finement soulignée par des paroles de merde, niveau CM2 post-méthode globale. Je vous laisse juges.

La paresse[1. Pour plus de clarté, nous vous avons exposé les sept péchés capitaux dans l’ordre originel édicté par Saint Thomas d’Aquin.]
Ma France à moi elle parle fort, elle vit à bout de rêves,
Elle vit en groupe, parle du bled et déteste les règles,
Elle sèche les cours, le plus souvent pour ne rien foutre (…)
Elle paraît feignante mais dans le fond, elle perd pas d’temps,
Certains la craignent car les médias s’acharnent à faire d’elle un cancre,
Et si ma France à moi se valorise c’est bien sûr pour mieux régner,
Elle s’intériorise et s’interdit de saigner
Diam’s, Ma France à moi.

L’orgueil
Nous étions derrière maintenant nous sommes devant
Et nous ouvrons le chemin pour les prochains affluents
Le prochain courant qui se glisse dans cette merde bien contrôlée.
Mais dites-moi : si le rap prenait le dessus sur la variété
Ce ne serait plus les mêmes bullshits que l’on verrait à la télé
Ce ne serait plus les mêmes sujets que l’on étudierait au lycée
Assassin, Au centre des polémiques.

La gourmandise
C’est Antar intenable, au KFC[2. Kentucky Friend Chicken. Fast food à base de graisse de poulet frite, fort apprécié des jeunes gastronomes qui trouvent le Macdo trop geoibour.] comme à table
Sur un son bien franchouillard, je fais honneur aux incapables
Qui s’en tapent et ont la dalle H24
Toujours en quête pour être à table
XXL, c’est ma taille rien à voir avec la chaîne payante du câble
Eh ouvre pas trop ta gueule, rigole pas trop vite
Té-ma tes grosses cuisses, elles sont pleines de cellulite
Relic, XXL.

La luxure
Jambes croisées derrière ton bureau, tu m’écoutes
Décroise les jambes, doucement laisse couler quelques gouttes
Tu sens que je suis dur, que j’ai fait de la route
Tu crois que je suis tendre, mais tu as quelques doutes
En effet, je suis un thug, un drôle d’animal
J’ai de quoi te siliconer si jamais tu vieillis mal,
Gangster et gentleman, c’est dans le mille que je tire,
Je fais mal, mais je fais jouir si tu vois c’que j’veux dire
Booba, Pourvu qu’elles m’aiment.

L’avarice
Moi j’rap pour le fric
Faut qu’jsois numéro 1
Sinon j’vais r’touner vendre du shit
J’peux pas prostituer ma zik
Elle est depuis l’début
Une pute qui donne du plaisir (…)
J’rap pour le fric, pour ma carte bleue
Le reste m’importe peu, maintenant dis c’que tu veux
La Fouine, J’rap pour le fric.

La colère
J’te baise ta race toi et ton couplet
J’ai pas l’temps pour ces putes
Qui tiennent le micro comme une bite
Ici ça rap comme ça tire,
Et brise tes os comme une batte
Rohff, Code 187.

L’envie
La loi de la jungle n`est pas là où l’on croit
Les réels prédateurs ne traînent pas dans les rues
Ils fréquentent les clubs et les cercles bourgeois
Ignorant ce que c`est d`avoir les flics au cul
Ceux-là sont tranquilles, on ne les traquera pas
Car ils sont protégés par la police et l`état
Ce sont des PDG, ils siègent à l`assemblée
Peut-être même que pour eux vous avez voté
I Am, Non soumis à l`Etat.

Causeur fête la diversité !

15

Heureux Argenteuillais ! Ils pourront suivre aujourd’hui, à 16 h 30, en direct de l’Hôtel de ville, la cérémonie d’investiture du 44e président des Etats-Unis. Comme nous l’explique un communiqué de la mairie, que nous reproduisons avec empressement, « la ville d’Argenteuil en partenariat avec l’association Alfa’Dev propose à ses habitants de suivre en direct l’investiture de Barack Obama dans la salle du conseil municipal ». Et attention les amis : semaine de la diversité oblige, y’a un bonus track : « D’autres animations sont prévues au cours de cet après-midi : la projection d’un documentaire, Citoyens visibles, de l’Institut du citoyen visible, une série de portraits de personnages qui ont marqué l’histoire de la France (Alexandre Dumas, Guillaume Apollinaire, Marie Curie, Léopold Sedar Senghor ou Dalida). » Hélas, tout le monde n’a pas la chance d’habiter dans le 9/5,mais pas de panique : comme nous ne saurions nous exclure de cette nécessaire célébration de la diversité sans laquelle tout serait uniforme, Causeur a prévu d’être de la fête. Les papiers consacrés à cet enjeu de civilisation seront signalés par ce logo :

diversite-badge

Vous voilà prévenus. Maintenant, comme qui dirait, soyez vigilants !

Mesrine, un héros de notre temps ?

65

Je ne comprendrai jamais les critiques cinématographiques. Ou rarement. Ainsi me suis-je aperçu, avec surprise, que Mesrine, l’instinct de mort était drôlement bien noté. Vraiment bien. Il n’y a bien que Le Parisien pour se demander comment une telle merde ait pu sortir sur nos écrans.

Ce n’est pas que le film est particulièrement mauvais en soi. Il est juste ennuyeux et dans la moyenne de la production cinématographique française. Non, le véritable problème c’est son sujet. Mesrine. Jusqu’ici, je ne le connaissais que de nom. Je veux dire, le mec était six pieds sous terre que je n’étais même pas né. Donc j’entretenais le fantasme du truand typique des années 1970. Autrement dit, pour un fin connaisseur comme moi, Spaggiari.

Quelle déception.

