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Mesrine, un héros de notre temps ?


Mesrine, un héros de notre temps ?

Je ne comprendrai jamais les critiques cinématographiques. Ou rarement. Ainsi me suis-je aperçu, avec surprise, que Mesrine, l’instinct de mort était drôlement bien noté. Vraiment bien. Il n’y a bien que Le Parisien pour se demander comment une telle merde ait pu sortir sur nos écrans.

Ce n’est pas que le film est particulièrement mauvais en soi. Il est juste ennuyeux et dans la moyenne de la production cinématographique française. Non, le véritable problème c’est son sujet. Mesrine. Jusqu’ici, je ne le connaissais que de nom. Je veux dire, le mec était six pieds sous terre que je n’étais même pas né. Donc j’entretenais le fantasme du truand typique des années 1970. Autrement dit, pour un fin connaisseur comme moi, Spaggiari.

Quelle déception.

Mesrine est un braqueur minable. Et pas très doué en plus. On m’a dit qu’il s’améliorait dans le deuxième film. Il est évident qu’il avait de la marge de progression. Et, pire que d’en faire un nul, Cassel campe Mesrine en demeuré. Alors, bien sûr, je me suis posé la question. Quelle est la part de Cassel et de Mesrine dans ce personnage de loser ni sympathique ni attachant, ni quoique ce soit d’ailleurs ?

Je sais ce que vous pensez. Oui, Mesrine est peut-être un naze. Mais il se tape Cécile de France. Et il est pote avec Roy Dupuis. Le type qui jouait dans la série La femme Nikita.

Ouais.

Cela dit, il me semble compliqué de faire l’inverse. Tout ce qu’on peut s’imaginer avec Cécile de France, c’est bien se la taper. C’est un peu comme Zidane en fait. Il ne faut pas le sortir d’un terrain de foot. Un tête-à-tête au restaurant avec Zinedine, dans mon idée, ce serait un peu comme dans Seul au monde avec Tom Hanks – si vous voyez ce que je veux dire. Quant à faire des cochonneries avec Roy Dupuis… Bon. C’est une belle gueule de bûcheron canadien.

Mais enfin.

Le meilleur moment dans le film, je crois d’ailleurs que c’est la prison canadienne. Putain. C’est là que vous vous rendez compte que les Canadiens, c’est un peu l’équivalent pour les Américains de nos Belges à nous.

Je veux dire, vous franchissez la frontière, et vous vous retrouvez à Fox River, des toilettes à dévisser, des gardiens à ligoter, des Taj Mahal à construire, le tout pour une évasion minutée et de haute volée. Tandis qu’au Canada, pour sortir d’une prison, vous prenez une pince coupante et, en pleine promenade dans la cour, vous coupez les grillages et puis vous partez dans la forêt rejoindre les ours. Et voilà.

Si vous n’oubliez pas de courir, ça devrait le faire.

Le meilleur étant quand même quand Mesrine et Roy Dupuis tentent de délivrer leurs copains restés dans cette fichue prison. Une sorte de paradigme de Buffy avant l’heure. Un plan génial. Ils prennent une voiture. Ils foncent vers la prison. Ils s’arrêtent aux grillages. Ils tirent sur les miradors. Ils tentent de balancer des flingues à leurs potes de l’autre côté.

Sauf que le plan génial a un petit raté.

Ah merde, Roy ! Où est-ce que j’ai foutu de la pince coupante ?

Je corrige donc. Pour s’enfuir d’une prison canadienne il faut ne pas oublier de courir et de prendre une pince coupante. Sinon, quand tu cours, tu tapes la grille. Et vu que t’es trop gros pour passer entre les mailles, ben tu peux plus avancer.

Alors, certes, ça peut avoir un côté romantique. Je pense à la charge ahurissante dans Le colonel Chabert. Mais bon, la bataille d’Eylau est une victoire. On me dira que, même en cas de défaite, ce genre d’action peut être magnifique. Je pense là à 300[1. Ou, autrement dit, la bataille des Thermopyles. 300 spartiates en jupette luttant contre toute l’armée de Xerxès Ier. Il y en a qui préfèrent le champs des Merles, mais bon, c’est une vraie défaite pour le coup. Ce doit être un truc de jeunes mecs vaguement occidentaux je crois.] et je vous le concède volontiers. Mais bon. Dans 300, je ne sais pas, il y a une idée. Des montagnes. Un défilé. Une stratégie. Un objectif.

Je ne dis pas que ce n’était pas courageux de la part de Mesrine. Mais c’était aussi très con il faut le reconnaître. C’est d’ailleurs un peu la définition du criminel célèbre. Ben oui. Tu ne peux devenir célèbre dans ce corps de métier que si tu es assez bête pour te faire prendre. Ou te faire balancer. Voilà pourquoi j’ai du mal, pour ma part, avec les criminels qui ne me sont pas inconnus. J’admire donc ceux dont je n’entends jamais parler. Le criminel caché on va dire. Qui reviendra un jour. Et viendra m’enlever dans mon lit pour m’emmener avec lui.

Hum.

Voilà aussi pourquoi je n’avais de posters d’accrochés dans ma chambre d’adolescent.

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On retrouve régulièrement Cyrille sur <a href="http://ilikeyourstyle.net/">Ilys</a>, parfois chez <a href="http://bluesberry.org/">lui</a>, et le plus souvent devant une mousse, au comptoir. Il a deux passions dans la vie : le droit international et les filles. Eh oui, ça ne marche donc pas très bien.

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