Ce roman est beau ; ce roman est fort. Il convie à une réflexion profonde et salvatrice. Avec Les passagers de la cathédrale, Valère Staraselski propose une manière de Neveu de Rameau. Sauf qu’ici, ils ne sont pas deux à converser, mais cinq, quatre hommes et une femme. Il y a François Koseltzov, un double de l’auteur, Louis Massardier, un ancien universitaire de haut vol, érudit, passionnant et passionné, Darius, ami iranien de François qui a passé dix-huit mois dans l’enfer des geôles de Khomeiny, Thierry Roy alias Chéri-Bibi depuis peu gardien au musée Carnavalet, et Katiuscia Ferrier, une jeune femme très sensuelle. Ils devisent aux abords de la sublime cathédrale de Meaux, ou au bord du canal de l’Ourcq, ou ailleurs. Ils dialoguent à propos de la vie, de la mort, de la spiritualité, de la politique… Tous sont terriblement émus par l’incendie de Notre-Dame de Paris.
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Ils se rencontrent à la faveur de l’enterrement d’un SDF anonyme grâce au collectif des Morts de la rue, ou lors d’une messe de minuit. Il est question du catholicisme et du communisme, de la foi et de l’engagement.
Mélenchon : « Le comédien de son idéal »
L’auteur n’hésite pas à faire un audacieux et très juste parallèle entre le catholicisme et le communisme. « Dans ce roman, je rapporte ce que m’a dit Bernard Maris un soir : « Le communisme n’est qu’un christianisme athée. » Il l’a d’ailleurs écrit. Il y a eu les distanciations et condamnations récurrentes de l’Église contre l’émergence puis contre les expériences communistes. Expériences qui se sont trop souvent révélées, pour le moins, comme des religions sans miséricorde. Mais le communisme ne peut se ramener à une pédagogie établie sur des massacres comme le catholicisme ne peut se réduire à Torquemada ou à l’élimination des Incas. En outre, je constate qu’il y a aujourd’hui, parmi de nombreux autres catéchumènes, de plus en plus de jeunes militants communistes qui affichent leur foi. »
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Il égratigne également une certaine gauche actuelle, radicalisée et intolérante. Ça fait un bien fou : « Quand j’étais jeune, on taxait la droite d’être la plus bête du monde. Ça s’est inversé. Et salement ! À gauche, le peuple a été évacué, la direction des partis de gauche (à l’exception du Parti communiste profond) est confisquée par les représentants des couches moyennes supérieures qui, pour se donner le beau rôle, sont prêts à tous les dénis et compromissions possibles, n’hésitant pas à jouer la logique des extrêmes. Cette « petite gauche », triomphante aujourd’hui, est limitée et fière de l’être et le paie cash dans les urnes. Mélenchon n’est, selon le mot de Nietzche, que « le comédien de son idéal ». Seulement son idéal n’est commandé que par la vanité. Ce personnage qui fascine les foules du ressentiment est donc non seulement vain et destructeur pour son propre camp mais néfaste et dangereux pour la France. »
La parole de Staraselski, à l’instar de son roman, ne manque pas de panache.
Les Passagers de la cathédrale, Valère Staraselski, Le Cherche Midi, 2025. 256 pages
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