Mesrine est un braqueur minable. Et pas très doué en plus. On m’a dit qu’il s’améliorait dans le deuxième film. Il est évident qu’il avait de la marge de progression. Et, pire que d’en faire un nul, Cassel campe Mesrine en demeuré. Alors, bien sûr, je me suis posé la question. Quelle est la part de Cassel et de Mesrine dans ce personnage de loser ni sympathique ni attachant, ni quoique ce soit d’ailleurs ?

Je sais ce que vous pensez. Oui, Mesrine est peut-être un naze. Mais il se tape Cécile de France. Et il est pote avec Roy Dupuis. Le type qui jouait dans la série La femme Nikita.

Ouais.

Cela dit, il me semble compliqué de faire l’inverse. Tout ce qu’on peut s’imaginer avec Cécile de France, c’est bien se la taper. C’est un peu comme Zidane en fait. Il ne faut pas le sortir d’un terrain de foot. Un tête-à-tête au restaurant avec Zinedine, dans mon idée, ce serait un peu comme dans Seul au monde avec Tom Hanks – si vous voyez ce que je veux dire. Quant à faire des cochonneries avec Roy Dupuis… Bon. C’est une belle gueule de bûcheron canadien.

Mais enfin.

Le meilleur moment dans le film, je crois d’ailleurs que c’est la prison canadienne. Putain. C’est là que vous vous rendez compte que les Canadiens, c’est un peu l’équivalent pour les Américains de nos Belges à nous.

Je veux dire, vous franchissez la frontière, et vous vous retrouvez à Fox River, des toilettes à dévisser, des gardiens à ligoter, des Taj Mahal à construire, le tout pour une évasion minutée et de haute volée. Tandis qu’au Canada, pour sortir d’une prison, vous prenez une pince coupante et, en pleine promenade dans la cour, vous coupez les grillages et puis vous partez dans la forêt rejoindre les ours. Et voilà.

Si vous n’oubliez pas de courir, ça devrait le faire.

Le meilleur étant quand même quand Mesrine et Roy Dupuis tentent de délivrer leurs copains restés dans cette fichue prison. Une sorte de paradigme de Buffy avant l’heure. Un plan génial. Ils prennent une voiture. Ils foncent vers la prison. Ils s’arrêtent aux grillages. Ils tirent sur les miradors. Ils tentent de balancer des flingues à leurs potes de l’autre côté.

Sauf que le plan génial a un petit raté.

Ah merde, Roy ! Où est-ce que j’ai foutu de la pince coupante ?

Je corrige donc. Pour s’enfuir d’une prison canadienne il faut ne pas oublier de courir et de prendre une pince coupante. Sinon, quand tu cours, tu tapes la grille. Et vu que t’es trop gros pour passer entre les mailles, ben tu peux plus avancer.

Alors, certes, ça peut avoir un côté romantique. Je pense à la charge ahurissante dans Le colonel Chabert. Mais bon, la bataille d’Eylau est une victoire. On me dira que, même en cas de défaite, ce genre d’action peut être magnifique. Je pense là à 300[1. Ou, autrement dit, la bataille des Thermopyles. 300 spartiates en jupette luttant contre toute l’armée de Xerxès Ier. Il y en a qui préfèrent le champs des Merles, mais bon, c’est une vraie défaite pour le coup. Ce doit être un truc de jeunes mecs vaguement occidentaux je crois.] et je vous le concède volontiers. Mais bon. Dans 300, je ne sais pas, il y a une idée. Des montagnes. Un défilé. Une stratégie. Un objectif.

Je ne dis pas que ce n’était pas courageux de la part de Mesrine. Mais c’était aussi très con il faut le reconnaître. C’est d’ailleurs un peu la définition du criminel célèbre. Ben oui. Tu ne peux devenir célèbre dans ce corps de métier que si tu es assez bête pour te faire prendre. Ou te faire balancer. Voilà pourquoi j’ai du mal, pour ma part, avec les criminels qui ne me sont pas inconnus. J’admire donc ceux dont je n’entends jamais parler. Le criminel caché on va dire. Qui reviendra un jour. Et viendra m’enlever dans mon lit pour m’emmener avec lui.

Hum.

Voilà aussi pourquoi je n’avais de posters d’accrochés dans ma chambre d’adolescent.

L'Instinct de mort

Price: 14,60 €

21 used & new available from

Gaza : Reuters vs AFP

49

Les victimes civiles, et les drames humains bien réels engendrés par l’intervention à Gaza ne nous laissent pas indifférents. Loin de là. Pas au point cependant de perdre tout contact avec les faits, et leur vérification. Pendant la première journée du cessez-le-feu unilatéral décrété par Israël, les medias ont relayé le nombre de 95 morts retrouvés dans les décombres. D’autres médias rapportent le nombre de cadavres retrouvés mais il faut lire le papier de Reuters publié par le site du New York Times pour avoir ces quelques détails qui changent tout : la plupart des 95 cadavres découverts dimanche 18 janvier sont des corps de combattants (« Palestinian ambulances picked up more than 95 bodies, most of them gunmen, that had lain in the rubble of buildings and open areas around Beit Lahia, Hamas health officilas said »). L’AFP annonce : « Quelque 95 corps de Palestiniens ont été retrouvés dimanche dans des décombres dans la bande de Gaza depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu israélien, selon le chef des urgences du territoire palestinien. La plupart de ces cadavres ont été extraits des ruines des bombardements israéliens à Jabaliya et Beit Lahya, dans le nord de la bande de Gaza, ainsi que dans le quartier de Zeitoun de Gaza-ville, a précisé ce médecin. »
Nous ne pourrons jamais assez remercier ce médecin pour cette précision. En fait, l’adresse exacte du lieu où ces cadavres ont été retrouvés est un élément essentiel, alors que le fait qu’ils étaient en majorité armés est bien évidement un détail insignifiant.
Pourquoi cet oubli ? Mais bien sûr ! A cause du blocus israélien sur l’info, l’AFP n’a pas pu envoyer des journalistes sur place pour vérifier. Oui, ça doit être ça. Heureusement, la correspondante de France24 sur le terrain peut nous raconter, toute émue, avoir été témoin de la découverte d’un bébé de trois ans mort il y a trois semaines et enseveli sous les décombres. Pour les autres cadavres, on nous laisse comprendre que c’est pareil. Car, on le sait bien : le terrain, lui, ne ment pas.

