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Et maintenant ?

Coup de rouge, la chronique mensuelle d’Olivier Dartigolles


Et maintenant ?
Le chroniqueur Olivier Dartigolles © Hannah Assouline

Habitué aux joutes médiatiques, hier comme dirigeant communiste, aujourd’hui comme chroniqueur politique, Olivier a des tripes et du cœur quand il s’agit de défendre ses idées. « J’aime qu’on me contredise ! » pourrait être sa devise.


Avant l’intervention israélienne en Iran du 13 juin, Benyamin Netanyahou était en grande difficulté. D’abord sur le plan intérieur, avec ses alliés gouvernementaux d’extrême droite qui, refusant la participation des ultra-orthodoxes au service militaire, le menaçaient d’une dissolution de la Knesset. Habile tacticien, le Premier ministre israélien semblait pourtant de plus en plus acculé en ayant qu’un seul horizon pour se maintenir : poursuivre la destruction de Gaza. Un carnage sans issue après le pogrom du 7 octobre 2023 perpétré par les terroristes islamistes du Hamas. La riposte légitime s’est transformée en une vengeance disproportionnée, depuis plus de vingt mois, contre le peuple palestinien enfermé dans une enclave de douleur et de mort, de colères et de ressentiments. Sans parler des exactions du gouvernement israélien en Cisjordanie. De plus en plus d’Israéliens, dans ce pays démocratique, ne voulaient plus de cela, d’un horizon obstrué et d’un isolement international.

Avant l’intervention israélienne puis américaine sur l’Iran, deux processus diplomatiques étaient engagés. D’abord des échanges directs, à Oman, entre Américains et Iraniens sur la question du nucléaire. Puis, la conférence programmée à New York, du 17 au 20 juin, à l’initiative de la France et de l’Arabie saoudite, pour la reconnaissance de l’État palestinien. Et aussi – cela a été trop peu rappelé – pour une reconnaissance d’Israël par des pays arabes. Bref, il était question de diplomatie et de politique. D’avenir commun, de sécurité collective pour éviter une escalade dans une région poudrière où toute déflagration peut avoir des conséquences vertigineusement dangereuses.

A relire, du même auteur: Ce que je reproche le plus à Nétanyahou

Puis, après l’intervention israélienne et américaine en Iran, tout cela a été déchiré. Éparpillé aux quatre vents d’un Proche-Orient en état de choc. À l’heure où ces lignes sont écrites, les commentaires portent sur les performances de la bombe GBU-57. C’est impressionnant quand même notre capacité à être tour à tour infectiologues (au temps du Covid), sélectionneurs (pour les JO ou le PSG) et maintenant spécialistes des bombardiers B-2 et de l’uranium enrichi. Il est aussi question de ce que pourrait être la riposte iranienne, de la dimension stratégique du détroit d’Ormuz, de la possible flambée du prix du pétrole. Et de l’impuissance française et européenne. Seul le chancelier allemand a eu un propos audible en indiquant que Benyamin Netanyahou avait fait le « sale boulot » pour nous tous.

Le Premier ministre israélien a obtenu à la fois le précieux soutien américain et un nouveau théâtre d’opérations. On sait qu’il peut faire la guerre. On sait qu’il peut imposer la loi du plus fort. Surtout s’il est soutenu par plus fort que lui encore. On sait qu’il est un politique capable, dans des situations particulièrement difficiles pour lui, de se tirer d’affaire pour mieux se relancer et s’imposer.

Mais pour quelle issue ? Pour quel projet politique ? Celui des partis religieux d’extrême droite qui, il y a peu d’années encore, n’auraient jamais pu intégrer un gouvernement israélien ?

Je n’ai jamais confondu l’État d’Israël avec son gouvernement. Alors que l’antisionisme est devenu un antisémitisme, on doit pouvoir continuer à critiquer, si nécessaire, la politique du gouvernement israélien.

D’accord ?

Été 2025 – #136

Article extrait du Magazine Causeur




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Olivier Dartigolles est chroniqueur politique. Il intervient sur Cnews, Sud Radio et La Terre.

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