Yann Arthus-Bertrand prend la pose

68

La semaine dernière, chez Taddeï, j’ai pu voir Yann Arthus-Bertrand faire le service après-vente de son grand-œuvre avec une bonne foi désarmante. 6 milliards d’autres, le documentaire XXXL de l’ami Yann diffusé sur France 5, c’est 5 h 30 d’interviews sans sursis. Pas moins de 5 000 personnes de 75 pays y répondent tour à tour à 40 questions concoctées par le roi Arthus en personne – et ça se voit… La vie, l’amour, la mort ; la nature et la culture ; la haine, la peur, la guerre, et dieu dans tout ça…

L’ambition du photographe céleste, en nous balançant cet OVNI digne du Guinness Book ? À défaut d’être affichée, elle est évidente : remplacer dans le cœur des Français, à la tête du hit-parade des gens bons, mère Teresa, sœur Emmanuelle et l’abbé Pierre, mais aussi Nicolas Hulot, feu Cousteau et les restes de Kouchner.

Et puis, à la réflexion, l’Hexagone lui-même n’est-il pas un peu exigu pour cette grande âme ? Depuis le succès mondial de son album La Terre vue du ciel, Arthus-Bertrand peut légitimement aspirer à une carrière de « gentil » planétaire – avec au bout, pourquoi pas, un prix Nobel en solde ?

Dans cette perspective, le moins qu’on puisse dire c’est qu’à « Ce soir ou jamais », le bonhomme a fait le job ! De tautologies en déclarations de (bonnes) intentions, il s’est affirmé comme le plus grand humaniste aux yeux bleus que la Terre ait jamais porté.

Des exemples ? Y a qu’à demander ! Y. A.-B. est contre la guerre, savez-vous : « Vu d’hélicoptère, il n’y a pas de frontières ! », assène-t-il aux bellicistes qui sommeillent en nous. Et notre saint laïc d’approfondir encore sa pensée : « Mon grand-père haïssait les Allemands, et aujourd’hui nous travaillons avec eux la main dans la main. » Alors, suivant cet exemple, pourquoi ne pas réclamer que « Palestiniens et Israéliens s’embrassent » ? Sauf que dans le premier cas il aura fallu trois guerres, dont deux mondiales… C’est ça ton modèle, Yann ?

Pour parfaire le portrait, une larme d’écologie ne saurait nuire : « L’homme ne survivra pas s’il ne respecte pas enfin la biodiversité ! », menace le visionnaire. OK chef, même mes enfants savent ça. T’as quoi d’autre dans ta besace ? Un physique ! YAB, c’est un peu notre Paul Newman à nous, la moustache en plus, mais la lueur de malice en moins dans ses beaux yeux bleus (voir supra).

Et puis, à la fin du compte, une hauteur de vue que même les taïkonautes lui envient : « Tous les gens que j’ai rencontrés sont uniques », ose-t-il. Il pleut des vérités premières ; tendons nos rouges tabliers… Sans doute inspiré par cette envolée, le fameux slammeur Abd Al Malik, présent aussi chez Taddeï ce soir décidément tragique, a cru devoir surenchérir dans un élan de jargonaphasie visiblement incontrôlé – que je me dois de citer, parce qu’il faut pas gâcher : « La question, c’est qu’est-ce qu’on va faire pour s’interroger sur notre rapport à l’acceptation de l’Autre dans la différence, concrètement ? » Tout est dans le « concrètement » !

Mais notre héros Yann joue surtout la modestie. Par exemple, cette idée géniale de pyramide horizontale que le Maître a su développer sur 700 heures, eh bien elle ne lui est venue, de son propre aveu, qu’à la suite d’une panne d’hélicoptère au Mali. « On est bien peu de choses », comme disait Françoise Hardy. Bref, en attendant Europe Assistance, Yann a soudain rencontré un Malien normal qui lui a dit, tenez-vous bien : « Mon seul but dans la vie, c’est de nourrir mes enfants… » Et là, ce fut le choc, la révélation ; bref une sorte de « chemin de Bamako » pour le futur saint Yann. (Les pauvres, bon sang ! A force d’humanisme, il avait failli les oublier…)

Voilà, j’ai dit tout le bien qu’il fallait penser de ce sympathique lacrymagogue. La place me manque pour en dire du mal.

6 Milliards d'Autres

Price: 23,06 €

70 used & new available from 2,38 €

Physique de radio

23

Il était temps ! La radio publique française rattrape enfin son retard sur la télé et passe à la couleur. Radio France a choisi la veille de l’investiture d’Obama à la présidence américaine pour célébrer la diversité : toutes les radios du groupe participent aujourd’hui à la « journée exceptionnelle, destinée à apporter une voix singulière au débat sur la représentation des minorités dans les médias et dans la société française ». Rien que ça. Président-directeur général de Radio France, Jean-Paul Cluzel s’explique dans une tribune parue dans Le Monde : « Le 20 janvier, Barack Obama accèdera à la Présidence des Etats-Unis. A ses côtés travaillera une équipe gouvernementale où les hommes blancs seront, pour la première fois dans le monde occidental, minoritaires par rapport aux femmes, aux noirs, aux latinos ou aux asiatiques. » Personne ne s’était encore rendu compte qu’en remplaçant Condoleezza Rice par Hillary Clinton la diversité en sortait grandie… Au fait, à quand un pdg de Radio-France noir ?

Soyons modernes, soyons modérés !

23

Entre deux râles d’admiration pour le nouveau président des Etats-Unis, les commentateurs habituels ont puisé dans leur sac à clichés quelques adjectifs bien sentis pour définir le style Obama. Modéré, pragmatique, centriste sont les vocables les plus fréquemment employés pour caractériser le discours et le programme du « nouveau locataire de la Maison blanche » comme on dit dans les journaux, à la radio et à la télé. Si nous partons du principe que Barack Obama est perçu comme l’inverse absolu de son prédécesseur George W. Bush (exalté, droitier et idéologue), et que ce dernier incarnait tout ce qui était haïssable dans la gestion américaine des affaires du monde, nous sommes bien partis pour quelques années de moderate attitude.

Dans modéré, il y a « mode », et cette nouvelle tendance va se traduire dans tous les aspects de la vie, se décliner dans la nourriture, l’habillement, les loisirs, les arts et la culture. Finis le « radical-chic » des bourges à col mao, les expériences gastronomiques extrêmes de la cuisine moléculaire, la déconstruction derridienne et la déstructuration du complet-veston.

Mao (« Feu sur le quartier général ! ») sera définitivement remplacé comme icône chinoise par son successeur Deng Xiao Ping (« Peu importe qu’un chat soit blanc ou noir, pourvu qu’il attrape des souris ! ») et le mythe Che Guevara vit ses derniers instants sous les traits de Benicio del Toro filmé par Steven Söderbergh. Les héros populaires de demain ne seront ni tragiques, ni grandioses. Ils auront été prudents, avisés, habiles au compromis et soucieux d’éviter les affrontements inutiles : le prochain blockbuster cinématographique sera la biographie de Tomas Masaryk, tournée en décors naturels dans le vieux Prague. La jeunesse française se précipitera sur les T-shirts à l’effigie de Léon Gambetta et Waldeck-Rousseau, républicains modérés mais pas modérément républicains: ses enseignants, jamais en retard d’une mode idéologique, les auront précédés, comme ils l’avaient fait en adoptant, naguère, le keffieh arafatien comme accessoire de mode branché. L’association des « amitiés Henri Queuille » verra gonfler de manière considérable le nombre de ses adhérents.

Kerensky ressurgira de l’oubli, on exhumera des placards de l’Histoire les martyrs de la modération : Brissot et Vergniaud seront préférés à Danton et Robespierre. On rééditera à des centaines de milliers d’exemplaires la préface de Milan Kundera au roman de Josef Skorecky Miracle en Bohème dans laquelle il définit le printemps de Prague comme une « révolte populaire des modérés au nom du bon sens », à la différence du Mai 68 français, empreint de lyrisme révolutionnaire et de radicalité rhétorique.

Comme tout phénomène de mode, celui-ci sera victime de la contrefaçon. Ainsi les pays arabes dits « modérés », comme l’Egypte, la Jordanie ou l’Arabie Saoudite risquent de devenir les vecteurs d’espoirs de nos concitoyens en mal d’exotisme politique, comme le furent jadis l’URSS, la Chine ou Cuba. Il faudra à ces néo-touristes un certain temps pour constater que sur les libertés publiques, les droits de l’homme et le statut de la femme, les différences entre ces « modérés » et les pays arabes classés parmi les extrémistes ne sautent pas aux yeux.

On se heurte à un problème du même ordre lorsqu’on recherche l’incarnation de la modération dans l’éventail politique français : Bayrou ? Trop teigneux. Royal ? Trop évangéliste. Aubry ? Flirte un peu trop avec la radicalité. Strauss-Kahn ? Trop loin. Sarko ? Trop trop. Comme dirait mon garagiste : « Y’a un créneau ! »

Enfin, il ne saurait exister de mode sans blague-culte. Modestement, je propose celle-ci, qui doit être lue avec l’accent traînant de nos amis helvétiques. Deux paysans vaudois labourent leurs champs voisins par une belle journée de printemps. A la pause, ils arrêtent leurs tracteurs et commencent à bavarder.

– Tu vois ce soleil magnifique, ces reflets dans le lac et les cimes enneigées au loin, c’est-y pas merveilleux ?, dit le premier.
– Ben, tu vois, répond l’autre, je serais pas autrement étonné que derrière toutes ces beautés il y ait quelque chose comme un créateur.
Son copain devient grave.
– Tu serais pas en train de tourner fanatique, des fois ?

Estrosi en son royaume, quelque part

5

On ne recommandera jamais assez à nos lecteurs anglophones la lecture assidue du percutant blog French Politics, tenu par Art Goldhammer, responsable d’un séminaire d’études européennes à Harvard et observateur sagace de la vie politique hexagonale depuis 40 ans. En général, quand il s’agit de railler nos politiques, cet universitaire moqueur mais courtois donne plutôt dans la litote. Une ligne techniquement intenable après que Christian Estrosi a surenchéri sur Ségolène Royal en expliquant que c’est bien sûr grâce à l’influence occulte de Nicolas Sarkozy que Barack Obama l’avait emporté. Notre expert d’Harvard a, semble-t-il, été particulièrement ému par cette petite phrase, extraite d’une interview vidéo du maire de Nice dénichée par Marianne2.fr sur le blog de celui-ci : « L’impulsion qu’il a donnée ces dernières semaines aura sans doute quelque part pesé sur le comportement des Américains. » En conclusion, Art Goldhammer dit espérer que le nouveau président des Etats-Unis aura eu en mémoire cette leçon d’Estrosi au moment de son investiture. Cet article est titré, en français dans le texte : « Le roi des cons ».

Qui veut gagner des milliards ?

15

Qui ne voudrait pas gagner des millions et avoir en même temps son quart d’heure de célébrité télévisuelle ? Qui peut retenir ses larmes quand un garçon issu des immondes bidonvilles indiens donne toutes les bonnes réponses d’un quizz-télé pour remporter la cagnotte ? Concocté à partir de ces deux ingrédients, Slumdog millionnaire, un conte de fées télévisuel sauce Bollywood, semble bien parti pour rafler la mise.

Ce divertissant produit de l’industrie cinématographique indien n’a rien de très innovant en soi sauf d’être extrêmement bien fait, ce qui est déjà très méritoire. Sauf que Slumdog millionnaire est en train de devenir culte. Sorti en septembre dernier, il apparaît comme une sorte de Bienvenue chez les Ch’tis à l’échelle mondiale. Refusé par 18 distributeurs avant de trouver preneur, il est aujourd’hui lauréat de quatre Globes d’or et déchaîne l’enthousiasme du public. Bref, l’histoire de Slumdog millionnaire commence à ressembler, elle aussi, à un conte de fées bollywoodien.

Le phénomène pose des questions à commencer par celle de la transposition du roman Q & A (titre maladroitement traduit en français par Les Fabuleuses Aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire) du diplomate et écrivain Wikas Swarup qui l’a inspiré. Comme l’admet Swarup lui-même, le scénariste Simon Beaufoy (à qui on doit The Full Monty) et le metteur en scène Danny Boyle (Trainspotting) ont gardé du roman une seule idée : un pauvre orphelin qui participe avec succès au jeu « Qui veut gagner de millions », est arrêté car il est soupçonné de fraude – comment un gamin des bidonvilles aurait-il une telle culture générale ? Au cours de son interrogatoire, il apparaît que ses connaissances presque incongrues, il les a acquises à la dure école de la vie plutôt qu’entre les murs.

Traduction, trahison ? Si le choix du titre du film semble parfaitement légitime, le changement de nom du héros est beaucoup plus contestable. Dans le roman il s’appelle Ram Mohammad Thomas, un nom à la fois hindou, musulman et chrétien et qui donc ne trahit aucune appartenance religieuse particulière. Wikas Swarup voulait justement que son héros fût d’abord indien et non pas membre d’une communauté, un choix que l’on qualifierait chez nous de « républicain ». Trop compliqué pour Danny Boyle et Simon Beaufoy qui savent comme tout un chacun (sauf Wikas Swarup peut-être) que l’Inde est divisée et ravagée par la violence intercommunautaire. On peut avancer que les producteurs avaient peur que le public occidental ne cherche qu’à confirmer ses préjugés sur l’Inde, mais l’ennui c’est que le roman de Swarup, malgré son héros « trop indien » ou peut-être grâce à lui est devenu un best-seller mondial… Peu importe : quand on est au service de la vérité, on ne recule devant rien. Ainsi Ram Mohammad Thomas devient-il Jamal Malik, un musulman laïc, tolérant, cultivé, beau et tout ce que vous voulez et/ou rêvez.

Comme Ram Mohammad Thomas, Jamal Malik est orphelin, mais attention, la mère de Jamal Malik a été assassinée devant lui par des fanatiques hindous pendant un pogrom antimusulman. C’est en se souvenant de cette « expérience » qu’il a su répondre à l’une des questions du jeu télévisé : « Quelle déesse hindoue porte un arc et des flèches dans sa main droite ?… »

Le message est clair: les ennemis ne peuvent venir que de l’intérieur. Aussi la corruption de la police indienne se double-t-elle d’une couche de cruauté presque inimaginable : au commissariat du coin, on torture Jalal Malik à l’électricité pour lui faire avouer qu’il a triché. Plus largement, Boyle et Beaufoy ont supprimé toute référence à la réalité qui ne correspondait pas à leur vision du monde. Dans son roman, Wikas Swarup évoque avec force détails (qui, selon son témoignage, lui ont valu les compliments des militaires indiens), un épisode de la guerre indo-pakistanaise, grande victoire indienne et source de fierté nationale. Sans surprise, aucune trace de ces histoires nationalistes ne se retrouve dans le film. Un ennemi extérieur, et qui plus est, musulman ? Aujourd’hui ?

Contrairement à Danny Boyle et Simon Beaufoy, je préfère laisser le dernier mot à l’auteur. Un peu embêté et non sans crainte avant la sortie du film sur les écrans indiens, Wikas Swarup a eu cette réflexion : « Du point de vue dramatique, le film est mieux focalisé que le roman, et probablement aussi, plus politiquement correct. » Rideau.

L’hiver sera show

15

Les doutes ne sont plus permis : les dérèglements climatiques sont un fait incontestable. Personne ne peut plus nier que notre planète subit un réchauffement sans précédent et la dernière preuve est sans appel. Des journalistes du monde entier ont pu constater que hier, 20 janvier, en plein milieu d’une période de l’année considérée pendant des siècles comme le moment le plus dur de l’hiver, des millions d’Américains étaient sûrs que le printemps était déjà arrivé.

Les sept péchés capitaux du rap français

163

Moi et mes homeboys, on pense qu’on peut tout penser. Que Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée, est dans le vrai quand il affirme que « le rap fait partie de nos expressions culturelles et a droit de cité », commettant un subtil jeu de mot éculé au passage ; de rire ma cité va craquer….

On peut même décréter avec Jack Lang que le rap est ontologiquement « une source de socialisation » et qu’il est inconcevable qu’un responsable politique ne s’en préoccupe pas : « La pire des choses, c’est qu’un ministre s’en moque ou s’en fiche. Je me suis intéressé au rap bien avant que les télévisions braquent leurs projecteurs vers ce mouvement. »

On pourra même se persuader, avec sa lointaine descendante Christine Albanel qui fit Abd Al Malik Chevalier des Arts et Lettres, que celui-ci est : « Un authentique poète, au verbe sensible et engagé, un enfant prodige de la culture hip hop, qui prône un rap conscient, un rap fraternel, aussi ambitieux esthétiquement qu’humainement. »

Mais on pourra aussi penser que le rap français, c’est 99 % de musique moins diverse qu’avariée, finement soulignée par des paroles de merde, niveau CM2 post-méthode globale. Je vous laisse juges.

La paresse[1. Pour plus de clarté, nous vous avons exposé les sept péchés capitaux dans l’ordre originel édicté par Saint Thomas d’Aquin.]
Ma France à moi elle parle fort, elle vit à bout de rêves,
Elle vit en groupe, parle du bled et déteste les règles,
Elle sèche les cours, le plus souvent pour ne rien foutre (…)
Elle paraît feignante mais dans le fond, elle perd pas d’temps,
Certains la craignent car les médias s’acharnent à faire d’elle un cancre,
Et si ma France à moi se valorise c’est bien sûr pour mieux régner,
Elle s’intériorise et s’interdit de saigner
Diam’s, Ma France à moi.

L’orgueil
Nous étions derrière maintenant nous sommes devant
Et nous ouvrons le chemin pour les prochains affluents
Le prochain courant qui se glisse dans cette merde bien contrôlée.
Mais dites-moi : si le rap prenait le dessus sur la variété
Ce ne serait plus les mêmes bullshits que l’on verrait à la télé
Ce ne serait plus les mêmes sujets que l’on étudierait au lycée
Assassin, Au centre des polémiques.

La gourmandise
C’est Antar intenable, au KFC[2. Kentucky Friend Chicken. Fast food à base de graisse de poulet frite, fort apprécié des jeunes gastronomes qui trouvent le Macdo trop geoibour.] comme à table
Sur un son bien franchouillard, je fais honneur aux incapables
Qui s’en tapent et ont la dalle H24
Toujours en quête pour être à table
XXL, c’est ma taille rien à voir avec la chaîne payante du câble
Eh ouvre pas trop ta gueule, rigole pas trop vite
Té-ma tes grosses cuisses, elles sont pleines de cellulite
Relic, XXL.

La luxure
Jambes croisées derrière ton bureau, tu m’écoutes
Décroise les jambes, doucement laisse couler quelques gouttes
Tu sens que je suis dur, que j’ai fait de la route
Tu crois que je suis tendre, mais tu as quelques doutes
En effet, je suis un thug, un drôle d’animal
J’ai de quoi te siliconer si jamais tu vieillis mal,
Gangster et gentleman, c’est dans le mille que je tire,
Je fais mal, mais je fais jouir si tu vois c’que j’veux dire
Booba, Pourvu qu’elles m’aiment.

L’avarice
Moi j’rap pour le fric
Faut qu’jsois numéro 1
Sinon j’vais r’touner vendre du shit
J’peux pas prostituer ma zik
Elle est depuis l’début
Une pute qui donne du plaisir (…)
J’rap pour le fric, pour ma carte bleue
Le reste m’importe peu, maintenant dis c’que tu veux
La Fouine, J’rap pour le fric.

La colère
J’te baise ta race toi et ton couplet
J’ai pas l’temps pour ces putes
Qui tiennent le micro comme une bite
Ici ça rap comme ça tire,
Et brise tes os comme une batte
Rohff, Code 187.

L’envie
La loi de la jungle n`est pas là où l’on croit
Les réels prédateurs ne traînent pas dans les rues
Ils fréquentent les clubs et les cercles bourgeois
Ignorant ce que c`est d`avoir les flics au cul
Ceux-là sont tranquilles, on ne les traquera pas
Car ils sont protégés par la police et l`état
Ce sont des PDG, ils siègent à l`assemblée
Peut-être même que pour eux vous avez voté
I Am, Non soumis à l`Etat.

Causeur fête la diversité !

15

Heureux Argenteuillais ! Ils pourront suivre aujourd’hui, à 16 h 30, en direct de l’Hôtel de ville, la cérémonie d’investiture du 44e président des Etats-Unis. Comme nous l’explique un communiqué de la mairie, que nous reproduisons avec empressement, « la ville d’Argenteuil en partenariat avec l’association Alfa’Dev propose à ses habitants de suivre en direct l’investiture de Barack Obama dans la salle du conseil municipal ». Et attention les amis : semaine de la diversité oblige, y’a un bonus track : « D’autres animations sont prévues au cours de cet après-midi : la projection d’un documentaire, Citoyens visibles, de l’Institut du citoyen visible, une série de portraits de personnages qui ont marqué l’histoire de la France (Alexandre Dumas, Guillaume Apollinaire, Marie Curie, Léopold Sedar Senghor ou Dalida). » Hélas, tout le monde n’a pas la chance d’habiter dans le 9/5,mais pas de panique : comme nous ne saurions nous exclure de cette nécessaire célébration de la diversité sans laquelle tout serait uniforme, Causeur a prévu d’être de la fête. Les papiers consacrés à cet enjeu de civilisation seront signalés par ce logo :

diversite-badge

Vous voilà prévenus. Maintenant, comme qui dirait, soyez vigilants !

Mesrine, un héros de notre temps ?

65

Je ne comprendrai jamais les critiques cinématographiques. Ou rarement. Ainsi me suis-je aperçu, avec surprise, que Mesrine, l’instinct de mort était drôlement bien noté. Vraiment bien. Il n’y a bien que Le Parisien pour se demander comment une telle merde ait pu sortir sur nos écrans.

Ce n’est pas que le film est particulièrement mauvais en soi. Il est juste ennuyeux et dans la moyenne de la production cinématographique française. Non, le véritable problème c’est son sujet. Mesrine. Jusqu’ici, je ne le connaissais que de nom. Je veux dire, le mec était six pieds sous terre que je n’étais même pas né. Donc j’entretenais le fantasme du truand typique des années 1970. Autrement dit, pour un fin connaisseur comme moi, Spaggiari.

Quelle déception.

Mesrine est un braqueur minable. Et pas très doué en plus. On m’a dit qu’il s’améliorait dans le deuxième film. Il est évident qu’il avait de la marge de progression. Et, pire que d’en faire un nul, Cassel campe Mesrine en demeuré. Alors, bien sûr, je me suis posé la question. Quelle est la part de Cassel et de Mesrine dans ce personnage de loser ni sympathique ni attachant, ni quoique ce soit d’ailleurs ?

Je sais ce que vous pensez. Oui, Mesrine est peut-être un naze. Mais il se tape Cécile de France. Et il est pote avec Roy Dupuis. Le type qui jouait dans la série La femme Nikita.

Ouais.

Cela dit, il me semble compliqué de faire l’inverse. Tout ce qu’on peut s’imaginer avec Cécile de France, c’est bien se la taper. C’est un peu comme Zidane en fait. Il ne faut pas le sortir d’un terrain de foot. Un tête-à-tête au restaurant avec Zinedine, dans mon idée, ce serait un peu comme dans Seul au monde avec Tom Hanks – si vous voyez ce que je veux dire. Quant à faire des cochonneries avec Roy Dupuis… Bon. C’est une belle gueule de bûcheron canadien.

Mais enfin.

Le meilleur moment dans le film, je crois d’ailleurs que c’est la prison canadienne. Putain. C’est là que vous vous rendez compte que les Canadiens, c’est un peu l’équivalent pour les Américains de nos Belges à nous.

Je veux dire, vous franchissez la frontière, et vous vous retrouvez à Fox River, des toilettes à dévisser, des gardiens à ligoter, des Taj Mahal à construire, le tout pour une évasion minutée et de haute volée. Tandis qu’au Canada, pour sortir d’une prison, vous prenez une pince coupante et, en pleine promenade dans la cour, vous coupez les grillages et puis vous partez dans la forêt rejoindre les ours. Et voilà.

Si vous n’oubliez pas de courir, ça devrait le faire.

Le meilleur étant quand même quand Mesrine et Roy Dupuis tentent de délivrer leurs copains restés dans cette fichue prison. Une sorte de paradigme de Buffy avant l’heure. Un plan génial. Ils prennent une voiture. Ils foncent vers la prison. Ils s’arrêtent aux grillages. Ils tirent sur les miradors. Ils tentent de balancer des flingues à leurs potes de l’autre côté.

Sauf que le plan génial a un petit raté.

Ah merde, Roy ! Où est-ce que j’ai foutu de la pince coupante ?

Je corrige donc. Pour s’enfuir d’une prison canadienne il faut ne pas oublier de courir et de prendre une pince coupante. Sinon, quand tu cours, tu tapes la grille. Et vu que t’es trop gros pour passer entre les mailles, ben tu peux plus avancer.

Alors, certes, ça peut avoir un côté romantique. Je pense à la charge ahurissante dans Le colonel Chabert. Mais bon, la bataille d’Eylau est une victoire. On me dira que, même en cas de défaite, ce genre d’action peut être magnifique. Je pense là à 300[1. Ou, autrement dit, la bataille des Thermopyles. 300 spartiates en jupette luttant contre toute l’armée de Xerxès Ier. Il y en a qui préfèrent le champs des Merles, mais bon, c’est une vraie défaite pour le coup. Ce doit être un truc de jeunes mecs vaguement occidentaux je crois.] et je vous le concède volontiers. Mais bon. Dans 300, je ne sais pas, il y a une idée. Des montagnes. Un défilé. Une stratégie. Un objectif.

Je ne dis pas que ce n’était pas courageux de la part de Mesrine. Mais c’était aussi très con il faut le reconnaître. C’est d’ailleurs un peu la définition du criminel célèbre. Ben oui. Tu ne peux devenir célèbre dans ce corps de métier que si tu es assez bête pour te faire prendre. Ou te faire balancer. Voilà pourquoi j’ai du mal, pour ma part, avec les criminels qui ne me sont pas inconnus. J’admire donc ceux dont je n’entends jamais parler. Le criminel caché on va dire. Qui reviendra un jour. Et viendra m’enlever dans mon lit pour m’emmener avec lui.

Hum.

Voilà aussi pourquoi je n’avais de posters d’accrochés dans ma chambre d’adolescent.

L'Instinct de mort

Price: 14,60 €

21 used & new available from

Gaza : Reuters vs AFP

49

Les victimes civiles, et les drames humains bien réels engendrés par l’intervention à Gaza ne nous laissent pas indifférents. Loin de là. Pas au point cependant de perdre tout contact avec les faits, et leur vérification. Pendant la première journée du cessez-le-feu unilatéral décrété par Israël, les medias ont relayé le nombre de 95 morts retrouvés dans les décombres. D’autres médias rapportent le nombre de cadavres retrouvés mais il faut lire le papier de Reuters publié par le site du New York Times pour avoir ces quelques détails qui changent tout : la plupart des 95 cadavres découverts dimanche 18 janvier sont des corps de combattants (« Palestinian ambulances picked up more than 95 bodies, most of them gunmen, that had lain in the rubble of buildings and open areas around Beit Lahia, Hamas health officilas said »). L’AFP annonce : « Quelque 95 corps de Palestiniens ont été retrouvés dimanche dans des décombres dans la bande de Gaza depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu israélien, selon le chef des urgences du territoire palestinien. La plupart de ces cadavres ont été extraits des ruines des bombardements israéliens à Jabaliya et Beit Lahya, dans le nord de la bande de Gaza, ainsi que dans le quartier de Zeitoun de Gaza-ville, a précisé ce médecin. »
Nous ne pourrons jamais assez remercier ce médecin pour cette précision. En fait, l’adresse exacte du lieu où ces cadavres ont été retrouvés est un élément essentiel, alors que le fait qu’ils étaient en majorité armés est bien évidement un détail insignifiant.
Pourquoi cet oubli ? Mais bien sûr ! A cause du blocus israélien sur l’info, l’AFP n’a pas pu envoyer des journalistes sur place pour vérifier. Oui, ça doit être ça. Heureusement, la correspondante de France24 sur le terrain peut nous raconter, toute émue, avoir été témoin de la découverte d’un bébé de trois ans mort il y a trois semaines et enseveli sous les décombres. Pour les autres cadavres, on nous laisse comprendre que c’est pareil. Car, on le sait bien : le terrain, lui, ne ment pas.

Yann Arthus-Bertrand prend la pose

68

La semaine dernière, chez Taddeï, j’ai pu voir Yann Arthus-Bertrand faire le service après-vente de son grand-œuvre avec une bonne foi désarmante. 6 milliards d’autres, le documentaire XXXL de l’ami Yann diffusé sur France 5, c’est 5 h 30 d’interviews sans sursis. Pas moins de 5 000 personnes de 75 pays y répondent tour à tour à 40 questions concoctées par le roi Arthus en personne – et ça se voit… La vie, l’amour, la mort ; la nature et la culture ; la haine, la peur, la guerre, et dieu dans tout ça…

L’ambition du photographe céleste, en nous balançant cet OVNI digne du Guinness Book ? À défaut d’être affichée, elle est évidente : remplacer dans le cœur des Français, à la tête du hit-parade des gens bons, mère Teresa, sœur Emmanuelle et l’abbé Pierre, mais aussi Nicolas Hulot, feu Cousteau et les restes de Kouchner.

Et puis, à la réflexion, l’Hexagone lui-même n’est-il pas un peu exigu pour cette grande âme ? Depuis le succès mondial de son album La Terre vue du ciel, Arthus-Bertrand peut légitimement aspirer à une carrière de « gentil » planétaire – avec au bout, pourquoi pas, un prix Nobel en solde ?

Dans cette perspective, le moins qu’on puisse dire c’est qu’à « Ce soir ou jamais », le bonhomme a fait le job ! De tautologies en déclarations de (bonnes) intentions, il s’est affirmé comme le plus grand humaniste aux yeux bleus que la Terre ait jamais porté.

Des exemples ? Y a qu’à demander ! Y. A.-B. est contre la guerre, savez-vous : « Vu d’hélicoptère, il n’y a pas de frontières ! », assène-t-il aux bellicistes qui sommeillent en nous. Et notre saint laïc d’approfondir encore sa pensée : « Mon grand-père haïssait les Allemands, et aujourd’hui nous travaillons avec eux la main dans la main. » Alors, suivant cet exemple, pourquoi ne pas réclamer que « Palestiniens et Israéliens s’embrassent » ? Sauf que dans le premier cas il aura fallu trois guerres, dont deux mondiales… C’est ça ton modèle, Yann ?

Pour parfaire le portrait, une larme d’écologie ne saurait nuire : « L’homme ne survivra pas s’il ne respecte pas enfin la biodiversité ! », menace le visionnaire. OK chef, même mes enfants savent ça. T’as quoi d’autre dans ta besace ? Un physique ! YAB, c’est un peu notre Paul Newman à nous, la moustache en plus, mais la lueur de malice en moins dans ses beaux yeux bleus (voir supra).

Et puis, à la fin du compte, une hauteur de vue que même les taïkonautes lui envient : « Tous les gens que j’ai rencontrés sont uniques », ose-t-il. Il pleut des vérités premières ; tendons nos rouges tabliers… Sans doute inspiré par cette envolée, le fameux slammeur Abd Al Malik, présent aussi chez Taddeï ce soir décidément tragique, a cru devoir surenchérir dans un élan de jargonaphasie visiblement incontrôlé – que je me dois de citer, parce qu’il faut pas gâcher : « La question, c’est qu’est-ce qu’on va faire pour s’interroger sur notre rapport à l’acceptation de l’Autre dans la différence, concrètement ? » Tout est dans le « concrètement » !

Mais notre héros Yann joue surtout la modestie. Par exemple, cette idée géniale de pyramide horizontale que le Maître a su développer sur 700 heures, eh bien elle ne lui est venue, de son propre aveu, qu’à la suite d’une panne d’hélicoptère au Mali. « On est bien peu de choses », comme disait Françoise Hardy. Bref, en attendant Europe Assistance, Yann a soudain rencontré un Malien normal qui lui a dit, tenez-vous bien : « Mon seul but dans la vie, c’est de nourrir mes enfants… » Et là, ce fut le choc, la révélation ; bref une sorte de « chemin de Bamako » pour le futur saint Yann. (Les pauvres, bon sang ! A force d’humanisme, il avait failli les oublier…)

Voilà, j’ai dit tout le bien qu’il fallait penser de ce sympathique lacrymagogue. La place me manque pour en dire du mal.

6 Milliards d'Autres

Price: 23,06 €

70 used & new available from 2,38 €

Physique de radio

23

Il était temps ! La radio publique française rattrape enfin son retard sur la télé et passe à la couleur. Radio France a choisi la veille de l’investiture d’Obama à la présidence américaine pour célébrer la diversité : toutes les radios du groupe participent aujourd’hui à la « journée exceptionnelle, destinée à apporter une voix singulière au débat sur la représentation des minorités dans les médias et dans la société française ». Rien que ça. Président-directeur général de Radio France, Jean-Paul Cluzel s’explique dans une tribune parue dans Le Monde : « Le 20 janvier, Barack Obama accèdera à la Présidence des Etats-Unis. A ses côtés travaillera une équipe gouvernementale où les hommes blancs seront, pour la première fois dans le monde occidental, minoritaires par rapport aux femmes, aux noirs, aux latinos ou aux asiatiques. » Personne ne s’était encore rendu compte qu’en remplaçant Condoleezza Rice par Hillary Clinton la diversité en sortait grandie… Au fait, à quand un pdg de Radio-France noir ?